Dr Jean-Pierre Polydor
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Transcript Dr Jean-Pierre Polydor
Migraines
Dr Jean-Pierre Polydor
1
RETENTISSEMENT SUR LA QUALITÉ DE VIE
SF12 complétée par les migraineux et les non migraineux
90
Score (/100)
*
80
*
*
*
70
*
*
*
*
*
60
50
40
*
*
Non migraineux
Migraineux
probables
Migraineux certains
*
*
* p ≤ 0,01 vs non
migraineux
*
CÉPHALÉES : CLASSIFICATION IHS
Céphalées primaires: Migraine, C de tension (ou CCQ ou migraine
chronique), AVF , autres
Céphalées secondaires :
Traumatisme,
Affections intracrâniennes vasculaires ou non (tumeur)
Abus de substance ou sevrage
Infection
Céphalée des « spécialistes »
Affection psychiatrique
Névralgies crâniennes (névralgie faciale, arnoldalgie) et causes centrales
CEPHALEES AIGUËS
L'hémorragie méningée
Méningites
Accidents cérébro-vasculaires
dissection vasculaire : spontanée ou post
traumatique
L'hématome intracérébral
La thrombophlébite
L'hypertension artérielle maligne
4
CEPHALEES CHRONIQUES
Migraine
Algie vasculaire de la face
Céphalée de tension ou migraine chronique
ou céphalée chronique quotidienne (CCQ)
iatrogènes médicamenteuses
toxiques
Post-traumatiques
céphalées par abus d'antalgiques
Céphalées symptomatiques et des spécialités
5
les ÉTAPES de l’INTERROGATOIRE
Laisser le patient s’exprimer mais entretien semi-directif
Caractériser la céphalée : anamnèse +++
Identifier les déclencheurs/ aggravants
Identifier les signes accompagnateurs
Contexte personnel
Historique du traitement
CARACTÉRISER LA CÉPHALÉE :
10 QUESTIONS CLES
1 Ancienneté: heures, jours, mois, années
2 Vitesse d’installation
3 Mode évolutif : par crises ou continu
4 Topographie
5 Durée des crises
6 Fréquence des crises
7 Type de douleur
8 Intensité de la douleur
9 Facteurs déclenchants
10 Traitements tentés et effets (positifs/négatifs)
SIGNES ACCOMPAGNATEURS
Troubles digestifs
Troubles sensoriels
Troubles visuels
Troubles végétatifs
Troubles psychologiques
EXAMEN PATIENT
Signes vitaux
Signes de localisation neurologique
Auscultation cervicale et oculaire
Examen cou, crâne
migraine « commune »
sans aura
A- au moins 5 crises
B- de 4 à 72 heures
C- deux des critères suivants:
-unilatérale
-pulsatile
-intensité modérée ou sévère
-accrue par l'effort
D- un des critères suivants:
-nausées
-photo- et phono- phobies
E- un des critères suivants:
-ce n'est pas une céphalée « symptomatique » (examen
neurologique normal, historique...)
-dans le doute, examens paracliniques
-il peut y avoir une autre pathologie mais sans lien de
causalité étroit ou sans relation temporelle avec les céphalées
10
La « migraine commune »
peut avoir des caractères
supplémentaires «
trompeurs »:
le caractère « toujours du même coté »
des signes associés: flou visuel, instabilités, ictus
amnésique, troubles vasomoteurs comme dans l'AVF
la violence des algies
11
Il manque pourtant à ces
critères internationaux
Le caractère progressif de
l’intensité
La durée différente chez l’enfant
La rareté du début de cette
maladie à un age avancé
12
Les migraines « avec
aura
»
A- deux crises au moins
B- trois des critères suivants:
symptomes d’ une atteinte corticale focale ou du TC, et totalement
régressifs
s'installant en plus de 4 minutes, et se succédant (s'il y a plusieurs
symptomes)
chaque symptome d'aura dure moins d'une heure
la céphalée peut débuter avant l'aura, pendant ou plus souvent lui
succéder avec un intervalle libre maximum d'une heure
C- un des critères suivants: l'histoire et l'examen (neurolologique et général)
ne suggèrent pas de désordre organique
ou le suggèrent mais il est écarté par neuroimagerie ou autre (PL par
exemple)
ou il y a désordre organique mais sans relation temporelle avec la
migraine
Les deux diagnostics différentiels à évoquer sont:
la crise d'épilepsie focale (EEG dans un bon délai) et donc la recherche de
sa cause (IRM, TOF-IRM...)
