*************P****`**************************I`**J`**K`**L`**M`**N`**O`**P

Download Report

Transcript *************P****`**************************I`**J`**K`**L`**M`**N`**O`**P

Pourquoi
cet engouement actuel
pour les réseaux sociaux ?
Dr. Frédéric Grabli
Strasbourg
Technophobie
• Platon (4ème siècle av. J-C) dans Phèdre
prête à Socrate à propos du langage écrit :
« Et c’est ainsi que toi, père de l’écriture, tu lui attribues, par bienveillance, tout
le contraire de ce qu’elle peut apporter. Elle ne peut produire dans les âmes,
en effet, que l’oubli de ce qu’elles savent en leur faisant négliger la
mémoire »
… « Quand [tes disciples] auront, en effet, beaucoup appris sans maître,
ils s’imagineront devenus très savants, et ils ne seront pour la plupart
que des ignorants de commerce incommode, des savants imaginaires au
lieu de vrais savants. »
• Propos similaires rapportés au sujet
de l’imprimerie, la radio, la télévision,
le cinéma et l’Internet.
Technophobie
• Dr. Dionysus Lardner (début XIXème siècle) :
« le transport ferroviaire à haute vitesse est
impossible car les passagers, incapables de
respirer, mourraient d’asphyxie »
Technophobie
• «Un logique nommé Joe» de Murray Leinster
(William Fitzgerald Jenkins) 1946
• Chaque foyer est équipé d’un terminal accédant
au réseau mondial et pouvant répondre à toutes
les questions.
• Joe accède à des contenus confidentiels éparpillés
sur le réseau et finit par mener l’humanité
à sa perte.
Technophobie et
médecine
Stelarc : les médecins représentent le corps professionnel le plus
technophobe et pourtant...
Bienfaits de la communication électronique pour les porteurs de
handicaps : nivellement des modalités de présentation de soi.
Technophobie
• Internet : gadget qui n’aura jamais
aucun intérêt sérieux.
• Téléphonie mobile : « je n’en aurai jamais »
• Et pourtant…
Situation en 2012
• 3ème trimestre 2012 :
plus d’un milliard d’utilisateurs de smartphones
(chiffre appelé à doubler d’ici 2015).
• 2,4 milliards d’utilisateurs d’Internet en 2012
à comparer aux 900 000 de 1993 !
Homme : animal social
• Aristote (4ème siècle av. J-C) :
L’homme est un animal social.
• Le psychiatre ne s’inquiète-t-il pas de ses patients
schizophrènes présentant un repli social ?
Outils
• L’homme pense parce qu’il a des mains.
(Anaxagore de Clazomènes, philosophe présocratique)
• La main est un outil.
• L’homme se démarque des animaux
par l’utilisation d’outils complexes.
De la panmnésie à
l’omniprésence
• Panmnésie : ne rien oublier,
par extension avoir accès à tout le savoir à tout instant.
• Omniprésence : ne jamais être à distance des autres.
Evolution de l’utilisation
de l’Internet
• Recherche d’information
• Partage asynchrone par email
• Publication site, chat rooms
• S’affranchir des distances
Quels réseaux sociaux ?
• Facebook
• Twitter
• Linkedin (copie française : Viadeo)
• Foursquare
• Google+
• Instagram
• Pinterest, Tumblr etc…
• Usage en cercle privé
• Partage de contenus multimedias et textes
(statuts)
• Communications asynchrones et synchrones
(chat, videochat et maintenant VoIP)
• Annuaire mondial (> 1 milliards d’utilisateurs actifs)
• Les réfractaires y viendront
• Facebook devient aussi indispensable
que l’email ou le téléphone portable
• Anti-thèse de Facebook et pourtant
un succès grandissant.
• Pas de groupe restreint d’amis mais au contraire
tout est public : on peut y suivre des célébrités,
échanger instantanément avec tout le monde.
• “Qu’est-ce qui se passe ?” : sincérité surprenante.
• 140 caractères (type SMS)
un langage particulier @, #
• Utilisation récréative
• Utilisation cathartique
• Utilisation professionnelle
• Information en direct non filtrée
• Twitter enregistre le monde.
• Tweets géolocalisés et horodatés.
