Le « prendre soin » en Géronto

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LE « PRENDRE SOIN » EN
GÉRONTO-PSYCHIATRIE
Michel BENOIT, MD, PhD
Clinique de Psychiatrie et de Psychologie
Médicale – Pole des Neurosciences Cliniques
Hôpital Pasteur – CHU de Nice
[email protected]
PRENDRE SOIN…(1536)

« prendre soin de la personne… »






s’occuper du bien-être de qqn.. de manière appliquée,
scrupuleuse..
être préoccupé par, veiller à…
pourvoir aux nécessités, aux besoins matériels ou de
santé de qqn… (qui ne prend pas assez soin de lui)
s’occuper de qqn qui doit se faire soigner…
tenir propre, soigneux…
« prendre soin de l’environnement de la personne »
état vestimentaire, apparence
 lieu de vie
 entourage

LE SOIN EN GÉRONTOPSYCHIATRIE

Un soin psychiatrique
à une personne qui a besoin d’être soignée, ayant une
longue biographie
 dans un environnement mouvant
 avec des partenaires familiaux et professionnels
multiples et changeants


Un soin gérontologique



approche multidimensionnelle
tenant compte des fragilités gériatriques
prenant en compte les comorbidités inévitables
PSYCHOPATHOLOGIE DE LA PERSONNE
ÂGÉE

Vision ancienne de la personnalité vieillissante (Minkowski
1938):


« modifications du caractère qui, constatées d’une façon objective par
les autres, échappent plus ou moins au sens critique du sujet lui-même
: avarice, méfiance, attitude hargneuse, rétrécissement des intérêts,
instabilité relative, égoïsme. »
Des troubles spécifiques
1. Pathologies psychiatriques persistant avec l’âge
(ex. schizophrénies vieillies)
2. Pathologies psychiatriques apparaissant avec
l’âge (ex. dépression tardive)
3. Perte d’équilibre psychique en lien avec
vieillissement, autres affections et handicap
(psychogériatrie)
4. Détérioration cognitive, avec troubles psychiques et
comportementaux (ex. Plan Alzheimer)
PRÉALABLES ESSENTIELS
La connaissance de la pathologie, des
traitements, des actions des autres soignants et
intervenants, du mode de vie habituel, des
conditions sociales et financières, des relations
familiales, de la vie spirituelle et religieuse, des
habitudes du patient...guide le soin.
 La connaissance des caractéristiques du
vieillissement

TROIS CARACTÉRISTIQUES FRÉQUENTES
1.
Age
le temps modifie les troubles psychiques préexistants,
 met en évidence des pathologies anciennes jadis
compensées,
 modifie le rapport au monde (« un immigré dans le
temps »)

2.
Intrication des troubles psychiques,
somatiques, socio-familiaux
TROIS CARACTÉRISTIQUES FRÉQUENTES
3.
Dynamisme spécifique au sujet âgé
Tendance à la régression: recherche de maternage
et de dépendance
 Tendance au repli narcissique: installation et
refuge dans la maladie
 Tendance à une apparente diminution de la
libido: rend plus difficile toute mobilisation
thérapeutique.

QUELQUES PRINCIPES ACTUELS
Considérer la personne atteinte de troubles
gérontopsychiatriques, rompre l’isolement
 Evaluer, dépister, ré-évaluer


« L’évaluation tient le soin sous sa coupe »
Soigner: compenser plus que réparer
 Savoir être bientraitant
 Apprendre à ne pas être maltraitant
 Etre ambitieux, mais pressentir les limites

QUELQUES AXES DU « PRENDRE SOIN »
1.
2.
3.
4.
5.
Un environnement adapté au patient
Soutien et information aux aidants
Soutien et formation des professionnels
La formation aux recommandations de
dépistage et de prise en charge des pathologies
neuro-psychiatriques
Améliorer la gestion dans les situations à risque
pour la personne, pour l’environnement
1. UN ENVIRONNEMENT ADAPTÉ AU
PATIENT, AUTOUR D’UN PROJET

Aménagement de l’environnement
spatial: lutte contre déambulation, stress
 temporel:

emploi du temps stable et familier
 exposition à la lumière, activité physique et augmentation
de la température du corps



humain
En priorité, celui auquel il s’est adapté ou
souhaite s’adapter…
A ÉVITER
Sur-stimulation ou sous-stimulation
 Éclairage défectueux
 Bruits intempestifs
 Modifications brutales de l’environnement
 Déménagements, déplacements répétés
 Infantilisation, familiarité déplacée...