un AIT si difficile à démontrer
13
Les différents
types d’auras
typiques
Troubles visuels homonymes, positifs/négatifs
…Puis éventuellement et dans l’ordre…
paresthésies et\ou engourdissement UNIlatéral
faiblesse UNIlatérale
aphasie ou dysarthrie
Mais si les 3 dernières surviennent sans aura visuelle
préalable on doit remettre le diagnostic en question
L'aura visuelle est « positive »: scotome scintillant
14
Aura prolongée
plus d'une heure mais moins de 7 jours
le diagnostic n'est légitime que chez des patients:
ayant déjà eut d'autres auras TYPIQUES
et chez qui on a exclu un AVC
15
Aura brusque
A- répond aux critères IHS
B- installée en moins de 4 mn
...toujours douteuse: ré-interroger le patient
toujours envisager AIT ou crise comitiale focale
16
Aura sans céphalée
On n’a le droit de l’évoquer que :
chez un migraineux connu,
s'il a déjà eut des migraines avec aura
se voit surtout au cours du vieillissement...mais à
partir de 40 ans on doit évoquer un AIT
donc un AAP est légitime, l'aspirine traite les 2
hypothèses (AIT et migraine)
17
Les auras « d’exception »
Ophtalmoplégiques
Rétiniennes: un œil (et non plus un champ
visuel)
Basilaires
18
Migraine ophtalmoplégique
parésie occulomotrice régressive en moins d'une heure
suivie d’une céphalée typique de migraine
rarissime: impose la neuroimagerie
Migraine rétinienne
scotome ou cécité monoculaire
durant moins d'une heure, suivie d’une céphalée migraineuse
Impose bilan
ophtalmologique et neuro-imagerie
19
Migraine basilaire
Au moins 2 des signes suivants:
troubles dans les 2 champs visuels
vertige vrai
dysarthrie
acouphènes
hypoacousie
diplopie
ataxie
dysesthésies bilatérales
parésie bilatérale
Obnubilation
l'angoisse, la bilatéralité de ces symptômes, leur caractère « subjectif » fait évoquer
une « spasmophilie »...à tort
20
Migraines compliquées
Deux types sont définis par l'IHS:
Etat de Mal
Infarctus migraineux
21
L’état de mal migraineux
la « pause » sans douleur, quand elle existe,
n'excède pas 4 heures
la crise peut durer jusqu'à 8 à 10 jours...
chercher d'autres facteurs (iatrogènes+++)
si la pause excède 6 heures on parle de « crises
récidivantes » et on compte alors « 2 crises »
22
Infarctus migraineux
A-aprés une crise typique le déficit (aura) ne régresse
pas...dans les 7 jours
B-les autres causes d'AVC ont toutes été éliminées
Ceci est une rareté, on doit, pour avancer cette hypothèse:
avoir une aura habituelle...qui se prolonge
démontrer avec certitude l'AVC (neuroimagerie)
éliminer toute autre cause (embolie, terrain artériopathique,
hémopathie)
L'IHS souligne que les infarctus sont plutot dans le territoire
occipital, ce qui est rare dans les AVC « standard » mais
s'explique par la grande fréquence des auras occipitales dans
les migraines.
23
Les céphalées « problèmes »
-aiguë : hémorragie méningée
-modification de céphalée ancienne : lésion
-d'effort : malformation artérielle
-fébrile : infection méningée
-associée à des signes neuros : lésion focale.
-apparition à plus de 50 ans :
processus expansif par imagerie cérébrale
vitesse de sédimentation (Horton)
24
Examen neurologique complet
Mise en perspective (âge, vasculaire,
antécédents...) et histoire de la crise
précisément reconstituée
DONC s’il y a un doute l'examen paracliniques
« clé » doit être bien pensé d'emblée :
scanner -/+, IRM + séquences TOF, +/- :
hématome, tumeur, anévrisme
EEG: seulement si aura brusque, pour une
crise focale, trop tardif il n'apporte rien
25
En pratique LA MIGRAINE ET
LES EXAMENS COMPLÉMENTAIRES
Recommandations Anaes : aucun si migraine typique
Exploration radiologique des céphalées
Indications de l’imagerie
céphalée d’apparition brutale
céphalée récente différente
anomalie à l’examen clinique
Imagerie non indiquée
migraine « typique » (IHS), examen
neurologique normal
pour différencier une migraine d’une
céphalée de tension
De l’intérêt des
critères …
On induit de grandes inquiétudes chez un migraineux
dont une crise est atypique, avec des symptômes
spectaculaires, et qu'on aura entraîné dans un
tourbillon d'examens paracliniques.
