Quelle utilité pour l’homme étouffé, effacé ? Que faire quand on ne sait plus quoi faire ? Un brin de réponse : tenter, inlassablement, de.

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Quelle utilité pour
l’homme étouffé, effacé ?
Que faire quand on ne sait plus quoi
faire ?

Un brin de réponse : tenter,
inlassablement, de comprendre
Guy Ardiet, Lyon St Cyr - CEZERIAT, le 31 mai 07

Bien sûr, des situations sont parfois
plus complexes que d’autres ;
Pour ce qui peut faire souffrance, c’est
la sensation aigue d’injustice .

Trois définitions
Utile : dont l’usage, l’emploi, est
avantageux
à quelqu’un ou à la société

L’homme utile apporte à quelqu’un ou
à la société.
L’exclus du travail n’est-il pas exclu de
l’utilité sociale ?

Etouffer :
Priver d’air, asphyxier, oppresser
Episode de reconduite à la frontière ; « un
étranglement sur un passager; l’homme
perd connaissance, yeux révulsés, langue
pendante, écume aux lèvres … »
Témoignage des passagers du vol
Paris-Bamako, Roissy, 26 mai 07

Effacer :
1) Faire disparaître
sans laisser de trace
(une variante : expulser)
2) Faire oublier
(une variante : l’indifférence)

L’homme effacé : celui qu’on a gommé
de la communauté

La ligne directrice de l’exposé
Une souffrance liée à l’exclusion, au
« rejet », à la notion de personne
inutile, indésirable, ou en tout non
prévue d’être vue, là où elle est vue
Une souffrance d’être transparent

Un écart, même « écartèlement »,
entre « espéré » et « vécu »

Une première conséquence
-Pour le sujet invisible : distorsion du réel
(santé à 2/plusieurs vitesses)
 monde à 2/plusieurs réels

 Pour le professionnel : souffrance par
l’écart entre le désir pour l’autre, semblable
à soi, et le constat imaginé de son avenir
(si on est « aidant »,
ce n’est pas par hasard)

Un exposé en 4 volets
1) Un essai de clarification
2) Ce qui est particulier à la
souffrance psychique de la personne
en grande pauvreté
3) Ce qui est commun entre elle et la
personne qui intervient auprès d’elle
4) Quelques constats et les
propositions qui leur sont secondaires

Syndrome d’exclusion sociale,
souffrance psychique
Les définitions sont nombreuses :
Exclusion : perte des sécurités de base :
travail, formation, logement, diplôme,
culture, … (J.Wrésinski)
Souffrance psychique, non psychiatrique,
d’origine sociale (Lazarus)

Les conséquences : honte, inhibition,
découragement (Maisondieu)

On se débat avec des notions
complexes
La justice, l’égalité, l’honneur, le
mérite …
en somme, le bon côté des choses
Et des éléments bien différents :
l’autonomie perdue, la vulnérabilité, la
stigmatisation, le mépris, l’abandon, …
et ce que ces mots évoquent !

Simple : souffrance psychosociale
Souffrance de l'individu, du
professionnel de santé, du
professionnel social, du professionnel
administratif
Douleur à expression psychique,
somatique, ou mixte, suite à une
impasse.

Les 4 fonctions de l'aidant :
imaginaire, choisie, réalisée, et
non réalisée
La fonction imaginaire : celle de sa
formation : une intériorisation
La fonction choisie : celle qu'on
décide, en soi même : adaptation des
consignes ; une adaptation vitale

La fonction réalisée ; 3 évaluateurs:
soi d'abord, le pair (ou hiérarchie), la
personne aidée
La fonction non réalisée : 3
évaluateurs: soi d'abord, le pair (ou
hiérarachie), la personne aidée

La personne aidée évalue l'action réalisée, et
celle non réalisée ; un espace de rencontre - la
parole est un acte posé parmi d'autres.

L'important : non l'acte, mais le motif profond de
cet acte
Penser l'action avec le regard du partenaire j'entends par partenaire non l'autre professionnel
du réseau, mais la personne "effacée" que je
rencontre.
Ce mot d'effacé peut traduire ma propre mise en
retrait ; mais aussi la notion que le monde (du
travail, des amis, ...) m'a gommé.

Un exemple de gomme
Gommer, c’est disqualifier, c’est ne pas
imaginer comment l’autre va recevoir mon
message
Je suis « hors les clous » si j’imagine que
j’en suis dispensé ; mais ……. la personne
en précarité disqualifie elle aussi l’aidant :
par son échec, elle le traite d’inutile et
d’incapable

bien involontairement 99 fois sur 100

La complexité n’est pas le
désespoir
Complexité : l'étayage des pratiques ne
peut partir des institutions, mais doit aller
des personnes "invisibles" aux institutions.
Commencer par les échanges de savoir, les
co-formations, en "parité" ; un préalable
pour connaître comment faire : des groupes
mixtes, selon les modalités les plus faciles
pour les plus souffrants.
Eviter la « proposition pour demain 9h »

Aucun dispositif de soin ne peut être
efficient, s'il n'est pas validé par le
lecteur à qui il est destiné.
Un exemple :

France : 9% d’adultes en
illettrisme (INSEE, oct. 05)
Un tel document exclut ; il induit une
disqualification, puis une nécessité
d'assistance ! S'il déclenche un mouvement
de colère, la faute est, hélas, et à tort,
reportée à celui qui conteste.
Ou on a alors un renoncement en miroir.
(* soit 2,3 millions de personnes)

Comment aller plus loin
Avec, pour citer Saül Karsz, d’abord
désigner, puis interpréter, enfin rater.
Rater, « sujet réel, donc qui résiste »
Rassurant, de savoir que le réel résiste :
exemple des taux de chômage, ou de mal
logement (travaux de la MRIE) : on parle
des zones grises , donc non éclairées !
-2 millions de chômeurs,
-2 millions « non temps plein »,
-400 000 dispensés d’emploi

Un mécanisme implacable
Plan cohésion sociale : suivi mensuel,
convocations, relances à délais très
courts : « oubli, erreur, épuisement »
(Elisabeth Maurel)
Cela nous rassure :
si on est inutile, les mécanismes
d’enfoncement
sont bien rodés .

Et pourtant :
Comme on le verra, on retrouve :
Solidarité
Mobilisation
Combat pour la dignité
Espérance
Partage
Fête
Joie
Rires

Les éléments spécifiques au
plus pauvres : réalités
Ne pas avoir de logement, de travail,
d’argent …
Ne pas savoir lire
Etre en grande solitude
Ne pouvoir se soigner – vision, soins
dentaires

Les plus pauvres : le vécu
Honte, peur, angoisse, dépression, perte
des repères (temps, repères et soins
corporels), vécu constant de rejet ,
Modification semi-consciente des
événements, recherche de considération,
interprétation, imagination, fantasmes,
fuite dans le rêve, repli sur soi, …

Les réactions communes aux
abandonnés et à ceux qui s’en
préoccupent :
De la douleur : culpabilité, angoisse,
sentiment d’abandon, lassitude,
épuisement, voire désespoir
De la colère, l’envie de se battre, de
crier, de témoigner, de militer

Deux mécanismes de défense
La recherche de bouc émissaires
(administration, le collègue, le voisin, le
professionnel, …) enfin, un responsable

Résignation, détachement : on laisse
tomber. Dans le meilleur des cas,
culpabilité, au pire, indifférence,
dépression, maladies, toxiques, suicide …

Souffrance commune
Elle peut être celle de ne rien voir, de
ne plus savoir regarder d’un œil neuf.
Soit on utilise le mauvais outil …
Soit on regarde de très loin …

Donc, modifier la distance
avec l’autre
Créer ce qui va faire similitude
Ne pas avoir peur de l’autre ; y
compris dans ce « rien » qu’on ne
pourra changer
Exemple des demandeurs d’asile :
carte du pays, livrets santé : 2 outils
où ils sont « enseignants »

Recommandations

Loi de 1998
Accès effectif de tous aux droits
fondamentaux dans les domaines de
l’emploi, du logement, de la protection de la
santé,

de la justice, de l’éducation, de la
formation, de la culture,
de la PROTECTION de la famille et de
l’enfance

Eviter l’urgence
Prendre bien attention au respect de
l’infimité
Piste la démonstrativité « obligatoire »

Ne jamais généraliser

Voir la modification de la personne
***
Essayer de mettre en relation
ses désirs
et la réalité

Créer un projet d’utilité
Investissement par l’autre : en quoi suis-je
investi par l’autre, qu’ai-je reçu de lui (et
non comment je l’ai aidé)

Reconnaissance – se reconnaître identiques
Utilité sociale : quel rôle social joue la
personne présente (expérience des
« adultes relais sans papiers », à Paris

Combattre
3 idées fortes et fausses
1) Les personnes qui ont le RMI et la
CMU sont des profiteurs
2) La France ne peut pas accueillir
toute la misère du monde

3) Une bonne gestion financière va
aboutir à une bonne gestion humaine

Les personnes qui ont le RMI
et la CMU sont des profiteurs
Profit : augmentation des biens que l’on
possède, par exemple
AAH : 621 euros; RMI : 440 euros
……………………….COMPARONS :
Cours du CAC 40, cours de la bourse,
placements …

Et revenu des ménages en habitat social
(parc public et privé)

La France ne peut pas accueillir
toute la misère du monde
La déontologie serait :
Pour un pays riche et développé, de
combien doit être son effort (réel,
c’est-à-dire orienté vers les
populations démunies) , pour aider ?
En somme, « la France doit accueillir
une partie de la misère du monde »

Une bonne gestion financière va
aboutir à une bonne gestion
humaine
C’est ici confondre l’outil et l’objectif ; le but
est une gestion humaine des projets ; la
finance n’est qu’un outil au service de
l’homme .
Dans une décision donnée, parle-t-on de
rentabilité, ou de bien-être ?

Les préalables, pour chacun,
quelle que soit sa position
d’aidant ou d’aidé :
Relation de confiance : « une
espérance ferme en l’autre »
Ecoute ; écouter : « s’appliquer à
entendre »
Respect : « accorder une
considération admirative »
Compréhension :
« donner un sens clair, avoir une
connaissance intuitive de quelqu’un »

Pour cela, 2 points importants
Importance de la formation des
professionnels (santé, social, , par des
parcours de rencontre et de dialogue

Pour une bonne connaissance de la
situation des personnes en précarité ou,
plus loin encore, en grande pauvreté
Constitution d’un projet avec la personne

Les pratiques qui « cassent »
(source : ORSPERE ONSMP)
Ne laisser que des conditions de survie
(besoins primaires)
Absence de lieu de vie à soi
Dossier et personne non différenciés
Absence de réponses concrètes
Attribution d’une identité de victime, sans
étude de famille, école, travail, …
Oubli du risque de malentendu (autre vécu)
Aidant isolé, révolté, impuissant)
Injonctions paradoxales aux professionnels
(Aidez, mais débrouillez-vous)

Les pratiques qui aident
Etre reconnus en tant que personnes
(droit au silence)

Visibilité, prise de parole
Intégration à un groupe
Attention portée aux liens familiaux
Liberté d’élaboration de réponses
individualisées, loin des dispositifs globaux
Partir de l’analyse de la personne
Créer des réseaux pluri professionnels, de
partage des connaissances

Conclusion
Certes, on vit un individualisme érigé en
norme : solitude, culpabilisation de l’échec
Mais des référentiels se construisent:
espaces pour les professionnels
Evolution sociale des démocraties: le
cerveau évolué, multifactoriel, prend le pas
sur le cerveau archaïque, binaire

Bibliographie
François Dubet , Injustices, l’expérience des
inégalités au travail, 2006, Editions du Seuil, Paris
Michel Joubert et Claude Louzoun, Répondre à la
souffrance sociale, 2005, Editions Erès, 31520
Ramonville
Colette Pitici, Les bricoleurs de la précarité, Revue
Rhizome « Réinventer l’institution », N° 25,
déc.06, - téléchargeable sur
http://wuertm.site.voila.fr/rhz25.pdf

Ce diaporama sur
http://crpplyon.site.voila.fr/bg07.pps

Contact : [email protected]
Site pour lecture et publications à
venir (toute recherche est bienvenue)
http://crpplyon.site.voila.fr


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Quelle utilité pour
l’homme étouffé, effacé ?
Que faire quand on ne sait plus quoi
faire ?

Un brin de réponse : tenter,
inlassablement, de comprendre
Guy Ardiet, Lyon St Cyr - CEZERIAT, le 31 mai 07

Bien sûr, des situations sont parfois
plus complexes que d’autres ;
Pour ce qui peut faire souffrance, c’est
la sensation aigue d’injustice .

Trois définitions
Utile : dont l’usage, l’emploi, est
avantageux
à quelqu’un ou à la société

L’homme utile apporte à quelqu’un ou
à la société.
L’exclus du travail n’est-il pas exclu de
l’utilité sociale ?

Etouffer :
Priver d’air, asphyxier, oppresser
Episode de reconduite à la frontière ; « un
étranglement sur un passager; l’homme
perd connaissance, yeux révulsés, langue
pendante, écume aux lèvres … »
Témoignage des passagers du vol
Paris-Bamako, Roissy, 26 mai 07

Effacer :
1) Faire disparaître
sans laisser de trace
(une variante : expulser)
2) Faire oublier
(une variante : l’indifférence)

L’homme effacé : celui qu’on a gommé
de la communauté

La ligne directrice de l’exposé
Une souffrance liée à l’exclusion, au
« rejet », à la notion de personne
inutile, indésirable, ou en tout non
prévue d’être vue, là où elle est vue
Une souffrance d’être transparent

Un écart, même « écartèlement »,
entre « espéré » et « vécu »

Une première conséquence
-Pour le sujet invisible : distorsion du réel
(santé à 2/plusieurs vitesses)
 monde à 2/plusieurs réels

 Pour le professionnel : souffrance par
l’écart entre le désir pour l’autre, semblable
à soi, et le constat imaginé de son avenir
(si on est « aidant »,
ce n’est pas par hasard)

Un exposé en 4 volets
1) Un essai de clarification
2) Ce qui est particulier à la
souffrance psychique de la personne
en grande pauvreté
3) Ce qui est commun entre elle et la
personne qui intervient auprès d’elle
4) Quelques constats et les
propositions qui leur sont secondaires

Syndrome d’exclusion sociale,
souffrance psychique
Les définitions sont nombreuses :
Exclusion : perte des sécurités de base :
travail, formation, logement, diplôme,
culture, … (J.Wrésinski)
Souffrance psychique, non psychiatrique,
d’origine sociale (Lazarus)

Les conséquences : honte, inhibition,
découragement (Maisondieu)

On se débat avec des notions
complexes
La justice, l’égalité, l’honneur, le
mérite …
en somme, le bon côté des choses
Et des éléments bien différents :
l’autonomie perdue, la vulnérabilité, la
stigmatisation, le mépris, l’abandon, …
et ce que ces mots évoquent !

Simple : souffrance psychosociale
Souffrance de l'individu, du
professionnel de santé, du
professionnel social, du professionnel
administratif
Douleur à expression psychique,
somatique, ou mixte, suite à une
impasse.

Les 4 fonctions de l'aidant :
imaginaire, choisie, réalisée, et
non réalisée
La fonction imaginaire : celle de sa
formation : une intériorisation
La fonction choisie : celle qu'on
décide, en soi même : adaptation des
consignes ; une adaptation vitale

La fonction réalisée ; 3 évaluateurs:
soi d'abord, le pair (ou hiérarchie), la
personne aidée
La fonction non réalisée : 3
évaluateurs: soi d'abord, le pair (ou
hiérarachie), la personne aidée

La personne aidée évalue l'action réalisée, et
celle non réalisée ; un espace de rencontre - la
parole est un acte posé parmi d'autres.

L'important : non l'acte, mais le motif profond de
cet acte
Penser l'action avec le regard du partenaire j'entends par partenaire non l'autre professionnel
du réseau, mais la personne "effacée" que je
rencontre.
Ce mot d'effacé peut traduire ma propre mise en
retrait ; mais aussi la notion que le monde (du
travail, des amis, ...) m'a gommé.

Un exemple de gomme
Gommer, c’est disqualifier, c’est ne pas
imaginer comment l’autre va recevoir mon
message
Je suis « hors les clous » si j’imagine que
j’en suis dispensé ; mais ……. la personne
en précarité disqualifie elle aussi l’aidant :
par son échec, elle le traite d’inutile et
d’incapable

bien involontairement 99 fois sur 100

La complexité n’est pas le
désespoir
Complexité : l'étayage des pratiques ne
peut partir des institutions, mais doit aller
des personnes "invisibles" aux institutions.
Commencer par les échanges de savoir, les
co-formations, en "parité" ; un préalable
pour connaître comment faire : des groupes
mixtes, selon les modalités les plus faciles
pour les plus souffrants.
Eviter la « proposition pour demain 9h »

Aucun dispositif de soin ne peut être
efficient, s'il n'est pas validé par le
lecteur à qui il est destiné.
Un exemple :

France : 9% d’adultes en
illettrisme (INSEE, oct. 05)
Un tel document exclut ; il induit une
disqualification, puis une nécessité
d'assistance ! S'il déclenche un mouvement
de colère, la faute est, hélas, et à tort,
reportée à celui qui conteste.
Ou on a alors un renoncement en miroir.
(* soit 2,3 millions de personnes)

Comment aller plus loin
Avec, pour citer Saül Karsz, d’abord
désigner, puis interpréter, enfin rater.
Rater, « sujet réel, donc qui résiste »
Rassurant, de savoir que le réel résiste :
exemple des taux de chômage, ou de mal
logement (travaux de la MRIE) : on parle
des zones grises , donc non éclairées !
-2 millions de chômeurs,
-2 millions « non temps plein »,
-400 000 dispensés d’emploi

Un mécanisme implacable
Plan cohésion sociale : suivi mensuel,
convocations, relances à délais très
courts : « oubli, erreur, épuisement »
(Elisabeth Maurel)
Cela nous rassure :
si on est inutile, les mécanismes
d’enfoncement
sont bien rodés .

Et pourtant :
Comme on le verra, on retrouve :
Solidarité
Mobilisation
Combat pour la dignité
Espérance
Partage
Fête
Joie
Rires

Les éléments spécifiques au
plus pauvres : réalités
Ne pas avoir de logement, de travail,
d’argent …
Ne pas savoir lire
Etre en grande solitude
Ne pouvoir se soigner – vision, soins
dentaires

Les plus pauvres : le vécu
Honte, peur, angoisse, dépression, perte
des repères (temps, repères et soins
corporels), vécu constant de rejet ,
Modification semi-consciente des
événements, recherche de considération,
interprétation, imagination, fantasmes,
fuite dans le rêve, repli sur soi, …

Les réactions communes aux
abandonnés et à ceux qui s’en
préoccupent :
De la douleur : culpabilité, angoisse,
sentiment d’abandon, lassitude,
épuisement, voire désespoir
De la colère, l’envie de se battre, de
crier, de témoigner, de militer

Deux mécanismes de défense
La recherche de bouc émissaires
(administration, le collègue, le voisin, le
professionnel, …) enfin, un responsable

Résignation, détachement : on laisse
tomber. Dans le meilleur des cas,
culpabilité, au pire, indifférence,
dépression, maladies, toxiques, suicide …

Souffrance commune
Elle peut être celle de ne rien voir, de
ne plus savoir regarder d’un œil neuf.
Soit on utilise le mauvais outil …
Soit on regarde de très loin …

Donc, modifier la distance
avec l’autre
Créer ce qui va faire similitude
Ne pas avoir peur de l’autre ; y
compris dans ce « rien » qu’on ne
pourra changer
Exemple des demandeurs d’asile :
carte du pays, livrets santé : 2 outils
où ils sont « enseignants »

Recommandations

Loi de 1998
Accès effectif de tous aux droits
fondamentaux dans les domaines de
l’emploi, du logement, de la protection de la
santé,

de la justice, de l’éducation, de la
formation, de la culture,
de la PROTECTION de la famille et de
l’enfance

Eviter l’urgence
Prendre bien attention au respect de
l’infimité
Piste la démonstrativité « obligatoire »

Ne jamais généraliser

Voir la modification de la personne
***
Essayer de mettre en relation
ses désirs
et la réalité

Créer un projet d’utilité
Investissement par l’autre : en quoi suis-je
investi par l’autre, qu’ai-je reçu de lui (et
non comment je l’ai aidé)

Reconnaissance – se reconnaître identiques
Utilité sociale : quel rôle social joue la
personne présente (expérience des
« adultes relais sans papiers », à Paris

Combattre
3 idées fortes et fausses
1) Les personnes qui ont le RMI et la
CMU sont des profiteurs
2) La France ne peut pas accueillir
toute la misère du monde

3) Une bonne gestion financière va
aboutir à une bonne gestion humaine

Les personnes qui ont le RMI
et la CMU sont des profiteurs
Profit : augmentation des biens que l’on
possède, par exemple
AAH : 621 euros; RMI : 440 euros
……………………….COMPARONS :
Cours du CAC 40, cours de la bourse,
placements …

Et revenu des ménages en habitat social
(parc public et privé)

La France ne peut pas accueillir
toute la misère du monde
La déontologie serait :
Pour un pays riche et développé, de
combien doit être son effort (réel,
c’est-à-dire orienté vers les
populations démunies) , pour aider ?
En somme, « la France doit accueillir
une partie de la misère du monde »

Une bonne gestion financière va
aboutir à une bonne gestion
humaine
C’est ici confondre l’outil et l’objectif ; le but
est une gestion humaine des projets ; la
finance n’est qu’un outil au service de
l’homme .
Dans une décision donnée, parle-t-on de
rentabilité, ou de bien-être ?

Les préalables, pour chacun,
quelle que soit sa position
d’aidant ou d’aidé :
Relation de confiance : « une
espérance ferme en l’autre »
Ecoute ; écouter : « s’appliquer à
entendre »
Respect : « accorder une
considération admirative »
Compréhension :
« donner un sens clair, avoir une
connaissance intuitive de quelqu’un »

Pour cela, 2 points importants
Importance de la formation des
professionnels (santé, social, , par des
parcours de rencontre et de dialogue

Pour une bonne connaissance de la
situation des personnes en précarité ou,
plus loin encore, en grande pauvreté
Constitution d’un projet avec la personne

Les pratiques qui « cassent »
(source : ORSPERE ONSMP)
Ne laisser que des conditions de survie
(besoins primaires)
Absence de lieu de vie à soi
Dossier et personne non différenciés
Absence de réponses concrètes
Attribution d’une identité de victime, sans
étude de famille, école, travail, …
Oubli du risque de malentendu (autre vécu)
Aidant isolé, révolté, impuissant)
Injonctions paradoxales aux professionnels
(Aidez, mais débrouillez-vous)

Les pratiques qui aident
Etre reconnus en tant que personnes
(droit au silence)

Visibilité, prise de parole
Intégration à un groupe
Attention portée aux liens familiaux
Liberté d’élaboration de réponses
individualisées, loin des dispositifs globaux
Partir de l’analyse de la personne
Créer des réseaux pluri professionnels, de
partage des connaissances

Conclusion
Certes, on vit un individualisme érigé en
norme : solitude, culpabilisation de l’échec
Mais des référentiels se construisent:
espaces pour les professionnels
Evolution sociale des démocraties: le
cerveau évolué, multifactoriel, prend le pas
sur le cerveau archaïque, binaire

Bibliographie
François Dubet , Injustices, l’expérience des
inégalités au travail, 2006, Editions du Seuil, Paris
Michel Joubert et Claude Louzoun, Répondre à la
souffrance sociale, 2005, Editions Erès, 31520
Ramonville
Colette Pitici, Les bricoleurs de la précarité, Revue
Rhizome « Réinventer l’institution », N° 25,
déc.06, - téléchargeable sur
http://wuertm.site.voila.fr/rhz25.pdf

Ce diaporama sur
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Contact : [email protected]
Site pour lecture et publications à
venir (toute recherche est bienvenue)
http://crpplyon.site.voila.fr


Slide 3

Quelle utilité pour
l’homme étouffé, effacé ?
Que faire quand on ne sait plus quoi
faire ?

Un brin de réponse : tenter,
inlassablement, de comprendre
Guy Ardiet, Lyon St Cyr - CEZERIAT, le 31 mai 07

Bien sûr, des situations sont parfois
plus complexes que d’autres ;
Pour ce qui peut faire souffrance, c’est
la sensation aigue d’injustice .

Trois définitions
Utile : dont l’usage, l’emploi, est
avantageux
à quelqu’un ou à la société

L’homme utile apporte à quelqu’un ou
à la société.
L’exclus du travail n’est-il pas exclu de
l’utilité sociale ?

Etouffer :
Priver d’air, asphyxier, oppresser
Episode de reconduite à la frontière ; « un
étranglement sur un passager; l’homme
perd connaissance, yeux révulsés, langue
pendante, écume aux lèvres … »
Témoignage des passagers du vol
Paris-Bamako, Roissy, 26 mai 07

Effacer :
1) Faire disparaître
sans laisser de trace
(une variante : expulser)
2) Faire oublier
(une variante : l’indifférence)

L’homme effacé : celui qu’on a gommé
de la communauté

La ligne directrice de l’exposé
Une souffrance liée à l’exclusion, au
« rejet », à la notion de personne
inutile, indésirable, ou en tout non
prévue d’être vue, là où elle est vue
Une souffrance d’être transparent

Un écart, même « écartèlement »,
entre « espéré » et « vécu »

Une première conséquence
-Pour le sujet invisible : distorsion du réel
(santé à 2/plusieurs vitesses)
 monde à 2/plusieurs réels

 Pour le professionnel : souffrance par
l’écart entre le désir pour l’autre, semblable
à soi, et le constat imaginé de son avenir
(si on est « aidant »,
ce n’est pas par hasard)

Un exposé en 4 volets
1) Un essai de clarification
2) Ce qui est particulier à la
souffrance psychique de la personne
en grande pauvreté
3) Ce qui est commun entre elle et la
personne qui intervient auprès d’elle
4) Quelques constats et les
propositions qui leur sont secondaires

Syndrome d’exclusion sociale,
souffrance psychique
Les définitions sont nombreuses :
Exclusion : perte des sécurités de base :
travail, formation, logement, diplôme,
culture, … (J.Wrésinski)
Souffrance psychique, non psychiatrique,
d’origine sociale (Lazarus)

Les conséquences : honte, inhibition,
découragement (Maisondieu)

On se débat avec des notions
complexes
La justice, l’égalité, l’honneur, le
mérite …
en somme, le bon côté des choses
Et des éléments bien différents :
l’autonomie perdue, la vulnérabilité, la
stigmatisation, le mépris, l’abandon, …
et ce que ces mots évoquent !

Simple : souffrance psychosociale
Souffrance de l'individu, du
professionnel de santé, du
professionnel social, du professionnel
administratif
Douleur à expression psychique,
somatique, ou mixte, suite à une
impasse.

Les 4 fonctions de l'aidant :
imaginaire, choisie, réalisée, et
non réalisée
La fonction imaginaire : celle de sa
formation : une intériorisation
La fonction choisie : celle qu'on
décide, en soi même : adaptation des
consignes ; une adaptation vitale

La fonction réalisée ; 3 évaluateurs:
soi d'abord, le pair (ou hiérarchie), la
personne aidée
La fonction non réalisée : 3
évaluateurs: soi d'abord, le pair (ou
hiérarachie), la personne aidée

La personne aidée évalue l'action réalisée, et
celle non réalisée ; un espace de rencontre - la
parole est un acte posé parmi d'autres.

L'important : non l'acte, mais le motif profond de
cet acte
Penser l'action avec le regard du partenaire j'entends par partenaire non l'autre professionnel
du réseau, mais la personne "effacée" que je
rencontre.
Ce mot d'effacé peut traduire ma propre mise en
retrait ; mais aussi la notion que le monde (du
travail, des amis, ...) m'a gommé.

Un exemple de gomme
Gommer, c’est disqualifier, c’est ne pas
imaginer comment l’autre va recevoir mon
message
Je suis « hors les clous » si j’imagine que
j’en suis dispensé ; mais ……. la personne
en précarité disqualifie elle aussi l’aidant :
par son échec, elle le traite d’inutile et
d’incapable

bien involontairement 99 fois sur 100

La complexité n’est pas le
désespoir
Complexité : l'étayage des pratiques ne
peut partir des institutions, mais doit aller
des personnes "invisibles" aux institutions.
Commencer par les échanges de savoir, les
co-formations, en "parité" ; un préalable
pour connaître comment faire : des groupes
mixtes, selon les modalités les plus faciles
pour les plus souffrants.
Eviter la « proposition pour demain 9h »

Aucun dispositif de soin ne peut être
efficient, s'il n'est pas validé par le
lecteur à qui il est destiné.
Un exemple :

France : 9% d’adultes en
illettrisme (INSEE, oct. 05)
Un tel document exclut ; il induit une
disqualification, puis une nécessité
d'assistance ! S'il déclenche un mouvement
de colère, la faute est, hélas, et à tort,
reportée à celui qui conteste.
Ou on a alors un renoncement en miroir.
(* soit 2,3 millions de personnes)

Comment aller plus loin
Avec, pour citer Saül Karsz, d’abord
désigner, puis interpréter, enfin rater.
Rater, « sujet réel, donc qui résiste »
Rassurant, de savoir que le réel résiste :
exemple des taux de chômage, ou de mal
logement (travaux de la MRIE) : on parle
des zones grises , donc non éclairées !
-2 millions de chômeurs,
-2 millions « non temps plein »,
-400 000 dispensés d’emploi

Un mécanisme implacable
Plan cohésion sociale : suivi mensuel,
convocations, relances à délais très
courts : « oubli, erreur, épuisement »
(Elisabeth Maurel)
Cela nous rassure :
si on est inutile, les mécanismes
d’enfoncement
sont bien rodés .

Et pourtant :
Comme on le verra, on retrouve :
Solidarité
Mobilisation
Combat pour la dignité
Espérance
Partage
Fête
Joie
Rires

Les éléments spécifiques au
plus pauvres : réalités
Ne pas avoir de logement, de travail,
d’argent …
Ne pas savoir lire
Etre en grande solitude
Ne pouvoir se soigner – vision, soins
dentaires

Les plus pauvres : le vécu
Honte, peur, angoisse, dépression, perte
des repères (temps, repères et soins
corporels), vécu constant de rejet ,
Modification semi-consciente des
événements, recherche de considération,
interprétation, imagination, fantasmes,
fuite dans le rêve, repli sur soi, …

Les réactions communes aux
abandonnés et à ceux qui s’en
préoccupent :
De la douleur : culpabilité, angoisse,
sentiment d’abandon, lassitude,
épuisement, voire désespoir
De la colère, l’envie de se battre, de
crier, de témoigner, de militer

Deux mécanismes de défense
La recherche de bouc émissaires
(administration, le collègue, le voisin, le
professionnel, …) enfin, un responsable

Résignation, détachement : on laisse
tomber. Dans le meilleur des cas,
culpabilité, au pire, indifférence,
dépression, maladies, toxiques, suicide …

Souffrance commune
Elle peut être celle de ne rien voir, de
ne plus savoir regarder d’un œil neuf.
Soit on utilise le mauvais outil …
Soit on regarde de très loin …

Donc, modifier la distance
avec l’autre
Créer ce qui va faire similitude
Ne pas avoir peur de l’autre ; y
compris dans ce « rien » qu’on ne
pourra changer
Exemple des demandeurs d’asile :
carte du pays, livrets santé : 2 outils
où ils sont « enseignants »

Recommandations

Loi de 1998
Accès effectif de tous aux droits
fondamentaux dans les domaines de
l’emploi, du logement, de la protection de la
santé,

de la justice, de l’éducation, de la
formation, de la culture,
de la PROTECTION de la famille et de
l’enfance

Eviter l’urgence
Prendre bien attention au respect de
l’infimité
Piste la démonstrativité « obligatoire »

Ne jamais généraliser

Voir la modification de la personne
***
Essayer de mettre en relation
ses désirs
et la réalité

Créer un projet d’utilité
Investissement par l’autre : en quoi suis-je
investi par l’autre, qu’ai-je reçu de lui (et
non comment je l’ai aidé)

Reconnaissance – se reconnaître identiques
Utilité sociale : quel rôle social joue la
personne présente (expérience des
« adultes relais sans papiers », à Paris

Combattre
3 idées fortes et fausses
1) Les personnes qui ont le RMI et la
CMU sont des profiteurs
2) La France ne peut pas accueillir
toute la misère du monde

3) Une bonne gestion financière va
aboutir à une bonne gestion humaine

Les personnes qui ont le RMI
et la CMU sont des profiteurs
Profit : augmentation des biens que l’on
possède, par exemple
AAH : 621 euros; RMI : 440 euros
……………………….COMPARONS :
Cours du CAC 40, cours de la bourse,
placements …

Et revenu des ménages en habitat social
(parc public et privé)

La France ne peut pas accueillir
toute la misère du monde
La déontologie serait :
Pour un pays riche et développé, de
combien doit être son effort (réel,
c’est-à-dire orienté vers les
populations démunies) , pour aider ?
En somme, « la France doit accueillir
une partie de la misère du monde »

Une bonne gestion financière va
aboutir à une bonne gestion
humaine
C’est ici confondre l’outil et l’objectif ; le but
est une gestion humaine des projets ; la
finance n’est qu’un outil au service de
l’homme .
Dans une décision donnée, parle-t-on de
rentabilité, ou de bien-être ?

Les préalables, pour chacun,
quelle que soit sa position
d’aidant ou d’aidé :
Relation de confiance : « une
espérance ferme en l’autre »
Ecoute ; écouter : « s’appliquer à
entendre »
Respect : « accorder une
considération admirative »
Compréhension :
« donner un sens clair, avoir une
connaissance intuitive de quelqu’un »

Pour cela, 2 points importants
Importance de la formation des
professionnels (santé, social, , par des
parcours de rencontre et de dialogue

Pour une bonne connaissance de la
situation des personnes en précarité ou,
plus loin encore, en grande pauvreté
Constitution d’un projet avec la personne

Les pratiques qui « cassent »
(source : ORSPERE ONSMP)
Ne laisser que des conditions de survie
(besoins primaires)
Absence de lieu de vie à soi
Dossier et personne non différenciés
Absence de réponses concrètes
Attribution d’une identité de victime, sans
étude de famille, école, travail, …
Oubli du risque de malentendu (autre vécu)
Aidant isolé, révolté, impuissant)
Injonctions paradoxales aux professionnels
(Aidez, mais débrouillez-vous)

Les pratiques qui aident
Etre reconnus en tant que personnes
(droit au silence)

Visibilité, prise de parole
Intégration à un groupe
Attention portée aux liens familiaux
Liberté d’élaboration de réponses
individualisées, loin des dispositifs globaux
Partir de l’analyse de la personne
Créer des réseaux pluri professionnels, de
partage des connaissances

Conclusion
Certes, on vit un individualisme érigé en
norme : solitude, culpabilisation de l’échec
Mais des référentiels se construisent:
espaces pour les professionnels
Evolution sociale des démocraties: le
cerveau évolué, multifactoriel, prend le pas
sur le cerveau archaïque, binaire

Bibliographie
François Dubet , Injustices, l’expérience des
inégalités au travail, 2006, Editions du Seuil, Paris
Michel Joubert et Claude Louzoun, Répondre à la
souffrance sociale, 2005, Editions Erès, 31520
Ramonville
Colette Pitici, Les bricoleurs de la précarité, Revue
Rhizome « Réinventer l’institution », N° 25,
déc.06, - téléchargeable sur
http://wuertm.site.voila.fr/rhz25.pdf

Ce diaporama sur
http://crpplyon.site.voila.fr/bg07.pps

Contact : [email protected]
Site pour lecture et publications à
venir (toute recherche est bienvenue)
http://crpplyon.site.voila.fr


Slide 4

Quelle utilité pour
l’homme étouffé, effacé ?
Que faire quand on ne sait plus quoi
faire ?

Un brin de réponse : tenter,
inlassablement, de comprendre
Guy Ardiet, Lyon St Cyr - CEZERIAT, le 31 mai 07

Bien sûr, des situations sont parfois
plus complexes que d’autres ;
Pour ce qui peut faire souffrance, c’est
la sensation aigue d’injustice .

Trois définitions
Utile : dont l’usage, l’emploi, est
avantageux
à quelqu’un ou à la société

L’homme utile apporte à quelqu’un ou
à la société.
L’exclus du travail n’est-il pas exclu de
l’utilité sociale ?

Etouffer :
Priver d’air, asphyxier, oppresser
Episode de reconduite à la frontière ; « un
étranglement sur un passager; l’homme
perd connaissance, yeux révulsés, langue
pendante, écume aux lèvres … »
Témoignage des passagers du vol
Paris-Bamako, Roissy, 26 mai 07

Effacer :
1) Faire disparaître
sans laisser de trace
(une variante : expulser)
2) Faire oublier
(une variante : l’indifférence)

L’homme effacé : celui qu’on a gommé
de la communauté

La ligne directrice de l’exposé
Une souffrance liée à l’exclusion, au
« rejet », à la notion de personne
inutile, indésirable, ou en tout non
prévue d’être vue, là où elle est vue
Une souffrance d’être transparent

Un écart, même « écartèlement »,
entre « espéré » et « vécu »

Une première conséquence
-Pour le sujet invisible : distorsion du réel
(santé à 2/plusieurs vitesses)
 monde à 2/plusieurs réels

 Pour le professionnel : souffrance par
l’écart entre le désir pour l’autre, semblable
à soi, et le constat imaginé de son avenir
(si on est « aidant »,
ce n’est pas par hasard)

Un exposé en 4 volets
1) Un essai de clarification
2) Ce qui est particulier à la
souffrance psychique de la personne
en grande pauvreté
3) Ce qui est commun entre elle et la
personne qui intervient auprès d’elle
4) Quelques constats et les
propositions qui leur sont secondaires

Syndrome d’exclusion sociale,
souffrance psychique
Les définitions sont nombreuses :
Exclusion : perte des sécurités de base :
travail, formation, logement, diplôme,
culture, … (J.Wrésinski)
Souffrance psychique, non psychiatrique,
d’origine sociale (Lazarus)

Les conséquences : honte, inhibition,
découragement (Maisondieu)

On se débat avec des notions
complexes
La justice, l’égalité, l’honneur, le
mérite …
en somme, le bon côté des choses
Et des éléments bien différents :
l’autonomie perdue, la vulnérabilité, la
stigmatisation, le mépris, l’abandon, …
et ce que ces mots évoquent !

Simple : souffrance psychosociale
Souffrance de l'individu, du
professionnel de santé, du
professionnel social, du professionnel
administratif
Douleur à expression psychique,
somatique, ou mixte, suite à une
impasse.

Les 4 fonctions de l'aidant :
imaginaire, choisie, réalisée, et
non réalisée
La fonction imaginaire : celle de sa
formation : une intériorisation
La fonction choisie : celle qu'on
décide, en soi même : adaptation des
consignes ; une adaptation vitale

La fonction réalisée ; 3 évaluateurs:
soi d'abord, le pair (ou hiérarchie), la
personne aidée
La fonction non réalisée : 3
évaluateurs: soi d'abord, le pair (ou
hiérarachie), la personne aidée

La personne aidée évalue l'action réalisée, et
celle non réalisée ; un espace de rencontre - la
parole est un acte posé parmi d'autres.

L'important : non l'acte, mais le motif profond de
cet acte
Penser l'action avec le regard du partenaire j'entends par partenaire non l'autre professionnel
du réseau, mais la personne "effacée" que je
rencontre.
Ce mot d'effacé peut traduire ma propre mise en
retrait ; mais aussi la notion que le monde (du
travail, des amis, ...) m'a gommé.

Un exemple de gomme
Gommer, c’est disqualifier, c’est ne pas
imaginer comment l’autre va recevoir mon
message
Je suis « hors les clous » si j’imagine que
j’en suis dispensé ; mais ……. la personne
en précarité disqualifie elle aussi l’aidant :
par son échec, elle le traite d’inutile et
d’incapable

bien involontairement 99 fois sur 100

La complexité n’est pas le
désespoir
Complexité : l'étayage des pratiques ne
peut partir des institutions, mais doit aller
des personnes "invisibles" aux institutions.
Commencer par les échanges de savoir, les
co-formations, en "parité" ; un préalable
pour connaître comment faire : des groupes
mixtes, selon les modalités les plus faciles
pour les plus souffrants.
Eviter la « proposition pour demain 9h »

Aucun dispositif de soin ne peut être
efficient, s'il n'est pas validé par le
lecteur à qui il est destiné.
Un exemple :

France : 9% d’adultes en
illettrisme (INSEE, oct. 05)
Un tel document exclut ; il induit une
disqualification, puis une nécessité
d'assistance ! S'il déclenche un mouvement
de colère, la faute est, hélas, et à tort,
reportée à celui qui conteste.
Ou on a alors un renoncement en miroir.
(* soit 2,3 millions de personnes)

Comment aller plus loin
Avec, pour citer Saül Karsz, d’abord
désigner, puis interpréter, enfin rater.
Rater, « sujet réel, donc qui résiste »
Rassurant, de savoir que le réel résiste :
exemple des taux de chômage, ou de mal
logement (travaux de la MRIE) : on parle
des zones grises , donc non éclairées !
-2 millions de chômeurs,
-2 millions « non temps plein »,
-400 000 dispensés d’emploi

Un mécanisme implacable
Plan cohésion sociale : suivi mensuel,
convocations, relances à délais très
courts : « oubli, erreur, épuisement »
(Elisabeth Maurel)
Cela nous rassure :
si on est inutile, les mécanismes
d’enfoncement
sont bien rodés .

Et pourtant :
Comme on le verra, on retrouve :
Solidarité
Mobilisation
Combat pour la dignité
Espérance
Partage
Fête
Joie
Rires

Les éléments spécifiques au
plus pauvres : réalités
Ne pas avoir de logement, de travail,
d’argent …
Ne pas savoir lire
Etre en grande solitude
Ne pouvoir se soigner – vision, soins
dentaires

Les plus pauvres : le vécu
Honte, peur, angoisse, dépression, perte
des repères (temps, repères et soins
corporels), vécu constant de rejet ,
Modification semi-consciente des
événements, recherche de considération,
interprétation, imagination, fantasmes,
fuite dans le rêve, repli sur soi, …

Les réactions communes aux
abandonnés et à ceux qui s’en
préoccupent :
De la douleur : culpabilité, angoisse,
sentiment d’abandon, lassitude,
épuisement, voire désespoir
De la colère, l’envie de se battre, de
crier, de témoigner, de militer

Deux mécanismes de défense
La recherche de bouc émissaires
(administration, le collègue, le voisin, le
professionnel, …) enfin, un responsable

Résignation, détachement : on laisse
tomber. Dans le meilleur des cas,
culpabilité, au pire, indifférence,
dépression, maladies, toxiques, suicide …

Souffrance commune
Elle peut être celle de ne rien voir, de
ne plus savoir regarder d’un œil neuf.
Soit on utilise le mauvais outil …
Soit on regarde de très loin …

Donc, modifier la distance
avec l’autre
Créer ce qui va faire similitude
Ne pas avoir peur de l’autre ; y
compris dans ce « rien » qu’on ne
pourra changer
Exemple des demandeurs d’asile :
carte du pays, livrets santé : 2 outils
où ils sont « enseignants »

Recommandations

Loi de 1998
Accès effectif de tous aux droits
fondamentaux dans les domaines de
l’emploi, du logement, de la protection de la
santé,

de la justice, de l’éducation, de la
formation, de la culture,
de la PROTECTION de la famille et de
l’enfance

Eviter l’urgence
Prendre bien attention au respect de
l’infimité
Piste la démonstrativité « obligatoire »

Ne jamais généraliser

Voir la modification de la personne
***
Essayer de mettre en relation
ses désirs
et la réalité

Créer un projet d’utilité
Investissement par l’autre : en quoi suis-je
investi par l’autre, qu’ai-je reçu de lui (et
non comment je l’ai aidé)

Reconnaissance – se reconnaître identiques
Utilité sociale : quel rôle social joue la
personne présente (expérience des
« adultes relais sans papiers », à Paris

Combattre
3 idées fortes et fausses
1) Les personnes qui ont le RMI et la
CMU sont des profiteurs
2) La France ne peut pas accueillir
toute la misère du monde

3) Une bonne gestion financière va
aboutir à une bonne gestion humaine

Les personnes qui ont le RMI
et la CMU sont des profiteurs
Profit : augmentation des biens que l’on
possède, par exemple
AAH : 621 euros; RMI : 440 euros
……………………….COMPARONS :
Cours du CAC 40, cours de la bourse,
placements …

Et revenu des ménages en habitat social
(parc public et privé)

La France ne peut pas accueillir
toute la misère du monde
La déontologie serait :
Pour un pays riche et développé, de
combien doit être son effort (réel,
c’est-à-dire orienté vers les
populations démunies) , pour aider ?
En somme, « la France doit accueillir
une partie de la misère du monde »

Une bonne gestion financière va
aboutir à une bonne gestion
humaine
C’est ici confondre l’outil et l’objectif ; le but
est une gestion humaine des projets ; la
finance n’est qu’un outil au service de
l’homme .
Dans une décision donnée, parle-t-on de
rentabilité, ou de bien-être ?

Les préalables, pour chacun,
quelle que soit sa position
d’aidant ou d’aidé :
Relation de confiance : « une
espérance ferme en l’autre »
Ecoute ; écouter : « s’appliquer à
entendre »
Respect : « accorder une
considération admirative »
Compréhension :
« donner un sens clair, avoir une
connaissance intuitive de quelqu’un »

Pour cela, 2 points importants
Importance de la formation des
professionnels (santé, social, , par des
parcours de rencontre et de dialogue

Pour une bonne connaissance de la
situation des personnes en précarité ou,
plus loin encore, en grande pauvreté
Constitution d’un projet avec la personne

Les pratiques qui « cassent »
(source : ORSPERE ONSMP)
Ne laisser que des conditions de survie
(besoins primaires)
Absence de lieu de vie à soi
Dossier et personne non différenciés
Absence de réponses concrètes
Attribution d’une identité de victime, sans
étude de famille, école, travail, …
Oubli du risque de malentendu (autre vécu)
Aidant isolé, révolté, impuissant)
Injonctions paradoxales aux professionnels
(Aidez, mais débrouillez-vous)

Les pratiques qui aident
Etre reconnus en tant que personnes
(droit au silence)

Visibilité, prise de parole
Intégration à un groupe
Attention portée aux liens familiaux
Liberté d’élaboration de réponses
individualisées, loin des dispositifs globaux
Partir de l’analyse de la personne
Créer des réseaux pluri professionnels, de
partage des connaissances

Conclusion
Certes, on vit un individualisme érigé en
norme : solitude, culpabilisation de l’échec
Mais des référentiels se construisent:
espaces pour les professionnels
Evolution sociale des démocraties: le
cerveau évolué, multifactoriel, prend le pas
sur le cerveau archaïque, binaire

Bibliographie
François Dubet , Injustices, l’expérience des
inégalités au travail, 2006, Editions du Seuil, Paris
Michel Joubert et Claude Louzoun, Répondre à la
souffrance sociale, 2005, Editions Erès, 31520
Ramonville
Colette Pitici, Les bricoleurs de la précarité, Revue
Rhizome « Réinventer l’institution », N° 25,
déc.06, - téléchargeable sur
http://wuertm.site.voila.fr/rhz25.pdf

Ce diaporama sur
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venir (toute recherche est bienvenue)
http://crpplyon.site.voila.fr


Slide 5

Quelle utilité pour
l’homme étouffé, effacé ?
Que faire quand on ne sait plus quoi
faire ?

Un brin de réponse : tenter,
inlassablement, de comprendre
Guy Ardiet, Lyon St Cyr - CEZERIAT, le 31 mai 07

Bien sûr, des situations sont parfois
plus complexes que d’autres ;
Pour ce qui peut faire souffrance, c’est
la sensation aigue d’injustice .

Trois définitions
Utile : dont l’usage, l’emploi, est
avantageux
à quelqu’un ou à la société

L’homme utile apporte à quelqu’un ou
à la société.
L’exclus du travail n’est-il pas exclu de
l’utilité sociale ?

Etouffer :
Priver d’air, asphyxier, oppresser
Episode de reconduite à la frontière ; « un
étranglement sur un passager; l’homme
perd connaissance, yeux révulsés, langue
pendante, écume aux lèvres … »
Témoignage des passagers du vol
Paris-Bamako, Roissy, 26 mai 07

Effacer :
1) Faire disparaître
sans laisser de trace
(une variante : expulser)
2) Faire oublier
(une variante : l’indifférence)

L’homme effacé : celui qu’on a gommé
de la communauté

La ligne directrice de l’exposé
Une souffrance liée à l’exclusion, au
« rejet », à la notion de personne
inutile, indésirable, ou en tout non
prévue d’être vue, là où elle est vue
Une souffrance d’être transparent

Un écart, même « écartèlement »,
entre « espéré » et « vécu »

Une première conséquence
-Pour le sujet invisible : distorsion du réel
(santé à 2/plusieurs vitesses)
 monde à 2/plusieurs réels

 Pour le professionnel : souffrance par
l’écart entre le désir pour l’autre, semblable
à soi, et le constat imaginé de son avenir
(si on est « aidant »,
ce n’est pas par hasard)

Un exposé en 4 volets
1) Un essai de clarification
2) Ce qui est particulier à la
souffrance psychique de la personne
en grande pauvreté
3) Ce qui est commun entre elle et la
personne qui intervient auprès d’elle
4) Quelques constats et les
propositions qui leur sont secondaires

Syndrome d’exclusion sociale,
souffrance psychique
Les définitions sont nombreuses :
Exclusion : perte des sécurités de base :
travail, formation, logement, diplôme,
culture, … (J.Wrésinski)
Souffrance psychique, non psychiatrique,
d’origine sociale (Lazarus)

Les conséquences : honte, inhibition,
découragement (Maisondieu)

On se débat avec des notions
complexes
La justice, l’égalité, l’honneur, le
mérite …
en somme, le bon côté des choses
Et des éléments bien différents :
l’autonomie perdue, la vulnérabilité, la
stigmatisation, le mépris, l’abandon, …
et ce que ces mots évoquent !

Simple : souffrance psychosociale
Souffrance de l'individu, du
professionnel de santé, du
professionnel social, du professionnel
administratif
Douleur à expression psychique,
somatique, ou mixte, suite à une
impasse.

Les 4 fonctions de l'aidant :
imaginaire, choisie, réalisée, et
non réalisée
La fonction imaginaire : celle de sa
formation : une intériorisation
La fonction choisie : celle qu'on
décide, en soi même : adaptation des
consignes ; une adaptation vitale

La fonction réalisée ; 3 évaluateurs:
soi d'abord, le pair (ou hiérarchie), la
personne aidée
La fonction non réalisée : 3
évaluateurs: soi d'abord, le pair (ou
hiérarachie), la personne aidée

La personne aidée évalue l'action réalisée, et
celle non réalisée ; un espace de rencontre - la
parole est un acte posé parmi d'autres.

L'important : non l'acte, mais le motif profond de
cet acte
Penser l'action avec le regard du partenaire j'entends par partenaire non l'autre professionnel
du réseau, mais la personne "effacée" que je
rencontre.
Ce mot d'effacé peut traduire ma propre mise en
retrait ; mais aussi la notion que le monde (du
travail, des amis, ...) m'a gommé.

Un exemple de gomme
Gommer, c’est disqualifier, c’est ne pas
imaginer comment l’autre va recevoir mon
message
Je suis « hors les clous » si j’imagine que
j’en suis dispensé ; mais ……. la personne
en précarité disqualifie elle aussi l’aidant :
par son échec, elle le traite d’inutile et
d’incapable

bien involontairement 99 fois sur 100

La complexité n’est pas le
désespoir
Complexité : l'étayage des pratiques ne
peut partir des institutions, mais doit aller
des personnes "invisibles" aux institutions.
Commencer par les échanges de savoir, les
co-formations, en "parité" ; un préalable
pour connaître comment faire : des groupes
mixtes, selon les modalités les plus faciles
pour les plus souffrants.
Eviter la « proposition pour demain 9h »

Aucun dispositif de soin ne peut être
efficient, s'il n'est pas validé par le
lecteur à qui il est destiné.
Un exemple :

France : 9% d’adultes en
illettrisme (INSEE, oct. 05)
Un tel document exclut ; il induit une
disqualification, puis une nécessité
d'assistance ! S'il déclenche un mouvement
de colère, la faute est, hélas, et à tort,
reportée à celui qui conteste.
Ou on a alors un renoncement en miroir.
(* soit 2,3 millions de personnes)

Comment aller plus loin
Avec, pour citer Saül Karsz, d’abord
désigner, puis interpréter, enfin rater.
Rater, « sujet réel, donc qui résiste »
Rassurant, de savoir que le réel résiste :
exemple des taux de chômage, ou de mal
logement (travaux de la MRIE) : on parle
des zones grises , donc non éclairées !
-2 millions de chômeurs,
-2 millions « non temps plein »,
-400 000 dispensés d’emploi

Un mécanisme implacable
Plan cohésion sociale : suivi mensuel,
convocations, relances à délais très
courts : « oubli, erreur, épuisement »
(Elisabeth Maurel)
Cela nous rassure :
si on est inutile, les mécanismes
d’enfoncement
sont bien rodés .

Et pourtant :
Comme on le verra, on retrouve :
Solidarité
Mobilisation
Combat pour la dignité
Espérance
Partage
Fête
Joie
Rires

Les éléments spécifiques au
plus pauvres : réalités
Ne pas avoir de logement, de travail,
d’argent …
Ne pas savoir lire
Etre en grande solitude
Ne pouvoir se soigner – vision, soins
dentaires

Les plus pauvres : le vécu
Honte, peur, angoisse, dépression, perte
des repères (temps, repères et soins
corporels), vécu constant de rejet ,
Modification semi-consciente des
événements, recherche de considération,
interprétation, imagination, fantasmes,
fuite dans le rêve, repli sur soi, …

Les réactions communes aux
abandonnés et à ceux qui s’en
préoccupent :
De la douleur : culpabilité, angoisse,
sentiment d’abandon, lassitude,
épuisement, voire désespoir
De la colère, l’envie de se battre, de
crier, de témoigner, de militer

Deux mécanismes de défense
La recherche de bouc émissaires
(administration, le collègue, le voisin, le
professionnel, …) enfin, un responsable

Résignation, détachement : on laisse
tomber. Dans le meilleur des cas,
culpabilité, au pire, indifférence,
dépression, maladies, toxiques, suicide …

Souffrance commune
Elle peut être celle de ne rien voir, de
ne plus savoir regarder d’un œil neuf.
Soit on utilise le mauvais outil …
Soit on regarde de très loin …

Donc, modifier la distance
avec l’autre
Créer ce qui va faire similitude
Ne pas avoir peur de l’autre ; y
compris dans ce « rien » qu’on ne
pourra changer
Exemple des demandeurs d’asile :
carte du pays, livrets santé : 2 outils
où ils sont « enseignants »

Recommandations

Loi de 1998
Accès effectif de tous aux droits
fondamentaux dans les domaines de
l’emploi, du logement, de la protection de la
santé,

de la justice, de l’éducation, de la
formation, de la culture,
de la PROTECTION de la famille et de
l’enfance

Eviter l’urgence
Prendre bien attention au respect de
l’infimité
Piste la démonstrativité « obligatoire »

Ne jamais généraliser

Voir la modification de la personne
***
Essayer de mettre en relation
ses désirs
et la réalité

Créer un projet d’utilité
Investissement par l’autre : en quoi suis-je
investi par l’autre, qu’ai-je reçu de lui (et
non comment je l’ai aidé)

Reconnaissance – se reconnaître identiques
Utilité sociale : quel rôle social joue la
personne présente (expérience des
« adultes relais sans papiers », à Paris

Combattre
3 idées fortes et fausses
1) Les personnes qui ont le RMI et la
CMU sont des profiteurs
2) La France ne peut pas accueillir
toute la misère du monde

3) Une bonne gestion financière va
aboutir à une bonne gestion humaine

Les personnes qui ont le RMI
et la CMU sont des profiteurs
Profit : augmentation des biens que l’on
possède, par exemple
AAH : 621 euros; RMI : 440 euros
……………………….COMPARONS :
Cours du CAC 40, cours de la bourse,
placements …

Et revenu des ménages en habitat social
(parc public et privé)

La France ne peut pas accueillir
toute la misère du monde
La déontologie serait :
Pour un pays riche et développé, de
combien doit être son effort (réel,
c’est-à-dire orienté vers les
populations démunies) , pour aider ?
En somme, « la France doit accueillir
une partie de la misère du monde »

Une bonne gestion financière va
aboutir à une bonne gestion
humaine
C’est ici confondre l’outil et l’objectif ; le but
est une gestion humaine des projets ; la
finance n’est qu’un outil au service de
l’homme .
Dans une décision donnée, parle-t-on de
rentabilité, ou de bien-être ?

Les préalables, pour chacun,
quelle que soit sa position
d’aidant ou d’aidé :
Relation de confiance : « une
espérance ferme en l’autre »
Ecoute ; écouter : « s’appliquer à
entendre »
Respect : « accorder une
considération admirative »
Compréhension :
« donner un sens clair, avoir une
connaissance intuitive de quelqu’un »

Pour cela, 2 points importants
Importance de la formation des
professionnels (santé, social, , par des
parcours de rencontre et de dialogue

Pour une bonne connaissance de la
situation des personnes en précarité ou,
plus loin encore, en grande pauvreté
Constitution d’un projet avec la personne

Les pratiques qui « cassent »
(source : ORSPERE ONSMP)
Ne laisser que des conditions de survie
(besoins primaires)
Absence de lieu de vie à soi
Dossier et personne non différenciés
Absence de réponses concrètes
Attribution d’une identité de victime, sans
étude de famille, école, travail, …
Oubli du risque de malentendu (autre vécu)
Aidant isolé, révolté, impuissant)
Injonctions paradoxales aux professionnels
(Aidez, mais débrouillez-vous)

Les pratiques qui aident
Etre reconnus en tant que personnes
(droit au silence)

Visibilité, prise de parole
Intégration à un groupe
Attention portée aux liens familiaux
Liberté d’élaboration de réponses
individualisées, loin des dispositifs globaux
Partir de l’analyse de la personne
Créer des réseaux pluri professionnels, de
partage des connaissances

Conclusion
Certes, on vit un individualisme érigé en
norme : solitude, culpabilisation de l’échec
Mais des référentiels se construisent:
espaces pour les professionnels
Evolution sociale des démocraties: le
cerveau évolué, multifactoriel, prend le pas
sur le cerveau archaïque, binaire

Bibliographie
François Dubet , Injustices, l’expérience des
inégalités au travail, 2006, Editions du Seuil, Paris
Michel Joubert et Claude Louzoun, Répondre à la
souffrance sociale, 2005, Editions Erès, 31520
Ramonville
Colette Pitici, Les bricoleurs de la précarité, Revue
Rhizome « Réinventer l’institution », N° 25,
déc.06, - téléchargeable sur
http://wuertm.site.voila.fr/rhz25.pdf

Ce diaporama sur
http://crpplyon.site.voila.fr/bg07.pps

Contact : [email protected]
Site pour lecture et publications à
venir (toute recherche est bienvenue)
http://crpplyon.site.voila.fr


Slide 6

Quelle utilité pour
l’homme étouffé, effacé ?
Que faire quand on ne sait plus quoi
faire ?

Un brin de réponse : tenter,
inlassablement, de comprendre
Guy Ardiet, Lyon St Cyr - CEZERIAT, le 31 mai 07

Bien sûr, des situations sont parfois
plus complexes que d’autres ;
Pour ce qui peut faire souffrance, c’est
la sensation aigue d’injustice .

Trois définitions
Utile : dont l’usage, l’emploi, est
avantageux
à quelqu’un ou à la société

L’homme utile apporte à quelqu’un ou
à la société.
L’exclus du travail n’est-il pas exclu de
l’utilité sociale ?

Etouffer :
Priver d’air, asphyxier, oppresser
Episode de reconduite à la frontière ; « un
étranglement sur un passager; l’homme
perd connaissance, yeux révulsés, langue
pendante, écume aux lèvres … »
Témoignage des passagers du vol
Paris-Bamako, Roissy, 26 mai 07

Effacer :
1) Faire disparaître
sans laisser de trace
(une variante : expulser)
2) Faire oublier
(une variante : l’indifférence)

L’homme effacé : celui qu’on a gommé
de la communauté

La ligne directrice de l’exposé
Une souffrance liée à l’exclusion, au
« rejet », à la notion de personne
inutile, indésirable, ou en tout non
prévue d’être vue, là où elle est vue
Une souffrance d’être transparent

Un écart, même « écartèlement »,
entre « espéré » et « vécu »

Une première conséquence
-Pour le sujet invisible : distorsion du réel
(santé à 2/plusieurs vitesses)
 monde à 2/plusieurs réels

 Pour le professionnel : souffrance par
l’écart entre le désir pour l’autre, semblable
à soi, et le constat imaginé de son avenir
(si on est « aidant »,
ce n’est pas par hasard)

Un exposé en 4 volets
1) Un essai de clarification
2) Ce qui est particulier à la
souffrance psychique de la personne
en grande pauvreté
3) Ce qui est commun entre elle et la
personne qui intervient auprès d’elle
4) Quelques constats et les
propositions qui leur sont secondaires

Syndrome d’exclusion sociale,
souffrance psychique
Les définitions sont nombreuses :
Exclusion : perte des sécurités de base :
travail, formation, logement, diplôme,
culture, … (J.Wrésinski)
Souffrance psychique, non psychiatrique,
d’origine sociale (Lazarus)

Les conséquences : honte, inhibition,
découragement (Maisondieu)

On se débat avec des notions
complexes
La justice, l’égalité, l’honneur, le
mérite …
en somme, le bon côté des choses
Et des éléments bien différents :
l’autonomie perdue, la vulnérabilité, la
stigmatisation, le mépris, l’abandon, …
et ce que ces mots évoquent !

Simple : souffrance psychosociale
Souffrance de l'individu, du
professionnel de santé, du
professionnel social, du professionnel
administratif
Douleur à expression psychique,
somatique, ou mixte, suite à une
impasse.

Les 4 fonctions de l'aidant :
imaginaire, choisie, réalisée, et
non réalisée
La fonction imaginaire : celle de sa
formation : une intériorisation
La fonction choisie : celle qu'on
décide, en soi même : adaptation des
consignes ; une adaptation vitale

La fonction réalisée ; 3 évaluateurs:
soi d'abord, le pair (ou hiérarchie), la
personne aidée
La fonction non réalisée : 3
évaluateurs: soi d'abord, le pair (ou
hiérarachie), la personne aidée

La personne aidée évalue l'action réalisée, et
celle non réalisée ; un espace de rencontre - la
parole est un acte posé parmi d'autres.

L'important : non l'acte, mais le motif profond de
cet acte
Penser l'action avec le regard du partenaire j'entends par partenaire non l'autre professionnel
du réseau, mais la personne "effacée" que je
rencontre.
Ce mot d'effacé peut traduire ma propre mise en
retrait ; mais aussi la notion que le monde (du
travail, des amis, ...) m'a gommé.

Un exemple de gomme
Gommer, c’est disqualifier, c’est ne pas
imaginer comment l’autre va recevoir mon
message
Je suis « hors les clous » si j’imagine que
j’en suis dispensé ; mais ……. la personne
en précarité disqualifie elle aussi l’aidant :
par son échec, elle le traite d’inutile et
d’incapable

bien involontairement 99 fois sur 100

La complexité n’est pas le
désespoir
Complexité : l'étayage des pratiques ne
peut partir des institutions, mais doit aller
des personnes "invisibles" aux institutions.
Commencer par les échanges de savoir, les
co-formations, en "parité" ; un préalable
pour connaître comment faire : des groupes
mixtes, selon les modalités les plus faciles
pour les plus souffrants.
Eviter la « proposition pour demain 9h »

Aucun dispositif de soin ne peut être
efficient, s'il n'est pas validé par le
lecteur à qui il est destiné.
Un exemple :

France : 9% d’adultes en
illettrisme (INSEE, oct. 05)
Un tel document exclut ; il induit une
disqualification, puis une nécessité
d'assistance ! S'il déclenche un mouvement
de colère, la faute est, hélas, et à tort,
reportée à celui qui conteste.
Ou on a alors un renoncement en miroir.
(* soit 2,3 millions de personnes)

Comment aller plus loin
Avec, pour citer Saül Karsz, d’abord
désigner, puis interpréter, enfin rater.
Rater, « sujet réel, donc qui résiste »
Rassurant, de savoir que le réel résiste :
exemple des taux de chômage, ou de mal
logement (travaux de la MRIE) : on parle
des zones grises , donc non éclairées !
-2 millions de chômeurs,
-2 millions « non temps plein »,
-400 000 dispensés d’emploi

Un mécanisme implacable
Plan cohésion sociale : suivi mensuel,
convocations, relances à délais très
courts : « oubli, erreur, épuisement »
(Elisabeth Maurel)
Cela nous rassure :
si on est inutile, les mécanismes
d’enfoncement
sont bien rodés .

Et pourtant :
Comme on le verra, on retrouve :
Solidarité
Mobilisation
Combat pour la dignité
Espérance
Partage
Fête
Joie
Rires

Les éléments spécifiques au
plus pauvres : réalités
Ne pas avoir de logement, de travail,
d’argent …
Ne pas savoir lire
Etre en grande solitude
Ne pouvoir se soigner – vision, soins
dentaires

Les plus pauvres : le vécu
Honte, peur, angoisse, dépression, perte
des repères (temps, repères et soins
corporels), vécu constant de rejet ,
Modification semi-consciente des
événements, recherche de considération,
interprétation, imagination, fantasmes,
fuite dans le rêve, repli sur soi, …

Les réactions communes aux
abandonnés et à ceux qui s’en
préoccupent :
De la douleur : culpabilité, angoisse,
sentiment d’abandon, lassitude,
épuisement, voire désespoir
De la colère, l’envie de se battre, de
crier, de témoigner, de militer

Deux mécanismes de défense
La recherche de bouc émissaires
(administration, le collègue, le voisin, le
professionnel, …) enfin, un responsable

Résignation, détachement : on laisse
tomber. Dans le meilleur des cas,
culpabilité, au pire, indifférence,
dépression, maladies, toxiques, suicide …

Souffrance commune
Elle peut être celle de ne rien voir, de
ne plus savoir regarder d’un œil neuf.
Soit on utilise le mauvais outil …
Soit on regarde de très loin …

Donc, modifier la distance
avec l’autre
Créer ce qui va faire similitude
Ne pas avoir peur de l’autre ; y
compris dans ce « rien » qu’on ne
pourra changer
Exemple des demandeurs d’asile :
carte du pays, livrets santé : 2 outils
où ils sont « enseignants »

Recommandations

Loi de 1998
Accès effectif de tous aux droits
fondamentaux dans les domaines de
l’emploi, du logement, de la protection de la
santé,

de la justice, de l’éducation, de la
formation, de la culture,
de la PROTECTION de la famille et de
l’enfance

Eviter l’urgence
Prendre bien attention au respect de
l’infimité
Piste la démonstrativité « obligatoire »

Ne jamais généraliser

Voir la modification de la personne
***
Essayer de mettre en relation
ses désirs
et la réalité

Créer un projet d’utilité
Investissement par l’autre : en quoi suis-je
investi par l’autre, qu’ai-je reçu de lui (et
non comment je l’ai aidé)

Reconnaissance – se reconnaître identiques
Utilité sociale : quel rôle social joue la
personne présente (expérience des
« adultes relais sans papiers », à Paris

Combattre
3 idées fortes et fausses
1) Les personnes qui ont le RMI et la
CMU sont des profiteurs
2) La France ne peut pas accueillir
toute la misère du monde

3) Une bonne gestion financière va
aboutir à une bonne gestion humaine

Les personnes qui ont le RMI
et la CMU sont des profiteurs
Profit : augmentation des biens que l’on
possède, par exemple
AAH : 621 euros; RMI : 440 euros
……………………….COMPARONS :
Cours du CAC 40, cours de la bourse,
placements …

Et revenu des ménages en habitat social
(parc public et privé)

La France ne peut pas accueillir
toute la misère du monde
La déontologie serait :
Pour un pays riche et développé, de
combien doit être son effort (réel,
c’est-à-dire orienté vers les
populations démunies) , pour aider ?
En somme, « la France doit accueillir
une partie de la misère du monde »

Une bonne gestion financière va
aboutir à une bonne gestion
humaine
C’est ici confondre l’outil et l’objectif ; le but
est une gestion humaine des projets ; la
finance n’est qu’un outil au service de
l’homme .
Dans une décision donnée, parle-t-on de
rentabilité, ou de bien-être ?

