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Les Oligophrénies ou
Arriérations Mentales
cours IFSI – mars 2010
Docteur D.HANIQUE
• Préambule : L’intelligence
• Définition : Aptitude cognitive générale innée (Norbert SILLAMY).
L’intelligence peut être mesurée avec une certaine précision à
l’aide de tests qui permettent d’établir un Quotient Intellectuel (Q.I).
L’intelligence est générale en ce sens qu’une personne intelligente réussit
des tâches très diverses pour autant qu’elles soient d’ordre cognitif. Elle est
cognitive en ce sens que la réussite à des tâches demandant d’autres aptitudes
(physique, affective) est indépendante de la valeur du Q.I. Elle est innée car les
influences du milieu influent peu sur les différences entre aptitudes intellectuelles.
Dans nos civilisations occidentales 80% des variations sont liées à des facteurs
génétiques pour 20% revenant à l’apport du milieu. L’intelligence n’est pas une
chose mais un concept fondé sur une recherche scientifique et sur une
élaboration statistique de ses effets. Elle se distribue selon une courbe de Gauss.
Les gens brillants aux tests réussissent mieux dans notre type de société et, dans
une même famille, un enfant brillant tendra à s’élever dans l’échelle sociale tandis
que son frère moins doué aura tendance à descendre d’un niveau de cette même
échelle. Un Q.I. élevé est indispensable pour réussir des études de haut niveau ce
qui n’empêche pas de trouver des personnes au niveau mental élevé dans des
activités les plus simples. En un mot, l’intelligence ne suffit pas pour réussir ;il
faut d’autres qualités telles la motivation, la persévérance, des circonstances
favorables et de la chance … L’importance des facteurs génétiques est notamment
démontrée par l’exemple de vrais jumeaux élevés séparément dont les Q.I. sont
très voisins. De même, les enfants adoptés ressemblent bien plus à leurs parents
naturels qu’à leurs parents adoptifs qui les ont pourtant éduqués et leur ont fourni
un environnement différent pour ne pas dire plus favorable …
L’intelligence est une aptitude à comprendre les relations qui existent
entre les éléments d’une situation et à s’y adapter, afin de réaliser ses fins propres.
Autrement dit, elle comprend et elle invente.
Pendant longtemps on a pensé que seule l’activité conceptuelle et logique
de l’homme, élaborée à partir du langage était intelligente tandis que les autres
comportements adaptatifs résultaient de l’activité instinctive. Or on a établi qu’il
existait d’autres formes d’intelligence. Aussi, dès 1920 (Thorndike), proposait de
distinguer au moins trois types d’intelligence :
- L’intelligence abstraite ou conceptuelle, utilisant matériel
verbal et symbolique ;
- L’intelligence pratique, manipulant le concret et les objets ;
- L’intelligence sociale qui permet la compréhension des êtres
humains et apporte la facilité d’échanger avec eux.
Le développement de l’intelligence de l’enfant passe par plusieurs stades :
- l’intelligence sensori-motrice : pendant ses deux premières années,
l’enfant interagit avec son milieu, élabore des schèmes élémentaires qui vont lui
permettre d’organiser le réel. Il acquiert notamment la notion de permanence de
l’objet.
- pensée représentative et opérations concrètes : 2 à 6 ans, appréhende
peu à peu les représentations spatiales, temporelles et causales entre les objets
…L’acquisition du langage et l’accès à la représentation symbolique lui permettent
de reconstruire la représentation de tout l’acquis antérieur.
- l’intelligence opératoire : vers 7 ans. Les premières opérations
réversibles s’organisent (opérations concrètes portant sur des objets).
- l’intelligence hypothético-déductive: vers 11-12 ans. Opérations
abstraites fondées sur des énoncés logiques.
Reste que l’intelligence est autre chose qu’une faculté de l’esprit. Elle est
inséparable de l’affectivité (émotions, conflits intra-psychiques …) et correspond à
l’engagement de la personne toute entière dans une situation déterminée : ainsi, un
sujet peut être brillant dans une démonstration mathématique et totalement
désadapté devant une tâche pratique … tel autre pourra avoir une conduite
appropriée en étant capable de mentaliser ses conflits.
Les arriérations mentales :
- définition : état permanent et irréversible, congénital ou précoce,
d’insuffisance intellectuelle entraînant une certaine incapacité sociale.