Ceci implique que la consultation d'un migraineux ne
soit jamais banale, nécessairement longue et
comportant un interrogatoire précis et un examen
neurologique rigoureux.
27
à part: la CEPHALEE BRUTALE
< 1 Minute ou un peu plus
Migraineux ou non
Urgence +++ :
- Hémorragie méningée
- Dissection artérielle
- Hématome sous dural ou intracrânien
- Méningite
MIGRAINE et CEPHALEE de TENSION
Migraine
Céphalée de tension
Siège
Unilat
Bilatérale
Intensité
Sévère
Modérée
Type
Pulsatile
Etau
Aggravation par l’effort
+++
0
Signes digestifs
+++
0
Signes sensoriels
+++
+
Principes du TRAITEMENT de la crise et de
la maladie chronique
•
•
Restauration d’une bonne qualité de vie
Adapté à chaque patient: médecine personnalisée
•
Reposant sur trois axes :
•
•
•
Suppression des facteurs déclenchants
traitement de la crise
traitement prophylactique « de fond »
Et éviter les abus médicamenteux +++
LES CLASSES
PHARMACOLOGIQUES
Antimigraineux non spécifiques :
Paracétamol
AINS et aspirine
Corticoïde dans de rares cas
Opiacés: à éviter ( abus ,addiction , nausées)
- Médicaments combinés… à discuter au cas par cas
Antimigraineux spécifiques :
Dérivés ergotés abandonnés sauf exception
Triptans
PARACÉTAMOL
Galénique : variée
Efficacité peu documentée mais expérience…
Coût faible
SMR : important
Automédication, 35 %
Pas d’AMM
ASPIRINE et AINS
AINS
•
•
4 DCI validées
• Naproxène : NAPROZYNE, APRANAX
• Ibuprofène: ADVIL ( AMM)
• Kétoprofène : KETUM, PROFENID ( AMM )
• Diflofenac : VOLTARENE
Toxicité digestive (prises répétées) ++
Aspirine
Galénique variée
Interactions et CI
Risques : hémorragie et allergie
Pas d’AMM en monothérapie
MIGPRIV, CEPHALGAN = AMM (intérêt si nausées )
LES TRIPTANS
Traitements de choix
Efficacité comparable
Variation interindividuelle
Jugement sur 3 crises
Intérêt d’une prise précoce ( douleur faible)
Association AINS + Triptan supérieure
LES TRIPTANS
IMIGRANE : 50 mg cp, spray 2O mg, sous cut/6mg
ZOMIG : 2, 5 mg et ZOMIG oro per lingual
NARAMIG : 2, 5 mg per os
ALMOGRAN : 12, 5 mg per os
RELPAX : 40 mg per os
MAXALT lyo : 10 mg per lingual
TIGREAT, ISIMIG ; per os
TRIPTANS
•
Contre-indications
•
•
•
•
•
Maladie coronarienne, artérite membres inférieurs, AVC
ischémique, HTA non contrôlée
Allergie aux sulfamides (sauf pour rizatriptan et zomitriptan)
Femmes enceintes
< 16 ans ( sauf Imigrane spray ) et > 65 ans
Effets indésirables
•
•
« syndrôme triptan »
Effets secondaires centraux ++
ANAES 2002 www.has.fr
Juger du TRAITEMENT de la CRISE
•
Etes-vous soulagé significativement 2 heures après la prise
de ce médicament ?
•
Ce traitement est-il bien toléré ?
•
Utilisez-vous une seule prise de ce médicament ?
•
Ce traitement est-il efficace au moins 2 crises / 3
Réponse
•
OUI aux 4 questions pas de modification du traitement
•
Au moins une réponse NON aux 4 questions
•
•
•
•
Co-prescription AINS et triptan
Initiation par l’AINS
Triptan en secours (AINS inefficace à 2h)
Triptan d’emblée pour les crises ultérieures si AINS inefficace et/ou
mal toléré
ANAES 2002 www.has.fr
MIGRAINE avec AURA
•
•
AINS pendant l’aura
Triptan au début de la céphalée
Les traitements de crise en pratique
Petits moyens : repos, sommeil, silence, dans le noir ou lunettes
noires, boule de menthe, bandeau, café, refroidir le crâne
Règles d’or: Prise précoce, dose adaptée, bonne voie
administration,
Éviter les traitements déjà tentés et inefficaces , respect des CI,
Efficacité jugée après 2 h : réponses OUI aux 4 questions
Effet partiel : 2ème prise possible
Rebond : même démarche si traitement efficace
Crise rebelle : corticoïdes, O2, ACUPAN I.V.
