Structure et organisation des représentations sociales : perspectives nouvelles de recherche

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Transcript Structure et organisation des représentations sociales : perspectives nouvelles de recherche

Structure et organisation des
représentations sociales :
perspectives nouvelles de
recherche
Christian Guimelli
Laboratoire de Psychologie Sociale
Université de Provence
(Aix-Marseille I)
Zone muette et structure des
représentations sociales


L’hypothèse que nous allons présenter ici concerne les
objets de représentation « sensibles », c’est-à-dire des
objets de représentations qui intègrent dans leur
champ représentationnel des cognitions et des
croyances qui sont susceptibles de mettre en cause les
valeurs morales ou les normes sociales valorisées par le
groupe d’appartenance du sujet.
Le champ de représentation des objets de ce type
comporte généralement des « zones muettes »
(Guimelli, 1998, Guimelli et Deschamps, 2000, Abric,
2003), Deschamps et Guimelli, 2004), c’est-à-dire des
sous-ensembles de cognitions ou de croyances qui ne
seront pas exprimés spontanément par les sujets dans
les conditions normales de production des réponses, la
plupart du temps en raison des pressions sociales,
d’ordre normatif, qui s’exercent sur les individus.
On dit alors que les sujets « masquent » certaines zones du
champ de représentation. Ces stratégies de « masquage »
peuvent être accentuées par la situation dans laquelle se trouvent
les sujets (Flament, Guimelli, Abric, 2006).
Dans d’autres situations, au contraire, ces stratégies peuvent être
atténuées. On parle alors de stratégies de « démasquage ».
Celles-ci conduisent le sujet à dévoiler tout ou partie de ces zones
muettes et à les exprimer.
Dans des travaux précédents, ces différentes stratégies ont
été mises en évidence par la modification de la consigne
(« normale »vs « substitution »).
Dans le cas de la consigne « normale », on demande l’opinion
personnelle du sujet, comme dans les enquêtes habituelles.
Dans le cas de la consigne de « substitution », on demande
aux sujets de donner les réponses propres à leur groupe
d’appartenance (par exemple : comme le feraient « les français
en général »)
La consigne de « substitution », en désimpliquant les sujets,
les conduit à adopter des stratégies de démasquage des zones
muettes. Ils expriment alors des cognitions ou des croyances
qui font partie du champ de représentation, mais qui sont
contre-normatives.
Par exemple (Guimelli et Deschamps, 2000), en consigne
« normale », les Gitans apparaissent comme des « nomades »
plutôt « musiciens », portrait relativement positif.
Mais lorsqu’on demande aux mêmes sujets de répondre
« comme le feraient les français en général » (cas particulier de
la consigne dite de substitution), alors ces « nomades » ne sont
plus « musiciens ». Ce sont des « voleurs » (selon 64 % des
sujets contre seulement 26 % d’entre eux évoquant cette idée
en consigne normale).
Ces résultats vont dans le sens de l’action d’une norme de
non-discrimination qui conduit les sujets à autocensurer les
discours xénophobes, racistes et autres discours stigmatisants
(Pérez et Mugny, 1993), ceci en consigne « normale ».
Par contre, on voit qu’en consigne de substitution, le
processus d’auto-censure tend à s’atténuer, voire à disparaître.
D’autres travaux ont montré que d’autre variables faisant
intervenir, par exemple, des normes de présentation de soi,
sont susceptibles de jouer un rôle important dans la mise en
œuvre des stratégies de masquage ou de démasquage des
zones muettes (Flament, Guimelli et Abric, 2006)
Une étude sur les représentations sociales de
l’Islam
- Variable « Consignes » :
reprenant la procédure déjà utilisée par Deschamps et
Guimelli, la moitié des sujets reçoit une consigne normale
