Les jeunes et influences de l`environnement familial

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Transcript Les jeunes et influences de l`environnement familial

Les jeunes : prises de
risque, addictions,
transgressions et
influences de
l'environnement familial.
Les trajectoires dangereuses …
quelques figures géométriques …
J.P. Assailly
Entre la psychologie et l’épidémiologie … la
psychopathologie développementale
Qu’est-ce qui dans l’environnement familial
protège ou au contraire expose au risque de
la construction de la prise de risque, de
l’addiction et de la transgression ?
Une causalité spiralique entre 5 dimensions
essentielles : l’héritage biologique, le lien
mère/enfant, l’évolution de la structure
familiale, les comportements d’alcoolisation
des parents, le style éducatif des parents
La cascade (ou la spirale)
L’héritage
Le lien
La structure
Le comportement
Le contrôle
Prise de risque
Addiction
Transgression
Modération
1) Le pendule
Aux débuts de l’histoire … Le mouvement pendulaire entre
les deux besoins fondamentaux, la protection et la
nouveauté
Dépendance
Protection
Sécurité
Sup d’une sit -
Nouveauté
Risque
Rech d’une sit+
Le rapport pendulaire au
danger
chaque être humain est sujet à l’influence de deux
systèmes à diverses périodes de son existence et à
propos de divers enjeux, ces enjeux entretenant
des filiations entre eux : la suppression d’une
situation négative, la recherche d’une situation
positive. Le prototype de cette interaction est celui
de l’attachement mère/enfant, par ce mouvement
entre protection et exploration. En ce qui concerne
l’usage de substances psycho-actives : la
suppression du manque et de ses effets négatifs
versus la recherche des effets positifs des
produits ;
Deux triangles !
Comment l’environnement familial oriente la prise de risque, le
processus addictif, et la transgression :
 Trois mécanismes des influences familiales :
Les facteurs génétiques
L’environnement
partagé
L’environnement
non partagé
Deux triangles !
Corrélation génotype/environnement
active
passive
évocative
une corrélation passive
Elle vient du fait que les parents et les enfants
partagent le même génotype et le même
environnement ; par exemple, les parents
transmettent des gènes liés à un caractère difficile,
les parents expriment ce caractère difficile par un
comportement parental irritable et négatif, lui
même lié au caractère difficile de l’enfant.
une corrélation évocative ou
réactive
Elle est le résultat d’une réaction de
l’environnement à une caractéristique de l’enfant
sous l’influence de facteurs génétiques : les
parents réagissent au caractère difficile de l’enfant
par un comportement parental dur et négatif, c’est
un « cycle de coercition », un enfant joyeux
provoque d’autres réactions qu’un enfant morose,
etc. On admet de plus en plus l’idée que les
enfants influencent la manière dont ils sont traités
par les autres, y compris leurs parents, et que donc
les parents réagissent différemment en fonction de
l’enfant.
une corrélation active
Elle vient du fait que l’enfant sélectionne
activement des environnements qui sont corrélés à
ses caractéristiques génétiques (ceci vaut plus pour
ses pairs que pour ses parents !) ou que ses
perceptions des événements sont sous influence
génétique (un enfant suspicieux percevra
généralement les comportements de ses parents
plus négativement qu’un enfant confiant et agira
en conséquence).
1) L’héritage biologique
(facteurs génétique et
prénatals)
-l’héritabilité de la recherche de sensation et de
l’alcoolo-dépendance, et le parent de même sexe
-la résistance aux effets de la sensation (interaction
génétique/milieu)
-les infractionnistes avec/sans histoire familiale
-l’appariement sélectif, un facteur non génétique !
-effets à long terme de l’exposition prénatale au tabac et
à l’alcool
Psychologie et biologie de la
prise de risque
 Toute conduite à risque a un substrat biologique, il ne
s’agit pas de vouloir réduire, expliquer le psychologique
par le biologique, mais les explications des niveaux
biologiques et psychologiques ne devraient pas être
incohérentes entre elles, et chacune doit tenir compte des
découvertes de l’autre.