Les préalables, pour chacun,
quelle que soit sa position
d’aidant ou d’aidé :
Relation de confiance : « une
espérance ferme en l’autre »
Ecoute ; écouter : « s’appliquer à
entendre »
Respect : « accorder une
considération admirative »
Compréhension :
« donner un sens clair, avoir une
connaissance intuitive de quelqu’un »

Pour cela, 2 points importants
Importance de la formation des
professionnels (santé, social, , par des
parcours de rencontre et de dialogue

Pour une bonne connaissance de la
situation des personnes en précarité ou,
plus loin encore, en grande pauvreté
Constitution d’un projet avec la personne

Les pratiques qui « cassent »
(source : ORSPERE ONSMP)
Ne laisser que des conditions de survie
(besoins primaires)
Absence de lieu de vie à soi
Dossier et personne non différenciés
Absence de réponses concrètes
Attribution d’une identité de victime, sans
étude de famille, école, travail, …
Oubli du risque de malentendu (autre vécu)
Aidant isolé, révolté, impuissant)
Injonctions paradoxales aux professionnels
(Aidez, mais débrouillez-vous)

Les pratiques qui aident
Etre reconnus en tant que personnes
(droit au silence)

Visibilité, prise de parole
Intégration à un groupe
Attention portée aux liens familiaux
Liberté d’élaboration de réponses
individualisées, loin des dispositifs globaux
Partir de l’analyse de la personne
Créer des réseaux pluri professionnels, de
partage des connaissances

Conclusion
Certes, on vit un individualisme érigé en
norme : solitude, culpabilisation de l’échec
Mais des référentiels se construisent:
espaces pour les professionnels
Evolution sociale des démocraties: le
cerveau évolué, multifactoriel, prend le pas
sur le cerveau archaïque, binaire

Bibliographie
François Dubet , Injustices, l’expérience des
inégalités au travail, 2006, Editions du Seuil, Paris
Michel Joubert et Claude Louzoun, Répondre à la
souffrance sociale, 2005, Editions Erès, 31520
Ramonville
Colette Pitici, Les bricoleurs de la précarité, Revue
Rhizome « Réinventer l’institution », N° 25,
déc.06, - téléchargeable sur
http://wuertm.site.voila.fr/rhz25.pdf

Ce diaporama sur
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venir (toute recherche est bienvenue)
http://crpplyon.site.voila.fr


Slide 7

Quelle utilité pour
l’homme étouffé, effacé ?
Que faire quand on ne sait plus quoi
faire ?

Un brin de réponse : tenter,
inlassablement, de comprendre
Guy Ardiet, Lyon St Cyr - CEZERIAT, le 31 mai 07

Bien sûr, des situations sont parfois
plus complexes que d’autres ;
Pour ce qui peut faire souffrance, c’est
la sensation aigue d’injustice .

Trois définitions
Utile : dont l’usage, l’emploi, est
avantageux
à quelqu’un ou à la société

L’homme utile apporte à quelqu’un ou
à la société.
L’exclus du travail n’est-il pas exclu de
l’utilité sociale ?

Etouffer :
Priver d’air, asphyxier, oppresser
Episode de reconduite à la frontière ; « un
étranglement sur un passager; l’homme
perd connaissance, yeux révulsés, langue
pendante, écume aux lèvres … »
Témoignage des passagers du vol
Paris-Bamako, Roissy, 26 mai 07

Effacer :
1) Faire disparaître
sans laisser de trace
(une variante : expulser)
2) Faire oublier
(une variante : l’indifférence)

L’homme effacé : celui qu’on a gommé
de la communauté

La ligne directrice de l’exposé
Une souffrance liée à l’exclusion, au
« rejet », à la notion de personne
inutile, indésirable, ou en tout non
prévue d’être vue, là où elle est vue
Une souffrance d’être transparent

Un écart, même « écartèlement »,
entre « espéré » et « vécu »

Une première conséquence
-Pour le sujet invisible : distorsion du réel
(santé à 2/plusieurs vitesses)
 monde à 2/plusieurs réels

 Pour le professionnel : souffrance par
l’écart entre le désir pour l’autre, semblable
à soi, et le constat imaginé de son avenir
(si on est « aidant »,
ce n’est pas par hasard)

Un exposé en 4 volets
1) Un essai de clarification
2) Ce qui est particulier à la
souffrance psychique de la personne
en grande pauvreté
3) Ce qui est commun entre elle et la
personne qui intervient auprès d’elle
4) Quelques constats et les
propositions qui leur sont secondaires

Syndrome d’exclusion sociale,
souffrance psychique
Les définitions sont nombreuses :
Exclusion : perte des sécurités de base :
travail, formation, logement, diplôme,
culture, … (J.Wrésinski)
Souffrance psychique, non psychiatrique,
d’origine sociale (Lazarus)

Les conséquences : honte, inhibition,
découragement (Maisondieu)

On se débat avec des notions
complexes
La justice, l’égalité, l’honneur, le
mérite …
en somme, le bon côté des choses
Et des éléments bien différents :
l’autonomie perdue, la vulnérabilité, la
stigmatisation, le mépris, l’abandon, …
et ce que ces mots évoquent !

Simple : souffrance psychosociale
Souffrance de l'individu, du
professionnel de santé, du
professionnel social, du professionnel
administratif
Douleur à expression psychique,
somatique, ou mixte, suite à une
impasse.

Les 4 fonctions de l'aidant :
imaginaire, choisie, réalisée, et
non réalisée
La fonction imaginaire : celle de sa
formation : une intériorisation
La fonction choisie : celle qu'on
décide, en soi même : adaptation des
consignes ; une adaptation vitale

La fonction réalisée ; 3 évaluateurs:
soi d'abord, le pair (ou hiérarchie), la
personne aidée
La fonction non réalisée : 3
évaluateurs: soi d'abord, le pair (ou
hiérarachie), la personne aidée

La personne aidée évalue l'action réalisée, et
celle non réalisée ; un espace de rencontre - la
parole est un acte posé parmi d'autres.

L'important : non l'acte, mais le motif profond de
cet acte
Penser l'action avec le regard du partenaire j'entends par partenaire non l'autre professionnel
du réseau, mais la personne "effacée" que je
rencontre.
Ce mot d'effacé peut traduire ma propre mise en
retrait ; mais aussi la notion que le monde (du
travail, des amis, ...) m'a gommé.

Un exemple de gomme
Gommer, c’est disqualifier, c’est ne pas
imaginer comment l’autre va recevoir mon
message
Je suis « hors les clous » si j’imagine que
j’en suis dispensé ; mais ……. la personne
en précarité disqualifie elle aussi l’aidant :
par son échec, elle le traite d’inutile et
d’incapable

bien involontairement 99 fois sur 100

La complexité n’est pas le
désespoir
Complexité : l'étayage des pratiques ne
peut partir des institutions, mais doit aller
des personnes "invisibles" aux institutions.
Commencer par les échanges de savoir, les
co-formations, en "parité" ; un préalable
pour connaître comment faire : des groupes
mixtes, selon les modalités les plus faciles
pour les plus souffrants.
Eviter la « proposition pour demain 9h »

Aucun dispositif de soin ne peut être
efficient, s'il n'est pas validé par le
lecteur à qui il est destiné.
Un exemple :

France : 9% d’adultes en
illettrisme (INSEE, oct. 05)
Un tel document exclut ; il induit une
disqualification, puis une nécessité
d'assistance ! S'il déclenche un mouvement
de colère, la faute est, hélas, et à tort,
reportée à celui qui conteste.
Ou on a alors un renoncement en miroir.
(* soit 2,3 millions de personnes)

Comment aller plus loin
Avec, pour citer Saül Karsz, d’abord
désigner, puis interpréter, enfin rater.
Rater, « sujet réel, donc qui résiste »
Rassurant, de savoir que le réel résiste :
exemple des taux de chômage, ou de mal
logement (travaux de la MRIE) : on parle
des zones grises , donc non éclairées !
-2 millions de chômeurs,
-2 millions « non temps plein »,
-400 000 dispensés d’emploi

Un mécanisme implacable
Plan cohésion sociale : suivi mensuel,
convocations, relances à délais très
courts : « oubli, erreur, épuisement »
(Elisabeth Maurel)
Cela nous rassure :
si on est inutile, les mécanismes
d’enfoncement
sont bien rodés .

Et pourtant :
Comme on le verra, on retrouve :
Solidarité
Mobilisation
Combat pour la dignité
Espérance
Partage
Fête
Joie
Rires

Les éléments spécifiques au
plus pauvres : réalités
Ne pas avoir de logement, de travail,
d’argent …
Ne pas savoir lire
Etre en grande solitude
Ne pouvoir se soigner – vision, soins
dentaires

Les plus pauvres : le vécu
Honte, peur, angoisse, dépression, perte
des repères (temps, repères et soins
corporels), vécu constant de rejet ,
Modification semi-consciente des
événements, recherche de considération,
interprétation, imagination, fantasmes,
fuite dans le rêve, repli sur soi, …

Les réactions communes aux
abandonnés et à ceux qui s’en
préoccupent :
De la douleur : culpabilité, angoisse,
sentiment d’abandon, lassitude,
épuisement, voire désespoir
De la colère, l’envie de se battre, de
crier, de témoigner, de militer

Deux mécanismes de défense
La recherche de bouc émissaires
(administration, le collègue, le voisin, le
professionnel, …) enfin, un responsable

Résignation, détachement : on laisse
tomber. Dans le meilleur des cas,
culpabilité, au pire, indifférence,
dépression, maladies, toxiques, suicide …

Souffrance commune
Elle peut être celle de ne rien voir, de
ne plus savoir regarder d’un œil neuf.
Soit on utilise le mauvais outil …
Soit on regarde de très loin …

Donc, modifier la distance
avec l’autre
Créer ce qui va faire similitude
Ne pas avoir peur de l’autre ; y
compris dans ce « rien » qu’on ne
pourra changer
Exemple des demandeurs d’asile :
carte du pays, livrets santé : 2 outils
où ils sont « enseignants »

Recommandations

Loi de 1998
Accès effectif de tous aux droits
fondamentaux dans les domaines de
l’emploi, du logement, de la protection de la
santé,

de la justice, de l’éducation, de la
formation, de la culture,
de la PROTECTION de la famille et de
l’enfance

Eviter l’urgence
Prendre bien attention au respect de
l’infimité
Piste la démonstrativité « obligatoire »

Ne jamais généraliser

Voir la modification de la personne
***
Essayer de mettre en relation
ses désirs
et la réalité

Créer un projet d’utilité
Investissement par l’autre : en quoi suis-je
investi par l’autre, qu’ai-je reçu de lui (et
non comment je l’ai aidé)

Reconnaissance – se reconnaître identiques
Utilité sociale : quel rôle social joue la
personne présente (expérience des
« adultes relais sans papiers », à Paris

Combattre
3 idées fortes et fausses
1) Les personnes qui ont le RMI et la
CMU sont des profiteurs
2) La France ne peut pas accueillir
toute la misère du monde

3) Une bonne gestion financière va
aboutir à une bonne gestion humaine

Les personnes qui ont le RMI
et la CMU sont des profiteurs
Profit : augmentation des biens que l’on
possède, par exemple
AAH : 621 euros; RMI : 440 euros
……………………….COMPARONS :
Cours du CAC 40, cours de la bourse,
placements …

Et revenu des ménages en habitat social
(parc public et privé)

La France ne peut pas accueillir
toute la misère du monde
La déontologie serait :
Pour un pays riche et développé, de
combien doit être son effort (réel,
c’est-à-dire orienté vers les
populations démunies) , pour aider ?
En somme, « la France doit accueillir
une partie de la misère du monde »

Une bonne gestion financière va
aboutir à une bonne gestion
humaine
C’est ici confondre l’outil et l’objectif ; le but
est une gestion humaine des projets ; la
finance n’est qu’un outil au service de
l’homme .
Dans une décision donnée, parle-t-on de
rentabilité, ou de bien-être ?

Les préalables, pour chacun,
quelle que soit sa position
d’aidant ou d’aidé :
Relation de confiance : « une
espérance ferme en l’autre »
Ecoute ; écouter : « s’appliquer à
entendre »
Respect : « accorder une
considération admirative »
Compréhension :
« donner un sens clair, avoir une
connaissance intuitive de quelqu’un »

Pour cela, 2 points importants
Importance de la formation des
professionnels (santé, social, , par des
parcours de rencontre et de dialogue

Pour une bonne connaissance de la
situation des personnes en précarité ou,
plus loin encore, en grande pauvreté
Constitution d’un projet avec la personne

Les pratiques qui « cassent »
(source : ORSPERE ONSMP)
Ne laisser que des conditions de survie
(besoins primaires)
Absence de lieu de vie à soi
Dossier et personne non différenciés
Absence de réponses concrètes
Attribution d’une identité de victime, sans
étude de famille, école, travail, …
Oubli du risque de malentendu (autre vécu)
Aidant isolé, révolté, impuissant)
Injonctions paradoxales aux professionnels
(Aidez, mais débrouillez-vous)

Les pratiques qui aident
Etre reconnus en tant que personnes
(droit au silence)

Visibilité, prise de parole
Intégration à un groupe
Attention portée aux liens familiaux
Liberté d’élaboration de réponses
individualisées, loin des dispositifs globaux
Partir de l’analyse de la personne
Créer des réseaux pluri professionnels, de
partage des connaissances

Conclusion
Certes, on vit un individualisme érigé en
norme : solitude, culpabilisation de l’échec
Mais des référentiels se construisent:
espaces pour les professionnels
Evolution sociale des démocraties: le
cerveau évolué, multifactoriel, prend le pas
sur le cerveau archaïque, binaire

Bibliographie
François Dubet , Injustices, l’expérience des
inégalités au travail, 2006, Editions du Seuil, Paris
Michel Joubert et Claude Louzoun, Répondre à la
souffrance sociale, 2005, Editions Erès, 31520
Ramonville
Colette Pitici, Les bricoleurs de la précarité, Revue
Rhizome « Réinventer l’institution », N° 25,
déc.06, - téléchargeable sur
http://wuertm.site.voila.fr/rhz25.pdf

Ce diaporama sur
http://crpplyon.site.voila.fr/bg07.pps

Contact : [email protected]
Site pour lecture et publications à
venir (toute recherche est bienvenue)
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Slide 8

Quelle utilité pour
l’homme étouffé, effacé ?
Que faire quand on ne sait plus quoi
faire ?

Un brin de réponse : tenter,
inlassablement, de comprendre
Guy Ardiet, Lyon St Cyr - CEZERIAT, le 31 mai 07

Bien sûr, des situations sont parfois
plus complexes que d’autres ;
Pour ce qui peut faire souffrance, c’est
la sensation aigue d’injustice .

Trois définitions
Utile : dont l’usage, l’emploi, est
avantageux
à quelqu’un ou à la société

L’homme utile apporte à quelqu’un ou
à la société.
L’exclus du travail n’est-il pas exclu de
l’utilité sociale ?

Etouffer :
Priver d’air, asphyxier, oppresser
Episode de reconduite à la frontière ; « un
étranglement sur un passager; l’homme
perd connaissance, yeux révulsés, langue
pendante, écume aux lèvres … »
Témoignage des passagers du vol
Paris-Bamako, Roissy, 26 mai 07

Effacer :
1) Faire disparaître
sans laisser de trace
(une variante : expulser)
2) Faire oublier
(une variante : l’indifférence)

L’homme effacé : celui qu’on a gommé
de la communauté

La ligne directrice de l’exposé
Une souffrance liée à l’exclusion, au
« rejet », à la notion de personne
inutile, indésirable, ou en tout non
prévue d’être vue, là où elle est vue
Une souffrance d’être transparent

Un écart, même « écartèlement »,
entre « espéré » et « vécu »

Une première conséquence
-Pour le sujet invisible : distorsion du réel
(santé à 2/plusieurs vitesses)
 monde à 2/plusieurs réels

 Pour le professionnel : souffrance par
l’écart entre le désir pour l’autre, semblable
à soi, et le constat imaginé de son avenir
(si on est « aidant »,
ce n’est pas par hasard)

Un exposé en 4 volets
1) Un essai de clarification
2) Ce qui est particulier à la
souffrance psychique de la personne
en grande pauvreté
3) Ce qui est commun entre elle et la
personne qui intervient auprès d’elle
4) Quelques constats et les
propositions qui leur sont secondaires

Syndrome d’exclusion sociale,
souffrance psychique
Les définitions sont nombreuses :
Exclusion : perte des sécurités de base :
travail, formation, logement, diplôme,
culture, … (J.Wrésinski)
Souffrance psychique, non psychiatrique,
d’origine sociale (Lazarus)

Les conséquences : honte, inhibition,
découragement (Maisondieu)

On se débat avec des notions
complexes
La justice, l’égalité, l’honneur, le
mérite …
en somme, le bon côté des choses
Et des éléments bien différents :
l’autonomie perdue, la vulnérabilité, la
stigmatisation, le mépris, l’abandon, …
et ce que ces mots évoquent !

Simple : souffrance psychosociale
Souffrance de l'individu, du
professionnel de santé, du
professionnel social, du professionnel
administratif
Douleur à expression psychique,
somatique, ou mixte, suite à une
impasse.

Les 4 fonctions de l'aidant :
imaginaire, choisie, réalisée, et
non réalisée
La fonction imaginaire : celle de sa
formation : une intériorisation
La fonction choisie : celle qu'on
décide, en soi même : adaptation des
consignes ; une adaptation vitale

La fonction réalisée ; 3 évaluateurs:
soi d'abord, le pair (ou hiérarchie), la
personne aidée
La fonction non réalisée : 3
évaluateurs: soi d'abord, le pair (ou
hiérarachie), la personne aidée

La personne aidée évalue l'action réalisée, et
celle non réalisée ; un espace de rencontre - la
parole est un acte posé parmi d'autres.

L'important : non l'acte, mais le motif profond de
cet acte
Penser l'action avec le regard du partenaire j'entends par partenaire non l'autre professionnel
du réseau, mais la personne "effacée" que je
rencontre.
Ce mot d'effacé peut traduire ma propre mise en
retrait ; mais aussi la notion que le monde (du
travail, des amis, ...) m'a gommé.

Un exemple de gomme
Gommer, c’est disqualifier, c’est ne pas
imaginer comment l’autre va recevoir mon
message
Je suis « hors les clous » si j’imagine que
j’en suis dispensé ; mais ……. la personne
en précarité disqualifie elle aussi l’aidant :
par son échec, elle le traite d’inutile et
d’incapable

bien involontairement 99 fois sur 100

La complexité n’est pas le
désespoir
Complexité : l'étayage des pratiques ne
peut partir des institutions, mais doit aller
des personnes "invisibles" aux institutions.
Commencer par les échanges de savoir, les
co-formations, en "parité" ; un préalable
pour connaître comment faire : des groupes
mixtes, selon les modalités les plus faciles
pour les plus souffrants.
Eviter la « proposition pour demain 9h »

Aucun dispositif de soin ne peut être
efficient, s'il n'est pas validé par le
lecteur à qui il est destiné.
Un exemple :

France : 9% d’adultes en
illettrisme (INSEE, oct. 05)
Un tel document exclut ; il induit une
disqualification, puis une nécessité
d'assistance ! S'il déclenche un mouvement
de colère, la faute est, hélas, et à tort,
reportée à celui qui conteste.
Ou on a alors un renoncement en miroir.
(* soit 2,3 millions de personnes)

Comment aller plus loin
Avec, pour citer Saül Karsz, d’abord
désigner, puis interpréter, enfin rater.
Rater, « sujet réel, donc qui résiste »
Rassurant, de savoir que le réel résiste :
exemple des taux de chômage, ou de mal
logement (travaux de la MRIE) : on parle
des zones grises , donc non éclairées !
-2 millions de chômeurs,
-2 millions « non temps plein »,
-400 000 dispensés d’emploi

Un mécanisme implacable
Plan cohésion sociale : suivi mensuel,
convocations, relances à délais très
courts : « oubli, erreur, épuisement »
(Elisabeth Maurel)
Cela nous rassure :
si on est inutile, les mécanismes
d’enfoncement
sont bien rodés .

Et pourtant :
Comme on le verra, on retrouve :
Solidarité
Mobilisation
Combat pour la dignité
Espérance
Partage
Fête
Joie
Rires

Les éléments spécifiques au
plus pauvres : réalités
Ne pas avoir de logement, de travail,
d’argent …
Ne pas savoir lire
Etre en grande solitude
Ne pouvoir se soigner – vision, soins
dentaires

Les plus pauvres : le vécu
Honte, peur, angoisse, dépression, perte
des repères (temps, repères et soins
corporels), vécu constant de rejet ,
Modification semi-consciente des
événements, recherche de considération,
interprétation, imagination, fantasmes,
fuite dans le rêve, repli sur soi, …

Les réactions communes aux
abandonnés et à ceux qui s’en
préoccupent :
De la douleur : culpabilité, angoisse,
sentiment d’abandon, lassitude,
épuisement, voire désespoir
De la colère, l’envie de se battre, de
crier, de témoigner, de militer

Deux mécanismes de défense
La recherche de bouc émissaires
(administration, le collègue, le voisin, le
professionnel, …) enfin, un responsable

Résignation, détachement : on laisse
tomber. Dans le meilleur des cas,
culpabilité, au pire, indifférence,
dépression, maladies, toxiques, suicide …

Souffrance commune
Elle peut être celle de ne rien voir, de
ne plus savoir regarder d’un œil neuf.
Soit on utilise le mauvais outil …
Soit on regarde de très loin …

Donc, modifier la distance
avec l’autre
Créer ce qui va faire similitude
Ne pas avoir peur de l’autre ; y
compris dans ce « rien » qu’on ne
pourra changer
Exemple des demandeurs d’asile :
carte du pays, livrets santé : 2 outils
où ils sont « enseignants »

Recommandations

Loi de 1998
Accès effectif de tous aux droits
fondamentaux dans les domaines de
l’emploi, du logement, de la protection de la
santé,

de la justice, de l’éducation, de la
formation, de la culture,
de la PROTECTION de la famille et de
l’enfance

Eviter l’urgence
Prendre bien attention au respect de
l’infimité
Piste la démonstrativité « obligatoire »

Ne jamais généraliser

Voir la modification de la personne
***
Essayer de mettre en relation
ses désirs
et la réalité

Créer un projet d’utilité
Investissement par l’autre : en quoi suis-je
investi par l’autre, qu’ai-je reçu de lui (et
non comment je l’ai aidé)

Reconnaissance – se reconnaître identiques
Utilité sociale : quel rôle social joue la
personne présente (expérience des
« adultes relais sans papiers », à Paris

Combattre
3 idées fortes et fausses
1) Les personnes qui ont le RMI et la
CMU sont des profiteurs
2) La France ne peut pas accueillir
toute la misère du monde

3) Une bonne gestion financière va
aboutir à une bonne gestion humaine

Les personnes qui ont le RMI
et la CMU sont des profiteurs
Profit : augmentation des biens que l’on
possède, par exemple
AAH : 621 euros; RMI : 440 euros
……………………….COMPARONS :
Cours du CAC 40, cours de la bourse,
placements …

Et revenu des ménages en habitat social
(parc public et privé)

La France ne peut pas accueillir
toute la misère du monde
La déontologie serait :
Pour un pays riche et développé, de
combien doit être son effort (réel,
c’est-à-dire orienté vers les
populations démunies) , pour aider ?
En somme, « la France doit accueillir
une partie de la misère du monde »

Une bonne gestion financière va
aboutir à une bonne gestion
humaine
C’est ici confondre l’outil et l’objectif ; le but
est une gestion humaine des projets ; la
finance n’est qu’un outil au service de
l’homme .
Dans une décision donnée, parle-t-on de
rentabilité, ou de bien-être ?

Les préalables, pour chacun,
quelle que soit sa position
d’aidant ou d’aidé :
Relation de confiance : « une
espérance ferme en l’autre »
Ecoute ; écouter : « s’appliquer à
entendre »
Respect : « accorder une
considération admirative »
Compréhension :
« donner un sens clair, avoir une
connaissance intuitive de quelqu’un »

Pour cela, 2 points importants
Importance de la formation des
professionnels (santé, social, , par des
parcours de rencontre et de dialogue

Pour une bonne connaissance de la
situation des personnes en précarité ou,
plus loin encore, en grande pauvreté
Constitution d’un projet avec la personne

Les pratiques qui « cassent »
(source : ORSPERE ONSMP)
Ne laisser que des conditions de survie
(besoins primaires)
Absence de lieu de vie à soi
Dossier et personne non différenciés
Absence de réponses concrètes
Attribution d’une identité de victime, sans
étude de famille, école, travail, …
Oubli du risque de malentendu (autre vécu)
Aidant isolé, révolté, impuissant)
Injonctions paradoxales aux professionnels
(Aidez, mais débrouillez-vous)

Les pratiques qui aident
Etre reconnus en tant que personnes
(droit au silence)

Visibilité, prise de parole
Intégration à un groupe
Attention portée aux liens familiaux
Liberté d’élaboration de réponses
individualisées, loin des dispositifs globaux
Partir de l’analyse de la personne
Créer des réseaux pluri professionnels, de
partage des connaissances

Conclusion
Certes, on vit un individualisme érigé en
norme : solitude, culpabilisation de l’échec
Mais des référentiels se construisent:
espaces pour les professionnels
Evolution sociale des démocraties: le
cerveau évolué, multifactoriel, prend le pas
sur le cerveau archaïque, binaire

Bibliographie
François Dubet , Injustices, l’expérience des
inégalités au travail, 2006, Editions du Seuil, Paris
Michel Joubert et Claude Louzoun, Répondre à la
souffrance sociale, 2005, Editions Erès, 31520
Ramonville
Colette Pitici, Les bricoleurs de la précarité, Revue
Rhizome « Réinventer l’institution », N° 25,
déc.06, - téléchargeable sur
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Quelle utilité pour
l’homme étouffé, effacé ?
Que faire quand on ne sait plus quoi
faire ?

Un brin de réponse : tenter,
inlassablement, de comprendre
Guy Ardiet, Lyon St Cyr - CEZERIAT, le 31 mai 07

Bien sûr, des situations sont parfois
plus complexes que d’autres ;
Pour ce qui peut faire souffrance, c’est
la sensation aigue d’injustice .

Trois définitions
Utile : dont l’usage, l’emploi, est
avantageux
à quelqu’un ou à la société

L’homme utile apporte à quelqu’un ou
à la société.
L’exclus du travail n’est-il pas exclu de
l’utilité sociale ?

Etouffer :
Priver d’air, asphyxier, oppresser
Episode de reconduite à la frontière ; « un
étranglement sur un passager; l’homme
perd connaissance, yeux révulsés, langue
pendante, écume aux lèvres … »
Témoignage des passagers du vol
Paris-Bamako, Roissy, 26 mai 07

Effacer :
1) Faire disparaître
sans laisser de trace
(une variante : expulser)
2) Faire oublier
(une variante : l’indifférence)

L’homme effacé : celui qu’on a gommé
de la communauté

La ligne directrice de l’exposé
Une souffrance liée à l’exclusion, au
« rejet », à la notion de personne
inutile, indésirable, ou en tout non
prévue d’être vue, là où elle est vue
Une souffrance d’être transparent

Un écart, même « écartèlement »,
entre « espéré » et « vécu »

Une première conséquence
-Pour le sujet invisible : distorsion du réel
(santé à 2/plusieurs vitesses)
 monde à 2/plusieurs réels

 Pour le professionnel : souffrance par
l’écart entre le désir pour l’autre, semblable
à soi, et le constat imaginé de son avenir
(si on est « aidant »,
ce n’est pas par hasard)

Un exposé en 4 volets
1) Un essai de clarification
2) Ce qui est particulier à la
souffrance psychique de la personne
en grande pauvreté
3) Ce qui est commun entre elle et la
personne qui intervient auprès d’elle
4) Quelques constats et les
propositions qui leur sont secondaires

Syndrome d’exclusion sociale,
souffrance psychique
Les définitions sont nombreuses :
Exclusion : perte des sécurités de base :
travail, formation, logement, diplôme,
culture, … (J.Wrésinski)
Souffrance psychique, non psychiatrique,
d’origine sociale (Lazarus)

Les conséquences : honte, inhibition,
découragement (Maisondieu)

On se débat avec des notions
complexes
La justice, l’égalité, l’honneur, le
mérite …
en somme, le bon côté des choses
Et des éléments bien différents :
l’autonomie perdue, la vulnérabilité, la
stigmatisation, le mépris, l’abandon, …
et ce que ces mots évoquent !

Simple : souffrance psychosociale
Souffrance de l'individu, du
professionnel de santé, du
professionnel social, du professionnel
administratif
Douleur à expression psychique,
somatique, ou mixte, suite à une
impasse.

Les 4 fonctions de l'aidant :
imaginaire, choisie, réalisée, et
non réalisée
La fonction imaginaire : celle de sa
formation : une intériorisation
La fonction choisie : celle qu'on
décide, en soi même : adaptation des
consignes ; une adaptation vitale

La fonction réalisée ; 3 évaluateurs:
soi d'abord, le pair (ou hiérarchie), la
personne aidée
La fonction non réalisée : 3
évaluateurs: soi d'abord, le pair (ou
hiérarachie), la personne aidée

La personne aidée évalue l'action réalisée, et
celle non réalisée ; un espace de rencontre - la
parole est un acte posé parmi d'autres.

L'important : non l'acte, mais le motif profond de
cet acte
Penser l'action avec le regard du partenaire j'entends par partenaire non l'autre professionnel
du réseau, mais la personne "effacée" que je
rencontre.
Ce mot d'effacé peut traduire ma propre mise en
retrait ; mais aussi la notion que le monde (du
travail, des amis, ...) m'a gommé.

Un exemple de gomme
Gommer, c’est disqualifier, c’est ne pas
imaginer comment l’autre va recevoir mon
message
Je suis « hors les clous » si j’imagine que
j’en suis dispensé ; mais ……. la personne
en précarité disqualifie elle aussi l’aidant :
par son échec, elle le traite d’inutile et
d’incapable

bien involontairement 99 fois sur 100

La complexité n’est pas le
désespoir
Complexité : l'étayage des pratiques ne
peut partir des institutions, mais doit aller
des personnes "invisibles" aux institutions.
Commencer par les échanges de savoir, les
co-formations, en "parité" ; un préalable
pour connaître comment faire : des groupes
mixtes, selon les modalités les plus faciles
pour les plus souffrants.
Eviter la « proposition pour demain 9h »

Aucun dispositif de soin ne peut être
efficient, s'il n'est pas validé par le
lecteur à qui il est destiné.
Un exemple :

France : 9% d’adultes en
illettrisme (INSEE, oct. 05)
Un tel document exclut ; il induit une
disqualification, puis une nécessité
d'assistance ! S'il déclenche un mouvement
de colère, la faute est, hélas, et à tort,
reportée à celui qui conteste.
Ou on a alors un renoncement en miroir.
(* soit 2,3 millions de personnes)

Comment aller plus loin
Avec, pour citer Saül Karsz, d’abord
désigner, puis interpréter, enfin rater.
Rater, « sujet réel, donc qui résiste »
Rassurant, de savoir que le réel résiste :
exemple des taux de chômage, ou de mal
logement (travaux de la MRIE) : on parle
des zones grises , donc non éclairées !
-2 millions de chômeurs,
-2 millions « non temps plein »,
-400 000 dispensés d’emploi

Un mécanisme implacable
Plan cohésion sociale : suivi mensuel,
convocations, relances à délais très
courts : « oubli, erreur, épuisement »
(Elisabeth Maurel)
Cela nous rassure :
si on est inutile, les mécanismes
d’enfoncement
sont bien rodés .

Et pourtant :
Comme on le verra, on retrouve :
Solidarité
Mobilisation
Combat pour la dignité
Espérance
Partage
Fête
Joie
Rires

Les éléments spécifiques au
plus pauvres : réalités
Ne pas avoir de logement, de travail,
d’argent …
Ne pas savoir lire
Etre en grande solitude
Ne pouvoir se soigner – vision, soins
dentaires

Les plus pauvres : le vécu
Honte, peur, angoisse, dépression, perte
des repères (temps, repères et soins
corporels), vécu constant de rejet ,
Modification semi-consciente des
événements, recherche de considération,
interprétation, imagination, fantasmes,
fuite dans le rêve, repli sur soi, …

Les réactions communes aux
abandonnés et à ceux qui s’en
préoccupent :
De la douleur : culpabilité, angoisse,
sentiment d’abandon, lassitude,
épuisement, voire désespoir
De la colère, l’envie de se battre, de
crier, de témoigner, de militer

Deux mécanismes de défense
La recherche de bouc émissaires
(administration, le collègue, le voisin, le
professionnel, …) enfin, un responsable

Résignation, détachement : on laisse
tomber. Dans le meilleur des cas,
culpabilité, au pire, indifférence,
dépression, maladies, toxiques, suicide …

Souffrance commune
Elle peut être celle de ne rien voir, de
ne plus savoir regarder d’un œil neuf.
Soit on utilise le mauvais outil …
Soit on regarde de très loin …

Donc, modifier la distance
avec l’autre
Créer ce qui va faire similitude
Ne pas avoir peur de l’autre ; y
compris dans ce « rien » qu’on ne
pourra changer
Exemple des demandeurs d’asile :
carte du pays, livrets santé : 2 outils
où ils sont « enseignants »

Recommandations

Loi de 1998
Accès effectif de tous aux droits
fondamentaux dans les domaines de
l’emploi, du logement, de la protection de la
santé,

de la justice, de l’éducation, de la
formation, de la culture,
de la PROTECTION de la famille et de
l’enfance

Eviter l’urgence
Prendre bien attention au respect de
l’infimité
Piste la démonstrativité « obligatoire »

Ne jamais généraliser

Voir la modification de la personne
***
Essayer de mettre en relation
ses désirs
et la réalité

Créer un projet d’utilité
Investissement par l’autre : en quoi suis-je
investi par l’autre, qu’ai-je reçu de lui (et
non comment je l’ai aidé)

Reconnaissance – se reconnaître identiques
Utilité sociale : quel rôle social joue la
personne présente (expérience des
« adultes relais sans papiers », à Paris

Combattre
3 idées fortes et fausses
1) Les personnes qui ont le RMI et la
CMU sont des profiteurs
2) La France ne peut pas accueillir
toute la misère du monde

3) Une bonne gestion financière va
aboutir à une bonne gestion humaine

Les personnes qui ont le RMI
et la CMU sont des profiteurs
Profit : augmentation des biens que l’on
possède, par exemple
AAH : 621 euros; RMI : 440 euros
……………………….COMPARONS :
Cours du CAC 40, cours de la bourse,
placements …

Et revenu des ménages en habitat social
(parc public et privé)

La France ne peut pas accueillir
toute la misère du monde
La déontologie serait :
Pour un pays riche et développé, de
combien doit être son effort (réel,
c’est-à-dire orienté vers les
populations démunies) , pour aider ?
En somme, « la France doit accueillir
une partie de la misère du monde »

Une bonne gestion financière va
aboutir à une bonne gestion
humaine
C’est ici confondre l’outil et l’objectif ; le but
est une gestion humaine des projets ; la
finance n’est qu’un outil au service de
l’homme .
Dans une décision donnée, parle-t-on de
rentabilité, ou de bien-être ?

Les préalables, pour chacun,
quelle que soit sa position
d’aidant ou d’aidé :
Relation de confiance : « une
espérance ferme en l’autre »
Ecoute ; écouter : « s’appliquer à
entendre »
Respect : « accorder une
considération admirative »
Compréhension :
« donner un sens clair, avoir une
connaissance intuitive de quelqu’un »

Pour cela, 2 points importants
Importance de la formation des
professionnels (santé, social, , par des
parcours de rencontre et de dialogue

Pour une bonne connaissance de la
situation des personnes en précarité ou,
plus loin encore, en grande pauvreté
Constitution d’un projet avec la personne

Les pratiques qui « cassent »
(source : ORSPERE ONSMP)
Ne laisser que des conditions de survie
(besoins primaires)
Absence de lieu de vie à soi
Dossier et personne non différenciés
Absence de réponses concrètes
Attribution d’une identité de victime, sans
étude de famille, école, travail, …
Oubli du risque de malentendu (autre vécu)
Aidant isolé, révolté, impuissant)
Injonctions paradoxales aux professionnels
(Aidez, mais débrouillez-vous)

Les pratiques qui aident
Etre reconnus en tant que personnes
(droit au silence)

Visibilité, prise de parole
Intégration à un groupe
Attention portée aux liens familiaux
Liberté d’élaboration de réponses
individualisées, loin des dispositifs globaux
Partir de l’analyse de la personne
Créer des réseaux pluri professionnels, de
partage des connaissances

Conclusion
Certes, on vit un individualisme érigé en
norme : solitude, culpabilisation de l’échec
Mais des référentiels se construisent:
espaces pour les professionnels
Evolution sociale des démocraties: le
cerveau évolué, multifactoriel, prend le pas
sur le cerveau archaïque, binaire

Bibliographie
François Dubet , Injustices, l’expérience des
inégalités au travail, 2006, Editions du Seuil, Paris
Michel Joubert et Claude Louzoun, Répondre à la
souffrance sociale, 2005, Editions Erès, 31520
Ramonville
Colette Pitici, Les bricoleurs de la précarité, Revue
Rhizome « Réinventer l’institution », N° 25,
déc.06, - téléchargeable sur
http://wuertm.site.voila.fr/rhz25.pdf

Ce diaporama sur
http://crpplyon.site.voila.fr/bg07.pps

Contact : [email protected]
Site pour lecture et publications à
venir (toute recherche est bienvenue)
http://crpplyon.site.voila.fr


Slide 10

Quelle utilité pour
l’homme étouffé, effacé ?
Que faire quand on ne sait plus quoi
faire ?

Un brin de réponse : tenter,
inlassablement, de comprendre
Guy Ardiet, Lyon St Cyr - CEZERIAT, le 31 mai 07

Bien sûr, des situations sont parfois
plus complexes que d’autres ;
Pour ce qui peut faire souffrance, c’est
la sensation aigue d’injustice .

Trois définitions
Utile : dont l’usage, l’emploi, est
avantageux
à quelqu’un ou à la société

L’homme utile apporte à quelqu’un ou
à la société.
L’exclus du travail n’est-il pas exclu de
l’utilité sociale ?

Etouffer :
Priver d’air, asphyxier, oppresser
Episode de reconduite à la frontière ; « un
étranglement sur un passager; l’homme
perd connaissance, yeux révulsés, langue
pendante, écume aux lèvres … »
Témoignage des passagers du vol
Paris-Bamako, Roissy, 26 mai 07

Effacer :
1) Faire disparaître
sans laisser de trace
(une variante : expulser)
2) Faire oublier
(une variante : l’indifférence)

L’homme effacé : celui qu’on a gommé
de la communauté

La ligne directrice de l’exposé
Une souffrance liée à l’exclusion, au
« rejet », à la notion de personne
inutile, indésirable, ou en tout non
prévue d’être vue, là où elle est vue
Une souffrance d’être transparent

Un écart, même « écartèlement »,
entre « espéré » et « vécu »

Une première conséquence
-Pour le sujet invisible : distorsion du réel
(santé à 2/plusieurs vitesses)
 monde à 2/plusieurs réels

 Pour le professionnel : souffrance par
l’écart entre le désir pour l’autre, semblable
à soi, et le constat imaginé de son avenir
(si on est « aidant »,
ce n’est pas par hasard)

Un exposé en 4 volets
1) Un essai de clarification
2) Ce qui est particulier à la
souffrance psychique de la personne
en grande pauvreté
3) Ce qui est commun entre elle et la
personne qui intervient auprès d’elle
4) Quelques constats et les
propositions qui leur sont secondaires

Syndrome d’exclusion sociale,
souffrance psychique
Les définitions sont nombreuses :
Exclusion : perte des sécurités de base :
travail, formation, logement, diplôme,
culture, … (J.Wrésinski)
Souffrance psychique, non psychiatrique,
d’origine sociale (Lazarus)

Les conséquences : honte, inhibition,
découragement (Maisondieu)

On se débat avec des notions
complexes
La justice, l’égalité, l’honneur, le
mérite …
en somme, le bon côté des choses
Et des éléments bien différents :
l’autonomie perdue, la vulnérabilité, la
stigmatisation, le mépris, l’abandon, …
et ce que ces mots évoquent !

Simple : souffrance psychosociale
Souffrance de l'individu, du
professionnel de santé, du
professionnel social, du professionnel
administratif
Douleur à expression psychique,
somatique, ou mixte, suite à une
impasse.

Les 4 fonctions de l'aidant :
imaginaire, choisie, réalisée, et
non réalisée
La fonction imaginaire : celle de sa
formation : une intériorisation
La fonction choisie : celle qu'on
décide, en soi même : adaptation des
consignes ; une adaptation vitale

La fonction réalisée ; 3 évaluateurs:
soi d'abord, le pair (ou hiérarchie), la
personne aidée
La fonction non réalisée : 3
évaluateurs: soi d'abord, le pair (ou
hiérarachie), la personne aidée

La personne aidée évalue l'action réalisée, et
celle non réalisée ; un espace de rencontre - la
parole est un acte posé parmi d'autres.

L'important : non l'acte, mais le motif profond de
cet acte
Penser l'action avec le regard du partenaire j'entends par partenaire non l'autre professionnel
du réseau, mais la personne "effacée" que je
rencontre.
Ce mot d'effacé peut traduire ma propre mise en
retrait ; mais aussi la notion que le monde (du
travail, des amis, ...) m'a gommé.

Un exemple de gomme
Gommer, c’est disqualifier, c’est ne pas
imaginer comment l’autre va recevoir mon
message
Je suis « hors les clous » si j’imagine que
j’en suis dispensé ; mais ……. la personne
en précarité disqualifie elle aussi l’aidant :
par son échec, elle le traite d’inutile et
d’incapable

bien involontairement 99 fois sur 100

La complexité n’est pas le
désespoir
Complexité : l'étayage des pratiques ne
peut partir des institutions, mais doit aller
des personnes "invisibles" aux institutions.
Commencer par les échanges de savoir, les
co-formations, en "parité" ; un préalable
pour connaître comment faire : des groupes
mixtes, selon les modalités les plus faciles
pour les plus souffrants.
Eviter la « proposition pour demain 9h »

Aucun dispositif de soin ne peut être
efficient, s'il n'est pas validé par le
lecteur à qui il est destiné.
Un exemple :

France : 9% d’adultes en
illettrisme (INSEE, oct. 05)
Un tel document exclut ; il induit une
disqualification, puis une nécessité
d'assistance ! S'il déclenche un mouvement
de colère, la faute est, hélas, et à tort,
reportée à celui qui conteste.
Ou on a alors un renoncement en miroir.
(* soit 2,3 millions de personnes)

Comment aller plus loin
Avec, pour citer Saül Karsz, d’abord
désigner, puis interpréter, enfin rater.
Rater, « sujet réel, donc qui résiste »
Rassurant, de savoir que le réel résiste :
exemple des taux de chômage, ou de mal
logement (travaux de la MRIE) : on parle
des zones grises , donc non éclairées !
-2 millions de chômeurs,
-2 millions « non temps plein »,
-400 000 dispensés d’emploi

Un mécanisme implacable
Plan cohésion sociale : suivi mensuel,
convocations, relances à délais très
courts : « oubli, erreur, épuisement »
(Elisabeth Maurel)
Cela nous rassure :
si on est inutile, les mécanismes
d’enfoncement
sont bien rodés .

Et pourtant :
Comme on le verra, on retrouve :
Solidarité
Mobilisation
Combat pour la dignité
Espérance
Partage
Fête
Joie
Rires

Les éléments spécifiques au
plus pauvres : réalités
Ne pas avoir de logement, de travail,
d’argent …
Ne pas savoir lire
Etre en grande solitude
Ne pouvoir se soigner – vision, soins
dentaires

Les plus pauvres : le vécu
Honte, peur, angoisse, dépression, perte
des repères (temps, repères et soins
corporels), vécu constant de rejet ,
Modification semi-consciente des
événements, recherche de considération,
interprétation, imagination, fantasmes,
fuite dans le rêve, repli sur soi, …

Les réactions communes aux
abandonnés et à ceux qui s’en
préoccupent :
De la douleur : culpabilité, angoisse,
sentiment d’abandon, lassitude,
épuisement, voire désespoir
De la colère, l’envie de se battre, de
crier, de témoigner, de militer

Deux mécanismes de défense
La recherche de bouc émissaires
(administration, le collègue, le voisin, le
professionnel, …) enfin, un responsable

Résignation, détachement : on laisse
tomber. Dans le meilleur des cas,
culpabilité, au pire, indifférence,
dépression, maladies, toxiques, suicide …

Souffrance commune
Elle peut être celle de ne rien voir, de
ne plus savoir regarder d’un œil neuf.
Soit on utilise le mauvais outil …
Soit on regarde de très loin …

Donc, modifier la distance
avec l’autre
Créer ce qui va faire similitude
Ne pas avoir peur de l’autre ; y
compris dans ce « rien » qu’on ne
pourra changer
Exemple des demandeurs d’asile :
carte du pays, livrets santé : 2 outils
où ils sont « enseignants »

Recommandations

Loi de 1998
Accès effectif de tous aux droits
fondamentaux dans les domaines de
l’emploi, du logement, de la protection de la
santé,

de la justice, de l’éducation, de la
formation, de la culture,
de la PROTECTION de la famille et de
l’enfance

Eviter l’urgence
Prendre bien attention au respect de
l’infimité
Piste la démonstrativité « obligatoire »

Ne jamais généraliser

Voir la modification de la personne
***
Essayer de mettre en relation
ses désirs
et la réalité

Créer un projet d’utilité
Investissement par l’autre : en quoi suis-je
investi par l’autre, qu’ai-je reçu de lui (et
non comment je l’ai aidé)

Reconnaissance – se reconnaître identiques
Utilité sociale : quel rôle social joue la
personne présente (expérience des
« adultes relais sans papiers », à Paris

Combattre
3 idées fortes et fausses
1) Les personnes qui ont le RMI et la
CMU sont des profiteurs
2) La France ne peut pas accueillir
toute la misère du monde

3) Une bonne gestion financière va
aboutir à une bonne gestion humaine

Les personnes qui ont le RMI
et la CMU sont des profiteurs
Profit : augmentation des biens que l’on
possède, par exemple
AAH : 621 euros; RMI : 440 euros
……………………….COMPARONS :
Cours du CAC 40, cours de la bourse,
placements …

Et revenu des ménages en habitat social
(parc public et privé)

La France ne peut pas accueillir
toute la misère du monde
La déontologie serait :
Pour un pays riche et développé, de
combien doit être son effort (réel,
c’est-à-dire orienté vers les
populations démunies) , pour aider ?
En somme, « la France doit accueillir
une partie de la misère du monde »

Une bonne gestion financière va
aboutir à une bonne gestion
humaine
C’est ici confondre l’outil et l’objectif ; le but
est une gestion humaine des projets ; la
finance n’est qu’un outil au service de
l’homme .
Dans une décision donnée, parle-t-on de
rentabilité, ou de bien-être ?

Les préalables, pour chacun,
quelle que soit sa position
d’aidant ou d’aidé :
Relation de confiance : « une
espérance ferme en l’autre »
Ecoute ; écouter : « s’appliquer à
entendre »
Respect : « accorder une
considération admirative »
Compréhension :
« donner un sens clair, avoir une
connaissance intuitive de quelqu’un »

Pour cela, 2 points importants
Importance de la formation des
professionnels (santé, social, , par des
parcours de rencontre et de dialogue

Pour une bonne connaissance de la
situation des personnes en précarité ou,
plus loin encore, en grande pauvreté
Constitution d’un projet avec la personne

Les pratiques qui « cassent »
(source : ORSPERE ONSMP)
Ne laisser que des conditions de survie
(besoins primaires)
Absence de lieu de vie à soi
Dossier et personne non différenciés
Absence de réponses concrètes
Attribution d’une identité de victime, sans
étude de famille, école, travail, …
Oubli du risque de malentendu (autre vécu)
Aidant isolé, révolté, impuissant)
Injonctions paradoxales aux professionnels
(Aidez, mais débrouillez-vous)

Les pratiques qui aident
Etre reconnus en tant que personnes
(droit au silence)

Visibilité, prise de parole
Intégration à un groupe
Attention portée aux liens familiaux
Liberté d’élaboration de réponses
individualisées, loin des dispositifs globaux
Partir de l’analyse de la personne
Créer des réseaux pluri professionnels, de
partage des connaissances

Conclusion
Certes, on vit un individualisme érigé en
norme : solitude, culpabilisation de l’échec
Mais des référentiels se construisent:
espaces pour les professionnels
Evolution sociale des démocraties: le
cerveau évolué, multifactoriel, prend le pas
sur le cerveau archaïque, binaire

Bibliographie
François Dubet , Injustices, l’expérience des
inégalités au travail, 2006, Editions du Seuil, Paris
Michel Joubert et Claude Louzoun, Répondre à la
souffrance sociale, 2005, Editions Erès, 31520
Ramonville
Colette Pitici, Les bricoleurs de la précarité, Revue
Rhizome « Réinventer l’institution », N° 25,
déc.06, - téléchargeable sur
http://wuertm.site.voila.fr/rhz25.pdf

Ce diaporama sur
http://crpplyon.site.voila.fr/bg07.pps

Contact : [email protected]
Site pour lecture et publications à
venir (toute recherche est bienvenue)
http://crpplyon.site.voila.fr


Slide 11

Quelle utilité pour
l’homme étouffé, effacé ?
Que faire quand on ne sait plus quoi
faire ?

Un brin de réponse : tenter,
inlassablement, de comprendre
Guy Ardiet, Lyon St Cyr - CEZERIAT, le 31 mai 07

Bien sûr, des situations sont parfois
plus complexes que d’autres ;
Pour ce qui peut faire souffrance, c’est
la sensation aigue d’injustice .

Trois définitions
Utile : dont l’usage, l’emploi, est
avantageux
à quelqu’un ou à la société

L’homme utile apporte à quelqu’un ou
à la société.
L’exclus du travail n’est-il pas exclu de
l’utilité sociale ?

Etouffer :
Priver d’air, asphyxier, oppresser
Episode de reconduite à la frontière ; « un
étranglement sur un passager; l’homme
perd connaissance, yeux révulsés, langue
pendante, écume aux lèvres … »
Témoignage des passagers du vol
Paris-Bamako, Roissy, 26 mai 07

Effacer :
1) Faire disparaître
sans laisser de trace
(une variante : expulser)
2) Faire oublier
(une variante : l’indifférence)

L’homme effacé : celui qu’on a gommé
de la communauté

La ligne directrice de l’exposé
Une souffrance liée à l’exclusion, au
« rejet », à la notion de personne
inutile, indésirable, ou en tout non
prévue d’être vue, là où elle est vue
Une souffrance d’être transparent

Un écart, même « écartèlement »,
entre « espéré » et « vécu »

Une première conséquence
-Pour le sujet invisible : distorsion du réel
(santé à 2/plusieurs vitesses)
 monde à 2/plusieurs réels

 Pour le professionnel : souffrance par
l’écart entre le désir pour l’autre, semblable
à soi, et le constat imaginé de son avenir
(si on est « aidant »,
ce n’est pas par hasard)

Un exposé en 4 volets
1) Un essai de clarification
2) Ce qui est particulier à la
souffrance psychique de la personne
en grande pauvreté
3) Ce qui est commun entre elle et la
personne qui intervient auprès d’elle
4) Quelques constats et les
propositions qui leur sont secondaires

Syndrome d’exclusion sociale,
souffrance psychique
Les définitions sont nombreuses :
Exclusion : perte des sécurités de base :
travail, formation, logement, diplôme,
culture, … (J.Wrésinski)
Souffrance psychique, non psychiatrique,
d’origine sociale (Lazarus)

Les conséquences : honte, inhibition,
découragement (Maisondieu)

On se débat avec des notions
complexes
La justice, l’égalité, l’honneur, le
mérite …
en somme, le bon côté des choses
Et des éléments bien différents :
l’autonomie perdue, la vulnérabilité, la
stigmatisation, le mépris, l’abandon, …
et ce que ces mots évoquent !

Simple : souffrance psychosociale
Souffrance de l'individu, du
professionnel de santé, du
professionnel social, du professionnel
administratif
Douleur à expression psychique,
somatique, ou mixte, suite à une
impasse.

Les 4 fonctions de l'aidant :
imaginaire, choisie, réalisée, et
non réalisée
La fonction imaginaire : celle de sa
formation : une intériorisation
La fonction choisie : celle qu'on
décide, en soi même : adaptation des
consignes ; une adaptation vitale

La fonction réalisée ; 3 évaluateurs:
soi d'abord, le pair (ou hiérarchie), la
personne aidée
La fonction non réalisée : 3
évaluateurs: soi d'abord, le pair (ou
hiérarachie), la personne aidée

La personne aidée évalue l'action réalisée, et
celle non réalisée ; un espace de rencontre - la
parole est un acte posé parmi d'autres.

L'important : non l'acte, mais le motif profond de
cet acte
Penser l'action avec le regard du partenaire j'entends par partenaire non l'autre professionnel
du réseau, mais la personne "effacée" que je
rencontre.
Ce mot d'effacé peut traduire ma propre mise en
retrait ; mais aussi la notion que le monde (du
travail, des amis, ...) m'a gommé.

Un exemple de gomme
Gommer, c’est disqualifier, c’est ne pas
imaginer comment l’autre va recevoir mon
message
Je suis « hors les clous » si j’imagine que
j’en suis dispensé ; mais ……. la personne
en précarité disqualifie elle aussi l’aidant :
par son échec, elle le traite d’inutile et
d’incapable

bien involontairement 99 fois sur 100

La complexité n’est pas le
désespoir
Complexité : l'étayage des pratiques ne
peut partir des institutions, mais doit aller
des personnes "invisibles" aux institutions.
Commencer par les échanges de savoir, les
co-formations, en "parité" ; un préalable
pour connaître comment faire : des groupes
mixtes, selon les modalités les plus faciles
pour les plus souffrants.
Eviter la « proposition pour demain 9h »

Aucun dispositif de soin ne peut être
efficient, s'il n'est pas validé par le
lecteur à qui il est destiné.
Un exemple :

France : 9% d’adultes en
illettrisme (INSEE, oct. 05)
Un tel document exclut ; il induit une
disqualification, puis une nécessité
d'assistance ! S'il déclenche un mouvement
de colère, la faute est, hélas, et à tort,
reportée à celui qui conteste.
Ou on a alors un renoncement en miroir.
(* soit 2,3 millions de personnes)

Comment aller plus loin
Avec, pour citer Saül Karsz, d’abord
désigner, puis interpréter, enfin rater.
Rater, « sujet réel, donc qui résiste »
Rassurant, de savoir que le réel résiste :
exemple des taux de chômage, ou de mal
logement (travaux de la MRIE) : on parle
des zones grises , donc non éclairées !
-2 millions de chômeurs,
-2 millions « non temps plein »,
-400 000 dispensés d’emploi

Un mécanisme implacable
Plan cohésion sociale : suivi mensuel,
convocations, relances à délais très
courts : « oubli, erreur, épuisement »
(Elisabeth Maurel)
Cela nous rassure :
si on est inutile, les mécanismes
d’enfoncement
sont bien rodés .

Et pourtant :
Comme on le verra, on retrouve :
Solidarité
Mobilisation
Combat pour la dignité
Espérance
Partage
Fête
Joie
Rires

Les éléments spécifiques au
plus pauvres : réalités
Ne pas avoir de logement, de travail,
d’argent …
Ne pas savoir lire
Etre en grande solitude
Ne pouvoir se soigner – vision, soins
dentaires

Les plus pauvres : le vécu
Honte, peur, angoisse, dépression, perte
des repères (temps, repères et soins
corporels), vécu constant de rejet ,
Modification semi-consciente des
événements, recherche de considération,
interprétation, imagination, fantasmes,
fuite dans le rêve, repli sur soi, …

Les réactions communes aux
abandonnés et à ceux qui s’en
préoccupent :
De la douleur : culpabilité, angoisse,
sentiment d’abandon, lassitude,
épuisement, voire désespoir
De la colère, l’envie de se battre, de
crier, de témoigner, de militer

Deux mécanismes de défense
La recherche de bouc émissaires
(administration, le collègue, le voisin, le
professionnel, …) enfin, un responsable

Résignation, détachement : on laisse
tomber. Dans le meilleur des cas,
culpabilité, au pire, indifférence,
dépression, maladies, toxiques, suicide …

Souffrance commune
Elle peut être celle de ne rien voir, de
ne plus savoir regarder d’un œil neuf.
Soit on utilise le mauvais outil …
Soit on regarde de très loin …

Donc, modifier la distance
avec l’autre
Créer ce qui va faire similitude
Ne pas avoir peur de l’autre ; y
compris dans ce « rien » qu’on ne
pourra changer
Exemple des demandeurs d’asile :
carte du pays, livrets santé : 2 outils
où ils sont « enseignants »

Recommandations

Loi de 1998
Accès effectif de tous aux droits
fondamentaux dans les domaines de
l’emploi, du logement, de la protection de la
santé,

de la justice, de l’éducation, de la
formation, de la culture,
de la PROTECTION de la famille et de
l’enfance

Eviter l’urgence
Prendre bien attention au respect de
l’infimité
Piste la démonstrativité « obligatoire »

Ne jamais généraliser

Voir la modification de la personne
***
Essayer de mettre en relation
ses désirs
et la réalité

Créer un projet d’utilité
Investissement par l’autre : en quoi suis-je
investi par l’autre, qu’ai-je reçu de lui (et
non comment je l’ai aidé)

Reconnaissance – se reconnaître identiques
Utilité sociale : quel rôle social joue la
personne présente (expérience des
« adultes relais sans papiers », à Paris

Combattre
3 idées fortes et fausses
1) Les personnes qui ont le RMI et la
CMU sont des profiteurs
2) La France ne peut pas accueillir
toute la misère du monde

3) Une bonne gestion financière va
aboutir à une bonne gestion humaine

Les personnes qui ont le RMI
et la CMU sont des profiteurs
Profit : augmentation des biens que l’on
possède, par exemple
AAH : 621 euros; RMI : 440 euros
……………………….COMPARONS :
Cours du CAC 40, cours de la bourse,
placements …

Et revenu des ménages en habitat social
(parc public et privé)

La France ne peut pas accueillir
toute la misère du monde
La déontologie serait :
Pour un pays riche et développé, de
combien doit être son effort (réel,
c’est-à-dire orienté vers les
populations démunies) , pour aider ?
En somme, « la France doit accueillir
une partie de la misère du monde »

Une bonne gestion financière va
aboutir à une bonne gestion
humaine
C’est ici confondre l’outil et l’objectif ; le but
est une gestion humaine des projets ; la
finance n’est qu’un outil au service de
l’homme .
Dans une décision donnée, parle-t-on de
rentabilité, ou de bien-être ?

Les préalables, pour chacun,
quelle que soit sa position
d’aidant ou d’aidé :
Relation de confiance : « une
espérance ferme en l’autre »
Ecoute ; écouter : « s’appliquer à
entendre »
Respect : « accorder une
considération admirative »
Compréhension :
« donner un sens clair, avoir une
connaissance intuitive de quelqu’un »

Pour cela, 2 points importants
Importance de la formation des
professionnels (santé, social, , par des
parcours de rencontre et de dialogue

Pour une bonne connaissance de la
situation des personnes en précarité ou,
plus loin encore, en grande pauvreté
Constitution d’un projet avec la personne

Les pratiques qui « cassent »
(source : ORSPERE ONSMP)
Ne laisser que des conditions de survie
(besoins primaires)
Absence de lieu de vie à soi
Dossier et personne non différenciés
Absence de réponses concrètes
Attribution d’une identité de victime, sans
étude de famille, école, travail, …
Oubli du risque de malentendu (autre vécu)
Aidant isolé, révolté, impuissant)
Injonctions paradoxales aux professionnels
(Aidez, mais débrouillez-vous)

Les pratiques qui aident
Etre reconnus en tant que personnes
(droit au silence)

Visibilité, prise de parole
Intégration à un groupe
Attention portée aux liens familiaux
Liberté d’élaboration de réponses
individualisées, loin des dispositifs globaux
Partir de l’analyse de la personne
Créer des réseaux pluri professionnels, de
partage des connaissances

Conclusion
Certes, on vit un individualisme érigé en
norme : solitude, culpabilisation de l’échec
Mais des référentiels se construisent:
espaces pour les professionnels
Evolution sociale des démocraties: le
cerveau évolué, multifactoriel, prend le pas
sur le cerveau archaïque, binaire

Bibliographie
François Dubet , Injustices, l’expérience des
inégalités au travail, 2006, Editions du Seuil, Paris
Michel Joubert et Claude Louzoun, Répondre à la
souffrance sociale, 2005, Editions Erès, 31520
Ramonville
Colette Pitici, Les bricoleurs de la précarité, Revue
Rhizome « Réinventer l’institution », N° 25,
déc.06, - téléchargeable sur
http://wuertm.site.voila.fr/rhz25.pdf

Ce diaporama sur
http://crpplyon.site.voila.fr/bg07.pps

Contact : [email protected]
Site pour lecture et publications à
venir (toute recherche est bienvenue)
http://crpplyon.site.voila.fr


Slide 12

Quelle utilité pour
l’homme étouffé, effacé ?
Que faire quand on ne sait plus quoi
faire ?

Un brin de réponse : tenter,
inlassablement, de comprendre
Guy Ardiet, Lyon St Cyr - CEZERIAT, le 31 mai 07

Bien sûr, des situations sont parfois
plus complexes que d’autres ;
Pour ce qui peut faire souffrance, c’est
la sensation aigue d’injustice .

Trois définitions
Utile : dont l’usage, l’emploi, est
avantageux
à quelqu’un ou à la société

L’homme utile apporte à quelqu’un ou
à la société.
L’exclus du travail n’est-il pas exclu de
l’utilité sociale ?

Etouffer :
Priver d’air, asphyxier, oppresser
Episode de reconduite à la frontière ; « un
étranglement sur un passager; l’homme
perd connaissance, yeux révulsés, langue
pendante, écume aux lèvres … »
Témoignage des passagers du vol
Paris-Bamako, Roissy, 26 mai 07

Effacer :
1) Faire disparaître
sans laisser de trace
(une variante : expulser)
2) Faire oublier
(une variante : l’indifférence)

L’homme effacé : celui qu’on a gommé
de la communauté

La ligne directrice de l’exposé
Une souffrance liée à l’exclusion, au
« rejet », à la notion de personne
inutile, indésirable, ou en tout non
prévue d’être vue, là où elle est vue
Une souffrance d’être transparent

Un écart, même « écartèlement »,
entre « espéré » et « vécu »

Une première conséquence
-Pour le sujet invisible : distorsion du réel
(santé à 2/plusieurs vitesses)
 monde à 2/plusieurs réels

 Pour le professionnel : souffrance par
l’écart entre le désir pour l’autre, semblable
à soi, et le constat imaginé de son avenir
(si on est « aidant »,
ce n’est pas par hasard)

Un exposé en 4 volets
1) Un essai de clarification
2) Ce qui est particulier à la
souffrance psychique de la personne
en grande pauvreté
3) Ce qui est commun entre elle et la
personne qui intervient auprès d’elle
4) Quelques constats et les
propositions qui leur sont secondaires

Syndrome d’exclusion sociale,
souffrance psychique
Les définitions sont nombreuses :
Exclusion : perte des sécurités de base :
travail, formation, logement, diplôme,
culture, … (J.Wrésinski)
Souffrance psychique, non psychiatrique,
d’origine sociale (Lazarus)

Les conséquences : honte, inhibition,
découragement (Maisondieu)

On se débat avec des notions
complexes
La justice, l’égalité, l’honneur, le
mérite …
en somme, le bon côté des choses
Et des éléments bien différents :
l’autonomie perdue, la vulnérabilité, la
stigmatisation, le mépris, l’abandon, …
et ce que ces mots évoquent !

Simple : souffrance psychosociale
Souffrance de l'individu, du
professionnel de santé, du
professionnel social, du professionnel
administratif
Douleur à expression psychique,
somatique, ou mixte, suite à une
impasse.

Les 4 fonctions de l'aidant :
imaginaire, choisie, réalisée, et
non réalisée
La fonction imaginaire : celle de sa
formation : une intériorisation
La fonction choisie : celle qu'on
décide, en soi même : adaptation des
consignes ; une adaptation vitale

La fonction réalisée ; 3 évaluateurs:
soi d'abord, le pair (ou hiérarchie), la
personne aidée
La fonction non réalisée : 3
évaluateurs: soi d'abord, le pair (ou
hiérarachie), la personne aidée

La personne aidée évalue l'action réalisée, et
celle non réalisée ; un espace de rencontre - la
parole est un acte posé parmi d'autres.

L'important : non l'acte, mais le motif profond de
cet acte
Penser l'action avec le regard du partenaire j'entends par partenaire non l'autre professionnel
du réseau, mais la personne "effacée" que je
rencontre.
Ce mot d'effacé peut traduire ma propre mise en
retrait ; mais aussi la notion que le monde (du
travail, des amis, ...) m'a gommé.

Un exemple de gomme
Gommer, c’est disqualifier, c’est ne pas
imaginer comment l’autre va recevoir mon
message
Je suis « hors les clous » si j’imagine que
j’en suis dispensé ; mais ……. la personne
en précarité disqualifie elle aussi l’aidant :
par son échec, elle le traite d’inutile et
d’incapable

bien involontairement 99 fois sur 100

La complexité n’est pas le
désespoir
Complexité : l'étayage des pratiques ne
peut partir des institutions, mais doit aller
des personnes "invisibles" aux institutions.
Commencer par les échanges de savoir, les
co-formations, en "parité" ; un préalable
pour connaître comment faire : des groupes
mixtes, selon les modalités les plus faciles
pour les plus souffrants.
Eviter la « proposition pour demain 9h »

Aucun dispositif de soin ne peut être
efficient, s'il n'est pas validé par le
lecteur à qui il est destiné.
Un exemple :

France : 9% d’adultes en
illettrisme (INSEE, oct. 05)
Un tel document exclut ; il induit une
disqualification, puis une nécessité
d'assistance ! S'il déclenche un mouvement
de colère, la faute est, hélas, et à tort,
reportée à celui qui conteste.
Ou on a alors un renoncement en miroir.
(* soit 2,3 millions de personnes)

Comment aller plus loin
Avec, pour citer Saül Karsz, d’abord
désigner, puis interpréter, enfin rater.
Rater, « sujet réel, donc qui résiste »
Rassurant, de savoir que le réel résiste :
exemple des taux de chômage, ou de mal
logement (travaux de la MRIE) : on parle
des zones grises , donc non éclairées !
-2 millions de chômeurs,
-2 millions « non temps plein »,
-400 000 dispensés d’emploi

Un mécanisme implacable
Plan cohésion sociale : suivi mensuel,
convocations, relances à délais très
courts : « oubli, erreur, épuisement »
(Elisabeth Maurel)
Cela nous rassure :
si on est inutile, les mécanismes
d’enfoncement
sont bien rodés .

