De la crise à la dette : aller et retour en passant par les banques Origine et mécanismes d’une bombe à retardement 17, bd.

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Transcript De la crise à la dette : aller et retour en passant par les banques Origine et mécanismes d’une bombe à retardement 17, bd.

De la crise à la dette : aller et retour
en passant par les banques
Origine et mécanismes
d’une bombe à retardement
17, bd Poissonnière. 75002 Paris
Tél. 01 53 72 00 00
Site : www.apex.fr
Mel : [email protected]
De la crise à la dette : aller et retour
Dette et déficit : quelques avis officiels…
et autorisés
 « En l’absence de baisses de prélèvements, la dette publique serait
environ 20 points de PIB plus faible aujourd’hui qu’elle ne l’est en réalité,
générant ainsi une économie annuelle de charges d’intérêts de 0,5 point
de PIB (…) En 10 ans, 400 Md€ de recettes fiscales perdues »
Paul Champsaur et Jean-Philippe Cotis, Rapport sur la situation des finances publiques, avril 2010
 « Entre 2000 et 2009, le budget général de l’État aurait perdu entre 101,2
(5,3% de PIB) et 119,3 Md€ (6,2 % de PIB) de recettes fiscales, environ les
deux tiers étant dus au coût net des mesures nouvelles – les baisses
d’impôts – et le tiers restant à des transferts de recettes aux autres
administrations publiques – Sécurité sociale et collectivités locales
principalement »
Rapport Gilles Carrez, commission des Finances de l’Assemblée nationale, juin 2010
 « La crise explique au plus 38 % du déficit, qui est surtout de nature
structurelle et résulte largement de mesures discrétionnaires »
Rapport de la Cour des comptes sur la situation et les perspectives des finances publiques, juin 2011
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De la crise à la dette : aller et retour
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1. De la crise à la dette : la « douloureuse »
Itinéraire d’une boule de neige
en forme de facture
De la crise à la dette : aller et retour
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Pas de sortie de crise en vue pour les USA et la zone euro,
mais une récession qui s’annonce
PIB des grandes zones
Indicateurs composites avancés
(en indice, 100 en 2007
de l’OCDE (PIE
105
140
Asie en devt
136.8
130
G7 *
100
Zone €
120
95
Monde
111.6
110
Zone € : Prévisions Insee
+0.2%
0%
USA 100.6
100
90
-0.1%
Zone € 99.4
-0.3%
T3 11
90
2007
2008
2009
2010
2011
* G7 : USA, UK, Canada, France, Allemagne, Italie, Japon
Source : FMI, OCDE, Insee
85
T4 11
T1 12
T2 12
De la crise à la dette : aller et retour
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Perte de croissance due à la crise : 6-8 points
environ 900 Md$ (750 Md€) qui ne seront pas comblés
USA (indice 100 en 2005)
115
Tendance
110
Perte PIB
- 6%
900 Md$ (750 Md€)
105
PIB
100
PIB de la zone € :
environ 9 500 Md€
(12 000 Md$)
PIB des USA :
environ 15 000 Md$
(11 000 Md€)
95
2005
Source : OCDE, calculs M. Husson
2006
2007
2008
2009
2010
2011
De la crise à la dette : aller et retour
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Transfert de dette privée à l’Etat : l’explosion…
et une bonne affaire pour les banques !
