NOURRIR LES HOMMES

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NOURRIR LES HOMMES

Béatrice CHEUTIN
PLP Lettres Histoire
L.P. J. Moulin BÉZIERS


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NOURRIR LES HOMMES
Comment assurer la sécurité alimentaire de
tous les hommes tout en préservant les besoins
des générations futures?
Une agriculture nourricière et durable est elle
possible?


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1. Une population globalement mieux
nourrie malgré la croissance
démographique…


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• Premier constat : la croissance exponentielle de la population
au XXème siècle (la population est passée de 2,5 milliards
d’hommes en 1950 à 6,7 milliards aujourd’hui) s’est
accompagnée d’une évolution de la production agricole qui a
permis, globalement, une amélioration de la situation
alimentaire dans le monde (jusqu’en 2007). Pourtant, la FAO
(organisation des Nations Unies pour l’alimentation et
l’agriculture) indique que 963 millions de personnes sont sous
alimentées dans le monde fin 2008, alors que la terre pourrait
nourrir le monde (la sous-alimentation est une question de
répartition, non de disponibilité alimentaire).


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G.F.DUMONT, Population et Avenir Septembre- Octobre 2008 n°689


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… mais il subsiste de graves
insuffisances

G.F.DUMONT, Population et Avenir Septembre- Octobre
2008 n°689


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et des inquiétudes nouvelles.
http://www.lemonde.fr/organisations-internationales/infographie/2008/04/18/crise-alimentaire-un-defimondial_1035456_3220.html

Site du journal 20 minutes (14.04.2008)


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La répartition des personnes sous alimentées dans le monde montre qu’elles sont
majoritairement en Afrique subsaharienne et en Asie (même si sur ce continent la
situation s’est améliorée). On y retrouve beaucoup de pays concernés par de
violents conflits civils ou politiquement divisés (RDC, Soudan, Yémen,
Guatemala…).
Récemment, la situation de la sous alimentation dans le monde s’est dégradée.
L’augmentation du prix des denrées alimentaires en 2007-2008 a conduit à une
véritable crise. Le nombre et la proportion de personnes sous alimentées dans le
monde est en hausse (963 millions fin 2008 contre 850 millions en 2007 - 15% en
2008 contre 13,8% en 2003 –chiffres FAO). Jusqu’à présent on continuait d’avoir
faim sur la planète mais essentiellement dans les campagnes. Ce sont maintenant
les populations des villes des pays du sud qui sont concernées. Cette situation a
entraîné des émeutes de la faim. Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette
situation parmi lesquels :
- l’envolée du coût des énergies et donc du carburant (révélatrice de la
mondialisation des échanges agricoles),
- le poids que font peser sur l’offre mondiale des pays émergents comme l’Inde ou
la Chine, qui sont passés du statut d’exportateur de céréales à celui d’importateur
(à mettre en relation avec l’augmentation de la consommation de viandes :
l’alimentation animale absorbe 3 à 5 kilos de céréales par kilo de viande),
- la concurrence des agro carburants.


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2. Augmenter la production agricole
A. Augmenter les rendements, améliorer la
productivité
De 1980 à 2003: la population a augmenté de 40%
les terres cultivées ont augmenté de 6%

Agriculture
productiviste
(Europe, États Unis)

Révolution verte


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• À partir de ce constat, on peut poser la question suivante :
pourquoi les progrès de l’agriculture, qui ont permis de réels
progrès en ce qui concerne l’alimentation du monde, ne
sont-ils pas suffisants pour nourrir tous les êtres humains ?
• C’est bien l’augmentation des rendements qui a permis de
faire face à la nouvelle demande. Depuis environ trois
décennies, le solde des terres défrichées pour l’agriculture et
celles perdues par l’érosion et l’urbanisation est quasiment
nul. Il n’y a pas eu à l’échelle mondiale de hausse significative
des surfaces cultivées.
• Dans les pays développés c’est l’agriculture productiviste (cf
situation : l’agro-business aux États-Unis), dans les pays du
Sud l’agriculture intensive avec la révolution verte (cf
situation : l’Inde, plus d’un milliard d’hommes à nourrir) qui
ont permis et permettent de produire plus.


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Le marché alimentaire mondial
B. S’intégrer aux marchés ?
Les agriculteurs américains représentent 0,3%
des agriculteurs du monde, exploitent 15%
des terres cultivées du monde et produisent
suffisamment pour nourrir 290 millions
d’Américains et être les premiers exportateurs
mondiaux de produits agroalimentaires.


