Transcript OCCLUSIONS
OCCLUSIONS … c’est un arrêt plus ou moins complet du transit intestinal… aboutissant en règle à la mort ! C’est un état caractérisé par l’arrêt plus ou moins complet du transit intestinal, apparaissant brutalement ou progressivement, et aboutissant en règle à la mort, en l’absence de thérapeutique rapide et efficace Grande fréquence parmi les diagnostics urgents de l’abdomen PHYSIOPATHOLOGIE 2 types d’occlusion par obstruction par strangulation Occlusion par strangulation Occlusion par obstruction Au niveau du grêle, les sécrétions physiologiques (gastrique et bilio-pancréatique) sont abondantes et les échanges avec la circulation sont importants A l’opposé au niveau du colon, la réabsorption est pratiquement terminée Les répercutions sur l’organisme du phénomène occlusif sont d’autan plus précoces et importantes que l’obstacle est plus haut situé sur le tube digestif … l’occlusion entraîne: - Accumulation de liquides et de gaz (3ème secteur) - Pullulation microbienne - Blocage vasculaire - Altération des plexus L’ OCCLUSION ENTRAINE: Distension par accumulation de liquides et de gaz: - augmentation de la pression intra-luminale - création d’un 3ème secteur avec troubles hydroélectrolytiques (Na, Cl, K) et hypovolémie Pullulation microbienne avec translocation bactérienne (sanguine et intra-péritonéale) pouvant aller jusqu’au choc toxi-infectieux Blocage vasculaire en cas de strangulation Altération des plexus nerveux = atonie intestinale Occlusion par obstruction: - début progressif - distension progressive par accumulation de liquides - altération des plexus nerveux de la paroi - pullulation microbienne Occlusion par strangulation: - début brutal - blocage vasculaire au pied de l’anse - distension intestinale précoce - pullulation microbienne Les complications générales sont: - le choc hypovolémique et plus tard - le choc toxi-infectieux - l’ hémorragie digestive (ulcère de stress ou Mallory-Weiss) Les complications locales sont: - la nécrose - la perforation (au pied de l’anse ou diastatique au niveau du coecum) CLINIQUE C’est une occlusion intestinale aigue… le « carré de tradition »: douleur vomissements arrêt du transit météorisme LA DOULEUR ABDOMINALE Elle est constante: continue ou intermittente à type de coliques abdominales Début brutal ou progressif Son siège initial doit être recherché D’intensité variable, allant de l’état de mal suraigu, atroce (perforation) à une simple gêne Son évolution est spasmodique, aboutissant à un endolorissement diffus, par distension intestinale majeure LES VOMISSEMENTS C’est un signe précoce, dont il faut faire préciser: L’évolution: les vomissements sont d’abord alimentaires, puis bilieux enfin fécaloïdes Ils sont parfois remplacés par l’état de mal nauséeux qui a une grande valeur dans les occlusions basses L’ ARRET DU TRANSIT L’arrêt des matières et des gaz en est la manifestation objective L’arrêt des gaz aura souvent précédé l’arrêt des matières L’arrêt des matières est parfois masqué par la vidange du bout intestinal sousjacent (occlusion haute) LE METEORISME Inspection: il faut noter son siège - localisé (central ou non) - diffus (en cadre), avec ondulations péristaltiques (visibles chez le sujet maigre et déclenchées par une chiquenaude) Palpation: l’abdomen est - distendu, souple, élastique - pas de contracture (+++), mais une douleur avec défense localisée qui signe la souffrance intestinale Percussion: - le tympanisme (+++): accumulation des gaz en amont de l’obstacle Auscultation: - doit rechercher des bruits hydro-aériques Mais l’examen ne retrouve pas toujours de ballonnement évident car: Il existe des occlusions hautes à ventre plat Il existe des météorismes diffus et discrets Et parfois une contracture dans les cas très évolués (perforation) devant ce tableau clinique… L’interrogatoire: portera sur les ATCD et le transit habituel L’examen doit rechercher: (+++) - une cicatrice de laparotomie et - inspecter les orifices herniaires Le TR et TV: - vérifie l’absence de matières dans l’ampoule rectale - peut parfois déceler un fécalome ou une tumeur L’examen se termine par: - le retentissement du syndrome occlusif, son degré de déshydratation Le degré de déshydratation: Compartiment vasculaire: - pouls, TA, diurèse