Transcript Diaporama

« Le lycée professionnel, entre
changements et permanence :
analyse sociologique du travail
enseignant
face à la diversification des
publics »
Chiffres-clés
• Les diplômes professionnels :
• 165 certificats d’aptitudes professionnelles
(CAP), de niveau V ;
• Plus de 80 baccalauréats professionnels, de
niveau IV ;
• 75 brevets de technicien supérieur (BTS), de
niveau III ;
• des poursuites d’études possibles vers les
licences professionnelles, les instituts
universitaires professionnalisés et des
formations d’ingénieurs.
• A la rentrée 2011 (source DEPP) :
• 691 000 élèves, hors BTS, sont engagés dans la voie
professionnelle dans les établissements scolaires sous
tutelle du ministère de l’éducation nationale ; dont près
de 121 000 en CAP, 26 000 en BEP et 534 000 en bac
pro.
• Il faut y ajouter près de 380 000 apprentis qui préparent
un CAP (55%), un bac pro ou un autre diplôme
professionnel en alternance.
• Taux d’accès au bac pro dans le nouveau cursus :
65%
• Dans l’ancien : 40%
• Nombre de décrocheurs en 2011 (cumul
CAP1/BEP1/2nde pro/1ère pro) : 57 513
La réforme bac pro 3 ans
Cette réforme visait 3 objectifs :
• Augmenter le flux vers le bac pro en créant un
parcours continu en 3 ans (la moitié des élèves
engagés dans la voie professionnelle sortaient
au niveau V, CAP ou BEP, sans atteindre le bac
pro dans l’ancien parcours en 4 ans).
• Diminuer les sorties sans qualification,
excessivement nombreuses avant le niveau V.
• Contribuer à l’élévation du niveau des
qualifications et faciliter la poursuite d’études, en
particulier vers le BTS.
Le travail enseignant face aux
mutations du LP et de ses publics
• Un travail mis à l’épreuve par les
évolutions institutionnelles
• Le poids de l’héritage historique
• La diversité des élèves et de leur rapport
aux savoirs
• Rompre avec une sociologie misérabiliste
• De l’école des ouvriers à celle des
employés ?
• Distance et proximité entre les PLP et
leurs publics : culture et condition
• Un LP peu valorisé malgré l’essor du
baccalauréat professionnel
• Quelques changements récents
L’expérience des élèves
•
•
•
•
Les notes contre le projet
La hiérarchie des spécialités
Grandir au LP ou rester élève ?
Les stages en entreprise: cohérence et
tensions
• Le rapport aux savoirs: quatre types
Alterité et apprentissages
• Le rôle des camarades et des copains
(copines) de la vie
• Familles et LP
• Le poids central accordé par les élèves
aux enseignants
Les PLP et leurs pratiques
pédagogiques
• Des élèves perçus comme en difficultés
socio-familiales et « culturelles »
• La disqualification des parents ou d’un
difficile partenariat
• L’absence d’un « client idéal » chez les
PLP
Les PLP et les programmes
d’enseignement
• Les programmes sont le résultat d'un long
processus d'élaboration, ponctué de phases
d'écriture, de discussion et de concertation.
• L'article 3 de l'arrêté du 17 mai 2006 fixant
l'organisation de l'administration centrale du
ministère de l'Éducation nationale stipule que
«La direction générale de l'Enseignement
scolaire élabore la politique éducative et
pédagogique ainsi que les programmes
d'enseignement des écoles, des collèges des
lycées et des lycées professionnels.»
• Les transformations des modes
d’évaluation des élèves mettent à
l’épreuve des modèles d’évaluation
traditionnels
• Pourtant, l’enseignement professionnel a
été pionnier en matière de pédagogie de
la réussite
• Le CCF: passage de l’obligation
d’enseigner à l’obligation de valider ?