Traitements associés : antiémétiques, anxiolytiques
STRATEGIE THERAPEUTIQUE
Si AINS efficace , toléré ,2 c/3 : maintien
Si AINS inefficace, non tolér: Triptan d’emblée
Si Triptan efficace , toléré,2 / 3 : pas de modif
Si Triptan inefficace changer de triptan
Si échec : AINS + Triptan
Traitement de fond ou prophylactique
Indications :
•
•
•
crises fréquentes (+ de 4/mois) et intenses
handicap familial, social ou professionnel
2 jours de prise médicamenteuse par semaine depuis + de 3 mois
Contrat thérapeutique :
•
•
•
50 % d’amélioration: fréquence, durée , intensité, conso médicament
tenue d’un agenda ++
prudence chez patients à risque d’abus
Méthode
•
•
•
Monothérapie progressive
Evaluation thérapeutique après 3 mois, si échec
Augmentation des doses ou autre traitement
Bithérapie si nécessaire
Durée du traitement de 6 à 12 mois, Puis diminution lente et arrêt
ANAES 2002 www.has.fr
Médicaments de fond majeurs
Posologie/j
Bbloquants
ltPropanolol*Avlocardyl
Metropolol*Seloken,
timolol , atenolol
40-240 mg
EI
CI
100-200 mg
Asthénie
Insomnie, cauchemars,
impuissance, dépression
Asthme,
insuffisance card,iaque
BAV,
Raynaud, artérite
Pizotifene*, Sanmigran
2 mg le soir 3 cp le soir
Somnolence, prise de poids
Glaucome, adénome
prostatique
Oxetorone*, Nocertone
2 à 3 cp le soir
Somnolence
diarrhée
Topiramate* , Epitomax
50 à 100mg
Perte de poids, lithiase
rénale, dépression
Hypersensib sulfamides
Flunarizine*, Sibelium
< 6 mois
½ à 1 cp le soir
Somnolence, prise de poids
Dépression, sd
extrapryamidal
Dépressif, Parkinson
Amitriptyline*, Laroxyl
20 à 50 mg le soir
Sécheresse de bouche,
somnolence, prise de poids
Glaucome, adénome
prostatique
Valproate de sodium
Depakine
Hors AMM
500 à 1000 mg
Nausées, prise de poids,
tremblements, alopécie
Pathologies hépatiques
Quel traitement de fond et pour qui?
•
Quelle molécule choisir ?
•
•
pas de supériorité de l’une sur l’autre
choix fonction de :
•
effets indésirables (somnolence et prise de poids)
•
contre-indications
•
Comorbidités
ANAES 2002 www.has.fr
PREMIÈRE INTENTION
AVLOCARDYL
EPITOMAX
DEUXIEME INTENTION
NOCERTONE
LAROXYL
SIBELIUM
SANMIGRAN
EDUCATION THERAPEUTIQUE
- Ecoute, explication, objectifs
- Eviction des facteurs déclenchants
- Mode de vie +++
- Sevrage si abus médicamenteux
Psychothérapie cognitive, comportementales :
relaxation, biofeedback, gestion du stress
Acupuncture ?
Exercices physiques,
CÉPHALÉE CHRONIQUE QUOTIDIENNE
ABUS MÉDICAMENTEUX > 3 MOIS
Ergotamine, triptans, associations, opioïdes > 10j/mois
AINS , Antalgiques non spécifiques > 15j/mois
COMORBIDITÉ PSYCHIATRIQUE
OBESITE, CAFEINE,STRESS, EVENEMENTS, COPING
CAT devant CCQ: EDUCATION
THERAPEUTIQUE
Sevrage
Traitements de crises à dose filée
Traitements de fond
Psychotropes
Relaxation , gestion du stress, TCC,
Psychothérapie classique
Suivi +++
Traitement de l’état de mal
Stoppez les abus
Isoler, calmer
Tricycliques
Benzodiazépines
Corticoïdes
O2
MIGRAINE ET GROSSESSE
Suivi mensuel
Traitement de crise: Paracétamol
Traitement de fond : Avlocardyl ?, Laroxyl ? à stopper
avant l’accouchement
Proscrire auto-médication +++
Moyens non médicamenteux +++
conclusions
Ne jamais accepter l’échec
Ne jamais céder à la panique
Toujours penser « le long terme »
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