• Les générations futures pourront suivre les grands
événements par des témoignages directs
en remontant la Timeline de Twitter
et en la filtrant par date et lieu !
Twitter et la médecine
• De nombreux médecins utilisent Twitter
sous un pseudonyme ou non
• Information médicale
• Demande d’avis
• Moyen de créer des réseaux d’experts très réactifs
• Rapprochement des professionnels de santé cf.
@DocArnica
• Réseau social professionnel
• Contacts professionnels
• Réseau devenu également incontournable
• Copie hexagonale : Viadeo
• Jeu basé sur la géolocalisation et les “check-ins”.
• On gagne des points ainsi que des badges.
• Celui qui se rend le plus souvent dans un lieu en
devient le « maire ».
• A présent, Foursquare constitue une mine d’or
d’informations sur lieux avec des avis
communautaires.
• Arrivé sur le tard, ce réseau se développe.
• Un rapide résumé serait de dire
qu’il est à mi-distance entre Facebook et Twitter.
Instagram
• Là où Twitter propose de partager des messages
de 140 caractères, Instagram fait le pari de
partager publiquement des photographies.
• On peut “liker” les photographies, les commenter.
• L’utilisateur peut s’abonner à qui il le souhaite
et être suivi de la même manière.
Addiction
• Dépendance : mode d’utilisation inapproprié
d’une substance, entraînant une détresse
ou un dysfonctionnement cliniquement significatif
(>3 manifestations sur 12 mois)
Addiction
•
Tolérance, définie par l’une ou l’autre des manifestations suivantes :
a. Besoin de quantités nettement majorées de la substance pour obtenir une intoxication ou
l’effet désiré ;
b. Effet nettement diminué en cas d’usage continu de la même quantité de substance.
•
Comme en témoigne l’une ou l’autre des manifestations suivantes :
a. Syndrome de sevrage caractéristique de la substance ;
b. La même substance (ou une substance apparentée) est prise dans le but de soulager ou
d’éviter les symptômes de sevrage.
•
Substance souvent prise en quantité supérieure ou sur un laps de temps plus long que ce
que la personne avait envisagé
•
Désir persistant ou efforts infructueux pour réduire ou contrôler l’utilisation de la
substance ;
•
Temps considérable passé à faire le nécessaire pour se procurer la substance, la
consommer ou récupérer de ses effets ;
•
D’importantes activités sociales, occupationnelles ou de loisirs sont abandonnées ou
réduites en raison de l’utilisation de la substance ;
•
Poursuite de l’utilisation de la substance malgré la connaissance de l’existence d’un
problème physique ou psychologique persistant ou récurrent déterminé ou exacerbé par la
substance.
Addiction
• Il ne suffit pas de passer beaucoup de temps
sur un ordinateur ou un smartphone
pour parler de dépendance
• Les utilisations peuvent être variées :
réseaux sociaux, travail, banque, emails etc…
Addiction
• Parle-t-on d’addiction à l’utilisation de la roue ?
• Addiction à l’utilisation de la voiture ?
• Addiction aux vêtements ?
• Addiction aux livres, à l'électricité ?
Activité Facebook
et Santé Mentale
• Il existerait un lien entre l’activité sur Facebook
et certains symptômes.
• les patients schizotypiques, par exemple, ont
moins d’« amis », communiquent moins souvent,
et partagent moins de photos.
Elizabeth Martin (Psychiatry Research, JAN 2013)
L’Extimité
Serge Tisseron, psychiatre et psychanalyste :
l’époque actuelle est marquée par le fait de
déplacer certains éléments personnels dans le
domaine public pour obtenir une intimité plus
riche et des liens nouveaux.
Confusion public/privé : un commentaire d’un
article d’un blog est-il une forme de
communication personnelle avec son auteur ou
une prise de position publique comme dans un
journal ?
Groupes plus ciblés
• Avant les réseaux sociaux : adhésion à un groupe
et confidence des éléments les plus personnels de soi
étaient en concurrence car groupe peu spécifiques
• Avec les réseaux sociaux : c’est la confidence
des éléments les plus personnels de soi qui permet
de rencontrer ceux avec lesquels nous sommes
susceptibles de former la communauté la plus forte et
la plus authentique www.sergetisseron.com
• Les réseaux sociaux peuvent-ils par la spécificité des
groupes qu’ils engendrent jouer le rôle de « psy » ?