Et pourtant :
Comme on le verra, on retrouve :
Solidarité
Mobilisation
Combat pour la dignité
Espérance
Partage
Fête
Joie
Rires

Les éléments spécifiques au
plus pauvres : réalités
Ne pas avoir de logement, de travail,
d’argent …
Ne pas savoir lire
Etre en grande solitude
Ne pouvoir se soigner – vision, soins
dentaires

Les plus pauvres : le vécu
Honte, peur, angoisse, dépression, perte
des repères (temps, repères et soins
corporels), vécu constant de rejet ,
Modification semi-consciente des
événements, recherche de considération,
interprétation, imagination, fantasmes,
fuite dans le rêve, repli sur soi, …

Les réactions communes aux
abandonnés et à ceux qui s’en
préoccupent :
De la douleur : culpabilité, angoisse,
sentiment d’abandon, lassitude,
épuisement, voire désespoir
De la colère, l’envie de se battre, de
crier, de témoigner, de militer

Deux mécanismes de défense
La recherche de bouc émissaires
(administration, le collègue, le voisin, le
professionnel, …) enfin, un responsable

Résignation, détachement : on laisse
tomber. Dans le meilleur des cas,
culpabilité, au pire, indifférence,
dépression, maladies, toxiques, suicide …

Souffrance commune
Elle peut être celle de ne rien voir, de
ne plus savoir regarder d’un œil neuf.
Soit on utilise le mauvais outil …
Soit on regarde de très loin …

Donc, modifier la distance
avec l’autre
Créer ce qui va faire similitude
Ne pas avoir peur de l’autre ; y
compris dans ce « rien » qu’on ne
pourra changer
Exemple des demandeurs d’asile :
carte du pays, livrets santé : 2 outils
où ils sont « enseignants »

Recommandations

Loi de 1998
Accès effectif de tous aux droits
fondamentaux dans les domaines de
l’emploi, du logement, de la protection de la
santé,

de la justice, de l’éducation, de la
formation, de la culture,
de la PROTECTION de la famille et de
l’enfance

Eviter l’urgence
Prendre bien attention au respect de
l’infimité
Piste la démonstrativité « obligatoire »

Ne jamais généraliser

Voir la modification de la personne
***
Essayer de mettre en relation
ses désirs
et la réalité

Créer un projet d’utilité
Investissement par l’autre : en quoi suis-je
investi par l’autre, qu’ai-je reçu de lui (et
non comment je l’ai aidé)

Reconnaissance – se reconnaître identiques
Utilité sociale : quel rôle social joue la
personne présente (expérience des
« adultes relais sans papiers », à Paris

Combattre
3 idées fortes et fausses
1) Les personnes qui ont le RMI et la
CMU sont des profiteurs
2) La France ne peut pas accueillir
toute la misère du monde

3) Une bonne gestion financière va
aboutir à une bonne gestion humaine

Les personnes qui ont le RMI
et la CMU sont des profiteurs
Profit : augmentation des biens que l’on
possède, par exemple
AAH : 621 euros; RMI : 440 euros
……………………….COMPARONS :
Cours du CAC 40, cours de la bourse,
placements …

Et revenu des ménages en habitat social
(parc public et privé)

La France ne peut pas accueillir
toute la misère du monde
La déontologie serait :
Pour un pays riche et développé, de
combien doit être son effort (réel,
c’est-à-dire orienté vers les
populations démunies) , pour aider ?
En somme, « la France doit accueillir
une partie de la misère du monde »

Une bonne gestion financière va
aboutir à une bonne gestion
humaine
C’est ici confondre l’outil et l’objectif ; le but
est une gestion humaine des projets ; la
finance n’est qu’un outil au service de
l’homme .
Dans une décision donnée, parle-t-on de
rentabilité, ou de bien-être ?

Les préalables, pour chacun,
quelle que soit sa position
d’aidant ou d’aidé :
Relation de confiance : « une
espérance ferme en l’autre »
Ecoute ; écouter : « s’appliquer à
entendre »
Respect : « accorder une
considération admirative »
Compréhension :
« donner un sens clair, avoir une
connaissance intuitive de quelqu’un »

Pour cela, 2 points importants
Importance de la formation des
professionnels (santé, social, , par des
parcours de rencontre et de dialogue

Pour une bonne connaissance de la
situation des personnes en précarité ou,
plus loin encore, en grande pauvreté
Constitution d’un projet avec la personne

Les pratiques qui « cassent »
(source : ORSPERE ONSMP)
Ne laisser que des conditions de survie
(besoins primaires)
Absence de lieu de vie à soi
Dossier et personne non différenciés
Absence de réponses concrètes
Attribution d’une identité de victime, sans
étude de famille, école, travail, …
Oubli du risque de malentendu (autre vécu)
Aidant isolé, révolté, impuissant)
Injonctions paradoxales aux professionnels
(Aidez, mais débrouillez-vous)

Les pratiques qui aident
Etre reconnus en tant que personnes
(droit au silence)

Visibilité, prise de parole
Intégration à un groupe
Attention portée aux liens familiaux
Liberté d’élaboration de réponses
individualisées, loin des dispositifs globaux
Partir de l’analyse de la personne
Créer des réseaux pluri professionnels, de
partage des connaissances

Conclusion
Certes, on vit un individualisme érigé en
norme : solitude, culpabilisation de l’échec
Mais des référentiels se construisent:
espaces pour les professionnels
Evolution sociale des démocraties: le
cerveau évolué, multifactoriel, prend le pas
sur le cerveau archaïque, binaire

Bibliographie
François Dubet , Injustices, l’expérience des
inégalités au travail, 2006, Editions du Seuil, Paris
Michel Joubert et Claude Louzoun, Répondre à la
souffrance sociale, 2005, Editions Erès, 31520
Ramonville
Colette Pitici, Les bricoleurs de la précarité, Revue
Rhizome « Réinventer l’institution », N° 25,
déc.06, - téléchargeable sur
http://wuertm.site.voila.fr/rhz25.pdf

Ce diaporama sur
http://crpplyon.site.voila.fr/bg07.pps

Contact : [email protected]
Site pour lecture et publications à
venir (toute recherche est bienvenue)
http://crpplyon.site.voila.fr


Slide 13

Quelle utilité pour
l’homme étouffé, effacé ?
Que faire quand on ne sait plus quoi
faire ?

Un brin de réponse : tenter,
inlassablement, de comprendre
Guy Ardiet, Lyon St Cyr - CEZERIAT, le 31 mai 07

Bien sûr, des situations sont parfois
plus complexes que d’autres ;
Pour ce qui peut faire souffrance, c’est
la sensation aigue d’injustice .

Trois définitions
Utile : dont l’usage, l’emploi, est
avantageux
à quelqu’un ou à la société

L’homme utile apporte à quelqu’un ou
à la société.
L’exclus du travail n’est-il pas exclu de
l’utilité sociale ?

Etouffer :
Priver d’air, asphyxier, oppresser
Episode de reconduite à la frontière ; « un
étranglement sur un passager; l’homme
perd connaissance, yeux révulsés, langue
pendante, écume aux lèvres … »
Témoignage des passagers du vol
Paris-Bamako, Roissy, 26 mai 07

Effacer :
1) Faire disparaître
sans laisser de trace
(une variante : expulser)
2) Faire oublier
(une variante : l’indifférence)

L’homme effacé : celui qu’on a gommé
de la communauté

La ligne directrice de l’exposé
Une souffrance liée à l’exclusion, au
« rejet », à la notion de personne
inutile, indésirable, ou en tout non
prévue d’être vue, là où elle est vue
Une souffrance d’être transparent

Un écart, même « écartèlement »,
entre « espéré » et « vécu »

Une première conséquence
-Pour le sujet invisible : distorsion du réel
(santé à 2/plusieurs vitesses)
 monde à 2/plusieurs réels

 Pour le professionnel : souffrance par
l’écart entre le désir pour l’autre, semblable
à soi, et le constat imaginé de son avenir
(si on est « aidant »,
ce n’est pas par hasard)

Un exposé en 4 volets
1) Un essai de clarification
2) Ce qui est particulier à la
souffrance psychique de la personne
en grande pauvreté
3) Ce qui est commun entre elle et la
personne qui intervient auprès d’elle
4) Quelques constats et les
propositions qui leur sont secondaires

Syndrome d’exclusion sociale,
souffrance psychique
Les définitions sont nombreuses :
Exclusion : perte des sécurités de base :
travail, formation, logement, diplôme,
culture, … (J.Wrésinski)
Souffrance psychique, non psychiatrique,
d’origine sociale (Lazarus)

Les conséquences : honte, inhibition,
découragement (Maisondieu)

On se débat avec des notions
complexes
La justice, l’égalité, l’honneur, le
mérite …
en somme, le bon côté des choses
Et des éléments bien différents :
l’autonomie perdue, la vulnérabilité, la
stigmatisation, le mépris, l’abandon, …
et ce que ces mots évoquent !

Simple : souffrance psychosociale
Souffrance de l'individu, du
professionnel de santé, du
professionnel social, du professionnel
administratif
Douleur à expression psychique,
somatique, ou mixte, suite à une
impasse.

Les 4 fonctions de l'aidant :
imaginaire, choisie, réalisée, et
non réalisée
La fonction imaginaire : celle de sa
formation : une intériorisation
La fonction choisie : celle qu'on
décide, en soi même : adaptation des
consignes ; une adaptation vitale

La fonction réalisée ; 3 évaluateurs:
soi d'abord, le pair (ou hiérarchie), la
personne aidée
La fonction non réalisée : 3
évaluateurs: soi d'abord, le pair (ou
hiérarachie), la personne aidée

La personne aidée évalue l'action réalisée, et
celle non réalisée ; un espace de rencontre - la
parole est un acte posé parmi d'autres.

L'important : non l'acte, mais le motif profond de
cet acte
Penser l'action avec le regard du partenaire j'entends par partenaire non l'autre professionnel
du réseau, mais la personne "effacée" que je
rencontre.
Ce mot d'effacé peut traduire ma propre mise en
retrait ; mais aussi la notion que le monde (du
travail, des amis, ...) m'a gommé.

Un exemple de gomme
Gommer, c’est disqualifier, c’est ne pas
imaginer comment l’autre va recevoir mon
message
Je suis « hors les clous » si j’imagine que
j’en suis dispensé ; mais ……. la personne
en précarité disqualifie elle aussi l’aidant :
par son échec, elle le traite d’inutile et
d’incapable

bien involontairement 99 fois sur 100

La complexité n’est pas le
désespoir
Complexité : l'étayage des pratiques ne
peut partir des institutions, mais doit aller
des personnes "invisibles" aux institutions.
Commencer par les échanges de savoir, les
co-formations, en "parité" ; un préalable
pour connaître comment faire : des groupes
mixtes, selon les modalités les plus faciles
pour les plus souffrants.
Eviter la « proposition pour demain 9h »

Aucun dispositif de soin ne peut être
efficient, s'il n'est pas validé par le
lecteur à qui il est destiné.
Un exemple :

France : 9% d’adultes en
illettrisme (INSEE, oct. 05)
Un tel document exclut ; il induit une
disqualification, puis une nécessité
d'assistance ! S'il déclenche un mouvement
de colère, la faute est, hélas, et à tort,
reportée à celui qui conteste.
Ou on a alors un renoncement en miroir.
(* soit 2,3 millions de personnes)

Comment aller plus loin
Avec, pour citer Saül Karsz, d’abord
désigner, puis interpréter, enfin rater.
Rater, « sujet réel, donc qui résiste »
Rassurant, de savoir que le réel résiste :
exemple des taux de chômage, ou de mal
logement (travaux de la MRIE) : on parle
des zones grises , donc non éclairées !
-2 millions de chômeurs,
-2 millions « non temps plein »,
-400 000 dispensés d’emploi

Un mécanisme implacable
Plan cohésion sociale : suivi mensuel,
convocations, relances à délais très
courts : « oubli, erreur, épuisement »
(Elisabeth Maurel)
Cela nous rassure :
si on est inutile, les mécanismes
d’enfoncement
sont bien rodés .

Et pourtant :
Comme on le verra, on retrouve :
Solidarité
Mobilisation
Combat pour la dignité
Espérance
Partage
Fête
Joie
Rires

Les éléments spécifiques au
plus pauvres : réalités
Ne pas avoir de logement, de travail,
d’argent …
Ne pas savoir lire
Etre en grande solitude
Ne pouvoir se soigner – vision, soins
dentaires

Les plus pauvres : le vécu
Honte, peur, angoisse, dépression, perte
des repères (temps, repères et soins
corporels), vécu constant de rejet ,
Modification semi-consciente des
événements, recherche de considération,
interprétation, imagination, fantasmes,
fuite dans le rêve, repli sur soi, …

Les réactions communes aux
abandonnés et à ceux qui s’en
préoccupent :
De la douleur : culpabilité, angoisse,
sentiment d’abandon, lassitude,
épuisement, voire désespoir
De la colère, l’envie de se battre, de
crier, de témoigner, de militer

Deux mécanismes de défense
La recherche de bouc émissaires
(administration, le collègue, le voisin, le
professionnel, …) enfin, un responsable

Résignation, détachement : on laisse
tomber. Dans le meilleur des cas,
culpabilité, au pire, indifférence,
dépression, maladies, toxiques, suicide …

Souffrance commune
Elle peut être celle de ne rien voir, de
ne plus savoir regarder d’un œil neuf.
Soit on utilise le mauvais outil …
Soit on regarde de très loin …

Donc, modifier la distance
avec l’autre
Créer ce qui va faire similitude
Ne pas avoir peur de l’autre ; y
compris dans ce « rien » qu’on ne
pourra changer
Exemple des demandeurs d’asile :
carte du pays, livrets santé : 2 outils
où ils sont « enseignants »

Recommandations

Loi de 1998
Accès effectif de tous aux droits
fondamentaux dans les domaines de
l’emploi, du logement, de la protection de la
santé,

de la justice, de l’éducation, de la
formation, de la culture,
de la PROTECTION de la famille et de
l’enfance

Eviter l’urgence
Prendre bien attention au respect de
l’infimité
Piste la démonstrativité « obligatoire »

Ne jamais généraliser

Voir la modification de la personne
***
Essayer de mettre en relation
ses désirs
et la réalité

Créer un projet d’utilité
Investissement par l’autre : en quoi suis-je
investi par l’autre, qu’ai-je reçu de lui (et
non comment je l’ai aidé)

Reconnaissance – se reconnaître identiques
Utilité sociale : quel rôle social joue la
personne présente (expérience des
« adultes relais sans papiers », à Paris

Combattre
3 idées fortes et fausses
1) Les personnes qui ont le RMI et la
CMU sont des profiteurs
2) La France ne peut pas accueillir
toute la misère du monde

3) Une bonne gestion financière va
aboutir à une bonne gestion humaine

Les personnes qui ont le RMI
et la CMU sont des profiteurs
Profit : augmentation des biens que l’on
possède, par exemple
AAH : 621 euros; RMI : 440 euros
……………………….COMPARONS :
Cours du CAC 40, cours de la bourse,
placements …

Et revenu des ménages en habitat social
(parc public et privé)

La France ne peut pas accueillir
toute la misère du monde
La déontologie serait :
Pour un pays riche et développé, de
combien doit être son effort (réel,
c’est-à-dire orienté vers les
populations démunies) , pour aider ?
En somme, « la France doit accueillir
une partie de la misère du monde »

Une bonne gestion financière va
aboutir à une bonne gestion
humaine
C’est ici confondre l’outil et l’objectif ; le but
est une gestion humaine des projets ; la
finance n’est qu’un outil au service de
l’homme .
Dans une décision donnée, parle-t-on de
rentabilité, ou de bien-être ?

Les préalables, pour chacun,
quelle que soit sa position
d’aidant ou d’aidé :
Relation de confiance : « une
espérance ferme en l’autre »
Ecoute ; écouter : « s’appliquer à
entendre »
Respect : « accorder une
considération admirative »
Compréhension :
« donner un sens clair, avoir une
connaissance intuitive de quelqu’un »

Pour cela, 2 points importants
Importance de la formation des
professionnels (santé, social, , par des
parcours de rencontre et de dialogue

Pour une bonne connaissance de la
situation des personnes en précarité ou,
plus loin encore, en grande pauvreté
Constitution d’un projet avec la personne

Les pratiques qui « cassent »
(source : ORSPERE ONSMP)
Ne laisser que des conditions de survie
(besoins primaires)
Absence de lieu de vie à soi
Dossier et personne non différenciés
Absence de réponses concrètes
Attribution d’une identité de victime, sans
étude de famille, école, travail, …
Oubli du risque de malentendu (autre vécu)
Aidant isolé, révolté, impuissant)
Injonctions paradoxales aux professionnels
(Aidez, mais débrouillez-vous)

Les pratiques qui aident
Etre reconnus en tant que personnes
(droit au silence)

Visibilité, prise de parole
Intégration à un groupe
Attention portée aux liens familiaux
Liberté d’élaboration de réponses
individualisées, loin des dispositifs globaux
Partir de l’analyse de la personne
Créer des réseaux pluri professionnels, de
partage des connaissances

Conclusion
Certes, on vit un individualisme érigé en
norme : solitude, culpabilisation de l’échec
Mais des référentiels se construisent:
espaces pour les professionnels
Evolution sociale des démocraties: le
cerveau évolué, multifactoriel, prend le pas
sur le cerveau archaïque, binaire

Bibliographie
François Dubet , Injustices, l’expérience des
inégalités au travail, 2006, Editions du Seuil, Paris
Michel Joubert et Claude Louzoun, Répondre à la
souffrance sociale, 2005, Editions Erès, 31520
Ramonville
Colette Pitici, Les bricoleurs de la précarité, Revue
Rhizome « Réinventer l’institution », N° 25,
déc.06, - téléchargeable sur
http://wuertm.site.voila.fr/rhz25.pdf

Ce diaporama sur
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Contact : [email protected]
Site pour lecture et publications à
venir (toute recherche est bienvenue)
http://crpplyon.site.voila.fr


Slide 14

Quelle utilité pour
l’homme étouffé, effacé ?
Que faire quand on ne sait plus quoi
faire ?

Un brin de réponse : tenter,
inlassablement, de comprendre
Guy Ardiet, Lyon St Cyr - CEZERIAT, le 31 mai 07

Bien sûr, des situations sont parfois
plus complexes que d’autres ;
Pour ce qui peut faire souffrance, c’est
la sensation aigue d’injustice .

Trois définitions
Utile : dont l’usage, l’emploi, est
avantageux
à quelqu’un ou à la société

L’homme utile apporte à quelqu’un ou
à la société.
L’exclus du travail n’est-il pas exclu de
l’utilité sociale ?

Etouffer :
Priver d’air, asphyxier, oppresser
Episode de reconduite à la frontière ; « un
étranglement sur un passager; l’homme
perd connaissance, yeux révulsés, langue
pendante, écume aux lèvres … »
Témoignage des passagers du vol
Paris-Bamako, Roissy, 26 mai 07

Effacer :
1) Faire disparaître
sans laisser de trace
(une variante : expulser)
2) Faire oublier
(une variante : l’indifférence)

L’homme effacé : celui qu’on a gommé
de la communauté

La ligne directrice de l’exposé
Une souffrance liée à l’exclusion, au
« rejet », à la notion de personne
inutile, indésirable, ou en tout non
prévue d’être vue, là où elle est vue
Une souffrance d’être transparent

Un écart, même « écartèlement »,
entre « espéré » et « vécu »

Une première conséquence
-Pour le sujet invisible : distorsion du réel
(santé à 2/plusieurs vitesses)
 monde à 2/plusieurs réels

 Pour le professionnel : souffrance par
l’écart entre le désir pour l’autre, semblable
à soi, et le constat imaginé de son avenir
(si on est « aidant »,
ce n’est pas par hasard)

Un exposé en 4 volets
1) Un essai de clarification
2) Ce qui est particulier à la
souffrance psychique de la personne
en grande pauvreté
3) Ce qui est commun entre elle et la
personne qui intervient auprès d’elle
4) Quelques constats et les
propositions qui leur sont secondaires

Syndrome d’exclusion sociale,
souffrance psychique
Les définitions sont nombreuses :
Exclusion : perte des sécurités de base :
travail, formation, logement, diplôme,
culture, … (J.Wrésinski)
Souffrance psychique, non psychiatrique,
d’origine sociale (Lazarus)

Les conséquences : honte, inhibition,
découragement (Maisondieu)

On se débat avec des notions
complexes
La justice, l’égalité, l’honneur, le
mérite …
en somme, le bon côté des choses
Et des éléments bien différents :
l’autonomie perdue, la vulnérabilité, la
stigmatisation, le mépris, l’abandon, …
et ce que ces mots évoquent !

Simple : souffrance psychosociale
Souffrance de l'individu, du
professionnel de santé, du
professionnel social, du professionnel
administratif
Douleur à expression psychique,
somatique, ou mixte, suite à une
impasse.

Les 4 fonctions de l'aidant :
imaginaire, choisie, réalisée, et
non réalisée
La fonction imaginaire : celle de sa
formation : une intériorisation
La fonction choisie : celle qu'on
décide, en soi même : adaptation des
consignes ; une adaptation vitale

La fonction réalisée ; 3 évaluateurs:
soi d'abord, le pair (ou hiérarchie), la
personne aidée
La fonction non réalisée : 3
évaluateurs: soi d'abord, le pair (ou
hiérarachie), la personne aidée

La personne aidée évalue l'action réalisée, et
celle non réalisée ; un espace de rencontre - la
parole est un acte posé parmi d'autres.

L'important : non l'acte, mais le motif profond de
cet acte
Penser l'action avec le regard du partenaire j'entends par partenaire non l'autre professionnel
du réseau, mais la personne "effacée" que je
rencontre.
Ce mot d'effacé peut traduire ma propre mise en
retrait ; mais aussi la notion que le monde (du
travail, des amis, ...) m'a gommé.

Un exemple de gomme
Gommer, c’est disqualifier, c’est ne pas
imaginer comment l’autre va recevoir mon
message
Je suis « hors les clous » si j’imagine que
j’en suis dispensé ; mais ……. la personne
en précarité disqualifie elle aussi l’aidant :
par son échec, elle le traite d’inutile et
d’incapable

bien involontairement 99 fois sur 100

La complexité n’est pas le
désespoir
Complexité : l'étayage des pratiques ne
peut partir des institutions, mais doit aller
des personnes "invisibles" aux institutions.
Commencer par les échanges de savoir, les
co-formations, en "parité" ; un préalable
pour connaître comment faire : des groupes
mixtes, selon les modalités les plus faciles
pour les plus souffrants.
Eviter la « proposition pour demain 9h »

Aucun dispositif de soin ne peut être
efficient, s'il n'est pas validé par le
lecteur à qui il est destiné.
Un exemple :

France : 9% d’adultes en
illettrisme (INSEE, oct. 05)
Un tel document exclut ; il induit une
disqualification, puis une nécessité
d'assistance ! S'il déclenche un mouvement
de colère, la faute est, hélas, et à tort,
reportée à celui qui conteste.
Ou on a alors un renoncement en miroir.
(* soit 2,3 millions de personnes)

Comment aller plus loin
Avec, pour citer Saül Karsz, d’abord
désigner, puis interpréter, enfin rater.
Rater, « sujet réel, donc qui résiste »
Rassurant, de savoir que le réel résiste :
exemple des taux de chômage, ou de mal
logement (travaux de la MRIE) : on parle
des zones grises , donc non éclairées !
-2 millions de chômeurs,
-2 millions « non temps plein »,
-400 000 dispensés d’emploi

Un mécanisme implacable
Plan cohésion sociale : suivi mensuel,
convocations, relances à délais très
courts : « oubli, erreur, épuisement »
(Elisabeth Maurel)
Cela nous rassure :
si on est inutile, les mécanismes
d’enfoncement
sont bien rodés .

Et pourtant :
Comme on le verra, on retrouve :
Solidarité
Mobilisation
Combat pour la dignité
Espérance
Partage
Fête
Joie
Rires

Les éléments spécifiques au
plus pauvres : réalités
Ne pas avoir de logement, de travail,
d’argent …
Ne pas savoir lire
Etre en grande solitude
Ne pouvoir se soigner – vision, soins
dentaires

Les plus pauvres : le vécu
Honte, peur, angoisse, dépression, perte
des repères (temps, repères et soins
corporels), vécu constant de rejet ,
Modification semi-consciente des
événements, recherche de considération,
interprétation, imagination, fantasmes,
fuite dans le rêve, repli sur soi, …

Les réactions communes aux
abandonnés et à ceux qui s’en
préoccupent :
De la douleur : culpabilité, angoisse,
sentiment d’abandon, lassitude,
épuisement, voire désespoir
De la colère, l’envie de se battre, de
crier, de témoigner, de militer

Deux mécanismes de défense
La recherche de bouc émissaires
(administration, le collègue, le voisin, le
professionnel, …) enfin, un responsable

Résignation, détachement : on laisse
tomber. Dans le meilleur des cas,
culpabilité, au pire, indifférence,
dépression, maladies, toxiques, suicide …

Souffrance commune
Elle peut être celle de ne rien voir, de
ne plus savoir regarder d’un œil neuf.
Soit on utilise le mauvais outil …
Soit on regarde de très loin …

Donc, modifier la distance
avec l’autre
Créer ce qui va faire similitude
Ne pas avoir peur de l’autre ; y
compris dans ce « rien » qu’on ne
pourra changer
Exemple des demandeurs d’asile :
carte du pays, livrets santé : 2 outils
où ils sont « enseignants »

Recommandations

Loi de 1998
Accès effectif de tous aux droits
fondamentaux dans les domaines de
l’emploi, du logement, de la protection de la
santé,

de la justice, de l’éducation, de la
formation, de la culture,
de la PROTECTION de la famille et de
l’enfance

Eviter l’urgence
Prendre bien attention au respect de
l’infimité
Piste la démonstrativité « obligatoire »

Ne jamais généraliser

Voir la modification de la personne
***
Essayer de mettre en relation
ses désirs
et la réalité

Créer un projet d’utilité
Investissement par l’autre : en quoi suis-je
investi par l’autre, qu’ai-je reçu de lui (et
non comment je l’ai aidé)

Reconnaissance – se reconnaître identiques
Utilité sociale : quel rôle social joue la
personne présente (expérience des
« adultes relais sans papiers », à Paris

Combattre
3 idées fortes et fausses
1) Les personnes qui ont le RMI et la
CMU sont des profiteurs
2) La France ne peut pas accueillir
toute la misère du monde

3) Une bonne gestion financière va
aboutir à une bonne gestion humaine

Les personnes qui ont le RMI
et la CMU sont des profiteurs
Profit : augmentation des biens que l’on
possède, par exemple
AAH : 621 euros; RMI : 440 euros
……………………….COMPARONS :
Cours du CAC 40, cours de la bourse,
placements …

Et revenu des ménages en habitat social
(parc public et privé)

La France ne peut pas accueillir
toute la misère du monde
La déontologie serait :
Pour un pays riche et développé, de
combien doit être son effort (réel,
c’est-à-dire orienté vers les
populations démunies) , pour aider ?
En somme, « la France doit accueillir
une partie de la misère du monde »

Une bonne gestion financière va
aboutir à une bonne gestion
humaine
C’est ici confondre l’outil et l’objectif ; le but
est une gestion humaine des projets ; la
finance n’est qu’un outil au service de
l’homme .
Dans une décision donnée, parle-t-on de
rentabilité, ou de bien-être ?

Les préalables, pour chacun,
quelle que soit sa position
d’aidant ou d’aidé :
Relation de confiance : « une
espérance ferme en l’autre »
Ecoute ; écouter : « s’appliquer à
entendre »
Respect : « accorder une
considération admirative »
Compréhension :
« donner un sens clair, avoir une
connaissance intuitive de quelqu’un »

Pour cela, 2 points importants
Importance de la formation des
professionnels (santé, social, , par des
parcours de rencontre et de dialogue

Pour une bonne connaissance de la
situation des personnes en précarité ou,
plus loin encore, en grande pauvreté
Constitution d’un projet avec la personne

Les pratiques qui « cassent »
(source : ORSPERE ONSMP)
Ne laisser que des conditions de survie
(besoins primaires)
Absence de lieu de vie à soi
Dossier et personne non différenciés
Absence de réponses concrètes
Attribution d’une identité de victime, sans
étude de famille, école, travail, …
Oubli du risque de malentendu (autre vécu)
Aidant isolé, révolté, impuissant)
Injonctions paradoxales aux professionnels
(Aidez, mais débrouillez-vous)

Les pratiques qui aident
Etre reconnus en tant que personnes
(droit au silence)

Visibilité, prise de parole
Intégration à un groupe
Attention portée aux liens familiaux
Liberté d’élaboration de réponses
individualisées, loin des dispositifs globaux
Partir de l’analyse de la personne
Créer des réseaux pluri professionnels, de
partage des connaissances

Conclusion
Certes, on vit un individualisme érigé en
norme : solitude, culpabilisation de l’échec
Mais des référentiels se construisent:
espaces pour les professionnels
Evolution sociale des démocraties: le
cerveau évolué, multifactoriel, prend le pas
sur le cerveau archaïque, binaire

Bibliographie
François Dubet , Injustices, l’expérience des
inégalités au travail, 2006, Editions du Seuil, Paris
Michel Joubert et Claude Louzoun, Répondre à la
souffrance sociale, 2005, Editions Erès, 31520
Ramonville
Colette Pitici, Les bricoleurs de la précarité, Revue
Rhizome « Réinventer l’institution », N° 25,
déc.06, - téléchargeable sur
http://wuertm.site.voila.fr/rhz25.pdf

Ce diaporama sur
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Contact : [email protected]
Site pour lecture et publications à
venir (toute recherche est bienvenue)
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Slide 15

Quelle utilité pour
l’homme étouffé, effacé ?
Que faire quand on ne sait plus quoi
faire ?

Un brin de réponse : tenter,
inlassablement, de comprendre
Guy Ardiet, Lyon St Cyr - CEZERIAT, le 31 mai 07

Bien sûr, des situations sont parfois
plus complexes que d’autres ;
Pour ce qui peut faire souffrance, c’est
la sensation aigue d’injustice .

Trois définitions
Utile : dont l’usage, l’emploi, est
avantageux
à quelqu’un ou à la société

L’homme utile apporte à quelqu’un ou
à la société.
L’exclus du travail n’est-il pas exclu de
l’utilité sociale ?

Etouffer :
Priver d’air, asphyxier, oppresser
Episode de reconduite à la frontière ; « un
étranglement sur un passager; l’homme
perd connaissance, yeux révulsés, langue
pendante, écume aux lèvres … »
Témoignage des passagers du vol
Paris-Bamako, Roissy, 26 mai 07

Effacer :
1) Faire disparaître
sans laisser de trace
(une variante : expulser)
2) Faire oublier
(une variante : l’indifférence)

L’homme effacé : celui qu’on a gommé
de la communauté

La ligne directrice de l’exposé
Une souffrance liée à l’exclusion, au
« rejet », à la notion de personne
inutile, indésirable, ou en tout non
prévue d’être vue, là où elle est vue
Une souffrance d’être transparent

Un écart, même « écartèlement »,
entre « espéré » et « vécu »

Une première conséquence
-Pour le sujet invisible : distorsion du réel
(santé à 2/plusieurs vitesses)
 monde à 2/plusieurs réels

 Pour le professionnel : souffrance par
l’écart entre le désir pour l’autre, semblable
à soi, et le constat imaginé de son avenir
(si on est « aidant »,
ce n’est pas par hasard)

Un exposé en 4 volets
1) Un essai de clarification
2) Ce qui est particulier à la
souffrance psychique de la personne
en grande pauvreté
3) Ce qui est commun entre elle et la
personne qui intervient auprès d’elle
4) Quelques constats et les
propositions qui leur sont secondaires

Syndrome d’exclusion sociale,
souffrance psychique
Les définitions sont nombreuses :
Exclusion : perte des sécurités de base :
travail, formation, logement, diplôme,
culture, … (J.Wrésinski)
Souffrance psychique, non psychiatrique,
d’origine sociale (Lazarus)

Les conséquences : honte, inhibition,
découragement (Maisondieu)

On se débat avec des notions
complexes
La justice, l’égalité, l’honneur, le
mérite …
en somme, le bon côté des choses
Et des éléments bien différents :
l’autonomie perdue, la vulnérabilité, la
stigmatisation, le mépris, l’abandon, …
et ce que ces mots évoquent !

Simple : souffrance psychosociale
Souffrance de l'individu, du
professionnel de santé, du
professionnel social, du professionnel
administratif
Douleur à expression psychique,
somatique, ou mixte, suite à une
impasse.

Les 4 fonctions de l'aidant :
imaginaire, choisie, réalisée, et
non réalisée
La fonction imaginaire : celle de sa
formation : une intériorisation
La fonction choisie : celle qu'on
décide, en soi même : adaptation des
consignes ; une adaptation vitale

La fonction réalisée ; 3 évaluateurs:
soi d'abord, le pair (ou hiérarchie), la
personne aidée
La fonction non réalisée : 3
évaluateurs: soi d'abord, le pair (ou
hiérarachie), la personne aidée

La personne aidée évalue l'action réalisée, et
celle non réalisée ; un espace de rencontre - la
parole est un acte posé parmi d'autres.

L'important : non l'acte, mais le motif profond de
cet acte
Penser l'action avec le regard du partenaire j'entends par partenaire non l'autre professionnel
du réseau, mais la personne "effacée" que je
rencontre.
Ce mot d'effacé peut traduire ma propre mise en
retrait ; mais aussi la notion que le monde (du
travail, des amis, ...) m'a gommé.

Un exemple de gomme
Gommer, c’est disqualifier, c’est ne pas
imaginer comment l’autre va recevoir mon
message
Je suis « hors les clous » si j’imagine que
j’en suis dispensé ; mais ……. la personne
en précarité disqualifie elle aussi l’aidant :
par son échec, elle le traite d’inutile et
d’incapable

bien involontairement 99 fois sur 100

La complexité n’est pas le
désespoir
Complexité : l'étayage des pratiques ne
peut partir des institutions, mais doit aller
des personnes "invisibles" aux institutions.
Commencer par les échanges de savoir, les
co-formations, en "parité" ; un préalable
pour connaître comment faire : des groupes
mixtes, selon les modalités les plus faciles
pour les plus souffrants.
Eviter la « proposition pour demain 9h »

Aucun dispositif de soin ne peut être
efficient, s'il n'est pas validé par le
lecteur à qui il est destiné.
Un exemple :

France : 9% d’adultes en
illettrisme (INSEE, oct. 05)
Un tel document exclut ; il induit une
disqualification, puis une nécessité
d'assistance ! S'il déclenche un mouvement
de colère, la faute est, hélas, et à tort,
reportée à celui qui conteste.
Ou on a alors un renoncement en miroir.
(* soit 2,3 millions de personnes)

Comment aller plus loin
Avec, pour citer Saül Karsz, d’abord
désigner, puis interpréter, enfin rater.
Rater, « sujet réel, donc qui résiste »
Rassurant, de savoir que le réel résiste :
exemple des taux de chômage, ou de mal
logement (travaux de la MRIE) : on parle
des zones grises , donc non éclairées !
-2 millions de chômeurs,
-2 millions « non temps plein »,
-400 000 dispensés d’emploi

Un mécanisme implacable
Plan cohésion sociale : suivi mensuel,
convocations, relances à délais très
courts : « oubli, erreur, épuisement »
(Elisabeth Maurel)
Cela nous rassure :
si on est inutile, les mécanismes
d’enfoncement
sont bien rodés .

Et pourtant :
Comme on le verra, on retrouve :
Solidarité
Mobilisation
Combat pour la dignité
Espérance
Partage
Fête
Joie
Rires

Les éléments spécifiques au
plus pauvres : réalités
Ne pas avoir de logement, de travail,
d’argent …
Ne pas savoir lire
Etre en grande solitude
Ne pouvoir se soigner – vision, soins
dentaires

Les plus pauvres : le vécu
Honte, peur, angoisse, dépression, perte
des repères (temps, repères et soins
corporels), vécu constant de rejet ,
Modification semi-consciente des
événements, recherche de considération,
interprétation, imagination, fantasmes,
fuite dans le rêve, repli sur soi, …

Les réactions communes aux
abandonnés et à ceux qui s’en
préoccupent :
De la douleur : culpabilité, angoisse,
sentiment d’abandon, lassitude,
épuisement, voire désespoir
De la colère, l’envie de se battre, de
crier, de témoigner, de militer

Deux mécanismes de défense
La recherche de bouc émissaires
(administration, le collègue, le voisin, le
professionnel, …) enfin, un responsable

Résignation, détachement : on laisse
tomber. Dans le meilleur des cas,
culpabilité, au pire, indifférence,
dépression, maladies, toxiques, suicide …

Souffrance commune
Elle peut être celle de ne rien voir, de
ne plus savoir regarder d’un œil neuf.
Soit on utilise le mauvais outil …
Soit on regarde de très loin …

Donc, modifier la distance
avec l’autre
Créer ce qui va faire similitude
Ne pas avoir peur de l’autre ; y
compris dans ce « rien » qu’on ne
pourra changer
Exemple des demandeurs d’asile :
carte du pays, livrets santé : 2 outils
où ils sont « enseignants »

Recommandations

Loi de 1998
Accès effectif de tous aux droits
fondamentaux dans les domaines de
l’emploi, du logement, de la protection de la
santé,

de la justice, de l’éducation, de la
formation, de la culture,
de la PROTECTION de la famille et de
l’enfance

Eviter l’urgence
Prendre bien attention au respect de
l’infimité
Piste la démonstrativité « obligatoire »

Ne jamais généraliser

Voir la modification de la personne
***
Essayer de mettre en relation
ses désirs
et la réalité

Créer un projet d’utilité
Investissement par l’autre : en quoi suis-je
investi par l’autre, qu’ai-je reçu de lui (et
non comment je l’ai aidé)

Reconnaissance – se reconnaître identiques
Utilité sociale : quel rôle social joue la
personne présente (expérience des
« adultes relais sans papiers », à Paris

Combattre
3 idées fortes et fausses
1) Les personnes qui ont le RMI et la
CMU sont des profiteurs
2) La France ne peut pas accueillir
toute la misère du monde

3) Une bonne gestion financière va
aboutir à une bonne gestion humaine

Les personnes qui ont le RMI
et la CMU sont des profiteurs
Profit : augmentation des biens que l’on
possède, par exemple
AAH : 621 euros; RMI : 440 euros
……………………….COMPARONS :
Cours du CAC 40, cours de la bourse,
placements …

Et revenu des ménages en habitat social
(parc public et privé)

La France ne peut pas accueillir
toute la misère du monde
La déontologie serait :
Pour un pays riche et développé, de
combien doit être son effort (réel,
c’est-à-dire orienté vers les
populations démunies) , pour aider ?
En somme, « la France doit accueillir
une partie de la misère du monde »

Une bonne gestion financière va
aboutir à une bonne gestion
humaine
C’est ici confondre l’outil et l’objectif ; le but
est une gestion humaine des projets ; la
finance n’est qu’un outil au service de
l’homme .
Dans une décision donnée, parle-t-on de
rentabilité, ou de bien-être ?

Les préalables, pour chacun,
quelle que soit sa position
d’aidant ou d’aidé :
Relation de confiance : « une
espérance ferme en l’autre »
Ecoute ; écouter : « s’appliquer à
entendre »
Respect : « accorder une
considération admirative »
Compréhension :
« donner un sens clair, avoir une
connaissance intuitive de quelqu’un »

Pour cela, 2 points importants
Importance de la formation des
professionnels (santé, social, , par des
parcours de rencontre et de dialogue

Pour une bonne connaissance de la
situation des personnes en précarité ou,
plus loin encore, en grande pauvreté
Constitution d’un projet avec la personne

Les pratiques qui « cassent »
(source : ORSPERE ONSMP)
Ne laisser que des conditions de survie
(besoins primaires)
Absence de lieu de vie à soi
Dossier et personne non différenciés
Absence de réponses concrètes
Attribution d’une identité de victime, sans
étude de famille, école, travail, …
Oubli du risque de malentendu (autre vécu)
Aidant isolé, révolté, impuissant)
Injonctions paradoxales aux professionnels
(Aidez, mais débrouillez-vous)

Les pratiques qui aident
Etre reconnus en tant que personnes
(droit au silence)

Visibilité, prise de parole
Intégration à un groupe
Attention portée aux liens familiaux
Liberté d’élaboration de réponses
individualisées, loin des dispositifs globaux
Partir de l’analyse de la personne
Créer des réseaux pluri professionnels, de
partage des connaissances

Conclusion
Certes, on vit un individualisme érigé en
norme : solitude, culpabilisation de l’échec
Mais des référentiels se construisent:
espaces pour les professionnels
Evolution sociale des démocraties: le
cerveau évolué, multifactoriel, prend le pas
sur le cerveau archaïque, binaire

Bibliographie
François Dubet , Injustices, l’expérience des
inégalités au travail, 2006, Editions du Seuil, Paris
Michel Joubert et Claude Louzoun, Répondre à la
souffrance sociale, 2005, Editions Erès, 31520
Ramonville
Colette Pitici, Les bricoleurs de la précarité, Revue
Rhizome « Réinventer l’institution », N° 25,
déc.06, - téléchargeable sur
http://wuertm.site.voila.fr/rhz25.pdf

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Quelle utilité pour
l’homme étouffé, effacé ?
Que faire quand on ne sait plus quoi
faire ?

Un brin de réponse : tenter,
inlassablement, de comprendre
Guy Ardiet, Lyon St Cyr - CEZERIAT, le 31 mai 07

Bien sûr, des situations sont parfois
plus complexes que d’autres ;
Pour ce qui peut faire souffrance, c’est
la sensation aigue d’injustice .

Trois définitions
Utile : dont l’usage, l’emploi, est
avantageux
à quelqu’un ou à la société

L’homme utile apporte à quelqu’un ou
à la société.
L’exclus du travail n’est-il pas exclu de
l’utilité sociale ?

Etouffer :
Priver d’air, asphyxier, oppresser
Episode de reconduite à la frontière ; « un
étranglement sur un passager; l’homme
perd connaissance, yeux révulsés, langue
pendante, écume aux lèvres … »
Témoignage des passagers du vol
Paris-Bamako, Roissy, 26 mai 07

Effacer :
1) Faire disparaître
sans laisser de trace
(une variante : expulser)
2) Faire oublier
(une variante : l’indifférence)

L’homme effacé : celui qu’on a gommé
de la communauté

La ligne directrice de l’exposé
Une souffrance liée à l’exclusion, au
« rejet », à la notion de personne
inutile, indésirable, ou en tout non
prévue d’être vue, là où elle est vue
Une souffrance d’être transparent

Un écart, même « écartèlement »,
entre « espéré » et « vécu »

Une première conséquence
-Pour le sujet invisible : distorsion du réel
(santé à 2/plusieurs vitesses)
 monde à 2/plusieurs réels

 Pour le professionnel : souffrance par
l’écart entre le désir pour l’autre, semblable
à soi, et le constat imaginé de son avenir
(si on est « aidant »,
ce n’est pas par hasard)

Un exposé en 4 volets
1) Un essai de clarification
2) Ce qui est particulier à la
souffrance psychique de la personne
en grande pauvreté
3) Ce qui est commun entre elle et la
personne qui intervient auprès d’elle
4) Quelques constats et les
propositions qui leur sont secondaires

Syndrome d’exclusion sociale,
souffrance psychique
Les définitions sont nombreuses :
Exclusion : perte des sécurités de base :
travail, formation, logement, diplôme,
culture, … (J.Wrésinski)
Souffrance psychique, non psychiatrique,
d’origine sociale (Lazarus)

Les conséquences : honte, inhibition,
découragement (Maisondieu)

On se débat avec des notions
complexes
La justice, l’égalité, l’honneur, le
mérite …
en somme, le bon côté des choses
Et des éléments bien différents :
l’autonomie perdue, la vulnérabilité, la
stigmatisation, le mépris, l’abandon, …
et ce que ces mots évoquent !

Simple : souffrance psychosociale
Souffrance de l'individu, du
professionnel de santé, du
professionnel social, du professionnel
administratif
Douleur à expression psychique,
somatique, ou mixte, suite à une
impasse.

Les 4 fonctions de l'aidant :
imaginaire, choisie, réalisée, et
non réalisée
La fonction imaginaire : celle de sa
formation : une intériorisation
La fonction choisie : celle qu'on
décide, en soi même : adaptation des
consignes ; une adaptation vitale

La fonction réalisée ; 3 évaluateurs:
soi d'abord, le pair (ou hiérarchie), la
personne aidée
La fonction non réalisée : 3
évaluateurs: soi d'abord, le pair (ou
hiérarachie), la personne aidée

La personne aidée évalue l'action réalisée, et
celle non réalisée ; un espace de rencontre - la
parole est un acte posé parmi d'autres.

L'important : non l'acte, mais le motif profond de
cet acte
Penser l'action avec le regard du partenaire j'entends par partenaire non l'autre professionnel
du réseau, mais la personne "effacée" que je
rencontre.
Ce mot d'effacé peut traduire ma propre mise en
retrait ; mais aussi la notion que le monde (du
travail, des amis, ...) m'a gommé.

Un exemple de gomme
Gommer, c’est disqualifier, c’est ne pas
imaginer comment l’autre va recevoir mon
message
Je suis « hors les clous » si j’imagine que
j’en suis dispensé ; mais ……. la personne
en précarité disqualifie elle aussi l’aidant :
par son échec, elle le traite d’inutile et
d’incapable

bien involontairement 99 fois sur 100

La complexité n’est pas le
désespoir
Complexité : l'étayage des pratiques ne
peut partir des institutions, mais doit aller
des personnes "invisibles" aux institutions.
Commencer par les échanges de savoir, les
co-formations, en "parité" ; un préalable
pour connaître comment faire : des groupes
mixtes, selon les modalités les plus faciles
pour les plus souffrants.
Eviter la « proposition pour demain 9h »

Aucun dispositif de soin ne peut être
efficient, s'il n'est pas validé par le
lecteur à qui il est destiné.
Un exemple :

France : 9% d’adultes en
illettrisme (INSEE, oct. 05)
Un tel document exclut ; il induit une
disqualification, puis une nécessité
d'assistance ! S'il déclenche un mouvement
de colère, la faute est, hélas, et à tort,
reportée à celui qui conteste.
Ou on a alors un renoncement en miroir.
(* soit 2,3 millions de personnes)

Comment aller plus loin
Avec, pour citer Saül Karsz, d’abord
désigner, puis interpréter, enfin rater.
Rater, « sujet réel, donc qui résiste »
Rassurant, de savoir que le réel résiste :
exemple des taux de chômage, ou de mal
logement (travaux de la MRIE) : on parle
des zones grises , donc non éclairées !
-2 millions de chômeurs,
-2 millions « non temps plein »,
-400 000 dispensés d’emploi

Un mécanisme implacable
Plan cohésion sociale : suivi mensuel,
convocations, relances à délais très
courts : « oubli, erreur, épuisement »
(Elisabeth Maurel)
Cela nous rassure :
si on est inutile, les mécanismes
d’enfoncement
sont bien rodés .

Et pourtant :
Comme on le verra, on retrouve :
Solidarité
Mobilisation
Combat pour la dignité
Espérance
Partage
Fête
Joie
Rires

Les éléments spécifiques au
plus pauvres : réalités
Ne pas avoir de logement, de travail,
d’argent …
Ne pas savoir lire
Etre en grande solitude
Ne pouvoir se soigner – vision, soins
dentaires

Les plus pauvres : le vécu
Honte, peur, angoisse, dépression, perte
des repères (temps, repères et soins
corporels), vécu constant de rejet ,
Modification semi-consciente des
événements, recherche de considération,
interprétation, imagination, fantasmes,
fuite dans le rêve, repli sur soi, …

Les réactions communes aux
abandonnés et à ceux qui s’en
préoccupent :
De la douleur : culpabilité, angoisse,
sentiment d’abandon, lassitude,
épuisement, voire désespoir
De la colère, l’envie de se battre, de
crier, de témoigner, de militer

Deux mécanismes de défense
La recherche de bouc émissaires
(administration, le collègue, le voisin, le
professionnel, …) enfin, un responsable

Résignation, détachement : on laisse
tomber. Dans le meilleur des cas,
culpabilité, au pire, indifférence,
dépression, maladies, toxiques, suicide …

Souffrance commune
Elle peut être celle de ne rien voir, de
ne plus savoir regarder d’un œil neuf.
Soit on utilise le mauvais outil …
Soit on regarde de très loin …

Donc, modifier la distance
avec l’autre
Créer ce qui va faire similitude
Ne pas avoir peur de l’autre ; y
compris dans ce « rien » qu’on ne
pourra changer
Exemple des demandeurs d’asile :
carte du pays, livrets santé : 2 outils
où ils sont « enseignants »

Recommandations

Loi de 1998
Accès effectif de tous aux droits
fondamentaux dans les domaines de
l’emploi, du logement, de la protection de la
santé,

de la justice, de l’éducation, de la
formation, de la culture,
de la PROTECTION de la famille et de
l’enfance

Eviter l’urgence
Prendre bien attention au respect de
l’infimité
Piste la démonstrativité « obligatoire »

Ne jamais généraliser

Voir la modification de la personne
***
Essayer de mettre en relation
ses désirs
et la réalité

Créer un projet d’utilité
Investissement par l’autre : en quoi suis-je
investi par l’autre, qu’ai-je reçu de lui (et
non comment je l’ai aidé)

Reconnaissance – se reconnaître identiques
Utilité sociale : quel rôle social joue la
personne présente (expérience des
« adultes relais sans papiers », à Paris

Combattre
3 idées fortes et fausses
1) Les personnes qui ont le RMI et la
CMU sont des profiteurs
2) La France ne peut pas accueillir
toute la misère du monde

3) Une bonne gestion financière va
aboutir à une bonne gestion humaine

Les personnes qui ont le RMI
et la CMU sont des profiteurs
Profit : augmentation des biens que l’on
possède, par exemple
AAH : 621 euros; RMI : 440 euros
……………………….COMPARONS :
Cours du CAC 40, cours de la bourse,
placements …

Et revenu des ménages en habitat social
(parc public et privé)

La France ne peut pas accueillir
toute la misère du monde
La déontologie serait :
Pour un pays riche et développé, de
combien doit être son effort (réel,
c’est-à-dire orienté vers les
populations démunies) , pour aider ?
En somme, « la France doit accueillir
une partie de la misère du monde »

Une bonne gestion financière va
aboutir à une bonne gestion
humaine
C’est ici confondre l’outil et l’objectif ; le but
est une gestion humaine des projets ; la
finance n’est qu’un outil au service de
l’homme .
Dans une décision donnée, parle-t-on de
rentabilité, ou de bien-être ?

Les préalables, pour chacun,
quelle que soit sa position
d’aidant ou d’aidé :
Relation de confiance : « une
espérance ferme en l’autre »
Ecoute ; écouter : « s’appliquer à
entendre »
Respect : « accorder une
considération admirative »
Compréhension :
« donner un sens clair, avoir une
connaissance intuitive de quelqu’un »

Pour cela, 2 points importants
Importance de la formation des
professionnels (santé, social, , par des
parcours de rencontre et de dialogue

Pour une bonne connaissance de la
situation des personnes en précarité ou,
plus loin encore, en grande pauvreté
Constitution d’un projet avec la personne

Les pratiques qui « cassent »
(source : ORSPERE ONSMP)
Ne laisser que des conditions de survie
(besoins primaires)
Absence de lieu de vie à soi
Dossier et personne non différenciés
Absence de réponses concrètes
Attribution d’une identité de victime, sans
étude de famille, école, travail, …
Oubli du risque de malentendu (autre vécu)
Aidant isolé, révolté, impuissant)
Injonctions paradoxales aux professionnels
(Aidez, mais débrouillez-vous)

Les pratiques qui aident
Etre reconnus en tant que personnes
(droit au silence)

Visibilité, prise de parole
Intégration à un groupe
Attention portée aux liens familiaux
Liberté d’élaboration de réponses
individualisées, loin des dispositifs globaux
Partir de l’analyse de la personne
Créer des réseaux pluri professionnels, de
partage des connaissances

Conclusion
Certes, on vit un individualisme érigé en
norme : solitude, culpabilisation de l’échec
Mais des référentiels se construisent:
espaces pour les professionnels
Evolution sociale des démocraties: le
cerveau évolué, multifactoriel, prend le pas
sur le cerveau archaïque, binaire

Bibliographie
François Dubet , Injustices, l’expérience des
inégalités au travail, 2006, Editions du Seuil, Paris
Michel Joubert et Claude Louzoun, Répondre à la
souffrance sociale, 2005, Editions Erès, 31520
Ramonville
Colette Pitici, Les bricoleurs de la précarité, Revue
Rhizome « Réinventer l’institution », N° 25,
déc.06, - téléchargeable sur
http://wuertm.site.voila.fr/rhz25.pdf

Ce diaporama sur
http://crpplyon.site.voila.fr/bg07.pps

Contact : [email protected]
Site pour lecture et publications à
venir (toute recherche est bienvenue)
http://crpplyon.site.voila.fr


Slide 17

Quelle utilité pour
l’homme étouffé, effacé ?
Que faire quand on ne sait plus quoi
faire ?

Un brin de réponse : tenter,
inlassablement, de comprendre
Guy Ardiet, Lyon St Cyr - CEZERIAT, le 31 mai 07

Bien sûr, des situations sont parfois
plus complexes que d’autres ;
Pour ce qui peut faire souffrance, c’est
la sensation aigue d’injustice .

Trois définitions
Utile : dont l’usage, l’emploi, est
avantageux
à quelqu’un ou à la société

L’homme utile apporte à quelqu’un ou
à la société.
L’exclus du travail n’est-il pas exclu de
l’utilité sociale ?

Etouffer :
Priver d’air, asphyxier, oppresser
Episode de reconduite à la frontière ; « un
étranglement sur un passager; l’homme
perd connaissance, yeux révulsés, langue
pendante, écume aux lèvres … »
Témoignage des passagers du vol
Paris-Bamako, Roissy, 26 mai 07

Effacer :
1) Faire disparaître
sans laisser de trace
(une variante : expulser)
2) Faire oublier
(une variante : l’indifférence)

L’homme effacé : celui qu’on a gommé
de la communauté

La ligne directrice de l’exposé
Une souffrance liée à l’exclusion, au
« rejet », à la notion de personne
inutile, indésirable, ou en tout non
prévue d’être vue, là où elle est vue
Une souffrance d’être transparent

Un écart, même « écartèlement »,
entre « espéré » et « vécu »

Une première conséquence
-Pour le sujet invisible : distorsion du réel
(santé à 2/plusieurs vitesses)
 monde à 2/plusieurs réels

 Pour le professionnel : souffrance par
l’écart entre le désir pour l’autre, semblable
à soi, et le constat imaginé de son avenir
(si on est « aidant »,
ce n’est pas par hasard)

Un exposé en 4 volets
1) Un essai de clarification
2) Ce qui est particulier à la
souffrance psychique de la personne
en grande pauvreté
3) Ce qui est commun entre elle et la
personne qui intervient auprès d’elle
4) Quelques constats et les
propositions qui leur sont secondaires

Syndrome d’exclusion sociale,
souffrance psychique
Les définitions sont nombreuses :
Exclusion : perte des sécurités de base :
travail, formation, logement, diplôme,
culture, … (J.Wrésinski)
Souffrance psychique, non psychiatrique,
d’origine sociale (Lazarus)

Les conséquences : honte, inhibition,
découragement (Maisondieu)

On se débat avec des notions
complexes
La justice, l’égalité, l’honneur, le
mérite …
en somme, le bon côté des choses
Et des éléments bien différents :
l’autonomie perdue, la vulnérabilité, la
stigmatisation, le mépris, l’abandon, …
et ce que ces mots évoquent !

Simple : souffrance psychosociale
Souffrance de l'individu, du
professionnel de santé, du
professionnel social, du professionnel
administratif
Douleur à expression psychique,
somatique, ou mixte, suite à une
impasse.

Les 4 fonctions de l'aidant :
imaginaire, choisie, réalisée, et
non réalisée
La fonction imaginaire : celle de sa
formation : une intériorisation
La fonction choisie : celle qu'on
décide, en soi même : adaptation des
consignes ; une adaptation vitale

La fonction réalisée ; 3 évaluateurs:
soi d'abord, le pair (ou hiérarchie), la
personne aidée
La fonction non réalisée : 3
évaluateurs: soi d'abord, le pair (ou
hiérarachie), la personne aidée

La personne aidée évalue l'action réalisée, et
celle non réalisée ; un espace de rencontre - la
parole est un acte posé parmi d'autres.

L'important : non l'acte, mais le motif profond de
cet acte
Penser l'action avec le regard du partenaire j'entends par partenaire non l'autre professionnel
du réseau, mais la personne "effacée" que je
rencontre.
Ce mot d'effacé peut traduire ma propre mise en
retrait ; mais aussi la notion que le monde (du
travail, des amis, ...) m'a gommé.

Un exemple de gomme
Gommer, c’est disqualifier, c’est ne pas
imaginer comment l’autre va recevoir mon
message
Je suis « hors les clous » si j’imagine que
j’en suis dispensé ; mais ……. la personne
en précarité disqualifie elle aussi l’aidant :
par son échec, elle le traite d’inutile et
d’incapable

bien involontairement 99 fois sur 100

La complexité n’est pas le
désespoir
Complexité : l'étayage des pratiques ne
peut partir des institutions, mais doit aller
des personnes "invisibles" aux institutions.
Commencer par les échanges de savoir, les
co-formations, en "parité" ; un préalable
pour connaître comment faire : des groupes
mixtes, selon les modalités les plus faciles
pour les plus souffrants.
Eviter la « proposition pour demain 9h »

Aucun dispositif de soin ne peut être
efficient, s'il n'est pas validé par le
lecteur à qui il est destiné.
Un exemple :

France : 9% d’adultes en
illettrisme (INSEE, oct. 05)
Un tel document exclut ; il induit une
disqualification, puis une nécessité
d'assistance ! S'il déclenche un mouvement
de colère, la faute est, hélas, et à tort,
reportée à celui qui conteste.
Ou on a alors un renoncement en miroir.
(* soit 2,3 millions de personnes)

Comment aller plus loin
Avec, pour citer Saül Karsz, d’abord
désigner, puis interpréter, enfin rater.
Rater, « sujet réel, donc qui résiste »
Rassurant, de savoir que le réel résiste :
exemple des taux de chômage, ou de mal
logement (travaux de la MRIE) : on parle
des zones grises , donc non éclairées !
-2 millions de chômeurs,
-2 millions « non temps plein »,
-400 000 dispensés d’emploi

Un mécanisme implacable
Plan cohésion sociale : suivi mensuel,
convocations, relances à délais très
courts : « oubli, erreur, épuisement »
(Elisabeth Maurel)
Cela nous rassure :
si on est inutile, les mécanismes
d’enfoncement
sont bien rodés .

Et pourtant :
Comme on le verra, on retrouve :
Solidarité
Mobilisation
Combat pour la dignité
Espérance
Partage
Fête
Joie
Rires

Les éléments spécifiques au
plus pauvres : réalités
Ne pas avoir de logement, de travail,
d’argent …
Ne pas savoir lire
Etre en grande solitude
Ne pouvoir se soigner – vision, soins
dentaires

Les plus pauvres : le vécu
Honte, peur, angoisse, dépression, perte
des repères (temps, repères et soins
corporels), vécu constant de rejet ,
Modification semi-consciente des
événements, recherche de considération,
interprétation, imagination, fantasmes,
fuite dans le rêve, repli sur soi, …

Les réactions communes aux
abandonnés et à ceux qui s’en
préoccupent :
De la douleur : culpabilité, angoisse,
sentiment d’abandon, lassitude,
épuisement, voire désespoir
De la colère, l’envie de se battre, de
crier, de témoigner, de militer

Deux mécanismes de défense
La recherche de bouc émissaires
(administration, le collègue, le voisin, le
professionnel, …) enfin, un responsable

Résignation, détachement : on laisse
tomber. Dans le meilleur des cas,
culpabilité, au pire, indifférence,
dépression, maladies, toxiques, suicide …

Souffrance commune
Elle peut être celle de ne rien voir, de
ne plus savoir regarder d’un œil neuf.
Soit on utilise le mauvais outil …
Soit on regarde de très loin …

Donc, modifier la distance
avec l’autre
Créer ce qui va faire similitude
Ne pas avoir peur de l’autre ; y
compris dans ce « rien » qu’on ne
pourra changer
Exemple des demandeurs d’asile :
carte du pays, livrets santé : 2 outils
où ils sont « enseignants »

Recommandations

Loi de 1998
Accès effectif de tous aux droits
fondamentaux dans les domaines de
l’emploi, du logement, de la protection de la
santé,

de la justice, de l’éducation, de la
formation, de la culture,
de la PROTECTION de la famille et de
l’enfance

Eviter l’urgence
Prendre bien attention au respect de
l’infimité
Piste la démonstrativité « obligatoire »

Ne jamais généraliser

Voir la modification de la personne
***
Essayer de mettre en relation
ses désirs
et la réalité

Créer un projet d’utilité
Investissement par l’autre : en quoi suis-je
investi par l’autre, qu’ai-je reçu de lui (et
non comment je l’ai aidé)

Reconnaissance – se reconnaître identiques
Utilité sociale : quel rôle social joue la
personne présente (expérience des
« adultes relais sans papiers », à Paris

Combattre
3 idées fortes et fausses
1) Les personnes qui ont le RMI et la
CMU sont des profiteurs
2) La France ne peut pas accueillir
toute la misère du monde

3) Une bonne gestion financière va
aboutir à une bonne gestion humaine

Les personnes qui ont le RMI
et la CMU sont des profiteurs
Profit : augmentation des biens que l’on
possède, par exemple
AAH : 621 euros; RMI : 440 euros
……………………….COMPARONS :
Cours du CAC 40, cours de la bourse,
placements …

Et revenu des ménages en habitat social
(parc public et privé)

La France ne peut pas accueillir
toute la misère du monde
La déontologie serait :
Pour un pays riche et développé, de
combien doit être son effort (réel,
c’est-à-dire orienté vers les
populations démunies) , pour aider ?
En somme, « la France doit accueillir
une partie de la misère du monde »

Une bonne gestion financière va
aboutir à une bonne gestion
humaine
C’est ici confondre l’outil et l’objectif ; le but
est une gestion humaine des projets ; la
finance n’est qu’un outil au service de
l’homme .
Dans une décision donnée, parle-t-on de
rentabilité, ou de bien-être ?

Les préalables, pour chacun,
quelle que soit sa position
d’aidant ou d’aidé :
Relation de confiance : « une
espérance ferme en l’autre »
Ecoute ; écouter : « s’appliquer à
entendre »
Respect : « accorder une
considération admirative »
Compréhension :
« donner un sens clair, avoir une
connaissance intuitive de quelqu’un »

Pour cela, 2 points importants
Importance de la formation des
professionnels (santé, social, , par des
parcours de rencontre et de dialogue

Pour une bonne connaissance de la
situation des personnes en précarité ou,
plus loin encore, en grande pauvreté
Constitution d’un projet avec la personne

Les pratiques qui « cassent »
(source : ORSPERE ONSMP)
Ne laisser que des conditions de survie
(besoins primaires)
Absence de lieu de vie à soi
Dossier et personne non différenciés
Absence de réponses concrètes
Attribution d’une identité de victime, sans
étude de famille, école, travail, …
Oubli du risque de malentendu (autre vécu)
Aidant isolé, révolté, impuissant)
Injonctions paradoxales aux professionnels
(Aidez, mais débrouillez-vous)

Les pratiques qui aident
Etre reconnus en tant que personnes
(droit au silence)

Visibilité, prise de parole
Intégration à un groupe
Attention portée aux liens familiaux
Liberté d’élaboration de réponses
individualisées, loin des dispositifs globaux
Partir de l’analyse de la personne
Créer des réseaux pluri professionnels, de
partage des connaissances

Conclusion
Certes, on vit un individualisme érigé en
norme : solitude, culpabilisation de l’échec
Mais des référentiels se construisent:
espaces pour les professionnels
Evolution sociale des démocraties: le
cerveau évolué, multifactoriel, prend le pas
sur le cerveau archaïque, binaire

Bibliographie
François Dubet , Injustices, l’expérience des
inégalités au travail, 2006, Editions du Seuil, Paris
Michel Joubert et Claude Louzoun, Répondre à la
souffrance sociale, 2005, Editions Erès, 31520
Ramonville
Colette Pitici, Les bricoleurs de la précarité, Revue
Rhizome « Réinventer l’institution », N° 25,
déc.06, - téléchargeable sur
http://wuertm.site.voila.fr/rhz25.pdf

Ce diaporama sur
http://crpplyon.site.voila.fr/bg07.pps

Contact : [email protected]
Site pour lecture et publications à
venir (toute recherche est bienvenue)
http://crpplyon.site.voila.fr


Slide 18

Quelle utilité pour
l’homme étouffé, effacé ?
Que faire quand on ne sait plus quoi
faire ?

Un brin de réponse : tenter,
inlassablement, de comprendre
Guy Ardiet, Lyon St Cyr - CEZERIAT, le 31 mai 07

Bien sûr, des situations sont parfois
plus complexes que d’autres ;
Pour ce qui peut faire souffrance, c’est
la sensation aigue d’injustice .

Trois définitions
Utile : dont l’usage, l’emploi, est
avantageux
à quelqu’un ou à la société

L’homme utile apporte à quelqu’un ou
à la société.
L’exclus du travail n’est-il pas exclu de
l’utilité sociale ?

Etouffer :
Priver d’air, asphyxier, oppresser
Episode de reconduite à la frontière ; « un
étranglement sur un passager; l’homme
perd connaissance, yeux révulsés, langue
pendante, écume aux lèvres … »
Témoignage des passagers du vol
Paris-Bamako, Roissy, 26 mai 07

Effacer :
1) Faire disparaître
sans laisser de trace
(une variante : expulser)
2) Faire oublier
(une variante : l’indifférence)

L’homme effacé : celui qu’on a gommé
de la communauté

La ligne directrice de l’exposé
Une souffrance liée à l’exclusion, au
« rejet », à la notion de personne
inutile, indésirable, ou en tout non
prévue d’être vue, là où elle est vue
Une souffrance d’être transparent

Un écart, même « écartèlement »,
entre « espéré » et « vécu »

Une première conséquence
-Pour le sujet invisible : distorsion du réel
(santé à 2/plusieurs vitesses)
 monde à 2/plusieurs réels

 Pour le professionnel : souffrance par
l’écart entre le désir pour l’autre, semblable
à soi, et le constat imaginé de son avenir
(si on est « aidant »,
ce n’est pas par hasard)

Un exposé en 4 volets
1) Un essai de clarification
2) Ce qui est particulier à la
souffrance psychique de la personne
en grande pauvreté
3) Ce qui est commun entre elle et la
personne qui intervient auprès d’elle
4) Quelques constats et les
propositions qui leur sont secondaires

Syndrome d’exclusion sociale,
souffrance psychique
Les définitions sont nombreuses :
Exclusion : perte des sécurités de base :
travail, formation, logement, diplôme,
culture, … (J.Wrésinski)
Souffrance psychique, non psychiatrique,
d’origine sociale (Lazarus)

Les conséquences : honte, inhibition,
découragement (Maisondieu)

On se débat avec des notions
complexes
La justice, l’égalité, l’honneur, le
mérite …
en somme, le bon côté des choses
Et des éléments bien différents :
l’autonomie perdue, la vulnérabilité, la
stigmatisation, le mépris, l’abandon, …
et ce que ces mots évoquent !

