Classes coopératives à évaluation par compétences

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Transcript Classes coopératives à évaluation par compétences

Bibliothèque des expérimentations pédagogiques
NICE
10/02/2015
Classes coopératives à évaluation par
compétences
(Expérimentation art.34)
Collège La Marquisanne
RUE BELLE VISTO QUA ESCAILLON , 83200 TOULON
Site : http://www.ac-nice.fr/college-marquisanne/
Auteur : Cindie Bénard
Mél : [email protected]
Action dont les ressorts sont l'autonomie, la coopération et l'entraide entre les élèves dans une perspective de construction
des compétences du socle commun et des programmes au travers d'une pédagogie individualisée.
Plus-value de l'action
Évolution très positive du rapport des élèves à l'activité de classe, aux apprentissages et à l’École : prise de confiance,
interactions dans le groupe, prévention du décrochage, diminution de la violence.
Nombre d'élèves et niveau(x) concernés
2012-2013
- 2 divisions de 22 élèves et 20 élèves, en 6ème
- 1 division de 22 élèves en 5ème
Au total : 64 élèves
2013-2014
2 classes de 6e
2014-2015
2 classes de 6e
A l'origine
Cette action fait suite à un dispositif de classe coopérative initié par Mme Tornare, professeur de lettres, expérimenté deux
années consécutives, la dernière année avec un volet «évaluation par compétences» en français. Il s’agissait de renouveler
les pratiques de classe pour prévenir le décrochage constaté pour certains élèves dès l’année de 6e. Cette expérience a
montré que le dispositif de coopération trouvait tout son sens dans une pédagogie de la compétence et que la note constituait
un frein aux évolutions positives générées par le double dispositif coopération/ compétences. Il a donc été décidé de
généraliser l'évaluation par compétences à toutes les disciplines.
Objectifs poursuivis
- Améliorer les acquis et la motivation des élèves, éviter le phénomène de décrochage précoce, lutter contre l’échec scolaire.
- Recentrer les élèves sur leurs apprentissages en les rendant davantage conscients des objectifs à atteindre, de leurs
progrès et donc davantage acteurs et responsables de leurs apprentissages.
- Lutter contre les dysfonctionnements liés à l’échec scolaire et au manque d’intérêt pour le scolaire : violences, incivilités,
refus de travailler, phénomènes négatifs de groupe. Instaurer un climat de confiance, de respect, d’entraide et de coopération
entre les élèves et entre l’équipe éducative, les élèves et leur famille.
- Accroître la fréquentation de l’école par les parents et leur implication dans la scolarité de leur enfant. Etablir une relation de
confiance avec les familles en supprimant la pression exercée par la note.
- Apaiser les relations entre les élèves, entre les professeurs et les élèves,
- Avoir un meilleur outil d’analyse des résultats des élèves permettant de mieux cerner les difficultés et ainsi de pouvoir mieux
y remédier.
- Assurer une meilleure continuité pédagogique entre le primaire et le secondaire en développant une culture commune de la
compétence.
- Développer l’entraide et la coopération entre les enseignants également.
- Participer à la mutualisation des outils pédagogiques.
Description
La « classe coopérative par compétences » repose sur une interaction entre un dispositif coopératif et un dispositif par
compétences. Pour que l’interaction puisse se faire, on enlève la note qui est un frein à la coopération puisqu’elle induit de la
compétition entre les élèves et tend à dénaturer l’apprentissage en générant des postures figées.
Modalité de mise en oeuvre
1) Mise en place dans chaque matière d’un carnet de validation des compétences du programme élaboré à partir des
programmes de 6ème et de 5ème ainsi que du Socle commun des compétences et des connaissances. Ce carnet est tenu
par le professeur au fil de ses évaluations et de ses observations.
2) Le choix des couleurs : Pour une plus grande lisibilité, l’équipe a choisi le système des couleurs, déjà utilisé en primaire.
Quatre couleurs renvoient aux différents niveaux d’acquisitions : rouge = non acquis ; orange = en voie d’acquisition ; vert =
acquis ; bleu = expert (confirmé). Pourquoi quatre couleurs et non pas trois ? Le vert et le bleu permettent de distinguer deux
niveaux d’acquisition des compétences, et cela évite de se retrouver uniquement avec des compétences en voie d’acquisition.
En outre, dans le contexte de la 6ème coopérative, cela a facilité la coopération entre les élèves : les experts dans une
compétence accèdent au statut d’ « élèves ressources » et comme tels, ils interviennent auprès de leurs camarades lors des
séances en autonomie : ils les aident à faire leurs exercices par exemple. Tous les élèves de la classe parviennent à être
experts dans une compétence au moins, même les plus faibles.
