ÉCLAIRAGE DU FONCTIONNEMENT CONJUGAL

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ÉCLAIRAGE DU FONCTIONNEMENT CONJUGAL : ATTACHEMENT, COMMUNICATION DEMANDE-RETRAIT, VIOLENCE ET SATISFACTION CONJUGALES

COUPLE FUNCTIONING: ATTACHMENT, DEMAND/WITHDRAW COMMUNICATION PATTERN, INTIMATE VIOLENCE AND RELATIONSHIP SATISFACTION

Benoit Fournier Audrey Brassard

1

Université de Sherbrooke Université de Sherbrooke

Selon de récentes données, un mariage québécois sur deux se solde par un divorce au cours des trente années qui suivent l’union (Statistique Canada, 2005). Ces données sont inquiétantes puisque les individus qui ont vécu le divorce de leurs parents ont davantage tendance à divorcer par la suite (Le Bourdais & Marcil-Gratton, 1998). De plus, les enfants qui proviennent de familles séparées ont plus de chances d’éprouver des difficultés économiques une fois adultes (Corak, 1999). Pour intervenir adéquatement auprès des gens qui souffrent au sein de leur couple, il paraît important de comprendre les déterminants de la faible satisfaction conjugale qui précède généralement le divorce (Karney & Bradbury, 1995). Au cours des dernières décennies, la satisfaction conjugale a été reliée à plusieurs facteurs, dont le style d’attachement (Mikulincer & Shaver, 2007), le patron de communication demande-retrait (Eldridge, Sevier, Jones, Atkins, & Christensen, 2007) et la violence conjugale (Holtzworth-Munroe, Stuart, & Hutchison, 1997). Cet article vise donc à mieux comprendre ces facteurs sur le plan clinique en s’appuyant sur un modèle théorique du fonctionnement conjugal. SATISFACTION CONJUGALE La satisfaction conjugale peut se définir comme le jugement subjectif que portent les conjoints sur leur union, à un moment précis, en termes de satisfaction éprouvée par rapport à celle-ci (Bradbury, Fincham, & Beach, 2000). Elle peut être mesurée par l'

Échelle d'ajustement dyadique

, traduite et adaptée au contexte québécois par Baillargeon, Dubois et Marineau (1986), à partir du « Dyadic Adjustment Scale » (DAS; Spanier, 1976). Il s’agit d’un instrument de 32 items qui fournit un score global compris entre 0 et 151, un score élevé reflétant une meilleure satisfaction conjugale. De plus, un seuil clinique de 100 permet de distinguer les couples satisfaits (ou heureux) des couples en détresse. Spanier a également développé des sous-échelles pour distinguer la satisfaction conjugale en tant que telle 1. Adresse de correspondance : Département de psychologie, Faculté des lettres et sciences humaines, Université de Sherbrooke, Sherbrooke (QC), J1K 2R1. Téléphone : (819) 821-8000, poste 65276. Télécopieur [email protected] Benoit Fournier travaille maintenant au Collège de Rosemont, Montréal, Québec.

Revue québécoise de psychologie

(2010),

31

(1), 155-169

Fonctionnement conjugal

manifestations d’affection, la cohésion entre les partenaires et le consensus sur des sujets importants liés au fonctionnement du couple. Afin d’illustrer cliniquement les concepts théoriques présentés dans cet article, le fonctionnement du couple fictif d’André et de Bianca sera analysé selon les informations théoriques présentées. Pendant la première année de leur relation, André et Bianca se disaient régulièrement très satisfaits de leur relation de couple. Après trois ans de vie commune, ils se présentent chez un thérapeute conjugal et celui-ci constate, après évaluation, que leur satisfaction conjugale au moment de l’évaluation est plutôt faible (score de 87 pour Bianca et de 91 pour André). La sous-échelle du consensus est particulièrement en cause chez les deux partenaires, alors que Bianca indique aussi qu’elle est insatisfaite à propos des manifestations d’affection. Comment expliquer, pour mieux l’améliorer, cette faible satisfaction ? La recherche dans le domaine de la satisfaction conjugale est constituée d’une multitude de courants de recherche (Bradbury

et al.