Simple : souffrance psychosociale
Souffrance de l'individu, du
professionnel de santé, du
professionnel social, du professionnel
administratif
Douleur à expression psychique,
somatique, ou mixte, suite à une
impasse.

Les 4 fonctions de l'aidant :
imaginaire, choisie, réalisée, et
non réalisée
La fonction imaginaire : celle de sa
formation : une intériorisation
La fonction choisie : celle qu'on
décide, en soi même : adaptation des
consignes ; une adaptation vitale

La fonction réalisée ; 3 évaluateurs:
soi d'abord, le pair (ou hiérarchie), la
personne aidée
La fonction non réalisée : 3
évaluateurs: soi d'abord, le pair (ou
hiérarachie), la personne aidée

La personne aidée évalue l'action réalisée, et
celle non réalisée ; un espace de rencontre - la
parole est un acte posé parmi d'autres.

L'important : non l'acte, mais le motif profond de
cet acte
Penser l'action avec le regard du partenaire j'entends par partenaire non l'autre professionnel
du réseau, mais la personne "effacée" que je
rencontre.
Ce mot d'effacé peut traduire ma propre mise en
retrait ; mais aussi la notion que le monde (du
travail, des amis, ...) m'a gommé.

Un exemple de gomme
Gommer, c’est disqualifier, c’est ne pas
imaginer comment l’autre va recevoir mon
message
Je suis « hors les clous » si j’imagine que
j’en suis dispensé ; mais ……. la personne
en précarité disqualifie elle aussi l’aidant :
par son échec, elle le traite d’inutile et
d’incapable

bien involontairement 99 fois sur 100

La complexité n’est pas le
désespoir
Complexité : l'étayage des pratiques ne
peut partir des institutions, mais doit aller
des personnes "invisibles" aux institutions.
Commencer par les échanges de savoir, les
co-formations, en "parité" ; un préalable
pour connaître comment faire : des groupes
mixtes, selon les modalités les plus faciles
pour les plus souffrants.
Eviter la « proposition pour demain 9h »

Aucun dispositif de soin ne peut être
efficient, s'il n'est pas validé par le
lecteur à qui il est destiné.
Un exemple :

France : 9% d’adultes en
illettrisme (INSEE, oct. 05)
Un tel document exclut ; il induit une
disqualification, puis une nécessité
d'assistance ! S'il déclenche un mouvement
de colère, la faute est, hélas, et à tort,
reportée à celui qui conteste.
Ou on a alors un renoncement en miroir.
(* soit 2,3 millions de personnes)

Comment aller plus loin
Avec, pour citer Saül Karsz, d’abord
désigner, puis interpréter, enfin rater.
Rater, « sujet réel, donc qui résiste »
Rassurant, de savoir que le réel résiste :
exemple des taux de chômage, ou de mal
logement (travaux de la MRIE) : on parle
des zones grises , donc non éclairées !
-2 millions de chômeurs,
-2 millions « non temps plein »,
-400 000 dispensés d’emploi

Un mécanisme implacable
Plan cohésion sociale : suivi mensuel,
convocations, relances à délais très
courts : « oubli, erreur, épuisement »
(Elisabeth Maurel)
Cela nous rassure :
si on est inutile, les mécanismes
d’enfoncement
sont bien rodés .

Et pourtant :
Comme on le verra, on retrouve :
Solidarité
Mobilisation
Combat pour la dignité
Espérance
Partage
Fête
Joie
Rires

Les éléments spécifiques au
plus pauvres : réalités
Ne pas avoir de logement, de travail,
d’argent …
Ne pas savoir lire
Etre en grande solitude
Ne pouvoir se soigner – vision, soins
dentaires

Les plus pauvres : le vécu
Honte, peur, angoisse, dépression, perte
des repères (temps, repères et soins
corporels), vécu constant de rejet ,
Modification semi-consciente des
événements, recherche de considération,
interprétation, imagination, fantasmes,
fuite dans le rêve, repli sur soi, …

Les réactions communes aux
abandonnés et à ceux qui s’en
préoccupent :
De la douleur : culpabilité, angoisse,
sentiment d’abandon, lassitude,
épuisement, voire désespoir
De la colère, l’envie de se battre, de
crier, de témoigner, de militer

Deux mécanismes de défense
La recherche de bouc émissaires
(administration, le collègue, le voisin, le
professionnel, …) enfin, un responsable

Résignation, détachement : on laisse
tomber. Dans le meilleur des cas,
culpabilité, au pire, indifférence,
dépression, maladies, toxiques, suicide …

Souffrance commune
Elle peut être celle de ne rien voir, de
ne plus savoir regarder d’un œil neuf.
Soit on utilise le mauvais outil …
Soit on regarde de très loin …

Donc, modifier la distance
avec l’autre
Créer ce qui va faire similitude
Ne pas avoir peur de l’autre ; y
compris dans ce « rien » qu’on ne
pourra changer
Exemple des demandeurs d’asile :
carte du pays, livrets santé : 2 outils
où ils sont « enseignants »

Recommandations

Loi de 1998
Accès effectif de tous aux droits
fondamentaux dans les domaines de
l’emploi, du logement, de la protection de la
santé,

de la justice, de l’éducation, de la
formation, de la culture,
de la PROTECTION de la famille et de
l’enfance

Eviter l’urgence
Prendre bien attention au respect de
l’infimité
Piste la démonstrativité « obligatoire »

Ne jamais généraliser

Voir la modification de la personne
***
Essayer de mettre en relation
ses désirs
et la réalité

Créer un projet d’utilité
Investissement par l’autre : en quoi suis-je
investi par l’autre, qu’ai-je reçu de lui (et
non comment je l’ai aidé)

Reconnaissance – se reconnaître identiques
Utilité sociale : quel rôle social joue la
personne présente (expérience des
« adultes relais sans papiers », à Paris

Combattre
3 idées fortes et fausses
1) Les personnes qui ont le RMI et la
CMU sont des profiteurs
2) La France ne peut pas accueillir
toute la misère du monde

3) Une bonne gestion financière va
aboutir à une bonne gestion humaine

Les personnes qui ont le RMI
et la CMU sont des profiteurs
Profit : augmentation des biens que l’on
possède, par exemple
AAH : 621 euros; RMI : 440 euros
……………………….COMPARONS :
Cours du CAC 40, cours de la bourse,
placements …

Et revenu des ménages en habitat social
(parc public et privé)

La France ne peut pas accueillir
toute la misère du monde
La déontologie serait :
Pour un pays riche et développé, de
combien doit être son effort (réel,
c’est-à-dire orienté vers les
populations démunies) , pour aider ?
En somme, « la France doit accueillir
une partie de la misère du monde »

Une bonne gestion financière va
aboutir à une bonne gestion
humaine
C’est ici confondre l’outil et l’objectif ; le but
est une gestion humaine des projets ; la
finance n’est qu’un outil au service de
l’homme .
Dans une décision donnée, parle-t-on de
rentabilité, ou de bien-être ?

Les préalables, pour chacun,
quelle que soit sa position
d’aidant ou d’aidé :
Relation de confiance : « une
espérance ferme en l’autre »
Ecoute ; écouter : « s’appliquer à
entendre »
Respect : « accorder une
considération admirative »
Compréhension :
« donner un sens clair, avoir une
connaissance intuitive de quelqu’un »

Pour cela, 2 points importants
Importance de la formation des
professionnels (santé, social, , par des
parcours de rencontre et de dialogue

Pour une bonne connaissance de la
situation des personnes en précarité ou,
plus loin encore, en grande pauvreté
Constitution d’un projet avec la personne

Les pratiques qui « cassent »
(source : ORSPERE ONSMP)
Ne laisser que des conditions de survie
(besoins primaires)
Absence de lieu de vie à soi
Dossier et personne non différenciés
Absence de réponses concrètes
Attribution d’une identité de victime, sans
étude de famille, école, travail, …
Oubli du risque de malentendu (autre vécu)
Aidant isolé, révolté, impuissant)
Injonctions paradoxales aux professionnels
(Aidez, mais débrouillez-vous)

Les pratiques qui aident
Etre reconnus en tant que personnes
(droit au silence)

Visibilité, prise de parole
Intégration à un groupe
Attention portée aux liens familiaux
Liberté d’élaboration de réponses
individualisées, loin des dispositifs globaux
Partir de l’analyse de la personne
Créer des réseaux pluri professionnels, de
partage des connaissances

Conclusion
Certes, on vit un individualisme érigé en
norme : solitude, culpabilisation de l’échec
Mais des référentiels se construisent:
espaces pour les professionnels
Evolution sociale des démocraties: le
cerveau évolué, multifactoriel, prend le pas
sur le cerveau archaïque, binaire

Bibliographie
François Dubet , Injustices, l’expérience des
inégalités au travail, 2006, Editions du Seuil, Paris
Michel Joubert et Claude Louzoun, Répondre à la
souffrance sociale, 2005, Editions Erès, 31520
Ramonville
Colette Pitici, Les bricoleurs de la précarité, Revue
Rhizome « Réinventer l’institution », N° 25,
déc.06, - téléchargeable sur
http://wuertm.site.voila.fr/rhz25.pdf

Ce diaporama sur
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Contact : [email protected]
Site pour lecture et publications à
venir (toute recherche est bienvenue)
http://crpplyon.site.voila.fr


Slide 19

Quelle utilité pour
l’homme étouffé, effacé ?
Que faire quand on ne sait plus quoi
faire ?

Un brin de réponse : tenter,
inlassablement, de comprendre
Guy Ardiet, Lyon St Cyr - CEZERIAT, le 31 mai 07

Bien sûr, des situations sont parfois
plus complexes que d’autres ;
Pour ce qui peut faire souffrance, c’est
la sensation aigue d’injustice .

Trois définitions
Utile : dont l’usage, l’emploi, est
avantageux
à quelqu’un ou à la société

L’homme utile apporte à quelqu’un ou
à la société.
L’exclus du travail n’est-il pas exclu de
l’utilité sociale ?

Etouffer :
Priver d’air, asphyxier, oppresser
Episode de reconduite à la frontière ; « un
étranglement sur un passager; l’homme
perd connaissance, yeux révulsés, langue
pendante, écume aux lèvres … »
Témoignage des passagers du vol
Paris-Bamako, Roissy, 26 mai 07

Effacer :
1) Faire disparaître
sans laisser de trace
(une variante : expulser)
2) Faire oublier
(une variante : l’indifférence)

L’homme effacé : celui qu’on a gommé
de la communauté

La ligne directrice de l’exposé
Une souffrance liée à l’exclusion, au
« rejet », à la notion de personne
inutile, indésirable, ou en tout non
prévue d’être vue, là où elle est vue
Une souffrance d’être transparent

Un écart, même « écartèlement »,
entre « espéré » et « vécu »

Une première conséquence
-Pour le sujet invisible : distorsion du réel
(santé à 2/plusieurs vitesses)
 monde à 2/plusieurs réels

 Pour le professionnel : souffrance par
l’écart entre le désir pour l’autre, semblable
à soi, et le constat imaginé de son avenir
(si on est « aidant »,
ce n’est pas par hasard)

Un exposé en 4 volets
1) Un essai de clarification
2) Ce qui est particulier à la
souffrance psychique de la personne
en grande pauvreté
3) Ce qui est commun entre elle et la
personne qui intervient auprès d’elle
4) Quelques constats et les
propositions qui leur sont secondaires

Syndrome d’exclusion sociale,
souffrance psychique
Les définitions sont nombreuses :
Exclusion : perte des sécurités de base :
travail, formation, logement, diplôme,
culture, … (J.Wrésinski)
Souffrance psychique, non psychiatrique,
d’origine sociale (Lazarus)

Les conséquences : honte, inhibition,
découragement (Maisondieu)

On se débat avec des notions
complexes
La justice, l’égalité, l’honneur, le
mérite …
en somme, le bon côté des choses
Et des éléments bien différents :
l’autonomie perdue, la vulnérabilité, la
stigmatisation, le mépris, l’abandon, …
et ce que ces mots évoquent !

Simple : souffrance psychosociale
Souffrance de l'individu, du
professionnel de santé, du
professionnel social, du professionnel
administratif
Douleur à expression psychique,
somatique, ou mixte, suite à une
impasse.

Les 4 fonctions de l'aidant :
imaginaire, choisie, réalisée, et
non réalisée
La fonction imaginaire : celle de sa
formation : une intériorisation
La fonction choisie : celle qu'on
décide, en soi même : adaptation des
consignes ; une adaptation vitale

La fonction réalisée ; 3 évaluateurs:
soi d'abord, le pair (ou hiérarchie), la
personne aidée
La fonction non réalisée : 3
évaluateurs: soi d'abord, le pair (ou
hiérarachie), la personne aidée

La personne aidée évalue l'action réalisée, et
celle non réalisée ; un espace de rencontre - la
parole est un acte posé parmi d'autres.

L'important : non l'acte, mais le motif profond de
cet acte
Penser l'action avec le regard du partenaire j'entends par partenaire non l'autre professionnel
du réseau, mais la personne "effacée" que je
rencontre.
Ce mot d'effacé peut traduire ma propre mise en
retrait ; mais aussi la notion que le monde (du
travail, des amis, ...) m'a gommé.

Un exemple de gomme
Gommer, c’est disqualifier, c’est ne pas
imaginer comment l’autre va recevoir mon
message
Je suis « hors les clous » si j’imagine que
j’en suis dispensé ; mais ……. la personne
en précarité disqualifie elle aussi l’aidant :
par son échec, elle le traite d’inutile et
d’incapable

bien involontairement 99 fois sur 100

La complexité n’est pas le
désespoir
Complexité : l'étayage des pratiques ne
peut partir des institutions, mais doit aller
des personnes "invisibles" aux institutions.
Commencer par les échanges de savoir, les
co-formations, en "parité" ; un préalable
pour connaître comment faire : des groupes
mixtes, selon les modalités les plus faciles
pour les plus souffrants.
Eviter la « proposition pour demain 9h »

Aucun dispositif de soin ne peut être
efficient, s'il n'est pas validé par le
lecteur à qui il est destiné.
Un exemple :

France : 9% d’adultes en
illettrisme (INSEE, oct. 05)
Un tel document exclut ; il induit une
disqualification, puis une nécessité
d'assistance ! S'il déclenche un mouvement
de colère, la faute est, hélas, et à tort,
reportée à celui qui conteste.
Ou on a alors un renoncement en miroir.
(* soit 2,3 millions de personnes)

Comment aller plus loin
Avec, pour citer Saül Karsz, d’abord
désigner, puis interpréter, enfin rater.
Rater, « sujet réel, donc qui résiste »
Rassurant, de savoir que le réel résiste :
exemple des taux de chômage, ou de mal
logement (travaux de la MRIE) : on parle
des zones grises , donc non éclairées !
-2 millions de chômeurs,
-2 millions « non temps plein »,
-400 000 dispensés d’emploi

Un mécanisme implacable
Plan cohésion sociale : suivi mensuel,
convocations, relances à délais très
courts : « oubli, erreur, épuisement »
(Elisabeth Maurel)
Cela nous rassure :
si on est inutile, les mécanismes
d’enfoncement
sont bien rodés .

Et pourtant :
Comme on le verra, on retrouve :
Solidarité
Mobilisation
Combat pour la dignité
Espérance
Partage
Fête
Joie
Rires

Les éléments spécifiques au
plus pauvres : réalités
Ne pas avoir de logement, de travail,
d’argent …
Ne pas savoir lire
Etre en grande solitude
Ne pouvoir se soigner – vision, soins
dentaires

Les plus pauvres : le vécu
Honte, peur, angoisse, dépression, perte
des repères (temps, repères et soins
corporels), vécu constant de rejet ,
Modification semi-consciente des
événements, recherche de considération,
interprétation, imagination, fantasmes,
fuite dans le rêve, repli sur soi, …

Les réactions communes aux
abandonnés et à ceux qui s’en
préoccupent :
De la douleur : culpabilité, angoisse,
sentiment d’abandon, lassitude,
épuisement, voire désespoir
De la colère, l’envie de se battre, de
crier, de témoigner, de militer

Deux mécanismes de défense
La recherche de bouc émissaires
(administration, le collègue, le voisin, le
professionnel, …) enfin, un responsable

Résignation, détachement : on laisse
tomber. Dans le meilleur des cas,
culpabilité, au pire, indifférence,
dépression, maladies, toxiques, suicide …

Souffrance commune
Elle peut être celle de ne rien voir, de
ne plus savoir regarder d’un œil neuf.
Soit on utilise le mauvais outil …
Soit on regarde de très loin …

Donc, modifier la distance
avec l’autre
Créer ce qui va faire similitude
Ne pas avoir peur de l’autre ; y
compris dans ce « rien » qu’on ne
pourra changer
Exemple des demandeurs d’asile :
carte du pays, livrets santé : 2 outils
où ils sont « enseignants »

Recommandations

Loi de 1998
Accès effectif de tous aux droits
fondamentaux dans les domaines de
l’emploi, du logement, de la protection de la
santé,

de la justice, de l’éducation, de la
formation, de la culture,
de la PROTECTION de la famille et de
l’enfance

Eviter l’urgence
Prendre bien attention au respect de
l’infimité
Piste la démonstrativité « obligatoire »

Ne jamais généraliser

Voir la modification de la personne
***
Essayer de mettre en relation
ses désirs
et la réalité

Créer un projet d’utilité
Investissement par l’autre : en quoi suis-je
investi par l’autre, qu’ai-je reçu de lui (et
non comment je l’ai aidé)

Reconnaissance – se reconnaître identiques
Utilité sociale : quel rôle social joue la
personne présente (expérience des
« adultes relais sans papiers », à Paris

Combattre
3 idées fortes et fausses
1) Les personnes qui ont le RMI et la
CMU sont des profiteurs
2) La France ne peut pas accueillir
toute la misère du monde

3) Une bonne gestion financière va
aboutir à une bonne gestion humaine

Les personnes qui ont le RMI
et la CMU sont des profiteurs
Profit : augmentation des biens que l’on
possède, par exemple
AAH : 621 euros; RMI : 440 euros
……………………….COMPARONS :
Cours du CAC 40, cours de la bourse,
placements …

Et revenu des ménages en habitat social
(parc public et privé)

La France ne peut pas accueillir
toute la misère du monde
La déontologie serait :
Pour un pays riche et développé, de
combien doit être son effort (réel,
c’est-à-dire orienté vers les
populations démunies) , pour aider ?
En somme, « la France doit accueillir
une partie de la misère du monde »

Une bonne gestion financière va
aboutir à une bonne gestion
humaine
C’est ici confondre l’outil et l’objectif ; le but
est une gestion humaine des projets ; la
finance n’est qu’un outil au service de
l’homme .
Dans une décision donnée, parle-t-on de
rentabilité, ou de bien-être ?

Les préalables, pour chacun,
quelle que soit sa position
d’aidant ou d’aidé :
Relation de confiance : « une
espérance ferme en l’autre »
Ecoute ; écouter : « s’appliquer à
entendre »
Respect : « accorder une
considération admirative »
Compréhension :
« donner un sens clair, avoir une
connaissance intuitive de quelqu’un »

Pour cela, 2 points importants
Importance de la formation des
professionnels (santé, social, , par des
parcours de rencontre et de dialogue

Pour une bonne connaissance de la
situation des personnes en précarité ou,
plus loin encore, en grande pauvreté
Constitution d’un projet avec la personne

Les pratiques qui « cassent »
(source : ORSPERE ONSMP)
Ne laisser que des conditions de survie
(besoins primaires)
Absence de lieu de vie à soi
Dossier et personne non différenciés
Absence de réponses concrètes
Attribution d’une identité de victime, sans
étude de famille, école, travail, …
Oubli du risque de malentendu (autre vécu)
Aidant isolé, révolté, impuissant)
Injonctions paradoxales aux professionnels
(Aidez, mais débrouillez-vous)

Les pratiques qui aident
Etre reconnus en tant que personnes
(droit au silence)

Visibilité, prise de parole
Intégration à un groupe
Attention portée aux liens familiaux
Liberté d’élaboration de réponses
individualisées, loin des dispositifs globaux
Partir de l’analyse de la personne
Créer des réseaux pluri professionnels, de
partage des connaissances

Conclusion
Certes, on vit un individualisme érigé en
norme : solitude, culpabilisation de l’échec
Mais des référentiels se construisent:
espaces pour les professionnels
Evolution sociale des démocraties: le
cerveau évolué, multifactoriel, prend le pas
sur le cerveau archaïque, binaire

Bibliographie
François Dubet , Injustices, l’expérience des
inégalités au travail, 2006, Editions du Seuil, Paris
Michel Joubert et Claude Louzoun, Répondre à la
souffrance sociale, 2005, Editions Erès, 31520
Ramonville
Colette Pitici, Les bricoleurs de la précarité, Revue
Rhizome « Réinventer l’institution », N° 25,
déc.06, - téléchargeable sur
http://wuertm.site.voila.fr/rhz25.pdf

Ce diaporama sur
http://crpplyon.site.voila.fr/bg07.pps

Contact : [email protected]
Site pour lecture et publications à
venir (toute recherche est bienvenue)
http://crpplyon.site.voila.fr


Slide 20

Quelle utilité pour
l’homme étouffé, effacé ?
Que faire quand on ne sait plus quoi
faire ?

Un brin de réponse : tenter,
inlassablement, de comprendre
Guy Ardiet, Lyon St Cyr - CEZERIAT, le 31 mai 07

Bien sûr, des situations sont parfois
plus complexes que d’autres ;
Pour ce qui peut faire souffrance, c’est
la sensation aigue d’injustice .

Trois définitions
Utile : dont l’usage, l’emploi, est
avantageux
à quelqu’un ou à la société

L’homme utile apporte à quelqu’un ou
à la société.
L’exclus du travail n’est-il pas exclu de
l’utilité sociale ?

Etouffer :
Priver d’air, asphyxier, oppresser
Episode de reconduite à la frontière ; « un
étranglement sur un passager; l’homme
perd connaissance, yeux révulsés, langue
pendante, écume aux lèvres … »
Témoignage des passagers du vol
Paris-Bamako, Roissy, 26 mai 07

Effacer :
1) Faire disparaître
sans laisser de trace
(une variante : expulser)
2) Faire oublier
(une variante : l’indifférence)

L’homme effacé : celui qu’on a gommé
de la communauté

La ligne directrice de l’exposé
Une souffrance liée à l’exclusion, au
« rejet », à la notion de personne
inutile, indésirable, ou en tout non
prévue d’être vue, là où elle est vue
Une souffrance d’être transparent

Un écart, même « écartèlement »,
entre « espéré » et « vécu »

Une première conséquence
-Pour le sujet invisible : distorsion du réel
(santé à 2/plusieurs vitesses)
 monde à 2/plusieurs réels

 Pour le professionnel : souffrance par
l’écart entre le désir pour l’autre, semblable
à soi, et le constat imaginé de son avenir
(si on est « aidant »,
ce n’est pas par hasard)

Un exposé en 4 volets
1) Un essai de clarification
2) Ce qui est particulier à la
souffrance psychique de la personne
en grande pauvreté
3) Ce qui est commun entre elle et la
personne qui intervient auprès d’elle
4) Quelques constats et les
propositions qui leur sont secondaires

Syndrome d’exclusion sociale,
souffrance psychique
Les définitions sont nombreuses :
Exclusion : perte des sécurités de base :
travail, formation, logement, diplôme,
culture, … (J.Wrésinski)
Souffrance psychique, non psychiatrique,
d’origine sociale (Lazarus)

Les conséquences : honte, inhibition,
découragement (Maisondieu)

On se débat avec des notions
complexes
La justice, l’égalité, l’honneur, le
mérite …
en somme, le bon côté des choses
Et des éléments bien différents :
l’autonomie perdue, la vulnérabilité, la
stigmatisation, le mépris, l’abandon, …
et ce que ces mots évoquent !

Simple : souffrance psychosociale
Souffrance de l'individu, du
professionnel de santé, du
professionnel social, du professionnel
administratif
Douleur à expression psychique,
somatique, ou mixte, suite à une
impasse.

Les 4 fonctions de l'aidant :
imaginaire, choisie, réalisée, et
non réalisée
La fonction imaginaire : celle de sa
formation : une intériorisation
La fonction choisie : celle qu'on
décide, en soi même : adaptation des
consignes ; une adaptation vitale

La fonction réalisée ; 3 évaluateurs:
soi d'abord, le pair (ou hiérarchie), la
personne aidée
La fonction non réalisée : 3
évaluateurs: soi d'abord, le pair (ou
hiérarachie), la personne aidée

La personne aidée évalue l'action réalisée, et
celle non réalisée ; un espace de rencontre - la
parole est un acte posé parmi d'autres.

L'important : non l'acte, mais le motif profond de
cet acte
Penser l'action avec le regard du partenaire j'entends par partenaire non l'autre professionnel
du réseau, mais la personne "effacée" que je
rencontre.
Ce mot d'effacé peut traduire ma propre mise en
retrait ; mais aussi la notion que le monde (du
travail, des amis, ...) m'a gommé.

Un exemple de gomme
Gommer, c’est disqualifier, c’est ne pas
imaginer comment l’autre va recevoir mon
message
Je suis « hors les clous » si j’imagine que
j’en suis dispensé ; mais ……. la personne
en précarité disqualifie elle aussi l’aidant :
par son échec, elle le traite d’inutile et
d’incapable

bien involontairement 99 fois sur 100

La complexité n’est pas le
désespoir
Complexité : l'étayage des pratiques ne
peut partir des institutions, mais doit aller
des personnes "invisibles" aux institutions.
Commencer par les échanges de savoir, les
co-formations, en "parité" ; un préalable
pour connaître comment faire : des groupes
mixtes, selon les modalités les plus faciles
pour les plus souffrants.
Eviter la « proposition pour demain 9h »

Aucun dispositif de soin ne peut être
efficient, s'il n'est pas validé par le
lecteur à qui il est destiné.
Un exemple :

France : 9% d’adultes en
illettrisme (INSEE, oct. 05)
Un tel document exclut ; il induit une
disqualification, puis une nécessité
d'assistance ! S'il déclenche un mouvement
de colère, la faute est, hélas, et à tort,
reportée à celui qui conteste.
Ou on a alors un renoncement en miroir.
(* soit 2,3 millions de personnes)

Comment aller plus loin
Avec, pour citer Saül Karsz, d’abord
désigner, puis interpréter, enfin rater.
Rater, « sujet réel, donc qui résiste »
Rassurant, de savoir que le réel résiste :
exemple des taux de chômage, ou de mal
logement (travaux de la MRIE) : on parle
des zones grises , donc non éclairées !
-2 millions de chômeurs,
-2 millions « non temps plein »,
-400 000 dispensés d’emploi

Un mécanisme implacable
Plan cohésion sociale : suivi mensuel,
convocations, relances à délais très
courts : « oubli, erreur, épuisement »
(Elisabeth Maurel)
Cela nous rassure :
si on est inutile, les mécanismes
d’enfoncement
sont bien rodés .

Et pourtant :
Comme on le verra, on retrouve :
Solidarité
Mobilisation
Combat pour la dignité
Espérance
Partage
Fête
Joie
Rires

Les éléments spécifiques au
plus pauvres : réalités
Ne pas avoir de logement, de travail,
d’argent …
Ne pas savoir lire
Etre en grande solitude
Ne pouvoir se soigner – vision, soins
dentaires

Les plus pauvres : le vécu
Honte, peur, angoisse, dépression, perte
des repères (temps, repères et soins
corporels), vécu constant de rejet ,
Modification semi-consciente des
événements, recherche de considération,
interprétation, imagination, fantasmes,
fuite dans le rêve, repli sur soi, …

Les réactions communes aux
abandonnés et à ceux qui s’en
préoccupent :
De la douleur : culpabilité, angoisse,
sentiment d’abandon, lassitude,
épuisement, voire désespoir
De la colère, l’envie de se battre, de
crier, de témoigner, de militer

Deux mécanismes de défense
La recherche de bouc émissaires
(administration, le collègue, le voisin, le
professionnel, …) enfin, un responsable

Résignation, détachement : on laisse
tomber. Dans le meilleur des cas,
culpabilité, au pire, indifférence,
dépression, maladies, toxiques, suicide …

Souffrance commune
Elle peut être celle de ne rien voir, de
ne plus savoir regarder d’un œil neuf.
Soit on utilise le mauvais outil …
Soit on regarde de très loin …

Donc, modifier la distance
avec l’autre
Créer ce qui va faire similitude
Ne pas avoir peur de l’autre ; y
compris dans ce « rien » qu’on ne
pourra changer
Exemple des demandeurs d’asile :
carte du pays, livrets santé : 2 outils
où ils sont « enseignants »

Recommandations

Loi de 1998
Accès effectif de tous aux droits
fondamentaux dans les domaines de
l’emploi, du logement, de la protection de la
santé,

de la justice, de l’éducation, de la
formation, de la culture,
de la PROTECTION de la famille et de
l’enfance

Eviter l’urgence
Prendre bien attention au respect de
l’infimité
Piste la démonstrativité « obligatoire »

Ne jamais généraliser

Voir la modification de la personne
***
Essayer de mettre en relation
ses désirs
et la réalité

Créer un projet d’utilité
Investissement par l’autre : en quoi suis-je
investi par l’autre, qu’ai-je reçu de lui (et
non comment je l’ai aidé)

Reconnaissance – se reconnaître identiques
Utilité sociale : quel rôle social joue la
personne présente (expérience des
« adultes relais sans papiers », à Paris

Combattre
3 idées fortes et fausses
1) Les personnes qui ont le RMI et la
CMU sont des profiteurs
2) La France ne peut pas accueillir
toute la misère du monde

3) Une bonne gestion financière va
aboutir à une bonne gestion humaine

Les personnes qui ont le RMI
et la CMU sont des profiteurs
Profit : augmentation des biens que l’on
possède, par exemple
AAH : 621 euros; RMI : 440 euros
……………………….COMPARONS :
Cours du CAC 40, cours de la bourse,
placements …

Et revenu des ménages en habitat social
(parc public et privé)

La France ne peut pas accueillir
toute la misère du monde
La déontologie serait :
Pour un pays riche et développé, de
combien doit être son effort (réel,
c’est-à-dire orienté vers les
populations démunies) , pour aider ?
En somme, « la France doit accueillir
une partie de la misère du monde »

Une bonne gestion financière va
aboutir à une bonne gestion
humaine
C’est ici confondre l’outil et l’objectif ; le but
est une gestion humaine des projets ; la
finance n’est qu’un outil au service de
l’homme .
Dans une décision donnée, parle-t-on de
rentabilité, ou de bien-être ?

Les préalables, pour chacun,
quelle que soit sa position
d’aidant ou d’aidé :
Relation de confiance : « une
espérance ferme en l’autre »
Ecoute ; écouter : « s’appliquer à
entendre »
Respect : « accorder une
considération admirative »
Compréhension :
« donner un sens clair, avoir une
connaissance intuitive de quelqu’un »

Pour cela, 2 points importants
Importance de la formation des
professionnels (santé, social, , par des
parcours de rencontre et de dialogue

Pour une bonne connaissance de la
situation des personnes en précarité ou,
plus loin encore, en grande pauvreté
Constitution d’un projet avec la personne

Les pratiques qui « cassent »
(source : ORSPERE ONSMP)
Ne laisser que des conditions de survie
(besoins primaires)
Absence de lieu de vie à soi
Dossier et personne non différenciés
Absence de réponses concrètes
Attribution d’une identité de victime, sans
étude de famille, école, travail, …
Oubli du risque de malentendu (autre vécu)
Aidant isolé, révolté, impuissant)
Injonctions paradoxales aux professionnels
(Aidez, mais débrouillez-vous)

Les pratiques qui aident
Etre reconnus en tant que personnes
(droit au silence)

Visibilité, prise de parole
Intégration à un groupe
Attention portée aux liens familiaux
Liberté d’élaboration de réponses
individualisées, loin des dispositifs globaux
Partir de l’analyse de la personne
Créer des réseaux pluri professionnels, de
partage des connaissances

Conclusion
Certes, on vit un individualisme érigé en
norme : solitude, culpabilisation de l’échec
Mais des référentiels se construisent:
espaces pour les professionnels
Evolution sociale des démocraties: le
cerveau évolué, multifactoriel, prend le pas
sur le cerveau archaïque, binaire

Bibliographie
François Dubet , Injustices, l’expérience des
inégalités au travail, 2006, Editions du Seuil, Paris
Michel Joubert et Claude Louzoun, Répondre à la
souffrance sociale, 2005, Editions Erès, 31520
Ramonville
Colette Pitici, Les bricoleurs de la précarité, Revue
Rhizome « Réinventer l’institution », N° 25,
déc.06, - téléchargeable sur
http://wuertm.site.voila.fr/rhz25.pdf

Ce diaporama sur
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Contact : [email protected]
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venir (toute recherche est bienvenue)
http://crpplyon.site.voila.fr


Slide 21

Quelle utilité pour
l’homme étouffé, effacé ?
Que faire quand on ne sait plus quoi
faire ?

Un brin de réponse : tenter,
inlassablement, de comprendre
Guy Ardiet, Lyon St Cyr - CEZERIAT, le 31 mai 07

Bien sûr, des situations sont parfois
plus complexes que d’autres ;
Pour ce qui peut faire souffrance, c’est
la sensation aigue d’injustice .

Trois définitions
Utile : dont l’usage, l’emploi, est
avantageux
à quelqu’un ou à la société

L’homme utile apporte à quelqu’un ou
à la société.
L’exclus du travail n’est-il pas exclu de
l’utilité sociale ?

Etouffer :
Priver d’air, asphyxier, oppresser
Episode de reconduite à la frontière ; « un
étranglement sur un passager; l’homme
perd connaissance, yeux révulsés, langue
pendante, écume aux lèvres … »
Témoignage des passagers du vol
Paris-Bamako, Roissy, 26 mai 07

Effacer :
1) Faire disparaître
sans laisser de trace
(une variante : expulser)
2) Faire oublier
(une variante : l’indifférence)

L’homme effacé : celui qu’on a gommé
de la communauté

La ligne directrice de l’exposé
Une souffrance liée à l’exclusion, au
« rejet », à la notion de personne
inutile, indésirable, ou en tout non
prévue d’être vue, là où elle est vue
Une souffrance d’être transparent

Un écart, même « écartèlement »,
entre « espéré » et « vécu »

Une première conséquence
-Pour le sujet invisible : distorsion du réel
(santé à 2/plusieurs vitesses)
 monde à 2/plusieurs réels

 Pour le professionnel : souffrance par
l’écart entre le désir pour l’autre, semblable
à soi, et le constat imaginé de son avenir
(si on est « aidant »,
ce n’est pas par hasard)

Un exposé en 4 volets
1) Un essai de clarification
2) Ce qui est particulier à la
souffrance psychique de la personne
en grande pauvreté
3) Ce qui est commun entre elle et la
personne qui intervient auprès d’elle
4) Quelques constats et les
propositions qui leur sont secondaires

Syndrome d’exclusion sociale,
souffrance psychique
Les définitions sont nombreuses :
Exclusion : perte des sécurités de base :
travail, formation, logement, diplôme,
culture, … (J.Wrésinski)
Souffrance psychique, non psychiatrique,
d’origine sociale (Lazarus)

Les conséquences : honte, inhibition,
découragement (Maisondieu)

On se débat avec des notions
complexes
La justice, l’égalité, l’honneur, le
mérite …
en somme, le bon côté des choses
Et des éléments bien différents :
l’autonomie perdue, la vulnérabilité, la
stigmatisation, le mépris, l’abandon, …
et ce que ces mots évoquent !

Simple : souffrance psychosociale
Souffrance de l'individu, du
professionnel de santé, du
professionnel social, du professionnel
administratif
Douleur à expression psychique,
somatique, ou mixte, suite à une
impasse.

Les 4 fonctions de l'aidant :
imaginaire, choisie, réalisée, et
non réalisée
La fonction imaginaire : celle de sa
formation : une intériorisation
La fonction choisie : celle qu'on
décide, en soi même : adaptation des
consignes ; une adaptation vitale

La fonction réalisée ; 3 évaluateurs:
soi d'abord, le pair (ou hiérarchie), la
personne aidée
La fonction non réalisée : 3
évaluateurs: soi d'abord, le pair (ou
hiérarachie), la personne aidée

La personne aidée évalue l'action réalisée, et
celle non réalisée ; un espace de rencontre - la
parole est un acte posé parmi d'autres.

L'important : non l'acte, mais le motif profond de
cet acte
Penser l'action avec le regard du partenaire j'entends par partenaire non l'autre professionnel
du réseau, mais la personne "effacée" que je
rencontre.
Ce mot d'effacé peut traduire ma propre mise en
retrait ; mais aussi la notion que le monde (du
travail, des amis, ...) m'a gommé.

Un exemple de gomme
Gommer, c’est disqualifier, c’est ne pas
imaginer comment l’autre va recevoir mon
message
Je suis « hors les clous » si j’imagine que
j’en suis dispensé ; mais ……. la personne
en précarité disqualifie elle aussi l’aidant :
par son échec, elle le traite d’inutile et
d’incapable

bien involontairement 99 fois sur 100

La complexité n’est pas le
désespoir
Complexité : l'étayage des pratiques ne
peut partir des institutions, mais doit aller
des personnes "invisibles" aux institutions.
Commencer par les échanges de savoir, les
co-formations, en "parité" ; un préalable
pour connaître comment faire : des groupes
mixtes, selon les modalités les plus faciles
pour les plus souffrants.
Eviter la « proposition pour demain 9h »

Aucun dispositif de soin ne peut être
efficient, s'il n'est pas validé par le
lecteur à qui il est destiné.
Un exemple :

France : 9% d’adultes en
illettrisme (INSEE, oct. 05)
Un tel document exclut ; il induit une
disqualification, puis une nécessité
d'assistance ! S'il déclenche un mouvement
de colère, la faute est, hélas, et à tort,
reportée à celui qui conteste.
Ou on a alors un renoncement en miroir.
(* soit 2,3 millions de personnes)

Comment aller plus loin
Avec, pour citer Saül Karsz, d’abord
désigner, puis interpréter, enfin rater.
Rater, « sujet réel, donc qui résiste »
Rassurant, de savoir que le réel résiste :
exemple des taux de chômage, ou de mal
logement (travaux de la MRIE) : on parle
des zones grises , donc non éclairées !
-2 millions de chômeurs,
-2 millions « non temps plein »,
-400 000 dispensés d’emploi

Un mécanisme implacable
Plan cohésion sociale : suivi mensuel,
convocations, relances à délais très
courts : « oubli, erreur, épuisement »
(Elisabeth Maurel)
Cela nous rassure :
si on est inutile, les mécanismes
d’enfoncement
sont bien rodés .

Et pourtant :
Comme on le verra, on retrouve :
Solidarité
Mobilisation
Combat pour la dignité
Espérance
Partage
Fête
Joie
Rires

Les éléments spécifiques au
plus pauvres : réalités
Ne pas avoir de logement, de travail,
d’argent …
Ne pas savoir lire
Etre en grande solitude
Ne pouvoir se soigner – vision, soins
dentaires

Les plus pauvres : le vécu
Honte, peur, angoisse, dépression, perte
des repères (temps, repères et soins
corporels), vécu constant de rejet ,
Modification semi-consciente des
événements, recherche de considération,
interprétation, imagination, fantasmes,
fuite dans le rêve, repli sur soi, …

Les réactions communes aux
abandonnés et à ceux qui s’en
préoccupent :
De la douleur : culpabilité, angoisse,
sentiment d’abandon, lassitude,
épuisement, voire désespoir
De la colère, l’envie de se battre, de
crier, de témoigner, de militer

Deux mécanismes de défense
La recherche de bouc émissaires
(administration, le collègue, le voisin, le
professionnel, …) enfin, un responsable

Résignation, détachement : on laisse
tomber. Dans le meilleur des cas,
culpabilité, au pire, indifférence,
dépression, maladies, toxiques, suicide …

Souffrance commune
Elle peut être celle de ne rien voir, de
ne plus savoir regarder d’un œil neuf.
Soit on utilise le mauvais outil …
Soit on regarde de très loin …

Donc, modifier la distance
avec l’autre
Créer ce qui va faire similitude
Ne pas avoir peur de l’autre ; y
compris dans ce « rien » qu’on ne
pourra changer
Exemple des demandeurs d’asile :
carte du pays, livrets santé : 2 outils
où ils sont « enseignants »

Recommandations

Loi de 1998
Accès effectif de tous aux droits
fondamentaux dans les domaines de
l’emploi, du logement, de la protection de la
santé,

de la justice, de l’éducation, de la
formation, de la culture,
de la PROTECTION de la famille et de
l’enfance

Eviter l’urgence
Prendre bien attention au respect de
l’infimité
Piste la démonstrativité « obligatoire »

Ne jamais généraliser

Voir la modification de la personne
***
Essayer de mettre en relation
ses désirs
et la réalité

Créer un projet d’utilité
Investissement par l’autre : en quoi suis-je
investi par l’autre, qu’ai-je reçu de lui (et
non comment je l’ai aidé)

Reconnaissance – se reconnaître identiques
Utilité sociale : quel rôle social joue la
personne présente (expérience des
« adultes relais sans papiers », à Paris

Combattre
3 idées fortes et fausses
1) Les personnes qui ont le RMI et la
CMU sont des profiteurs
2) La France ne peut pas accueillir
toute la misère du monde

3) Une bonne gestion financière va
aboutir à une bonne gestion humaine

Les personnes qui ont le RMI
et la CMU sont des profiteurs
Profit : augmentation des biens que l’on
possède, par exemple
AAH : 621 euros; RMI : 440 euros
……………………….COMPARONS :
Cours du CAC 40, cours de la bourse,
placements …

Et revenu des ménages en habitat social
(parc public et privé)

La France ne peut pas accueillir
toute la misère du monde
La déontologie serait :
Pour un pays riche et développé, de
combien doit être son effort (réel,
c’est-à-dire orienté vers les
populations démunies) , pour aider ?
En somme, « la France doit accueillir
une partie de la misère du monde »

Une bonne gestion financière va
aboutir à une bonne gestion
humaine
C’est ici confondre l’outil et l’objectif ; le but
est une gestion humaine des projets ; la
finance n’est qu’un outil au service de
l’homme .
Dans une décision donnée, parle-t-on de
rentabilité, ou de bien-être ?

Les préalables, pour chacun,
quelle que soit sa position
d’aidant ou d’aidé :
Relation de confiance : « une
espérance ferme en l’autre »
Ecoute ; écouter : « s’appliquer à
entendre »
Respect : « accorder une
considération admirative »
Compréhension :
« donner un sens clair, avoir une
connaissance intuitive de quelqu’un »

Pour cela, 2 points importants
Importance de la formation des
professionnels (santé, social, , par des
parcours de rencontre et de dialogue

Pour une bonne connaissance de la
situation des personnes en précarité ou,
plus loin encore, en grande pauvreté
Constitution d’un projet avec la personne

Les pratiques qui « cassent »
(source : ORSPERE ONSMP)
Ne laisser que des conditions de survie
(besoins primaires)
Absence de lieu de vie à soi
Dossier et personne non différenciés
Absence de réponses concrètes
Attribution d’une identité de victime, sans
étude de famille, école, travail, …
Oubli du risque de malentendu (autre vécu)
Aidant isolé, révolté, impuissant)
Injonctions paradoxales aux professionnels
(Aidez, mais débrouillez-vous)

Les pratiques qui aident
Etre reconnus en tant que personnes
(droit au silence)

Visibilité, prise de parole
Intégration à un groupe
Attention portée aux liens familiaux
Liberté d’élaboration de réponses
individualisées, loin des dispositifs globaux
Partir de l’analyse de la personne
Créer des réseaux pluri professionnels, de
partage des connaissances

Conclusion
Certes, on vit un individualisme érigé en
norme : solitude, culpabilisation de l’échec
Mais des référentiels se construisent:
espaces pour les professionnels
Evolution sociale des démocraties: le
cerveau évolué, multifactoriel, prend le pas
sur le cerveau archaïque, binaire

Bibliographie
François Dubet , Injustices, l’expérience des
inégalités au travail, 2006, Editions du Seuil, Paris
Michel Joubert et Claude Louzoun, Répondre à la
souffrance sociale, 2005, Editions Erès, 31520
Ramonville
Colette Pitici, Les bricoleurs de la précarité, Revue
Rhizome « Réinventer l’institution », N° 25,
déc.06, - téléchargeable sur
http://wuertm.site.voila.fr/rhz25.pdf

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Slide 22

Quelle utilité pour
l’homme étouffé, effacé ?
Que faire quand on ne sait plus quoi
faire ?

Un brin de réponse : tenter,
inlassablement, de comprendre
Guy Ardiet, Lyon St Cyr - CEZERIAT, le 31 mai 07

Bien sûr, des situations sont parfois
plus complexes que d’autres ;
Pour ce qui peut faire souffrance, c’est
la sensation aigue d’injustice .

Trois définitions
Utile : dont l’usage, l’emploi, est
avantageux
à quelqu’un ou à la société

L’homme utile apporte à quelqu’un ou
à la société.
L’exclus du travail n’est-il pas exclu de
l’utilité sociale ?

Etouffer :
Priver d’air, asphyxier, oppresser
Episode de reconduite à la frontière ; « un
étranglement sur un passager; l’homme
perd connaissance, yeux révulsés, langue
pendante, écume aux lèvres … »
Témoignage des passagers du vol
Paris-Bamako, Roissy, 26 mai 07

Effacer :
1) Faire disparaître
sans laisser de trace
(une variante : expulser)
2) Faire oublier
(une variante : l’indifférence)

L’homme effacé : celui qu’on a gommé
de la communauté

La ligne directrice de l’exposé
Une souffrance liée à l’exclusion, au
« rejet », à la notion de personne
inutile, indésirable, ou en tout non
prévue d’être vue, là où elle est vue
Une souffrance d’être transparent

Un écart, même « écartèlement »,
entre « espéré » et « vécu »

Une première conséquence
-Pour le sujet invisible : distorsion du réel
(santé à 2/plusieurs vitesses)
 monde à 2/plusieurs réels

 Pour le professionnel : souffrance par
l’écart entre le désir pour l’autre, semblable
à soi, et le constat imaginé de son avenir
(si on est « aidant »,
ce n’est pas par hasard)

Un exposé en 4 volets
1) Un essai de clarification
2) Ce qui est particulier à la
souffrance psychique de la personne
en grande pauvreté
3) Ce qui est commun entre elle et la
personne qui intervient auprès d’elle
4) Quelques constats et les
propositions qui leur sont secondaires

Syndrome d’exclusion sociale,
souffrance psychique
Les définitions sont nombreuses :
Exclusion : perte des sécurités de base :
travail, formation, logement, diplôme,
culture, … (J.Wrésinski)
Souffrance psychique, non psychiatrique,
d’origine sociale (Lazarus)

Les conséquences : honte, inhibition,
découragement (Maisondieu)

On se débat avec des notions
complexes
La justice, l’égalité, l’honneur, le
mérite …
en somme, le bon côté des choses
Et des éléments bien différents :
l’autonomie perdue, la vulnérabilité, la
stigmatisation, le mépris, l’abandon, …
et ce que ces mots évoquent !

Simple : souffrance psychosociale
Souffrance de l'individu, du
professionnel de santé, du
professionnel social, du professionnel
administratif
Douleur à expression psychique,
somatique, ou mixte, suite à une
impasse.

Les 4 fonctions de l'aidant :
imaginaire, choisie, réalisée, et
non réalisée
La fonction imaginaire : celle de sa
formation : une intériorisation
La fonction choisie : celle qu'on
décide, en soi même : adaptation des
consignes ; une adaptation vitale

La fonction réalisée ; 3 évaluateurs:
soi d'abord, le pair (ou hiérarchie), la
personne aidée
La fonction non réalisée : 3
évaluateurs: soi d'abord, le pair (ou
hiérarachie), la personne aidée

La personne aidée évalue l'action réalisée, et
celle non réalisée ; un espace de rencontre - la
parole est un acte posé parmi d'autres.

L'important : non l'acte, mais le motif profond de
cet acte
Penser l'action avec le regard du partenaire j'entends par partenaire non l'autre professionnel
du réseau, mais la personne "effacée" que je
rencontre.
Ce mot d'effacé peut traduire ma propre mise en
retrait ; mais aussi la notion que le monde (du
travail, des amis, ...) m'a gommé.

Un exemple de gomme
Gommer, c’est disqualifier, c’est ne pas
imaginer comment l’autre va recevoir mon
message
Je suis « hors les clous » si j’imagine que
j’en suis dispensé ; mais ……. la personne
en précarité disqualifie elle aussi l’aidant :
par son échec, elle le traite d’inutile et
d’incapable

bien involontairement 99 fois sur 100

La complexité n’est pas le
désespoir
Complexité : l'étayage des pratiques ne
peut partir des institutions, mais doit aller
des personnes "invisibles" aux institutions.
Commencer par les échanges de savoir, les
co-formations, en "parité" ; un préalable
pour connaître comment faire : des groupes
mixtes, selon les modalités les plus faciles
pour les plus souffrants.
Eviter la « proposition pour demain 9h »

Aucun dispositif de soin ne peut être
efficient, s'il n'est pas validé par le
lecteur à qui il est destiné.
Un exemple :

France : 9% d’adultes en
illettrisme (INSEE, oct. 05)
Un tel document exclut ; il induit une
disqualification, puis une nécessité
d'assistance ! S'il déclenche un mouvement
de colère, la faute est, hélas, et à tort,
reportée à celui qui conteste.
Ou on a alors un renoncement en miroir.
(* soit 2,3 millions de personnes)

Comment aller plus loin
Avec, pour citer Saül Karsz, d’abord
désigner, puis interpréter, enfin rater.
Rater, « sujet réel, donc qui résiste »
Rassurant, de savoir que le réel résiste :
exemple des taux de chômage, ou de mal
logement (travaux de la MRIE) : on parle
des zones grises , donc non éclairées !
-2 millions de chômeurs,
-2 millions « non temps plein »,
-400 000 dispensés d’emploi

Un mécanisme implacable
Plan cohésion sociale : suivi mensuel,
convocations, relances à délais très
courts : « oubli, erreur, épuisement »
(Elisabeth Maurel)
Cela nous rassure :
si on est inutile, les mécanismes
d’enfoncement
sont bien rodés .

Et pourtant :
Comme on le verra, on retrouve :
Solidarité
Mobilisation
Combat pour la dignité
Espérance
Partage
Fête
Joie
Rires

Les éléments spécifiques au
plus pauvres : réalités
Ne pas avoir de logement, de travail,
d’argent …
Ne pas savoir lire
Etre en grande solitude
Ne pouvoir se soigner – vision, soins
dentaires

Les plus pauvres : le vécu
Honte, peur, angoisse, dépression, perte
des repères (temps, repères et soins
corporels), vécu constant de rejet ,
Modification semi-consciente des
événements, recherche de considération,
interprétation, imagination, fantasmes,
fuite dans le rêve, repli sur soi, …

Les réactions communes aux
abandonnés et à ceux qui s’en
préoccupent :
De la douleur : culpabilité, angoisse,
sentiment d’abandon, lassitude,
épuisement, voire désespoir
De la colère, l’envie de se battre, de
crier, de témoigner, de militer

Deux mécanismes de défense
La recherche de bouc émissaires
(administration, le collègue, le voisin, le
professionnel, …) enfin, un responsable

Résignation, détachement : on laisse
tomber. Dans le meilleur des cas,
culpabilité, au pire, indifférence,
dépression, maladies, toxiques, suicide …

Souffrance commune
Elle peut être celle de ne rien voir, de
ne plus savoir regarder d’un œil neuf.
Soit on utilise le mauvais outil …
Soit on regarde de très loin …

Donc, modifier la distance
avec l’autre
Créer ce qui va faire similitude
Ne pas avoir peur de l’autre ; y
compris dans ce « rien » qu’on ne
pourra changer
Exemple des demandeurs d’asile :
carte du pays, livrets santé : 2 outils
où ils sont « enseignants »

Recommandations

Loi de 1998
Accès effectif de tous aux droits
fondamentaux dans les domaines de
l’emploi, du logement, de la protection de la
santé,

de la justice, de l’éducation, de la
formation, de la culture,
de la PROTECTION de la famille et de
l’enfance

Eviter l’urgence
Prendre bien attention au respect de
l’infimité
Piste la démonstrativité « obligatoire »

Ne jamais généraliser

Voir la modification de la personne
***
Essayer de mettre en relation
ses désirs
et la réalité

Créer un projet d’utilité
Investissement par l’autre : en quoi suis-je
investi par l’autre, qu’ai-je reçu de lui (et
non comment je l’ai aidé)

Reconnaissance – se reconnaître identiques
Utilité sociale : quel rôle social joue la
personne présente (expérience des
« adultes relais sans papiers », à Paris

Combattre
3 idées fortes et fausses
1) Les personnes qui ont le RMI et la
CMU sont des profiteurs
2) La France ne peut pas accueillir
toute la misère du monde

3) Une bonne gestion financière va
aboutir à une bonne gestion humaine

Les personnes qui ont le RMI
et la CMU sont des profiteurs
Profit : augmentation des biens que l’on
possède, par exemple
AAH : 621 euros; RMI : 440 euros
……………………….COMPARONS :
Cours du CAC 40, cours de la bourse,
placements …

Et revenu des ménages en habitat social
(parc public et privé)

La France ne peut pas accueillir
toute la misère du monde
La déontologie serait :
Pour un pays riche et développé, de
combien doit être son effort (réel,
c’est-à-dire orienté vers les
populations démunies) , pour aider ?
En somme, « la France doit accueillir
une partie de la misère du monde »

Une bonne gestion financière va
aboutir à une bonne gestion
humaine
C’est ici confondre l’outil et l’objectif ; le but
est une gestion humaine des projets ; la
finance n’est qu’un outil au service de
l’homme .
Dans une décision donnée, parle-t-on de
rentabilité, ou de bien-être ?

Les préalables, pour chacun,
quelle que soit sa position
d’aidant ou d’aidé :
Relation de confiance : « une
espérance ferme en l’autre »
Ecoute ; écouter : « s’appliquer à
entendre »
Respect : « accorder une
considération admirative »
Compréhension :
« donner un sens clair, avoir une
connaissance intuitive de quelqu’un »

Pour cela, 2 points importants
Importance de la formation des
professionnels (santé, social, , par des
parcours de rencontre et de dialogue

Pour une bonne connaissance de la
situation des personnes en précarité ou,
plus loin encore, en grande pauvreté
Constitution d’un projet avec la personne

Les pratiques qui « cassent »
(source : ORSPERE ONSMP)
Ne laisser que des conditions de survie
(besoins primaires)
Absence de lieu de vie à soi
Dossier et personne non différenciés
Absence de réponses concrètes
Attribution d’une identité de victime, sans
étude de famille, école, travail, …
Oubli du risque de malentendu (autre vécu)
Aidant isolé, révolté, impuissant)
Injonctions paradoxales aux professionnels
(Aidez, mais débrouillez-vous)

Les pratiques qui aident
Etre reconnus en tant que personnes
(droit au silence)

Visibilité, prise de parole
Intégration à un groupe
Attention portée aux liens familiaux
Liberté d’élaboration de réponses
individualisées, loin des dispositifs globaux
Partir de l’analyse de la personne
Créer des réseaux pluri professionnels, de
partage des connaissances

Conclusion
Certes, on vit un individualisme érigé en
norme : solitude, culpabilisation de l’échec
Mais des référentiels se construisent:
espaces pour les professionnels
Evolution sociale des démocraties: le
cerveau évolué, multifactoriel, prend le pas
sur le cerveau archaïque, binaire

Bibliographie
François Dubet , Injustices, l’expérience des
inégalités au travail, 2006, Editions du Seuil, Paris
Michel Joubert et Claude Louzoun, Répondre à la
souffrance sociale, 2005, Editions Erès, 31520
Ramonville
Colette Pitici, Les bricoleurs de la précarité, Revue
Rhizome « Réinventer l’institution », N° 25,
déc.06, - téléchargeable sur
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Quelle utilité pour
l’homme étouffé, effacé ?
Que faire quand on ne sait plus quoi
faire ?

Un brin de réponse : tenter,
inlassablement, de comprendre
Guy Ardiet, Lyon St Cyr - CEZERIAT, le 31 mai 07

Bien sûr, des situations sont parfois
plus complexes que d’autres ;
Pour ce qui peut faire souffrance, c’est
la sensation aigue d’injustice .

Trois définitions
Utile : dont l’usage, l’emploi, est
avantageux
à quelqu’un ou à la société

L’homme utile apporte à quelqu’un ou
à la société.
L’exclus du travail n’est-il pas exclu de
l’utilité sociale ?

Etouffer :
Priver d’air, asphyxier, oppresser
Episode de reconduite à la frontière ; « un
étranglement sur un passager; l’homme
perd connaissance, yeux révulsés, langue
pendante, écume aux lèvres … »
Témoignage des passagers du vol
Paris-Bamako, Roissy, 26 mai 07

Effacer :
1) Faire disparaître
sans laisser de trace
(une variante : expulser)
2) Faire oublier
(une variante : l’indifférence)

L’homme effacé : celui qu’on a gommé
de la communauté

La ligne directrice de l’exposé
Une souffrance liée à l’exclusion, au
« rejet », à la notion de personne
inutile, indésirable, ou en tout non
prévue d’être vue, là où elle est vue
Une souffrance d’être transparent

Un écart, même « écartèlement »,
entre « espéré » et « vécu »

Une première conséquence
-Pour le sujet invisible : distorsion du réel
(santé à 2/plusieurs vitesses)
 monde à 2/plusieurs réels

 Pour le professionnel : souffrance par
l’écart entre le désir pour l’autre, semblable
à soi, et le constat imaginé de son avenir
(si on est « aidant »,
ce n’est pas par hasard)

Un exposé en 4 volets
1) Un essai de clarification
2) Ce qui est particulier à la
souffrance psychique de la personne
en grande pauvreté
3) Ce qui est commun entre elle et la
personne qui intervient auprès d’elle
4) Quelques constats et les
propositions qui leur sont secondaires

Syndrome d’exclusion sociale,
souffrance psychique
Les définitions sont nombreuses :
Exclusion : perte des sécurités de base :
travail, formation, logement, diplôme,
culture, … (J.Wrésinski)
Souffrance psychique, non psychiatrique,
d’origine sociale (Lazarus)

Les conséquences : honte, inhibition,
découragement (Maisondieu)

On se débat avec des notions
complexes
La justice, l’égalité, l’honneur, le
mérite …
en somme, le bon côté des choses
Et des éléments bien différents :
l’autonomie perdue, la vulnérabilité, la
stigmatisation, le mépris, l’abandon, …
et ce que ces mots évoquent !

Simple : souffrance psychosociale
Souffrance de l'individu, du
professionnel de santé, du
professionnel social, du professionnel
administratif
Douleur à expression psychique,
somatique, ou mixte, suite à une
impasse.

Les 4 fonctions de l'aidant :
imaginaire, choisie, réalisée, et
non réalisée
La fonction imaginaire : celle de sa
formation : une intériorisation
La fonction choisie : celle qu'on
décide, en soi même : adaptation des
consignes ; une adaptation vitale

La fonction réalisée ; 3 évaluateurs:
soi d'abord, le pair (ou hiérarchie), la
personne aidée
La fonction non réalisée : 3
évaluateurs: soi d'abord, le pair (ou
hiérarachie), la personne aidée

La personne aidée évalue l'action réalisée, et
celle non réalisée ; un espace de rencontre - la
parole est un acte posé parmi d'autres.

L'important : non l'acte, mais le motif profond de
cet acte
Penser l'action avec le regard du partenaire j'entends par partenaire non l'autre professionnel
du réseau, mais la personne "effacée" que je
rencontre.
Ce mot d'effacé peut traduire ma propre mise en
retrait ; mais aussi la notion que le monde (du
travail, des amis, ...) m'a gommé.

Un exemple de gomme
Gommer, c’est disqualifier, c’est ne pas
imaginer comment l’autre va recevoir mon
message
Je suis « hors les clous » si j’imagine que
j’en suis dispensé ; mais ……. la personne
en précarité disqualifie elle aussi l’aidant :
par son échec, elle le traite d’inutile et
d’incapable

bien involontairement 99 fois sur 100

La complexité n’est pas le
désespoir
Complexité : l'étayage des pratiques ne
peut partir des institutions, mais doit aller
des personnes "invisibles" aux institutions.
Commencer par les échanges de savoir, les
co-formations, en "parité" ; un préalable
pour connaître comment faire : des groupes
mixtes, selon les modalités les plus faciles
pour les plus souffrants.
Eviter la « proposition pour demain 9h »

Aucun dispositif de soin ne peut être
efficient, s'il n'est pas validé par le
lecteur à qui il est destiné.
Un exemple :

France : 9% d’adultes en
illettrisme (INSEE, oct. 05)
Un tel document exclut ; il induit une
disqualification, puis une nécessité
d'assistance ! S'il déclenche un mouvement
de colère, la faute est, hélas, et à tort,
reportée à celui qui conteste.
Ou on a alors un renoncement en miroir.
(* soit 2,3 millions de personnes)

Comment aller plus loin
Avec, pour citer Saül Karsz, d’abord
désigner, puis interpréter, enfin rater.
Rater, « sujet réel, donc qui résiste »
Rassurant, de savoir que le réel résiste :
exemple des taux de chômage, ou de mal
logement (travaux de la MRIE) : on parle
des zones grises , donc non éclairées !
-2 millions de chômeurs,
-2 millions « non temps plein »,
-400 000 dispensés d’emploi

Un mécanisme implacable
Plan cohésion sociale : suivi mensuel,
convocations, relances à délais très
courts : « oubli, erreur, épuisement »
(Elisabeth Maurel)
Cela nous rassure :
si on est inutile, les mécanismes
d’enfoncement
sont bien rodés .

Et pourtant :
Comme on le verra, on retrouve :
Solidarité
Mobilisation
Combat pour la dignité
Espérance
Partage
Fête
Joie
Rires

Les éléments spécifiques au
plus pauvres : réalités
Ne pas avoir de logement, de travail,
d’argent …
Ne pas savoir lire
Etre en grande solitude
Ne pouvoir se soigner – vision, soins
dentaires

Les plus pauvres : le vécu
Honte, peur, angoisse, dépression, perte
des repères (temps, repères et soins
corporels), vécu constant de rejet ,
Modification semi-consciente des
événements, recherche de considération,
interprétation, imagination, fantasmes,
fuite dans le rêve, repli sur soi, …

Les réactions communes aux
abandonnés et à ceux qui s’en
préoccupent :
De la douleur : culpabilité, angoisse,
sentiment d’abandon, lassitude,
épuisement, voire désespoir
De la colère, l’envie de se battre, de
crier, de témoigner, de militer

Deux mécanismes de défense
La recherche de bouc émissaires
(administration, le collègue, le voisin, le
professionnel, …) enfin, un responsable

Résignation, détachement : on laisse
tomber. Dans le meilleur des cas,
culpabilité, au pire, indifférence,
dépression, maladies, toxiques, suicide …

Souffrance commune
Elle peut être celle de ne rien voir, de
ne plus savoir regarder d’un œil neuf.
Soit on utilise le mauvais outil …
Soit on regarde de très loin …

Donc, modifier la distance
avec l’autre
Créer ce qui va faire similitude
Ne pas avoir peur de l’autre ; y
compris dans ce « rien » qu’on ne
pourra changer
Exemple des demandeurs d’asile :
carte du pays, livrets santé : 2 outils
où ils sont « enseignants »

Recommandations

Loi de 1998
Accès effectif de tous aux droits
fondamentaux dans les domaines de
l’emploi, du logement, de la protection de la
santé,

de la justice, de l’éducation, de la
formation, de la culture,
de la PROTECTION de la famille et de
l’enfance

Eviter l’urgence
Prendre bien attention au respect de
l’infimité
Piste la démonstrativité « obligatoire »

Ne jamais généraliser

Voir la modification de la personne
***
Essayer de mettre en relation
ses désirs
et la réalité

Créer un projet d’utilité
Investissement par l’autre : en quoi suis-je
investi par l’autre, qu’ai-je reçu de lui (et
non comment je l’ai aidé)

Reconnaissance – se reconnaître identiques
Utilité sociale : quel rôle social joue la
personne présente (expérience des
« adultes relais sans papiers », à Paris

Combattre
3 idées fortes et fausses
1) Les personnes qui ont le RMI et la
CMU sont des profiteurs
2) La France ne peut pas accueillir
toute la misère du monde

3) Une bonne gestion financière va
aboutir à une bonne gestion humaine

Les personnes qui ont le RMI
et la CMU sont des profiteurs
Profit : augmentation des biens que l’on
possède, par exemple
AAH : 621 euros; RMI : 440 euros
……………………….COMPARONS :
Cours du CAC 40, cours de la bourse,
placements …

Et revenu des ménages en habitat social
(parc public et privé)

La France ne peut pas accueillir
toute la misère du monde
La déontologie serait :
Pour un pays riche et développé, de
combien doit être son effort (réel,
c’est-à-dire orienté vers les
populations démunies) , pour aider ?
En somme, « la France doit accueillir
une partie de la misère du monde »

Une bonne gestion financière va
aboutir à une bonne gestion
humaine
C’est ici confondre l’outil et l’objectif ; le but
est une gestion humaine des projets ; la
finance n’est qu’un outil au service de
l’homme .
Dans une décision donnée, parle-t-on de
rentabilité, ou de bien-être ?

Les préalables, pour chacun,
quelle que soit sa position
d’aidant ou d’aidé :
Relation de confiance : « une
espérance ferme en l’autre »
Ecoute ; écouter : « s’appliquer à
entendre »
Respect : « accorder une
considération admirative »
Compréhension :
« donner un sens clair, avoir une
connaissance intuitive de quelqu’un »

Pour cela, 2 points importants
Importance de la formation des
professionnels (santé, social, , par des
parcours de rencontre et de dialogue

Pour une bonne connaissance de la
situation des personnes en précarité ou,
plus loin encore, en grande pauvreté
Constitution d’un projet avec la personne

Les pratiques qui « cassent »
(source : ORSPERE ONSMP)
Ne laisser que des conditions de survie
(besoins primaires)
Absence de lieu de vie à soi
Dossier et personne non différenciés
Absence de réponses concrètes
Attribution d’une identité de victime, sans
étude de famille, école, travail, …
Oubli du risque de malentendu (autre vécu)
Aidant isolé, révolté, impuissant)
Injonctions paradoxales aux professionnels
(Aidez, mais débrouillez-vous)

Les pratiques qui aident
Etre reconnus en tant que personnes
(droit au silence)

Visibilité, prise de parole
Intégration à un groupe
Attention portée aux liens familiaux
Liberté d’élaboration de réponses
individualisées, loin des dispositifs globaux
Partir de l’analyse de la personne
Créer des réseaux pluri professionnels, de
partage des connaissances

Conclusion
Certes, on vit un individualisme érigé en
norme : solitude, culpabilisation de l’échec
Mais des référentiels se construisent:
espaces pour les professionnels
Evolution sociale des démocraties: le
cerveau évolué, multifactoriel, prend le pas
sur le cerveau archaïque, binaire

Bibliographie
François Dubet , Injustices, l’expérience des
inégalités au travail, 2006, Editions du Seuil, Paris
Michel Joubert et Claude Louzoun, Répondre à la
souffrance sociale, 2005, Editions Erès, 31520
Ramonville
Colette Pitici, Les bricoleurs de la précarité, Revue
Rhizome « Réinventer l’institution », N° 25,
déc.06, - téléchargeable sur
http://wuertm.site.voila.fr/rhz25.pdf

Ce diaporama sur
http://crpplyon.site.voila.fr/bg07.pps

Contact : [email protected]
Site pour lecture et publications à
venir (toute recherche est bienvenue)
http://crpplyon.site.voila.fr


Slide 24

Quelle utilité pour
l’homme étouffé, effacé ?
Que faire quand on ne sait plus quoi
faire ?