(c'est-à-dire, demandant l'opinion personnelle de l'enquêté,
comme dans les enquêtes habituelles), l'autre recevant une
consigne de substitution : « Répondez comme le feraient,
selon vous, les Français en général ».
Selon les résultats antérieurs, on s'attend à ce que la
consigne « Français » démasque en partie les aspects
négatifs.
- Variable « Enquêtrices » :
deux étudiantes, visiblement d'origine maghrébine, se présentaient,
chacune, en disant s'appeler Yamina ;
deux autres étudiantes, visiblement d'origine "gauloise", se
présentaient, chacune, en disant s'appeler Céline.
Dans le premier cas, on fait intervenir une relation de congruence, ou
en tout cas de proximité, entre l’objet de représentation étudié d’une
part, et les caractéristiques apparentes de l’enquêtrice d’autre part. En
procédant de la sorte, on crée ainsi un lien implicite (positif) entre
l’expérimentatrice et l’objet de représentation.
Dans le deuxième cas, ce lien disparaît complètement.
Dès lors, on peut supposer que les aspects négatifs éventuellement
attribués à l'Islam seront masqués, relativement plus dans les réponses
données à Yamina que dans celles données à Céline.
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Des réponses de ce type peuvent s’expliquer par des
stratégies de « gestion des impressions » qui seraient
présentes chez nos sujets lorsqu’ils passent le questionnaire.
Cette notion recouvre les efforts qui sont mis en œuvre par
les individus en vue de produire une première impression
favorable sur les autres (voir par exemple Wayne et Liden,
1995 ; Sharp et Getz, 1996).
Dans ce cadre particulier, une des stratégies les plus
utilisées est décrite sous le terme de « valorisation
d’autrui ».
Elle consiste à induire chez les autres des réactions et des
humeurs positives (Byrne, 1992). Ces stratégies peuvent
prendre des formes diverses mais le plus souvent elles se
manifestent par l’expression d’un accord (explicite et/ou
implicite) avec les points de vue de la personne cible, ou
encore en témoignant un haut degré d’intérêt pour elle en
tant que personne (Morrison et Bies, 1991).
Notre hypothèse :
Dans la mesure où on crée un lien implicite entre l’objet de représentation
étudié – l’Islam – et l’enquêtrice – Yamina – on peut effectivement
s’attendre à la mise en œuvre par les sujets de stratégies de ce type qui
pourraient se traduire, dans nos résultats, par le masquage des aspects
négatifs de l’objet lorsque les sujets sont confrontés à Yamina.
En l’absence de ce lien, on s’attend au contraire au démasquage de ces
aspects négatifs.
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On a donc un plan 2*2 ; dans chacune de ces 4 conditions
expérimentales, sont interrogés 14 étudiants de la Faculté des Lettres
d'Aix
Le questionnaire comportait les 10 propositions suivantes:
1- Dans les populations Islamiques, il y a une égalité des sexes.
2- L’Islam est une religion spécifique au peuple Arabe.
3- L’Islam est souvent associé à l’extrémisme.
4- La guerre en Irak à été mise en place contre la religion Islamique.
5- Les musulmans sont des personnes bien intégrées en France.
6- Les intégristes Islamistes sont des groupes « d’hommes » qui
appliquent le Coran à la lettre.
7- Les intégristes Islamistes sont des groupes « d’hommes » qui
modifient le Coran afin de manipuler les esprits.
8- L’Islam est une religion de tolérance.
9- L’Islam est en contradiction avec les valeurs démocratiques de la
France.
10- L’Islam est en majorité appliqué en Indonésie.
Pour chaque proposition, les réponses allaient de –3 = "pas du tout
d'accord", à +3 = "tout à fait d'accord".
Résultats
Masquage
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Démasquage
Contre démo (-)
4
3
2
Tolérance (+)
1
Yamina
Celine
Normal
Yamina
Celine
Substitution
Emotions et représentations
sociales


