Conditionnement - Union des oenologues de France

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Conditionnement
Savoir-faire :
Utilisation d’un contacteur membranaire
pour la gestion exacte des gaz dissous
Cet article se propose de présenter une synthèse du savoir-faire acquis
au cours de ces essais, notamment les connaissances de base,
les modes opératoires et les paramètres de contrôle du pilotage
d’un contacteur membranaire.
Résumé : L’oxygène est un facteur majeur de l’évolution des vins
et le gaz carbonique un support majeur de leurs qualités sensorielles.
Depuis plusieurs années, l’INRA UE Pech-Rouge et le LVWO de
Weinsberg (Allemagne) étudient la gestion des gaz dissous par
contacteur membranaire. Des essais sur solution modèle et vins
ont montré que les pertes en éthanol, esters et alcools supérieurs
étaient négligeables. Plusieurs modes opératoires ont été mis au point
dont certains permettent d’ajuster le CO2 à une teneur désirée tout
en désoxygénant simultanément le vin en un seul passage, couvrant
ainsi tous les cas de figures possibles sur les vins tranquilles.
L’efficacité des échanges gazeux produits grâce à un contacteur
membranaire permet de réduire sensiblement la consommation
de gaz par rapport aux techniques traditionnelles.
1. Description générale
d’un contacteur membranaire
Un contacteur membranaire est un nouvel outil qui permet, notamment,
la mise en œuvre des séparations liquide-gaz (Gabelman et Hwang,
1999). Le principal composant est un assemblage tissé de fibres creuses
hydrophobes. Seules les molécules gazeuses comme l’O2, l’N2 et le
CO2 peuvent traverser la barrière.
Le caractère hydrophobe de la membrane confère le rôle d’interface
entre la phase liquide qui circule à l’extérieur des fibres creuses (shell
side) et la phase gazeuse qui circule en sens inverse à l’intérieur
des fibres creuses (lumen side), empêchant le mélange des phases.
Le système peut être installé en amont d’une ligne d’embouteillage
ou dans un chai afin d’ajuster les concentrations en gaz du vin avant
stockage ou mise en bouteille.
Au centre de l’équipement se trouvent un ou plusieurs carters de
membranes en série afin de couvrir un débit de vin. Ces modules
permettent le transfert sélectif de gaz (Figure 1). Une pompe permet
la circulation du vin à l’extérieur de la membrane, tandis qu’un vide
est créé par une pompe à vide couplée ou pas à une circulation de gaz
neutre en sens inverse à l’intérieur de la membrane.
Abstract: Oxygen is an important factor in wine ageing, while carbon
dioxide is playing a major role in the sensory of wines. Membrane
contactors have been used to manage dissolved gases in wine for
several years at INRA UE Pech Rouge, France, and at LVWO Weinsberg,
Germany. Using Membrane contactors, the loss of ethanol, esters
and higher alcohols were shown to be negligible in trials on model
solution and on wine. Several procedures have been developed which
some of them allow to adjust CO2 to a specific level and to efficiently
deoxygenate during one passage. The gas consumption is significantly
reduced compared to other techniques. This article summarizes the
results on gas management with these different modes.
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par Andreas Blank(1, 2), Jean-Claude Vidal(2)
(1) Staatliche Lehr- und Versuchsanstalt für Wein- und Obstbau Weinsberg - Deutschland
(2) UE999 Pech-Rouge, INRA - 11430 Gruissan
Introduction
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Ces dernières années, plusieurs équipementiers ont commercialisé
des contacteurs membranaires pour la gestion des gaz dissous.
Certains de ces appareils ont été testés à l’institut LVWO de Weinsberg
(Allemagne) et à l’Unité Expérimentale INRA de Pech-Rouge.
Les mécanismes de base de contrôle des gaz dissous dans les vins
ont été présentés dans plusieurs articles antérieurs (Blank et al.,
2012 ; Vidal et al., 2004). L’ajustement des gaz dissous nécessite de
mesurer les teneurs en oxygène et en gaz carbonique et de définir
les teneurs à atteindre.
Dans la plupart des cas, l’oxygène doit être enlevé en prévention
des risques d’oxydation. Au contraire, le gaz carbonique doit être
ajusté à une concentration adaptée au style de vin désiré. On enlève
souvent un excès de CO2 dans les vins rouges, alors que dans les vins
blancs et rosés, on a besoin de remonter sa concentration.