Intérêt
pour les réseaux sociaux
•
“Les technologies numériques ne doivent leur succès qu’à l’envie
de sociabilité et de contact de leurs usagers.” - Antonio Casilli
•
Les échanges en ligne ne réduisent pas les rencontres réelles, bien
au contraire.
•
“Internet ne remplace ni la sociabilité en face à face ni la
participation. Il s’y ajoute.” - Manuel Castells
•
Hypothèse d’une communauté sans contiguïté physique non
vérifiée : amitiés en ligne s’expliquent dans 55% des cas par des
critères géographiques contre 45% par des intérêts communs et
14% par la même tranche d’âge.
•
Les usagers reproduisent en ligne le même type d’environnements
socio-culturels que ceux qu’ils connaissent hors ligne.
Réseaux sociaux :
motivations
Don & contre-don : retour sur l’énergie accordée aux activités en
réseau.
Les membres qui donnent / partagent davantage deviennent de
véritables personnalités : désir de reconnaissance public et
implication sont corrélés.
Sentiment de pouvoir changer la donne ou compter pour quelque
chose
Réseaux sociaux :
motivations
Souci de confidentialité : facteur relativement
peu influent
Coût d’opportunité : facteur prépondérant :
calcul des avantages (intégration sociale,
entraide, adhésion à une mode) vs. risques de
violation de la vie privée
Utilisation réseaux
sociaux : paradoxe
Utilisation dans le cadre de contextes sociaux
pré-existants pour la grande majorité des
usagers.
Kraut : facilitation contacts avec inconnus +
aliénation des usagers avec proches.
4 ans plus tard : rétractation : effet aliénant
uniquement transitoire suivi par utilisation de
l’outil pour entretenir liens sociaux.
Place des réseaux
sociaux
Communications numériques à mettre sur le même plan que les appels
téléphoniques ou les lettres.
Complètent la communication en face-à-face et ne s’y substituent pas.
Usage intensif d’Internet entraînerait un niveau de communication interpersonnelle
(téléphone, face à face) plus important (National Geographic, 2001).
On communique plus volontiers avec des proches que des inconnus à l’autre bout
du monde.
Facebook : 4 millions d’étudiants observés sur 26 mois : activité socialisante,
Facebook seconde la vie sociale, ne la met pas en péril.
Nouvelles structures
relationnelles
Relations fortes : famille voisinage, collègues de travail, communauté locale.
S’y ajoute la possibilité de chercher des affinités à distance : réseau glocal
(global/local).
Disparition de l’homophilie par genre sexuel.
Les “friends” qui au final apportent le plus sont ceux avec lesquels les affinités au
départ sont les plus faibles : variété liste de contacts -> milieux sociaux différents de
celui de l’usager.
La légèreté des amitiés en ligne est une raison de leur stabilité sur le long terme car
moins de place pour le conflit. cf. toilettage (grooming des primates).
Légèreté va de pair avec variété et au final stabilité.
Réseaux sociaux :
risques
Zeynep Tufekci (anthropologue) : possibilité
dans 30 ans de revenir en arrière et examiner le
passé d’un candidat politique.
Persistence des informations : droit à l’oubli ou à
l’effacement ?
Les réseaux sociaux
ème
au début du XVI
siècle
• “How Luther went viral” (The Economist, Dec 17th 2011)
• C’est grâce au développement de l’imprimerie
que les thèses de Martin Luther ont été diffusées
de proche en proche.
• Chaque petit groupe d’individus faisant réimprimer
localement de courts livrets de sa pensée.
• De proche en proche, l’information a fini par être diffusée
largement.
Conclusion
•
Les réseaux sociaux ne sont donc que de nouveaux outils
•
L’homme les apprivoise et les utilise
•
À bon ou mauvais escient comme pour tout autre outil
•
La socialité d’Internet ne remplace pas les liens forts avec les amis
et les parents mais se cumule avec eux.
•
Les technologies numériques ne sont pas une menace pour le lien
social. Elles représentent des modalités complémentaires.
•
Louis Pasteur : “un peu de science éloigne de Dieu, beaucoup de
science ramène à Dieu” -> “un peu de réseaux sociaux éloigne des
proches, beaucoup de réseaux sociaux ramène aux proches”.