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LA SUBJECTIVITE A
L’EPREUVE DU SOCIAL
Hommage à Jacqueline BARUSMICHEL
 Rien n’a de sens, je veux dire, la réalité n’a pas de sens,
elle ne veut rien dire, rien nous dire; c’est nous qui lui en
donnons, elle n’a de sens que celui que nous y mettons
et dieu sait! On s’y met depuis des lustres (religions,
philosophies, idéologies, théories, politiques). Une vrai
cacophonie, on ne s’entend plus, on se dispute, on
s’étripe, on se massacre, tout cela pour dire « c’est
comme ça et ça doit être comme ça, c’est nous qui
savons » ». Jacqueline Barus-Michel, 2007.
L’intrication du psychique et du social
 La sociologie clinique s’est donné pour tâche de
« détricoter » de manière analytique les différents
registres entre l’objectif et le subjectif, le social et le
psychique.
 Son objet est l ’élucidation des processus selon lesquels
le sujet est engagé dans une dynamique sociale codée
et structurée. Elle cherche à saisir les modes selon
lesquels le sujet produit, rencontre subit cette dynamique
sociale.
 Référentiels psychanalytiques pour approcher ce qui
contribue à la constitution de liens (idéalisation,
sublimation etc…)
 Référentiels sociologiques, ethnologiques,
anthropologiques, historiques pour approcher les
situations sociales.
 Ces construits psychiques et sociaux sont pensés en
termes de dynamique, de processus, de rapports de
tensions, de conflits, de potentialité et de rencontre.
La souffrance, une perte de sens
 La souffrance est une angoisse de n’avoir ni maitrise ni
prise sur la réalité et correspond à une perte de sens de
l’existence.
 Le sens peut relever de trois pratiques:
- De la croyance
- De la médecine scientifique
- Du travail sur soi
 Seul un travail sur soi dans le vécu de la souffrance,
permet d’arriver à vivre la souffrance comme une
transformation possible.
Le concept de souffrance sociale
 La souffrance sociale est produite par les contradictions sociales qui
traversent un individu dans une position donnée.
►Conflit interne dont la genèse est externe.
 La souffrance sociale peut se regrouper autour de quatre grands
pôles: domination, exclusion, répression, exploitation.
 Croisement d’éléments de réalité et de vécu qui caractérise la
souffrance.
 Ce terme est utilisé aujourd’hui pour désigner des liens entre les
violences sociales (injustice, pression du travail, exclusion…) et ses
effets sur ceux qui les vivent.
Pertes de sens, perte de soi: souffrances extrêmes et
suicides au travail
De Nicole Aubert
 Entre 2006 et 2008 : 29 suicides au travail
 Une appréhension du mal être au travail diverse et non homogène
ces vingt dernières années:
- Le concept de stress au travail à partir année 80
- -Le burn-out à partir des années 90 (Aubert, De Beaujelac)
- Les troubles musculo-squelettiques
- Le harcèlement moral (Marie-France Hirigoyen)
 Conséquence: Le phénomène du suicide constitue depuis 2007 le
symptôme ultime de la souffrance au travail.
Des pathologies de l’idéalité…
 Les Pathologies de l’idéalité ou « maladies de
l’excellence »: processus de brûlure interne se
développant en lien avec un mode de sollicitation
psychique très intense proposé par un certain nombre
d’entreprise.
-Idéal du moi capté par l’idéal organisationnel
-Processus d’effondrement psychique pouvant se produire
lors de changement de stratégies, considérations
économiques, etc…)
 Exemple du suicide d’un salarié d’IBM:
« Je n’avais plus d’illusions sur la compagnie d’IBM, aller
jusqu’à déshonorer sans motif fondé une personne, cela
s’appelle de la paranoïa, c’est un immense panier de
crabe où tous les coups sont permis (…) la compagnie
arrivera t’elle à survivre à cette mutation de la
personnalité des gens qu’elle emploie? Je ne sais pas et
je m’en fous et elle m’a eu: j’espère au moins que cela
profitera à l’auteur de ce crime, car c’est bien un crime
qui vient d’être effectué contre ma personne: un crime
envers un innocent… »
► Phénomènes d’emprise, idéalisation, désillusion
représentatifs du management par l’excellence
…Aux pathologies « machiniques » de
l’hyperfonctionnement de soi
 La radicalisation de la mondialisation économique, la
logique concurrentielle, l’ exigence de performance, la
rentabilité entraine un nouveau mode d’investissement:
« l’hyperfonctionnement de soi même »
 A la projection de son idéal personnel sur l’entreprise se
substitut l’impératif d’être « hyper performant » et
« hyper réactif »
 Individualisation des modes d’évaluation, absence
d’autonomie, destruction du collectif, non
reconnaissance.
► Pathologie de la « surchauffe », « corrosion de
caractère »(Sennett, 2000), dépression, rupture de soi.
 Privé de la liberté de s’organiser (…), n’ayant aucun moyen de
s’évader par l’imaginaire ou de trouver un appui dans un lien
collectif quelconque, la seule évasion qui reste possible par rapport
à une situation devenue insupportable physiquement et
psychiquement est celle du suicide »
 Pour J. Barus Michel, dans ces situations, « la capacité de contrôle
et d’élaboration des sensations et des représentations est dépassé
(…), les capacités intellectuelles sont débordées (…), le
retentissement émotionnel encombre le psychisme » , étouffant
l’activité intellectuelle et la capacité imaginaire ».Dans ce cas, la
souffrance peut s’assimiler « a une sorte d’hémorragie narcissique,
où le moi idéal serait épuisé ».
L’interdit anthropophagique
 Pour que l’individu puisse rester et entrer en relation une
organisation sociale reliante et différenciatrice:
- Si elle n’est pas différenciatrice, personne ne peut ni ne
veut reconnaître le semblable de l’autre et se précipite
dans la dédifférenciation.
- Si elle n’est pas reliante, on ne peut ni ne veut se
reconnaître en tant que semblable.
 les liens sociaux = constructions symboliques= lois de
différenciation et de séparation
 Première séparation: le corps maternel
 Cet interdit garantit le lien social, la condition
humaine, la condition de l’action en commun.
 Pour J Barus Michel, l’être humain résiste à se
penser comme sujet social (1987) pour deux
raisons principales:
- Notre narcissisme.
- Les pouvoirs politiques qui trouvent un intérêt à
cliver le psychique du social: préserver
l’autonomie relative du pouvoir politique et
l’illusion d’autonomie du sujet individuel.
La théorie de l’unicité de la place sociale
enviable (André Sirota)
 Il y a le fantasme inconscient d’une seule instance
intéressante, une unique place sociale enviable.
 Parallèle entre la façon dont la distance nécessaire
avec la revendication infantile est prise par l’individu et
l’expérience de groupe. (hypertrophie du moi= besoin de
détruire autrui)
 L’emprise inconsciente de ce fantasme de l’unicité de la
place sociable enviable constitue le socle des entraves
psychiques et fantasmatiques à l’accès à la logique de la
responsabilité partagée, à la capacité de mutualité, à la
coopération (Sirota 2005).