Le contrôle et l’ajustement des gaz dissous peuvent être difficiles,
car tout contact avec l’atmosphère au voisinage du vin peut provoquer
un enrichissement ou une perte en gaz dissous non désiré.
Ce problème doit être pris en compte pendant et après l’ajustement
des gaz dissous, en particulier au moment crucial des opérations
du conditionnement qui peuvent modifier sensiblement les teneurs
en gaz dissous (Vidal et al., 2004).
Figure 1 : Schéma d’un contacteur membranaire
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2. Propriétés des membranes
leur solubilité suit des principes similaires en fonction de la pression
et de la température (Haynes et Lide, 2010 ; Sander, 1999).
Une température basse favorise la dissolution des gaz dans le vin
et une température haute est plus appropriée pour le dégazage.
Ainsi, la carbonication doit être améliorée entre 8 et 15° C, tandis qu’un
dégazage sera plus efficace entre 15 et 20° C (Blank et al., 2012).
Les membranes utilisées en gestion des gaz sont fabriquées en
polypropylène hydrophobe. La porosité des pores est de 0,04 µm,
soit approximativement 1/10ème de celle d’une membrane stérile
de filtration. Le transfert de gaz est alors optimisé. Les échanges
gazeux sont gouvernés par la loi de Fick. En raison du changement
d’état, les pressions partielles de la partie dissoute et gazeuse d’un
gaz tendent à s’équilibrer des 2 côtés de la membrane (Gabelman
et Hwang, 1999).
Le constructeur des membranes Liqui-cel (Membrana, USA) propose
différentes tailles de modules membranaires. Le module standard
d'environ 20 m2 de surface est optimal pour un débit de traitement
d’environ 2000 à 4000 L/h. Pour un traitement de carbonication,
le débit peut être augmenté jusqu’à 6000 L/h. L’efficacité en désoxygénation est réduite à des débits plus élevés. Comme dans tout système
de membranes, l’efficacité peut être augmentée en combinant plusieurs
modules (Sengupta et al., 1998).
4. Modes opératoires
Plusieurs modes opératoires pour piloter un contacteur membranaire
ont été identifiés (Sengupta et al., 1998 ; Tarafder et al., 2007) puis
évalués et adaptés aux vins (Blank et Vidal, 2012b ; Vidal, Vidal Vila,
et al., 2011). Il s’agit des modes Carbo, Strip CO2, Strip N2, Vide et
Combo qui sont décrits et expliqués dans les chapitres suivants.
4.1. Carbo
Le mode Carbo est utilisé pour augmenter la concentration en CO2
dissous du vin. Le CO2 est injecté sous pression dans le vin (Figure 2).
La sortie gaz de la membrane reste fermée. Pour une application
correcte, le liquide doit être en légère contre-pression. Le gaz et la
pression du liquide doivent être réglés de telle sorte que le CO2 injecté
se dissolve complètement dans le vin au cours du passage dans
la membrane. En sortie liquide, le vin doit circuler sans bulle de gaz.
Si des bulles sont visibles, il faut augmenter la pression du liquide
jusqu’à leur disparition. Dans ce cas, une baisse de pression du liquide
au cours de la filtration ou de la mise en bouteille pourrait entraîner
une désorption de CO2 et l’apparition de mousse dans le vin.
L’ajustement précis de la teneur en CO2 est assez facile à obtenir
(Figure 3). Plus on envoie de CO2 gazeux dans la membrane, plus on
en dissoudra dans le vin. Le CO2 peut être réglé à n’importe quel niveau.
L’utilisation de tireuses isobarométriques et d’outils de mesure
appropriés permettent même de produire des vins gazéifiés.
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3. La solubilité des gaz
Selon la loi d’Henry, la solubilité d’un gaz dans un vin est proportionnelle à sa pression. La constante de Henry est principalement
dépendante de la température. La solubilité d’un gaz augmente
quand la température diminue. Le Tableau 1 montre l’évolution
de la solubilité du dioxyde de carbone dans le vin en fonction de
la pression et de la température. Cette corrélation est très importante
pour le pilotage d’un contacteur membranaire comme nous le
montrerons plus tard. À 20° C et sous atmosphère de CO2 pur, environ
1400 mg/L CO2 peuvent être dissous dans le vin. L'oxygène peut
être dissous jusqu'à environ 8 mg/L et l’azote à environ 15 mg/L
dans l’air (20,9 % O2 et 79 % N2). Ces 2 derniers gaz sont au moins
100 fois moins solubles que le dioxyde de carbone. Néanmoins,
Tableau 1 : Solubilité du CO2 en fonction de la pression
et de la température
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Figure 2 : Schéma du mode Carbo
Figure 3 : Enrichissement en CO2 et désoxygénation par mode Carbo
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Cependant, le mode Carbo présente l’inconvénient majeur de ne pas
réduire les autres gaz comme l'oxygène et l’azote. Ainsi, ce mode
de fonctionnement est surtout réservé aux fortes carbonications
(CO2 final > 1,5 g/L). Ce n’est donc pas le mode à recommander
usuellement pour les vins tranquilles.