Récentes découvertes des
neurosciences
Le dual system (limbique/préfrontal et les connexions entre
les deux)
-le décalage séculaire
-la précocité croissante des consommations et des
transgressions, et le facteur de risque qu’elle représente
-pourquoi la prise de risque augmente fortement entre
l’enfance et l’adolescence ; pourquoi la prise de risque
diminue fortement entre l’adolescence et l’âge adulte
2)Le lien
-les conséquences à long terme de
l’attachement mère/enfant : avant d’être
dépendant d’un produit, nous sommes
dépendant du lien avec notre figure
d’attachement (si trop loin ou trop près …)
-l’environnement non partagé …
-les modèles opérants internes de l’attachement
anxieux, l’état d’esprit détaché, l’alexithymie
et la fuite de soi
-le mécanisme commun : remplacer la relation
par la sensation
Les cascades du lien
Sensibilité maternelle
Tempérament de l’enfant
Type :
Att sûr
Att anxieux
évitant
ambiv
désorganisé
M.O.I.
Etat : Autonome
détaché préoccupé non résolu
Les cascades du lien
Etat : Autonome
détaché préoccupé non résolu
?
Compensation de soi
Travail sur soi
Guides de haute montagne
Moniteurs d’auto-école
Psychiatres et psychologues
soignant les dépendants
Fuite de soi
Alexithymie
Anhédonie
Free riders
Chauffards
Dépendants
une approche développementale
du fonctionnement alexithymique
A l’instar du développement cognitif piagétien, une ligne
développementale hiérarchique, une succession de niveaux
de conscience émotionnelle.
Le fonctionnement alexithymique : un arrêt à un stade
précoce de la capacité à « reconnaître » ses propres états
émotionnels (une échelle a été développée, l’Échelle de
Niveaux de Conscience Émotionnelle)
Les sujets ayant une propension à prendre des risques ont
un niveau de conscience émotionnelle inférieur aux autres
adolescents, et un score plus élevé d’alexithymie.
Risque, addiction et régulation
émotionnelle
Les conduites à risques sont à l’origine de stimulations par
les sensations qu’elles procurent. Toutefois, ces sensations
ne peuvent être utilisées par l’adolescent pour tenter
d’inscrire des traces cognitives de stimulations, du fait
d’un faible niveau de conscience émotionnelle. Le sujet
essaierait alors de répéter ces sensations correspondant à la
reproduction d’éprouvés internes, en les utilisant comme
éléments prototypiques d’émotions différenciées et amener
ainsi au développement d’un mécanisme proche d’une
stratégie d’apprentissage.
3) La structure
Influences de la discorde parentale, des séparations et des
recompositions sur les mises en danger de soi du jeune :
Corrélation plusieurs fois retrouvée entre divorce et accidents.
Le divorce des parents a été corrélé à l’usage de drogues illicites
mais non pas d’alcool (cf. Marie Choquet) ! Est-ce l’absence du
père ? !
Le concept de forclusion de Lacan
Le conflit plus que la structure La comparaison des familles
recomposées et des foyers monoparentaux féminins peut
surprendre …. On retrouve les conflits et les liens mais à
l’adolescence …
Biridirectionalité …
La discorde parentale influence les problèmes de
comportements des enfants (internalisés comme
externalisés)
Mais la causalité est bidirectionnelle, comme l’ont
montré les travaux longitudinaux (Jenkins et al,
2005 par ex) : les problèmes de comportements
des enfants influencent la discorde parentale. Ceci
est encore plus vrai dans les familles recomposées
que dans les familles intactes (est-ce parce que le
contrôle comportemental d’un beau parent est
moins fort que celui d’un parent biologique ?
Du non partagé …
Cette thématique illustre fortement les influences
non partagées car tous les membres d’une même
fratrie ne sont pas exposés de la même manière
aux conflits. ; les différences entre frères et sœurs
à propos des impacts des conflits parentaux sont
encore plus fortes dans les familles recomposées.
Les garçons sont plus exposés que les filles à ces
conflits. Est-ce que les parents essaient plus de
protéger les filles de ces conflits que les garçons ?
Quel conflit ?
De tous les types de conflits entre les parents, ce
sont surtout les conflits à propos de l’enfant qui
ont une influence négative sur les comportements
de l’enfant … peut-être parce que l’enfant s’en
blâme plus …Phénomène de contagion : les
conflits entre les parents prédisent les conflits au
sein de la fratrie.