Cette définition, relative aux exigences sociales, varie d’une civilisation à
une autre comme d’un groupe à l’autre. Dans notre société l’écolier qui peine va
être volontiers considéré comme dépourvu de moyens intellectuels. Ainsi en
France sera considéré débile celui qui échoue à un certain niveau par rapport à une
attente globale. Pourtant, certains sujets dociles, bien éduqués, ayant cultivé leur
mémoire et possédant une grande facilité verbale peuvent faire illusion avec leurs
connaissances générales étendues alors qu’ils se comporteront comme des sots
dans la vie sociale (débiles camouflés). Au contraire, certaine personnes effacées et
timides seront considérées comme débiles alors que leur attitude peut être liée à
une inhibition par sentiment d’infériorité, à une infirmité sensorielle (surdité
amblyopie), à un manque de culture découlant d’un milieu éducatif déficient (faux
débiles).
- classification :
selon trois critères :
- critère psychométrique (QI) ;
- critère scolaire ;
- critère social.
- débiles légers : représente 75% de l’ensemble des arriérations et
3% des enfants d’âge scolaire. QI entre 65 et 80. Le débile léger aura des difficultés
scolaires et des difficultés à accéder à l’indépendance sociale et à l’autonomie
économique.
- débiles moyens : QI entre 50 et 65. Après un apprentissage en
milieu spécialisé ils peuvent acquérir un certain degré d’autonomie.
- débiles profonds : QI <50. Le sujet n’est pas capable de
percevoir les dangers les plus élémentaires. Il ne peut apprendre le langage écrit et
ne saura apprendre que des taches simples et répétitives.
- arriération profonde : pas d’accès au langage. Besoin constant
d’être assisté. Psychomotricité rudimentaire voire grabatisation. Fréquentes
malformations. Pas d’acquisition des contrôles sphinctériens.
On notera souvent un décalage du degré de retard entre les divers domaines
de développement comme on peut observer des performances notables dans un
domaine (mémoire par ex.). L’adaptation sociale du débile est la résultante des
capacités du sujet et de l’attitude du milieu aidante et tolérante ou rejettante. Dans
une atmosphère bienveillante le débile peut poursuivre ses acquisitions à son
rythme alors qu’une attitude négative du milieu va aggraver son inadaptation et
conduire à des réactions de démission ou d’opposition.
- Diagnostic :
Il doit être posé le plus tôt possible car certaines formes sont
améliorables sinon curable quand elles sont traitées précocement.
- A la naissance : une oligophrénie sera suspectée si sont
constatées des malformations évidentes, si une réanimation néonatale
importante a été nécessaire, devant des antécédents familiaux.
- Au cours des 18 premiers mois : retard du sourire, retard de
la station assise, retard de la marche …
- ultérieurement : retard de langage. Parfois l’arriération ne
sera reconnue qu’à l’âge scolaire.
- circonstances étiologiques :
Les causes sont nombreuses mais il reste fréquent de ne
pouvoir déterminer aucune cause précise.
- génétiques : T21, affections hérédo-familiales
telles la sclérose tubéreuse de Bourneville, maladies métaboliques …
- toxiques ou infectieuses (au cours de la vie intrautérine) : rubéole, toxoplasmose, éthylisme …
- endocriniennes : myoedème hypothyroïdien …
- accidentelles : anoxie néo-natale …
Autres aspects de déficit mental :
- détérioration secondaire : il s’agit d’un enfant ayant eu un
développement psychomoteur normal jusque la déclaration d’un accident de
santé el une encéphalite, un traumatisme crânien ou une maladie dégénérative.
Il s’agit d’une forme de démence très précoce.
- carences affectives : SPITZ a montré à quel point le développement
psychomoteur du jeune enfant est conditionné par ce qu’il reçoit de son milieu.
Ainsi un enfant délaissé précocement et de manière prolongée, victime
« d’hospitalisme », va s’éteindre en termes d’éveil et présenter des signes de
déficit intellectuel ainsi que des troubles du comportement semblables à ceux
de certains enfants psychotiques.
- psychoses : longtemps confondus avec l’arriération mentale en
particulier dans des formes précoces d’autisme.
Deux cas de figure :
- Le psychotique va présenter des troubles de
communication et de contact avec le monde extérieur et des symptômes
caractéristiques (bizarreries, stéréotypies …). L’évolution déficitaire est
fréquente mais non constante.
- une arriération mentale primitive va s’accompagner
du développement de symptômes psychotiques à divers degrés.
- pseudo-débilité mentale : enfants qui dans le cadre d’un handicap
particulier (moteur, sensoriel …) présentent un retard de développement qui
n’est qu’un décalage évolutif curable par des mesures appropriées. Citons les
Infirmités Motrices Cérébrales, les handicaps sensoriels , des troubles
psychiques (inhibition …).
CONCLUSIONS :
Le devenir des déficients mentaux dépend grandement des
réponses affectives, pédagogiques, éducatives et médicales
tant pour eux-mêmes que pour leur famille que permet la
société.