1) La composante émotionnelle des
représentations sociales
2) Emotions et zone muette des
représentations sociales
La composante émotionnelle des représentations
sociales

On s’intéresse ici aux représentations sociales de
l’insécurité dans une perspective de comparaison entre
la France et la Suisse
Trois termes relatifs à l’insécurité :
« Violence »
« Délinquance »
« Attentat »
Pour chacun de ces termes :
les sujets doivent indiquer, sur des échelles appropriées allant de 1
(faible intensité) à 7 (intensité extrême),
à quel degré le mot inducteur provoque chez eux les émotions
suivantes :
la colère,
le dégoût,
la peur,
la surprise
la tristesse,

Ils doivent indiquer aussi sur des échelles du même type à
quel degré ils ressentent les réactions émotionnelles
suivantes :
l’anxiété,
l’impuissance,
la nervosité,
la panique
la paralysie

Pour terminer, on leur demande d’indiquer comment ils
pensent qu’ils auraient envie (1 : très faible envie à 7 :
très forte envie) de réagir au terme inducteur
pour les intentions comportementales suivantes :
- chercher à aider,
- agresser physiquement,
- rester indifférent,
- chercher à se protéger
- agresser verbalement.
Résumer les résultats obtenus sur les différentes
échelles :
Analyses factorielles
identification de facteurs qui regroupes les résultats
de différentes échelles et attribution de sens à ces
régroupements

5 facteurs identifiés
Le premier facteur (22,6 % de la variance) dénote, selon
nous, l’angoisse.
Il regroupe en effet les items « Panique », « Nervosité »,
« Anxiété », « Peur », « Paralysie » et « Cherche à se
protéger ».
La peur est donc bien associée à la panique, à la
nervosité et à l’anxiété. Elle est liée à la recherche de
protection et à la paralysie.
Le second facteur, que l’on considère proche de la
compassion, est composé de
« Chercher à aider » et « Tristesse » auxquels « Rester
indifférent » est corrélé négativement.
Dans ce cas, on voit que la tristesse est associée à l’aide
et à l’empathie envers les victimes
Le troisième facteur, dans lequel domine l’idée d’une
confrontation fataliste, regroupe :
« Agresser verbalement » et « Agresser physiquement »
associés à « Impuissance ».
Ici, on peut observer que c’est le sentiment
d’Impuissance qui est liée aux velléités agressives.
Le quatrième facteur, lié à l’aversion, est composé :
du « Dégoût » et de la « Colère ».
Ici il s’agit bien d’aversion, mais d’une aversion qui reste
passive. Le dégoût et la colère, en effet ne sont pas
associés aux agressions (verbales ou physiques).

Enfin, le cinquième facteur est plus difficile à
interpréter. Il renvoie à :

« surprise » auquel « l’impuissance » est corrélée
négativement.

les Aixois-Marseillais sont tendanciellement plus angoissés
(facteur 1), ressentent davantage d’aversion (Facteur 4), mais
aussi manifestent moins de surprise (Facteur 5 :) par rapport aux
termes inducteurs que les Lausannois.

Par ailleurs et d’une façon qui nous paraît cohérente, les
Lausannois disent avoir plus envie de réagir en terme de
confrontation, qu’elle soit physique ou verbale (Facteur 3) que les
Aixois-Marseillais.

Compte tenu du contexte aixois-marseillais, il n’est pas très
étonnant, en effet, que les sujets marseillais, dont on a toutes les
raisons de penser qu’ils sont davantage confrontés à l’insécurité
des biens et des personnes que les sujets Lausannois, manifestent
une intensité des sentiments d’angoisse et d’aversion plus
importante et donc, qu’ils aient moins envie de s’engager dans
une confrontation. Il n’est pas très étonnant non plus qu’ils soient
moins surpris, compte tenu du contexte quotidien.