Un brin de réponse : tenter,
inlassablement, de comprendre
Guy Ardiet, Lyon St Cyr - CEZERIAT, le 31 mai 07

Bien sûr, des situations sont parfois
plus complexes que d’autres ;
Pour ce qui peut faire souffrance, c’est
la sensation aigue d’injustice .

Trois définitions
Utile : dont l’usage, l’emploi, est
avantageux
à quelqu’un ou à la société

L’homme utile apporte à quelqu’un ou
à la société.
L’exclus du travail n’est-il pas exclu de
l’utilité sociale ?

Etouffer :
Priver d’air, asphyxier, oppresser
Episode de reconduite à la frontière ; « un
étranglement sur un passager; l’homme
perd connaissance, yeux révulsés, langue
pendante, écume aux lèvres … »
Témoignage des passagers du vol
Paris-Bamako, Roissy, 26 mai 07

Effacer :
1) Faire disparaître
sans laisser de trace
(une variante : expulser)
2) Faire oublier
(une variante : l’indifférence)

L’homme effacé : celui qu’on a gommé
de la communauté

La ligne directrice de l’exposé
Une souffrance liée à l’exclusion, au
« rejet », à la notion de personne
inutile, indésirable, ou en tout non
prévue d’être vue, là où elle est vue
Une souffrance d’être transparent

Un écart, même « écartèlement »,
entre « espéré » et « vécu »

Une première conséquence
-Pour le sujet invisible : distorsion du réel
(santé à 2/plusieurs vitesses)
 monde à 2/plusieurs réels

 Pour le professionnel : souffrance par
l’écart entre le désir pour l’autre, semblable
à soi, et le constat imaginé de son avenir
(si on est « aidant »,
ce n’est pas par hasard)

Un exposé en 4 volets
1) Un essai de clarification
2) Ce qui est particulier à la
souffrance psychique de la personne
en grande pauvreté
3) Ce qui est commun entre elle et la
personne qui intervient auprès d’elle
4) Quelques constats et les
propositions qui leur sont secondaires

Syndrome d’exclusion sociale,
souffrance psychique
Les définitions sont nombreuses :
Exclusion : perte des sécurités de base :
travail, formation, logement, diplôme,
culture, … (J.Wrésinski)
Souffrance psychique, non psychiatrique,
d’origine sociale (Lazarus)

Les conséquences : honte, inhibition,
découragement (Maisondieu)

On se débat avec des notions
complexes
La justice, l’égalité, l’honneur, le
mérite …
en somme, le bon côté des choses
Et des éléments bien différents :
l’autonomie perdue, la vulnérabilité, la
stigmatisation, le mépris, l’abandon, …
et ce que ces mots évoquent !

Simple : souffrance psychosociale
Souffrance de l'individu, du
professionnel de santé, du
professionnel social, du professionnel
administratif
Douleur à expression psychique,
somatique, ou mixte, suite à une
impasse.

Les 4 fonctions de l'aidant :
imaginaire, choisie, réalisée, et
non réalisée
La fonction imaginaire : celle de sa
formation : une intériorisation
La fonction choisie : celle qu'on
décide, en soi même : adaptation des
consignes ; une adaptation vitale

La fonction réalisée ; 3 évaluateurs:
soi d'abord, le pair (ou hiérarchie), la
personne aidée
La fonction non réalisée : 3
évaluateurs: soi d'abord, le pair (ou
hiérarachie), la personne aidée

La personne aidée évalue l'action réalisée, et
celle non réalisée ; un espace de rencontre - la
parole est un acte posé parmi d'autres.

L'important : non l'acte, mais le motif profond de
cet acte
Penser l'action avec le regard du partenaire j'entends par partenaire non l'autre professionnel
du réseau, mais la personne "effacée" que je
rencontre.
Ce mot d'effacé peut traduire ma propre mise en
retrait ; mais aussi la notion que le monde (du
travail, des amis, ...) m'a gommé.

Un exemple de gomme
Gommer, c’est disqualifier, c’est ne pas
imaginer comment l’autre va recevoir mon
message
Je suis « hors les clous » si j’imagine que
j’en suis dispensé ; mais ……. la personne
en précarité disqualifie elle aussi l’aidant :
par son échec, elle le traite d’inutile et
d’incapable

bien involontairement 99 fois sur 100

La complexité n’est pas le
désespoir
Complexité : l'étayage des pratiques ne
peut partir des institutions, mais doit aller
des personnes "invisibles" aux institutions.
Commencer par les échanges de savoir, les
co-formations, en "parité" ; un préalable
pour connaître comment faire : des groupes
mixtes, selon les modalités les plus faciles
pour les plus souffrants.
Eviter la « proposition pour demain 9h »

Aucun dispositif de soin ne peut être
efficient, s'il n'est pas validé par le
lecteur à qui il est destiné.
Un exemple :

France : 9% d’adultes en
illettrisme (INSEE, oct. 05)
Un tel document exclut ; il induit une
disqualification, puis une nécessité
d'assistance ! S'il déclenche un mouvement
de colère, la faute est, hélas, et à tort,
reportée à celui qui conteste.
Ou on a alors un renoncement en miroir.
(* soit 2,3 millions de personnes)

Comment aller plus loin
Avec, pour citer Saül Karsz, d’abord
désigner, puis interpréter, enfin rater.
Rater, « sujet réel, donc qui résiste »
Rassurant, de savoir que le réel résiste :
exemple des taux de chômage, ou de mal
logement (travaux de la MRIE) : on parle
des zones grises , donc non éclairées !
-2 millions de chômeurs,
-2 millions « non temps plein »,
-400 000 dispensés d’emploi

Un mécanisme implacable
Plan cohésion sociale : suivi mensuel,
convocations, relances à délais très
courts : « oubli, erreur, épuisement »
(Elisabeth Maurel)
Cela nous rassure :
si on est inutile, les mécanismes
d’enfoncement
sont bien rodés .

Et pourtant :
Comme on le verra, on retrouve :
Solidarité
Mobilisation
Combat pour la dignité
Espérance
Partage
Fête
Joie
Rires

Les éléments spécifiques au
plus pauvres : réalités
Ne pas avoir de logement, de travail,
d’argent …
Ne pas savoir lire
Etre en grande solitude
Ne pouvoir se soigner – vision, soins
dentaires

Les plus pauvres : le vécu
Honte, peur, angoisse, dépression, perte
des repères (temps, repères et soins
corporels), vécu constant de rejet ,
Modification semi-consciente des
événements, recherche de considération,
interprétation, imagination, fantasmes,
fuite dans le rêve, repli sur soi, …

Les réactions communes aux
abandonnés et à ceux qui s’en
préoccupent :
De la douleur : culpabilité, angoisse,
sentiment d’abandon, lassitude,
épuisement, voire désespoir
De la colère, l’envie de se battre, de
crier, de témoigner, de militer

Deux mécanismes de défense
La recherche de bouc émissaires
(administration, le collègue, le voisin, le
professionnel, …) enfin, un responsable

Résignation, détachement : on laisse
tomber. Dans le meilleur des cas,
culpabilité, au pire, indifférence,
dépression, maladies, toxiques, suicide …

Souffrance commune
Elle peut être celle de ne rien voir, de
ne plus savoir regarder d’un œil neuf.
Soit on utilise le mauvais outil …
Soit on regarde de très loin …

Donc, modifier la distance
avec l’autre
Créer ce qui va faire similitude
Ne pas avoir peur de l’autre ; y
compris dans ce « rien » qu’on ne
pourra changer
Exemple des demandeurs d’asile :
carte du pays, livrets santé : 2 outils
où ils sont « enseignants »

Recommandations

Loi de 1998
Accès effectif de tous aux droits
fondamentaux dans les domaines de
l’emploi, du logement, de la protection de la
santé,

de la justice, de l’éducation, de la
formation, de la culture,
de la PROTECTION de la famille et de
l’enfance

Eviter l’urgence
Prendre bien attention au respect de
l’infimité
Piste la démonstrativité « obligatoire »

Ne jamais généraliser

Voir la modification de la personne
***
Essayer de mettre en relation
ses désirs
et la réalité

Créer un projet d’utilité
Investissement par l’autre : en quoi suis-je
investi par l’autre, qu’ai-je reçu de lui (et
non comment je l’ai aidé)

Reconnaissance – se reconnaître identiques
Utilité sociale : quel rôle social joue la
personne présente (expérience des
« adultes relais sans papiers », à Paris

Combattre
3 idées fortes et fausses
1) Les personnes qui ont le RMI et la
CMU sont des profiteurs
2) La France ne peut pas accueillir
toute la misère du monde

3) Une bonne gestion financière va
aboutir à une bonne gestion humaine

Les personnes qui ont le RMI
et la CMU sont des profiteurs
Profit : augmentation des biens que l’on
possède, par exemple
AAH : 621 euros; RMI : 440 euros
……………………….COMPARONS :
Cours du CAC 40, cours de la bourse,
placements …

Et revenu des ménages en habitat social
(parc public et privé)

La France ne peut pas accueillir
toute la misère du monde
La déontologie serait :
Pour un pays riche et développé, de
combien doit être son effort (réel,
c’est-à-dire orienté vers les
populations démunies) , pour aider ?
En somme, « la France doit accueillir
une partie de la misère du monde »

Une bonne gestion financière va
aboutir à une bonne gestion
humaine
C’est ici confondre l’outil et l’objectif ; le but
est une gestion humaine des projets ; la
finance n’est qu’un outil au service de
l’homme .
Dans une décision donnée, parle-t-on de
rentabilité, ou de bien-être ?

Les préalables, pour chacun,
quelle que soit sa position
d’aidant ou d’aidé :
Relation de confiance : « une
espérance ferme en l’autre »
Ecoute ; écouter : « s’appliquer à
entendre »
Respect : « accorder une
considération admirative »
Compréhension :
« donner un sens clair, avoir une
connaissance intuitive de quelqu’un »

Pour cela, 2 points importants
Importance de la formation des
professionnels (santé, social, , par des
parcours de rencontre et de dialogue

Pour une bonne connaissance de la
situation des personnes en précarité ou,
plus loin encore, en grande pauvreté
Constitution d’un projet avec la personne

Les pratiques qui « cassent »
(source : ORSPERE ONSMP)
Ne laisser que des conditions de survie
(besoins primaires)
Absence de lieu de vie à soi
Dossier et personne non différenciés
Absence de réponses concrètes
Attribution d’une identité de victime, sans
étude de famille, école, travail, …
Oubli du risque de malentendu (autre vécu)
Aidant isolé, révolté, impuissant)
Injonctions paradoxales aux professionnels
(Aidez, mais débrouillez-vous)

Les pratiques qui aident
Etre reconnus en tant que personnes
(droit au silence)

Visibilité, prise de parole
Intégration à un groupe
Attention portée aux liens familiaux
Liberté d’élaboration de réponses
individualisées, loin des dispositifs globaux
Partir de l’analyse de la personne
Créer des réseaux pluri professionnels, de
partage des connaissances

Conclusion
Certes, on vit un individualisme érigé en
norme : solitude, culpabilisation de l’échec
Mais des référentiels se construisent:
espaces pour les professionnels
Evolution sociale des démocraties: le
cerveau évolué, multifactoriel, prend le pas
sur le cerveau archaïque, binaire

Bibliographie
François Dubet , Injustices, l’expérience des
inégalités au travail, 2006, Editions du Seuil, Paris
Michel Joubert et Claude Louzoun, Répondre à la
souffrance sociale, 2005, Editions Erès, 31520
Ramonville
Colette Pitici, Les bricoleurs de la précarité, Revue
Rhizome « Réinventer l’institution », N° 25,
déc.06, - téléchargeable sur
http://wuertm.site.voila.fr/rhz25.pdf

Ce diaporama sur
http://crpplyon.site.voila.fr/bg07.pps

Contact : [email protected]
Site pour lecture et publications à
venir (toute recherche est bienvenue)
http://crpplyon.site.voila.fr


Slide 25

Quelle utilité pour
l’homme étouffé, effacé ?
Que faire quand on ne sait plus quoi
faire ?

Un brin de réponse : tenter,
inlassablement, de comprendre
Guy Ardiet, Lyon St Cyr - CEZERIAT, le 31 mai 07

Bien sûr, des situations sont parfois
plus complexes que d’autres ;
Pour ce qui peut faire souffrance, c’est
la sensation aigue d’injustice .

Trois définitions
Utile : dont l’usage, l’emploi, est
avantageux
à quelqu’un ou à la société

L’homme utile apporte à quelqu’un ou
à la société.
L’exclus du travail n’est-il pas exclu de
l’utilité sociale ?

Etouffer :
Priver d’air, asphyxier, oppresser
Episode de reconduite à la frontière ; « un
étranglement sur un passager; l’homme
perd connaissance, yeux révulsés, langue
pendante, écume aux lèvres … »
Témoignage des passagers du vol
Paris-Bamako, Roissy, 26 mai 07

Effacer :
1) Faire disparaître
sans laisser de trace
(une variante : expulser)
2) Faire oublier
(une variante : l’indifférence)

L’homme effacé : celui qu’on a gommé
de la communauté

La ligne directrice de l’exposé
Une souffrance liée à l’exclusion, au
« rejet », à la notion de personne
inutile, indésirable, ou en tout non
prévue d’être vue, là où elle est vue
Une souffrance d’être transparent

Un écart, même « écartèlement »,
entre « espéré » et « vécu »

Une première conséquence
-Pour le sujet invisible : distorsion du réel
(santé à 2/plusieurs vitesses)
 monde à 2/plusieurs réels

 Pour le professionnel : souffrance par
l’écart entre le désir pour l’autre, semblable
à soi, et le constat imaginé de son avenir
(si on est « aidant »,
ce n’est pas par hasard)

Un exposé en 4 volets
1) Un essai de clarification
2) Ce qui est particulier à la
souffrance psychique de la personne
en grande pauvreté
3) Ce qui est commun entre elle et la
personne qui intervient auprès d’elle
4) Quelques constats et les
propositions qui leur sont secondaires

Syndrome d’exclusion sociale,
souffrance psychique
Les définitions sont nombreuses :
Exclusion : perte des sécurités de base :
travail, formation, logement, diplôme,
culture, … (J.Wrésinski)
Souffrance psychique, non psychiatrique,
d’origine sociale (Lazarus)

Les conséquences : honte, inhibition,
découragement (Maisondieu)

On se débat avec des notions
complexes
La justice, l’égalité, l’honneur, le
mérite …
en somme, le bon côté des choses
Et des éléments bien différents :
l’autonomie perdue, la vulnérabilité, la
stigmatisation, le mépris, l’abandon, …
et ce que ces mots évoquent !

Simple : souffrance psychosociale
Souffrance de l'individu, du
professionnel de santé, du
professionnel social, du professionnel
administratif
Douleur à expression psychique,
somatique, ou mixte, suite à une
impasse.

Les 4 fonctions de l'aidant :
imaginaire, choisie, réalisée, et
non réalisée
La fonction imaginaire : celle de sa
formation : une intériorisation
La fonction choisie : celle qu'on
décide, en soi même : adaptation des
consignes ; une adaptation vitale

La fonction réalisée ; 3 évaluateurs:
soi d'abord, le pair (ou hiérarchie), la
personne aidée
La fonction non réalisée : 3
évaluateurs: soi d'abord, le pair (ou
hiérarachie), la personne aidée

La personne aidée évalue l'action réalisée, et
celle non réalisée ; un espace de rencontre - la
parole est un acte posé parmi d'autres.

L'important : non l'acte, mais le motif profond de
cet acte
Penser l'action avec le regard du partenaire j'entends par partenaire non l'autre professionnel
du réseau, mais la personne "effacée" que je
rencontre.
Ce mot d'effacé peut traduire ma propre mise en
retrait ; mais aussi la notion que le monde (du
travail, des amis, ...) m'a gommé.

Un exemple de gomme
Gommer, c’est disqualifier, c’est ne pas
imaginer comment l’autre va recevoir mon
message
Je suis « hors les clous » si j’imagine que
j’en suis dispensé ; mais ……. la personne
en précarité disqualifie elle aussi l’aidant :
par son échec, elle le traite d’inutile et
d’incapable

bien involontairement 99 fois sur 100

La complexité n’est pas le
désespoir
Complexité : l'étayage des pratiques ne
peut partir des institutions, mais doit aller
des personnes "invisibles" aux institutions.
Commencer par les échanges de savoir, les
co-formations, en "parité" ; un préalable
pour connaître comment faire : des groupes
mixtes, selon les modalités les plus faciles
pour les plus souffrants.
Eviter la « proposition pour demain 9h »

Aucun dispositif de soin ne peut être
efficient, s'il n'est pas validé par le
lecteur à qui il est destiné.
Un exemple :

France : 9% d’adultes en
illettrisme (INSEE, oct. 05)
Un tel document exclut ; il induit une
disqualification, puis une nécessité
d'assistance ! S'il déclenche un mouvement
de colère, la faute est, hélas, et à tort,
reportée à celui qui conteste.
Ou on a alors un renoncement en miroir.
(* soit 2,3 millions de personnes)

Comment aller plus loin
Avec, pour citer Saül Karsz, d’abord
désigner, puis interpréter, enfin rater.
Rater, « sujet réel, donc qui résiste »
Rassurant, de savoir que le réel résiste :
exemple des taux de chômage, ou de mal
logement (travaux de la MRIE) : on parle
des zones grises , donc non éclairées !
-2 millions de chômeurs,
-2 millions « non temps plein »,
-400 000 dispensés d’emploi

Un mécanisme implacable
Plan cohésion sociale : suivi mensuel,
convocations, relances à délais très
courts : « oubli, erreur, épuisement »
(Elisabeth Maurel)
Cela nous rassure :
si on est inutile, les mécanismes
d’enfoncement
sont bien rodés .

Et pourtant :
Comme on le verra, on retrouve :
Solidarité
Mobilisation
Combat pour la dignité
Espérance
Partage
Fête
Joie
Rires

Les éléments spécifiques au
plus pauvres : réalités
Ne pas avoir de logement, de travail,
d’argent …
Ne pas savoir lire
Etre en grande solitude
Ne pouvoir se soigner – vision, soins
dentaires

Les plus pauvres : le vécu
Honte, peur, angoisse, dépression, perte
des repères (temps, repères et soins
corporels), vécu constant de rejet ,
Modification semi-consciente des
événements, recherche de considération,
interprétation, imagination, fantasmes,
fuite dans le rêve, repli sur soi, …

Les réactions communes aux
abandonnés et à ceux qui s’en
préoccupent :
De la douleur : culpabilité, angoisse,
sentiment d’abandon, lassitude,
épuisement, voire désespoir
De la colère, l’envie de se battre, de
crier, de témoigner, de militer

Deux mécanismes de défense
La recherche de bouc émissaires
(administration, le collègue, le voisin, le
professionnel, …) enfin, un responsable

Résignation, détachement : on laisse
tomber. Dans le meilleur des cas,
culpabilité, au pire, indifférence,
dépression, maladies, toxiques, suicide …

Souffrance commune
Elle peut être celle de ne rien voir, de
ne plus savoir regarder d’un œil neuf.
Soit on utilise le mauvais outil …
Soit on regarde de très loin …

Donc, modifier la distance
avec l’autre
Créer ce qui va faire similitude
Ne pas avoir peur de l’autre ; y
compris dans ce « rien » qu’on ne
pourra changer
Exemple des demandeurs d’asile :
carte du pays, livrets santé : 2 outils
où ils sont « enseignants »

Recommandations

Loi de 1998
Accès effectif de tous aux droits
fondamentaux dans les domaines de
l’emploi, du logement, de la protection de la
santé,

de la justice, de l’éducation, de la
formation, de la culture,
de la PROTECTION de la famille et de
l’enfance

Eviter l’urgence
Prendre bien attention au respect de
l’infimité
Piste la démonstrativité « obligatoire »

Ne jamais généraliser

Voir la modification de la personne
***
Essayer de mettre en relation
ses désirs
et la réalité

Créer un projet d’utilité
Investissement par l’autre : en quoi suis-je
investi par l’autre, qu’ai-je reçu de lui (et
non comment je l’ai aidé)

Reconnaissance – se reconnaître identiques
Utilité sociale : quel rôle social joue la
personne présente (expérience des
« adultes relais sans papiers », à Paris

Combattre
3 idées fortes et fausses
1) Les personnes qui ont le RMI et la
CMU sont des profiteurs
2) La France ne peut pas accueillir
toute la misère du monde

3) Une bonne gestion financière va
aboutir à une bonne gestion humaine

Les personnes qui ont le RMI
et la CMU sont des profiteurs
Profit : augmentation des biens que l’on
possède, par exemple
AAH : 621 euros; RMI : 440 euros
……………………….COMPARONS :
Cours du CAC 40, cours de la bourse,
placements …

Et revenu des ménages en habitat social
(parc public et privé)

La France ne peut pas accueillir
toute la misère du monde
La déontologie serait :
Pour un pays riche et développé, de
combien doit être son effort (réel,
c’est-à-dire orienté vers les
populations démunies) , pour aider ?
En somme, « la France doit accueillir
une partie de la misère du monde »

Une bonne gestion financière va
aboutir à une bonne gestion
humaine
C’est ici confondre l’outil et l’objectif ; le but
est une gestion humaine des projets ; la
finance n’est qu’un outil au service de
l’homme .
Dans une décision donnée, parle-t-on de
rentabilité, ou de bien-être ?

Les préalables, pour chacun,
quelle que soit sa position
d’aidant ou d’aidé :
Relation de confiance : « une
espérance ferme en l’autre »
Ecoute ; écouter : « s’appliquer à
entendre »
Respect : « accorder une
considération admirative »
Compréhension :
« donner un sens clair, avoir une
connaissance intuitive de quelqu’un »

Pour cela, 2 points importants
Importance de la formation des
professionnels (santé, social, , par des
parcours de rencontre et de dialogue

Pour une bonne connaissance de la
situation des personnes en précarité ou,
plus loin encore, en grande pauvreté
Constitution d’un projet avec la personne

Les pratiques qui « cassent »
(source : ORSPERE ONSMP)
Ne laisser que des conditions de survie
(besoins primaires)
Absence de lieu de vie à soi
Dossier et personne non différenciés
Absence de réponses concrètes
Attribution d’une identité de victime, sans
étude de famille, école, travail, …
Oubli du risque de malentendu (autre vécu)
Aidant isolé, révolté, impuissant)
Injonctions paradoxales aux professionnels
(Aidez, mais débrouillez-vous)

Les pratiques qui aident
Etre reconnus en tant que personnes
(droit au silence)

Visibilité, prise de parole
Intégration à un groupe
Attention portée aux liens familiaux
Liberté d’élaboration de réponses
individualisées, loin des dispositifs globaux
Partir de l’analyse de la personne
Créer des réseaux pluri professionnels, de
partage des connaissances

Conclusion
Certes, on vit un individualisme érigé en
norme : solitude, culpabilisation de l’échec
Mais des référentiels se construisent:
espaces pour les professionnels
Evolution sociale des démocraties: le
cerveau évolué, multifactoriel, prend le pas
sur le cerveau archaïque, binaire

Bibliographie
François Dubet , Injustices, l’expérience des
inégalités au travail, 2006, Editions du Seuil, Paris
Michel Joubert et Claude Louzoun, Répondre à la
souffrance sociale, 2005, Editions Erès, 31520
Ramonville
Colette Pitici, Les bricoleurs de la précarité, Revue
Rhizome « Réinventer l’institution », N° 25,
déc.06, - téléchargeable sur
http://wuertm.site.voila.fr/rhz25.pdf

Ce diaporama sur
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Contact : [email protected]
Site pour lecture et publications à
venir (toute recherche est bienvenue)
http://crpplyon.site.voila.fr


Slide 26

Quelle utilité pour
l’homme étouffé, effacé ?
Que faire quand on ne sait plus quoi
faire ?

Un brin de réponse : tenter,
inlassablement, de comprendre
Guy Ardiet, Lyon St Cyr - CEZERIAT, le 31 mai 07

Bien sûr, des situations sont parfois
plus complexes que d’autres ;
Pour ce qui peut faire souffrance, c’est
la sensation aigue d’injustice .

Trois définitions
Utile : dont l’usage, l’emploi, est
avantageux
à quelqu’un ou à la société

L’homme utile apporte à quelqu’un ou
à la société.
L’exclus du travail n’est-il pas exclu de
l’utilité sociale ?

Etouffer :
Priver d’air, asphyxier, oppresser
Episode de reconduite à la frontière ; « un
étranglement sur un passager; l’homme
perd connaissance, yeux révulsés, langue
pendante, écume aux lèvres … »
Témoignage des passagers du vol
Paris-Bamako, Roissy, 26 mai 07

Effacer :
1) Faire disparaître
sans laisser de trace
(une variante : expulser)
2) Faire oublier
(une variante : l’indifférence)

L’homme effacé : celui qu’on a gommé
de la communauté

La ligne directrice de l’exposé
Une souffrance liée à l’exclusion, au
« rejet », à la notion de personne
inutile, indésirable, ou en tout non
prévue d’être vue, là où elle est vue
Une souffrance d’être transparent

Un écart, même « écartèlement »,
entre « espéré » et « vécu »

Une première conséquence
-Pour le sujet invisible : distorsion du réel
(santé à 2/plusieurs vitesses)
 monde à 2/plusieurs réels

 Pour le professionnel : souffrance par
l’écart entre le désir pour l’autre, semblable
à soi, et le constat imaginé de son avenir
(si on est « aidant »,
ce n’est pas par hasard)

Un exposé en 4 volets
1) Un essai de clarification
2) Ce qui est particulier à la
souffrance psychique de la personne
en grande pauvreté
3) Ce qui est commun entre elle et la
personne qui intervient auprès d’elle
4) Quelques constats et les
propositions qui leur sont secondaires

Syndrome d’exclusion sociale,
souffrance psychique
Les définitions sont nombreuses :
Exclusion : perte des sécurités de base :
travail, formation, logement, diplôme,
culture, … (J.Wrésinski)
Souffrance psychique, non psychiatrique,
d’origine sociale (Lazarus)

Les conséquences : honte, inhibition,
découragement (Maisondieu)

On se débat avec des notions
complexes
La justice, l’égalité, l’honneur, le
mérite …
en somme, le bon côté des choses
Et des éléments bien différents :
l’autonomie perdue, la vulnérabilité, la
stigmatisation, le mépris, l’abandon, …
et ce que ces mots évoquent !

Simple : souffrance psychosociale
Souffrance de l'individu, du
professionnel de santé, du
professionnel social, du professionnel
administratif
Douleur à expression psychique,
somatique, ou mixte, suite à une
impasse.

Les 4 fonctions de l'aidant :
imaginaire, choisie, réalisée, et
non réalisée
La fonction imaginaire : celle de sa
formation : une intériorisation
La fonction choisie : celle qu'on
décide, en soi même : adaptation des
consignes ; une adaptation vitale

La fonction réalisée ; 3 évaluateurs:
soi d'abord, le pair (ou hiérarchie), la
personne aidée
La fonction non réalisée : 3
évaluateurs: soi d'abord, le pair (ou
hiérarachie), la personne aidée

La personne aidée évalue l'action réalisée, et
celle non réalisée ; un espace de rencontre - la
parole est un acte posé parmi d'autres.

L'important : non l'acte, mais le motif profond de
cet acte
Penser l'action avec le regard du partenaire j'entends par partenaire non l'autre professionnel
du réseau, mais la personne "effacée" que je
rencontre.
Ce mot d'effacé peut traduire ma propre mise en
retrait ; mais aussi la notion que le monde (du
travail, des amis, ...) m'a gommé.

Un exemple de gomme
Gommer, c’est disqualifier, c’est ne pas
imaginer comment l’autre va recevoir mon
message
Je suis « hors les clous » si j’imagine que
j’en suis dispensé ; mais ……. la personne
en précarité disqualifie elle aussi l’aidant :
par son échec, elle le traite d’inutile et
d’incapable

bien involontairement 99 fois sur 100

La complexité n’est pas le
désespoir
Complexité : l'étayage des pratiques ne
peut partir des institutions, mais doit aller
des personnes "invisibles" aux institutions.
Commencer par les échanges de savoir, les
co-formations, en "parité" ; un préalable
pour connaître comment faire : des groupes
mixtes, selon les modalités les plus faciles
pour les plus souffrants.
Eviter la « proposition pour demain 9h »

Aucun dispositif de soin ne peut être
efficient, s'il n'est pas validé par le
lecteur à qui il est destiné.
Un exemple :

France : 9% d’adultes en
illettrisme (INSEE, oct. 05)
Un tel document exclut ; il induit une
disqualification, puis une nécessité
d'assistance ! S'il déclenche un mouvement
de colère, la faute est, hélas, et à tort,
reportée à celui qui conteste.
Ou on a alors un renoncement en miroir.
(* soit 2,3 millions de personnes)

Comment aller plus loin
Avec, pour citer Saül Karsz, d’abord
désigner, puis interpréter, enfin rater.
Rater, « sujet réel, donc qui résiste »
Rassurant, de savoir que le réel résiste :
exemple des taux de chômage, ou de mal
logement (travaux de la MRIE) : on parle
des zones grises , donc non éclairées !
-2 millions de chômeurs,
-2 millions « non temps plein »,
-400 000 dispensés d’emploi

Un mécanisme implacable
Plan cohésion sociale : suivi mensuel,
convocations, relances à délais très
courts : « oubli, erreur, épuisement »
(Elisabeth Maurel)
Cela nous rassure :
si on est inutile, les mécanismes
d’enfoncement
sont bien rodés .

Et pourtant :
Comme on le verra, on retrouve :
Solidarité
Mobilisation
Combat pour la dignité
Espérance
Partage
Fête
Joie
Rires

Les éléments spécifiques au
plus pauvres : réalités
Ne pas avoir de logement, de travail,
d’argent …
Ne pas savoir lire
Etre en grande solitude
Ne pouvoir se soigner – vision, soins
dentaires

Les plus pauvres : le vécu
Honte, peur, angoisse, dépression, perte
des repères (temps, repères et soins
corporels), vécu constant de rejet ,
Modification semi-consciente des
événements, recherche de considération,
interprétation, imagination, fantasmes,
fuite dans le rêve, repli sur soi, …

Les réactions communes aux
abandonnés et à ceux qui s’en
préoccupent :
De la douleur : culpabilité, angoisse,
sentiment d’abandon, lassitude,
épuisement, voire désespoir
De la colère, l’envie de se battre, de
crier, de témoigner, de militer

Deux mécanismes de défense
La recherche de bouc émissaires
(administration, le collègue, le voisin, le
professionnel, …) enfin, un responsable

Résignation, détachement : on laisse
tomber. Dans le meilleur des cas,
culpabilité, au pire, indifférence,
dépression, maladies, toxiques, suicide …

Souffrance commune
Elle peut être celle de ne rien voir, de
ne plus savoir regarder d’un œil neuf.
Soit on utilise le mauvais outil …
Soit on regarde de très loin …

Donc, modifier la distance
avec l’autre
Créer ce qui va faire similitude
Ne pas avoir peur de l’autre ; y
compris dans ce « rien » qu’on ne
pourra changer
Exemple des demandeurs d’asile :
carte du pays, livrets santé : 2 outils
où ils sont « enseignants »

Recommandations

Loi de 1998
Accès effectif de tous aux droits
fondamentaux dans les domaines de
l’emploi, du logement, de la protection de la
santé,

de la justice, de l’éducation, de la
formation, de la culture,
de la PROTECTION de la famille et de
l’enfance

Eviter l’urgence
Prendre bien attention au respect de
l’infimité
Piste la démonstrativité « obligatoire »

Ne jamais généraliser

Voir la modification de la personne
***
Essayer de mettre en relation
ses désirs
et la réalité

Créer un projet d’utilité
Investissement par l’autre : en quoi suis-je
investi par l’autre, qu’ai-je reçu de lui (et
non comment je l’ai aidé)

Reconnaissance – se reconnaître identiques
Utilité sociale : quel rôle social joue la
personne présente (expérience des
« adultes relais sans papiers », à Paris

Combattre
3 idées fortes et fausses
1) Les personnes qui ont le RMI et la
CMU sont des profiteurs
2) La France ne peut pas accueillir
toute la misère du monde

3) Une bonne gestion financière va
aboutir à une bonne gestion humaine

Les personnes qui ont le RMI
et la CMU sont des profiteurs
Profit : augmentation des biens que l’on
possède, par exemple
AAH : 621 euros; RMI : 440 euros
……………………….COMPARONS :
Cours du CAC 40, cours de la bourse,
placements …

Et revenu des ménages en habitat social
(parc public et privé)

La France ne peut pas accueillir
toute la misère du monde
La déontologie serait :
Pour un pays riche et développé, de
combien doit être son effort (réel,
c’est-à-dire orienté vers les
populations démunies) , pour aider ?
En somme, « la France doit accueillir
une partie de la misère du monde »

Une bonne gestion financière va
aboutir à une bonne gestion
humaine
C’est ici confondre l’outil et l’objectif ; le but
est une gestion humaine des projets ; la
finance n’est qu’un outil au service de
l’homme .
Dans une décision donnée, parle-t-on de
rentabilité, ou de bien-être ?

Les préalables, pour chacun,
quelle que soit sa position
d’aidant ou d’aidé :
Relation de confiance : « une
espérance ferme en l’autre »
Ecoute ; écouter : « s’appliquer à
entendre »
Respect : « accorder une
considération admirative »
Compréhension :
« donner un sens clair, avoir une
connaissance intuitive de quelqu’un »

Pour cela, 2 points importants
Importance de la formation des
professionnels (santé, social, , par des
parcours de rencontre et de dialogue

Pour une bonne connaissance de la
situation des personnes en précarité ou,
plus loin encore, en grande pauvreté
Constitution d’un projet avec la personne

Les pratiques qui « cassent »
(source : ORSPERE ONSMP)
Ne laisser que des conditions de survie
(besoins primaires)
Absence de lieu de vie à soi
Dossier et personne non différenciés
Absence de réponses concrètes
Attribution d’une identité de victime, sans
étude de famille, école, travail, …
Oubli du risque de malentendu (autre vécu)
Aidant isolé, révolté, impuissant)
Injonctions paradoxales aux professionnels
(Aidez, mais débrouillez-vous)

Les pratiques qui aident
Etre reconnus en tant que personnes
(droit au silence)

Visibilité, prise de parole
Intégration à un groupe
Attention portée aux liens familiaux
Liberté d’élaboration de réponses
individualisées, loin des dispositifs globaux
Partir de l’analyse de la personne
Créer des réseaux pluri professionnels, de
partage des connaissances

Conclusion
Certes, on vit un individualisme érigé en
norme : solitude, culpabilisation de l’échec
Mais des référentiels se construisent:
espaces pour les professionnels
Evolution sociale des démocraties: le
cerveau évolué, multifactoriel, prend le pas
sur le cerveau archaïque, binaire

Bibliographie
François Dubet , Injustices, l’expérience des
inégalités au travail, 2006, Editions du Seuil, Paris
Michel Joubert et Claude Louzoun, Répondre à la
souffrance sociale, 2005, Editions Erès, 31520
Ramonville
Colette Pitici, Les bricoleurs de la précarité, Revue
Rhizome « Réinventer l’institution », N° 25,
déc.06, - téléchargeable sur
http://wuertm.site.voila.fr/rhz25.pdf

Ce diaporama sur
http://crpplyon.site.voila.fr/bg07.pps

Contact : [email protected]
Site pour lecture et publications à
venir (toute recherche est bienvenue)
http://crpplyon.site.voila.fr


Slide 27

Quelle utilité pour
l’homme étouffé, effacé ?
Que faire quand on ne sait plus quoi
faire ?

Un brin de réponse : tenter,
inlassablement, de comprendre
Guy Ardiet, Lyon St Cyr - CEZERIAT, le 31 mai 07

Bien sûr, des situations sont parfois
plus complexes que d’autres ;
Pour ce qui peut faire souffrance, c’est
la sensation aigue d’injustice .

Trois définitions
Utile : dont l’usage, l’emploi, est
avantageux
à quelqu’un ou à la société

L’homme utile apporte à quelqu’un ou
à la société.
L’exclus du travail n’est-il pas exclu de
l’utilité sociale ?

Etouffer :
Priver d’air, asphyxier, oppresser
Episode de reconduite à la frontière ; « un
étranglement sur un passager; l’homme
perd connaissance, yeux révulsés, langue
pendante, écume aux lèvres … »
Témoignage des passagers du vol
Paris-Bamako, Roissy, 26 mai 07

Effacer :
1) Faire disparaître
sans laisser de trace
(une variante : expulser)
2) Faire oublier
(une variante : l’indifférence)

L’homme effacé : celui qu’on a gommé
de la communauté

La ligne directrice de l’exposé
Une souffrance liée à l’exclusion, au
« rejet », à la notion de personne
inutile, indésirable, ou en tout non
prévue d’être vue, là où elle est vue
Une souffrance d’être transparent

Un écart, même « écartèlement »,
entre « espéré » et « vécu »

Une première conséquence
-Pour le sujet invisible : distorsion du réel
(santé à 2/plusieurs vitesses)
 monde à 2/plusieurs réels

 Pour le professionnel : souffrance par
l’écart entre le désir pour l’autre, semblable
à soi, et le constat imaginé de son avenir
(si on est « aidant »,
ce n’est pas par hasard)

Un exposé en 4 volets
1) Un essai de clarification
2) Ce qui est particulier à la
souffrance psychique de la personne
en grande pauvreté
3) Ce qui est commun entre elle et la
personne qui intervient auprès d’elle
4) Quelques constats et les
propositions qui leur sont secondaires

Syndrome d’exclusion sociale,
souffrance psychique
Les définitions sont nombreuses :
Exclusion : perte des sécurités de base :
travail, formation, logement, diplôme,
culture, … (J.Wrésinski)
Souffrance psychique, non psychiatrique,
d’origine sociale (Lazarus)

Les conséquences : honte, inhibition,
découragement (Maisondieu)

On se débat avec des notions
complexes
La justice, l’égalité, l’honneur, le
mérite …
en somme, le bon côté des choses
Et des éléments bien différents :
l’autonomie perdue, la vulnérabilité, la
stigmatisation, le mépris, l’abandon, …
et ce que ces mots évoquent !

Simple : souffrance psychosociale
Souffrance de l'individu, du
professionnel de santé, du
professionnel social, du professionnel
administratif
Douleur à expression psychique,
somatique, ou mixte, suite à une
impasse.

Les 4 fonctions de l'aidant :
imaginaire, choisie, réalisée, et
non réalisée
La fonction imaginaire : celle de sa
formation : une intériorisation
La fonction choisie : celle qu'on
décide, en soi même : adaptation des
consignes ; une adaptation vitale

La fonction réalisée ; 3 évaluateurs:
soi d'abord, le pair (ou hiérarchie), la
personne aidée
La fonction non réalisée : 3
évaluateurs: soi d'abord, le pair (ou
hiérarachie), la personne aidée

La personne aidée évalue l'action réalisée, et
celle non réalisée ; un espace de rencontre - la
parole est un acte posé parmi d'autres.

L'important : non l'acte, mais le motif profond de
cet acte
Penser l'action avec le regard du partenaire j'entends par partenaire non l'autre professionnel
du réseau, mais la personne "effacée" que je
rencontre.
Ce mot d'effacé peut traduire ma propre mise en
retrait ; mais aussi la notion que le monde (du
travail, des amis, ...) m'a gommé.

Un exemple de gomme
Gommer, c’est disqualifier, c’est ne pas
imaginer comment l’autre va recevoir mon
message
Je suis « hors les clous » si j’imagine que
j’en suis dispensé ; mais ……. la personne
en précarité disqualifie elle aussi l’aidant :
par son échec, elle le traite d’inutile et
d’incapable

bien involontairement 99 fois sur 100

La complexité n’est pas le
désespoir
Complexité : l'étayage des pratiques ne
peut partir des institutions, mais doit aller
des personnes "invisibles" aux institutions.
Commencer par les échanges de savoir, les
co-formations, en "parité" ; un préalable
pour connaître comment faire : des groupes
mixtes, selon les modalités les plus faciles
pour les plus souffrants.
Eviter la « proposition pour demain 9h »

Aucun dispositif de soin ne peut être
efficient, s'il n'est pas validé par le
lecteur à qui il est destiné.
Un exemple :

France : 9% d’adultes en
illettrisme (INSEE, oct. 05)
Un tel document exclut ; il induit une
disqualification, puis une nécessité
d'assistance ! S'il déclenche un mouvement
de colère, la faute est, hélas, et à tort,
reportée à celui qui conteste.
Ou on a alors un renoncement en miroir.
(* soit 2,3 millions de personnes)

Comment aller plus loin
Avec, pour citer Saül Karsz, d’abord
désigner, puis interpréter, enfin rater.
Rater, « sujet réel, donc qui résiste »
Rassurant, de savoir que le réel résiste :
exemple des taux de chômage, ou de mal
logement (travaux de la MRIE) : on parle
des zones grises , donc non éclairées !
-2 millions de chômeurs,
-2 millions « non temps plein »,
-400 000 dispensés d’emploi

Un mécanisme implacable
Plan cohésion sociale : suivi mensuel,
convocations, relances à délais très
courts : « oubli, erreur, épuisement »
(Elisabeth Maurel)
Cela nous rassure :
si on est inutile, les mécanismes
d’enfoncement
sont bien rodés .

Et pourtant :
Comme on le verra, on retrouve :
Solidarité
Mobilisation
Combat pour la dignité
Espérance
Partage
Fête
Joie
Rires

Les éléments spécifiques au
plus pauvres : réalités
Ne pas avoir de logement, de travail,
d’argent …
Ne pas savoir lire
Etre en grande solitude
Ne pouvoir se soigner – vision, soins
dentaires

Les plus pauvres : le vécu
Honte, peur, angoisse, dépression, perte
des repères (temps, repères et soins
corporels), vécu constant de rejet ,
Modification semi-consciente des
événements, recherche de considération,
interprétation, imagination, fantasmes,
fuite dans le rêve, repli sur soi, …

Les réactions communes aux
abandonnés et à ceux qui s’en
préoccupent :
De la douleur : culpabilité, angoisse,
sentiment d’abandon, lassitude,
épuisement, voire désespoir
De la colère, l’envie de se battre, de
crier, de témoigner, de militer

Deux mécanismes de défense
La recherche de bouc émissaires
(administration, le collègue, le voisin, le
professionnel, …) enfin, un responsable

Résignation, détachement : on laisse
tomber. Dans le meilleur des cas,
culpabilité, au pire, indifférence,
dépression, maladies, toxiques, suicide …

Souffrance commune
Elle peut être celle de ne rien voir, de
ne plus savoir regarder d’un œil neuf.
Soit on utilise le mauvais outil …
Soit on regarde de très loin …

Donc, modifier la distance
avec l’autre
Créer ce qui va faire similitude
Ne pas avoir peur de l’autre ; y
compris dans ce « rien » qu’on ne
pourra changer
Exemple des demandeurs d’asile :
carte du pays, livrets santé : 2 outils
où ils sont « enseignants »

Recommandations

Loi de 1998
Accès effectif de tous aux droits
fondamentaux dans les domaines de
l’emploi, du logement, de la protection de la
santé,

de la justice, de l’éducation, de la
formation, de la culture,
de la PROTECTION de la famille et de
l’enfance

Eviter l’urgence
Prendre bien attention au respect de
l’infimité
Piste la démonstrativité « obligatoire »

Ne jamais généraliser

Voir la modification de la personne
***
Essayer de mettre en relation
ses désirs
et la réalité

Créer un projet d’utilité
Investissement par l’autre : en quoi suis-je
investi par l’autre, qu’ai-je reçu de lui (et
non comment je l’ai aidé)

Reconnaissance – se reconnaître identiques
Utilité sociale : quel rôle social joue la
personne présente (expérience des
« adultes relais sans papiers », à Paris

Combattre
3 idées fortes et fausses
1) Les personnes qui ont le RMI et la
CMU sont des profiteurs
2) La France ne peut pas accueillir
toute la misère du monde

3) Une bonne gestion financière va
aboutir à une bonne gestion humaine

Les personnes qui ont le RMI
et la CMU sont des profiteurs
Profit : augmentation des biens que l’on
possède, par exemple
AAH : 621 euros; RMI : 440 euros
……………………….COMPARONS :
Cours du CAC 40, cours de la bourse,
placements …

Et revenu des ménages en habitat social
(parc public et privé)

La France ne peut pas accueillir
toute la misère du monde
La déontologie serait :
Pour un pays riche et développé, de
combien doit être son effort (réel,
c’est-à-dire orienté vers les
populations démunies) , pour aider ?
En somme, « la France doit accueillir
une partie de la misère du monde »

Une bonne gestion financière va
aboutir à une bonne gestion
humaine
C’est ici confondre l’outil et l’objectif ; le but
est une gestion humaine des projets ; la
finance n’est qu’un outil au service de
l’homme .
Dans une décision donnée, parle-t-on de
rentabilité, ou de bien-être ?

Les préalables, pour chacun,
quelle que soit sa position
d’aidant ou d’aidé :
Relation de confiance : « une
espérance ferme en l’autre »
Ecoute ; écouter : « s’appliquer à
entendre »
Respect : « accorder une
considération admirative »
Compréhension :
« donner un sens clair, avoir une
connaissance intuitive de quelqu’un »

Pour cela, 2 points importants
Importance de la formation des
professionnels (santé, social, , par des
parcours de rencontre et de dialogue

Pour une bonne connaissance de la
situation des personnes en précarité ou,
plus loin encore, en grande pauvreté
Constitution d’un projet avec la personne

Les pratiques qui « cassent »
(source : ORSPERE ONSMP)
Ne laisser que des conditions de survie
(besoins primaires)
Absence de lieu de vie à soi
Dossier et personne non différenciés
Absence de réponses concrètes
Attribution d’une identité de victime, sans
étude de famille, école, travail, …
Oubli du risque de malentendu (autre vécu)
Aidant isolé, révolté, impuissant)
Injonctions paradoxales aux professionnels
(Aidez, mais débrouillez-vous)

Les pratiques qui aident
Etre reconnus en tant que personnes
(droit au silence)

Visibilité, prise de parole
Intégration à un groupe
Attention portée aux liens familiaux
Liberté d’élaboration de réponses
individualisées, loin des dispositifs globaux
Partir de l’analyse de la personne
Créer des réseaux pluri professionnels, de
partage des connaissances

Conclusion
Certes, on vit un individualisme érigé en
norme : solitude, culpabilisation de l’échec
Mais des référentiels se construisent:
espaces pour les professionnels
Evolution sociale des démocraties: le
cerveau évolué, multifactoriel, prend le pas
sur le cerveau archaïque, binaire

Bibliographie
François Dubet , Injustices, l’expérience des
inégalités au travail, 2006, Editions du Seuil, Paris
Michel Joubert et Claude Louzoun, Répondre à la
souffrance sociale, 2005, Editions Erès, 31520
Ramonville
Colette Pitici, Les bricoleurs de la précarité, Revue
Rhizome « Réinventer l’institution », N° 25,
déc.06, - téléchargeable sur
http://wuertm.site.voila.fr/rhz25.pdf

Ce diaporama sur
http://crpplyon.site.voila.fr/bg07.pps

Contact : [email protected]
Site pour lecture et publications à
venir (toute recherche est bienvenue)
http://crpplyon.site.voila.fr


Slide 28

Quelle utilité pour
l’homme étouffé, effacé ?
Que faire quand on ne sait plus quoi
faire ?

Un brin de réponse : tenter,
inlassablement, de comprendre
Guy Ardiet, Lyon St Cyr - CEZERIAT, le 31 mai 07

Bien sûr, des situations sont parfois
plus complexes que d’autres ;
Pour ce qui peut faire souffrance, c’est
la sensation aigue d’injustice .

Trois définitions
Utile : dont l’usage, l’emploi, est
avantageux
à quelqu’un ou à la société

L’homme utile apporte à quelqu’un ou
à la société.
L’exclus du travail n’est-il pas exclu de
l’utilité sociale ?

Etouffer :
Priver d’air, asphyxier, oppresser
Episode de reconduite à la frontière ; « un
étranglement sur un passager; l’homme
perd connaissance, yeux révulsés, langue
pendante, écume aux lèvres … »
Témoignage des passagers du vol
Paris-Bamako, Roissy, 26 mai 07

Effacer :
1) Faire disparaître
sans laisser de trace
(une variante : expulser)
2) Faire oublier
(une variante : l’indifférence)

L’homme effacé : celui qu’on a gommé
de la communauté

La ligne directrice de l’exposé
Une souffrance liée à l’exclusion, au
« rejet », à la notion de personne
inutile, indésirable, ou en tout non
prévue d’être vue, là où elle est vue
Une souffrance d’être transparent

Un écart, même « écartèlement »,
entre « espéré » et « vécu »

Une première conséquence
-Pour le sujet invisible : distorsion du réel
(santé à 2/plusieurs vitesses)
 monde à 2/plusieurs réels

 Pour le professionnel : souffrance par
l’écart entre le désir pour l’autre, semblable
à soi, et le constat imaginé de son avenir
(si on est « aidant »,
ce n’est pas par hasard)

Un exposé en 4 volets
1) Un essai de clarification
2) Ce qui est particulier à la
souffrance psychique de la personne
en grande pauvreté
3) Ce qui est commun entre elle et la
personne qui intervient auprès d’elle
4) Quelques constats et les
propositions qui leur sont secondaires

Syndrome d’exclusion sociale,
souffrance psychique
Les définitions sont nombreuses :
Exclusion : perte des sécurités de base :
travail, formation, logement, diplôme,
culture, … (J.Wrésinski)
Souffrance psychique, non psychiatrique,
d’origine sociale (Lazarus)

Les conséquences : honte, inhibition,
découragement (Maisondieu)

On se débat avec des notions
complexes
La justice, l’égalité, l’honneur, le
mérite …
en somme, le bon côté des choses
Et des éléments bien différents :
l’autonomie perdue, la vulnérabilité, la
stigmatisation, le mépris, l’abandon, …
et ce que ces mots évoquent !

Simple : souffrance psychosociale
Souffrance de l'individu, du
professionnel de santé, du
professionnel social, du professionnel
administratif
Douleur à expression psychique,
somatique, ou mixte, suite à une
impasse.

Les 4 fonctions de l'aidant :
imaginaire, choisie, réalisée, et
non réalisée
La fonction imaginaire : celle de sa
formation : une intériorisation
La fonction choisie : celle qu'on
décide, en soi même : adaptation des
consignes ; une adaptation vitale

La fonction réalisée ; 3 évaluateurs:
soi d'abord, le pair (ou hiérarchie), la
personne aidée
La fonction non réalisée : 3
évaluateurs: soi d'abord, le pair (ou
hiérarachie), la personne aidée

La personne aidée évalue l'action réalisée, et
celle non réalisée ; un espace de rencontre - la
parole est un acte posé parmi d'autres.

L'important : non l'acte, mais le motif profond de
cet acte
Penser l'action avec le regard du partenaire j'entends par partenaire non l'autre professionnel
du réseau, mais la personne "effacée" que je
rencontre.
Ce mot d'effacé peut traduire ma propre mise en
retrait ; mais aussi la notion que le monde (du
travail, des amis, ...) m'a gommé.

Un exemple de gomme
Gommer, c’est disqualifier, c’est ne pas
imaginer comment l’autre va recevoir mon
message
Je suis « hors les clous » si j’imagine que
j’en suis dispensé ; mais ……. la personne
en précarité disqualifie elle aussi l’aidant :
par son échec, elle le traite d’inutile et
d’incapable

bien involontairement 99 fois sur 100

La complexité n’est pas le
désespoir
Complexité : l'étayage des pratiques ne
peut partir des institutions, mais doit aller
des personnes "invisibles" aux institutions.
Commencer par les échanges de savoir, les
co-formations, en "parité" ; un préalable
pour connaître comment faire : des groupes
mixtes, selon les modalités les plus faciles
pour les plus souffrants.
Eviter la « proposition pour demain 9h »

Aucun dispositif de soin ne peut être
efficient, s'il n'est pas validé par le
lecteur à qui il est destiné.
Un exemple :

France : 9% d’adultes en
illettrisme (INSEE, oct. 05)
Un tel document exclut ; il induit une
disqualification, puis une nécessité
d'assistance ! S'il déclenche un mouvement
de colère, la faute est, hélas, et à tort,
reportée à celui qui conteste.
Ou on a alors un renoncement en miroir.
(* soit 2,3 millions de personnes)

Comment aller plus loin
Avec, pour citer Saül Karsz, d’abord
désigner, puis interpréter, enfin rater.
Rater, « sujet réel, donc qui résiste »
Rassurant, de savoir que le réel résiste :
exemple des taux de chômage, ou de mal
logement (travaux de la MRIE) : on parle
des zones grises , donc non éclairées !
-2 millions de chômeurs,
-2 millions « non temps plein »,
-400 000 dispensés d’emploi

Un mécanisme implacable
Plan cohésion sociale : suivi mensuel,
convocations, relances à délais très
courts : « oubli, erreur, épuisement »
(Elisabeth Maurel)
Cela nous rassure :
si on est inutile, les mécanismes
d’enfoncement
sont bien rodés .

Et pourtant :
Comme on le verra, on retrouve :
Solidarité
Mobilisation
Combat pour la dignité
Espérance
Partage
Fête
Joie
Rires

Les éléments spécifiques au
plus pauvres : réalités
Ne pas avoir de logement, de travail,
d’argent …
Ne pas savoir lire
Etre en grande solitude
Ne pouvoir se soigner – vision, soins
dentaires

Les plus pauvres : le vécu
Honte, peur, angoisse, dépression, perte
des repères (temps, repères et soins
corporels), vécu constant de rejet ,
Modification semi-consciente des
événements, recherche de considération,
interprétation, imagination, fantasmes,
fuite dans le rêve, repli sur soi, …

Les réactions communes aux
abandonnés et à ceux qui s’en
préoccupent :
De la douleur : culpabilité, angoisse,
sentiment d’abandon, lassitude,
épuisement, voire désespoir
De la colère, l’envie de se battre, de
crier, de témoigner, de militer

Deux mécanismes de défense
La recherche de bouc émissaires
(administration, le collègue, le voisin, le
professionnel, …) enfin, un responsable

Résignation, détachement : on laisse
tomber. Dans le meilleur des cas,
culpabilité, au pire, indifférence,
dépression, maladies, toxiques, suicide …

Souffrance commune
Elle peut être celle de ne rien voir, de
ne plus savoir regarder d’un œil neuf.
Soit on utilise le mauvais outil …
Soit on regarde de très loin …

Donc, modifier la distance
avec l’autre
Créer ce qui va faire similitude
Ne pas avoir peur de l’autre ; y
compris dans ce « rien » qu’on ne
pourra changer
Exemple des demandeurs d’asile :
carte du pays, livrets santé : 2 outils
où ils sont « enseignants »

Recommandations

Loi de 1998
Accès effectif de tous aux droits
fondamentaux dans les domaines de
l’emploi, du logement, de la protection de la
santé,

de la justice, de l’éducation, de la
formation, de la culture,
de la PROTECTION de la famille et de
l’enfance

Eviter l’urgence
Prendre bien attention au respect de
l’infimité
Piste la démonstrativité « obligatoire »

Ne jamais généraliser

Voir la modification de la personne
***
Essayer de mettre en relation
ses désirs
et la réalité

Créer un projet d’utilité
Investissement par l’autre : en quoi suis-je
investi par l’autre, qu’ai-je reçu de lui (et
non comment je l’ai aidé)

Reconnaissance – se reconnaître identiques
Utilité sociale : quel rôle social joue la
personne présente (expérience des
« adultes relais sans papiers », à Paris

Combattre
3 idées fortes et fausses
1) Les personnes qui ont le RMI et la
CMU sont des profiteurs
2) La France ne peut pas accueillir
toute la misère du monde

3) Une bonne gestion financière va
aboutir à une bonne gestion humaine

Les personnes qui ont le RMI
et la CMU sont des profiteurs
Profit : augmentation des biens que l’on
possède, par exemple
AAH : 621 euros; RMI : 440 euros
……………………….COMPARONS :
Cours du CAC 40, cours de la bourse,
placements …

Et revenu des ménages en habitat social
(parc public et privé)

La France ne peut pas accueillir
toute la misère du monde
La déontologie serait :
Pour un pays riche et développé, de
combien doit être son effort (réel,
c’est-à-dire orienté vers les
populations démunies) , pour aider ?
En somme, « la France doit accueillir
une partie de la misère du monde »

Une bonne gestion financière va
aboutir à une bonne gestion
humaine
C’est ici confondre l’outil et l’objectif ; le but
est une gestion humaine des projets ; la
finance n’est qu’un outil au service de
l’homme .
Dans une décision donnée, parle-t-on de
rentabilité, ou de bien-être ?

Les préalables, pour chacun,
quelle que soit sa position
d’aidant ou d’aidé :
Relation de confiance : « une
espérance ferme en l’autre »
Ecoute ; écouter : « s’appliquer à
entendre »
Respect : « accorder une
considération admirative »
Compréhension :
« donner un sens clair, avoir une
connaissance intuitive de quelqu’un »

Pour cela, 2 points importants
Importance de la formation des
professionnels (santé, social, , par des
parcours de rencontre et de dialogue

Pour une bonne connaissance de la
situation des personnes en précarité ou,
plus loin encore, en grande pauvreté
Constitution d’un projet avec la personne

Les pratiques qui « cassent »
(source : ORSPERE ONSMP)
Ne laisser que des conditions de survie
(besoins primaires)
Absence de lieu de vie à soi
Dossier et personne non différenciés
Absence de réponses concrètes
Attribution d’une identité de victime, sans
étude de famille, école, travail, …
Oubli du risque de malentendu (autre vécu)
Aidant isolé, révolté, impuissant)
Injonctions paradoxales aux professionnels
(Aidez, mais débrouillez-vous)

Les pratiques qui aident
Etre reconnus en tant que personnes
(droit au silence)

Visibilité, prise de parole
Intégration à un groupe
Attention portée aux liens familiaux
Liberté d’élaboration de réponses
individualisées, loin des dispositifs globaux
Partir de l’analyse de la personne
Créer des réseaux pluri professionnels, de
partage des connaissances

Conclusion
Certes, on vit un individualisme érigé en
norme : solitude, culpabilisation de l’échec
Mais des référentiels se construisent:
espaces pour les professionnels
Evolution sociale des démocraties: le
cerveau évolué, multifactoriel, prend le pas
sur le cerveau archaïque, binaire

Bibliographie
François Dubet , Injustices, l’expérience des
inégalités au travail, 2006, Editions du Seuil, Paris
Michel Joubert et Claude Louzoun, Répondre à la
souffrance sociale, 2005, Editions Erès, 31520
Ramonville
Colette Pitici, Les bricoleurs de la précarité, Revue
Rhizome « Réinventer l’institution », N° 25,
déc.06, - téléchargeable sur
http://wuertm.site.voila.fr/rhz25.pdf

Ce diaporama sur
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Contact : [email protected]
Site pour lecture et publications à
venir (toute recherche est bienvenue)
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Slide 29

Quelle utilité pour
l’homme étouffé, effacé ?
Que faire quand on ne sait plus quoi
faire ?

Un brin de réponse : tenter,
inlassablement, de comprendre
Guy Ardiet, Lyon St Cyr - CEZERIAT, le 31 mai 07

Bien sûr, des situations sont parfois
plus complexes que d’autres ;
Pour ce qui peut faire souffrance, c’est
la sensation aigue d’injustice .

Trois définitions
Utile : dont l’usage, l’emploi, est
avantageux
à quelqu’un ou à la société

L’homme utile apporte à quelqu’un ou
à la société.
L’exclus du travail n’est-il pas exclu de
l’utilité sociale ?

Etouffer :
Priver d’air, asphyxier, oppresser
Episode de reconduite à la frontière ; « un
étranglement sur un passager; l’homme
perd connaissance, yeux révulsés, langue
pendante, écume aux lèvres … »
Témoignage des passagers du vol
Paris-Bamako, Roissy, 26 mai 07

Effacer :
1) Faire disparaître
sans laisser de trace
(une variante : expulser)
2) Faire oublier
(une variante : l’indifférence)

L’homme effacé : celui qu’on a gommé
de la communauté

La ligne directrice de l’exposé
Une souffrance liée à l’exclusion, au
« rejet », à la notion de personne
inutile, indésirable, ou en tout non
prévue d’être vue, là où elle est vue
Une souffrance d’être transparent

Un écart, même « écartèlement »,
entre « espéré » et « vécu »

Une première conséquence
-Pour le sujet invisible : distorsion du réel
(santé à 2/plusieurs vitesses)
 monde à 2/plusieurs réels

 Pour le professionnel : souffrance par
l’écart entre le désir pour l’autre, semblable
à soi, et le constat imaginé de son avenir
(si on est « aidant »,
ce n’est pas par hasard)

Un exposé en 4 volets
1) Un essai de clarification
2) Ce qui est particulier à la
souffrance psychique de la personne
en grande pauvreté
3) Ce qui est commun entre elle et la
personne qui intervient auprès d’elle
4) Quelques constats et les
propositions qui leur sont secondaires

Syndrome d’exclusion sociale,
souffrance psychique
Les définitions sont nombreuses :
Exclusion : perte des sécurités de base :
travail, formation, logement, diplôme,
culture, … (J.Wrésinski)
Souffrance psychique, non psychiatrique,
d’origine sociale (Lazarus)

Les conséquences : honte, inhibition,
découragement (Maisondieu)

On se débat avec des notions
complexes
La justice, l’égalité, l’honneur, le
mérite …
en somme, le bon côté des choses
Et des éléments bien différents :
l’autonomie perdue, la vulnérabilité, la
stigmatisation, le mépris, l’abandon, …
et ce que ces mots évoquent !

Simple : souffrance psychosociale
Souffrance de l'individu, du
professionnel de santé, du
professionnel social, du professionnel
administratif
Douleur à expression psychique,
somatique, ou mixte, suite à une
impasse.

Les 4 fonctions de l'aidant :
imaginaire, choisie, réalisée, et
non réalisée
La fonction imaginaire : celle de sa
formation : une intériorisation
La fonction choisie : celle qu'on
décide, en soi même : adaptation des
consignes ; une adaptation vitale

La fonction réalisée ; 3 évaluateurs:
soi d'abord, le pair (ou hiérarchie), la
personne aidée
La fonction non réalisée : 3
évaluateurs: soi d'abord, le pair (ou
hiérarachie), la personne aidée

La personne aidée évalue l'action réalisée, et
celle non réalisée ; un espace de rencontre - la
parole est un acte posé parmi d'autres.

L'important : non l'acte, mais le motif profond de
cet acte
Penser l'action avec le regard du partenaire j'entends par partenaire non l'autre professionnel
du réseau, mais la personne "effacée" que je
rencontre.
Ce mot d'effacé peut traduire ma propre mise en
retrait ; mais aussi la notion que le monde (du
travail, des amis, ...) m'a gommé.

Un exemple de gomme
Gommer, c’est disqualifier, c’est ne pas
imaginer comment l’autre va recevoir mon
message
Je suis « hors les clous » si j’imagine que
j’en suis dispensé ; mais ……. la personne
en précarité disqualifie elle aussi l’aidant :
par son échec, elle le traite d’inutile et
d’incapable

bien involontairement 99 fois sur 100

La complexité n’est pas le
désespoir
Complexité : l'étayage des pratiques ne
peut partir des institutions, mais doit aller
des personnes "invisibles" aux institutions.
Commencer par les échanges de savoir, les
co-formations, en "parité" ; un préalable
pour connaître comment faire : des groupes
mixtes, selon les modalités les plus faciles
pour les plus souffrants.
Eviter la « proposition pour demain 9h »

Aucun dispositif de soin ne peut être
efficient, s'il n'est pas validé par le
lecteur à qui il est destiné.
Un exemple :

France : 9% d’adultes en
illettrisme (INSEE, oct. 05)
Un tel document exclut ; il induit une
disqualification, puis une nécessité
d'assistance ! S'il déclenche un mouvement
de colère, la faute est, hélas, et à tort,
reportée à celui qui conteste.
Ou on a alors un renoncement en miroir.
(* soit 2,3 millions de personnes)

Comment aller plus loin
Avec, pour citer Saül Karsz, d’abord
désigner, puis interpréter, enfin rater.
Rater, « sujet réel, donc qui résiste »
Rassurant, de savoir que le réel résiste :
exemple des taux de chômage, ou de mal
logement (travaux de la MRIE) : on parle
des zones grises , donc non éclairées !
-2 millions de chômeurs,
-2 millions « non temps plein »,
-400 000 dispensés d’emploi

Un mécanisme implacable
Plan cohésion sociale : suivi mensuel,
convocations, relances à délais très
courts : « oubli, erreur, épuisement »
(Elisabeth Maurel)
Cela nous rassure :
si on est inutile, les mécanismes
d’enfoncement
sont bien rodés .

Et pourtant :
Comme on le verra, on retrouve :
Solidarité
Mobilisation
Combat pour la dignité
Espérance
Partage
Fête
Joie
Rires

Les éléments spécifiques au
plus pauvres : réalités
Ne pas avoir de logement, de travail,
d’argent …
Ne pas savoir lire
Etre en grande solitude
Ne pouvoir se soigner – vision, soins
dentaires

Les plus pauvres : le vécu
Honte, peur, angoisse, dépression, perte
des repères (temps, repères et soins
corporels), vécu constant de rejet ,
Modification semi-consciente des
événements, recherche de considération,
interprétation, imagination, fantasmes,
fuite dans le rêve, repli sur soi, …

Les réactions communes aux
abandonnés et à ceux qui s’en
préoccupent :
De la douleur : culpabilité, angoisse,
sentiment d’abandon, lassitude,
épuisement, voire désespoir
De la colère, l’envie de se battre, de
crier, de témoigner, de militer

Deux mécanismes de défense
La recherche de bouc émissaires
(administration, le collègue, le voisin, le
professionnel, …) enfin, un responsable

Résignation, détachement : on laisse
tomber. Dans le meilleur des cas,
culpabilité, au pire, indifférence,
dépression, maladies, toxiques, suicide …

Souffrance commune
Elle peut être celle de ne rien voir, de
ne plus savoir regarder d’un œil neuf.
Soit on utilise le mauvais outil …
Soit on regarde de très loin …

Donc, modifier la distance
avec l’autre
Créer ce qui va faire similitude
Ne pas avoir peur de l’autre ; y
compris dans ce « rien » qu’on ne
pourra changer
Exemple des demandeurs d’asile :
carte du pays, livrets santé : 2 outils
où ils sont « enseignants »

Recommandations

Loi de 1998
Accès effectif de tous aux droits
fondamentaux dans les domaines de
l’emploi, du logement, de la protection de la
santé,

de la justice, de l’éducation, de la
formation, de la culture,
de la PROTECTION de la famille et de
l’enfance

Eviter l’urgence
Prendre bien attention au respect de
l’infimité
Piste la démonstrativité « obligatoire »

Ne jamais généraliser

Voir la modification de la personne
***
Essayer de mettre en relation
ses désirs
et la réalité

Créer un projet d’utilité
Investissement par l’autre : en quoi suis-je
investi par l’autre, qu’ai-je reçu de lui (et
non comment je l’ai aidé)

Reconnaissance – se reconnaître identiques
Utilité sociale : quel rôle social joue la
personne présente (expérience des
« adultes relais sans papiers », à Paris

Combattre
3 idées fortes et fausses
1) Les personnes qui ont le RMI et la
CMU sont des profiteurs
2) La France ne peut pas accueillir
toute la misère du monde

3) Une bonne gestion financière va
aboutir à une bonne gestion humaine

Les personnes qui ont le RMI
et la CMU sont des profiteurs
Profit : augmentation des biens que l’on
possède, par exemple
AAH : 621 euros; RMI : 440 euros
……………………….COMPARONS :
Cours du CAC 40, cours de la bourse,
placements …

Et revenu des ménages en habitat social
(parc public et privé)

La France ne peut pas accueillir
toute la misère du monde
La déontologie serait :
Pour un pays riche et développé, de
combien doit être son effort (réel,
c’est-à-dire orienté vers les
populations démunies) , pour aider ?
En somme, « la France doit accueillir
une partie de la misère du monde »

Une bonne gestion financière va
aboutir à une bonne gestion
humaine
C’est ici confondre l’outil et l’objectif ; le but
est une gestion humaine des projets ; la
finance n’est qu’un outil au service de
l’homme .
Dans une décision donnée, parle-t-on de
rentabilité, ou de bien-être ?