4) Le comportement
Modelage social, imitation, identification
Forte transmission intergénérationnelle des comportements
de prise de risque (accidents, infractions), de
consommation et de transgression
L’usage par les parents d’alcool, de tabac ou de drogues
illicites est associé à une augmentation significative du
risque d’usage par l’adolescent, d’usage précoce et de
dépendance : les parents plus importants pour l’initiation
du comportement, les pairs pour le maintien
L’exemple du tabac : la
cohorte de Hutchinson
3000 enfants américains suivis de 8 à 18 ans, avec
les informations sur l’usage de tabac des parents
lorsque les enfants avaient 8 ans)
gradation progressive du risque que l’enfant
devienne un fumeur régulier à 18 ans en fonction
du nombre de parents qui fument : au total, avoir
les deux parents qui fument multiplie par 2.65 le
risque de devenir dépendant pour l’enfant. On
pourrait presque parler d’une relation dose/effet !
Par ailleurs, la transmission a été évidemment
observée sur plusieurs générations (grandsparents, parents, enfants).
Comportements et règles
Il restera à étudier aussi la question des effets des
règles en vigueur à la maison : certaines règles (ne
pas fumer à la maison) sont protectrices, même si
les parents sont fumeurs, par contre, certaines
pratiques éducatives (par ex., punir l’adolescent
lorsqu’il fume) ne le sont que si les parents ne
fument pas eux mêmes … Logique … Il faut sortir
du « ne faîtes pas ce que je fais » …
5) Le contrôle
-le Charybde de l’autoritarisme
-le Scylla du laxisme
-la voie du milieu : l’autorité négociée
Savoir ce que fait réellement son enfant
…
Interactions
contrôle/tempérament
Interaction entre les parents et l’enfant : les
parents utilisant la stratégie autoritaire ont le plus
souvent des enfants dont le caractère est difficile
(du moins dans les classes moyennes et
supérieures). Les méta-analyses sur ce sujet
montrent bien que la relation entre le style éducatif
de la mère et le tempérament de l’enfant est à
double sens : les perceptions et les attributions du
parent jouent fortement sur son style éducatif.
Bidirectionnalité
Le style éducatif des parents influence le
comportement et le caractère de l’enfant, mais le
comportement et le caractère de l’enfant
influencent aussi le style éducatif des parents : par
exemple (Snyder et al, 2005), le tempérament
difficile de l’enfant à 5 ans prédit le style éducatif
des parents à 14 ans …
Donc, il faut intervenir tôt …
Autres interactions
Un autre type d’interaction bien étudiée est que les
parents sont plus autoritaires avec leurs filles,
confèrent plus d’autonomie aux garçons ; de
même, les filles pubères ont plus d’autonomie que
les filles non pubères ; enfin, la composition
sexuelle de la fratrie joue sur la différence de
traitement entre garçons et filles. Ces différences
sont fortement dépendantes de l’adhésion des
parents aux stéréotypes de sexe dans leurs
pratiques éducatives …
Variations culturelles
On observe des variations culturelles à propos des
influences de la coercition (par ex, Lansford et al,
2005 en Chine, en Inde, en Italie, au Kenya, aux
Philippines et en Thailande) : elle a moins d’effets
négatifs là où elle est plus normative, mais elle a
des effets négatifs partout (c’est un universel !).
Dyade ou triade ?
L’approche écologique des contextes et systèmes
familiaux : les interactions dyadiques et
triadiques : chaque parent ne se comporte pas de la
même manière s’il est seul ou en présence de
l’autre parent.
-les mères sont moins impliquées, moins sensibles,
plus négatives dans les interactions triadiques que
dans les interactions dyadiques ;
-les mères de fils sont plus impliquées
émotionnellement dans les situations triadiques
que les mères de filles ;
Supervision et accident
La supervision parentale est un facteur protecteur
des accidents routiers et domestiques des enfants
(Morrongiello,
Barton
et
al,
2007),
particulièrement avec les enfants impulsifs ou
ayant des problèmes de difficultés d’inhibition. Ce
travail le montre avec le dispositif de la « route
simulée » de Lee et Young : l’enfant traverse cette
contre-allée, l’adulte la « vraie » route.
Pour conclure : entre les expériences infantiles
et les conduites d’excès de l’adolescent … la
régulation émotionnelle …
L'exclusion défensive des affects semble donc être
le processus central dans la genèse de la mise en
danger de soi : le sujet tente de réguler ses
émotions par l'usage de substances psycho actives,
par la pratique d’activités sportives à risque, par
divers types de prises de risque, etc. afin de
« ramener » le niveau du vécu émotionnel à un
niveau cible, souhaité, accepté.