Concernant maintenant les inducteurs, on notera tout d’abord que la
« violence » provoque plus d’angoisse que les « attentats » (Facteur 1) et
que la délinquance (Facteur 1 ).
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On ne constate par contre aucune différence significative entre
« attentats » et « délinquance » concernant ce facteur.
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En ce qui concerne l’aversion, comme pour la confrontation et la
surprise, la structure des résultats est relativement semblable. Ce sont
toujours les « attentats » qui provoquent les réactions les plus intenses:
En effet, les « attentats » provoquent plus d’aversion que la
« délinquance » (Facteur 4). D’autre part, la « violence » provoque
également plus d’aversion que la « délinquance » (Facteur 4). Mais les
« attentats » ne provoquent pas plus d’aversion que la « violence ».
Enfin, pour l’ensemble des sujets, on observe une plus grande volonté
de réagir en terme de confrontation velléitaire lorsqu’ils sont placés
devant l’idée de l’« attentat » que lorsqu’on leur demande de se situer
relativement à la « délinquance » (Facteur 3).
EMOTIONS ET ZONE MUETTE
Dans le cadre de l’hypothèse de la zone
muette, on fait l’hypothèse générale selon
laquelle :
les émotions
constituent
également
une
composante
importante des situations d’expression des
opinions relatives à un objet de représentation
« sensible ».
Les émotions auraient, de ce fait, des effets
massifs sur de telles stratégies, à propos des
objets de représentation de ce type
Dans ce travail de recherche, on fait l’hypothèse
générale selon laquelle les émotions constituent
également une composante importante des situations
d’expression des opinions relatives à un objet de
représentation « sensible ». Les émotions auraient, de
ce fait, des effets massifs sur de telles stratégies.
Cette hypothèse générale s’appuie, entre autres, sur des travaux
de Fiedler (1988) qui montrent que des manipulations de l’humeur
suscitent des variations du traitement cognitif
Pour faire état des variations du traitement cognitif, Fiedler utilise
les notions de relâchement cognitif (en anglais : « loosening »)
versus de resserrement cognitif (« tightening »).
Selon les résultats qu’il observe, le relâchement serait le propre des
émotions positives. Dans ce cas le sujet adopterait une approche
plus globale, plus intuitive, plus créative et plus ouverte, mettant
en oeuvre une activité cognitive finalement moins contrôlée et plus
spontanée.
Par contre, lors d’émotions négatives, on observerait un
phénomène de resserrement cognitif, les sujets adoptant alors une
démarche cognitive caractérisée par une approche analytique et
systématique, davantage contrôlée et beaucoup moins spontanée.
Dans le cadre des stratégies de masquage
démasquage on s’attend donc au schéma suivant :
Emotion positive
relâchement cognitif
démasquage
Emotion négative
masquage
resserrement cognitif
/
Une première étude (pilote) est centrée sur les représentations
sociales de la communauté musulmane : elle concerne 120
étudiants en SHS à l’Université de Provence, non musulmans.
Les sujets doivent remplir un questionnaire comportant dix
propositions relatives à la communauté musulmane (certains sont
positifs, d’autres négatifs) et ils doivent donner leur degré d’accord
(ou de désaccord) pour chacune d’elles sur une échelle en 7 points.
On manipule deux variables indépendantes :
VI 1 : La consigne donnée aux sujets pour remplir le
questionnaire (« normale » versus « substitution »)
VI 2 : Le type d’émotion induite (« positive » versus
« négative »
15 sujets étudiants en SHS dans chaque condition
La méthode d’induction des émotions correspond à celle utilisée
avec succès par Strack, Schwarz et Geschneidinger (1985) et
Bodenhaussen, Kramer et Süsser (1994) : les sujets ont pour
consigne de se remémorer un événement autobiographique joyeux
(ou triste). Ils doivent ensuite le décrire en une dizaine de lignes.
Avant que les sujets ne répondent au questionnaire, on évalue les
effets de l’induction. Pour cela, ils doivent évaluer l’intensité des
émotions (joie et tristesse) qu’ils ressentent sur des échelles allant
de 1 (très faible intensité) à 7 (très forte intensité).
on observe des effets très significatifs de l’induction :
Induction Joie Induction tristesse
Moy joie
5,05
2,60
F = 79,7 : p< .000
Moy tristesse
2,25
4,52
F = 54,5 ; p<.000
Résultats
On fait l’hypothèse que la dimension masquage
/ démasquage est une fonction linéaire des
différentes modalités de la situation dans
laquelle les sujets sont amenés à produire leurs
réponses.
Compte
tenu
des
résultats
précédents, on doit s’attendre à ce que le
démasquage le plus important apparaisse alors
dans la situation où l’on a induit la joie et où on
a donné une consigne de substitution
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Le questionnaire :
1) cette communauté est trop médiatisée
2) C’est une communauté qui peut amener une violence morale
ou physique
3) Le port du voile est un des symboles importants pour cette
communauté
4) A l’intérieur de cette communauté il y a plusieurs
interprétations des écrits du Coran
5) Cette communauté se trouve dans les cités et quartiers
populaires
6) Les minorités extrémistes ont une place importante dans
cette communauté
7) La plupart des membres de cette communauté sont arabes
8)Cette communauté est tolérante
9)Ben Laden est un représentant de cette communauté
10) A l’intérieur de cette communauté la femme occupe une
place inférieure à l’homme
Accord
4,1
3,6
3,0
Désaccord
2,2
J(+) S
T(-) S
Substitution
J(+) N
T(-) N
Normal
Item 8 : Les minorités extrémistes ont une place
importante dans cette communauté
Pente : + 6,26
t = 4,07
p. < .000
Ces résultats montrent que la dimension masquage / démasquage
est bien une fonction linéaire des différentes modalités de la
situation
L’enchaînement des modalités qui a été mis en évidence est le
suivant :
masquage
1. Consigne normale / Tristesse
2. Consigne normale / Joie
3. Consigne substitution / tristesse
Démasquage
4. Consigne substitution / joie
Le démasquage le plus important est donc bien donné par la
consigne de substitution associée à l’induction de la joie.
Représentations sociales et articulation avec
d’autres champs d’étude