, 2000). L’importance de ce concept n’est plus à démontrer : plusieurs études et des méta-analyses suggèrent en effet que la satisfaction conjugale influence positivement la santé et le bien-être psychologique (Proulx, Helms, & Buehler, 2007; Uchino, Cacioppo, & Kiecolt-Glaser, 1996). Pour intégrer les nombreuses variables qui ont été associées à la satisfaction conjugale, Karney et Bradbury (1995) ont élaboré le modèle vulnérabilités – stresseurs – adaptation (modèle VSA; voir Figure 1). Les vulnérabilités correspondent aux caractéristiques personnelles de chaque conjoint, présentes avant même d'entrer en relation. Elles incluent entre autres le style d’attachement (Marchand, 2004), les traits de personnalité et le nombre d’années de scolarité, qui sont directement liés à la satisfaction conjugale (voir Karney & Bradbury, 1995). André, débrouillard et orgueilleux, n’aime pas compter sur les autres pour faire son chemin. Artiste, il a complété son baccalauréat en musique pour poursuivre sa passion. Bianca, quant à elle, se dit fine observatrice, perfectionniste et prompte à réagir avec colère. Jusqu’à la fin de son baccalauréat en enseignement, elle s’est montrée très attentive aux exigences de ses enseignants. Ces traits caractérisaient les deux partenaires bien avant qu’ils apprennent à se connaître. Les stresseurs représentent les événements qui perturbent la vie des partenaires (Graham & Conoley, 2006). Il peut s’agir d’événements positifs ou négatifs, imputables au hasard ou aux vulnérabilités. En effet, certains 156

RQP, 31(1)

Vulnérabilités Processus adaptatifs Satisfaction conjugale Stabilité du couple Stresseurs

Figure 1.

Modèle vulnérabilités – stresseurs – adaptation (VSA; traduit et adapté de Karney et Bradbury, 1995, avec la permission des auteurs). traits de personnalité, comme un névrotisme élevé (c.-à-d. une tendance à ressentir plus facilement des émotions négatives), ont été associés à une fréquence plus élevée d’événements stressants (McGonagle, Kessler, & Schilling, 1992), alors que les affects négatifs ont été corrélés à une perception plus stressante des événements (Poulton & Andrews, 1992). La récession est ainsi un stresseur extérieur pour André, musicien professionnel qui voit ses contrats diminuer. Bianca, enseignante au primaire, éprouve parfois de son côté des difficultés avec ses collègues. Les difficultés de Bianca peuvent s’expliquer entre autres par une vulnérabilité personnelle, son caractère colérique, qui augmente ses chances de vivre des événements stressants. Les processus adaptatifs correspondent aux processus utilisés par les partenaires pour réguler le fonctionnement de leur couple. Par exemple, la communication et la gestion des conflits (Marchand, 2004) sont des processus pouvant favoriser la satisfaction conjugale, mais aussi nuire à celle-ci s’ils sont inadaptés. Le modèle stipule que les processus adaptatifs peuvent être influencés par les vulnérabilités et qu’ils exerceraient aussi une influence sur les stresseurs, ce qui peut mener à un cercle vicieux entre les stresseurs et des processus de régulation inadaptés (Karney & Bradbury, 1995). Lorsque Bianca et André ne s’entendent pas, par exemple sur le choix d’un nouvel appartement, ils peuvent se disputer pendant plusieurs jours et s’insultent parfois, ce qui représente un processus adaptatif de gestion de conflits peu efficace. Le climat qui règne entre eux peut alors influencer leurs performances professionnelles et générer de nouveaux stresseurs, comme des pertes de contrats musicaux pour André, ou pour Bianca, des conflits avec ses collègues. 157

Fonctionnement conjugal

Le modèle indique que les processus adaptatifs et la satisfaction conjugale exercent leur influence réciproquement, alors que la satisfaction affecte la stabilité du couple, à savoir la poursuite ou la rupture de la relation. Ainsi, les partenaires des couples insatisfaits, comme André et Bianca, utiliseraient souvent des processus d’adaptation inadaptés, comme des insultes, et présenteraient certaines vulnérabilités, comme l’insécurité d’attachement (Karney & Bradbury, 1995). ATTACHEMENT ADULTE La théorie de l’attachement a été initialement élaborée par Bowlby (1969/1982) pour comprendre la relation affective entre de jeunes enfants et leur tuteur, généralement leur mère. Selon la théorie, l'enfant cherche à établir un lien avec cette figure d’attachement dans le but d’assurer sa protection contre les dangers potentiels (Ainsworth, Blehar, Waters, & Wall, 1978; Bowlby, 1969/1982). À l’âge adulte, le partenaire amoureux devient pour l’autre la nouvelle figure d’attachement (Hazan & Shaver, 1987). Tout comme l’enfant avec ses parents : 1) le partenaire est l’objet d’un désir de proximité; 2) il est perçu comme une source de soutien et de réconfort en cas de menace ou de danger, réels ou perçus; 3) il représente une base sécurisante permettant à l’individu de s’investir dans des activités personnelles en sentant que si un danger survient, il ne se trouvera pas seul à l’affronter (Fraley & Shaver, 2000). Pendant la première année de leur relation, André soutenait Bianca lorsqu’elle vivait des difficultés avec ses élèves et celle-ci l’encourageait alors qu’il était à la recherche de contrats musicaux. Récemment, Mikulincer et Shaver (2007) ont présenté un modèle du système d’attachement amoureux qui intègre la théorie proposée par Bowlby et les recherches empiriques sur l’attachement adulte des trente dernières années (voir Figure 2). Le système d’attachement se met en action lorsqu’un individu perçoit un des deux types de stresseurs qui activent le système d’attachement : 1) les dangers, réels ou symboliques, qui ne sont pas reliés à la figure d’attachement et 2) les indices de séparation ou de perte de la figure d’attachement (Mikulincer & Shaver, 2007). L’organisme vise alors la proximité d’une figure d’attachement, réelle ou internalisée. Cette stratégie primaire peut se traduire par un rapprochement physique, une demande de rapprochement ou l’expression d’émotions négatives (Bowlby, 1969/1982). Une figure d’attachement perçue comme disponible et adéquate générera un sentiment de sécurité et de réconfort, qui apaisera le système d’attachement et permettra à la personne de retourner vaquer à ses occupations. 158