3) Le bulletin : Création d’un bulletin trimestriel sans moyennes mais faisant la synthèse des compétences acquises par l’élève
dans chaque matière avec des appréciations détaillées dans chaque matière. Pour la note de vie scolaire, deux compétences
remplacent la note: Présence et Respect des règles. Une rubrique « Compétences transversales » apparaît également. Pour
ces deux rubriques, les mentions N.A., V.A., A et E (pour expert) sont accompagnées d’un commentaire les justifiant.
4) L’équipe a choisi en 2012-2013 de reprendre 9 compétences du Socle Commun qui permettent d’évaluer chaque élève
dans sa globalité. Une case est prévue sur le bulletin ainsi qu’un onglet dans Pronote. Le professeur principal s’est servi des
appréciations ainsi que des temps de concertations pour remplir le bilan trimestriel des CT. Les autres professeurs y ont accès
et peuvent proposer des modifications s’ils le souhaitent.
C.6 Respecter les règles de la vie collective
C.6 Comprendre l’importance du respect mutuel et accepter toutes les différences
C.7 Savoir s’auto-évaluer et être capable de décrire ses intérêts, ses compétences et ses acquis
C.7 Être autonome dans son travail : savoir l’organiser, le planifier, l’anticiper, rechercher et sélectionner des informations
utiles
C.7 Identifier ses points forts et ses points faibles dans des situations variées
C.7 S’engager dans un projet individuel
C.7 S’intégrer et coopérer dans un projet collectif
C.7 Manifester curiosité, créativité, motivation à travers des activités conduites ou reconnues par l’établissement
C.7 Assumer des rôles, prendre des initiatives et des décisions
5) Utilisation du logiciel Pronote, « Palier personnalisé », pour enregistrer les compétences et les résultats des élèves; création
d'onglets différents pour chaque discipline dans le menu déroulant des « Compétences personnalisées ».
6)La coopération avec les familles : lors des réunions parents-professeurs après les conseils de classe, les bilans de
compétences sont expliqués. On organise aussi des soirées des parents durant l’année.
Trois ressources ou points d'appui
-Une coopération plus étroite avec les enseignants de disciplines différentes et entre les enseignants des 1er et 2nd degrés.
Également une bonne cohésion de l’équipe engagée dans le projet. Le travail en équipe autour du professeur principal a
permis une bonne circulation des informations et une bonne réactivité par rapport aux difficultés rencontrées. La collaboration
avec le CPE responsable du niveau et le principal adjoint mais aussi les infirmières et l’assistante sociale été très étroite et a
permis d’assurer la cohérence du travail mais également de proposer des réponses adaptées aux problématiques
individuelles et collectives des élèves. En 2013-2014, nous avons fait des entretiens individuels de chaque élève avec deux
enseignants de l'équipe avant chaque conseil de classe afin
que chaque élève propose un bilan de son trimestre, ce qui s'est révélé très positif.
-L’évolution du regard porté par les enseignants sur leurs élèves et l’espace de liberté pédagogique laissé par le retrait de la
note. Par extension, l’innovation pédagogique induite par le projet, dans chaque discipline.
-La réaction positive de la plupart des parents et des élèves. La bienveillance et l’aide des corps d’inspection et du chef
d’établissement.
-La mutualisation: regards extérieurs de professeurs d’autres établissements qui ont permis de mieux appréhender les effets
du dispositif. Ils perçoivent parfois mieux ce qui est différent par rapport à leurs classes; les diverses communications auprès
des inspecteurs ou professeurs qui ont permis d’approfondir la réflexion et d’affiner les analyses en prenant du recul; les
contacts avec d’autres professionnels via Respire ou lors des rencontres académiques de l’innovation, la formation d’équipes
extérieures à l’établissement qui ont permis de rompre l'isolement.
Difficultés rencontrées
-Le projet nécessite un investissement important de la part des professeurs ; d’autre part il appelle aussi des temps de
concertation ente professeurs pour appuyer la coopération entre enseignants.