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• 60% de ces échanges sont assurés par les pays développés qui
vendent leurs excédents agricoles et le produit de leurs
industries agroalimentaires. Des entreprises transnationales
intègrent l’ensemble des activités depuis la production de
l’alimentation de l’animal jusqu’à la transformation de celui-ci.
Ces grandes multinationales des pays riches peuvent exercer
une partie de leur activité dans les pays du sud.
• Certains pays du sud ont orienté leur agriculture vers les
cultures d’exportation et alimentent le marché des pays du
nord.


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Des agricultures de plus en plus
intégrées

Doux , premier groupe européen de volailles et de produits transformés à base de
volailles compte désormais au Brésil 8000 salariés, 5 usines d’aliments pour volaille,
4 abattoirs et collabore avec 3500 éleveurs.


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• L’agriculture productiviste est tournée vers les marchés
internationaux. Des productions agricoles bon marché,
s’appuyant sur la possibilité de transporter d’énormes
tonnages de façon sûre et peu onéreuse ont pu être
envisagées, entre autres, comme une des réponses à la
question alimentaire. Les échanges mondiaux de produits
agricoles et agroalimentaires ont explosé (multiplication par
15 de leur valeur en 40 ans).


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L’impact de l’ouverture du marché mondial: la
destination du riz en Thaïlande


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3. Quelles
agricultures,
quelles
productions?

Plantation des ignames, à la houe, en Afrique tropicale, 2000

Semis de pomme de terre dans les Andes, 2001

Moisson du blé dans l’Etat de Washington,
Etats-Unis, 1999


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Il y a actuellement 1 milliard 347 millions d’agriculteurs dans le monde.
- 30 millions travaillent à une agriculture qui ressemble à celle que l’on voit sur
l’image du bas (États-Unis), qui utilise la motomécanisation et l’arsenal des
intrants.
- 300 millions travaillent à une agriculture qui ressemble à celle que l’on voit sur
l’image centrale (Amérique du sud), qui utilise l’agriculture attelée et s’exerce sur
quelques dizaines d’hectares,
- 1 milliard pratique une agriculture manuelle à l’aide de bêches et de houes
(parmi eux près de la moitié ont accès au paquet technologique de la révolution
verte et l’autre moitié ne peut pratiquer qu’une agriculture bio sans en avoir le
label).
Les rendements sont bien sûr extrêmement différents avec 10 à 20 000 quintaux
de grains à l’hectare aux États-Unis, 100 à 150 quintaux à l’hectare dans les Andes
et dans le dernier cas des situations très variables.
Est-il normal de mettre en concurrence sur un même marché des agricultures au
rendement si différent ? Concurrence particulièrement déloyale puisque les
grandes agricultures du monde (Etats Unis, Europe, Chine…) se sont développées à
l’abri des frontières maintenues sous contrôle et grâce à des politiques publiques
soutenant la modernisation de la production et la régulation des marchés


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A-t-il cultivé du cacao ou du coton? Il en tirera peut-être quelques pièces quand les boursicoteurs
de Paris ou de Londres et les bureaucrates de Cotonou ou d'Abidjan auront fini de se servir. A-t-il
semé du fonio ou du mil? Il trouvera difficilement où écouler les quelques sacs qu'il n'aura pas
consommés: les céréales européennes ou américaines auront déjà occupé le marché. Voilà que
notre dago (ainsi appelle-t-on paysan en Côte-d'Ivoire), déjà perclus de courbatures et de
rhumatismes et qui n'a que sa houe pour gratter la terre, est mis en concurrence, sur son propre
marché, avec les fermiers du Middleest américain et les paysans de la Beauce!
Il y a un ou deux ans, après des efforts surhumains d'organisation et financement, Timbi-Madina,
un village du Fouta-Djalon, en Guinée, avait réussi à produire une pomme de terre d'excellente
qualité et en quantité suffisante pour fournir Conakry. La Hollande aussi, hélas, avait produit de la
pomme de terre cette année-là et tellement que l'Union européenne avait dû stocker sa
surproduction. Elle en fila une partie à la Guinée sous forme d'aide. Le gouvernement guinéen
l'écoula à un prix trois fois moins cher que celui de la pomme de terre produite localement. Voilà
comment a fini la pomme de terre de Timbi-Madina: suffisamment avariée sur place pour
n'intéresser que les rats des champs.
On parle beaucoup d'unité et de renaissance africaines aujourd'hui. Nobles projets, sans doute,
mais qui n'aboutiront que le jour où nous aurons le courage de commencer par le
commencement: rendre le marché agricole africain au paysan africain!