Compartiment interstitiel: - pli cutanée Compartiment intra-cellulaire: - soif, langue saburrale, fièvre LA RADIOLOGIE Le diagnostic se fait sur la lecture des clichés de l’abdomen sans préparation Systématique: - face debout, couché, centré sur les coupoles - si la position debout est impossible: couché de profil et décubitus latéral de face Résultats: - l’image caractéristique est faite de bulles gazeuses, avec un niveau hydro-aérique horizontal, multiples et séparées L’analyse des clichés permet de savoir si l’obstacle porte sur le grêle ou le colon +++ ASP debout de face, montre la présence de niveaux hydro-aériques: - grêle: centraux, plus larges que hauts, absence de gaz dans le colon - colon: périphériques, plus hauts que larges ASP de face couché, permet de préciser au mieux quel est l’intestin distendu: - grêle: plissement pariétal circonférentiel fin - colon: haustrations plus ou moins espacées, non circonférentielles, avec entre deux haustrations, des images de bosselures à concavité interne grêles Occlusion du grêle: niveaux hydroaériques centraux, plus larges que hauts, absence d’air dans le rectum Occlusion colique Niveaux hydroaériques périphériques, plus hauts que larges Occlusion colique gauche par obstruction CONDUITE A TENIR Hospitalisation en milieu chirurgical Arrêt de l’alimentation orale et bilan biologique Sonde gastrique et sonde vésicale Rééquilibration hydro-électrolytique et traitement du choc éventuel Le traitement étiologique chirurgical ne sera envisagé qu’après amélioration de l’état général: faciès, signes de déshydratation, choc (hypovolémique ou toxi-infectieux), température … il faut savoir distinguer: les occlusions par strangulation des occlusions par obstruction … et savoir localiser l’obstacle sur le grêle ou sur le colon Occlusion par strangulation: - début brutal - douleur intense, spasmodique au début - choc précoce - météorisme asymétrique, silencieux, immobile +++ - URGENCE ABSOLUE (risque de nécrose intestinale) Occlusion par obstruction: - début progressif - douleur modérée - vomissements tardifs - météorisme diffus, avec bruits hydro-aériques - choc très rare - URGENCE Occlusion haute: - vomissements précoces - arrêt du transit tardif Occlusion basse: - vomissements tardifs - arrêt du transit précoce Critères de gravité imposant un geste chirurgical en urgence : ETAT DE CHOC DEFENSE OU CONTRACTURE (localisée ou généralisée) FIEVRE ETIOLOGIES … la recherche de la cause du syndrome occlusif nécessite dans certains le recours à l’échographie, le scanner, la colonoscopie ou le lavement opaque. Occlusions du grêle: 1. Strangulation: - occlusion sur bride ou volvulus - étranglement herniaire et éventration étranglée - invagination intestinale aigue 2. Obstruction: - iléus biliaire - tumeurs du grêle Occlusions du colon: 1. Strangulation: - volvulus du sigmoïde … et coecum 2. Obstruction: - cancer colique - sigmoïdite Colon Cancers: 50% Volvulus du sigmoïde:15% Divers: 10% Grêle Brides: 7O% Hernies et éventrations: 10% Tumeurs: 5% L’ OCCLUSION SUR BRIDE C’est une occlusion par strangulation Il peut s’agir d’une incarcération du grêle dans une bride post-opératoire ou d’un volvulus plus ou moins complet du grêle autour de son axe mésentérique météorisme +/- important IMMOBILE +++ et silencieux à l’auscultation Si l’occlusion est très haute (1ère anse) est réalisé le tableau d’occlusion haute à ventre plat (vomissements très importants) Intervention: section de brides +/- résection de grêle LES HERNIES ET EVENTRATIONS ETRANGLEES Grande fréquence justifie l’examen systématique des orifices herniaires devant toute occlusion intestinale aigue (+++) Il peut s’agir d’une hernie inguinale ou crurale, plus rarement ombilicale Le diagnostic est porté devant une tuméfaction: - douloureuse, avec un maximum au collet - non impulsive à la toux - irréductible L’examen retrouve météorisme et douleur diffuse L’ASP: niveaux hydro-aériques sur le grêle Intervention chirurgicale en urgence L’ INVAGINATION INTESTINALE AIGUE C’est la pénétration d’un segment intestinal dans le segment situé en aval (intussuseption) Peut survenir à tout âge: - (+++) chez le nourrisson et l’enfant, l’occlusion est spontanée : le lavement baryté est souvent désinvaginant +++ - chez l’adulte, elle