Face à la demande d`euthanasie Grenoble 12 03 13 EQ V courte anim

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Transcript Face à la demande d`euthanasie Grenoble 12 03 13 EQ V courte anim

Journée
Fins de vie des
personnes âgées
Face à la
demande
d’euthanasie…
Grenoble
Le 12 mars 2013
Dr Elisabeth Quignard
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Comment analyser les demandes de mort dans
le respect du patient et des valeurs de chacun?
 Comment
meurt-on en France aujourd’hui?
 Quelle définition de l’euthanasie?
 La loi Léonetti : mesurée, mais méconnue
 Quelles demandes d’euthanasie?
 Pourquoi ces demandes?
 Quelles réponses faire?
 Faut-il modifier la loi? autoriser l’euthanasie?
autoriser le suicide assisté?
 Des pistes pour avancer
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Comment meurt-on aujourd’hui ?
Enquêtes de l’INSEE, l’ONFDV et l’INED
INSEE 2008 :
- 75% décès après 70 ans, 54% après 80 ans
- 58% en Et. de santé,12% en EHPAD, 2% en HAD, 3% en USP

ONFDV et INED / Nov. 2012 : étude sur 4891 situations FDV
- 2,5% avaient rédigé des directives anticipées
- 16% ont exprimé le souhait d’accélérer leur mort
- 1,8% ont demandé l’euthanasie
- 3,1% des décès font suite à un acte pour mettre fin à la vie
mais seulement 0,6% sur demande du patient

o
Discussion collégiale
dans 38% des cas de limitation, 55% des cas d’arrêt de traitement
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Comment meurt-on aujourd’hui en France?

-
Etudes MAHO 2004 et TRAMAHO 2011
Absence des proches au moment de la mort : 76%
Larges insuffisances dans prise en charge palliative :
consultation spécialisée pour 12% des patients
Rapport IGAS 2009
* acharnement thérapeutique : 80.000 à 100.000/an
malgré la loi de 2005
* arrêt des traitements curatifs spécifiques difficile
* décisions de limitation et arrêt de traitement (LATA)
mal formalisées

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Comment meurt-on aujourd’hui en France ?
rapport Sicard
o
droits des malades souvent bafoués : injonctions législatives
transformés en items administratifs vidés de sens
o
insuffisance de travail en réseau entre la ville et l’hôpital
o
appel trop tardif des soins palliatifs
o
insuffisance de coordination entre les différents acteurs
o
insuffisance de moyens en soins palliatifs: lits, personnel
o
insuffisance persistante de formation des professionnels,
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De quoi parlons-nous?
Définition de l’euthanasie


C’est le fait de mettre fin à la vie d’une personne à sa
demande, parce qu’elle juge sa situation insupportable
(ONFV 2012)
Ce n’est pas la limitation ou l’arrêt des traitements, ni le
soulagement des souffrances terminales par sédation

la médecine moderne prolonge la vie ,au prix de maladies
chroniques et d’états végétatifs, qui posent problème

Il existe des situations de fin de vie douloureuses,
et l’euthanasie peut sembler une alternative enviable

Il est légitime de vouloir terminer sa vie dignement
Distinguer dignité ontologique / Dignité posturale
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La loi Léonetti : une loi mesurée, mais
méconnue et peu appliquée

-
-

Loi de défense des malades,
qui interdit l’acharnement thérapeutique
met en avant le principe d’autonomie du malade
offre toutes possibilités pour ne pas laisser souffrir en FDV
loi ignorée par 68% des Français qui y voient plus une
protection du médecin que le respect des droits des
malades (Janvier 2011, sondage Opinion Way)
Préconise le développement des soins palliatifs,
- lorsque les traitements spécifiques arrivent à une impasse
- en considérant le temps de la fin de vie comme signifiant

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La loi Léonetti : une loi mesurée, mais
méconnue et peu appliquée
o
autorise le malade conscient à refuser tout traitement
o
autorise le médecin à suspendre ou ne pas entreprendre
un traitement s’il apparaît inutile, disproportionné, ou
n’ayant d’autre effet que le maintien artificiel de la vie

Si le malade est hors d’état d’exprimer sa volonté
le médecin recherche des directives anticipées et doit
en tenir compte, cela prime sur l’avis de la personne de
confiance et celui des proches
il doit respecter une procédure de réflexion collégiale
il prend la décision et en assume la responsabilité
-
-
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Quelles demandes d’euthanasie?
Dans quelles circonstances ?