-D’abord expérimenté sur une classe de 6e le projet s’est étendu au niveau 5e en 2012-2013 pour se resserrer sur 2 classes
de 6e en 2013-2014. Son extension présuppose la constitution d’équipes volontaires et formées, dans la durée, ce que les
aléas des mutations et remplacements en cours d’année ne favorisent pas. Faute de continuité sur plusieurs niveaux il est
difficile d’envisager un suivi de cohorte quant aux effets à long terme et notamment sur l’orientation, l’ambition scolaire et
l’obtention du brevet. D’autre part l’absence de continuité sur plusieurs niveaux ne facilite pas l’adhésion des élèves: en
2012-2013, des élèves de 5e n’ayant pas participé au dispositif en 6° ont beaucoup moins adhéré au dispositif: comme ils
avaient été notés en 6°, ils n’ont pas compris pourquoi ils ne l’étaient plus en 5°. De la même manière, dans certaines
situations singulières, les élèves ne bénéficient pas des pratiques engagées : en 2012-2013, des élèves de 6° avec des
problématiques personnelles qui influent à tel point sur les apprentissages et le comportement que malgré le dispositif deux
d’entre eux sont passés en conseil de discipline et deux élèves ont décroché (absentéisme), l’une complètement, l’autre
partiellement. Il a été impossible de les évaluer au 3ème trimestre compte tenu de leurs absences. Sur ces 4 élèves, deux
d’entre eux sont arrivés en cours d’année et n’ont donc pas pu bénéficier complètement du dispositif. On constate aussi que la
coopération engendre un effet classe, une cohésion que des admissions d’élèves en cours d’année peuvent mettre à mal: en
2012-2013 accueil dans chaque classe de 6ème de 3 nouveaux élèves en cours d’année, sur les 3, deux ont dysfonctionné et
ont mis à mal le climat de la classe, ce qui a gêné les apprentissages dans une des deux classes de 6°.
-Le fonctionnement du conseil de classe et les sanctions ne sont pas en cohérence avec l’esprit du dispositif. Il est envisagé
d’inviter chaque élève en entretien individuel pour qu’il fasse un auto-bilan avant la tenue du conseil, ainsi que de donner la
possibilité aux élèves des classes coopératives d’assister aux conseils.
Moyens mobilisés
/
Partenariat et contenu du partenariat
/
Liens éventuels avec la Recherche
Lev Vygotski, Pensée et Langage La dispute, 1997
Evaluation
Evaluation / indicateurs
-Validation des compétences
-Comportement et posture des élèves
-Réception des élèves, familles, équipe pédagogique
-Evaluation par le Cardie
Documents
=> Bilan 2011-2012
URL : http://www.ac-nice.fr/pasi/articles.php?lng=fr&pg=170
Type : document
=> Bilan 2012-2013
URL : http://www.ac-nice.fr/pasi/file/Annexes2013/col_marquisanne_classescooperatives_2012-2013.pdf
Type : document
Modalités du suivi et de l'évaluation de l'action
Auto-évaluation, évaluation interne et externe
Effets constatés
Sur les acquis des élèves :
Les élèves ont une meilleure connaissance de leurs points forts et de leurs points faibles, ne se contentent pas du minimum,
s’entraident et coopèrent beaucoup, l’absence de compétition entre eux les rend plus solidaires dans toutes les situations en
classe et hors de la classe. Les élèves sont motivés et investis sur tous les dispositifs de remédiation et se sentent pris en
compte dans leur individualité : il est facile de différencier, ils ont la remédiation pour les points faibles et la coopération où ils
peuvent être ressources pour d’autres compétences, ils sont moins stressés par les évaluations. Dans les heures de vie de
classe, ils se sont beaucoup autogérés et autorégulés. Cela a donné d’excellents résultats pour une classe dans laquelle il y a
eu beaucoup de problèmes relationnels entre les élèves avec l’arrivée de nouveaux éléments très perturbateurs. On remarque
aussi qu’ils mesurent les compétences de leurs camarades tout comme ils mesurent les leurs, ils prennent ainsi l’initiative de
s’entraider et interagissent même en dehors des classes coopératives, dans la suite de leur parcours. Ils développent des
compétences de médiateurs qui participent à l’amélioration du climat scolaire dans et hors de la classe.
Sur les pratiques des enseignants :
Le changement de posture de l’enseignant a permis des évolutions pédagogiques. Cela demande beaucoup d’investissement
mais une fois que tout est mis en place, les classes fonctionnent bien. Il y a de nombreux rituels qui peuvent être difficiles à
installer mais qui ont un effet extrêmement structurant et qui permettent certaines acquisitions de se faire plus en profondeur:
Quoi de neuf ? Experts, impressions de lecture, pochettes de remédiations, conseils de vie de classe, plans de travail.
Sur le leadership et les relations professionnelles :
L'expertise de l'équipe est sollicitée par d'autres établissements, développement de la coopération et de la formation entre
pairs.
Sur l'école / l'établissement :
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Plus généralement, sur l'environnement :
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