est provoquée (tumeur, diverticule de Meckel): résection chirurgicale souvent nécessaire 3 formes anatomiques: - invagination iléo-colique (+++) - invagination iléo-iléale - invagination colo-colique Urgence médico-chirurgicale Invagination Invagination Invagination intestinale aigue sur tumeur L’ ILEUS BILIAIRE Obstruction C’est la migration d’un volumineux calcul dans le grêle, venu des voies biliaires, au travers d’une fistule bilio-digestive, où il se bloque. Cause rare d’occlusion, par obstruction, survenant volontiers chez le sujet âgé, le tableau clinique associe: 1. Un long passé de cholécystite: 2. Un épisode de fistulisation récent: - avec méléna (10 jours) 3. Des signes d’occlusion haute: - évoluant par paroxysmes, contemporains des épisodes de blocage du calcul - se termine au niveau de l’iléon terminal Iléus biliaire: la fistule biliaire est visible, en haut, l’occlusion sur calcul, en bas Associe: .Occlusion du grêle .Aérobilie .Lithiase enclavée aérobilie Iléus biliaire NE PAS OUBLIER… Les tumeurs du grêle Le bézoard LES TUMEURS DU GRELE: - la clinique est dominée par le syndrome de Koenig: . Douleur localisée, survenant par crises . Augmentant rapidement d’intensité . Disparaissant avec des bruits hydro-aériques . Répétés et de fréquence croissante LE BEZOARD: - l’occlusion est due à l’accumulation de fibres végétales, ce que l’on rencontre volontiers après gastrectomie LE VOLVULUS DU SIGMOÏDE … et du colon droit Volvulus d’un méga-dolichosigmoïde: noter le niveau liquidien dans l’anse C’est la torsion de l’anse sigmoïde autour de son pédicule mésocolique: complication du dolicho-colon Examen: tableau d’occlusion basse: - volumineux météorisme asymétrique de la fosse iliaque gauche à l’hypochondre droit (+++) ASP: distension sigmoïdienne majeure Lavement aux hydrosolubles: en cas de doute - image typique d’arrêt effilé en « bec d’oiseau » au niveau de la charnière recto-sigmoïdienne LE TRAITEMENT Instrumental: - tentative de montée d’une sonde rectale (tube de Faucher), qui doit être effectuée sous contrôle radiologique ou endoscopique Chirurgical: - si échec instrumental: opération de Hartmann - si succès: résection sigmoïdienne dans un 2ème temps Montée d’une sonde rectale dans le sigmoïde OCCLUSION SUR CANCER COLIQUE C’est la plus fréquente des occlusions du sujet âgé Volontiers révélatrice de la maladie Dans 80% des cas‘il s’agit du colon gauche et plus particulièrement - du sigmoïde qui est la zone la plus étroite - ou de l’angle gauche qui est la zone la plus cachée C’est l’installation progressive d’une occlusion basse par obstruction avec: - rectorragies ou méléna - météorisme volumineux, en cadre - une complication à redouter: perforation diastatique du coecum (douleur et défense FID) Examens complémentaires: - ASP: niveaux hydro-aériques de type colique avec distension colique parfois majeure - lavement aux hydrosolubles: montre une sténose serrée excentrée avec disparition du liseré muqueux de sécurité OCCLUSION SUR SIGMOÏDITE Rare car ne représente que 4% des complications de la sigmoïdite diverticulaire C’est le tableau d’une occlusion colique gauche par obstruction - plus ou moins fébrile (+++) - avec empâtement douloureux de la fosse iliaque gauche Lavement aux hydrosolubles: (+++) - rétrécissement étendu du sigmoïde (+1O cm) - centré, sans altération de la muqueuse, se raccordant progressivement avec le colon sain TDM abdomino-pelvien:(+++) - retrouve la sténose, et la dilatation colique d’amont La colonoscopie: - après avoir éliminer une perforation - ne peut pas toujours franchir la sténose et confirme l’absence de lésion muqueuse LES OCCLUSIONS FONCTIONNELLES Elles s’accompagnent d’une autre pathologie qui est en général au premier plan (+++) Le péristaltisme s’arrête: 1. lors d’un épisode douloureux intra ou rétropéritonéal: colique hépatique ou néphrétique 2. au contact d’un foyer infectieux: appendicite, péritonite, salpingite, sigmoïdite 3. au contact d’un foyer inflammatoire: pancréatite 4. au contact d’épanchements sanguins intra ou rétro-péritonéal: GEU, traumatismes… 5. sur des tissus irradiés: grêle radique 6. en post-opératoire: pendant 48H … quoi qu’il en soit, ne vous dégonflez pas ! … la culture, c’est ce qui reste, quand on a tout oublié !