On réclame un droit à choisir sa mort pour soi plus tard, on
refuse la dépendance, tout état de déchéance à venir
Sur le plan médical, 2 raisons fréquentes : crainte de la
douleur, crainte de l’acharnement thérapeutique
Droits des malades souvent bafoués malgré des progrès:
manque d’information, quasi absence d’expression de la
volonté du malade pour des choix qui le concernent
Temps de l’agonie souvent rejeté par le patient, la famille:
lorsque la mort semble inéluctable, on la veut rapide
Demandes assez rares des malades confrontés à la FDV,
mais + souvent des familles, surtout si malade inconscient
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Les demandes en gériatrie

Pas facile de savoir ce qui est obstination déraisonnable
L’âge n’est pas un critère de décision en soi

L’avis du patient est central, mais peu écouté
Pourtant, le malade est plus important que la maladie
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Stigmatisation de la vieillesse: voir image des EHPAD
Sentiment de perte de dignité
Sentiment d’inutilité, s’apparentant à une mort sociale
Pourtant l’acharnement thérapeutique coûte plus cher
que le développement des soins de support
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Pourquoi ces demandes?
Notre société occulte la mort
o
•
•
•
Ce déni touche les médecins:
Arrêt de traitement curatif vécu comme un échec
Difficile d’accepter le caractère incurable de la maladie
Dimension technique surinvestie /dimension humaniste
Ce déni nous concerne tous, patients, familles, proches,
et entraîne 2 excès:
- certains poussent à des soins devenus inutiles
- beaucoup redoutent l’agonie et voudraient la supprimer


Des expériences vécues difficilement, notamment
d’acharnement thérapeutique ou bien de souffrances
mal soulagées, conduisent à demander la mort
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Sondages sur légalisation de l’euthanasie
•
•
•
avril 2009/ BVA  86% favorables, si la personne réclame
août 2011/Harris  92% demandent inscription dans la loi
janvier 2011/Opinion Way  60% préfèrent développement des SP
•
novembre 2012 / TNS Sofres  personnes envisageant demandes
*58% : un suicide assisté, 67% : l’euthanasie
*60% : être plongé dans un état de sédation profonde
*Situations jugées insupportables:
perdre la tête (49%), douleur physique (45%),
souffrance morale (43%), être une charge (40%)

Nécessité d’aménager la loi ne fait pas l’unanimité
Mais unanimité sur désir de meilleure communication, de plus de
transparence des médecins, de collégialité, d’humanité

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Quelles réponses possibles actuellement ?
Sédation: pour apaiser symptômes ou douleurs non
soulagés par médicaments classiques
Caractère pas forcément définitif : ni euthanasie, ni
accélération du processus de FDV / l’intention compte ++
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
Avis du malade toujours recueilli et toujours premier
Souvent demande d’écoute : accompagner vraiment
fait le plus souvent disparaître la demande
Démarche de concertation: collégialité véritable
Appel à des équipes de soins palliatifs
Privilégier qualité de vie plutôt que durée de vie
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Quelles réponses possibles actuellement ?
En gériatrie
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
S’interroger sur le SENS du soin, ses objectifs
Soutenir les familles dans le temps du « long mourir »
Bannir l’activisme, respecter les refus de soin et les
refus d’alimentation
Soigner en pluridisciplinarité et en globalité la PA
ENTENDRE les demandes de mourir comme des
manifestations de souffrance
Etre attentif au comportement de la personne si ne
peut plus communiquer ou si souffre de démence
Accompagner patient et famille surtout si décision
d’arrêter la nutrition/hydratation artificielle
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Faut-il autoriser l’euthanasie?
Le suicide assisté?
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
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
La France est dotée d’une législation mesurée et originale
pour tenter de répondre aux situations délicates de FDV
Laisser mourir en accompagnant plutôt que faire mourir
L’euthanasie est-elle la solution si l’on veut mourir mieux?
La solution à la souffrance est-elle la mort?
Y’a-t-il des cas non résolus par la loi aujourd’hui?  rares
La lutte contre la douleur a fait des progrès, on peut la
soulager, au prix d’une sédation si situation extrême
Le CNOM propose la sédation terminale, qui est déjà
permise dans la loi
 APPLIQUER LA LOI LEONETTI
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Faut-il autoriser l’euthanasie?
Le suicide assisté?

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-
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Le rapport Sicard
après avoir étudié les différentes solutions à l’étranger
évoque le souci de « répondre à la revendication d’une
liberté et de soulager l’angoisse existentielle d’une mort
sur laquelle l’homme n’a pas de prise »
prend en compte la demande d’assistance au suicide
sous la forme de médicaments prescrits par un médecin
ne souhaite pas que soit autorisé le geste euthanasique
rappelle que tout déplacement d’un interdit crée
d’autres situations limites entraînant des demandes de lois
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Les risques de dérive, si on dépénalise
Franchir ce pas comporte des dangers réels
o
Réponse rapide à une demande sans tenir
compte du caractère fluctuant du psychisme

Eugénisme déguisé en processus compassionnel
envers les plus vulnérables

Recherche de rentabilité des hôpitaux

Introduction dans la loi d’exceptions à l’interdit de
tuer

Quel rôle pour le médecin?
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Des pistes pour avancer

Faire figurer les directives anticipées sur un fichier
national, leur donner plus de poids dans la décision

Formation des futurs médecins à la démarche
éthique et à la culture palliative
Formation continue des médecins et des soignants

Développer les espaces de réflexion éthique
 Renforcer une logique de soins en réseau
 Poursuivre la réflexion au sein des sociétés savantes
 Diminuer la médicalisation des derniers instants
 Débat complexe,
non réductible à une opposition pour/contre