Les préalables, pour chacun,
quelle que soit sa position
d’aidant ou d’aidé :
Relation de confiance : « une
espérance ferme en l’autre »
Ecoute ; écouter : « s’appliquer à
entendre »
Respect : « accorder une
considération admirative »
Compréhension :
« donner un sens clair, avoir une
connaissance intuitive de quelqu’un »

Pour cela, 2 points importants
Importance de la formation des
professionnels (santé, social, , par des
parcours de rencontre et de dialogue

Pour une bonne connaissance de la
situation des personnes en précarité ou,
plus loin encore, en grande pauvreté
Constitution d’un projet avec la personne

Les pratiques qui « cassent »
(source : ORSPERE ONSMP)
Ne laisser que des conditions de survie
(besoins primaires)
Absence de lieu de vie à soi
Dossier et personne non différenciés
Absence de réponses concrètes
Attribution d’une identité de victime, sans
étude de famille, école, travail, …
Oubli du risque de malentendu (autre vécu)
Aidant isolé, révolté, impuissant)
Injonctions paradoxales aux professionnels
(Aidez, mais débrouillez-vous)

Les pratiques qui aident
Etre reconnus en tant que personnes
(droit au silence)

Visibilité, prise de parole
Intégration à un groupe
Attention portée aux liens familiaux
Liberté d’élaboration de réponses
individualisées, loin des dispositifs globaux
Partir de l’analyse de la personne
Créer des réseaux pluri professionnels, de
partage des connaissances

Conclusion
Certes, on vit un individualisme érigé en
norme : solitude, culpabilisation de l’échec
Mais des référentiels se construisent:
espaces pour les professionnels
Evolution sociale des démocraties: le
cerveau évolué, multifactoriel, prend le pas
sur le cerveau archaïque, binaire

Bibliographie
François Dubet , Injustices, l’expérience des
inégalités au travail, 2006, Editions du Seuil, Paris
Michel Joubert et Claude Louzoun, Répondre à la
souffrance sociale, 2005, Editions Erès, 31520
Ramonville
Colette Pitici, Les bricoleurs de la précarité, Revue
Rhizome « Réinventer l’institution », N° 25,
déc.06, - téléchargeable sur
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Slide 30

Quelle utilité pour
l’homme étouffé, effacé ?
Que faire quand on ne sait plus quoi
faire ?

Un brin de réponse : tenter,
inlassablement, de comprendre
Guy Ardiet, Lyon St Cyr - CEZERIAT, le 31 mai 07

Bien sûr, des situations sont parfois
plus complexes que d’autres ;
Pour ce qui peut faire souffrance, c’est
la sensation aigue d’injustice .

Trois définitions
Utile : dont l’usage, l’emploi, est
avantageux
à quelqu’un ou à la société

L’homme utile apporte à quelqu’un ou
à la société.
L’exclus du travail n’est-il pas exclu de
l’utilité sociale ?

Etouffer :
Priver d’air, asphyxier, oppresser
Episode de reconduite à la frontière ; « un
étranglement sur un passager; l’homme
perd connaissance, yeux révulsés, langue
pendante, écume aux lèvres … »
Témoignage des passagers du vol
Paris-Bamako, Roissy, 26 mai 07

Effacer :
1) Faire disparaître
sans laisser de trace
(une variante : expulser)
2) Faire oublier
(une variante : l’indifférence)

L’homme effacé : celui qu’on a gommé
de la communauté

La ligne directrice de l’exposé
Une souffrance liée à l’exclusion, au
« rejet », à la notion de personne
inutile, indésirable, ou en tout non
prévue d’être vue, là où elle est vue
Une souffrance d’être transparent

Un écart, même « écartèlement »,
entre « espéré » et « vécu »

Une première conséquence
-Pour le sujet invisible : distorsion du réel
(santé à 2/plusieurs vitesses)
 monde à 2/plusieurs réels

 Pour le professionnel : souffrance par
l’écart entre le désir pour l’autre, semblable
à soi, et le constat imaginé de son avenir
(si on est « aidant »,
ce n’est pas par hasard)

Un exposé en 4 volets
1) Un essai de clarification
2) Ce qui est particulier à la
souffrance psychique de la personne
en grande pauvreté
3) Ce qui est commun entre elle et la
personne qui intervient auprès d’elle
4) Quelques constats et les
propositions qui leur sont secondaires

Syndrome d’exclusion sociale,
souffrance psychique
Les définitions sont nombreuses :
Exclusion : perte des sécurités de base :
travail, formation, logement, diplôme,
culture, … (J.Wrésinski)
Souffrance psychique, non psychiatrique,
d’origine sociale (Lazarus)

Les conséquences : honte, inhibition,
découragement (Maisondieu)

On se débat avec des notions
complexes
La justice, l’égalité, l’honneur, le
mérite …
en somme, le bon côté des choses
Et des éléments bien différents :
l’autonomie perdue, la vulnérabilité, la
stigmatisation, le mépris, l’abandon, …
et ce que ces mots évoquent !

Simple : souffrance psychosociale
Souffrance de l'individu, du
professionnel de santé, du
professionnel social, du professionnel
administratif
Douleur à expression psychique,
somatique, ou mixte, suite à une
impasse.

Les 4 fonctions de l'aidant :
imaginaire, choisie, réalisée, et
non réalisée
La fonction imaginaire : celle de sa
formation : une intériorisation
La fonction choisie : celle qu'on
décide, en soi même : adaptation des
consignes ; une adaptation vitale

La fonction réalisée ; 3 évaluateurs:
soi d'abord, le pair (ou hiérarchie), la
personne aidée
La fonction non réalisée : 3
évaluateurs: soi d'abord, le pair (ou
hiérarachie), la personne aidée

La personne aidée évalue l'action réalisée, et
celle non réalisée ; un espace de rencontre - la
parole est un acte posé parmi d'autres.

L'important : non l'acte, mais le motif profond de
cet acte
Penser l'action avec le regard du partenaire j'entends par partenaire non l'autre professionnel
du réseau, mais la personne "effacée" que je
rencontre.
Ce mot d'effacé peut traduire ma propre mise en
retrait ; mais aussi la notion que le monde (du
travail, des amis, ...) m'a gommé.

Un exemple de gomme
Gommer, c’est disqualifier, c’est ne pas
imaginer comment l’autre va recevoir mon
message
Je suis « hors les clous » si j’imagine que
j’en suis dispensé ; mais ……. la personne
en précarité disqualifie elle aussi l’aidant :
par son échec, elle le traite d’inutile et
d’incapable

bien involontairement 99 fois sur 100

La complexité n’est pas le
désespoir
Complexité : l'étayage des pratiques ne
peut partir des institutions, mais doit aller
des personnes "invisibles" aux institutions.
Commencer par les échanges de savoir, les
co-formations, en "parité" ; un préalable
pour connaître comment faire : des groupes
mixtes, selon les modalités les plus faciles
pour les plus souffrants.
Eviter la « proposition pour demain 9h »

Aucun dispositif de soin ne peut être
efficient, s'il n'est pas validé par le
lecteur à qui il est destiné.
Un exemple :

France : 9% d’adultes en
illettrisme (INSEE, oct. 05)
Un tel document exclut ; il induit une
disqualification, puis une nécessité
d'assistance ! S'il déclenche un mouvement
de colère, la faute est, hélas, et à tort,
reportée à celui qui conteste.
Ou on a alors un renoncement en miroir.
(* soit 2,3 millions de personnes)

Comment aller plus loin
Avec, pour citer Saül Karsz, d’abord
désigner, puis interpréter, enfin rater.
Rater, « sujet réel, donc qui résiste »
Rassurant, de savoir que le réel résiste :
exemple des taux de chômage, ou de mal
logement (travaux de la MRIE) : on parle
des zones grises , donc non éclairées !
-2 millions de chômeurs,
-2 millions « non temps plein »,
-400 000 dispensés d’emploi

Un mécanisme implacable
Plan cohésion sociale : suivi mensuel,
convocations, relances à délais très
courts : « oubli, erreur, épuisement »
(Elisabeth Maurel)
Cela nous rassure :
si on est inutile, les mécanismes
d’enfoncement
sont bien rodés .

Et pourtant :
Comme on le verra, on retrouve :
Solidarité
Mobilisation
Combat pour la dignité
Espérance
Partage
Fête
Joie
Rires

Les éléments spécifiques au
plus pauvres : réalités
Ne pas avoir de logement, de travail,
d’argent …
Ne pas savoir lire
Etre en grande solitude
Ne pouvoir se soigner – vision, soins
dentaires

Les plus pauvres : le vécu
Honte, peur, angoisse, dépression, perte
des repères (temps, repères et soins
corporels), vécu constant de rejet ,
Modification semi-consciente des
événements, recherche de considération,
interprétation, imagination, fantasmes,
fuite dans le rêve, repli sur soi, …

Les réactions communes aux
abandonnés et à ceux qui s’en
préoccupent :
De la douleur : culpabilité, angoisse,
sentiment d’abandon, lassitude,
épuisement, voire désespoir
De la colère, l’envie de se battre, de
crier, de témoigner, de militer

Deux mécanismes de défense
La recherche de bouc émissaires
(administration, le collègue, le voisin, le
professionnel, …) enfin, un responsable

Résignation, détachement : on laisse
tomber. Dans le meilleur des cas,
culpabilité, au pire, indifférence,
dépression, maladies, toxiques, suicide …

Souffrance commune
Elle peut être celle de ne rien voir, de
ne plus savoir regarder d’un œil neuf.
Soit on utilise le mauvais outil …
Soit on regarde de très loin …

Donc, modifier la distance
avec l’autre
Créer ce qui va faire similitude
Ne pas avoir peur de l’autre ; y
compris dans ce « rien » qu’on ne
pourra changer
Exemple des demandeurs d’asile :
carte du pays, livrets santé : 2 outils
où ils sont « enseignants »

Recommandations

Loi de 1998
Accès effectif de tous aux droits
fondamentaux dans les domaines de
l’emploi, du logement, de la protection de la
santé,

de la justice, de l’éducation, de la
formation, de la culture,
de la PROTECTION de la famille et de
l’enfance

Eviter l’urgence
Prendre bien attention au respect de
l’infimité
Piste la démonstrativité « obligatoire »

Ne jamais généraliser

Voir la modification de la personne
***
Essayer de mettre en relation
ses désirs
et la réalité

Créer un projet d’utilité
Investissement par l’autre : en quoi suis-je
investi par l’autre, qu’ai-je reçu de lui (et
non comment je l’ai aidé)

Reconnaissance – se reconnaître identiques
Utilité sociale : quel rôle social joue la
personne présente (expérience des
« adultes relais sans papiers », à Paris

Combattre
3 idées fortes et fausses
1) Les personnes qui ont le RMI et la
CMU sont des profiteurs
2) La France ne peut pas accueillir
toute la misère du monde

3) Une bonne gestion financière va
aboutir à une bonne gestion humaine

Les personnes qui ont le RMI
et la CMU sont des profiteurs
Profit : augmentation des biens que l’on
possède, par exemple
AAH : 621 euros; RMI : 440 euros
……………………….COMPARONS :
Cours du CAC 40, cours de la bourse,
placements …

Et revenu des ménages en habitat social
(parc public et privé)

La France ne peut pas accueillir
toute la misère du monde
La déontologie serait :
Pour un pays riche et développé, de
combien doit être son effort (réel,
c’est-à-dire orienté vers les
populations démunies) , pour aider ?
En somme, « la France doit accueillir
une partie de la misère du monde »

Une bonne gestion financière va
aboutir à une bonne gestion
humaine
C’est ici confondre l’outil et l’objectif ; le but
est une gestion humaine des projets ; la
finance n’est qu’un outil au service de
l’homme .
Dans une décision donnée, parle-t-on de
rentabilité, ou de bien-être ?

Les préalables, pour chacun,
quelle que soit sa position
d’aidant ou d’aidé :
Relation de confiance : « une
espérance ferme en l’autre »
Ecoute ; écouter : « s’appliquer à
entendre »
Respect : « accorder une
considération admirative »
Compréhension :
« donner un sens clair, avoir une
connaissance intuitive de quelqu’un »

Pour cela, 2 points importants
Importance de la formation des
professionnels (santé, social, , par des
parcours de rencontre et de dialogue

Pour une bonne connaissance de la
situation des personnes en précarité ou,
plus loin encore, en grande pauvreté
Constitution d’un projet avec la personne

Les pratiques qui « cassent »
(source : ORSPERE ONSMP)
Ne laisser que des conditions de survie
(besoins primaires)
Absence de lieu de vie à soi
Dossier et personne non différenciés
Absence de réponses concrètes
Attribution d’une identité de victime, sans
étude de famille, école, travail, …
Oubli du risque de malentendu (autre vécu)
Aidant isolé, révolté, impuissant)
Injonctions paradoxales aux professionnels
(Aidez, mais débrouillez-vous)

Les pratiques qui aident
Etre reconnus en tant que personnes
(droit au silence)

Visibilité, prise de parole
Intégration à un groupe
Attention portée aux liens familiaux
Liberté d’élaboration de réponses
individualisées, loin des dispositifs globaux
Partir de l’analyse de la personne
Créer des réseaux pluri professionnels, de
partage des connaissances

Conclusion
Certes, on vit un individualisme érigé en
norme : solitude, culpabilisation de l’échec
Mais des référentiels se construisent:
espaces pour les professionnels
Evolution sociale des démocraties: le
cerveau évolué, multifactoriel, prend le pas
sur le cerveau archaïque, binaire

Bibliographie
François Dubet , Injustices, l’expérience des
inégalités au travail, 2006, Editions du Seuil, Paris
Michel Joubert et Claude Louzoun, Répondre à la
souffrance sociale, 2005, Editions Erès, 31520
Ramonville
Colette Pitici, Les bricoleurs de la précarité, Revue
Rhizome « Réinventer l’institution », N° 25,
déc.06, - téléchargeable sur
http://wuertm.site.voila.fr/rhz25.pdf

Ce diaporama sur
http://crpplyon.site.voila.fr/bg07.pps

Contact : [email protected]
Site pour lecture et publications à
venir (toute recherche est bienvenue)
http://crpplyon.site.voila.fr


Slide 31

Quelle utilité pour
l’homme étouffé, effacé ?
Que faire quand on ne sait plus quoi
faire ?

Un brin de réponse : tenter,
inlassablement, de comprendre
Guy Ardiet, Lyon St Cyr - CEZERIAT, le 31 mai 07

Bien sûr, des situations sont parfois
plus complexes que d’autres ;
Pour ce qui peut faire souffrance, c’est
la sensation aigue d’injustice .

Trois définitions
Utile : dont l’usage, l’emploi, est
avantageux
à quelqu’un ou à la société

L’homme utile apporte à quelqu’un ou
à la société.
L’exclus du travail n’est-il pas exclu de
l’utilité sociale ?

Etouffer :
Priver d’air, asphyxier, oppresser
Episode de reconduite à la frontière ; « un
étranglement sur un passager; l’homme
perd connaissance, yeux révulsés, langue
pendante, écume aux lèvres … »
Témoignage des passagers du vol
Paris-Bamako, Roissy, 26 mai 07

Effacer :
1) Faire disparaître
sans laisser de trace
(une variante : expulser)
2) Faire oublier
(une variante : l’indifférence)

L’homme effacé : celui qu’on a gommé
de la communauté

La ligne directrice de l’exposé
Une souffrance liée à l’exclusion, au
« rejet », à la notion de personne
inutile, indésirable, ou en tout non
prévue d’être vue, là où elle est vue
Une souffrance d’être transparent

Un écart, même « écartèlement »,
entre « espéré » et « vécu »

Une première conséquence
-Pour le sujet invisible : distorsion du réel
(santé à 2/plusieurs vitesses)
 monde à 2/plusieurs réels

 Pour le professionnel : souffrance par
l’écart entre le désir pour l’autre, semblable
à soi, et le constat imaginé de son avenir
(si on est « aidant »,
ce n’est pas par hasard)

Un exposé en 4 volets
1) Un essai de clarification
2) Ce qui est particulier à la
souffrance psychique de la personne
en grande pauvreté
3) Ce qui est commun entre elle et la
personne qui intervient auprès d’elle
4) Quelques constats et les
propositions qui leur sont secondaires

Syndrome d’exclusion sociale,
souffrance psychique
Les définitions sont nombreuses :
Exclusion : perte des sécurités de base :
travail, formation, logement, diplôme,
culture, … (J.Wrésinski)
Souffrance psychique, non psychiatrique,
d’origine sociale (Lazarus)

Les conséquences : honte, inhibition,
découragement (Maisondieu)

On se débat avec des notions
complexes
La justice, l’égalité, l’honneur, le
mérite …
en somme, le bon côté des choses
Et des éléments bien différents :
l’autonomie perdue, la vulnérabilité, la
stigmatisation, le mépris, l’abandon, …
et ce que ces mots évoquent !

Simple : souffrance psychosociale
Souffrance de l'individu, du
professionnel de santé, du
professionnel social, du professionnel
administratif
Douleur à expression psychique,
somatique, ou mixte, suite à une
impasse.

Les 4 fonctions de l'aidant :
imaginaire, choisie, réalisée, et
non réalisée
La fonction imaginaire : celle de sa
formation : une intériorisation
La fonction choisie : celle qu'on
décide, en soi même : adaptation des
consignes ; une adaptation vitale

La fonction réalisée ; 3 évaluateurs:
soi d'abord, le pair (ou hiérarchie), la
personne aidée
La fonction non réalisée : 3
évaluateurs: soi d'abord, le pair (ou
hiérarachie), la personne aidée

La personne aidée évalue l'action réalisée, et
celle non réalisée ; un espace de rencontre - la
parole est un acte posé parmi d'autres.

L'important : non l'acte, mais le motif profond de
cet acte
Penser l'action avec le regard du partenaire j'entends par partenaire non l'autre professionnel
du réseau, mais la personne "effacée" que je
rencontre.
Ce mot d'effacé peut traduire ma propre mise en
retrait ; mais aussi la notion que le monde (du
travail, des amis, ...) m'a gommé.

Un exemple de gomme
Gommer, c’est disqualifier, c’est ne pas
imaginer comment l’autre va recevoir mon
message
Je suis « hors les clous » si j’imagine que
j’en suis dispensé ; mais ……. la personne
en précarité disqualifie elle aussi l’aidant :
par son échec, elle le traite d’inutile et
d’incapable

bien involontairement 99 fois sur 100

La complexité n’est pas le
désespoir
Complexité : l'étayage des pratiques ne
peut partir des institutions, mais doit aller
des personnes "invisibles" aux institutions.
Commencer par les échanges de savoir, les
co-formations, en "parité" ; un préalable
pour connaître comment faire : des groupes
mixtes, selon les modalités les plus faciles
pour les plus souffrants.
Eviter la « proposition pour demain 9h »

Aucun dispositif de soin ne peut être
efficient, s'il n'est pas validé par le
lecteur à qui il est destiné.
Un exemple :

France : 9% d’adultes en
illettrisme (INSEE, oct. 05)
Un tel document exclut ; il induit une
disqualification, puis une nécessité
d'assistance ! S'il déclenche un mouvement
de colère, la faute est, hélas, et à tort,
reportée à celui qui conteste.
Ou on a alors un renoncement en miroir.
(* soit 2,3 millions de personnes)

Comment aller plus loin
Avec, pour citer Saül Karsz, d’abord
désigner, puis interpréter, enfin rater.
Rater, « sujet réel, donc qui résiste »
Rassurant, de savoir que le réel résiste :
exemple des taux de chômage, ou de mal
logement (travaux de la MRIE) : on parle
des zones grises , donc non éclairées !
-2 millions de chômeurs,
-2 millions « non temps plein »,
-400 000 dispensés d’emploi

Un mécanisme implacable
Plan cohésion sociale : suivi mensuel,
convocations, relances à délais très
courts : « oubli, erreur, épuisement »
(Elisabeth Maurel)
Cela nous rassure :
si on est inutile, les mécanismes
d’enfoncement
sont bien rodés .

Et pourtant :
Comme on le verra, on retrouve :
Solidarité
Mobilisation
Combat pour la dignité
Espérance
Partage
Fête
Joie
Rires

Les éléments spécifiques au
plus pauvres : réalités
Ne pas avoir de logement, de travail,
d’argent …
Ne pas savoir lire
Etre en grande solitude
Ne pouvoir se soigner – vision, soins
dentaires

Les plus pauvres : le vécu
Honte, peur, angoisse, dépression, perte
des repères (temps, repères et soins
corporels), vécu constant de rejet ,
Modification semi-consciente des
événements, recherche de considération,
interprétation, imagination, fantasmes,
fuite dans le rêve, repli sur soi, …

Les réactions communes aux
abandonnés et à ceux qui s’en
préoccupent :
De la douleur : culpabilité, angoisse,
sentiment d’abandon, lassitude,
épuisement, voire désespoir
De la colère, l’envie de se battre, de
crier, de témoigner, de militer

Deux mécanismes de défense
La recherche de bouc émissaires
(administration, le collègue, le voisin, le
professionnel, …) enfin, un responsable

Résignation, détachement : on laisse
tomber. Dans le meilleur des cas,
culpabilité, au pire, indifférence,
dépression, maladies, toxiques, suicide …

Souffrance commune
Elle peut être celle de ne rien voir, de
ne plus savoir regarder d’un œil neuf.
Soit on utilise le mauvais outil …
Soit on regarde de très loin …

Donc, modifier la distance
avec l’autre
Créer ce qui va faire similitude
Ne pas avoir peur de l’autre ; y
compris dans ce « rien » qu’on ne
pourra changer
Exemple des demandeurs d’asile :
carte du pays, livrets santé : 2 outils
où ils sont « enseignants »

Recommandations

Loi de 1998
Accès effectif de tous aux droits
fondamentaux dans les domaines de
l’emploi, du logement, de la protection de la
santé,

de la justice, de l’éducation, de la
formation, de la culture,
de la PROTECTION de la famille et de
l’enfance

Eviter l’urgence
Prendre bien attention au respect de
l’infimité
Piste la démonstrativité « obligatoire »

Ne jamais généraliser

Voir la modification de la personne
***
Essayer de mettre en relation
ses désirs
et la réalité

Créer un projet d’utilité
Investissement par l’autre : en quoi suis-je
investi par l’autre, qu’ai-je reçu de lui (et
non comment je l’ai aidé)

Reconnaissance – se reconnaître identiques
Utilité sociale : quel rôle social joue la
personne présente (expérience des
« adultes relais sans papiers », à Paris

Combattre
3 idées fortes et fausses
1) Les personnes qui ont le RMI et la
CMU sont des profiteurs
2) La France ne peut pas accueillir
toute la misère du monde

3) Une bonne gestion financière va
aboutir à une bonne gestion humaine

Les personnes qui ont le RMI
et la CMU sont des profiteurs
Profit : augmentation des biens que l’on
possède, par exemple
AAH : 621 euros; RMI : 440 euros
……………………….COMPARONS :
Cours du CAC 40, cours de la bourse,
placements …

Et revenu des ménages en habitat social
(parc public et privé)

La France ne peut pas accueillir
toute la misère du monde
La déontologie serait :
Pour un pays riche et développé, de
combien doit être son effort (réel,
c’est-à-dire orienté vers les
populations démunies) , pour aider ?
En somme, « la France doit accueillir
une partie de la misère du monde »

Une bonne gestion financière va
aboutir à une bonne gestion
humaine
C’est ici confondre l’outil et l’objectif ; le but
est une gestion humaine des projets ; la
finance n’est qu’un outil au service de
l’homme .
Dans une décision donnée, parle-t-on de
rentabilité, ou de bien-être ?

Les préalables, pour chacun,
quelle que soit sa position
d’aidant ou d’aidé :
Relation de confiance : « une
espérance ferme en l’autre »
Ecoute ; écouter : « s’appliquer à
entendre »
Respect : « accorder une
considération admirative »
Compréhension :
« donner un sens clair, avoir une
connaissance intuitive de quelqu’un »

Pour cela, 2 points importants
Importance de la formation des
professionnels (santé, social, , par des
parcours de rencontre et de dialogue

Pour une bonne connaissance de la
situation des personnes en précarité ou,
plus loin encore, en grande pauvreté
Constitution d’un projet avec la personne

Les pratiques qui « cassent »
(source : ORSPERE ONSMP)
Ne laisser que des conditions de survie
(besoins primaires)
Absence de lieu de vie à soi
Dossier et personne non différenciés
Absence de réponses concrètes
Attribution d’une identité de victime, sans
étude de famille, école, travail, …
Oubli du risque de malentendu (autre vécu)
Aidant isolé, révolté, impuissant)
Injonctions paradoxales aux professionnels
(Aidez, mais débrouillez-vous)

Les pratiques qui aident
Etre reconnus en tant que personnes
(droit au silence)

Visibilité, prise de parole
Intégration à un groupe
Attention portée aux liens familiaux
Liberté d’élaboration de réponses
individualisées, loin des dispositifs globaux
Partir de l’analyse de la personne
Créer des réseaux pluri professionnels, de
partage des connaissances

Conclusion
Certes, on vit un individualisme érigé en
norme : solitude, culpabilisation de l’échec
Mais des référentiels se construisent:
espaces pour les professionnels
Evolution sociale des démocraties: le
cerveau évolué, multifactoriel, prend le pas
sur le cerveau archaïque, binaire

Bibliographie
François Dubet , Injustices, l’expérience des
inégalités au travail, 2006, Editions du Seuil, Paris
Michel Joubert et Claude Louzoun, Répondre à la
souffrance sociale, 2005, Editions Erès, 31520
Ramonville
Colette Pitici, Les bricoleurs de la précarité, Revue
Rhizome « Réinventer l’institution », N° 25,
déc.06, - téléchargeable sur
http://wuertm.site.voila.fr/rhz25.pdf

Ce diaporama sur
http://crpplyon.site.voila.fr/bg07.pps

Contact : [email protected]
Site pour lecture et publications à
venir (toute recherche est bienvenue)
http://crpplyon.site.voila.fr


Slide 32

Quelle utilité pour
l’homme étouffé, effacé ?
Que faire quand on ne sait plus quoi
faire ?

Un brin de réponse : tenter,
inlassablement, de comprendre
Guy Ardiet, Lyon St Cyr - CEZERIAT, le 31 mai 07

Bien sûr, des situations sont parfois
plus complexes que d’autres ;
Pour ce qui peut faire souffrance, c’est
la sensation aigue d’injustice .

Trois définitions
Utile : dont l’usage, l’emploi, est
avantageux
à quelqu’un ou à la société

L’homme utile apporte à quelqu’un ou
à la société.
L’exclus du travail n’est-il pas exclu de
l’utilité sociale ?

Etouffer :
Priver d’air, asphyxier, oppresser
Episode de reconduite à la frontière ; « un
étranglement sur un passager; l’homme
perd connaissance, yeux révulsés, langue
pendante, écume aux lèvres … »
Témoignage des passagers du vol
Paris-Bamako, Roissy, 26 mai 07

Effacer :
1) Faire disparaître
sans laisser de trace
(une variante : expulser)
2) Faire oublier
(une variante : l’indifférence)

L’homme effacé : celui qu’on a gommé
de la communauté

La ligne directrice de l’exposé
Une souffrance liée à l’exclusion, au
« rejet », à la notion de personne
inutile, indésirable, ou en tout non
prévue d’être vue, là où elle est vue
Une souffrance d’être transparent

Un écart, même « écartèlement »,
entre « espéré » et « vécu »

Une première conséquence
-Pour le sujet invisible : distorsion du réel
(santé à 2/plusieurs vitesses)
 monde à 2/plusieurs réels

 Pour le professionnel : souffrance par
l’écart entre le désir pour l’autre, semblable
à soi, et le constat imaginé de son avenir
(si on est « aidant »,
ce n’est pas par hasard)

Un exposé en 4 volets
1) Un essai de clarification
2) Ce qui est particulier à la
souffrance psychique de la personne
en grande pauvreté
3) Ce qui est commun entre elle et la
personne qui intervient auprès d’elle
4) Quelques constats et les
propositions qui leur sont secondaires

Syndrome d’exclusion sociale,
souffrance psychique
Les définitions sont nombreuses :
Exclusion : perte des sécurités de base :
travail, formation, logement, diplôme,
culture, … (J.Wrésinski)
Souffrance psychique, non psychiatrique,
d’origine sociale (Lazarus)

Les conséquences : honte, inhibition,
découragement (Maisondieu)

On se débat avec des notions
complexes
La justice, l’égalité, l’honneur, le
mérite …
en somme, le bon côté des choses
Et des éléments bien différents :
l’autonomie perdue, la vulnérabilité, la
stigmatisation, le mépris, l’abandon, …
et ce que ces mots évoquent !

Simple : souffrance psychosociale
Souffrance de l'individu, du
professionnel de santé, du
professionnel social, du professionnel
administratif
Douleur à expression psychique,
somatique, ou mixte, suite à une
impasse.

Les 4 fonctions de l'aidant :
imaginaire, choisie, réalisée, et
non réalisée
La fonction imaginaire : celle de sa
formation : une intériorisation
La fonction choisie : celle qu'on
décide, en soi même : adaptation des
consignes ; une adaptation vitale

La fonction réalisée ; 3 évaluateurs:
soi d'abord, le pair (ou hiérarchie), la
personne aidée
La fonction non réalisée : 3
évaluateurs: soi d'abord, le pair (ou
hiérarachie), la personne aidée

La personne aidée évalue l'action réalisée, et
celle non réalisée ; un espace de rencontre - la
parole est un acte posé parmi d'autres.

L'important : non l'acte, mais le motif profond de
cet acte
Penser l'action avec le regard du partenaire j'entends par partenaire non l'autre professionnel
du réseau, mais la personne "effacée" que je
rencontre.
Ce mot d'effacé peut traduire ma propre mise en
retrait ; mais aussi la notion que le monde (du
travail, des amis, ...) m'a gommé.

Un exemple de gomme
Gommer, c’est disqualifier, c’est ne pas
imaginer comment l’autre va recevoir mon
message
Je suis « hors les clous » si j’imagine que
j’en suis dispensé ; mais ……. la personne
en précarité disqualifie elle aussi l’aidant :
par son échec, elle le traite d’inutile et
d’incapable

bien involontairement 99 fois sur 100

La complexité n’est pas le
désespoir
Complexité : l'étayage des pratiques ne
peut partir des institutions, mais doit aller
des personnes "invisibles" aux institutions.
Commencer par les échanges de savoir, les
co-formations, en "parité" ; un préalable
pour connaître comment faire : des groupes
mixtes, selon les modalités les plus faciles
pour les plus souffrants.
Eviter la « proposition pour demain 9h »

Aucun dispositif de soin ne peut être
efficient, s'il n'est pas validé par le
lecteur à qui il est destiné.
Un exemple :

France : 9% d’adultes en
illettrisme (INSEE, oct. 05)
Un tel document exclut ; il induit une
disqualification, puis une nécessité
d'assistance ! S'il déclenche un mouvement
de colère, la faute est, hélas, et à tort,
reportée à celui qui conteste.
Ou on a alors un renoncement en miroir.
(* soit 2,3 millions de personnes)

Comment aller plus loin
Avec, pour citer Saül Karsz, d’abord
désigner, puis interpréter, enfin rater.
Rater, « sujet réel, donc qui résiste »
Rassurant, de savoir que le réel résiste :
exemple des taux de chômage, ou de mal
logement (travaux de la MRIE) : on parle
des zones grises , donc non éclairées !
-2 millions de chômeurs,
-2 millions « non temps plein »,
-400 000 dispensés d’emploi

Un mécanisme implacable
Plan cohésion sociale : suivi mensuel,
convocations, relances à délais très
courts : « oubli, erreur, épuisement »
(Elisabeth Maurel)
Cela nous rassure :
si on est inutile, les mécanismes
d’enfoncement
sont bien rodés .

Et pourtant :
Comme on le verra, on retrouve :
Solidarité
Mobilisation
Combat pour la dignité
Espérance
Partage
Fête
Joie
Rires

Les éléments spécifiques au
plus pauvres : réalités
Ne pas avoir de logement, de travail,
d’argent …
Ne pas savoir lire
Etre en grande solitude
Ne pouvoir se soigner – vision, soins
dentaires

Les plus pauvres : le vécu
Honte, peur, angoisse, dépression, perte
des repères (temps, repères et soins
corporels), vécu constant de rejet ,
Modification semi-consciente des
événements, recherche de considération,
interprétation, imagination, fantasmes,
fuite dans le rêve, repli sur soi, …

Les réactions communes aux
abandonnés et à ceux qui s’en
préoccupent :
De la douleur : culpabilité, angoisse,
sentiment d’abandon, lassitude,
épuisement, voire désespoir
De la colère, l’envie de se battre, de
crier, de témoigner, de militer

Deux mécanismes de défense
La recherche de bouc émissaires
(administration, le collègue, le voisin, le
professionnel, …) enfin, un responsable

Résignation, détachement : on laisse
tomber. Dans le meilleur des cas,
culpabilité, au pire, indifférence,
dépression, maladies, toxiques, suicide …

Souffrance commune
Elle peut être celle de ne rien voir, de
ne plus savoir regarder d’un œil neuf.
Soit on utilise le mauvais outil …
Soit on regarde de très loin …

Donc, modifier la distance
avec l’autre
Créer ce qui va faire similitude
Ne pas avoir peur de l’autre ; y
compris dans ce « rien » qu’on ne
pourra changer
Exemple des demandeurs d’asile :
carte du pays, livrets santé : 2 outils
où ils sont « enseignants »

Recommandations

Loi de 1998
Accès effectif de tous aux droits
fondamentaux dans les domaines de
l’emploi, du logement, de la protection de la
santé,

de la justice, de l’éducation, de la
formation, de la culture,
de la PROTECTION de la famille et de
l’enfance

Eviter l’urgence
Prendre bien attention au respect de
l’infimité
Piste la démonstrativité « obligatoire »

Ne jamais généraliser

Voir la modification de la personne
***
Essayer de mettre en relation
ses désirs
et la réalité

Créer un projet d’utilité
Investissement par l’autre : en quoi suis-je
investi par l’autre, qu’ai-je reçu de lui (et
non comment je l’ai aidé)

Reconnaissance – se reconnaître identiques
Utilité sociale : quel rôle social joue la
personne présente (expérience des
« adultes relais sans papiers », à Paris

Combattre
3 idées fortes et fausses
1) Les personnes qui ont le RMI et la
CMU sont des profiteurs
2) La France ne peut pas accueillir
toute la misère du monde

3) Une bonne gestion financière va
aboutir à une bonne gestion humaine

Les personnes qui ont le RMI
et la CMU sont des profiteurs
Profit : augmentation des biens que l’on
possède, par exemple
AAH : 621 euros; RMI : 440 euros
……………………….COMPARONS :
Cours du CAC 40, cours de la bourse,
placements …

Et revenu des ménages en habitat social
(parc public et privé)

La France ne peut pas accueillir
toute la misère du monde
La déontologie serait :
Pour un pays riche et développé, de
combien doit être son effort (réel,
c’est-à-dire orienté vers les
populations démunies) , pour aider ?
En somme, « la France doit accueillir
une partie de la misère du monde »

Une bonne gestion financière va
aboutir à une bonne gestion
humaine
C’est ici confondre l’outil et l’objectif ; le but
est une gestion humaine des projets ; la
finance n’est qu’un outil au service de
l’homme .
Dans une décision donnée, parle-t-on de
rentabilité, ou de bien-être ?

Les préalables, pour chacun,
quelle que soit sa position
d’aidant ou d’aidé :
Relation de confiance : « une
espérance ferme en l’autre »
Ecoute ; écouter : « s’appliquer à
entendre »
Respect : « accorder une
considération admirative »
Compréhension :
« donner un sens clair, avoir une
connaissance intuitive de quelqu’un »

Pour cela, 2 points importants
Importance de la formation des
professionnels (santé, social, , par des
parcours de rencontre et de dialogue

Pour une bonne connaissance de la
situation des personnes en précarité ou,
plus loin encore, en grande pauvreté
Constitution d’un projet avec la personne

Les pratiques qui « cassent »
(source : ORSPERE ONSMP)
Ne laisser que des conditions de survie
(besoins primaires)
Absence de lieu de vie à soi
Dossier et personne non différenciés
Absence de réponses concrètes
Attribution d’une identité de victime, sans
étude de famille, école, travail, …
Oubli du risque de malentendu (autre vécu)
Aidant isolé, révolté, impuissant)
Injonctions paradoxales aux professionnels
(Aidez, mais débrouillez-vous)

Les pratiques qui aident
Etre reconnus en tant que personnes
(droit au silence)

Visibilité, prise de parole
Intégration à un groupe
Attention portée aux liens familiaux
Liberté d’élaboration de réponses
individualisées, loin des dispositifs globaux
Partir de l’analyse de la personne
Créer des réseaux pluri professionnels, de
partage des connaissances

Conclusion
Certes, on vit un individualisme érigé en
norme : solitude, culpabilisation de l’échec
Mais des référentiels se construisent:
espaces pour les professionnels
Evolution sociale des démocraties: le
cerveau évolué, multifactoriel, prend le pas
sur le cerveau archaïque, binaire

Bibliographie
François Dubet , Injustices, l’expérience des
inégalités au travail, 2006, Editions du Seuil, Paris
Michel Joubert et Claude Louzoun, Répondre à la
souffrance sociale, 2005, Editions Erès, 31520
Ramonville
Colette Pitici, Les bricoleurs de la précarité, Revue
Rhizome « Réinventer l’institution », N° 25,
déc.06, - téléchargeable sur
http://wuertm.site.voila.fr/rhz25.pdf

Ce diaporama sur
http://crpplyon.site.voila.fr/bg07.pps

Contact : [email protected]
Site pour lecture et publications à
venir (toute recherche est bienvenue)
http://crpplyon.site.voila.fr


Slide 33

Quelle utilité pour
l’homme étouffé, effacé ?
Que faire quand on ne sait plus quoi
faire ?

Un brin de réponse : tenter,
inlassablement, de comprendre
Guy Ardiet, Lyon St Cyr - CEZERIAT, le 31 mai 07

Bien sûr, des situations sont parfois
plus complexes que d’autres ;
Pour ce qui peut faire souffrance, c’est
la sensation aigue d’injustice .

Trois définitions
Utile : dont l’usage, l’emploi, est
avantageux
à quelqu’un ou à la société

L’homme utile apporte à quelqu’un ou
à la société.
L’exclus du travail n’est-il pas exclu de
l’utilité sociale ?

Etouffer :
Priver d’air, asphyxier, oppresser
Episode de reconduite à la frontière ; « un
étranglement sur un passager; l’homme
perd connaissance, yeux révulsés, langue
pendante, écume aux lèvres … »
Témoignage des passagers du vol
Paris-Bamako, Roissy, 26 mai 07

Effacer :
1) Faire disparaître
sans laisser de trace
(une variante : expulser)
2) Faire oublier
(une variante : l’indifférence)

L’homme effacé : celui qu’on a gommé
de la communauté

La ligne directrice de l’exposé
Une souffrance liée à l’exclusion, au
« rejet », à la notion de personne
inutile, indésirable, ou en tout non
prévue d’être vue, là où elle est vue
Une souffrance d’être transparent

Un écart, même « écartèlement »,
entre « espéré » et « vécu »

Une première conséquence
-Pour le sujet invisible : distorsion du réel
(santé à 2/plusieurs vitesses)
 monde à 2/plusieurs réels

 Pour le professionnel : souffrance par
l’écart entre le désir pour l’autre, semblable
à soi, et le constat imaginé de son avenir
(si on est « aidant »,
ce n’est pas par hasard)

Un exposé en 4 volets
1) Un essai de clarification
2) Ce qui est particulier à la
souffrance psychique de la personne
en grande pauvreté
3) Ce qui est commun entre elle et la
personne qui intervient auprès d’elle
4) Quelques constats et les
propositions qui leur sont secondaires

Syndrome d’exclusion sociale,
souffrance psychique
Les définitions sont nombreuses :
Exclusion : perte des sécurités de base :
travail, formation, logement, diplôme,
culture, … (J.Wrésinski)
Souffrance psychique, non psychiatrique,
d’origine sociale (Lazarus)

Les conséquences : honte, inhibition,
découragement (Maisondieu)

On se débat avec des notions
complexes
La justice, l’égalité, l’honneur, le
mérite …
en somme, le bon côté des choses
Et des éléments bien différents :
l’autonomie perdue, la vulnérabilité, la
stigmatisation, le mépris, l’abandon, …
et ce que ces mots évoquent !

Simple : souffrance psychosociale
Souffrance de l'individu, du
professionnel de santé, du
professionnel social, du professionnel
administratif
Douleur à expression psychique,
somatique, ou mixte, suite à une
impasse.

Les 4 fonctions de l'aidant :
imaginaire, choisie, réalisée, et
non réalisée
La fonction imaginaire : celle de sa
formation : une intériorisation
La fonction choisie : celle qu'on
décide, en soi même : adaptation des
consignes ; une adaptation vitale

La fonction réalisée ; 3 évaluateurs:
soi d'abord, le pair (ou hiérarchie), la
personne aidée
La fonction non réalisée : 3
évaluateurs: soi d'abord, le pair (ou
hiérarachie), la personne aidée

La personne aidée évalue l'action réalisée, et
celle non réalisée ; un espace de rencontre - la
parole est un acte posé parmi d'autres.

L'important : non l'acte, mais le motif profond de
cet acte
Penser l'action avec le regard du partenaire j'entends par partenaire non l'autre professionnel
du réseau, mais la personne "effacée" que je
rencontre.
Ce mot d'effacé peut traduire ma propre mise en
retrait ; mais aussi la notion que le monde (du
travail, des amis, ...) m'a gommé.

Un exemple de gomme
Gommer, c’est disqualifier, c’est ne pas
imaginer comment l’autre va recevoir mon
message
Je suis « hors les clous » si j’imagine que
j’en suis dispensé ; mais ……. la personne
en précarité disqualifie elle aussi l’aidant :
par son échec, elle le traite d’inutile et
d’incapable

bien involontairement 99 fois sur 100

La complexité n’est pas le
désespoir
Complexité : l'étayage des pratiques ne
peut partir des institutions, mais doit aller
des personnes "invisibles" aux institutions.
Commencer par les échanges de savoir, les
co-formations, en "parité" ; un préalable
pour connaître comment faire : des groupes
mixtes, selon les modalités les plus faciles
pour les plus souffrants.
Eviter la « proposition pour demain 9h »

Aucun dispositif de soin ne peut être
efficient, s'il n'est pas validé par le
lecteur à qui il est destiné.
Un exemple :

France : 9% d’adultes en
illettrisme (INSEE, oct. 05)
Un tel document exclut ; il induit une
disqualification, puis une nécessité
d'assistance ! S'il déclenche un mouvement
de colère, la faute est, hélas, et à tort,
reportée à celui qui conteste.
Ou on a alors un renoncement en miroir.
(* soit 2,3 millions de personnes)

Comment aller plus loin
Avec, pour citer Saül Karsz, d’abord
désigner, puis interpréter, enfin rater.
Rater, « sujet réel, donc qui résiste »
Rassurant, de savoir que le réel résiste :
exemple des taux de chômage, ou de mal
logement (travaux de la MRIE) : on parle
des zones grises , donc non éclairées !
-2 millions de chômeurs,
-2 millions « non temps plein »,
-400 000 dispensés d’emploi

Un mécanisme implacable
Plan cohésion sociale : suivi mensuel,
convocations, relances à délais très
courts : « oubli, erreur, épuisement »
(Elisabeth Maurel)
Cela nous rassure :
si on est inutile, les mécanismes
d’enfoncement
sont bien rodés .

Et pourtant :
Comme on le verra, on retrouve :
Solidarité
Mobilisation
Combat pour la dignité
Espérance
Partage
Fête
Joie
Rires

Les éléments spécifiques au
plus pauvres : réalités
Ne pas avoir de logement, de travail,
d’argent …
Ne pas savoir lire
Etre en grande solitude
Ne pouvoir se soigner – vision, soins
dentaires

Les plus pauvres : le vécu
Honte, peur, angoisse, dépression, perte
des repères (temps, repères et soins
corporels), vécu constant de rejet ,
Modification semi-consciente des
événements, recherche de considération,
interprétation, imagination, fantasmes,
fuite dans le rêve, repli sur soi, …

Les réactions communes aux
abandonnés et à ceux qui s’en
préoccupent :
De la douleur : culpabilité, angoisse,
sentiment d’abandon, lassitude,
épuisement, voire désespoir
De la colère, l’envie de se battre, de
crier, de témoigner, de militer

Deux mécanismes de défense
La recherche de bouc émissaires
(administration, le collègue, le voisin, le
professionnel, …) enfin, un responsable

Résignation, détachement : on laisse
tomber. Dans le meilleur des cas,
culpabilité, au pire, indifférence,
dépression, maladies, toxiques, suicide …

Souffrance commune
Elle peut être celle de ne rien voir, de
ne plus savoir regarder d’un œil neuf.
Soit on utilise le mauvais outil …
Soit on regarde de très loin …

Donc, modifier la distance
avec l’autre
Créer ce qui va faire similitude
Ne pas avoir peur de l’autre ; y
compris dans ce « rien » qu’on ne
pourra changer
Exemple des demandeurs d’asile :
carte du pays, livrets santé : 2 outils
où ils sont « enseignants »

Recommandations

Loi de 1998
Accès effectif de tous aux droits
fondamentaux dans les domaines de
l’emploi, du logement, de la protection de la
santé,

de la justice, de l’éducation, de la
formation, de la culture,
de la PROTECTION de la famille et de
l’enfance

Eviter l’urgence
Prendre bien attention au respect de
l’infimité
Piste la démonstrativité « obligatoire »

Ne jamais généraliser

Voir la modification de la personne
***
Essayer de mettre en relation
ses désirs
et la réalité

Créer un projet d’utilité
Investissement par l’autre : en quoi suis-je
investi par l’autre, qu’ai-je reçu de lui (et
non comment je l’ai aidé)

Reconnaissance – se reconnaître identiques
Utilité sociale : quel rôle social joue la
personne présente (expérience des
« adultes relais sans papiers », à Paris

Combattre
3 idées fortes et fausses
1) Les personnes qui ont le RMI et la
CMU sont des profiteurs
2) La France ne peut pas accueillir
toute la misère du monde

3) Une bonne gestion financière va
aboutir à une bonne gestion humaine

Les personnes qui ont le RMI
et la CMU sont des profiteurs
Profit : augmentation des biens que l’on
possède, par exemple
AAH : 621 euros; RMI : 440 euros
……………………….COMPARONS :
Cours du CAC 40, cours de la bourse,
placements …

Et revenu des ménages en habitat social
(parc public et privé)

La France ne peut pas accueillir
toute la misère du monde
La déontologie serait :
Pour un pays riche et développé, de
combien doit être son effort (réel,
c’est-à-dire orienté vers les
populations démunies) , pour aider ?
En somme, « la France doit accueillir
une partie de la misère du monde »

Une bonne gestion financière va
aboutir à une bonne gestion
humaine
C’est ici confondre l’outil et l’objectif ; le but
est une gestion humaine des projets ; la
finance n’est qu’un outil au service de
l’homme .
Dans une décision donnée, parle-t-on de
rentabilité, ou de bien-être ?

Les préalables, pour chacun,
quelle que soit sa position
d’aidant ou d’aidé :
Relation de confiance : « une
espérance ferme en l’autre »
Ecoute ; écouter : « s’appliquer à
entendre »
Respect : « accorder une
considération admirative »
Compréhension :
« donner un sens clair, avoir une
connaissance intuitive de quelqu’un »

Pour cela, 2 points importants
Importance de la formation des
professionnels (santé, social, , par des
parcours de rencontre et de dialogue

Pour une bonne connaissance de la
situation des personnes en précarité ou,
plus loin encore, en grande pauvreté
Constitution d’un projet avec la personne

Les pratiques qui « cassent »
(source : ORSPERE ONSMP)
Ne laisser que des conditions de survie
(besoins primaires)
Absence de lieu de vie à soi
Dossier et personne non différenciés
Absence de réponses concrètes
Attribution d’une identité de victime, sans
étude de famille, école, travail, …
Oubli du risque de malentendu (autre vécu)
Aidant isolé, révolté, impuissant)
Injonctions paradoxales aux professionnels
(Aidez, mais débrouillez-vous)

Les pratiques qui aident
Etre reconnus en tant que personnes
(droit au silence)

Visibilité, prise de parole
Intégration à un groupe
Attention portée aux liens familiaux
Liberté d’élaboration de réponses
individualisées, loin des dispositifs globaux
Partir de l’analyse de la personne
Créer des réseaux pluri professionnels, de
partage des connaissances

Conclusion
Certes, on vit un individualisme érigé en
norme : solitude, culpabilisation de l’échec
Mais des référentiels se construisent:
espaces pour les professionnels
Evolution sociale des démocraties: le
cerveau évolué, multifactoriel, prend le pas
sur le cerveau archaïque, binaire

Bibliographie
François Dubet , Injustices, l’expérience des
inégalités au travail, 2006, Editions du Seuil, Paris
Michel Joubert et Claude Louzoun, Répondre à la
souffrance sociale, 2005, Editions Erès, 31520
Ramonville
Colette Pitici, Les bricoleurs de la précarité, Revue
Rhizome « Réinventer l’institution », N° 25,
déc.06, - téléchargeable sur
http://wuertm.site.voila.fr/rhz25.pdf

Ce diaporama sur
http://crpplyon.site.voila.fr/bg07.pps

Contact : [email protected]
Site pour lecture et publications à
venir (toute recherche est bienvenue)
http://crpplyon.site.voila.fr


Slide 34

Quelle utilité pour
l’homme étouffé, effacé ?
Que faire quand on ne sait plus quoi
faire ?

Un brin de réponse : tenter,
inlassablement, de comprendre
Guy Ardiet, Lyon St Cyr - CEZERIAT, le 31 mai 07

Bien sûr, des situations sont parfois
plus complexes que d’autres ;
Pour ce qui peut faire souffrance, c’est
la sensation aigue d’injustice .

Trois définitions
Utile : dont l’usage, l’emploi, est
avantageux
à quelqu’un ou à la société

L’homme utile apporte à quelqu’un ou
à la société.
L’exclus du travail n’est-il pas exclu de
l’utilité sociale ?

Etouffer :
Priver d’air, asphyxier, oppresser
Episode de reconduite à la frontière ; « un
étranglement sur un passager; l’homme
perd connaissance, yeux révulsés, langue
pendante, écume aux lèvres … »
Témoignage des passagers du vol
Paris-Bamako, Roissy, 26 mai 07

Effacer :
1) Faire disparaître
sans laisser de trace
(une variante : expulser)
2) Faire oublier
(une variante : l’indifférence)

L’homme effacé : celui qu’on a gommé
de la communauté

La ligne directrice de l’exposé
Une souffrance liée à l’exclusion, au
« rejet », à la notion de personne
inutile, indésirable, ou en tout non
prévue d’être vue, là où elle est vue
Une souffrance d’être transparent

Un écart, même « écartèlement »,
entre « espéré » et « vécu »

Une première conséquence
-Pour le sujet invisible : distorsion du réel
(santé à 2/plusieurs vitesses)
 monde à 2/plusieurs réels

 Pour le professionnel : souffrance par
l’écart entre le désir pour l’autre, semblable
à soi, et le constat imaginé de son avenir
(si on est « aidant »,
ce n’est pas par hasard)

Un exposé en 4 volets
1) Un essai de clarification
2) Ce qui est particulier à la
souffrance psychique de la personne
en grande pauvreté
3) Ce qui est commun entre elle et la
personne qui intervient auprès d’elle
4) Quelques constats et les
propositions qui leur sont secondaires

Syndrome d’exclusion sociale,
souffrance psychique
Les définitions sont nombreuses :
Exclusion : perte des sécurités de base :
travail, formation, logement, diplôme,
culture, … (J.Wrésinski)
Souffrance psychique, non psychiatrique,
d’origine sociale (Lazarus)

Les conséquences : honte, inhibition,
découragement (Maisondieu)

On se débat avec des notions
complexes
La justice, l’égalité, l’honneur, le
mérite …
en somme, le bon côté des choses
Et des éléments bien différents :
l’autonomie perdue, la vulnérabilité, la
stigmatisation, le mépris, l’abandon, …
et ce que ces mots évoquent !

Simple : souffrance psychosociale
Souffrance de l'individu, du
professionnel de santé, du
professionnel social, du professionnel
administratif
Douleur à expression psychique,
somatique, ou mixte, suite à une
impasse.

Les 4 fonctions de l'aidant :
imaginaire, choisie, réalisée, et
non réalisée
La fonction imaginaire : celle de sa
formation : une intériorisation
La fonction choisie : celle qu'on
décide, en soi même : adaptation des
consignes ; une adaptation vitale

La fonction réalisée ; 3 évaluateurs:
soi d'abord, le pair (ou hiérarchie), la
personne aidée
La fonction non réalisée : 3
évaluateurs: soi d'abord, le pair (ou
hiérarachie), la personne aidée

La personne aidée évalue l'action réalisée, et
celle non réalisée ; un espace de rencontre - la
parole est un acte posé parmi d'autres.

L'important : non l'acte, mais le motif profond de
cet acte
Penser l'action avec le regard du partenaire j'entends par partenaire non l'autre professionnel
du réseau, mais la personne "effacée" que je
rencontre.
Ce mot d'effacé peut traduire ma propre mise en
retrait ; mais aussi la notion que le monde (du
travail, des amis, ...) m'a gommé.

Un exemple de gomme
Gommer, c’est disqualifier, c’est ne pas
imaginer comment l’autre va recevoir mon
message
Je suis « hors les clous » si j’imagine que
j’en suis dispensé ; mais ……. la personne
en précarité disqualifie elle aussi l’aidant :
par son échec, elle le traite d’inutile et
d’incapable

bien involontairement 99 fois sur 100

La complexité n’est pas le
désespoir
Complexité : l'étayage des pratiques ne
peut partir des institutions, mais doit aller
des personnes "invisibles" aux institutions.
Commencer par les échanges de savoir, les
co-formations, en "parité" ; un préalable
pour connaître comment faire : des groupes
mixtes, selon les modalités les plus faciles
pour les plus souffrants.
Eviter la « proposition pour demain 9h »

Aucun dispositif de soin ne peut être
efficient, s'il n'est pas validé par le
lecteur à qui il est destiné.
Un exemple :

France : 9% d’adultes en
illettrisme (INSEE, oct. 05)
Un tel document exclut ; il induit une
disqualification, puis une nécessité
d'assistance ! S'il déclenche un mouvement
de colère, la faute est, hélas, et à tort,
reportée à celui qui conteste.
Ou on a alors un renoncement en miroir.
(* soit 2,3 millions de personnes)

Comment aller plus loin
Avec, pour citer Saül Karsz, d’abord
désigner, puis interpréter, enfin rater.
Rater, « sujet réel, donc qui résiste »
Rassurant, de savoir que le réel résiste :
exemple des taux de chômage, ou de mal
logement (travaux de la MRIE) : on parle
des zones grises , donc non éclairées !
-2 millions de chômeurs,
-2 millions « non temps plein »,
-400 000 dispensés d’emploi

Un mécanisme implacable
Plan cohésion sociale : suivi mensuel,
convocations, relances à délais très
courts : « oubli, erreur, épuisement »
(Elisabeth Maurel)
Cela nous rassure :
si on est inutile, les mécanismes
d’enfoncement
sont bien rodés .

Et pourtant :
Comme on le verra, on retrouve :
Solidarité
Mobilisation
Combat pour la dignité
Espérance
Partage
Fête
Joie
Rires

Les éléments spécifiques au
plus pauvres : réalités
Ne pas avoir de logement, de travail,
d’argent …
Ne pas savoir lire
Etre en grande solitude
Ne pouvoir se soigner – vision, soins
dentaires

Les plus pauvres : le vécu
Honte, peur, angoisse, dépression, perte
des repères (temps, repères et soins
corporels), vécu constant de rejet ,
Modification semi-consciente des
événements, recherche de considération,
interprétation, imagination, fantasmes,
fuite dans le rêve, repli sur soi, …

Les réactions communes aux
abandonnés et à ceux qui s’en
préoccupent :
De la douleur : culpabilité, angoisse,
sentiment d’abandon, lassitude,
épuisement, voire désespoir
De la colère, l’envie de se battre, de
crier, de témoigner, de militer

Deux mécanismes de défense
La recherche de bouc émissaires
(administration, le collègue, le voisin, le
professionnel, …) enfin, un responsable

Résignation, détachement : on laisse
tomber. Dans le meilleur des cas,
culpabilité, au pire, indifférence,
dépression, maladies, toxiques, suicide …

Souffrance commune
Elle peut être celle de ne rien voir, de
ne plus savoir regarder d’un œil neuf.
Soit on utilise le mauvais outil …
Soit on regarde de très loin …

Donc, modifier la distance
avec l’autre
Créer ce qui va faire similitude
Ne pas avoir peur de l’autre ; y
compris dans ce « rien » qu’on ne
pourra changer
Exemple des demandeurs d’asile :
carte du pays, livrets santé : 2 outils
où ils sont « enseignants »

Recommandations

Loi de 1998
Accès effectif de tous aux droits
fondamentaux dans les domaines de
l’emploi, du logement, de la protection de la
santé,

de la justice, de l’éducation, de la
formation, de la culture,
de la PROTECTION de la famille et de
l’enfance

Eviter l’urgence
Prendre bien attention au respect de
l’infimité
Piste la démonstrativité « obligatoire »

Ne jamais généraliser

Voir la modification de la personne
***
Essayer de mettre en relation
ses désirs
et la réalité

Créer un projet d’utilité
Investissement par l’autre : en quoi suis-je
investi par l’autre, qu’ai-je reçu de lui (et
non comment je l’ai aidé)

Reconnaissance – se reconnaître identiques
Utilité sociale : quel rôle social joue la
personne présente (expérience des
« adultes relais sans papiers », à Paris

Combattre
3 idées fortes et fausses
1) Les personnes qui ont le RMI et la
CMU sont des profiteurs
2) La France ne peut pas accueillir
toute la misère du monde

3) Une bonne gestion financière va
aboutir à une bonne gestion humaine

Les personnes qui ont le RMI
et la CMU sont des profiteurs
Profit : augmentation des biens que l’on
possède, par exemple
AAH : 621 euros; RMI : 440 euros
……………………….COMPARONS :
Cours du CAC 40, cours de la bourse,
placements …

Et revenu des ménages en habitat social
(parc public et privé)

La France ne peut pas accueillir
toute la misère du monde
La déontologie serait :
Pour un pays riche et développé, de
combien doit être son effort (réel,
c’est-à-dire orienté vers les
populations démunies) , pour aider ?
En somme, « la France doit accueillir
une partie de la misère du monde »

Une bonne gestion financière va
aboutir à une bonne gestion
humaine
C’est ici confondre l’outil et l’objectif ; le but
est une gestion humaine des projets ; la
finance n’est qu’un outil au service de
l’homme .
Dans une décision donnée, parle-t-on de
rentabilité, ou de bien-être ?

Les préalables, pour chacun,
quelle que soit sa position
d’aidant ou d’aidé :
Relation de confiance : « une
espérance ferme en l’autre »
Ecoute ; écouter : « s’appliquer à
entendre »
Respect : « accorder une
considération admirative »
Compréhension :
« donner un sens clair, avoir une
connaissance intuitive de quelqu’un »

Pour cela, 2 points importants
Importance de la formation des
professionnels (santé, social, , par des
parcours de rencontre et de dialogue

Pour une bonne connaissance de la
situation des personnes en précarité ou,
plus loin encore, en grande pauvreté
Constitution d’un projet avec la personne

Les pratiques qui « cassent »
(source : ORSPERE ONSMP)
Ne laisser que des conditions de survie
(besoins primaires)
Absence de lieu de vie à soi
Dossier et personne non différenciés
Absence de réponses concrètes
Attribution d’une identité de victime, sans
étude de famille, école, travail, …
Oubli du risque de malentendu (autre vécu)
Aidant isolé, révolté, impuissant)
Injonctions paradoxales aux professionnels
(Aidez, mais débrouillez-vous)

Les pratiques qui aident
Etre reconnus en tant que personnes
(droit au silence)

Visibilité, prise de parole
Intégration à un groupe
Attention portée aux liens familiaux
Liberté d’élaboration de réponses
individualisées, loin des dispositifs globaux
Partir de l’analyse de la personne
Créer des réseaux pluri professionnels, de
partage des connaissances

Conclusion
Certes, on vit un individualisme érigé en
norme : solitude, culpabilisation de l’échec
Mais des référentiels se construisent:
espaces pour les professionnels
Evolution sociale des démocraties: le
cerveau évolué, multifactoriel, prend le pas
sur le cerveau archaïque, binaire

Bibliographie
François Dubet , Injustices, l’expérience des
inégalités au travail, 2006, Editions du Seuil, Paris
Michel Joubert et Claude Louzoun, Répondre à la
souffrance sociale, 2005, Editions Erès, 31520
Ramonville
Colette Pitici, Les bricoleurs de la précarité, Revue
Rhizome « Réinventer l’institution », N° 25,
déc.06, - téléchargeable sur
http://wuertm.site.voila.fr/rhz25.pdf

Ce diaporama sur
http://crpplyon.site.voila.fr/bg07.pps

Contact : [email protected]
Site pour lecture et publications à
venir (toute recherche est bienvenue)
http://crpplyon.site.voila.fr


Slide 35

Quelle utilité pour
l’homme étouffé, effacé ?
Que faire quand on ne sait plus quoi
faire ?

Un brin de réponse : tenter,
inlassablement, de comprendre
Guy Ardiet, Lyon St Cyr - CEZERIAT, le 31 mai 07

Bien sûr, des situations sont parfois
plus complexes que d’autres ;
Pour ce qui peut faire souffrance, c’est
la sensation aigue d’injustice .

Trois définitions
Utile : dont l’usage, l’emploi, est
avantageux
à quelqu’un ou à la société

L’homme utile apporte à quelqu’un ou
à la société.
L’exclus du travail n’est-il pas exclu de
l’utilité sociale ?

Etouffer :
Priver d’air, asphyxier, oppresser
Episode de reconduite à la frontière ; « un
étranglement sur un passager; l’homme
perd connaissance, yeux révulsés, langue
pendante, écume aux lèvres … »
Témoignage des passagers du vol
Paris-Bamako, Roissy, 26 mai 07

Effacer :
1) Faire disparaître
sans laisser de trace
(une variante : expulser)
2) Faire oublier
(une variante : l’indifférence)

L’homme effacé : celui qu’on a gommé
de la communauté

La ligne directrice de l’exposé
Une souffrance liée à l’exclusion, au
« rejet », à la notion de personne
inutile, indésirable, ou en tout non
prévue d’être vue, là où elle est vue
Une souffrance d’être transparent

Un écart, même « écartèlement »,
entre « espéré » et « vécu »

Une première conséquence
-Pour le sujet invisible : distorsion du réel
(santé à 2/plusieurs vitesses)
 monde à 2/plusieurs réels

 Pour le professionnel : souffrance par
l’écart entre le désir pour l’autre, semblable
à soi, et le constat imaginé de son avenir
(si on est « aidant »,
ce n’est pas par hasard)

Un exposé en 4 volets
1) Un essai de clarification
2) Ce qui est particulier à la
souffrance psychique de la personne
en grande pauvreté
3) Ce qui est commun entre elle et la
personne qui intervient auprès d’elle
4) Quelques constats et les
propositions qui leur sont secondaires

Syndrome d’exclusion sociale,
souffrance psychique
Les définitions sont nombreuses :
Exclusion : perte des sécurités de base :
travail, formation, logement, diplôme,
culture, … (J.Wrésinski)
Souffrance psychique, non psychiatrique,
d’origine sociale (Lazarus)

Les conséquences : honte, inhibition,
découragement (Maisondieu)

On se débat avec des notions
complexes
La justice, l’égalité, l’honneur, le
mérite …
en somme, le bon côté des choses
Et des éléments bien différents :
l’autonomie perdue, la vulnérabilité, la
stigmatisation, le mépris, l’abandon, …
et ce que ces mots évoquent !

Simple : souffrance psychosociale
Souffrance de l'individu, du
professionnel de santé, du
professionnel social, du professionnel
administratif
Douleur à expression psychique,
somatique, ou mixte, suite à une
impasse.

Les 4 fonctions de l'aidant :
imaginaire, choisie, réalisée, et
non réalisée
La fonction imaginaire : celle de sa
formation : une intériorisation
La fonction choisie : celle qu'on
décide, en soi même : adaptation des
consignes ; une adaptation vitale

La fonction réalisée ; 3 évaluateurs:
soi d'abord, le pair (ou hiérarchie), la
personne aidée
La fonction non réalisée : 3
évaluateurs: soi d'abord, le pair (ou
hiérarachie), la personne aidée

La personne aidée évalue l'action réalisée, et
celle non réalisée ; un espace de rencontre - la
parole est un acte posé parmi d'autres.

L'important : non l'acte, mais le motif profond de
cet acte
Penser l'action avec le regard du partenaire j'entends par partenaire non l'autre professionnel
du réseau, mais la personne "effacée" que je
rencontre.
Ce mot d'effacé peut traduire ma propre mise en
retrait ; mais aussi la notion que le monde (du
travail, des amis, ...) m'a gommé.

Un exemple de gomme
Gommer, c’est disqualifier, c’est ne pas
imaginer comment l’autre va recevoir mon
message
Je suis « hors les clous » si j’imagine que
j’en suis dispensé ; mais ……. la personne
en précarité disqualifie elle aussi l’aidant :
par son échec, elle le traite d’inutile et
d’incapable

bien involontairement 99 fois sur 100

La complexité n’est pas le
désespoir
Complexité : l'étayage des pratiques ne
peut partir des institutions, mais doit aller
des personnes "invisibles" aux institutions.
Commencer par les échanges de savoir, les
co-formations, en "parité" ; un préalable
pour connaître comment faire : des groupes
mixtes, selon les modalités les plus faciles
pour les plus souffrants.
Eviter la « proposition pour demain 9h »

Aucun dispositif de soin ne peut être
efficient, s'il n'est pas validé par le
lecteur à qui il est destiné.
Un exemple :

France : 9% d’adultes en
illettrisme (INSEE, oct. 05)
Un tel document exclut ; il induit une
disqualification, puis une nécessité
d'assistance ! S'il déclenche un mouvement
de colère, la faute est, hélas, et à tort,
reportée à celui qui conteste.
Ou on a alors un renoncement en miroir.
(* soit 2,3 millions de personnes)

Comment aller plus loin
Avec, pour citer Saül Karsz, d’abord
désigner, puis interpréter, enfin rater.
Rater, « sujet réel, donc qui résiste »
Rassurant, de savoir que le réel résiste :
exemple des taux de chômage, ou de mal
logement (travaux de la MRIE) : on parle
des zones grises , donc non éclairées !
-2 millions de chômeurs,
-2 millions « non temps plein »,
-400 000 dispensés d’emploi

Un mécanisme implacable
Plan cohésion sociale : suivi mensuel,
convocations, relances à délais très
courts : « oubli, erreur, épuisement »
(Elisabeth Maurel)
Cela nous rassure :
si on est inutile, les mécanismes
d’enfoncement
sont bien rodés .