Pour conclure :
Des garçons et des filles …
-l’emprise parentale (si l’on réunit les effets de
l’attachement et du contrôle, d’une mère trop près,
trop intrusive et d’un style éducatif trop
autoritaire) concerne plus les filles.
-ceci a comme conséquence que la mise en danger
de soi chez les filles est plus associée à des
facteurs affectifs, et chez les garçons à la pression
des pairs …
Pour conclure :
Continuités et discontinuités, les sentiers du
développement.
Entre l’adolescence (14-17 ans) les débuts de l’âge adulte
(18-25 ans), l’état psychologique (dépression, estime de
soi, colère), le type de consommation et d’addiction, le
type de conduite automobile peuvent changer
considérablement,, mais là encore en fonction de la plateforme familiale …
Les interactions
1) Héritage et lien : les bases neurobiologiques de
l’attachement
2) Lien et comportement : la question des rapports entre les
deux mécanismes : l’apprentissage social et le contrôle
social par le lien
Moins de risque d’usage par l’adolescent si le parent est usager
et si la relation affective est bonne, celle-ci protège contre
l’apprentissage social. Par contre, le stress exacerbe le risque
d’usage d’adolescent confronté à l’usage parental. Idem pour
les pairs, le modelage social est plus fort avec des amis
proches.
Interactions héritage/lien
Les deux composantes du lien, la cause, la
sensibilité maternelle et sa conséquence, la
sécurité de l’enfant, sont nettement plus sous
l’influence de facteurs environnementaux : soit
d’environnement partagé, lorsque la sécurité de
l’attachement est observée aussi chez les frères et
sœurs ; soit d’environnement non partagé, lorsque
la sensibilité maternelle est moins bonne pour l’un
des enfants de la fratrie, qui développe un
attachement plus insécurisé.
Interactions héritage/lien
Les facteurs génétiques semblent avoir peu
d’influence sur cette construction du lien ; par
contre, les facteurs génétiques on plus d’influence
sur la constitution d’une variable plus individuelle,
le tempérament de l’enfant (difficile ou facile,
« lent à réchauffer », etc), et cette variable peut
avoir une influence indirecte sur la construction de
l’attachement. L’influence du tempérament de
l’enfant sur le comportement parental prend
encore plus d’importance à l’adolescence …
Interactions contrôle/lien
Elles
conduisent
à
modéliser
le
comportement parental en trois grandes
structures molaires (le moléculaire étant les
interactions quotidiennes) :
-la chaleur, le soutien affectif
-le contrôle comportemental
-le contrôle psychologique
Interactions contrôle/lien
Un haut niveau de chaleur affective chez la mère,
lorsqu’il est combiné au contrôle psychologique,
est associé aux problèmes de comportement de
l’enfant (« la mère trop près » …)
Le contrôle comportemental est associé à une
diminution des problèmes de comportement de
l’enfant, uniquement lorsqu’il est combiné à un
faible niveau de contrôle psychologique. Donc, ce
sont les interactions entre les différents aspects du
style éducatif parental qui ont une influence, plus
que les aspects isolés en eux mêmes.
L’hexagone
L’environnement
familial
Les pairs
Les medias
S
Le quartier
L’école
La société
Une approche complexe de
contextes en interaction
 La prise de risque se développe autour d’un certain nombre
de contextes sociaux, en interaction.
 Les micro-systèmes : famille, pairs, école ; ce sont les
contextes les plus proximaux
 Les exo-systèmes : quartier, société, contexte plus distal
 Les méso-systèmes : interactions entre les contextes
(influence de la famille sur les pairs)
Une approche complexe de
contextes en interaction
 Chacun de ces contextes évolue avec le temps et les
caractéristiques des contextes modèlent les
comportements. Le fondement d’une approche écologique
repose sur l’idée que les interactions entre les contextes
produiront des influences plus fortes. Mais en fait, très peu
d’études étudient plus d’un contexte social à la fois, voire
deux.
L’hexagone de la complexité
Psychanalyse
Génétique
du comportement
Sociologie
S
Psychopathologie
développementale
Neurobiologie
Anthropologie sociale