USA
Depuis 2008
+ 4 700 Md$
(3 500 Md€)
Zone € (à 17)
Depuis 2008
+ 1 400 Md€
et 800 Md€
en 2011
et aussi en 2012
Au total
gonflement de la dette
de plus de 5 000 Md€
pour les pays avancés
Source : Eurostat, OCDE
De la crise à la dette : aller et retour
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Mécanisme global de transformation de la dette privée
en dette publique (socialisation des pertes)
Banques
privées
Fonds injectés
(contre actifs toxiques)
Etats
& Banques
centrales
–
+
Emprunts (dette)
Dépenses fiscales*
Baisse des recettes
Fonds renfloués
Marges étoffées
Intérêts (déficit)
* Dépenses fiscales = niches fiscales recensées et déclassées + dérogations diverses, tout cela faisant baisser les recettes
De la crise à la dette : aller et retour
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Banques européennes : très exposées aux risques souverains,
qui entraîneront inévitablement les banques locales
Grèce
60 Md€
+ Irlande
+ Portugal
80 Md€
Source : FMI (Rapport sur la stabilité financière, septembre 2011)
+ Belgique
+ Espagne
+ Italie
200 Md€
+ Banques
locales
300 Md€
De la crise à la dette : aller et retour
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Zone euro : le cercle vicieux d’une triple crise
concomitante
Crise
économique
et systémique
Baisse
de l’activité
et de l’emploi
Soutenir
l’activité
Crise de
gouvernance :
Incapacité à…
Crise
bancaire
Solvabilité
et liquidités
des banques
Crise
souveraine
Dépréciation des obligations publiques
Coût du sauvetage des banques
Source : d’après Alternatives économiques (hors série n°90, 4e trim. 2011)
Solvabilité
des États
De la crise à la dette : aller et retour
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Anatomie de la dette publique française en 2011 :
Combien ? Qui la détient ? Quel besoin de financement de l’État ?
France : besoin de financement
de l’État en 2011 (en Md€
Déficit
budgétaire
(hs int.)
45
Total 2011
187 Md€
Intérêts
47
Source : Agence France Trésor
Titres à
échéance
95
De la crise à la dette : aller et retour
Impact de la baisse des recettes sur la dette et le déficit :
patent avant la crise (2007), aggravé avec la crise
Baisse des
recettes
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De la crise à la dette : aller et retour
Mécanismes d’amplification de la dette
•
•
•
•
Recours de l’Etat aux marchés financiers (interdiction de faire appel aux
Banques centrales depuis 1973 en France et article 123 du Traité européen) :
effet à la hausse des taux d’emprunt
Injection massive de fonds aux banques dans la crise de 2008-2009 sans
contrôle public sur l’affectation des ressources allouées
Baisse des recettes de l’Etat amplifiée par la baisse de l’activité
Effets de la politique fiscale dégressive des États:
 En faveur des grandes entreprises (nominal : de 45 à 33% de 1990 à 2010)
 En faveur des privilégiés (ex. ISF amendé, tranches fiscales,
taux effectif inférieur à 20% pour le Top 1%)
 Niches fiscales (recensées et déclassées) : 145 Md€ en France
 Recettes fiscales : 15,4% du PIB en 2007 contre 22,5% en 1982 (par contre
dépenses quasiment stables)
► Redistribution de la richesse…
… au profit des plus riches
11
De la crise à la dette : aller et retour
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2. La facture à payer :
considérablement alourdie par les inégalités
« Un système favorable aux très riches
donne des résultats décevants pour le travail de tous les autres.