RQP, 31(1)

Indice de danger? Oui + Activation du système d’attachement

1 er MODULE

Non Recherche d’une figure d’attachement externe ou internalisée + Non

2 e MODULE

Disponibilité et sensibilité adéquate de la figure d’attachement?

Oui Sentiment de sécurité Insécurité d’attachement La recherche de proximité peut-elle être efficace? Oui Hyperactivation

3 e MODULE

Désactivation Non Poursuite des activités entamées Sécurité d’attachement en construction Diminution de la sensibilité aux indices de danger Recherche d’une figure d’attachement externe ou internalisée

Figure 2.

Modèle du système d’attachement adulte (traduit et adapté de Mikulincer et Shaver, 2007, avec la permission de Guilford Press). Un soir, alors que le couple visionnait un film, une femme inconnue de Bianca a téléphoné à la maison pour parler à André (indice de danger). Bianca, inquiète (activation du système d’attachement), s’est tournée vers André (recherche de la figure d’attachement), qui a perçu son insécurité (disponibilité). Il a expliqué à Bianca son lien professionnel avec cette femme, en reconnaissant les doutes de Bianca et en lui réaffirmant son amour (sensibilité adéquate par rapport au besoin de Bianca). Une fois rassurée, Bianca a pu reprendre l’écoute du film avec André (sentiment de sécurité et poursuite des activités entamées). Le partenaire amoureux peut avoir développé, dans son enfance, une sécurité d’attachement en vivant régulièrement un sentiment de sécurité 159

Fonctionnement conjugal

auprès d’une figure d’attachement disponible et sensible à ses besoins (Ainsworth

et al.

, 1978). S’il a grandi auprès de figures d’attachement peu disponibles qui ont répondu inadéquatement à ses besoins, il risque plutôt d’avoir développé une insécurité d’attachement (Bowlby, 1979). Celle-ci se manifeste par l’utilisation, tant chez l’enfant que chez l'adulte, de stratégies secondaires comme l’

hyperactivation

ou la

désactivation

l’insistance pour obtenir l’aide escomptée (Ainsworth du système d’attachement. L’hyperactivation implique des pleurs, des cris ou de

et al.

, 1978). La désactivation se manifeste plutôt par la tendance à minimiser l’intimité, à inhiber ses sentiments de vulnérabilité (Fraley & Shaver, 2000) ainsi qu’à ne compter compulsivement que sur soi-même (Bowlby, 1969/1982). Typologies et dimensions de l’attachement Au fil des ans, plusieurs typologies ont été proposées pour décrire les divers styles d’attachement adulte. Hazan et Shaver (1987) ont d’abord adopté un modèle en trois styles, qui repose sur les styles d’attachement de l’enfant décrits par Ainsworth

et al.

(1978) : sécurisé, anxieux et évitant. Puis, Bartholomew et Horowitz (1991) ont suggéré de distinguer deux formes de style évitant : détaché et craintif. Depuis quelques années, les chercheurs recommandent de conceptualiser l’attachement selon deux grandes dimensions (Brennan, Clark, & Shaver, 1998; Fraley & Shaver, 2000). Ces dimensions ont l’avantage de représenter de façon continue deux traits chez l’ensemble des individus plutôt que de classer les gens en catégories (Fraley & Shaver, 2000). Pour mesurer les deux dimensions, Brennan

et al.