Le CCF et son impact sur le travail
enseignant
• Le CCF est une « évaluation certificative »
• Il consacre la formation au cœur du
processus d’apprentissage
• Il augure d’une meilleure lutte contre le
« décrochage scolaire » (sécurisation des
parcours)
• Il favorise une meilleure réussite des
élèves
Mais le CCF crée des tensions…
• Il déstabilise les enseignants habitués à
un mode d’évaluation classique
• Il est chronophage
• Il soulève des questions éthiques (ne
s’achemine-t-on pas vers un diplômemaison, donc induisant des inégalités?)
• Il oblige à une individualisation entrant en
tension avec la gestion de la classe
• Les
élèves,
interrogés
sur
leur
compréhension de l’évaluation, disent qu’ils
n’ont pas compris que telle ou telle situation
de CCF qu’ils passaient en seconde
compterait pour la première.
• Le CCF est particulièrement lourd en classe
de première, c’est le point sensible mais, en
terminale, les élèves ont beaucoup de
dossiers à rendre. Exemple : à leur retour de
stage, un dossier PSE, un dossier Arts et un
dossier Gestion
Le CCF, une manière de mettre en
dialogue des champs disciplinaires
• Les élèves de LP ont souvent tendance à
distinguer l’enseignement général et
l’enseignement
(technologique)
et
professionnel
• Un
raisonnement
en
terme
de
compétences ne signifie pas l’oubli des
savoirs !
• Est-ce qu’on ne devrait pas travailler ici le
« dialogue » entre les deux logiques pour
déboucher sur la mise en œuvre conjointe
d’une évaluation continue qui mobilise
autour d’objets communs (par exemple la
compétence
savoir
interpréter
des
données
comptables
mobilise
des
connaissances et des procédures qui
relèvent aussi bien de la comptabilité que
du français et des mathématiques).
Témoignage d’une élève
(21/02/2013)
• « On nous fait plus confiance.. En garage, il faut
travailler vite et bien… ». Une élève indique de manière
très lucide le changement connu en LP : « … j’étais peu
motivée en collège, mon professeur principal m’a parlé
du LP, j’ai fait une classe de 3ème DP6… En 4ème,
j’étais à 8 de moyenne, et là, en terminale bac pro, j’ai
16 moyenne… Mes parents ne m’ont pas reconnue, j’ai
de meilleures notes… Les profs sont vraiment à
l’écoute… Mon projet, c’est d’aller en BTS l’année
prochaine, c’est ce que j’aimerai faire. J’aime bien la
théorie mais aussi et surtout la pratique… ».
Les défis
• Le LP devient un peu plus attractif avec la
réforme du bac pro 3 ans mais…
• Une attention plus grande doit être apportée au
risque de « décrochage » (qui va de pair avec le
risque de déprofessionnalisation des contenus
de formation)
• Une attention plus grande aux plus fragiles (les
élèves de CAP, certains élèves scolarisés dans
les spécialités les moins convoitées…)
• Une professionnalité enseignante qui est
mise à l’épreuve par :
• - les contenus curriculaires ;
• - la diversité des élèves et le nécessaire
travail sur leur estime d’eux-mêmes, sur
leurs capacités, leurs projets…
• - la continuité bac pro – STS: penser
l’articulation entre les savoirs, les
compétences et les modes d’évaluation
• Pour aller plus loin :
-
Lantheaume, F., Coste, S., Bessette-Holland, F., Les enseignants
de lycée professionnel face aux réformes, INRP, 2008
-
Maillard, F. (sous la direction de), Former, certifier, insérer: effets
et paradoxes de l’injonction à la professionnalisation des
diplômes, PUR, 2012
-
Jellab, A. Sociologie du lycée professionnel,
universitaires du Mirail, 2009 (nouvelle édition 2010).
-
Jellab, A. « Les enseignants de lycée professionnel et leurs
pratiques pédagogiques: entre lutte contre l’échec scolaire et
mobilisation des élèves », Revue française de sociologie, 2/2005,
article téléchargeable gratuitement sur le site du CAIRN.
Presses
Merci pour votre attention
Aziz Jellab, IGEN