4.3. Strip N2
4.2. Strip CO2
Le mode Strip CO2 est également utilisé pour augmenter la teneur
en CO2 des vins. Par rapport au mode Carbo, la sortie gaz est ouverte
donc en contact avec l’air (Figure 4). Le gaz vecteur s’écoule dans la
membrane. Sa très bonne perméabilité aux gaz permet à une partie
du CO2 de traverser la membrane, tandis que l’oxygène et l’azote
peuvent diffuser à travers la membrane dans la direction opposée
du vin vers le gaz vecteur, puis évacués vers l’atmosphère à la sortie
gaz. Quant au CO2, il diffuse dans le vin jusqu’à ce que la solubilité
maximale soit atteinte. L’enrichissement en CO2 dissous du vin est
donc limité par la solubilité maximale possible qui dépend surtout
de la température (1450 mg/L à 20° C et environ 1800 mg/L à 12° C),
comme observé sur la Figure 5. Comme tout le CO2 injecté ne se dissout
pas dans le vin, les autres gaz sont évacués vers la sortie par cet excès
de CO2.
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Le mode Strip N2 est adapté à la réduction simultanée du gaz
carbonique et de l’oxygène. L’azote est le gaz vecteur. La sortie gaz
reste ouverte pour éliminer les gaz éliminés dans la membrane
(Figure 6). Le flux d’azote circulant dans le lumen side force le CO2
et l’oxygène à diffuser à travers la membrane du vin vers le lumen
side. L’azote circule en sens inverse du lumen side vers le vin, mais
en faible quantité car il est peu soluble. À la sortie gaz, le gaz qui
s’échappe contient de l'azote, du dioxyde de carbone et de l'oxygène
provenant du vin. En comparaison avec d’autres techniques, les vins
ne moussent pas car les gaz sont séparés du liquide et retirés à travers
la membrane. La réduction de CO2 est dépendante du débit d’azote
Figure 6 : Schéma du mode Strip N2
Figure 4 : Schéma du mode Strip CO2
Le mode Strip CO2 est un bon choix pour augmenter le dioxyde de
carbone jusqu’à sa solubilité maximale. Mais, pour que l’élimination
de l’oxygène soit quasi complète, il faut s’assurer que la quantité
de CO2 qui circule dans le lumen side soit supérieure à la quantité
à dissoudre. Cet excès de CO2 sert à entraîner les autres gaz dont
l’oxygène qui s’échappent du vin.
appliqué. Plus on augmente le débit d’azote dans le lumen side et plus
on diminue la teneur en CO2 dissous. L’oxygène est retiré plus rapidement que le dioxyde de carbone. Au ratio de 0,1 kg N2 pour 1000 L
de vin, la teneur en oxygène dissous est réduite de 80 %. Pour une
réduction de CO2 dissous de 50 %, environ 0,5 kg N2 pour 1000 L
de vin sont nécessaires (Figure 7).
4.4. Vide
Le mode Vide est aussi utilisé pour désoxygéner et décarboniquer
en même temps. Le fonctionnement est similaire au mode strip N2
(Figure 8). On remplace l’azote par le vide pour diminuer les pressions
partielles en CO2 et O2. Le taux de réduction en gaz dissous est alors
dépendant de la dépression atteinte et du débit de liquide. Plus forte
sera la dépression et meilleure sera le dégazage du vin. À cause de
sa plus faible solubilité, l’oxygène sera plus facile à enlever que le
CO2. La Figure 9 montre l’efficacité en dégazage du mode vide utilisé
sur un contacteur de 20 m2 du débit de liquide. L’élimination des 2 gaz
est plus forte aux faibles débits de liquide.