Au sommet, en quelques dizaines d’années,
on s’en est sorti comme des brigands,
et tous les autres doivent maintenant régler l’addition »
The Economist (26 octobre 2011) *
“ A system that works well for the very richest has delivered returns on labour that are disappointing
for everyone else (…) The people at the top have made out like bandits over the past few decades,
and now everyone else must pick up the bill ”
De la crise à la dette : aller et retour
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Baisse des recettes accentuée depuis les années 2000
sans augmentation notable des dépenses de l’État (en % du PIB)
France : dépenses et recettes de l’État (en % du PIB)
Récession
1992-93
Crise
2008-09
Depuis 25 ans,
les dépenses
se situent à 23%
environ du PIB
24%
22%
Dépenses
20%
18%
Recettes
Les recettes
chutent de 22%
à 16% du PIB
16%
14%
1980 1982 1984 1986 1988 1990 1992 1994 1996 1998 2000 2002 2004 2006 2008 2010
Source : Insee (comptes nationaux de l’Etat)
De la crise à la dette : aller et retour
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Fiscalité allégée sur les profits des entreprises, partout
En 15 ans, le taux d’IS
baisse de 15 points
dans le monde
La Russie
et l’Europe de l’Est
tirent les taux d’IS
vers le bas
Source : KPMG Corporate and Indirect Tax Survey 2011
De la crise à la dette : aller et retour
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USA : mieux vaut être dans le Top 1% que parmi les 99%
USA : revenu réel moyen après impôt
(indice base 100 en 1979
Top 1%
375
360
320
280
240
200
160
99% restant
135
120
80
79 81 83 85 87 89 91 93 95 97 99 01 03 05 07
Source : Atkinson, Piketty & Saez (Journal of Economic Literature , mars 2011) ; Uwe E. Reinhardt (site New York Times, Economix)
Site The Economist, CBO (Congressional Budget Office, Département budgétaire du Congrès des USA) : rapport octobre 2011
De la crise à la dette : aller et retour
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France : mieux vaut être riche et capitaliste (ou rentier)
que pauvre et salarié (ou chômeur)
Évolution des revenus moyens par classe
et répartition globale (2004-2007)
Les plus riches (0,01%)
+40%
Très aisés (0,09%)
+28%
Aisés (0,9%)
+18%
Hauts revenus (9%)
90% de la population
+11%
+9%
En 2009, 8 millions de personnes (13,5% de la population)
vivaient dans la pauvreté avec 908 € par mois ou moins
Part des revenus de 1%
Part des revenus de 90%
Source : étude Insee sur les très hauts revenus (THR : 1% des contribuables), Julie Solard, avril 2010
+9.1%
-0.9%
De la crise à la dette : aller et retour
Grandes fortunes : pas d’austérité dans la crise
Au contraire, le nombres de fortunes progresse bien
Source : Merril Lynch & Bank of America (via Revue Banque, n° 741, novembre 2011)
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De la crise à la dette : aller et retour
Inégalité fiscale en France :
impôt fortement dégressif pour les plus riches
Source : Fondation Copernic : « Un impôt juste pour une société juste » (éd. Syllepse)
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De la crise à la dette : aller et retour
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« Création de valeur » pour les actionnaires du CAC 40 :
près de 260 Md€ de 2006 à 2010, malgré la crise
CAC 40 (en Md€)
2006
2007
2008
2009
2010
Capitalisation boursière *
1 230
1 417
805
996
1 002
Variation de la capitalisation
+321
+187
-612
+191
+6
39
41
35
36
40
+ Rachat d'actions
7
13
11
1
3
- Augmentation de capital
-9
-14
-10
-24
-4
358
227
-576
204
45
358
585
9
213
258
+ Dividendes perçus
= « Création de valeur »
Cumul
* Moyenne du mois de clôture
Source : étude Ricol Lasteyrie (2011)
De la crise à la dette : aller et retour
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Niches fiscales (recensées et déclassées) :
environ 145 Md€, soit 95% du déficit annuel de l’Etat
Dépenses fiscales 2011 (niches en Md€)
TIPP 6,2
ISF 2,2 Divers 3,5
TVA
15.3
Total
des niches
145 Md€
IRPP
50.3
Source : Alternatives économiques (septembre 2011) ; Katia Weidenfeld : À l’ombre des niches fiscales (Economica 2011) ;
Projet de loi de finances 2011 (Assemblée nationale)
IS
67
De la crise à la dette : aller et retour
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Déficit budgétaire : 4 points de PIB (environ 80 Md€)
induits par les nombreux cadeaux fiscaux
Déficit budgétaire en % du PIB
0.8%
0.6%
1%
0.2%
0%
-0.7%
Cadeaux
fiscaux
-1%
-2.0%
-2%
-1.5%
-2.1%
-3.0%
-3.0%
-2.3%
-3%
-2.7%
-2.9%
-3.1%
-4%
-4.1%
Hors
cadeaux fiscaux
◄ -3,3%
-3.3%
-3.6%
Déficit induit
par les cadeaux
fiscaux :
4 points de PIB
-5%
-6%
-7%
Déficit constaté
◄ -7,5%
-8%
2000
2001
2002
2003
2004
2005
2006
2007
Source : Rapport Carrez à l’Assemblée nationale (juin. 2010) ; M. Husson (hussonet : note 17)
2008
2009
De la crise à la dette : aller et retour
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3. La crise, le déficit et la dette :
« la politique des caisses vides »
Le déficit engendré par la baisse des impôts
apparaît comme un formidable moyen de pression pour contraindre l’État
à rétrécir. Il n’y a en vérité aucun autre moyen que cette pression »
Guy Sorman (La solution libérale, 1984)
« Si vous ne connaissez pas une véritable crise, inventez-la ! »
Ruth Richardson, ex ministre des Finances de la Nouvelle-Zélande (à Davos en 1997)
« Il n’y a rien de pire que de gâcher une bonne crise »
Thomas Enders, PDG d’Airbus (à Davos, en janvier 2012)
De la crise à la dette : aller et retour
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Profits en croissance mais relativement peu réinvestis :
où sont-ils donc allés ?