Un milieu inadapté ou des attitudes inadaptées des
proches peut contribuer à l'apparition de SPC ou
les aggraver.
PERSONNALISATION DU PROJET DE VIE EN
EHPAD
2. SOUTIEN ET INFORMATION AUX AIDANTS

Objectifs





encourager leurs attitudes positives
augmenter leur sentiment d’efficacité
diminuer leur sentiment de fardeau
favoriser leur bien-être
utiliser au mieux les ressources humaines et
matérielles potentielles.
2. SOUTIEN ET INFORMATION AUX AIDANTS

Moyens





Favoriser les relations (bonnes) entre le patient et
l’aidant
Essayer de respecter le modèle « hiérarchique
compensatoire »
Améliorer leur repérage des facteurs favorisant les
troubles, leur compréhension, favoriser les attitudes
relationnelles bienveillantes
Les inciter à agir, les aider à trouver des aides
Veiller à la prise en charge de leur santé physique et
psychologique
3. SOUTIEN ET FORMATION DES
PROFESSIONNELS



« savoir être » et « savoir faire », à la
base de l’approche de « bientraitance »
Les actions préventives médicales et
soignantes
La connaissance des risques de
iatrogénie et de maltraitance
EX. DE SAVOIR-ÊTRE ET SAVOIR-FAIRE
4. FORMATION AUX RECOMMANDATIONS DE
PRISE EN CHARGE DES PATHOLOGIES NEUROPSYCHIATRIQUES

Dépister et traiter les troubles les plus fréquents


dépression, anxiété
Eviter la résignation ou la maltraitance dans les
pathologies sévères et/ou stigmatisantes
Pathologies « neurologiques » (démences, troubles
psycho-organiques..)
 Pathologies psychiatriques chroniques
(schizophrénies, troubles bipolaires, troubles sévères
de personnalité)

AFFECTION LA PLUS FRÉQUENTE CHEZ
PERSONNE ÂGÉE: LES ÉTATS DÉPRESSIFS
40
Dépression majeure
Dépression mineure
Prévalence (%)
35
25–40%
30
25
15–30%
20
20%
15
15%
10
5
0
10%
5%
Population gén.1,2
MG 3,4
Institution 2
1. Gallo & Lebowitz. Psychiatric Services 1999; 50: 1158–1166; 2. Djernes. Acta Psychiatr Scand 2006; 113: 372–387;
3. Friedman et al. Am J Geriatr Psychiatry 2007; 15: 28–41; 4. Zung et al. J Fam Pract 1993; 37 (4): 337–344
Mobiqual, 2007, 2012
PRINCIPES DE PRISE EN CHARGE DE
DÉPRESSION

Objectifs
Obtenir la rémission la plus complète
 Préserver les capacités fonctionnelles
 Prévenir les rechutes et les récidives


Comment ?
Traitement médicamenteux
 Accompagnement psychologique précoce
 Amélioration du soutien social et familial
 Implication de réseau