Figure 5 : Enrichissement en CO2 et désoxygénation
par mode Strip CO2 à 12° C
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Figure 7 : Décarbonication et désoxygénation en mode Strip N2
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4.5. Combo – Mode avec CO2
Le mode Combo CO2 est le mode le plus complexe mais aussi le plus
polyvalent. Le CO2 est le gaz vecteur (Figure 10). Ce mode est une
combinaison des modes Strip CO2 et vide. Le pilotage se fait par
le réglage de la pression et du débit de gaz vecteur, ici du CO2.
Comme vu sur la Figure 11, la concentration en CO2 dissous peut être
précisément ajustée par le réglage de la pression du gaz vecteur.
L’oxygène est réduit efficacement durant l’opération indépendamment
de la valeur cible en CO2 dissous. Un débit de gaz volontairement
réglé en excès de 0,2 kg CO2 / 1000 L de vin traité ne traversera pas
la membrane mais permettra l’élimination efficace de l’oxygène.
Plus le vide sera intense et plus basse sera la pression du gaz vecteur
et plus basse sera la solubilité du CO2 dans le vin. La pression du gaz
vecteur sera déterminée en fonction de la température de sorte à
atteindre la teneur cible en CO2 dissous.
de gaz sera ajusté à 0,84 kg / 1000 L de vin. Pendant le transfert de
1000 L de vin, 0,65 kg sera transféré dans le vin et 0,20 kg sera utilisé
pour évacuer l’oxygène enlevé.
Contrairement aux modes Strip et Carbo, de petits changements de
débit de liquide n’ont qu’une influence minime sur la teneur atteinte
en CO2 dissous à la fin du traitement. La raison est que cette teneur
cible en CO2 dissous est principalement contrôlée par la pression
du gaz vecteur.
Figure 10 : Schéma du mode Combo CO2
Figure 8 : Schéma du mode vide
Figure 11 : Évolution de la teneur en CO2
et désoxygénation en mode Combo CO2
Grâce à l’ajustement simultané des teneurs en CO2 et en O2, ce mode
présente l’avantage supplémentaire de réduire sensiblement
la consommation de gaz d’inertage en comparaison des techniques
qui désoxygènent au premier passage puis réajustent le CO2
au cours d’un deuxième passage (Blank et Vidal, 2012b).
Figure 9 : Décarbonication et désoxygénation
en mode Vide en fonction du débit liquide
Les 2 exemples suivants illustrent ces propos.
Exemple 1 :
Pour augmenter la teneur en CO2 dissous d’un vin à 12° C de 750 à
1000 mg/L, il faut appliquer une pression d’environ -0,4 bar à l’aide
d’une pompe à vide et un débit de gaz de 0,45 kg / 1000 L de vin.
Pendant le transfert de 1000 L de vin, 0,25 kg sera transféré dans
le vin et 0,20 kg sera utilisé pour évacuer l’oxygène enlevé.
Exemple 2 :
Pour augmenter la teneur en CO2 dissous du même vin à 12° C de
750 à 1400 mg/L, il faut appliquer une pression de -0,15 bar. Le débit
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5. Comparaison des différents modes
Un vin contenant 6,1 mg/L d’oxygène et 800 mg/L de gaz carbonique
a été traité par tous les modes opératoires présentés dans cet article.
Les Figures 12 et 13 (Page suivante) présentent une comparaison
directe sur le CO2 et l’O2 dissous finaux obtenus avec les 5 modes
opératoires. Il apparaît clairement que le Vide et le Strip N2 sont les
modes les plus efficaces pour enlever les 2 principaux gaz dissous.
Le mode Carbo augmente efficacement la teneur en CO2 dissous
des vins mais sans enlever l’oxygène. Le Strip CO2 permet de bien
carboniquer le vin mais la réduction en oxygène est nettement
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Figure 12 : Impact des différents modes opératoires
sur la teneur en oxygène dissous
La plupart des fabricants de contacteurs membranaires ne prennent
pas en compte la mesure de l’oxygène sur l’appareil. Toutefois, il est
recommandé de contrôler si la teneur en oxygène dissous cible dans
le vin a été atteinte en sortie du contacteur en ligne ou par prélèvement
d’échantillon. Les instruments disponibles sur le marché diffèrent
par le principe de mesure et par la possibilité d’automatisation en
ligne. L’investissement à prévoir est compris entre 1 500 et 15 000 €.
En tous cas, il est important d’éviter un enrichissement d’oxygène
après traitement par contacteur membranaire à la cuve de réception.
En particulier dans le cas du mode vide utilisé sur vin froid, une reprise
en oxygène dissous peut être conséquente si aucune protection
contre l’oxygène atmosphérique n’a été prévue.