Et pourtant :
Comme on le verra, on retrouve :
Solidarité
Mobilisation
Combat pour la dignité
Espérance
Partage
Fête
Joie
Rires

Les éléments spécifiques au
plus pauvres : réalités
Ne pas avoir de logement, de travail,
d’argent …
Ne pas savoir lire
Etre en grande solitude
Ne pouvoir se soigner – vision, soins
dentaires

Les plus pauvres : le vécu
Honte, peur, angoisse, dépression, perte
des repères (temps, repères et soins
corporels), vécu constant de rejet ,
Modification semi-consciente des
événements, recherche de considération,
interprétation, imagination, fantasmes,
fuite dans le rêve, repli sur soi, …

Les réactions communes aux
abandonnés et à ceux qui s’en
préoccupent :
De la douleur : culpabilité, angoisse,
sentiment d’abandon, lassitude,
épuisement, voire désespoir
De la colère, l’envie de se battre, de
crier, de témoigner, de militer

Deux mécanismes de défense
La recherche de bouc émissaires
(administration, le collègue, le voisin, le
professionnel, …) enfin, un responsable

Résignation, détachement : on laisse
tomber. Dans le meilleur des cas,
culpabilité, au pire, indifférence,
dépression, maladies, toxiques, suicide …

Souffrance commune
Elle peut être celle de ne rien voir, de
ne plus savoir regarder d’un œil neuf.
Soit on utilise le mauvais outil …
Soit on regarde de très loin …

Donc, modifier la distance
avec l’autre
Créer ce qui va faire similitude
Ne pas avoir peur de l’autre ; y
compris dans ce « rien » qu’on ne
pourra changer
Exemple des demandeurs d’asile :
carte du pays, livrets santé : 2 outils
où ils sont « enseignants »

Recommandations

Loi de 1998
Accès effectif de tous aux droits
fondamentaux dans les domaines de
l’emploi, du logement, de la protection de la
santé,

de la justice, de l’éducation, de la
formation, de la culture,
de la PROTECTION de la famille et de
l’enfance

Eviter l’urgence
Prendre bien attention au respect de
l’infimité
Piste la démonstrativité « obligatoire »

Ne jamais généraliser

Voir la modification de la personne
***
Essayer de mettre en relation
ses désirs
et la réalité

Créer un projet d’utilité
Investissement par l’autre : en quoi suis-je
investi par l’autre, qu’ai-je reçu de lui (et
non comment je l’ai aidé)

Reconnaissance – se reconnaître identiques
Utilité sociale : quel rôle social joue la
personne présente (expérience des
« adultes relais sans papiers », à Paris

Combattre
3 idées fortes et fausses
1) Les personnes qui ont le RMI et la
CMU sont des profiteurs
2) La France ne peut pas accueillir
toute la misère du monde

3) Une bonne gestion financière va
aboutir à une bonne gestion humaine

Les personnes qui ont le RMI
et la CMU sont des profiteurs
Profit : augmentation des biens que l’on
possède, par exemple
AAH : 621 euros; RMI : 440 euros
……………………….COMPARONS :
Cours du CAC 40, cours de la bourse,
placements …

Et revenu des ménages en habitat social
(parc public et privé)

La France ne peut pas accueillir
toute la misère du monde
La déontologie serait :
Pour un pays riche et développé, de
combien doit être son effort (réel,
c’est-à-dire orienté vers les
populations démunies) , pour aider ?
En somme, « la France doit accueillir
une partie de la misère du monde »

Une bonne gestion financière va
aboutir à une bonne gestion
humaine
C’est ici confondre l’outil et l’objectif ; le but
est une gestion humaine des projets ; la
finance n’est qu’un outil au service de
l’homme .
Dans une décision donnée, parle-t-on de
rentabilité, ou de bien-être ?

Les préalables, pour chacun,
quelle que soit sa position
d’aidant ou d’aidé :
Relation de confiance : « une
espérance ferme en l’autre »
Ecoute ; écouter : « s’appliquer à
entendre »
Respect : « accorder une
considération admirative »
Compréhension :
« donner un sens clair, avoir une
connaissance intuitive de quelqu’un »

Pour cela, 2 points importants
Importance de la formation des
professionnels (santé, social, , par des
parcours de rencontre et de dialogue

Pour une bonne connaissance de la
situation des personnes en précarité ou,
plus loin encore, en grande pauvreté
Constitution d’un projet avec la personne

Les pratiques qui « cassent »
(source : ORSPERE ONSMP)
Ne laisser que des conditions de survie
(besoins primaires)
Absence de lieu de vie à soi
Dossier et personne non différenciés
Absence de réponses concrètes
Attribution d’une identité de victime, sans
étude de famille, école, travail, …
Oubli du risque de malentendu (autre vécu)
Aidant isolé, révolté, impuissant)
Injonctions paradoxales aux professionnels
(Aidez, mais débrouillez-vous)

Les pratiques qui aident
Etre reconnus en tant que personnes
(droit au silence)

Visibilité, prise de parole
Intégration à un groupe
Attention portée aux liens familiaux
Liberté d’élaboration de réponses
individualisées, loin des dispositifs globaux
Partir de l’analyse de la personne
Créer des réseaux pluri professionnels, de
partage des connaissances

Conclusion
Certes, on vit un individualisme érigé en
norme : solitude, culpabilisation de l’échec
Mais des référentiels se construisent:
espaces pour les professionnels
Evolution sociale des démocraties: le
cerveau évolué, multifactoriel, prend le pas
sur le cerveau archaïque, binaire

Bibliographie
François Dubet , Injustices, l’expérience des
inégalités au travail, 2006, Editions du Seuil, Paris
Michel Joubert et Claude Louzoun, Répondre à la
souffrance sociale, 2005, Editions Erès, 31520
Ramonville
Colette Pitici, Les bricoleurs de la précarité, Revue
Rhizome « Réinventer l’institution », N° 25,
déc.06, - téléchargeable sur
http://wuertm.site.voila.fr/rhz25.pdf

Ce diaporama sur
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Contact : [email protected]
Site pour lecture et publications à
venir (toute recherche est bienvenue)
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Slide 36

Quelle utilité pour
l’homme étouffé, effacé ?
Que faire quand on ne sait plus quoi
faire ?

Un brin de réponse : tenter,
inlassablement, de comprendre
Guy Ardiet, Lyon St Cyr - CEZERIAT, le 31 mai 07

Bien sûr, des situations sont parfois
plus complexes que d’autres ;
Pour ce qui peut faire souffrance, c’est
la sensation aigue d’injustice .

Trois définitions
Utile : dont l’usage, l’emploi, est
avantageux
à quelqu’un ou à la société

L’homme utile apporte à quelqu’un ou
à la société.
L’exclus du travail n’est-il pas exclu de
l’utilité sociale ?

Etouffer :
Priver d’air, asphyxier, oppresser
Episode de reconduite à la frontière ; « un
étranglement sur un passager; l’homme
perd connaissance, yeux révulsés, langue
pendante, écume aux lèvres … »
Témoignage des passagers du vol
Paris-Bamako, Roissy, 26 mai 07

Effacer :
1) Faire disparaître
sans laisser de trace
(une variante : expulser)
2) Faire oublier
(une variante : l’indifférence)

L’homme effacé : celui qu’on a gommé
de la communauté

La ligne directrice de l’exposé
Une souffrance liée à l’exclusion, au
« rejet », à la notion de personne
inutile, indésirable, ou en tout non
prévue d’être vue, là où elle est vue
Une souffrance d’être transparent

Un écart, même « écartèlement »,
entre « espéré » et « vécu »

Une première conséquence
-Pour le sujet invisible : distorsion du réel
(santé à 2/plusieurs vitesses)
 monde à 2/plusieurs réels

 Pour le professionnel : souffrance par
l’écart entre le désir pour l’autre, semblable
à soi, et le constat imaginé de son avenir
(si on est « aidant »,
ce n’est pas par hasard)

Un exposé en 4 volets
1) Un essai de clarification
2) Ce qui est particulier à la
souffrance psychique de la personne
en grande pauvreté
3) Ce qui est commun entre elle et la
personne qui intervient auprès d’elle
4) Quelques constats et les
propositions qui leur sont secondaires

Syndrome d’exclusion sociale,
souffrance psychique
Les définitions sont nombreuses :
Exclusion : perte des sécurités de base :
travail, formation, logement, diplôme,
culture, … (J.Wrésinski)
Souffrance psychique, non psychiatrique,
d’origine sociale (Lazarus)

Les conséquences : honte, inhibition,
découragement (Maisondieu)

On se débat avec des notions
complexes
La justice, l’égalité, l’honneur, le
mérite …
en somme, le bon côté des choses
Et des éléments bien différents :
l’autonomie perdue, la vulnérabilité, la
stigmatisation, le mépris, l’abandon, …
et ce que ces mots évoquent !

Simple : souffrance psychosociale
Souffrance de l'individu, du
professionnel de santé, du
professionnel social, du professionnel
administratif
Douleur à expression psychique,
somatique, ou mixte, suite à une
impasse.

Les 4 fonctions de l'aidant :
imaginaire, choisie, réalisée, et
non réalisée
La fonction imaginaire : celle de sa
formation : une intériorisation
La fonction choisie : celle qu'on
décide, en soi même : adaptation des
consignes ; une adaptation vitale

La fonction réalisée ; 3 évaluateurs:
soi d'abord, le pair (ou hiérarchie), la
personne aidée
La fonction non réalisée : 3
évaluateurs: soi d'abord, le pair (ou
hiérarachie), la personne aidée

La personne aidée évalue l'action réalisée, et
celle non réalisée ; un espace de rencontre - la
parole est un acte posé parmi d'autres.

L'important : non l'acte, mais le motif profond de
cet acte
Penser l'action avec le regard du partenaire j'entends par partenaire non l'autre professionnel
du réseau, mais la personne "effacée" que je
rencontre.
Ce mot d'effacé peut traduire ma propre mise en
retrait ; mais aussi la notion que le monde (du
travail, des amis, ...) m'a gommé.

Un exemple de gomme
Gommer, c’est disqualifier, c’est ne pas
imaginer comment l’autre va recevoir mon
message
Je suis « hors les clous » si j’imagine que
j’en suis dispensé ; mais ……. la personne
en précarité disqualifie elle aussi l’aidant :
par son échec, elle le traite d’inutile et
d’incapable

bien involontairement 99 fois sur 100

La complexité n’est pas le
désespoir
Complexité : l'étayage des pratiques ne
peut partir des institutions, mais doit aller
des personnes "invisibles" aux institutions.
Commencer par les échanges de savoir, les
co-formations, en "parité" ; un préalable
pour connaître comment faire : des groupes
mixtes, selon les modalités les plus faciles
pour les plus souffrants.
Eviter la « proposition pour demain 9h »

Aucun dispositif de soin ne peut être
efficient, s'il n'est pas validé par le
lecteur à qui il est destiné.
Un exemple :

France : 9% d’adultes en
illettrisme (INSEE, oct. 05)
Un tel document exclut ; il induit une
disqualification, puis une nécessité
d'assistance ! S'il déclenche un mouvement
de colère, la faute est, hélas, et à tort,
reportée à celui qui conteste.
Ou on a alors un renoncement en miroir.
(* soit 2,3 millions de personnes)

Comment aller plus loin
Avec, pour citer Saül Karsz, d’abord
désigner, puis interpréter, enfin rater.
Rater, « sujet réel, donc qui résiste »
Rassurant, de savoir que le réel résiste :
exemple des taux de chômage, ou de mal
logement (travaux de la MRIE) : on parle
des zones grises , donc non éclairées !
-2 millions de chômeurs,
-2 millions « non temps plein »,
-400 000 dispensés d’emploi

Un mécanisme implacable
Plan cohésion sociale : suivi mensuel,
convocations, relances à délais très
courts : « oubli, erreur, épuisement »
(Elisabeth Maurel)
Cela nous rassure :
si on est inutile, les mécanismes
d’enfoncement
sont bien rodés .

Et pourtant :
Comme on le verra, on retrouve :
Solidarité
Mobilisation
Combat pour la dignité
Espérance
Partage
Fête
Joie
Rires

Les éléments spécifiques au
plus pauvres : réalités
Ne pas avoir de logement, de travail,
d’argent …
Ne pas savoir lire
Etre en grande solitude
Ne pouvoir se soigner – vision, soins
dentaires

Les plus pauvres : le vécu
Honte, peur, angoisse, dépression, perte
des repères (temps, repères et soins
corporels), vécu constant de rejet ,
Modification semi-consciente des
événements, recherche de considération,
interprétation, imagination, fantasmes,
fuite dans le rêve, repli sur soi, …

Les réactions communes aux
abandonnés et à ceux qui s’en
préoccupent :
De la douleur : culpabilité, angoisse,
sentiment d’abandon, lassitude,
épuisement, voire désespoir
De la colère, l’envie de se battre, de
crier, de témoigner, de militer

Deux mécanismes de défense
La recherche de bouc émissaires
(administration, le collègue, le voisin, le
professionnel, …) enfin, un responsable

Résignation, détachement : on laisse
tomber. Dans le meilleur des cas,
culpabilité, au pire, indifférence,
dépression, maladies, toxiques, suicide …

Souffrance commune
Elle peut être celle de ne rien voir, de
ne plus savoir regarder d’un œil neuf.
Soit on utilise le mauvais outil …
Soit on regarde de très loin …

Donc, modifier la distance
avec l’autre
Créer ce qui va faire similitude
Ne pas avoir peur de l’autre ; y
compris dans ce « rien » qu’on ne
pourra changer
Exemple des demandeurs d’asile :
carte du pays, livrets santé : 2 outils
où ils sont « enseignants »

Recommandations

Loi de 1998
Accès effectif de tous aux droits
fondamentaux dans les domaines de
l’emploi, du logement, de la protection de la
santé,

de la justice, de l’éducation, de la
formation, de la culture,
de la PROTECTION de la famille et de
l’enfance

Eviter l’urgence
Prendre bien attention au respect de
l’infimité
Piste la démonstrativité « obligatoire »

Ne jamais généraliser

Voir la modification de la personne
***
Essayer de mettre en relation
ses désirs
et la réalité

Créer un projet d’utilité
Investissement par l’autre : en quoi suis-je
investi par l’autre, qu’ai-je reçu de lui (et
non comment je l’ai aidé)

Reconnaissance – se reconnaître identiques
Utilité sociale : quel rôle social joue la
personne présente (expérience des
« adultes relais sans papiers », à Paris

Combattre
3 idées fortes et fausses
1) Les personnes qui ont le RMI et la
CMU sont des profiteurs
2) La France ne peut pas accueillir
toute la misère du monde

3) Une bonne gestion financière va
aboutir à une bonne gestion humaine

Les personnes qui ont le RMI
et la CMU sont des profiteurs
Profit : augmentation des biens que l’on
possède, par exemple
AAH : 621 euros; RMI : 440 euros
……………………….COMPARONS :
Cours du CAC 40, cours de la bourse,
placements …

Et revenu des ménages en habitat social
(parc public et privé)

La France ne peut pas accueillir
toute la misère du monde
La déontologie serait :
Pour un pays riche et développé, de
combien doit être son effort (réel,
c’est-à-dire orienté vers les
populations démunies) , pour aider ?
En somme, « la France doit accueillir
une partie de la misère du monde »

Une bonne gestion financière va
aboutir à une bonne gestion
humaine
C’est ici confondre l’outil et l’objectif ; le but
est une gestion humaine des projets ; la
finance n’est qu’un outil au service de
l’homme .
Dans une décision donnée, parle-t-on de
rentabilité, ou de bien-être ?

Les préalables, pour chacun,
quelle que soit sa position
d’aidant ou d’aidé :
Relation de confiance : « une
espérance ferme en l’autre »
Ecoute ; écouter : « s’appliquer à
entendre »
Respect : « accorder une
considération admirative »
Compréhension :
« donner un sens clair, avoir une
connaissance intuitive de quelqu’un »

Pour cela, 2 points importants
Importance de la formation des
professionnels (santé, social, , par des
parcours de rencontre et de dialogue

Pour une bonne connaissance de la
situation des personnes en précarité ou,
plus loin encore, en grande pauvreté
Constitution d’un projet avec la personne

Les pratiques qui « cassent »
(source : ORSPERE ONSMP)
Ne laisser que des conditions de survie
(besoins primaires)
Absence de lieu de vie à soi
Dossier et personne non différenciés
Absence de réponses concrètes
Attribution d’une identité de victime, sans
étude de famille, école, travail, …
Oubli du risque de malentendu (autre vécu)
Aidant isolé, révolté, impuissant)
Injonctions paradoxales aux professionnels
(Aidez, mais débrouillez-vous)

Les pratiques qui aident
Etre reconnus en tant que personnes
(droit au silence)

Visibilité, prise de parole
Intégration à un groupe
Attention portée aux liens familiaux
Liberté d’élaboration de réponses
individualisées, loin des dispositifs globaux
Partir de l’analyse de la personne
Créer des réseaux pluri professionnels, de
partage des connaissances

Conclusion
Certes, on vit un individualisme érigé en
norme : solitude, culpabilisation de l’échec
Mais des référentiels se construisent:
espaces pour les professionnels
Evolution sociale des démocraties: le
cerveau évolué, multifactoriel, prend le pas
sur le cerveau archaïque, binaire

Bibliographie
François Dubet , Injustices, l’expérience des
inégalités au travail, 2006, Editions du Seuil, Paris
Michel Joubert et Claude Louzoun, Répondre à la
souffrance sociale, 2005, Editions Erès, 31520
Ramonville
Colette Pitici, Les bricoleurs de la précarité, Revue
Rhizome « Réinventer l’institution », N° 25,
déc.06, - téléchargeable sur
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Quelle utilité pour
l’homme étouffé, effacé ?
Que faire quand on ne sait plus quoi
faire ?

Un brin de réponse : tenter,
inlassablement, de comprendre
Guy Ardiet, Lyon St Cyr - CEZERIAT, le 31 mai 07

Bien sûr, des situations sont parfois
plus complexes que d’autres ;
Pour ce qui peut faire souffrance, c’est
la sensation aigue d’injustice .

Trois définitions
Utile : dont l’usage, l’emploi, est
avantageux
à quelqu’un ou à la société

L’homme utile apporte à quelqu’un ou
à la société.
L’exclus du travail n’est-il pas exclu de
l’utilité sociale ?

Etouffer :
Priver d’air, asphyxier, oppresser
Episode de reconduite à la frontière ; « un
étranglement sur un passager; l’homme
perd connaissance, yeux révulsés, langue
pendante, écume aux lèvres … »
Témoignage des passagers du vol
Paris-Bamako, Roissy, 26 mai 07

Effacer :
1) Faire disparaître
sans laisser de trace
(une variante : expulser)
2) Faire oublier
(une variante : l’indifférence)

L’homme effacé : celui qu’on a gommé
de la communauté

La ligne directrice de l’exposé
Une souffrance liée à l’exclusion, au
« rejet », à la notion de personne
inutile, indésirable, ou en tout non
prévue d’être vue, là où elle est vue
Une souffrance d’être transparent

Un écart, même « écartèlement »,
entre « espéré » et « vécu »

Une première conséquence
-Pour le sujet invisible : distorsion du réel
(santé à 2/plusieurs vitesses)
 monde à 2/plusieurs réels

 Pour le professionnel : souffrance par
l’écart entre le désir pour l’autre, semblable
à soi, et le constat imaginé de son avenir
(si on est « aidant »,
ce n’est pas par hasard)

Un exposé en 4 volets
1) Un essai de clarification
2) Ce qui est particulier à la
souffrance psychique de la personne
en grande pauvreté
3) Ce qui est commun entre elle et la
personne qui intervient auprès d’elle
4) Quelques constats et les
propositions qui leur sont secondaires

Syndrome d’exclusion sociale,
souffrance psychique
Les définitions sont nombreuses :
Exclusion : perte des sécurités de base :
travail, formation, logement, diplôme,
culture, … (J.Wrésinski)
Souffrance psychique, non psychiatrique,
d’origine sociale (Lazarus)

Les conséquences : honte, inhibition,
découragement (Maisondieu)

On se débat avec des notions
complexes
La justice, l’égalité, l’honneur, le
mérite …
en somme, le bon côté des choses
Et des éléments bien différents :
l’autonomie perdue, la vulnérabilité, la
stigmatisation, le mépris, l’abandon, …
et ce que ces mots évoquent !

Simple : souffrance psychosociale
Souffrance de l'individu, du
professionnel de santé, du
professionnel social, du professionnel
administratif
Douleur à expression psychique,
somatique, ou mixte, suite à une
impasse.

Les 4 fonctions de l'aidant :
imaginaire, choisie, réalisée, et
non réalisée
La fonction imaginaire : celle de sa
formation : une intériorisation
La fonction choisie : celle qu'on
décide, en soi même : adaptation des
consignes ; une adaptation vitale

La fonction réalisée ; 3 évaluateurs:
soi d'abord, le pair (ou hiérarchie), la
personne aidée
La fonction non réalisée : 3
évaluateurs: soi d'abord, le pair (ou
hiérarachie), la personne aidée

La personne aidée évalue l'action réalisée, et
celle non réalisée ; un espace de rencontre - la
parole est un acte posé parmi d'autres.

L'important : non l'acte, mais le motif profond de
cet acte
Penser l'action avec le regard du partenaire j'entends par partenaire non l'autre professionnel
du réseau, mais la personne "effacée" que je
rencontre.
Ce mot d'effacé peut traduire ma propre mise en
retrait ; mais aussi la notion que le monde (du
travail, des amis, ...) m'a gommé.

Un exemple de gomme
Gommer, c’est disqualifier, c’est ne pas
imaginer comment l’autre va recevoir mon
message
Je suis « hors les clous » si j’imagine que
j’en suis dispensé ; mais ……. la personne
en précarité disqualifie elle aussi l’aidant :
par son échec, elle le traite d’inutile et
d’incapable

bien involontairement 99 fois sur 100

La complexité n’est pas le
désespoir
Complexité : l'étayage des pratiques ne
peut partir des institutions, mais doit aller
des personnes "invisibles" aux institutions.
Commencer par les échanges de savoir, les
co-formations, en "parité" ; un préalable
pour connaître comment faire : des groupes
mixtes, selon les modalités les plus faciles
pour les plus souffrants.
Eviter la « proposition pour demain 9h »

Aucun dispositif de soin ne peut être
efficient, s'il n'est pas validé par le
lecteur à qui il est destiné.
Un exemple :

France : 9% d’adultes en
illettrisme (INSEE, oct. 05)
Un tel document exclut ; il induit une
disqualification, puis une nécessité
d'assistance ! S'il déclenche un mouvement
de colère, la faute est, hélas, et à tort,
reportée à celui qui conteste.
Ou on a alors un renoncement en miroir.
(* soit 2,3 millions de personnes)

Comment aller plus loin
Avec, pour citer Saül Karsz, d’abord
désigner, puis interpréter, enfin rater.
Rater, « sujet réel, donc qui résiste »
Rassurant, de savoir que le réel résiste :
exemple des taux de chômage, ou de mal
logement (travaux de la MRIE) : on parle
des zones grises , donc non éclairées !
-2 millions de chômeurs,
-2 millions « non temps plein »,
-400 000 dispensés d’emploi

Un mécanisme implacable
Plan cohésion sociale : suivi mensuel,
convocations, relances à délais très
courts : « oubli, erreur, épuisement »
(Elisabeth Maurel)
Cela nous rassure :
si on est inutile, les mécanismes
d’enfoncement
sont bien rodés .

Et pourtant :
Comme on le verra, on retrouve :
Solidarité
Mobilisation
Combat pour la dignité
Espérance
Partage
Fête
Joie
Rires

Les éléments spécifiques au
plus pauvres : réalités
Ne pas avoir de logement, de travail,
d’argent …
Ne pas savoir lire
Etre en grande solitude
Ne pouvoir se soigner – vision, soins
dentaires

Les plus pauvres : le vécu
Honte, peur, angoisse, dépression, perte
des repères (temps, repères et soins
corporels), vécu constant de rejet ,
Modification semi-consciente des
événements, recherche de considération,
interprétation, imagination, fantasmes,
fuite dans le rêve, repli sur soi, …

Les réactions communes aux
abandonnés et à ceux qui s’en
préoccupent :
De la douleur : culpabilité, angoisse,
sentiment d’abandon, lassitude,
épuisement, voire désespoir
De la colère, l’envie de se battre, de
crier, de témoigner, de militer

Deux mécanismes de défense
La recherche de bouc émissaires
(administration, le collègue, le voisin, le
professionnel, …) enfin, un responsable

Résignation, détachement : on laisse
tomber. Dans le meilleur des cas,
culpabilité, au pire, indifférence,
dépression, maladies, toxiques, suicide …

Souffrance commune
Elle peut être celle de ne rien voir, de
ne plus savoir regarder d’un œil neuf.
Soit on utilise le mauvais outil …
Soit on regarde de très loin …

Donc, modifier la distance
avec l’autre
Créer ce qui va faire similitude
Ne pas avoir peur de l’autre ; y
compris dans ce « rien » qu’on ne
pourra changer
Exemple des demandeurs d’asile :
carte du pays, livrets santé : 2 outils
où ils sont « enseignants »

Recommandations

Loi de 1998
Accès effectif de tous aux droits
fondamentaux dans les domaines de
l’emploi, du logement, de la protection de la
santé,

de la justice, de l’éducation, de la
formation, de la culture,
de la PROTECTION de la famille et de
l’enfance

Eviter l’urgence
Prendre bien attention au respect de
l’infimité
Piste la démonstrativité « obligatoire »

Ne jamais généraliser

Voir la modification de la personne
***
Essayer de mettre en relation
ses désirs
et la réalité

Créer un projet d’utilité
Investissement par l’autre : en quoi suis-je
investi par l’autre, qu’ai-je reçu de lui (et
non comment je l’ai aidé)

Reconnaissance – se reconnaître identiques
Utilité sociale : quel rôle social joue la
personne présente (expérience des
« adultes relais sans papiers », à Paris

Combattre
3 idées fortes et fausses
1) Les personnes qui ont le RMI et la
CMU sont des profiteurs
2) La France ne peut pas accueillir
toute la misère du monde

3) Une bonne gestion financière va
aboutir à une bonne gestion humaine

Les personnes qui ont le RMI
et la CMU sont des profiteurs
Profit : augmentation des biens que l’on
possède, par exemple
AAH : 621 euros; RMI : 440 euros
……………………….COMPARONS :
Cours du CAC 40, cours de la bourse,
placements …

Et revenu des ménages en habitat social
(parc public et privé)

La France ne peut pas accueillir
toute la misère du monde
La déontologie serait :
Pour un pays riche et développé, de
combien doit être son effort (réel,
c’est-à-dire orienté vers les
populations démunies) , pour aider ?
En somme, « la France doit accueillir
une partie de la misère du monde »

Une bonne gestion financière va
aboutir à une bonne gestion
humaine
C’est ici confondre l’outil et l’objectif ; le but
est une gestion humaine des projets ; la
finance n’est qu’un outil au service de
l’homme .
Dans une décision donnée, parle-t-on de
rentabilité, ou de bien-être ?

Les préalables, pour chacun,
quelle que soit sa position
d’aidant ou d’aidé :
Relation de confiance : « une
espérance ferme en l’autre »
Ecoute ; écouter : « s’appliquer à
entendre »
Respect : « accorder une
considération admirative »
Compréhension :
« donner un sens clair, avoir une
connaissance intuitive de quelqu’un »

Pour cela, 2 points importants
Importance de la formation des
professionnels (santé, social, , par des
parcours de rencontre et de dialogue

Pour une bonne connaissance de la
situation des personnes en précarité ou,
plus loin encore, en grande pauvreté
Constitution d’un projet avec la personne

Les pratiques qui « cassent »
(source : ORSPERE ONSMP)
Ne laisser que des conditions de survie
(besoins primaires)
Absence de lieu de vie à soi
Dossier et personne non différenciés
Absence de réponses concrètes
Attribution d’une identité de victime, sans
étude de famille, école, travail, …
Oubli du risque de malentendu (autre vécu)
Aidant isolé, révolté, impuissant)
Injonctions paradoxales aux professionnels
(Aidez, mais débrouillez-vous)

Les pratiques qui aident
Etre reconnus en tant que personnes
(droit au silence)

Visibilité, prise de parole
Intégration à un groupe
Attention portée aux liens familiaux
Liberté d’élaboration de réponses
individualisées, loin des dispositifs globaux
Partir de l’analyse de la personne
Créer des réseaux pluri professionnels, de
partage des connaissances

Conclusion
Certes, on vit un individualisme érigé en
norme : solitude, culpabilisation de l’échec
Mais des référentiels se construisent:
espaces pour les professionnels
Evolution sociale des démocraties: le
cerveau évolué, multifactoriel, prend le pas
sur le cerveau archaïque, binaire

Bibliographie
François Dubet , Injustices, l’expérience des
inégalités au travail, 2006, Editions du Seuil, Paris
Michel Joubert et Claude Louzoun, Répondre à la
souffrance sociale, 2005, Editions Erès, 31520
Ramonville
Colette Pitici, Les bricoleurs de la précarité, Revue
Rhizome « Réinventer l’institution », N° 25,
déc.06, - téléchargeable sur
http://wuertm.site.voila.fr/rhz25.pdf

Ce diaporama sur
http://crpplyon.site.voila.fr/bg07.pps

Contact : [email protected]
Site pour lecture et publications à
venir (toute recherche est bienvenue)
http://crpplyon.site.voila.fr


Slide 38

Quelle utilité pour
l’homme étouffé, effacé ?
Que faire quand on ne sait plus quoi
faire ?

Un brin de réponse : tenter,
inlassablement, de comprendre
Guy Ardiet, Lyon St Cyr - CEZERIAT, le 31 mai 07

Bien sûr, des situations sont parfois
plus complexes que d’autres ;
Pour ce qui peut faire souffrance, c’est
la sensation aigue d’injustice .

Trois définitions
Utile : dont l’usage, l’emploi, est
avantageux
à quelqu’un ou à la société

L’homme utile apporte à quelqu’un ou
à la société.
L’exclus du travail n’est-il pas exclu de
l’utilité sociale ?

Etouffer :
Priver d’air, asphyxier, oppresser
Episode de reconduite à la frontière ; « un
étranglement sur un passager; l’homme
perd connaissance, yeux révulsés, langue
pendante, écume aux lèvres … »
Témoignage des passagers du vol
Paris-Bamako, Roissy, 26 mai 07

Effacer :
1) Faire disparaître
sans laisser de trace
(une variante : expulser)
2) Faire oublier
(une variante : l’indifférence)

L’homme effacé : celui qu’on a gommé
de la communauté

La ligne directrice de l’exposé
Une souffrance liée à l’exclusion, au
« rejet », à la notion de personne
inutile, indésirable, ou en tout non
prévue d’être vue, là où elle est vue
Une souffrance d’être transparent

Un écart, même « écartèlement »,
entre « espéré » et « vécu »

Une première conséquence
-Pour le sujet invisible : distorsion du réel
(santé à 2/plusieurs vitesses)
 monde à 2/plusieurs réels

 Pour le professionnel : souffrance par
l’écart entre le désir pour l’autre, semblable
à soi, et le constat imaginé de son avenir
(si on est « aidant »,
ce n’est pas par hasard)

Un exposé en 4 volets
1) Un essai de clarification
2) Ce qui est particulier à la
souffrance psychique de la personne
en grande pauvreté
3) Ce qui est commun entre elle et la
personne qui intervient auprès d’elle
4) Quelques constats et les
propositions qui leur sont secondaires

Syndrome d’exclusion sociale,
souffrance psychique
Les définitions sont nombreuses :
Exclusion : perte des sécurités de base :
travail, formation, logement, diplôme,
culture, … (J.Wrésinski)
Souffrance psychique, non psychiatrique,
d’origine sociale (Lazarus)

Les conséquences : honte, inhibition,
découragement (Maisondieu)

On se débat avec des notions
complexes
La justice, l’égalité, l’honneur, le
mérite …
en somme, le bon côté des choses
Et des éléments bien différents :
l’autonomie perdue, la vulnérabilité, la
stigmatisation, le mépris, l’abandon, …
et ce que ces mots évoquent !

Simple : souffrance psychosociale
Souffrance de l'individu, du
professionnel de santé, du
professionnel social, du professionnel
administratif
Douleur à expression psychique,
somatique, ou mixte, suite à une
impasse.

Les 4 fonctions de l'aidant :
imaginaire, choisie, réalisée, et
non réalisée
La fonction imaginaire : celle de sa
formation : une intériorisation
La fonction choisie : celle qu'on
décide, en soi même : adaptation des
consignes ; une adaptation vitale

La fonction réalisée ; 3 évaluateurs:
soi d'abord, le pair (ou hiérarchie), la
personne aidée
La fonction non réalisée : 3
évaluateurs: soi d'abord, le pair (ou
hiérarachie), la personne aidée

La personne aidée évalue l'action réalisée, et
celle non réalisée ; un espace de rencontre - la
parole est un acte posé parmi d'autres.

L'important : non l'acte, mais le motif profond de
cet acte
Penser l'action avec le regard du partenaire j'entends par partenaire non l'autre professionnel
du réseau, mais la personne "effacée" que je
rencontre.
Ce mot d'effacé peut traduire ma propre mise en
retrait ; mais aussi la notion que le monde (du
travail, des amis, ...) m'a gommé.

Un exemple de gomme
Gommer, c’est disqualifier, c’est ne pas
imaginer comment l’autre va recevoir mon
message
Je suis « hors les clous » si j’imagine que
j’en suis dispensé ; mais ……. la personne
en précarité disqualifie elle aussi l’aidant :
par son échec, elle le traite d’inutile et
d’incapable

bien involontairement 99 fois sur 100

La complexité n’est pas le
désespoir
Complexité : l'étayage des pratiques ne
peut partir des institutions, mais doit aller
des personnes "invisibles" aux institutions.
Commencer par les échanges de savoir, les
co-formations, en "parité" ; un préalable
pour connaître comment faire : des groupes
mixtes, selon les modalités les plus faciles
pour les plus souffrants.
Eviter la « proposition pour demain 9h »

Aucun dispositif de soin ne peut être
efficient, s'il n'est pas validé par le
lecteur à qui il est destiné.
Un exemple :

France : 9% d’adultes en
illettrisme (INSEE, oct. 05)
Un tel document exclut ; il induit une
disqualification, puis une nécessité
d'assistance ! S'il déclenche un mouvement
de colère, la faute est, hélas, et à tort,
reportée à celui qui conteste.
Ou on a alors un renoncement en miroir.
(* soit 2,3 millions de personnes)

Comment aller plus loin
Avec, pour citer Saül Karsz, d’abord
désigner, puis interpréter, enfin rater.
Rater, « sujet réel, donc qui résiste »
Rassurant, de savoir que le réel résiste :
exemple des taux de chômage, ou de mal
logement (travaux de la MRIE) : on parle
des zones grises , donc non éclairées !
-2 millions de chômeurs,
-2 millions « non temps plein »,
-400 000 dispensés d’emploi

Un mécanisme implacable
Plan cohésion sociale : suivi mensuel,
convocations, relances à délais très
courts : « oubli, erreur, épuisement »
(Elisabeth Maurel)
Cela nous rassure :
si on est inutile, les mécanismes
d’enfoncement
sont bien rodés .

Et pourtant :
Comme on le verra, on retrouve :
Solidarité
Mobilisation
Combat pour la dignité
Espérance
Partage
Fête
Joie
Rires

Les éléments spécifiques au
plus pauvres : réalités
Ne pas avoir de logement, de travail,
d’argent …
Ne pas savoir lire
Etre en grande solitude
Ne pouvoir se soigner – vision, soins
dentaires

Les plus pauvres : le vécu
Honte, peur, angoisse, dépression, perte
des repères (temps, repères et soins
corporels), vécu constant de rejet ,
Modification semi-consciente des
événements, recherche de considération,
interprétation, imagination, fantasmes,
fuite dans le rêve, repli sur soi, …

Les réactions communes aux
abandonnés et à ceux qui s’en
préoccupent :
De la douleur : culpabilité, angoisse,
sentiment d’abandon, lassitude,
épuisement, voire désespoir
De la colère, l’envie de se battre, de
crier, de témoigner, de militer

Deux mécanismes de défense
La recherche de bouc émissaires
(administration, le collègue, le voisin, le
professionnel, …) enfin, un responsable

Résignation, détachement : on laisse
tomber. Dans le meilleur des cas,
culpabilité, au pire, indifférence,
dépression, maladies, toxiques, suicide …

Souffrance commune
Elle peut être celle de ne rien voir, de
ne plus savoir regarder d’un œil neuf.
Soit on utilise le mauvais outil …
Soit on regarde de très loin …

Donc, modifier la distance
avec l’autre
Créer ce qui va faire similitude
Ne pas avoir peur de l’autre ; y
compris dans ce « rien » qu’on ne
pourra changer
Exemple des demandeurs d’asile :
carte du pays, livrets santé : 2 outils
où ils sont « enseignants »

Recommandations

Loi de 1998
Accès effectif de tous aux droits
fondamentaux dans les domaines de
l’emploi, du logement, de la protection de la
santé,

de la justice, de l’éducation, de la
formation, de la culture,
de la PROTECTION de la famille et de
l’enfance

Eviter l’urgence
Prendre bien attention au respect de
l’infimité
Piste la démonstrativité « obligatoire »

Ne jamais généraliser

Voir la modification de la personne
***
Essayer de mettre en relation
ses désirs
et la réalité

Créer un projet d’utilité
Investissement par l’autre : en quoi suis-je
investi par l’autre, qu’ai-je reçu de lui (et
non comment je l’ai aidé)

Reconnaissance – se reconnaître identiques
Utilité sociale : quel rôle social joue la
personne présente (expérience des
« adultes relais sans papiers », à Paris

Combattre
3 idées fortes et fausses
1) Les personnes qui ont le RMI et la
CMU sont des profiteurs
2) La France ne peut pas accueillir
toute la misère du monde

3) Une bonne gestion financière va
aboutir à une bonne gestion humaine

Les personnes qui ont le RMI
et la CMU sont des profiteurs
Profit : augmentation des biens que l’on
possède, par exemple
AAH : 621 euros; RMI : 440 euros
……………………….COMPARONS :
Cours du CAC 40, cours de la bourse,
placements …

Et revenu des ménages en habitat social
(parc public et privé)

La France ne peut pas accueillir
toute la misère du monde
La déontologie serait :
Pour un pays riche et développé, de
combien doit être son effort (réel,
c’est-à-dire orienté vers les
populations démunies) , pour aider ?
En somme, « la France doit accueillir
une partie de la misère du monde »

Une bonne gestion financière va
aboutir à une bonne gestion
humaine
C’est ici confondre l’outil et l’objectif ; le but
est une gestion humaine des projets ; la
finance n’est qu’un outil au service de
l’homme .
Dans une décision donnée, parle-t-on de
rentabilité, ou de bien-être ?

Les préalables, pour chacun,
quelle que soit sa position
d’aidant ou d’aidé :
Relation de confiance : « une
espérance ferme en l’autre »
Ecoute ; écouter : « s’appliquer à
entendre »
Respect : « accorder une
considération admirative »
Compréhension :
« donner un sens clair, avoir une
connaissance intuitive de quelqu’un »

Pour cela, 2 points importants
Importance de la formation des
professionnels (santé, social, , par des
parcours de rencontre et de dialogue

Pour une bonne connaissance de la
situation des personnes en précarité ou,
plus loin encore, en grande pauvreté
Constitution d’un projet avec la personne

Les pratiques qui « cassent »
(source : ORSPERE ONSMP)
Ne laisser que des conditions de survie
(besoins primaires)
Absence de lieu de vie à soi
Dossier et personne non différenciés
Absence de réponses concrètes
Attribution d’une identité de victime, sans
étude de famille, école, travail, …
Oubli du risque de malentendu (autre vécu)
Aidant isolé, révolté, impuissant)
Injonctions paradoxales aux professionnels
(Aidez, mais débrouillez-vous)

Les pratiques qui aident
Etre reconnus en tant que personnes
(droit au silence)

Visibilité, prise de parole
Intégration à un groupe
Attention portée aux liens familiaux
Liberté d’élaboration de réponses
individualisées, loin des dispositifs globaux
Partir de l’analyse de la personne
Créer des réseaux pluri professionnels, de
partage des connaissances

Conclusion
Certes, on vit un individualisme érigé en
norme : solitude, culpabilisation de l’échec
Mais des référentiels se construisent:
espaces pour les professionnels
Evolution sociale des démocraties: le
cerveau évolué, multifactoriel, prend le pas
sur le cerveau archaïque, binaire

Bibliographie
François Dubet , Injustices, l’expérience des
inégalités au travail, 2006, Editions du Seuil, Paris
Michel Joubert et Claude Louzoun, Répondre à la
souffrance sociale, 2005, Editions Erès, 31520
Ramonville
Colette Pitici, Les bricoleurs de la précarité, Revue
Rhizome « Réinventer l’institution », N° 25,
déc.06, - téléchargeable sur
http://wuertm.site.voila.fr/rhz25.pdf

Ce diaporama sur
http://crpplyon.site.voila.fr/bg07.pps

Contact : [email protected]
Site pour lecture et publications à
venir (toute recherche est bienvenue)
http://crpplyon.site.voila.fr


Slide 39

Quelle utilité pour
l’homme étouffé, effacé ?
Que faire quand on ne sait plus quoi
faire ?

Un brin de réponse : tenter,
inlassablement, de comprendre
Guy Ardiet, Lyon St Cyr - CEZERIAT, le 31 mai 07

Bien sûr, des situations sont parfois
plus complexes que d’autres ;
Pour ce qui peut faire souffrance, c’est
la sensation aigue d’injustice .

Trois définitions
Utile : dont l’usage, l’emploi, est
avantageux
à quelqu’un ou à la société

L’homme utile apporte à quelqu’un ou
à la société.
L’exclus du travail n’est-il pas exclu de
l’utilité sociale ?

Etouffer :
Priver d’air, asphyxier, oppresser
Episode de reconduite à la frontière ; « un
étranglement sur un passager; l’homme
perd connaissance, yeux révulsés, langue
pendante, écume aux lèvres … »
Témoignage des passagers du vol
Paris-Bamako, Roissy, 26 mai 07

Effacer :
1) Faire disparaître
sans laisser de trace
(une variante : expulser)
2) Faire oublier
(une variante : l’indifférence)

L’homme effacé : celui qu’on a gommé
de la communauté

La ligne directrice de l’exposé
Une souffrance liée à l’exclusion, au
« rejet », à la notion de personne
inutile, indésirable, ou en tout non
prévue d’être vue, là où elle est vue
Une souffrance d’être transparent

Un écart, même « écartèlement »,
entre « espéré » et « vécu »

Une première conséquence
-Pour le sujet invisible : distorsion du réel
(santé à 2/plusieurs vitesses)
 monde à 2/plusieurs réels

 Pour le professionnel : souffrance par
l’écart entre le désir pour l’autre, semblable
à soi, et le constat imaginé de son avenir
(si on est « aidant »,
ce n’est pas par hasard)

Un exposé en 4 volets
1) Un essai de clarification
2) Ce qui est particulier à la
souffrance psychique de la personne
en grande pauvreté
3) Ce qui est commun entre elle et la
personne qui intervient auprès d’elle
4) Quelques constats et les
propositions qui leur sont secondaires

Syndrome d’exclusion sociale,
souffrance psychique
Les définitions sont nombreuses :
Exclusion : perte des sécurités de base :
travail, formation, logement, diplôme,
culture, … (J.Wrésinski)
Souffrance psychique, non psychiatrique,
d’origine sociale (Lazarus)

Les conséquences : honte, inhibition,
découragement (Maisondieu)

On se débat avec des notions
complexes
La justice, l’égalité, l’honneur, le
mérite …
en somme, le bon côté des choses
Et des éléments bien différents :
l’autonomie perdue, la vulnérabilité, la
stigmatisation, le mépris, l’abandon, …
et ce que ces mots évoquent !

Simple : souffrance psychosociale
Souffrance de l'individu, du
professionnel de santé, du
professionnel social, du professionnel
administratif
Douleur à expression psychique,
somatique, ou mixte, suite à une
impasse.

Les 4 fonctions de l'aidant :
imaginaire, choisie, réalisée, et
non réalisée
La fonction imaginaire : celle de sa
formation : une intériorisation
La fonction choisie : celle qu'on
décide, en soi même : adaptation des
consignes ; une adaptation vitale

La fonction réalisée ; 3 évaluateurs:
soi d'abord, le pair (ou hiérarchie), la
personne aidée
La fonction non réalisée : 3
évaluateurs: soi d'abord, le pair (ou
hiérarachie), la personne aidée

La personne aidée évalue l'action réalisée, et
celle non réalisée ; un espace de rencontre - la
parole est un acte posé parmi d'autres.

L'important : non l'acte, mais le motif profond de
cet acte
Penser l'action avec le regard du partenaire j'entends par partenaire non l'autre professionnel
du réseau, mais la personne "effacée" que je
rencontre.
Ce mot d'effacé peut traduire ma propre mise en
retrait ; mais aussi la notion que le monde (du
travail, des amis, ...) m'a gommé.

Un exemple de gomme
Gommer, c’est disqualifier, c’est ne pas
imaginer comment l’autre va recevoir mon
message
Je suis « hors les clous » si j’imagine que
j’en suis dispensé ; mais ……. la personne
en précarité disqualifie elle aussi l’aidant :
par son échec, elle le traite d’inutile et
d’incapable

bien involontairement 99 fois sur 100

La complexité n’est pas le
désespoir
Complexité : l'étayage des pratiques ne
peut partir des institutions, mais doit aller
des personnes "invisibles" aux institutions.
Commencer par les échanges de savoir, les
co-formations, en "parité" ; un préalable
pour connaître comment faire : des groupes
mixtes, selon les modalités les plus faciles
pour les plus souffrants.
Eviter la « proposition pour demain 9h »

Aucun dispositif de soin ne peut être
efficient, s'il n'est pas validé par le
lecteur à qui il est destiné.
Un exemple :

France : 9% d’adultes en
illettrisme (INSEE, oct. 05)
Un tel document exclut ; il induit une
disqualification, puis une nécessité
d'assistance ! S'il déclenche un mouvement
de colère, la faute est, hélas, et à tort,
reportée à celui qui conteste.
Ou on a alors un renoncement en miroir.
(* soit 2,3 millions de personnes)

Comment aller plus loin
Avec, pour citer Saül Karsz, d’abord
désigner, puis interpréter, enfin rater.
Rater, « sujet réel, donc qui résiste »
Rassurant, de savoir que le réel résiste :
exemple des taux de chômage, ou de mal
logement (travaux de la MRIE) : on parle
des zones grises , donc non éclairées !
-2 millions de chômeurs,
-2 millions « non temps plein »,
-400 000 dispensés d’emploi

Un mécanisme implacable
Plan cohésion sociale : suivi mensuel,
convocations, relances à délais très
courts : « oubli, erreur, épuisement »
(Elisabeth Maurel)
Cela nous rassure :
si on est inutile, les mécanismes
d’enfoncement
sont bien rodés .

Et pourtant :
Comme on le verra, on retrouve :
Solidarité
Mobilisation
Combat pour la dignité
Espérance
Partage
Fête
Joie
Rires

Les éléments spécifiques au
plus pauvres : réalités
Ne pas avoir de logement, de travail,
d’argent …
Ne pas savoir lire
Etre en grande solitude
Ne pouvoir se soigner – vision, soins
dentaires

Les plus pauvres : le vécu
Honte, peur, angoisse, dépression, perte
des repères (temps, repères et soins
corporels), vécu constant de rejet ,
Modification semi-consciente des
événements, recherche de considération,
interprétation, imagination, fantasmes,
fuite dans le rêve, repli sur soi, …

Les réactions communes aux
abandonnés et à ceux qui s’en
préoccupent :
De la douleur : culpabilité, angoisse,
sentiment d’abandon, lassitude,
épuisement, voire désespoir
De la colère, l’envie de se battre, de
crier, de témoigner, de militer

Deux mécanismes de défense
La recherche de bouc émissaires
(administration, le collègue, le voisin, le
professionnel, …) enfin, un responsable

Résignation, détachement : on laisse
tomber. Dans le meilleur des cas,
culpabilité, au pire, indifférence,
dépression, maladies, toxiques, suicide …

Souffrance commune
Elle peut être celle de ne rien voir, de
ne plus savoir regarder d’un œil neuf.
Soit on utilise le mauvais outil …
Soit on regarde de très loin …

Donc, modifier la distance
avec l’autre
Créer ce qui va faire similitude
Ne pas avoir peur de l’autre ; y
compris dans ce « rien » qu’on ne
pourra changer
Exemple des demandeurs d’asile :
carte du pays, livrets santé : 2 outils
où ils sont « enseignants »

Recommandations

Loi de 1998
Accès effectif de tous aux droits
fondamentaux dans les domaines de
l’emploi, du logement, de la protection de la
santé,

de la justice, de l’éducation, de la
formation, de la culture,
de la PROTECTION de la famille et de
l’enfance

Eviter l’urgence
Prendre bien attention au respect de
l’infimité
Piste la démonstrativité « obligatoire »

Ne jamais généraliser

Voir la modification de la personne
***
Essayer de mettre en relation
ses désirs
et la réalité

Créer un projet d’utilité
Investissement par l’autre : en quoi suis-je
investi par l’autre, qu’ai-je reçu de lui (et
non comment je l’ai aidé)

Reconnaissance – se reconnaître identiques
Utilité sociale : quel rôle social joue la
personne présente (expérience des
« adultes relais sans papiers », à Paris

Combattre
3 idées fortes et fausses
1) Les personnes qui ont le RMI et la
CMU sont des profiteurs
2) La France ne peut pas accueillir
toute la misère du monde

3) Une bonne gestion financière va
aboutir à une bonne gestion humaine

Les personnes qui ont le RMI
et la CMU sont des profiteurs
Profit : augmentation des biens que l’on
possède, par exemple
AAH : 621 euros; RMI : 440 euros
……………………….COMPARONS :
Cours du CAC 40, cours de la bourse,
placements …

Et revenu des ménages en habitat social
(parc public et privé)

La France ne peut pas accueillir
toute la misère du monde
La déontologie serait :
Pour un pays riche et développé, de
combien doit être son effort (réel,
c’est-à-dire orienté vers les
populations démunies) , pour aider ?
En somme, « la France doit accueillir
une partie de la misère du monde »

Une bonne gestion financière va
aboutir à une bonne gestion
humaine
C’est ici confondre l’outil et l’objectif ; le but
est une gestion humaine des projets ; la
finance n’est qu’un outil au service de
l’homme .
Dans une décision donnée, parle-t-on de
rentabilité, ou de bien-être ?

Les préalables, pour chacun,
quelle que soit sa position
d’aidant ou d’aidé :
Relation de confiance : « une
espérance ferme en l’autre »
Ecoute ; écouter : « s’appliquer à
entendre »
Respect : « accorder une
considération admirative »
Compréhension :
« donner un sens clair, avoir une
connaissance intuitive de quelqu’un »

Pour cela, 2 points importants
Importance de la formation des
professionnels (santé, social, , par des
parcours de rencontre et de dialogue

Pour une bonne connaissance de la
situation des personnes en précarité ou,
plus loin encore, en grande pauvreté
Constitution d’un projet avec la personne

Les pratiques qui « cassent »
(source : ORSPERE ONSMP)
Ne laisser que des conditions de survie
(besoins primaires)
Absence de lieu de vie à soi
Dossier et personne non différenciés
Absence de réponses concrètes
Attribution d’une identité de victime, sans
étude de famille, école, travail, …
Oubli du risque de malentendu (autre vécu)
Aidant isolé, révolté, impuissant)
Injonctions paradoxales aux professionnels
(Aidez, mais débrouillez-vous)

Les pratiques qui aident
Etre reconnus en tant que personnes
(droit au silence)

Visibilité, prise de parole
Intégration à un groupe
Attention portée aux liens familiaux
Liberté d’élaboration de réponses
individualisées, loin des dispositifs globaux
Partir de l’analyse de la personne
Créer des réseaux pluri professionnels, de
partage des connaissances

Conclusion
Certes, on vit un individualisme érigé en
norme : solitude, culpabilisation de l’échec
Mais des référentiels se construisent:
espaces pour les professionnels
Evolution sociale des démocraties: le
cerveau évolué, multifactoriel, prend le pas
sur le cerveau archaïque, binaire

Bibliographie
François Dubet , Injustices, l’expérience des
inégalités au travail, 2006, Editions du Seuil, Paris
Michel Joubert et Claude Louzoun, Répondre à la
souffrance sociale, 2005, Editions Erès, 31520
Ramonville
Colette Pitici, Les bricoleurs de la précarité, Revue
Rhizome « Réinventer l’institution », N° 25,
déc.06, - téléchargeable sur
http://wuertm.site.voila.fr/rhz25.pdf

Ce diaporama sur
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Contact : [email protected]
Site pour lecture et publications à
venir (toute recherche est bienvenue)
http://crpplyon.site.voila.fr


Slide 40

Quelle utilité pour
l’homme étouffé, effacé ?
Que faire quand on ne sait plus quoi
faire ?

Un brin de réponse : tenter,
inlassablement, de comprendre
Guy Ardiet, Lyon St Cyr - CEZERIAT, le 31 mai 07

Bien sûr, des situations sont parfois
plus complexes que d’autres ;
Pour ce qui peut faire souffrance, c’est
la sensation aigue d’injustice .

Trois définitions
Utile : dont l’usage, l’emploi, est
avantageux
à quelqu’un ou à la société

L’homme utile apporte à quelqu’un ou
à la société.
L’exclus du travail n’est-il pas exclu de
l’utilité sociale ?

Etouffer :
Priver d’air, asphyxier, oppresser
Episode de reconduite à la frontière ; « un
étranglement sur un passager; l’homme
perd connaissance, yeux révulsés, langue
pendante, écume aux lèvres … »
Témoignage des passagers du vol
Paris-Bamako, Roissy, 26 mai 07

Effacer :
1) Faire disparaître
sans laisser de trace
(une variante : expulser)
2) Faire oublier
(une variante : l’indifférence)

L’homme effacé : celui qu’on a gommé
de la communauté

La ligne directrice de l’exposé
Une souffrance liée à l’exclusion, au
« rejet », à la notion de personne
inutile, indésirable, ou en tout non
prévue d’être vue, là où elle est vue
Une souffrance d’être transparent

Un écart, même « écartèlement »,
entre « espéré » et « vécu »

Une première conséquence
-Pour le sujet invisible : distorsion du réel
(santé à 2/plusieurs vitesses)
 monde à 2/plusieurs réels

 Pour le professionnel : souffrance par
l’écart entre le désir pour l’autre, semblable
à soi, et le constat imaginé de son avenir
(si on est « aidant »,
ce n’est pas par hasard)

Un exposé en 4 volets
1) Un essai de clarification
2) Ce qui est particulier à la
souffrance psychique de la personne
en grande pauvreté
3) Ce qui est commun entre elle et la
personne qui intervient auprès d’elle
4) Quelques constats et les
propositions qui leur sont secondaires

Syndrome d’exclusion sociale,
souffrance psychique
Les définitions sont nombreuses :
Exclusion : perte des sécurités de base :
travail, formation, logement, diplôme,
culture, … (J.Wrésinski)
Souffrance psychique, non psychiatrique,
d’origine sociale (Lazarus)

Les conséquences : honte, inhibition,
découragement (Maisondieu)

On se débat avec des notions
complexes
La justice, l’égalité, l’honneur, le
mérite …
en somme, le bon côté des choses
Et des éléments bien différents :
l’autonomie perdue, la vulnérabilité, la
stigmatisation, le mépris, l’abandon, …
et ce que ces mots évoquent !

Simple : souffrance psychosociale
Souffrance de l'individu, du
professionnel de santé, du
professionnel social, du professionnel
administratif
Douleur à expression psychique,
somatique, ou mixte, suite à une
impasse.

Les 4 fonctions de l'aidant :
imaginaire, choisie, réalisée, et
non réalisée
La fonction imaginaire : celle de sa
formation : une intériorisation
La fonction choisie : celle qu'on
décide, en soi même : adaptation des
consignes ; une adaptation vitale

La fonction réalisée ; 3 évaluateurs:
soi d'abord, le pair (ou hiérarchie), la
personne aidée
La fonction non réalisée : 3
évaluateurs: soi d'abord, le pair (ou
hiérarachie), la personne aidée

La personne aidée évalue l'action réalisée, et
celle non réalisée ; un espace de rencontre - la
parole est un acte posé parmi d'autres.

L'important : non l'acte, mais le motif profond de
cet acte
Penser l'action avec le regard du partenaire j'entends par partenaire non l'autre professionnel
du réseau, mais la personne "effacée" que je
rencontre.
Ce mot d'effacé peut traduire ma propre mise en
retrait ; mais aussi la notion que le monde (du
travail, des amis, ...) m'a gommé.

Un exemple de gomme
Gommer, c’est disqualifier, c’est ne pas
imaginer comment l’autre va recevoir mon
message
Je suis « hors les clous » si j’imagine que
j’en suis dispensé ; mais ……. la personne
en précarité disqualifie elle aussi l’aidant :
par son échec, elle le traite d’inutile et
d’incapable

bien involontairement 99 fois sur 100

La complexité n’est pas le
désespoir
Complexité : l'étayage des pratiques ne
peut partir des institutions, mais doit aller
des personnes "invisibles" aux institutions.
Commencer par les échanges de savoir, les
co-formations, en "parité" ; un préalable
pour connaître comment faire : des groupes
mixtes, selon les modalités les plus faciles
pour les plus souffrants.
Eviter la « proposition pour demain 9h »

Aucun dispositif de soin ne peut être
efficient, s'il n'est pas validé par le
lecteur à qui il est destiné.
Un exemple :

France : 9% d’adultes en
illettrisme (INSEE, oct. 05)
Un tel document exclut ; il induit une
disqualification, puis une nécessité
d'assistance ! S'il déclenche un mouvement
de colère, la faute est, hélas, et à tort,
reportée à celui qui conteste.
Ou on a alors un renoncement en miroir.
(* soit 2,3 millions de personnes)

Comment aller plus loin
Avec, pour citer Saül Karsz, d’abord
désigner, puis interpréter, enfin rater.
Rater, « sujet réel, donc qui résiste »
Rassurant, de savoir que le réel résiste :
exemple des taux de chômage, ou de mal
logement (travaux de la MRIE) : on parle
des zones grises , donc non éclairées !
-2 millions de chômeurs,
-2 millions « non temps plein »,
-400 000 dispensés d’emploi

Un mécanisme implacable
Plan cohésion sociale : suivi mensuel,
convocations, relances à délais très
courts : « oubli, erreur, épuisement »
(Elisabeth Maurel)
Cela nous rassure :
si on est inutile, les mécanismes
d’enfoncement
sont bien rodés .

Et pourtant :
Comme on le verra, on retrouve :
Solidarité
Mobilisation
Combat pour la dignité
Espérance
Partage
Fête
Joie
Rires

Les éléments spécifiques au
plus pauvres : réalités
Ne pas avoir de logement, de travail,
d’argent …
Ne pas savoir lire
Etre en grande solitude
Ne pouvoir se soigner – vision, soins
dentaires

Les plus pauvres : le vécu
Honte, peur, angoisse, dépression, perte
des repères (temps, repères et soins
corporels), vécu constant de rejet ,
Modification semi-consciente des
événements, recherche de considération,
interprétation, imagination, fantasmes,
fuite dans le rêve, repli sur soi, …

Les réactions communes aux
abandonnés et à ceux qui s’en
préoccupent :
De la douleur : culpabilité, angoisse,
sentiment d’abandon, lassitude,
épuisement, voire désespoir
De la colère, l’envie de se battre, de
crier, de témoigner, de militer

Deux mécanismes de défense
La recherche de bouc émissaires
(administration, le collègue, le voisin, le
professionnel, …) enfin, un responsable

Résignation, détachement : on laisse
tomber. Dans le meilleur des cas,
culpabilité, au pire, indifférence,
dépression, maladies, toxiques, suicide …

Souffrance commune
Elle peut être celle de ne rien voir, de
ne plus savoir regarder d’un œil neuf.
Soit on utilise le mauvais outil …
Soit on regarde de très loin …

Donc, modifier la distance
avec l’autre
Créer ce qui va faire similitude
Ne pas avoir peur de l’autre ; y
compris dans ce « rien » qu’on ne
pourra changer
Exemple des demandeurs d’asile :
carte du pays, livrets santé : 2 outils
où ils sont « enseignants »

Recommandations

Loi de 1998
Accès effectif de tous aux droits
fondamentaux dans les domaines de
l’emploi, du logement, de la protection de la
santé,

de la justice, de l’éducation, de la
formation, de la culture,
de la PROTECTION de la famille et de
l’enfance

Eviter l’urgence
Prendre bien attention au respect de
l’infimité
Piste la démonstrativité « obligatoire »

Ne jamais généraliser

Voir la modification de la personne
***
Essayer de mettre en relation
ses désirs
et la réalité

Créer un projet d’utilité
Investissement par l’autre : en quoi suis-je
investi par l’autre, qu’ai-je reçu de lui (et
non comment je l’ai aidé)

Reconnaissance – se reconnaître identiques
Utilité sociale : quel rôle social joue la
personne présente (expérience des
« adultes relais sans papiers », à Paris

Combattre
3 idées fortes et fausses
1) Les personnes qui ont le RMI et la
CMU sont des profiteurs
2) La France ne peut pas accueillir
toute la misère du monde

3) Une bonne gestion financière va
aboutir à une bonne gestion humaine

Les personnes qui ont le RMI
et la CMU sont des profiteurs
Profit : augmentation des biens que l’on
possède, par exemple
AAH : 621 euros; RMI : 440 euros
……………………….COMPARONS :
Cours du CAC 40, cours de la bourse,
placements …

Et revenu des ménages en habitat social
(parc public et privé)

La France ne peut pas accueillir
toute la misère du monde
La déontologie serait :
Pour un pays riche et développé, de
combien doit être son effort (réel,
c’est-à-dire orienté vers les
populations démunies) , pour aider ?
En somme, « la France doit accueillir
une partie de la misère du monde »

Une bonne gestion financière va
aboutir à une bonne gestion
humaine
C’est ici confondre l’outil et l’objectif ; le but
est une gestion humaine des projets ; la
finance n’est qu’un outil au service de
l’homme .
Dans une décision donnée, parle-t-on de
rentabilité, ou de bien-être ?

Les préalables, pour chacun,
quelle que soit sa position
d’aidant ou d’aidé :
Relation de confiance : « une
espérance ferme en l’autre »
Ecoute ; écouter : « s’appliquer à
entendre »
Respect : « accorder une
considération admirative »
Compréhension :
« donner un sens clair, avoir une
connaissance intuitive de quelqu’un »

Pour cela, 2 points importants
Importance de la formation des
professionnels (santé, social, , par des
parcours de rencontre et de dialogue

Pour une bonne connaissance de la
situation des personnes en précarité ou,
plus loin encore, en grande pauvreté
Constitution d’un projet avec la personne

Les pratiques qui « cassent »
(source : ORSPERE ONSMP)
Ne laisser que des conditions de survie
(besoins primaires)
Absence de lieu de vie à soi
Dossier et personne non différenciés
Absence de réponses concrètes
Attribution d’une identité de victime, sans
étude de famille, école, travail, …
Oubli du risque de malentendu (autre vécu)
Aidant isolé, révolté, impuissant)
Injonctions paradoxales aux professionnels
(Aidez, mais débrouillez-vous)

Les pratiques qui aident
Etre reconnus en tant que personnes
(droit au silence)

Visibilité, prise de parole
Intégration à un groupe
Attention portée aux liens familiaux
Liberté d’élaboration de réponses
individualisées, loin des dispositifs globaux
Partir de l’analyse de la personne
Créer des réseaux pluri professionnels, de
partage des connaissances

Conclusion
Certes, on vit un individualisme érigé en
norme : solitude, culpabilisation de l’échec
Mais des référentiels se construisent:
espaces pour les professionnels
Evolution sociale des démocraties: le
cerveau évolué, multifactoriel, prend le pas
sur le cerveau archaïque, binaire

Bibliographie
François Dubet , Injustices, l’expérience des
inégalités au travail, 2006, Editions du Seuil, Paris
Michel Joubert et Claude Louzoun, Répondre à la
souffrance sociale, 2005, Editions Erès, 31520
Ramonville
Colette Pitici, Les bricoleurs de la précarité, Revue
Rhizome « Réinventer l’institution », N° 25,
déc.06, - téléchargeable sur
http://wuertm.site.voila.fr/rhz25.pdf

Ce diaporama sur
http://crpplyon.site.voila.fr/bg07.pps

Contact : [email protected]
Site pour lecture et publications à
venir (toute recherche est bienvenue)
http://crpplyon.site.voila.fr


Slide 41

Quelle utilité pour
l’homme étouffé, effacé ?
Que faire quand on ne sait plus quoi
faire ?

Un brin de réponse : tenter,
inlassablement, de comprendre
Guy Ardiet, Lyon St Cyr - CEZERIAT, le 31 mai 07

Bien sûr, des situations sont parfois
plus complexes que d’autres ;
Pour ce qui peut faire souffrance, c’est
la sensation aigue d’injustice .

Trois définitions
Utile : dont l’usage, l’emploi, est
avantageux
à quelqu’un ou à la société

L’homme utile apporte à quelqu’un ou
à la société.
L’exclus du travail n’est-il pas exclu de
l’utilité sociale ?

Etouffer :
Priver d’air, asphyxier, oppresser
Episode de reconduite à la frontière ; « un
étranglement sur un passager; l’homme
perd connaissance, yeux révulsés, langue
pendante, écume aux lèvres … »
Témoignage des passagers du vol
Paris-Bamako, Roissy, 26 mai 07

Effacer :
1) Faire disparaître
sans laisser de trace
(une variante : expulser)
2) Faire oublier
(une variante : l’indifférence)

L’homme effacé : celui qu’on a gommé
de la communauté

La ligne directrice de l’exposé
Une souffrance liée à l’exclusion, au
« rejet », à la notion de personne
inutile, indésirable, ou en tout non
prévue d’être vue, là où elle est vue
Une souffrance d’être transparent

Un écart, même « écartèlement »,
entre « espéré » et « vécu »

Une première conséquence
-Pour le sujet invisible : distorsion du réel
(santé à 2/plusieurs vitesses)
 monde à 2/plusieurs réels

 Pour le professionnel : souffrance par
l’écart entre le désir pour l’autre, semblable
à soi, et le constat imaginé de son avenir
(si on est « aidant »,
ce n’est pas par hasard)

Un exposé en 4 volets
1) Un essai de clarification
2) Ce qui est particulier à la
souffrance psychique de la personne
en grande pauvreté
3) Ce qui est commun entre elle et la
personne qui intervient auprès d’elle
4) Quelques constats et les
propositions qui leur sont secondaires

Syndrome d’exclusion sociale,
souffrance psychique
Les définitions sont nombreuses :
Exclusion : perte des sécurités de base :
travail, formation, logement, diplôme,
culture, … (J.Wrésinski)
Souffrance psychique, non psychiatrique,
d’origine sociale (Lazarus)

Les conséquences : honte, inhibition,
découragement (Maisondieu)

On se débat avec des notions
complexes
La justice, l’égalité, l’honneur, le
mérite …
en somme, le bon côté des choses
Et des éléments bien différents :
l’autonomie perdue, la vulnérabilité, la
stigmatisation, le mépris, l’abandon, …
et ce que ces mots évoquent !

Simple : souffrance psychosociale
Souffrance de l'individu, du
professionnel de santé, du
professionnel social, du professionnel
administratif
Douleur à expression psychique,
somatique, ou mixte, suite à une
impasse.