Taux de marge et d‘investissement USA + Europe + Japon (en % du PIB) 1960-2011
Années 1990-2000 :
mondialisation libérale
35%
Taux de marge
30%
- Dividendes
- Consommation de luxe
Capitaux
disponibles
25%
- Spéculation financière
20%
Taux d'investissement
Retournement
1973-75
15%
1960
1965
1970
1975
1980
1985
1990
1995
2000
Source : données tous secteurs Ameco (com. européenne) traitées par M. Husson
Taux de marge = résultat d’exploitation/VA ou équivalent ; taux d’investissement = FBCF/VA
2005
2010
De la crise à la dette : aller et retour
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Depuis 2009 : relance des marges et bénéfices,
effondrement des investissements
USA
Japon
40%
25%
40%
25%
35%
20%
35%
20%
15%
30%
30%
05
06
07
08
09
10 11p
Source : OCDE, Eurostat (moyennes annuelles en % de la VA)
15%
05
06
07
08
09
10 11p
De la crise à la dette : aller et retour
25
Les recommandations (pressantes) de la BCE
•
•
Mario Draghi, Président de la BCE
« Les responsables politiques doivent
corriger les déficits excessifs et dégager
des budgets équilibrés au cours des années
à venir, en déterminant et en mettant en
œuvre les mesures d’ajustement
nécessaires »
« Les réformes du marché du travail doivent
s’attacher à éliminer les rigidités et à
accentuer la flexibilité des salaires. Les
réformes des marchés de produits doivent
viser à leur ouverture complète à une
concurrence accrue »
Editorial du Bulletin de la Banque
centrale européenne (décembre 2011)
De la crise à la dette : aller et retour
Conclusions provisoires : comprendre pour agir
•
•
•
Déficit et dette publics plongent leurs racines dans la baisse des recettes
(et non principalement dans l’augmentation des dépenses), avec 3 sources :
 Effet mécanique de la récession
 Sauvetage des banques
 Baisse de l’impôt des grosses entreprises et des particuliers privilégiés
Augmenter les recettes passe d’abord par une politique fiscale fortement
progressive sur les profits (entreprises) et sur les revenus et patrimoines (particuliers
privilégiés du top 1%)
Augmenter les recettes passe aussi par une politique sociale favorisant :
 Le pouvoir d’achat, par des hausses des salaires, des retraites et des pensions
 L’emploi, par le partage du temps de travail
► Concernant dette et déficit, 3 mesures essentielles s’imposent :
 Monétisation de la dette (recours à l’emprunt auprès des banques centrales)
 Constitution d’un secteur bancaire public pour maîtriser le crédit et l’investissement
 Moratoire suspendant les remboursements et audit de la dette pour y voir clair
sur son gonflement (aboutissant à l’annulation de la dette illégitime)
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De la crise à la dette : aller et retour
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