Figure 13 : Impact des différents modes opératoires sur la teneur
en gaz carbonique dissous
6.3. Mesure du débit de liquide
Pour ajuster le CO2 dissous du vin, il est important de connaître
le débit de liquide (du vin), afin de pouvoir régler le débit du gaz en
fonction du débit de liquide. Il existe différents systèmes. Le choix
de l’appareil dépend de l’automatisation ou non du contacteur
membranaire et du coût du débitmètre.
insuffisante. Le mode Combo CO2 n’est pas aussi efficace en carbonication que les modes Carbo et Strip CO2 mais il est très efficace
pour enlever l’oxygène dissous.
Le Tableau 2 résume les effets des différents modes sur les 2 gaz
dissous considérés.
Par ailleurs, il est important de préciser que, quel que soit le mode
opératoire, les paramètres analytiques classiques tels l’éthanol, le pH,
les acidités totale et volatile et le SO2 n’étaient pas affectés après
traitement sur contacteur membranaire. De plus, à cause de leur
faible volatilité, les pertes en composés aromatiques du vin sont
négligeables en gestion des gaz par contacteur membranaire
(Blank et Vidal, 2012b).
6.4. Mesure du débit de gaz
Les débitmètres volumiques de gaz sont bon marché. Cependant
leur utilisation pour le contrôle des traitements par contacteur
membranaire est difficile, car le débit doit être corrigé de la pression
et de la température. Quoi qu’il en soit, le contrôle peut être réalisé
efficacement selon le principe simple : plus on augmente le débit
et plus on transfère de gaz. Un contrôle précis du débit de gaz est
possible seulement grâce à un débitmètre massique électronique.
La carbonication d’un vin peut être facilement calculée, car le débit
massique est indépendant de la température et de la pression.
Ces débitmètres sont plus chers que les débitmètres volumiques.
6. Contrôles et mesures durant
le traitement par contacteur
membranaire
Pour un contrôle précis du traitement par contacteur membranaire,
plusieurs outils de contrôle et de mesure sont nécessaires.
6.1. Analyse du gaz carbonique
Le CO2 peut être mesuré à l’aide d’un carbodoseur ou d’instruments
plus sophistiqués en ligne. Le dosage manuel du CO2 dissous fournit
une mesure suffisamment juste pour les besoins de l’œnologie en
contrôle de routine pour les vins tranquilles (Vidal, Gianduzzo et al.,
2011). Son coût est d’environ 150 €.
Les mesures en ligne sont plus précises et plus pratiques mais peuvent
nécessiter des investissements supérieurs à 10 000 €. Ces instruments
sont obligatoires pour une automatisation complète du contacteur
membranaire.
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6.5. Mesure du débit de gaz en sortie de membrane
Le contrôle du débit de gaz à l’entrée et la sortie du contacteur peut
être aussi simple que de mesurer précisément l’ajustement de la teneur
en CO2 dissous. La différence entre les 2 mesures est la teneur
transférée vers ou à partir du vin. C’est parce que dans ce cas un
changement de débit de gaz est lié essentiellement à un changement
de quantité de CO2. En effet, les quantités d’azote et d’oxygène mesurées
sont négligeables par rapport à celle du CO2.
Pour une désoxygénation efficace, le débit de gaz doit toujours être
contrôlé afin de vérifier qu’il y ait toujours un écoulement de gaz
en sortie gaz. Aucun fabricant ne propose la possibilité de contrôler
les débits de gaz à l’entrée et la sortie du contacteur membranaire.
Ainsi, il est difficile de mettre en pratique ces contrôles à ce jour.
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6.2. Analyse de l’oxygène
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Tableau 2 : Synthèse des impacts des différents modes opératoires
sur l’oxygène et le gaz carbonique des vins
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6.6. Mesures de la pression du gaz et du liquide
Il est important de mesurer la pression du gaz et du vin au cours
du traitement par contacteur membranaire. La pression du liquide
doit être supérieure à celle du gaz afin d’éviter la libération de bulles.
Par ailleurs, la pression du gaz vecteur en mode Combo doit être juste
pour un réglage précis de la teneur en CO2 dissous du vin. En effet,
la teneur finale en CO2 peut être facilement prédite si l’on connaît
la température et la pression du CO2 injecté.
Pour éviter d’endommager la membrane, il faut travailler sans dépasser
les différences de pressions critiques suivantes :
Plumen – Pshell ≤ 0,5 bar, ne jamais dépasser 1 bar sinon risque
d’explosion des fibres.