Les 4 fonctions de l'aidant :
imaginaire, choisie, réalisée, et
non réalisée
La fonction imaginaire : celle de sa
formation : une intériorisation
La fonction choisie : celle qu'on
décide, en soi même : adaptation des
consignes ; une adaptation vitale

La fonction réalisée ; 3 évaluateurs:
soi d'abord, le pair (ou hiérarchie), la
personne aidée
La fonction non réalisée : 3
évaluateurs: soi d'abord, le pair (ou
hiérarachie), la personne aidée

La personne aidée évalue l'action réalisée, et
celle non réalisée ; un espace de rencontre - la
parole est un acte posé parmi d'autres.

L'important : non l'acte, mais le motif profond de
cet acte
Penser l'action avec le regard du partenaire j'entends par partenaire non l'autre professionnel
du réseau, mais la personne "effacée" que je
rencontre.
Ce mot d'effacé peut traduire ma propre mise en
retrait ; mais aussi la notion que le monde (du
travail, des amis, ...) m'a gommé.

Un exemple de gomme
Gommer, c’est disqualifier, c’est ne pas
imaginer comment l’autre va recevoir mon
message
Je suis « hors les clous » si j’imagine que
j’en suis dispensé ; mais ……. la personne
en précarité disqualifie elle aussi l’aidant :
par son échec, elle le traite d’inutile et
d’incapable

bien involontairement 99 fois sur 100

La complexité n’est pas le
désespoir
Complexité : l'étayage des pratiques ne
peut partir des institutions, mais doit aller
des personnes "invisibles" aux institutions.
Commencer par les échanges de savoir, les
co-formations, en "parité" ; un préalable
pour connaître comment faire : des groupes
mixtes, selon les modalités les plus faciles
pour les plus souffrants.
Eviter la « proposition pour demain 9h »

Aucun dispositif de soin ne peut être
efficient, s'il n'est pas validé par le
lecteur à qui il est destiné.
Un exemple :

France : 9% d’adultes en
illettrisme (INSEE, oct. 05)
Un tel document exclut ; il induit une
disqualification, puis une nécessité
d'assistance ! S'il déclenche un mouvement
de colère, la faute est, hélas, et à tort,
reportée à celui qui conteste.
Ou on a alors un renoncement en miroir.
(* soit 2,3 millions de personnes)

Comment aller plus loin
Avec, pour citer Saül Karsz, d’abord
désigner, puis interpréter, enfin rater.
Rater, « sujet réel, donc qui résiste »
Rassurant, de savoir que le réel résiste :
exemple des taux de chômage, ou de mal
logement (travaux de la MRIE) : on parle
des zones grises , donc non éclairées !
-2 millions de chômeurs,
-2 millions « non temps plein »,
-400 000 dispensés d’emploi

Un mécanisme implacable
Plan cohésion sociale : suivi mensuel,
convocations, relances à délais très
courts : « oubli, erreur, épuisement »
(Elisabeth Maurel)
Cela nous rassure :
si on est inutile, les mécanismes
d’enfoncement
sont bien rodés .

Et pourtant :
Comme on le verra, on retrouve :
Solidarité
Mobilisation
Combat pour la dignité
Espérance
Partage
Fête
Joie
Rires

Les éléments spécifiques au
plus pauvres : réalités
Ne pas avoir de logement, de travail,
d’argent …
Ne pas savoir lire
Etre en grande solitude
Ne pouvoir se soigner – vision, soins
dentaires

Les plus pauvres : le vécu
Honte, peur, angoisse, dépression, perte
des repères (temps, repères et soins
corporels), vécu constant de rejet ,
Modification semi-consciente des
événements, recherche de considération,
interprétation, imagination, fantasmes,
fuite dans le rêve, repli sur soi, …

Les réactions communes aux
abandonnés et à ceux qui s’en
préoccupent :
De la douleur : culpabilité, angoisse,
sentiment d’abandon, lassitude,
épuisement, voire désespoir
De la colère, l’envie de se battre, de
crier, de témoigner, de militer

Deux mécanismes de défense
La recherche de bouc émissaires
(administration, le collègue, le voisin, le
professionnel, …) enfin, un responsable

Résignation, détachement : on laisse
tomber. Dans le meilleur des cas,
culpabilité, au pire, indifférence,
dépression, maladies, toxiques, suicide …

Souffrance commune
Elle peut être celle de ne rien voir, de
ne plus savoir regarder d’un œil neuf.
Soit on utilise le mauvais outil …
Soit on regarde de très loin …

Donc, modifier la distance
avec l’autre
Créer ce qui va faire similitude
Ne pas avoir peur de l’autre ; y
compris dans ce « rien » qu’on ne
pourra changer
Exemple des demandeurs d’asile :
carte du pays, livrets santé : 2 outils
où ils sont « enseignants »

Recommandations

Loi de 1998
Accès effectif de tous aux droits
fondamentaux dans les domaines de
l’emploi, du logement, de la protection de la
santé,

de la justice, de l’éducation, de la
formation, de la culture,
de la PROTECTION de la famille et de
l’enfance

Eviter l’urgence
Prendre bien attention au respect de
l’infimité
Piste la démonstrativité « obligatoire »

Ne jamais généraliser

Voir la modification de la personne
***
Essayer de mettre en relation
ses désirs
et la réalité

Créer un projet d’utilité
Investissement par l’autre : en quoi suis-je
investi par l’autre, qu’ai-je reçu de lui (et
non comment je l’ai aidé)

Reconnaissance – se reconnaître identiques
Utilité sociale : quel rôle social joue la
personne présente (expérience des
« adultes relais sans papiers », à Paris

Combattre
3 idées fortes et fausses
1) Les personnes qui ont le RMI et la
CMU sont des profiteurs
2) La France ne peut pas accueillir
toute la misère du monde

3) Une bonne gestion financière va
aboutir à une bonne gestion humaine

Les personnes qui ont le RMI
et la CMU sont des profiteurs
Profit : augmentation des biens que l’on
possède, par exemple
AAH : 621 euros; RMI : 440 euros
……………………….COMPARONS :
Cours du CAC 40, cours de la bourse,
placements …

Et revenu des ménages en habitat social
(parc public et privé)

La France ne peut pas accueillir
toute la misère du monde
La déontologie serait :
Pour un pays riche et développé, de
combien doit être son effort (réel,
c’est-à-dire orienté vers les
populations démunies) , pour aider ?
En somme, « la France doit accueillir
une partie de la misère du monde »

Une bonne gestion financière va
aboutir à une bonne gestion
humaine
C’est ici confondre l’outil et l’objectif ; le but
est une gestion humaine des projets ; la
finance n’est qu’un outil au service de
l’homme .
Dans une décision donnée, parle-t-on de
rentabilité, ou de bien-être ?

Les préalables, pour chacun,
quelle que soit sa position
d’aidant ou d’aidé :
Relation de confiance : « une
espérance ferme en l’autre »
Ecoute ; écouter : « s’appliquer à
entendre »
Respect : « accorder une
considération admirative »
Compréhension :
« donner un sens clair, avoir une
connaissance intuitive de quelqu’un »

Pour cela, 2 points importants
Importance de la formation des
professionnels (santé, social, , par des
parcours de rencontre et de dialogue

Pour une bonne connaissance de la
situation des personnes en précarité ou,
plus loin encore, en grande pauvreté
Constitution d’un projet avec la personne

Les pratiques qui « cassent »
(source : ORSPERE ONSMP)
Ne laisser que des conditions de survie
(besoins primaires)
Absence de lieu de vie à soi
Dossier et personne non différenciés
Absence de réponses concrètes
Attribution d’une identité de victime, sans
étude de famille, école, travail, …
Oubli du risque de malentendu (autre vécu)
Aidant isolé, révolté, impuissant)
Injonctions paradoxales aux professionnels
(Aidez, mais débrouillez-vous)

Les pratiques qui aident
Etre reconnus en tant que personnes
(droit au silence)

Visibilité, prise de parole
Intégration à un groupe
Attention portée aux liens familiaux
Liberté d’élaboration de réponses
individualisées, loin des dispositifs globaux
Partir de l’analyse de la personne
Créer des réseaux pluri professionnels, de
partage des connaissances

Conclusion
Certes, on vit un individualisme érigé en
norme : solitude, culpabilisation de l’échec
Mais des référentiels se construisent:
espaces pour les professionnels
Evolution sociale des démocraties: le
cerveau évolué, multifactoriel, prend le pas
sur le cerveau archaïque, binaire

Bibliographie
François Dubet , Injustices, l’expérience des
inégalités au travail, 2006, Editions du Seuil, Paris
Michel Joubert et Claude Louzoun, Répondre à la
souffrance sociale, 2005, Editions Erès, 31520
Ramonville
Colette Pitici, Les bricoleurs de la précarité, Revue
Rhizome « Réinventer l’institution », N° 25,
déc.06, - téléchargeable sur
http://wuertm.site.voila.fr/rhz25.pdf

Ce diaporama sur
http://crpplyon.site.voila.fr/bg07.pps

Contact : [email protected]
Site pour lecture et publications à
venir (toute recherche est bienvenue)
http://crpplyon.site.voila.fr


Slide 42

Quelle utilité pour
l’homme étouffé, effacé ?
Que faire quand on ne sait plus quoi
faire ?

Un brin de réponse : tenter,
inlassablement, de comprendre
Guy Ardiet, Lyon St Cyr - CEZERIAT, le 31 mai 07

Bien sûr, des situations sont parfois
plus complexes que d’autres ;
Pour ce qui peut faire souffrance, c’est
la sensation aigue d’injustice .

Trois définitions
Utile : dont l’usage, l’emploi, est
avantageux
à quelqu’un ou à la société

L’homme utile apporte à quelqu’un ou
à la société.
L’exclus du travail n’est-il pas exclu de
l’utilité sociale ?

Etouffer :
Priver d’air, asphyxier, oppresser
Episode de reconduite à la frontière ; « un
étranglement sur un passager; l’homme
perd connaissance, yeux révulsés, langue
pendante, écume aux lèvres … »
Témoignage des passagers du vol
Paris-Bamako, Roissy, 26 mai 07

Effacer :
1) Faire disparaître
sans laisser de trace
(une variante : expulser)
2) Faire oublier
(une variante : l’indifférence)

L’homme effacé : celui qu’on a gommé
de la communauté

La ligne directrice de l’exposé
Une souffrance liée à l’exclusion, au
« rejet », à la notion de personne
inutile, indésirable, ou en tout non
prévue d’être vue, là où elle est vue
Une souffrance d’être transparent

Un écart, même « écartèlement »,
entre « espéré » et « vécu »

Une première conséquence
-Pour le sujet invisible : distorsion du réel
(santé à 2/plusieurs vitesses)
 monde à 2/plusieurs réels

 Pour le professionnel : souffrance par
l’écart entre le désir pour l’autre, semblable
à soi, et le constat imaginé de son avenir
(si on est « aidant »,
ce n’est pas par hasard)

Un exposé en 4 volets
1) Un essai de clarification
2) Ce qui est particulier à la
souffrance psychique de la personne
en grande pauvreté
3) Ce qui est commun entre elle et la
personne qui intervient auprès d’elle
4) Quelques constats et les
propositions qui leur sont secondaires

Syndrome d’exclusion sociale,
souffrance psychique
Les définitions sont nombreuses :
Exclusion : perte des sécurités de base :
travail, formation, logement, diplôme,
culture, … (J.Wrésinski)
Souffrance psychique, non psychiatrique,
d’origine sociale (Lazarus)

Les conséquences : honte, inhibition,
découragement (Maisondieu)

On se débat avec des notions
complexes
La justice, l’égalité, l’honneur, le
mérite …
en somme, le bon côté des choses
Et des éléments bien différents :
l’autonomie perdue, la vulnérabilité, la
stigmatisation, le mépris, l’abandon, …
et ce que ces mots évoquent !

Simple : souffrance psychosociale
Souffrance de l'individu, du
professionnel de santé, du
professionnel social, du professionnel
administratif
Douleur à expression psychique,
somatique, ou mixte, suite à une
impasse.

Les 4 fonctions de l'aidant :
imaginaire, choisie, réalisée, et
non réalisée
La fonction imaginaire : celle de sa
formation : une intériorisation
La fonction choisie : celle qu'on
décide, en soi même : adaptation des
consignes ; une adaptation vitale

La fonction réalisée ; 3 évaluateurs:
soi d'abord, le pair (ou hiérarchie), la
personne aidée
La fonction non réalisée : 3
évaluateurs: soi d'abord, le pair (ou
hiérarachie), la personne aidée

La personne aidée évalue l'action réalisée, et
celle non réalisée ; un espace de rencontre - la
parole est un acte posé parmi d'autres.

L'important : non l'acte, mais le motif profond de
cet acte
Penser l'action avec le regard du partenaire j'entends par partenaire non l'autre professionnel
du réseau, mais la personne "effacée" que je
rencontre.
Ce mot d'effacé peut traduire ma propre mise en
retrait ; mais aussi la notion que le monde (du
travail, des amis, ...) m'a gommé.

Un exemple de gomme
Gommer, c’est disqualifier, c’est ne pas
imaginer comment l’autre va recevoir mon
message
Je suis « hors les clous » si j’imagine que
j’en suis dispensé ; mais ……. la personne
en précarité disqualifie elle aussi l’aidant :
par son échec, elle le traite d’inutile et
d’incapable

bien involontairement 99 fois sur 100

La complexité n’est pas le
désespoir
Complexité : l'étayage des pratiques ne
peut partir des institutions, mais doit aller
des personnes "invisibles" aux institutions.
Commencer par les échanges de savoir, les
co-formations, en "parité" ; un préalable
pour connaître comment faire : des groupes
mixtes, selon les modalités les plus faciles
pour les plus souffrants.
Eviter la « proposition pour demain 9h »

Aucun dispositif de soin ne peut être
efficient, s'il n'est pas validé par le
lecteur à qui il est destiné.
Un exemple :

France : 9% d’adultes en
illettrisme (INSEE, oct. 05)
Un tel document exclut ; il induit une
disqualification, puis une nécessité
d'assistance ! S'il déclenche un mouvement
de colère, la faute est, hélas, et à tort,
reportée à celui qui conteste.
Ou on a alors un renoncement en miroir.
(* soit 2,3 millions de personnes)

Comment aller plus loin
Avec, pour citer Saül Karsz, d’abord
désigner, puis interpréter, enfin rater.
Rater, « sujet réel, donc qui résiste »
Rassurant, de savoir que le réel résiste :
exemple des taux de chômage, ou de mal
logement (travaux de la MRIE) : on parle
des zones grises , donc non éclairées !
-2 millions de chômeurs,
-2 millions « non temps plein »,
-400 000 dispensés d’emploi

Un mécanisme implacable
Plan cohésion sociale : suivi mensuel,
convocations, relances à délais très
courts : « oubli, erreur, épuisement »
(Elisabeth Maurel)
Cela nous rassure :
si on est inutile, les mécanismes
d’enfoncement
sont bien rodés .

Et pourtant :
Comme on le verra, on retrouve :
Solidarité
Mobilisation
Combat pour la dignité
Espérance
Partage
Fête
Joie
Rires

Les éléments spécifiques au
plus pauvres : réalités
Ne pas avoir de logement, de travail,
d’argent …
Ne pas savoir lire
Etre en grande solitude
Ne pouvoir se soigner – vision, soins
dentaires

Les plus pauvres : le vécu
Honte, peur, angoisse, dépression, perte
des repères (temps, repères et soins
corporels), vécu constant de rejet ,
Modification semi-consciente des
événements, recherche de considération,
interprétation, imagination, fantasmes,
fuite dans le rêve, repli sur soi, …

Les réactions communes aux
abandonnés et à ceux qui s’en
préoccupent :
De la douleur : culpabilité, angoisse,
sentiment d’abandon, lassitude,
épuisement, voire désespoir
De la colère, l’envie de se battre, de
crier, de témoigner, de militer

Deux mécanismes de défense
La recherche de bouc émissaires
(administration, le collègue, le voisin, le
professionnel, …) enfin, un responsable

Résignation, détachement : on laisse
tomber. Dans le meilleur des cas,
culpabilité, au pire, indifférence,
dépression, maladies, toxiques, suicide …

Souffrance commune
Elle peut être celle de ne rien voir, de
ne plus savoir regarder d’un œil neuf.
Soit on utilise le mauvais outil …
Soit on regarde de très loin …

Donc, modifier la distance
avec l’autre
Créer ce qui va faire similitude
Ne pas avoir peur de l’autre ; y
compris dans ce « rien » qu’on ne
pourra changer
Exemple des demandeurs d’asile :
carte du pays, livrets santé : 2 outils
où ils sont « enseignants »

Recommandations

Loi de 1998
Accès effectif de tous aux droits
fondamentaux dans les domaines de
l’emploi, du logement, de la protection de la
santé,

de la justice, de l’éducation, de la
formation, de la culture,
de la PROTECTION de la famille et de
l’enfance

Eviter l’urgence
Prendre bien attention au respect de
l’infimité
Piste la démonstrativité « obligatoire »

Ne jamais généraliser

Voir la modification de la personne
***
Essayer de mettre en relation
ses désirs
et la réalité

Créer un projet d’utilité
Investissement par l’autre : en quoi suis-je
investi par l’autre, qu’ai-je reçu de lui (et
non comment je l’ai aidé)

Reconnaissance – se reconnaître identiques
Utilité sociale : quel rôle social joue la
personne présente (expérience des
« adultes relais sans papiers », à Paris

Combattre
3 idées fortes et fausses
1) Les personnes qui ont le RMI et la
CMU sont des profiteurs
2) La France ne peut pas accueillir
toute la misère du monde

3) Une bonne gestion financière va
aboutir à une bonne gestion humaine

Les personnes qui ont le RMI
et la CMU sont des profiteurs
Profit : augmentation des biens que l’on
possède, par exemple
AAH : 621 euros; RMI : 440 euros
……………………….COMPARONS :
Cours du CAC 40, cours de la bourse,
placements …

Et revenu des ménages en habitat social
(parc public et privé)

La France ne peut pas accueillir
toute la misère du monde
La déontologie serait :
Pour un pays riche et développé, de
combien doit être son effort (réel,
c’est-à-dire orienté vers les
populations démunies) , pour aider ?
En somme, « la France doit accueillir
une partie de la misère du monde »

Une bonne gestion financière va
aboutir à une bonne gestion
humaine
C’est ici confondre l’outil et l’objectif ; le but
est une gestion humaine des projets ; la
finance n’est qu’un outil au service de
l’homme .
Dans une décision donnée, parle-t-on de
rentabilité, ou de bien-être ?

Les préalables, pour chacun,
quelle que soit sa position
d’aidant ou d’aidé :
Relation de confiance : « une
espérance ferme en l’autre »
Ecoute ; écouter : « s’appliquer à
entendre »
Respect : « accorder une
considération admirative »
Compréhension :
« donner un sens clair, avoir une
connaissance intuitive de quelqu’un »

Pour cela, 2 points importants
Importance de la formation des
professionnels (santé, social, , par des
parcours de rencontre et de dialogue

Pour une bonne connaissance de la
situation des personnes en précarité ou,
plus loin encore, en grande pauvreté
Constitution d’un projet avec la personne

Les pratiques qui « cassent »
(source : ORSPERE ONSMP)
Ne laisser que des conditions de survie
(besoins primaires)
Absence de lieu de vie à soi
Dossier et personne non différenciés
Absence de réponses concrètes
Attribution d’une identité de victime, sans
étude de famille, école, travail, …
Oubli du risque de malentendu (autre vécu)
Aidant isolé, révolté, impuissant)
Injonctions paradoxales aux professionnels
(Aidez, mais débrouillez-vous)

Les pratiques qui aident
Etre reconnus en tant que personnes
(droit au silence)

Visibilité, prise de parole
Intégration à un groupe
Attention portée aux liens familiaux
Liberté d’élaboration de réponses
individualisées, loin des dispositifs globaux
Partir de l’analyse de la personne
Créer des réseaux pluri professionnels, de
partage des connaissances

Conclusion
Certes, on vit un individualisme érigé en
norme : solitude, culpabilisation de l’échec
Mais des référentiels se construisent:
espaces pour les professionnels
Evolution sociale des démocraties: le
cerveau évolué, multifactoriel, prend le pas
sur le cerveau archaïque, binaire

Bibliographie
François Dubet , Injustices, l’expérience des
inégalités au travail, 2006, Editions du Seuil, Paris
Michel Joubert et Claude Louzoun, Répondre à la
souffrance sociale, 2005, Editions Erès, 31520
Ramonville
Colette Pitici, Les bricoleurs de la précarité, Revue
Rhizome « Réinventer l’institution », N° 25,
déc.06, - téléchargeable sur
http://wuertm.site.voila.fr/rhz25.pdf

Ce diaporama sur
http://crpplyon.site.voila.fr/bg07.pps

Contact : [email protected]
Site pour lecture et publications à
venir (toute recherche est bienvenue)
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Slide 43

Quelle utilité pour
l’homme étouffé, effacé ?
Que faire quand on ne sait plus quoi
faire ?

Un brin de réponse : tenter,
inlassablement, de comprendre
Guy Ardiet, Lyon St Cyr - CEZERIAT, le 31 mai 07

Bien sûr, des situations sont parfois
plus complexes que d’autres ;
Pour ce qui peut faire souffrance, c’est
la sensation aigue d’injustice .

Trois définitions
Utile : dont l’usage, l’emploi, est
avantageux
à quelqu’un ou à la société

L’homme utile apporte à quelqu’un ou
à la société.
L’exclus du travail n’est-il pas exclu de
l’utilité sociale ?

Etouffer :
Priver d’air, asphyxier, oppresser
Episode de reconduite à la frontière ; « un
étranglement sur un passager; l’homme
perd connaissance, yeux révulsés, langue
pendante, écume aux lèvres … »
Témoignage des passagers du vol
Paris-Bamako, Roissy, 26 mai 07

Effacer :
1) Faire disparaître
sans laisser de trace
(une variante : expulser)
2) Faire oublier
(une variante : l’indifférence)

L’homme effacé : celui qu’on a gommé
de la communauté

La ligne directrice de l’exposé
Une souffrance liée à l’exclusion, au
« rejet », à la notion de personne
inutile, indésirable, ou en tout non
prévue d’être vue, là où elle est vue
Une souffrance d’être transparent

Un écart, même « écartèlement »,
entre « espéré » et « vécu »

Une première conséquence
-Pour le sujet invisible : distorsion du réel
(santé à 2/plusieurs vitesses)
 monde à 2/plusieurs réels

 Pour le professionnel : souffrance par
l’écart entre le désir pour l’autre, semblable
à soi, et le constat imaginé de son avenir
(si on est « aidant »,
ce n’est pas par hasard)

Un exposé en 4 volets
1) Un essai de clarification
2) Ce qui est particulier à la
souffrance psychique de la personne
en grande pauvreté
3) Ce qui est commun entre elle et la
personne qui intervient auprès d’elle
4) Quelques constats et les
propositions qui leur sont secondaires

Syndrome d’exclusion sociale,
souffrance psychique
Les définitions sont nombreuses :
Exclusion : perte des sécurités de base :
travail, formation, logement, diplôme,
culture, … (J.Wrésinski)
Souffrance psychique, non psychiatrique,
d’origine sociale (Lazarus)

Les conséquences : honte, inhibition,
découragement (Maisondieu)

On se débat avec des notions
complexes
La justice, l’égalité, l’honneur, le
mérite …
en somme, le bon côté des choses
Et des éléments bien différents :
l’autonomie perdue, la vulnérabilité, la
stigmatisation, le mépris, l’abandon, …
et ce que ces mots évoquent !

Simple : souffrance psychosociale
Souffrance de l'individu, du
professionnel de santé, du
professionnel social, du professionnel
administratif
Douleur à expression psychique,
somatique, ou mixte, suite à une
impasse.

Les 4 fonctions de l'aidant :
imaginaire, choisie, réalisée, et
non réalisée
La fonction imaginaire : celle de sa
formation : une intériorisation
La fonction choisie : celle qu'on
décide, en soi même : adaptation des
consignes ; une adaptation vitale

La fonction réalisée ; 3 évaluateurs:
soi d'abord, le pair (ou hiérarchie), la
personne aidée
La fonction non réalisée : 3
évaluateurs: soi d'abord, le pair (ou
hiérarachie), la personne aidée

La personne aidée évalue l'action réalisée, et
celle non réalisée ; un espace de rencontre - la
parole est un acte posé parmi d'autres.

L'important : non l'acte, mais le motif profond de
cet acte
Penser l'action avec le regard du partenaire j'entends par partenaire non l'autre professionnel
du réseau, mais la personne "effacée" que je
rencontre.
Ce mot d'effacé peut traduire ma propre mise en
retrait ; mais aussi la notion que le monde (du
travail, des amis, ...) m'a gommé.

Un exemple de gomme
Gommer, c’est disqualifier, c’est ne pas
imaginer comment l’autre va recevoir mon
message
Je suis « hors les clous » si j’imagine que
j’en suis dispensé ; mais ……. la personne
en précarité disqualifie elle aussi l’aidant :
par son échec, elle le traite d’inutile et
d’incapable

bien involontairement 99 fois sur 100

La complexité n’est pas le
désespoir
Complexité : l'étayage des pratiques ne
peut partir des institutions, mais doit aller
des personnes "invisibles" aux institutions.
Commencer par les échanges de savoir, les
co-formations, en "parité" ; un préalable
pour connaître comment faire : des groupes
mixtes, selon les modalités les plus faciles
pour les plus souffrants.
Eviter la « proposition pour demain 9h »

Aucun dispositif de soin ne peut être
efficient, s'il n'est pas validé par le
lecteur à qui il est destiné.
Un exemple :

France : 9% d’adultes en
illettrisme (INSEE, oct. 05)
Un tel document exclut ; il induit une
disqualification, puis une nécessité
d'assistance ! S'il déclenche un mouvement
de colère, la faute est, hélas, et à tort,
reportée à celui qui conteste.
Ou on a alors un renoncement en miroir.
(* soit 2,3 millions de personnes)

Comment aller plus loin
Avec, pour citer Saül Karsz, d’abord
désigner, puis interpréter, enfin rater.
Rater, « sujet réel, donc qui résiste »
Rassurant, de savoir que le réel résiste :
exemple des taux de chômage, ou de mal
logement (travaux de la MRIE) : on parle
des zones grises , donc non éclairées !
-2 millions de chômeurs,
-2 millions « non temps plein »,
-400 000 dispensés d’emploi

Un mécanisme implacable
Plan cohésion sociale : suivi mensuel,
convocations, relances à délais très
courts : « oubli, erreur, épuisement »
(Elisabeth Maurel)
Cela nous rassure :
si on est inutile, les mécanismes
d’enfoncement
sont bien rodés .

Et pourtant :
Comme on le verra, on retrouve :
Solidarité
Mobilisation
Combat pour la dignité
Espérance
Partage
Fête
Joie
Rires

Les éléments spécifiques au
plus pauvres : réalités
Ne pas avoir de logement, de travail,
d’argent …
Ne pas savoir lire
Etre en grande solitude
Ne pouvoir se soigner – vision, soins
dentaires

Les plus pauvres : le vécu
Honte, peur, angoisse, dépression, perte
des repères (temps, repères et soins
corporels), vécu constant de rejet ,
Modification semi-consciente des
événements, recherche de considération,
interprétation, imagination, fantasmes,
fuite dans le rêve, repli sur soi, …

Les réactions communes aux
abandonnés et à ceux qui s’en
préoccupent :
De la douleur : culpabilité, angoisse,
sentiment d’abandon, lassitude,
épuisement, voire désespoir
De la colère, l’envie de se battre, de
crier, de témoigner, de militer

Deux mécanismes de défense
La recherche de bouc émissaires
(administration, le collègue, le voisin, le
professionnel, …) enfin, un responsable

Résignation, détachement : on laisse
tomber. Dans le meilleur des cas,
culpabilité, au pire, indifférence,
dépression, maladies, toxiques, suicide …

Souffrance commune
Elle peut être celle de ne rien voir, de
ne plus savoir regarder d’un œil neuf.
Soit on utilise le mauvais outil …
Soit on regarde de très loin …

Donc, modifier la distance
avec l’autre
Créer ce qui va faire similitude
Ne pas avoir peur de l’autre ; y
compris dans ce « rien » qu’on ne
pourra changer
Exemple des demandeurs d’asile :
carte du pays, livrets santé : 2 outils
où ils sont « enseignants »

Recommandations

Loi de 1998
Accès effectif de tous aux droits
fondamentaux dans les domaines de
l’emploi, du logement, de la protection de la
santé,

de la justice, de l’éducation, de la
formation, de la culture,
de la PROTECTION de la famille et de
l’enfance

Eviter l’urgence
Prendre bien attention au respect de
l’infimité
Piste la démonstrativité « obligatoire »

Ne jamais généraliser

Voir la modification de la personne
***
Essayer de mettre en relation
ses désirs
et la réalité

Créer un projet d’utilité
Investissement par l’autre : en quoi suis-je
investi par l’autre, qu’ai-je reçu de lui (et
non comment je l’ai aidé)

Reconnaissance – se reconnaître identiques
Utilité sociale : quel rôle social joue la
personne présente (expérience des
« adultes relais sans papiers », à Paris

Combattre
3 idées fortes et fausses
1) Les personnes qui ont le RMI et la
CMU sont des profiteurs
2) La France ne peut pas accueillir
toute la misère du monde

3) Une bonne gestion financière va
aboutir à une bonne gestion humaine

Les personnes qui ont le RMI
et la CMU sont des profiteurs
Profit : augmentation des biens que l’on
possède, par exemple
AAH : 621 euros; RMI : 440 euros
……………………….COMPARONS :
Cours du CAC 40, cours de la bourse,
placements …

Et revenu des ménages en habitat social
(parc public et privé)

La France ne peut pas accueillir
toute la misère du monde
La déontologie serait :
Pour un pays riche et développé, de
combien doit être son effort (réel,
c’est-à-dire orienté vers les
populations démunies) , pour aider ?
En somme, « la France doit accueillir
une partie de la misère du monde »

Une bonne gestion financière va
aboutir à une bonne gestion
humaine
C’est ici confondre l’outil et l’objectif ; le but
est une gestion humaine des projets ; la
finance n’est qu’un outil au service de
l’homme .
Dans une décision donnée, parle-t-on de
rentabilité, ou de bien-être ?

Les préalables, pour chacun,
quelle que soit sa position
d’aidant ou d’aidé :
Relation de confiance : « une
espérance ferme en l’autre »
Ecoute ; écouter : « s’appliquer à
entendre »
Respect : « accorder une
considération admirative »
Compréhension :
« donner un sens clair, avoir une
connaissance intuitive de quelqu’un »

Pour cela, 2 points importants
Importance de la formation des
professionnels (santé, social, , par des
parcours de rencontre et de dialogue

Pour une bonne connaissance de la
situation des personnes en précarité ou,
plus loin encore, en grande pauvreté
Constitution d’un projet avec la personne

Les pratiques qui « cassent »
(source : ORSPERE ONSMP)
Ne laisser que des conditions de survie
(besoins primaires)
Absence de lieu de vie à soi
Dossier et personne non différenciés
Absence de réponses concrètes
Attribution d’une identité de victime, sans
étude de famille, école, travail, …
Oubli du risque de malentendu (autre vécu)
Aidant isolé, révolté, impuissant)
Injonctions paradoxales aux professionnels
(Aidez, mais débrouillez-vous)

Les pratiques qui aident
Etre reconnus en tant que personnes
(droit au silence)

Visibilité, prise de parole
Intégration à un groupe
Attention portée aux liens familiaux
Liberté d’élaboration de réponses
individualisées, loin des dispositifs globaux
Partir de l’analyse de la personne
Créer des réseaux pluri professionnels, de
partage des connaissances

Conclusion
Certes, on vit un individualisme érigé en
norme : solitude, culpabilisation de l’échec
Mais des référentiels se construisent:
espaces pour les professionnels
Evolution sociale des démocraties: le
cerveau évolué, multifactoriel, prend le pas
sur le cerveau archaïque, binaire

Bibliographie
François Dubet , Injustices, l’expérience des
inégalités au travail, 2006, Editions du Seuil, Paris
Michel Joubert et Claude Louzoun, Répondre à la
souffrance sociale, 2005, Editions Erès, 31520
Ramonville
Colette Pitici, Les bricoleurs de la précarité, Revue
Rhizome « Réinventer l’institution », N° 25,
déc.06, - téléchargeable sur
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Quelle utilité pour
l’homme étouffé, effacé ?
Que faire quand on ne sait plus quoi
faire ?

Un brin de réponse : tenter,
inlassablement, de comprendre
Guy Ardiet, Lyon St Cyr - CEZERIAT, le 31 mai 07

Bien sûr, des situations sont parfois
plus complexes que d’autres ;
Pour ce qui peut faire souffrance, c’est
la sensation aigue d’injustice .

Trois définitions
Utile : dont l’usage, l’emploi, est
avantageux
à quelqu’un ou à la société

L’homme utile apporte à quelqu’un ou
à la société.
L’exclus du travail n’est-il pas exclu de
l’utilité sociale ?

Etouffer :
Priver d’air, asphyxier, oppresser
Episode de reconduite à la frontière ; « un
étranglement sur un passager; l’homme
perd connaissance, yeux révulsés, langue
pendante, écume aux lèvres … »
Témoignage des passagers du vol
Paris-Bamako, Roissy, 26 mai 07

Effacer :
1) Faire disparaître
sans laisser de trace
(une variante : expulser)
2) Faire oublier
(une variante : l’indifférence)

L’homme effacé : celui qu’on a gommé
de la communauté

La ligne directrice de l’exposé
Une souffrance liée à l’exclusion, au
« rejet », à la notion de personne
inutile, indésirable, ou en tout non
prévue d’être vue, là où elle est vue
Une souffrance d’être transparent

Un écart, même « écartèlement »,
entre « espéré » et « vécu »

Une première conséquence
-Pour le sujet invisible : distorsion du réel
(santé à 2/plusieurs vitesses)
 monde à 2/plusieurs réels

 Pour le professionnel : souffrance par
l’écart entre le désir pour l’autre, semblable
à soi, et le constat imaginé de son avenir
(si on est « aidant »,
ce n’est pas par hasard)

Un exposé en 4 volets
1) Un essai de clarification
2) Ce qui est particulier à la
souffrance psychique de la personne
en grande pauvreté
3) Ce qui est commun entre elle et la
personne qui intervient auprès d’elle
4) Quelques constats et les
propositions qui leur sont secondaires

Syndrome d’exclusion sociale,
souffrance psychique
Les définitions sont nombreuses :
Exclusion : perte des sécurités de base :
travail, formation, logement, diplôme,
culture, … (J.Wrésinski)
Souffrance psychique, non psychiatrique,
d’origine sociale (Lazarus)

Les conséquences : honte, inhibition,
découragement (Maisondieu)

On se débat avec des notions
complexes
La justice, l’égalité, l’honneur, le
mérite …
en somme, le bon côté des choses
Et des éléments bien différents :
l’autonomie perdue, la vulnérabilité, la
stigmatisation, le mépris, l’abandon, …
et ce que ces mots évoquent !

Simple : souffrance psychosociale
Souffrance de l'individu, du
professionnel de santé, du
professionnel social, du professionnel
administratif
Douleur à expression psychique,
somatique, ou mixte, suite à une
impasse.

Les 4 fonctions de l'aidant :
imaginaire, choisie, réalisée, et
non réalisée
La fonction imaginaire : celle de sa
formation : une intériorisation
La fonction choisie : celle qu'on
décide, en soi même : adaptation des
consignes ; une adaptation vitale

La fonction réalisée ; 3 évaluateurs:
soi d'abord, le pair (ou hiérarchie), la
personne aidée
La fonction non réalisée : 3
évaluateurs: soi d'abord, le pair (ou
hiérarachie), la personne aidée

La personne aidée évalue l'action réalisée, et
celle non réalisée ; un espace de rencontre - la
parole est un acte posé parmi d'autres.

L'important : non l'acte, mais le motif profond de
cet acte
Penser l'action avec le regard du partenaire j'entends par partenaire non l'autre professionnel
du réseau, mais la personne "effacée" que je
rencontre.
Ce mot d'effacé peut traduire ma propre mise en
retrait ; mais aussi la notion que le monde (du
travail, des amis, ...) m'a gommé.

Un exemple de gomme
Gommer, c’est disqualifier, c’est ne pas
imaginer comment l’autre va recevoir mon
message
Je suis « hors les clous » si j’imagine que
j’en suis dispensé ; mais ……. la personne
en précarité disqualifie elle aussi l’aidant :
par son échec, elle le traite d’inutile et
d’incapable

bien involontairement 99 fois sur 100

La complexité n’est pas le
désespoir
Complexité : l'étayage des pratiques ne
peut partir des institutions, mais doit aller
des personnes "invisibles" aux institutions.
Commencer par les échanges de savoir, les
co-formations, en "parité" ; un préalable
pour connaître comment faire : des groupes
mixtes, selon les modalités les plus faciles
pour les plus souffrants.
Eviter la « proposition pour demain 9h »

Aucun dispositif de soin ne peut être
efficient, s'il n'est pas validé par le
lecteur à qui il est destiné.
Un exemple :

France : 9% d’adultes en
illettrisme (INSEE, oct. 05)
Un tel document exclut ; il induit une
disqualification, puis une nécessité
d'assistance ! S'il déclenche un mouvement
de colère, la faute est, hélas, et à tort,
reportée à celui qui conteste.
Ou on a alors un renoncement en miroir.
(* soit 2,3 millions de personnes)

Comment aller plus loin
Avec, pour citer Saül Karsz, d’abord
désigner, puis interpréter, enfin rater.
Rater, « sujet réel, donc qui résiste »
Rassurant, de savoir que le réel résiste :
exemple des taux de chômage, ou de mal
logement (travaux de la MRIE) : on parle
des zones grises , donc non éclairées !
-2 millions de chômeurs,
-2 millions « non temps plein »,
-400 000 dispensés d’emploi

Un mécanisme implacable
Plan cohésion sociale : suivi mensuel,
convocations, relances à délais très
courts : « oubli, erreur, épuisement »
(Elisabeth Maurel)
Cela nous rassure :
si on est inutile, les mécanismes
d’enfoncement
sont bien rodés .

Et pourtant :
Comme on le verra, on retrouve :
Solidarité
Mobilisation
Combat pour la dignité
Espérance
Partage
Fête
Joie
Rires

Les éléments spécifiques au
plus pauvres : réalités
Ne pas avoir de logement, de travail,
d’argent …
Ne pas savoir lire
Etre en grande solitude
Ne pouvoir se soigner – vision, soins
dentaires

Les plus pauvres : le vécu
Honte, peur, angoisse, dépression, perte
des repères (temps, repères et soins
corporels), vécu constant de rejet ,
Modification semi-consciente des
événements, recherche de considération,
interprétation, imagination, fantasmes,
fuite dans le rêve, repli sur soi, …

Les réactions communes aux
abandonnés et à ceux qui s’en
préoccupent :
De la douleur : culpabilité, angoisse,
sentiment d’abandon, lassitude,
épuisement, voire désespoir
De la colère, l’envie de se battre, de
crier, de témoigner, de militer

Deux mécanismes de défense
La recherche de bouc émissaires
(administration, le collègue, le voisin, le
professionnel, …) enfin, un responsable

Résignation, détachement : on laisse
tomber. Dans le meilleur des cas,
culpabilité, au pire, indifférence,
dépression, maladies, toxiques, suicide …

Souffrance commune
Elle peut être celle de ne rien voir, de
ne plus savoir regarder d’un œil neuf.
Soit on utilise le mauvais outil …
Soit on regarde de très loin …

Donc, modifier la distance
avec l’autre
Créer ce qui va faire similitude
Ne pas avoir peur de l’autre ; y
compris dans ce « rien » qu’on ne
pourra changer
Exemple des demandeurs d’asile :
carte du pays, livrets santé : 2 outils
où ils sont « enseignants »

Recommandations

Loi de 1998
Accès effectif de tous aux droits
fondamentaux dans les domaines de
l’emploi, du logement, de la protection de la
santé,

de la justice, de l’éducation, de la
formation, de la culture,
de la PROTECTION de la famille et de
l’enfance

Eviter l’urgence
Prendre bien attention au respect de
l’infimité
Piste la démonstrativité « obligatoire »

Ne jamais généraliser

Voir la modification de la personne
***
Essayer de mettre en relation
ses désirs
et la réalité

Créer un projet d’utilité
Investissement par l’autre : en quoi suis-je
investi par l’autre, qu’ai-je reçu de lui (et
non comment je l’ai aidé)

Reconnaissance – se reconnaître identiques
Utilité sociale : quel rôle social joue la
personne présente (expérience des
« adultes relais sans papiers », à Paris

Combattre
3 idées fortes et fausses
1) Les personnes qui ont le RMI et la
CMU sont des profiteurs
2) La France ne peut pas accueillir
toute la misère du monde

3) Une bonne gestion financière va
aboutir à une bonne gestion humaine

Les personnes qui ont le RMI
et la CMU sont des profiteurs
Profit : augmentation des biens que l’on
possède, par exemple
AAH : 621 euros; RMI : 440 euros
……………………….COMPARONS :
Cours du CAC 40, cours de la bourse,
placements …

Et revenu des ménages en habitat social
(parc public et privé)

La France ne peut pas accueillir
toute la misère du monde
La déontologie serait :
Pour un pays riche et développé, de
combien doit être son effort (réel,
c’est-à-dire orienté vers les
populations démunies) , pour aider ?
En somme, « la France doit accueillir
une partie de la misère du monde »

Une bonne gestion financière va
aboutir à une bonne gestion
humaine
C’est ici confondre l’outil et l’objectif ; le but
est une gestion humaine des projets ; la
finance n’est qu’un outil au service de
l’homme .
Dans une décision donnée, parle-t-on de
rentabilité, ou de bien-être ?

Les préalables, pour chacun,
quelle que soit sa position
d’aidant ou d’aidé :
Relation de confiance : « une
espérance ferme en l’autre »
Ecoute ; écouter : « s’appliquer à
entendre »
Respect : « accorder une
considération admirative »
Compréhension :
« donner un sens clair, avoir une
connaissance intuitive de quelqu’un »

Pour cela, 2 points importants
Importance de la formation des
professionnels (santé, social, , par des
parcours de rencontre et de dialogue

Pour une bonne connaissance de la
situation des personnes en précarité ou,
plus loin encore, en grande pauvreté
Constitution d’un projet avec la personne

Les pratiques qui « cassent »
(source : ORSPERE ONSMP)
Ne laisser que des conditions de survie
(besoins primaires)
Absence de lieu de vie à soi
Dossier et personne non différenciés
Absence de réponses concrètes
Attribution d’une identité de victime, sans
étude de famille, école, travail, …
Oubli du risque de malentendu (autre vécu)
Aidant isolé, révolté, impuissant)
Injonctions paradoxales aux professionnels
(Aidez, mais débrouillez-vous)

Les pratiques qui aident
Etre reconnus en tant que personnes
(droit au silence)

Visibilité, prise de parole
Intégration à un groupe
Attention portée aux liens familiaux
Liberté d’élaboration de réponses
individualisées, loin des dispositifs globaux
Partir de l’analyse de la personne
Créer des réseaux pluri professionnels, de
partage des connaissances

Conclusion
Certes, on vit un individualisme érigé en
norme : solitude, culpabilisation de l’échec
Mais des référentiels se construisent:
espaces pour les professionnels
Evolution sociale des démocraties: le
cerveau évolué, multifactoriel, prend le pas
sur le cerveau archaïque, binaire

Bibliographie
François Dubet , Injustices, l’expérience des
inégalités au travail, 2006, Editions du Seuil, Paris
Michel Joubert et Claude Louzoun, Répondre à la
souffrance sociale, 2005, Editions Erès, 31520
Ramonville
Colette Pitici, Les bricoleurs de la précarité, Revue
Rhizome « Réinventer l’institution », N° 25,
déc.06, - téléchargeable sur
http://wuertm.site.voila.fr/rhz25.pdf

Ce diaporama sur
http://crpplyon.site.voila.fr/bg07.pps

Contact : [email protected]
Site pour lecture et publications à
venir (toute recherche est bienvenue)
http://crpplyon.site.voila.fr


Slide 45

Quelle utilité pour
l’homme étouffé, effacé ?
Que faire quand on ne sait plus quoi
faire ?

Un brin de réponse : tenter,
inlassablement, de comprendre
Guy Ardiet, Lyon St Cyr - CEZERIAT, le 31 mai 07

Bien sûr, des situations sont parfois
plus complexes que d’autres ;
Pour ce qui peut faire souffrance, c’est
la sensation aigue d’injustice .

Trois définitions
Utile : dont l’usage, l’emploi, est
avantageux
à quelqu’un ou à la société

L’homme utile apporte à quelqu’un ou
à la société.
L’exclus du travail n’est-il pas exclu de
l’utilité sociale ?

Etouffer :
Priver d’air, asphyxier, oppresser
Episode de reconduite à la frontière ; « un
étranglement sur un passager; l’homme
perd connaissance, yeux révulsés, langue
pendante, écume aux lèvres … »
Témoignage des passagers du vol
Paris-Bamako, Roissy, 26 mai 07

Effacer :
1) Faire disparaître
sans laisser de trace
(une variante : expulser)
2) Faire oublier
(une variante : l’indifférence)

L’homme effacé : celui qu’on a gommé
de la communauté

La ligne directrice de l’exposé
Une souffrance liée à l’exclusion, au
« rejet », à la notion de personne
inutile, indésirable, ou en tout non
prévue d’être vue, là où elle est vue
Une souffrance d’être transparent

Un écart, même « écartèlement »,
entre « espéré » et « vécu »

Une première conséquence
-Pour le sujet invisible : distorsion du réel
(santé à 2/plusieurs vitesses)
 monde à 2/plusieurs réels

 Pour le professionnel : souffrance par
l’écart entre le désir pour l’autre, semblable
à soi, et le constat imaginé de son avenir
(si on est « aidant »,
ce n’est pas par hasard)

Un exposé en 4 volets
1) Un essai de clarification
2) Ce qui est particulier à la
souffrance psychique de la personne
en grande pauvreté
3) Ce qui est commun entre elle et la
personne qui intervient auprès d’elle
4) Quelques constats et les
propositions qui leur sont secondaires

Syndrome d’exclusion sociale,
souffrance psychique
Les définitions sont nombreuses :
Exclusion : perte des sécurités de base :
travail, formation, logement, diplôme,
culture, … (J.Wrésinski)
Souffrance psychique, non psychiatrique,
d’origine sociale (Lazarus)

Les conséquences : honte, inhibition,
découragement (Maisondieu)

On se débat avec des notions
complexes
La justice, l’égalité, l’honneur, le
mérite …
en somme, le bon côté des choses
Et des éléments bien différents :
l’autonomie perdue, la vulnérabilité, la
stigmatisation, le mépris, l’abandon, …
et ce que ces mots évoquent !

Simple : souffrance psychosociale
Souffrance de l'individu, du
professionnel de santé, du
professionnel social, du professionnel
administratif
Douleur à expression psychique,
somatique, ou mixte, suite à une
impasse.

Les 4 fonctions de l'aidant :
imaginaire, choisie, réalisée, et
non réalisée
La fonction imaginaire : celle de sa
formation : une intériorisation
La fonction choisie : celle qu'on
décide, en soi même : adaptation des
consignes ; une adaptation vitale

La fonction réalisée ; 3 évaluateurs:
soi d'abord, le pair (ou hiérarchie), la
personne aidée
La fonction non réalisée : 3
évaluateurs: soi d'abord, le pair (ou
hiérarachie), la personne aidée

La personne aidée évalue l'action réalisée, et
celle non réalisée ; un espace de rencontre - la
parole est un acte posé parmi d'autres.

L'important : non l'acte, mais le motif profond de
cet acte
Penser l'action avec le regard du partenaire j'entends par partenaire non l'autre professionnel
du réseau, mais la personne "effacée" que je
rencontre.
Ce mot d'effacé peut traduire ma propre mise en
retrait ; mais aussi la notion que le monde (du
travail, des amis, ...) m'a gommé.

Un exemple de gomme
Gommer, c’est disqualifier, c’est ne pas
imaginer comment l’autre va recevoir mon
message
Je suis « hors les clous » si j’imagine que
j’en suis dispensé ; mais ……. la personne
en précarité disqualifie elle aussi l’aidant :
par son échec, elle le traite d’inutile et
d’incapable

bien involontairement 99 fois sur 100

La complexité n’est pas le
désespoir
Complexité : l'étayage des pratiques ne
peut partir des institutions, mais doit aller
des personnes "invisibles" aux institutions.
Commencer par les échanges de savoir, les
co-formations, en "parité" ; un préalable
pour connaître comment faire : des groupes
mixtes, selon les modalités les plus faciles
pour les plus souffrants.
Eviter la « proposition pour demain 9h »

Aucun dispositif de soin ne peut être
efficient, s'il n'est pas validé par le
lecteur à qui il est destiné.
Un exemple :

France : 9% d’adultes en
illettrisme (INSEE, oct. 05)
Un tel document exclut ; il induit une
disqualification, puis une nécessité
d'assistance ! S'il déclenche un mouvement
de colère, la faute est, hélas, et à tort,
reportée à celui qui conteste.
Ou on a alors un renoncement en miroir.
(* soit 2,3 millions de personnes)

Comment aller plus loin
Avec, pour citer Saül Karsz, d’abord
désigner, puis interpréter, enfin rater.
Rater, « sujet réel, donc qui résiste »
Rassurant, de savoir que le réel résiste :
exemple des taux de chômage, ou de mal
logement (travaux de la MRIE) : on parle
des zones grises , donc non éclairées !
-2 millions de chômeurs,
-2 millions « non temps plein »,
-400 000 dispensés d’emploi

Un mécanisme implacable
Plan cohésion sociale : suivi mensuel,
convocations, relances à délais très
courts : « oubli, erreur, épuisement »
(Elisabeth Maurel)
Cela nous rassure :
si on est inutile, les mécanismes
d’enfoncement
sont bien rodés .

Et pourtant :
Comme on le verra, on retrouve :
Solidarité
Mobilisation
Combat pour la dignité
Espérance
Partage
Fête
Joie
Rires

Les éléments spécifiques au
plus pauvres : réalités
Ne pas avoir de logement, de travail,
d’argent …
Ne pas savoir lire
Etre en grande solitude
Ne pouvoir se soigner – vision, soins
dentaires

Les plus pauvres : le vécu
Honte, peur, angoisse, dépression, perte
des repères (temps, repères et soins
corporels), vécu constant de rejet ,
Modification semi-consciente des
événements, recherche de considération,
interprétation, imagination, fantasmes,
fuite dans le rêve, repli sur soi, …

Les réactions communes aux
abandonnés et à ceux qui s’en
préoccupent :
De la douleur : culpabilité, angoisse,
sentiment d’abandon, lassitude,
épuisement, voire désespoir
De la colère, l’envie de se battre, de
crier, de témoigner, de militer

Deux mécanismes de défense
La recherche de bouc émissaires
(administration, le collègue, le voisin, le
professionnel, …) enfin, un responsable

Résignation, détachement : on laisse
tomber. Dans le meilleur des cas,
culpabilité, au pire, indifférence,
dépression, maladies, toxiques, suicide …

Souffrance commune
Elle peut être celle de ne rien voir, de
ne plus savoir regarder d’un œil neuf.
Soit on utilise le mauvais outil …
Soit on regarde de très loin …

Donc, modifier la distance
avec l’autre
Créer ce qui va faire similitude
Ne pas avoir peur de l’autre ; y
compris dans ce « rien » qu’on ne
pourra changer
Exemple des demandeurs d’asile :
carte du pays, livrets santé : 2 outils
où ils sont « enseignants »

Recommandations

Loi de 1998
Accès effectif de tous aux droits
fondamentaux dans les domaines de
l’emploi, du logement, de la protection de la
santé,

de la justice, de l’éducation, de la
formation, de la culture,
de la PROTECTION de la famille et de
l’enfance

Eviter l’urgence
Prendre bien attention au respect de
l’infimité
Piste la démonstrativité « obligatoire »

Ne jamais généraliser

Voir la modification de la personne
***
Essayer de mettre en relation
ses désirs
et la réalité

Créer un projet d’utilité
Investissement par l’autre : en quoi suis-je
investi par l’autre, qu’ai-je reçu de lui (et
non comment je l’ai aidé)

Reconnaissance – se reconnaître identiques
Utilité sociale : quel rôle social joue la
personne présente (expérience des
« adultes relais sans papiers », à Paris

Combattre
3 idées fortes et fausses
1) Les personnes qui ont le RMI et la
CMU sont des profiteurs
2) La France ne peut pas accueillir
toute la misère du monde

3) Une bonne gestion financière va
aboutir à une bonne gestion humaine

Les personnes qui ont le RMI
et la CMU sont des profiteurs
Profit : augmentation des biens que l’on
possède, par exemple
AAH : 621 euros; RMI : 440 euros
……………………….COMPARONS :
Cours du CAC 40, cours de la bourse,
placements …

Et revenu des ménages en habitat social
(parc public et privé)

La France ne peut pas accueillir
toute la misère du monde
La déontologie serait :
Pour un pays riche et développé, de
combien doit être son effort (réel,
c’est-à-dire orienté vers les
populations démunies) , pour aider ?
En somme, « la France doit accueillir
une partie de la misère du monde »

Une bonne gestion financière va
aboutir à une bonne gestion
humaine
C’est ici confondre l’outil et l’objectif ; le but
est une gestion humaine des projets ; la
finance n’est qu’un outil au service de
l’homme .
Dans une décision donnée, parle-t-on de
rentabilité, ou de bien-être ?

Les préalables, pour chacun,
quelle que soit sa position
d’aidant ou d’aidé :
Relation de confiance : « une
espérance ferme en l’autre »
Ecoute ; écouter : « s’appliquer à
entendre »
Respect : « accorder une
considération admirative »
Compréhension :
« donner un sens clair, avoir une
connaissance intuitive de quelqu’un »

Pour cela, 2 points importants
Importance de la formation des
professionnels (santé, social, , par des
parcours de rencontre et de dialogue

Pour une bonne connaissance de la
situation des personnes en précarité ou,
plus loin encore, en grande pauvreté
Constitution d’un projet avec la personne

Les pratiques qui « cassent »
(source : ORSPERE ONSMP)
Ne laisser que des conditions de survie
(besoins primaires)
Absence de lieu de vie à soi
Dossier et personne non différenciés
Absence de réponses concrètes
Attribution d’une identité de victime, sans
étude de famille, école, travail, …
Oubli du risque de malentendu (autre vécu)
Aidant isolé, révolté, impuissant)
Injonctions paradoxales aux professionnels
(Aidez, mais débrouillez-vous)

Les pratiques qui aident
Etre reconnus en tant que personnes
(droit au silence)

Visibilité, prise de parole
Intégration à un groupe
Attention portée aux liens familiaux
Liberté d’élaboration de réponses
individualisées, loin des dispositifs globaux
Partir de l’analyse de la personne
Créer des réseaux pluri professionnels, de
partage des connaissances

Conclusion
Certes, on vit un individualisme érigé en
norme : solitude, culpabilisation de l’échec
Mais des référentiels se construisent:
espaces pour les professionnels
Evolution sociale des démocraties: le
cerveau évolué, multifactoriel, prend le pas
sur le cerveau archaïque, binaire

Bibliographie
François Dubet , Injustices, l’expérience des
inégalités au travail, 2006, Editions du Seuil, Paris
Michel Joubert et Claude Louzoun, Répondre à la
souffrance sociale, 2005, Editions Erès, 31520
Ramonville
Colette Pitici, Les bricoleurs de la précarité, Revue
Rhizome « Réinventer l’institution », N° 25,
déc.06, - téléchargeable sur
http://wuertm.site.voila.fr/rhz25.pdf

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Contact : [email protected]
Site pour lecture et publications à
venir (toute recherche est bienvenue)
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Slide 46

Quelle utilité pour
l’homme étouffé, effacé ?
Que faire quand on ne sait plus quoi
faire ?

Un brin de réponse : tenter,
inlassablement, de comprendre
Guy Ardiet, Lyon St Cyr - CEZERIAT, le 31 mai 07

Bien sûr, des situations sont parfois
plus complexes que d’autres ;
Pour ce qui peut faire souffrance, c’est
la sensation aigue d’injustice .

Trois définitions
Utile : dont l’usage, l’emploi, est
avantageux
à quelqu’un ou à la société

L’homme utile apporte à quelqu’un ou
à la société.
L’exclus du travail n’est-il pas exclu de
l’utilité sociale ?

Etouffer :
Priver d’air, asphyxier, oppresser
Episode de reconduite à la frontière ; « un
étranglement sur un passager; l’homme
perd connaissance, yeux révulsés, langue
pendante, écume aux lèvres … »
Témoignage des passagers du vol
Paris-Bamako, Roissy, 26 mai 07

Effacer :
1) Faire disparaître
sans laisser de trace
(une variante : expulser)
2) Faire oublier
(une variante : l’indifférence)

L’homme effacé : celui qu’on a gommé
de la communauté

La ligne directrice de l’exposé
Une souffrance liée à l’exclusion, au
« rejet », à la notion de personne
inutile, indésirable, ou en tout non
prévue d’être vue, là où elle est vue
Une souffrance d’être transparent

Un écart, même « écartèlement »,
entre « espéré » et « vécu »

Une première conséquence
-Pour le sujet invisible : distorsion du réel
(santé à 2/plusieurs vitesses)
 monde à 2/plusieurs réels

 Pour le professionnel : souffrance par
l’écart entre le désir pour l’autre, semblable
à soi, et le constat imaginé de son avenir
(si on est « aidant »,
ce n’est pas par hasard)

Un exposé en 4 volets
1) Un essai de clarification
2) Ce qui est particulier à la
souffrance psychique de la personne
en grande pauvreté
3) Ce qui est commun entre elle et la
personne qui intervient auprès d’elle
4) Quelques constats et les
propositions qui leur sont secondaires

Syndrome d’exclusion sociale,
souffrance psychique
Les définitions sont nombreuses :
Exclusion : perte des sécurités de base :
travail, formation, logement, diplôme,
culture, … (J.Wrésinski)
Souffrance psychique, non psychiatrique,
d’origine sociale (Lazarus)

Les conséquences : honte, inhibition,
découragement (Maisondieu)

On se débat avec des notions
complexes
La justice, l’égalité, l’honneur, le
mérite …
en somme, le bon côté des choses
Et des éléments bien différents :
l’autonomie perdue, la vulnérabilité, la
stigmatisation, le mépris, l’abandon, …
et ce que ces mots évoquent !

Simple : souffrance psychosociale
Souffrance de l'individu, du
professionnel de santé, du
professionnel social, du professionnel
administratif
Douleur à expression psychique,
somatique, ou mixte, suite à une
impasse.

Les 4 fonctions de l'aidant :
imaginaire, choisie, réalisée, et
non réalisée
La fonction imaginaire : celle de sa
formation : une intériorisation
La fonction choisie : celle qu'on
décide, en soi même : adaptation des
consignes ; une adaptation vitale

La fonction réalisée ; 3 évaluateurs:
soi d'abord, le pair (ou hiérarchie), la
personne aidée
La fonction non réalisée : 3
évaluateurs: soi d'abord, le pair (ou
hiérarachie), la personne aidée

La personne aidée évalue l'action réalisée, et
celle non réalisée ; un espace de rencontre - la
parole est un acte posé parmi d'autres.

L'important : non l'acte, mais le motif profond de
cet acte
Penser l'action avec le regard du partenaire j'entends par partenaire non l'autre professionnel
du réseau, mais la personne "effacée" que je
rencontre.
Ce mot d'effacé peut traduire ma propre mise en
retrait ; mais aussi la notion que le monde (du
travail, des amis, ...) m'a gommé.

Un exemple de gomme
Gommer, c’est disqualifier, c’est ne pas
imaginer comment l’autre va recevoir mon
message
Je suis « hors les clous » si j’imagine que
j’en suis dispensé ; mais ……. la personne
en précarité disqualifie elle aussi l’aidant :
par son échec, elle le traite d’inutile et
d’incapable

bien involontairement 99 fois sur 100

La complexité n’est pas le
désespoir
Complexité : l'étayage des pratiques ne
peut partir des institutions, mais doit aller
des personnes "invisibles" aux institutions.
Commencer par les échanges de savoir, les
co-formations, en "parité" ; un préalable
pour connaître comment faire : des groupes
mixtes, selon les modalités les plus faciles
pour les plus souffrants.
Eviter la « proposition pour demain 9h »

Aucun dispositif de soin ne peut être
efficient, s'il n'est pas validé par le
lecteur à qui il est destiné.
Un exemple :

France : 9% d’adultes en
illettrisme (INSEE, oct. 05)
Un tel document exclut ; il induit une
disqualification, puis une nécessité
d'assistance ! S'il déclenche un mouvement
de colère, la faute est, hélas, et à tort,
reportée à celui qui conteste.
Ou on a alors un renoncement en miroir.
(* soit 2,3 millions de personnes)

Comment aller plus loin
Avec, pour citer Saül Karsz, d’abord
désigner, puis interpréter, enfin rater.
Rater, « sujet réel, donc qui résiste »
Rassurant, de savoir que le réel résiste :
exemple des taux de chômage, ou de mal
logement (travaux de la MRIE) : on parle
des zones grises , donc non éclairées !
-2 millions de chômeurs,
-2 millions « non temps plein »,
-400 000 dispensés d’emploi

Un mécanisme implacable
Plan cohésion sociale : suivi mensuel,
convocations, relances à délais très
courts : « oubli, erreur, épuisement »
(Elisabeth Maurel)
Cela nous rassure :
si on est inutile, les mécanismes
d’enfoncement
sont bien rodés .

Et pourtant :
Comme on le verra, on retrouve :
Solidarité
Mobilisation
Combat pour la dignité
Espérance
Partage
Fête
Joie
Rires

Les éléments spécifiques au
plus pauvres : réalités
Ne pas avoir de logement, de travail,
d’argent …
Ne pas savoir lire
Etre en grande solitude
Ne pouvoir se soigner – vision, soins
dentaires

Les plus pauvres : le vécu
Honte, peur, angoisse, dépression, perte
des repères (temps, repères et soins
corporels), vécu constant de rejet ,
Modification semi-consciente des
événements, recherche de considération,
interprétation, imagination, fantasmes,
fuite dans le rêve, repli sur soi, …

Les réactions communes aux
abandonnés et à ceux qui s’en
préoccupent :
De la douleur : culpabilité, angoisse,
sentiment d’abandon, lassitude,
épuisement, voire désespoir
De la colère, l’envie de se battre, de
crier, de témoigner, de militer

Deux mécanismes de défense
La recherche de bouc émissaires
(administration, le collègue, le voisin, le
professionnel, …) enfin, un responsable

Résignation, détachement : on laisse
tomber. Dans le meilleur des cas,
culpabilité, au pire, indifférence,
dépression, maladies, toxiques, suicide …

Souffrance commune
Elle peut être celle de ne rien voir, de
ne plus savoir regarder d’un œil neuf.
Soit on utilise le mauvais outil …
Soit on regarde de très loin …

Donc, modifier la distance
avec l’autre
Créer ce qui va faire similitude
Ne pas avoir peur de l’autre ; y
compris dans ce « rien » qu’on ne
pourra changer
Exemple des demandeurs d’asile :
carte du pays, livrets santé : 2 outils
où ils sont « enseignants »

Recommandations

Loi de 1998
Accès effectif de tous aux droits
fondamentaux dans les domaines de
l’emploi, du logement, de la protection de la
santé,

de la justice, de l’éducation, de la
formation, de la culture,
de la PROTECTION de la famille et de
l’enfance

Eviter l’urgence
Prendre bien attention au respect de
l’infimité
Piste la démonstrativité « obligatoire »

Ne jamais généraliser

Voir la modification de la personne
***
Essayer de mettre en relation
ses désirs
et la réalité

Créer un projet d’utilité
Investissement par l’autre : en quoi suis-je
investi par l’autre, qu’ai-je reçu de lui (et
non comment je l’ai aidé)

Reconnaissance – se reconnaître identiques
Utilité sociale : quel rôle social joue la
personne présente (expérience des
« adultes relais sans papiers », à Paris

Combattre
3 idées fortes et fausses
1) Les personnes qui ont le RMI et la
CMU sont des profiteurs
2) La France ne peut pas accueillir
toute la misère du monde

3) Une bonne gestion financière va
aboutir à une bonne gestion humaine

Les personnes qui ont le RMI
et la CMU sont des profiteurs
Profit : augmentation des biens que l’on
possède, par exemple
AAH : 621 euros; RMI : 440 euros
……………………….COMPARONS :
Cours du CAC 40, cours de la bourse,
placements …

Et revenu des ménages en habitat social
(parc public et privé)

La France ne peut pas accueillir
toute la misère du monde
La déontologie serait :
Pour un pays riche et développé, de
combien doit être son effort (réel,
c’est-à-dire orienté vers les
populations démunies) , pour aider ?
En somme, « la France doit accueillir
une partie de la misère du monde »

Une bonne gestion financière va
aboutir à une bonne gestion
humaine
C’est ici confondre l’outil et l’objectif ; le but
est une gestion humaine des projets ; la
finance n’est qu’un outil au service de
l’homme .
Dans une décision donnée, parle-t-on de
rentabilité, ou de bien-être ?

Les préalables, pour chacun,
quelle que soit sa position
d’aidant ou d’aidé :
Relation de confiance : « une
espérance ferme en l’autre »
Ecoute ; écouter : « s’appliquer à
entendre »
Respect : « accorder une
considération admirative »
Compréhension :
« donner un sens clair, avoir une
connaissance intuitive de quelqu’un »

Pour cela, 2 points importants
Importance de la formation des
professionnels (santé, social, , par des
parcours de rencontre et de dialogue

Pour une bonne connaissance de la
situation des personnes en précarité ou,
plus loin encore, en grande pauvreté
Constitution d’un projet avec la personne

Les pratiques qui « cassent »
(source : ORSPERE ONSMP)
Ne laisser que des conditions de survie
(besoins primaires)
Absence de lieu de vie à soi
Dossier et personne non différenciés
Absence de réponses concrètes
Attribution d’une identité de victime, sans
étude de famille, école, travail, …
Oubli du risque de malentendu (autre vécu)
Aidant isolé, révolté, impuissant)
Injonctions paradoxales aux professionnels
(Aidez, mais débrouillez-vous)

Les pratiques qui aident
Etre reconnus en tant que personnes
(droit au silence)

Visibilité, prise de parole
Intégration à un groupe
Attention portée aux liens familiaux
Liberté d’élaboration de réponses
individualisées, loin des dispositifs globaux
Partir de l’analyse de la personne
Créer des réseaux pluri professionnels, de
partage des connaissances

Conclusion
Certes, on vit un individualisme érigé en
norme : solitude, culpabilisation de l’échec
Mais des référentiels se construisent:
espaces pour les professionnels
Evolution sociale des démocraties: le
cerveau évolué, multifactoriel, prend le pas
sur le cerveau archaïque, binaire

Bibliographie
François Dubet , Injustices, l’expérience des
inégalités au travail, 2006, Editions du Seuil, Paris
Michel Joubert et Claude Louzoun, Répondre à la
souffrance sociale, 2005, Editions Erès, 31520
Ramonville
Colette Pitici, Les bricoleurs de la précarité, Revue
Rhizome « Réinventer l’institution », N° 25,
déc.06, - téléchargeable sur
http://wuertm.site.voila.fr/rhz25.pdf

Ce diaporama sur
http://crpplyon.site.voila.fr/bg07.pps

Contact : [email protected]
Site pour lecture et publications à
venir (toute recherche est bienvenue)
http://crpplyon.site.voila.fr