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Journal français d’ophtalmologie (2014) 37, e147—e148
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LETTRE À L’ÉDITEUR
Exophtalmie chez un enfant
révélatrice d’un kyste hydatique
intraorbitaire isolé
Proptosis in a child secondary to an isolated orbital
hydatid cyst
Introduction
L’hydatidose reste une maladie endémique en Tunisie avec
un taux de prévalence variant de 0,3 à 4,3 % de la population
[1]. La localisation orbitaire est rare, cependant, elle est
non exceptionnelle par rapport aux autres processus expansifs intraorbitaires du sujet jeune, où elle représente 13 %
dans la plupart des séries [2].
Le signe clinique majeur du kyste hydatique orbitaire
est l’exophtalmie. L’apport de l’imagerie, surtout la TDM
et l’IRM, est essentiel pour le diagnostic préopératoire. La
sérologie est insuffisante et le traitement est exclusivement
chirurgical.
Observation
L’enfant A.R., âgée de 5 ans, sans antécédents pathologiques, a présenté une diplopie associée à une exophtalmie
gauche apparue progressivement depuis 5 mois. L’examen
clinique a trouvé une limitation des mouvements volontiers
du globe oculaire et une exophtalmie axile, non réductible.
Un scanner et une IRM orbitaire ont été réalisés (Fig. 1).
Le scanner a mis en évidence une lésion ovalaire intraorbitaire, rétrobulbaire, mesurant 4 cm. Le centre de cette
masse est hypodense alors que sa coque périphérique se
rehausse après injection d’iode. Nous avons évoqué le
kyste dermoïde qui est la lésion kystique la plus fréquente de l’orbite ou un schwanome kystique, l’IRM a
été demandée pour une meilleure caractérisation lésionnelle.
L’IRM confirme la nature kystique de la lésion en montrant
un centre lésionnel en hyposignal T1 et hypersignal T2 et une
coque périphérique en hyposignal T1 et T2, rehaussée après
injection de gadolinium.
Le diagnostic de kyste hydatique a été évoqué devant
l’hyposignal de la coque périphérique sur toutes les
séquences. Nous avons toutefois jugé nécessaire de compléter par une échographie oculaire à la recherche d’un
décollement de membrane spécifique de ce diagnostic.
http://dx.doi.org/10.1016/j.jfo.2013.10.007
0181-5512/© 2014 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
Figure 1.
Scanner et IRM orbitaire réalisés.
L’échographie oculaire (Fig. 2) a montré un décollement
de membrane qui a conforté le diagnostic. Ce diagnostic
est confirmé par la sérologie hydatique positive. Il n’y avait
pas d’autre localisation hydatique (radiographie du thorax
et échographie abdominale). L’exérèse a été réalisée par
orbitotomie latérale, sans effraction de la capsule, après
injection de sérum salé hypertonique. Les suites opératoires
ont été simples, marquées par un œdème palpébral et un
chémosis régressif.
Discussion
Les lésions kystiques intraorbitaires sont nombreuses
(kyste dermoïde ou épidermoïde, mucocèle, tératome,
hématocèle. . .) [3,4]. Cependant, si on se limite strictement
à celles qui sont en situation intra-conique, les hypothèses
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Lettre à l’éditeur
La tomodensitométrie orbitaire montre un processus
arrondi ou ovalaire, hypodense par rapport au vitré, homogène, à limites régulières avec une couronne périphérique
plus dense, pouvant prendre le contraste modérément. Elle
permet aussi de préciser le degré d’exophtalmie, les rapports de la masse avec les constituants orbitaires et la
surveillance post-thérapeutique [8,9].
L’imagerie par résonance magnétique retrouve la masse
kystique en hyposignal T1 et hypersignal T2, avec une paroi
en hyposignal sur toute les séquences ; signe très évocateur
du kyste hydatique, comme dans notre cas [8,9]. En cas de
fistulisation, le kyste apparaît en l’hyposignal T2 [7].
Conclusion
Le kyste hydatique représente l’une des parasitoses les plus
communes dans certaines zones géographiques. L’atteinte
orbitaire, quoique rare, devrait être incluse dans la gamme
des diagnostics différentiels d’une masse orbitaire surtout
chez l’enfant.
Déclaration d’intérêts
Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflit d’intérêt en
relation avec cet article.
Figure 2. Échographie oculaire montrant un décollement de
membrane qui a conforté le diagnostic.
diagnostiques sont réduites au kyste hydatique, au kyste ou
à l’hématome des gaines du nerf optique et au schwanome
kystique [4].
La localisation intraorbitaire du kyste hydatique est très
rare, représentant 0,8 à 1 % de toutes les localisations hydatiques [4] et pouvant atteindre 5 à 18 % dans les zones
endémiques [4]. Le kyste hydatique de l’orbite atteint surtout l’enfant et l’adulte jeune et survient généralement
entre 2 et 20 ans comme c’est le cas pour notre observation
[4,5].
Habituellement, l’infestation orbitaire est primitive,
le kyste hydatique est unique localisé en intraorbitaire,
mais elle peut être secondaire à une dissémination multisystémique [4].
Le principal signe clinique est une exophtalmie axile ou
non, indolore, irréductible, non pulsatile et non soufflante
comme dans notre cas. Une baisse de l’acuité visuelle, un
œdème papillaire, une diplopie, un chémosis ainsi qu’une
conjonctivite peuvent aussi se voir [4]. Une inflammation
des tissus environnants est retrouvée en cas fistulisation du
kyste [4,6]. Le kyste hydatique de l’orbite est presque toujours unilatéral et est de siège souvent rétrobulbaire intraou extra-cônique. La forme multivésiculaire est rare [6].
L’échographie montre une masse liquidienne, homogène
à paroi fine, de limites nettes et régulières. Elle peut être
hétérogène en cas de surinfection ou en cas de sédiments.
La place de l’échographie est importante ; elle peut montrer des signes spécifiques, le décollement de membrane,
comme dans notre observation, le signe de la membrane
flottante ou dans des rares cas le caractère multivésiculaire
[7].
Références
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Amara H, et al. Kyste dermoïde intraorbitaire. J Fr Ophtalmol
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[9] Aksoy FG, Tanrikulu S, Kosar U. Inferiorly located retrobulbar
hydatid cyst: CT and MRI features. Comput Med Imaging Graph
2001;25:535—40.
H. Zaghouani Ben Alaya ∗ , M. Limem ,
W. Karmani , N. Ben Zina , S. Majdoub ,
H. Amara , D. Bakir , C.H. Kraiem
Service de radiologie, CHU Farhat Hached, rue
Ibn-El-Jazzar, 4000 Sousse, Tunisie
∗ Auteur correspondant.
Adresse e-mail : [email protected]
(H. Zaghouani Ben Alaya)
Disponible sur Internet le 1 octobre 2014