1) Représentations sociales et engagement

2) représentations sociales et influence sociale
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On rend compte d’un programme de recherches se situant à
l’articulation de deux champs d’étude traditionnellement
disjoints :
Le champ de la soumission librement consentie (plus
généralement : de l’engagement)
et le champ des représentations sociales.
Deux hypothèses sont mises à l’épreuve dans la paradigme du
pied-dans-la porte :
des sujets ayant réalisé un acte préparatoire (signer une
pétition) ayant trait à un élément central de la représentation
du don d’organes
1/ seront plus enclins à accepter la requête finale (signer une
carte de donneur) et
2/ auront une attitude plus favorable envers le don d’organe
que des sujets ayant réalisé un acte préparatoire ayant trait à
un élément périphérique.
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Le thème choisi pour mettre à l’épreuve ces hypothèses est
celui du don d’organes. Plusieurs recherches, en effet, ont
montré l’efficacité de la procédure du pied-dans-la-porte pour
inciter des sujets à accepter qu’un prélèvement d’organes soit
effectué sur eux après leur mort.
Dans une première étape de la recherche, la procédure issue
du modèle des SCB montre que :
les éléments « aider les autres », « faire don de soi », « lutter
contre la maladie » et « plus de greffes d’organe » sont
diagnostiqués comme étant des éléments centraux.
Par contre, les éléments « un acte civique », « un acte
courageux », « faire reculer la mort » et « sauver des
vies », sont diagnostiqués comme étant des éléments
périphériques.
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Une deuxième étape de la recherche nous a permis
d’identifier:
un acte préparatoire (« signer une pétition »)
dont la réalisation augmente la probabilité de la requête
(accepter de signer une carte de donneur).
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La procédure : 3 étapes
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1) L’acte préparatoire (tous les sujets) : signer une pétition
« Excusez moi. Je travaille bénévolement pour l’Etablissement Français des
Greffes dont la mission essentielle est d’aider les personnes qui ont besoin d’un
organe. Je pense que vous savez que l’on manque de donneur d’organes. C’est
pour cela que nous voudrions que le ministre de la santé finance une campagne
de sensibilisation afin de sensibiliser les gens à l’importance de signer une carte
de donneur d’organes. On a fait une pétition pour que le ministre de la santé
finance cette campagne de sensibilisation. Est-ce que vous accepteriez de la
signer ?
2) L’accroche permet de fonder l’acte préparatoire sur le système central ou au
contraire sur le système périphérique de la représentation :
On disait alors aux sujets :
« Donner ses organes, c’est… » qui était suivi
soit d’un élément central ( par exemple : « faire don de soi »)
soit d’un élément périphérique (par exemple : « un acte civique»).
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3) La requête finale (tous les sujets) : signer une carte de donneur d’organes
« Comme je vous l’ai dit on manque de donneur d’organes c’est pour ça que
nous demandons aux gens de signer une carte de donneur d’organes et de la
garder sur eux pour signifier qu’ils sont d’accord pour donner leurs organes
après leur mort. Est-ce que vous accepteriez de signer une carte de donneur
d’organes?».
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Résultats :
1) conformément à notre hypothèse principale, les sujets des 4
conditions dans lesquelles un élément central était activé, sont
plus nombreux à signer une carte de donneur d’organe que
ceux des 4 conditions dans lesquelles un élément périphérique
a été activé : 51,25% versus 33,75%, F (1,158)=5,11 ; p <
0,025.
2) Par ailleurs, les sujets ayant signé une carte de donneur
dans les 4 conditions dans lesquelles un élément central était
activé (m=3,12) ont une attitude plus positive que les sujets
ayant signé une carte de donneur dans les 4 conditions dans
lesquelles un élément périphérique était activé (m=1,96) :
F(1,66) =8.52, p<.005. Ainsi, la réalisation d’un acte
préparatoire activant un élément central débouche également
sur un changement d’attitude plus marqué (dans le sens de la
rationalisation de l’acte consistant à signer la carte de donneur)
que la réalisation d’un acte préparatoire ayant trait à un
élément périphérique.