T. Monenembo, L'Autre Afrique, juillet 2001.


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• « Dans les années 90, le libéralisme s’est imposé comme un
principe à appliquer également dans le domaine agricole.
Chaque fois qu’un pays avait du mal à rembourser sa dette, le
FMI et la Banque Mondiale faisaient du désengagement de
l’État une condition de leurs aides : arrêt des soutiens à
l’agriculture vivrière-coûteuse et qui « ne rapporte rien »,
soutien aux productions tropicales exportables qui devaient
permettre d’obtenir des devises et par conséquent de
rembourser les dettes » (B. Parmentier, Nourrir l’humanité).
C’est cette situation qui est dénoncée par le CCFD, première
ONG française pour le développement. Elle propose
notamment de généraliser le soutien aux agricultures, de
réintroduire des politiques agricoles adaptées à chaque
situation, de laisser les agricultures se développer à l’abri de
frontières maintenues sous contrôle.


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• La crise alimentaire montre que cette mondialisation du commerce des
produits agricoles ne garantit pas non plus l’accès pérenne à une
alimentation abordable pour la population urbaine des pays du Sud.
• Augmenter la productivité peut, de plus, avoir des conséquences
environnementales graves : épuisement de la ressource en eau, des sols,
pollution des nappes phréatiques… Pour nourrir 9 milliards d’humains à
l’horizon 2050, la production agricole doit augmenter mais elle ne peut
plus le faire sur les schémas productivistes qui ont prévalu jusqu'à
maintenant.
• Des techniques agricoles alternatives, une agriculture à haute intensité
environnementale, une deuxième révolution verte… L’idée développée par
plusieurs spécialistes (M. Dufumier, B. Parmentier, M. Griffon) est que l’on
peut remplacer la plupart des apports artificiels par des apports naturels.


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Daewoo se paie Madagascar
Nous voulons planter du maïs pour assurer notre sécurité alimentaire. Dans notre monde, la nourriture
peut être une arme. Nous pourrons soit exporter nos cultures vers d'autres pays, soit les envoyer vers la
Corée du Sud en cas de crise alimentaire.» Hong Jong-wan, l'un des responsables de Daewoo Logistics, la
filiale agricole du géant coréen, ne mâche pas ses mots. Oui, la nourriture est aujourd'hui une arme. Et
c'est pour cela que Daewoo a mis la main sur 1,3 million d'hectares à Madagascar, soit la moitié des
surfaces arables du pays. Ou une superficie équivalente à celle de l'Ile-de-France ! La compagnie compte
planter du maïs sur 1 million d'hectares pour en produire 4 millions de tonnes par an. Et convertir les 300
000 hectares restants en plantations de palmiers à huile, l'objectif étant d'atteindre les 500 000 tonnes. La
Corée du Sud est riche, certes, mais elle n'a pas assez de terres pour nourrir sa population. C'est le
quatrième importateur de maïs (elle en achète 11 millions de tonnes tous les ans) et l'un des dix premiers
acheteurs de soja.
Alors il faut bien trouver des champs ailleurs.
Le pays du Matin-Calme s'intéresse aussi à la Mongolie, où un projet de ferme de 270 000 hectares est à
l'étude. On parle encore du Soudan ou de l'Argentine. Mais Madagascar et ses vastes terres non
défrichées représente une aubaine. D'autant que, d'après le «Financial Times», qui a révélé l'information,
Daewoo ne paierait rien au titre de la location (un bail pour... 99 ans, tout de même !). La société s'est
seulement engagée à financer la mise en valeur des terres, soit 6 milliards de dollars d'investissement sur
vingt-cinq ans.
Les retombées pour l'économie locale ? Impossibles à mesurer, la production étant de toute façon
destinée à l'exportation, et non au marché local.
A Madagascar, 70% de la population vit au-dessous du seuil de pauvreté. La moitié des enfants de moins
de 3 ans souffrent de retard de croissance dû à la malnutrition.
Doan Bui, Le Nouvel Observateur, 24 décembre 2008


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4. Produire mieux
Des modèles plus respectueux voient le jour
La FAO (Organisation des Nations Unies pour
l’alimentation et l’agriculture) préconise la mise
en place dans les pays du Sud de pratiques
adaptées aux moyens des paysans pauvres et
spécifiques aux conditions naturelles et socioéconomiques de chaque région.
Agriculture raisonnée
- Agriculture bio (rendements 30 à 40% inférieurs
à l’agriculture conventionnelle)


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Le Monde Dossiers et Documents, n°372, Février 2008