Alliance intervenants – patient – entourage ++
Dépression et symptômes dépressifs chez le sujet âgé, SFGG, 2007, 2012
Intervention:
≥ 1-2 visites / sem par membre d’une équipe mobile multidisciplinaire
+ contacts téléphoniques + intervention de crise au besoin
+ Réduction coûts / an (8752 € / 21021 €)
Klug G. et al. Br J Psychiatry, 2010, 197: 463-467
CONSIDÉRER TOUJOURS LES CAUSES
Pathologies neuropsychiatriques
(FELIX QUI POTUIT RERUM COGNOSCERE
Retentissement
affectif
Dysfonctionnement
cérébral
Troubles
cognitifs
Incapacités
physiques
CAUSAS…)
Personnalité
Biographie
Affections
intercurrentes
Symptômes
psychocomportementaux
Iatrogénie
Relations
interindividuelles
Environnement
actuel
5. AMÉLIORER LA GESTION DANS LES
SITUATIONS À RISQUE POUR LA PERSONNE, OU
POUR L’ENVIRONNEMENT
CONSOMMATION PSYCHOTROPES
(COHORTE PACA-ALZ)
73% ont eu au moins une délivrance de psychotrope dans l’année
(2008)
Ex: PRINCIPES DE TRAITEMENT DES SCP
HAS, 2010
SAVOIR GÉRER

Il est illusoire de penser qu’on peut améliorer






la plupart des variables
chez la majorité des patients
avec UNE approche standardisée
pour des troubles et une affection multifactoriels
dans des environnements très hétérogènes
Un environnement de soins amélioré est
nécessaire
L’ORGANISATION DU SOIN
1.
2.
3.
Une approche en réseau
Des équipes spécifiques, fixes et/ou mobiles
Des unités de recours spécifiques
1. UN RÉSEAU DE SOINS À STRUCTURER
Les différents acteurs de la chaine de soins se
connaissant souvent mal, sont mal coordonnés, et
leurs relations avec le secteur médico-social sont
hétérogènes et rarement structurées
 L’organisation des soins gérontopsychiatriques
doit être organisée et régulièrement adaptée, au
sein des filières sanitaires et médico-sociales
 La constitution d’un réseau de prise en charge
gérontopsychiatrique est souhaitable, constitué et
coordonné par un comité spécifique de territoire
de santé

EX: APPLICATION À PRÉVENTION SUICIDE
Structurer le parcours de soins et organiser la
coordination entre la psychiatrie, la gérontologie
et la médecine générale !
 Différents niveaux d'alerte, avec intervenants
pré-identifiés dans leur mission, formés

"personnes sentinelles" en contact direct
 personnes analysant l'alerte: MG, secteur médicosocial, Clic
 personnes traitant l'alerte: équipes médico-sociales,
Clic, CCAS, réseaux et filières gériatriques, secteur
psychiatrique, en lien avec le généraliste.

Comité national pour la bientraitance et les droits des
personnes âgées et des personnes handicapées (CNBD), 2013
2. DES ÉQUIPES SPÉCIFIQUES

Que ce soit pour des situations individuelles
comme pour des organisations locales, les liaisons
entre les différents partenaires sanitaires et
médico-sociaux doivent être structurées et
renforcées avec l’aide d’une équipe mobile de
coordination et de liaison gérontopsychiatrique
par territoire de santé mentale


adossée à une unité d’hospitalisation
gérontopsychiatrique
fonctionnant en partenariat avec les équipes mobiles
gériatriques,
3. DES UNITÉS SPÉCIFIQUES
Accès aux soins psychiatriques spécifique pour
les personnes âgées faible et très hétérogène
 Offre en gérontopsychiatrie réduite et
inégalement répartie ou structurée
 Offre d’hébergement pour les personnes
souffrant de troubles psychiatriques dans le
secteur médico-social est de plus en plus réduite
 les articulations des soins psychiatriques avec les
soins gériatriques et le réseau médico-social sont
le plus souvent peu formalisées et hétérogènes.

Le prendre soin en gérontopsychiatrie





Accès aux soins rapide, gradué et coordonné
Recours possible à des unités de gérontopsychiatrie
 hospitalisations de court séjour (#15j) et/ou HDJ pour
bilans et adaptations thérapeutiques
 pôle ressource pour les établissements sanitaires et
médico-sociaux :
 consultations spécialisées
 plateau technique diagnostique et thérapeutique, bilans
conjoints somato-psychiques,
Aide à constitution d'un réseau, avec conventions
équipes mobiles de gérontopsychiatrie, HAD
centres référents pour la formation des personnels
médicaux et soignants, pour la recherche