Pshell – Plumen ≤ 2 bars, sinon risque d’implosion des fibres.
6.7. Vanne proportionnelle de débit de gaz
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Une vanne proportionnelle à l’écoulement de gaz fournit la possibilité
d’ajuster automatiquement le débit de gaz à celui du liquide.
Cet ajustement automatisé est très intéressant si le contacteur
membranaire est associé à une ligne d’embouteillage. Cela limite
l’impact des variations plus ou moins brutales du débit du liquide
qui se répercutent sur la teneur en CO2 dissous. La fourniture d’une
vanne proportionnelle est proposée en série par quelques fabricants.
6.8. Pompe à vide
Une pompe à vide est exigée pour les modes Vide et Combo.
De nombreux fabricants conseillent l'utilisation de l’azote pour
désoxygéner ou/et décarboniquer. Mais la mise sous vide réglable
permet d’éviter l’utilisation de l'azote. Le coût d’un dégazage à l’azote
revient généralement plus cher que l’électricité nécessaire au fonctionnement d’une pompe à vide (Blank et Vidal, 2012a). Le mode Combo
est le mode le plus efficace pour une carbonication-désoxygénation
simultanée du vin, mais il nécessite que le contacteur membranaire
soit équipé d’une pompe à vide pour diminuer la pression du gaz vecteur.
Par ailleurs, la pompe à vide permet également de sécher les membranes
après utilisation. En effet, les traitements successifs de vins rendent
nécessaires la programmation de nettoyages à l’eau. Or cette eau
ou le vin remplissent les membranes. Le séchage par pompe à vide
permet de les enlever et ainsi de déboucher les pores pour revenir
généralement à la perméabilité initiale.
6.9. Niveau d’automatisation
des contacteurs membranaires
la réduction de la teneur en oxygène à un niveau inférieur à 0,5 mg/L.
Les contacteurs membranaires constituent un réel progrès car ils
permettent une gestion exacte des gaz dissous quelles que soient
les conditions opératoires (température, teneurs initiales et finales
en gaz dissous, débit de liquide, etc.). Ils peuvent être pilotés manuellement ou automatisés grâce, notamment, à des instruments
de mesure des gaz dissous qui commandent l’alimentation en gaz
vecteur. Leur emploi sur les lignes de conditionnement en bouteille
ou bag in box devrait se développer dans les années à venir.
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Strip CO2 cohol Losses, and Comparison with Porous Injector.
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Vacuum assisted removal of volatile to semi-volatile organic
contaminants from water using hollow fiber membrane contactors:
I: Experimental results.
Journal of Membrane Science 292: S. 9-16.
Les contacteurs membranaires sont commercialisés dans des versions
plus ou moins automatisées. Un système entièrement automatisé
requiert des instruments de mesure du CO2 et de l’oxygène très couteux.
Cela renchérit substantiellement leur prix par rapport à des appareils
manuels. Mais pour la production de vins gazéifiés (teneur en CO2
dissous > 2 g/L) la version complétement automatisée est vivement
conseillée.
J.-C. Vidal, J.-C. Boulet and M. Moutounet, 2004.
Les apports d’oxygène au cours des traitements des vins.
Bilan des observations sur site, 3ème partie.
Revue Francaise d’Œnologie 205: S. 25-33.
Conclusion
J.-C. Vidal, M. Vidal Vila and G. Waidelich, 2011.
Exact Management of Dissolved Gases of Wine by Membrane
Contactor.
Bulletin de l'O.I.V. 84: S. 179-187.
La gestion des gaz dissous joue un rôle majeur dans l’élaboration
des vins. L’objectif général en œnologie est d’ajuster la teneur en
CO2 dissous en plus ou en moins tout en assurant simultanément
J.-C. Vidal, A. Gianduzzo, V. Chauvet, and I. Sirena, 2011.
Validation of a Laser Spectroscopic Method for the Determination of
Dissolved Carbon Dioxide in Bottles of Still Wine.
Bulletin de l’O.I.V. 85: S. 173-188.
Vous avez réalisé une expérimentation, des essais, une découverte,
vous avez testé un nouveau produit
ou une nouvelle méthode, etc.
Si vous souhaitez le faire savoir, adressez-nous votre texte.
Après examen par notre Comité de lecture,
votre étude sera publiée dans la Revue Française d’Œnologie
et disponible sur le site : www.oenologuesdefrance.com.
Nos coordonnées : Tél : 04 67 58 69 06
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