(1998) ont élaboré l’

Experiences in Close Relationships

(ECR), un questionnaire de 36 items, traduit et adapté par Lafontaine et Lussier (2003). Un score élevé à chaque dimension indique une plus grande présence de cette forme d’insécurité. Le clinicien peut aussi évaluer l’attachement à l’aide d’une entrevue clinique structurée, l’

Adult Attachment Interview

(AAI; George, Kaplan, & Main, 1996). La dimension de l’anxiété d’abandon correspond au niveau d'anxiété ressentie par un partenaire lorsqu'il perçoit une menace de rejet, réelle ou non (Fraley & Shaver, 2000). Une personne plus anxieuse se montre en général hypersensible aux signes montrant que son partenaire est moins disponible. La personne plus anxieuse fait en effet preuve d’une grande vigilance, doute du soutien, de l’engagement et de la proximité de son partenaire (Brennan

et al.

, 1998) et a tendance à utiliser des stratégies d’hyperactivation du système d’attachement (Mikulincer & Shaver, 2007). Selon les classifications typologiques, une personne dont le système d’attachement est caractérisé par une forte anxiété d’abandon (mais peu d’évitement de l’intimité) correspond au style « anxieux » (Hazan & Shaver, 1987) ou « préoccupé » (Bartholomew & Horowitz, 1991). 160

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Lorsque Bianca se retrouve seule pendant qu’André participe à des répétitions avec ses amis, il arrive souvent qu’elle craigne qu’André décide de la quitter pour une autre fille. Quand André revient de ses pratiques, peu de temps s’écoule avant que Bianca ne lui reproche en criant de jouer trop tard et qu’elle insiste pour qu’il passe plus de temps auprès d’elle, s’il l’aime vraiment. Pour sa part, la dimension de l’évitement de l’intimité se caractérise par un malaise ressenti en situation de dévoilement intime de soi ou de dépendance (Brennan

et al.

, 1998). Cet évitement est présent chez les gens qui ne croient pas, consciemment ou non, que la recherche de proximité peut donner des résultats. Les gens qui évitent l’intimité ont développé une sensibilité diminuée aux signes de menace et tendent à utiliser, comme stratégie privilégiée lors de menaces externe ou relationnelle, la désactivation du système d’attachement (Mikulincer & Shaver, 2007). Cette forme d’insécurité correspond au style « évitant » (Hazan & Shaver, 1987) ou « détaché » (Bartholomew & Horowitz, 1991). André est très mal à l’aise de parler de ses sentiments profonds, tant à Bianca qu’à ses amis ou à sa famille. Il n’aime pas non plus compter sur les autres, préférant se dire « qu’on n’est jamais mieux servi que par soi même. » André a conclu très jeune que les autres, en particulier ses parents, ne sont pas là pour lui quand il a besoin d’aide. Il a appris à se débrouiller seul et il s’en dit aujourd’hui très fier. Après le décès soudain de son frère, André s’est replié sur lui-même. Il fuyait sa peine et était très mal à l’aise de partager ce qu’il vivait avec Bianca. Il préférait plutôt se plonger dans la musique. La sécurité d’attachement se caractérise par une faible anxiété d’abandon et peu d’évitement de l’intimité (Fraley & Shaver, 2000). Ce style d’attachement implique peu de stratégies secondaires et si elles sont utilisées, elles le sont de façon flexible (Mikulincer & Shaver, 2007). Les gens dits « sécurisés » croient en la disponibilité et à la sensibilité de leurs figures d’attachement et éprouvent un soulagement lorsqu’ils cherchent du réconfort auprès de celles-ci (Bartholomew & Horowitz, 1991). À l’opposé, un individu peut présenter à la fois un fort niveau d’anxiété d’abandon et d’évitement de l’intimité. Il tend alors à éviter l’intimité, mais ne parvient pas à désactiver son système d’attachement, à nier sa détresse et ses besoins affectifs. Selon Bartholomew et Horowitz (1991), une élévation sur ces deux dimensions correspond au style « craintif ». En reprenant la terminologie du modèle VSA, les vulnérabilités liées aux insécurités d’attachement ont été mises en lien avec la satisfaction conjugale, tant chez les couples en relation de fréquentation que chez les couples mariés. De nombreuses études ont montré que les individus sécurisés sont plus satisfaits de leur union que leurs semblables plus 161

Fonctionnement conjugal

anxieux ou évitants (voir Feeney, 1999, pour une revue). Plus précisément, la recension des écrits de Mikulincer et Shaver (2007) montre que les femmes présentant plus d’anxiété d’abandon, comme Bianca, et aussi celles qui évitent davantage l’intimité, rapportent une plus faible satisfaction conjugale que les femmes sécurisées. Du côté des hommes, ceux qui ont tendance à éviter l’intimité, comme André, présentent une plus faible satisfaction conjugale que les hommes plus sécurisés ou même plus anxieux. En considérant que le système d’attachement peut être activé par la détresse relationnelle (Bowlby, 1969/1982), les conflits entre les membres d’un couple sont susceptibles d’activer le système d’attachement de chacun des conjoints (Simpson, Rholes, & Phillips, 1996), dans la mesure où le conflit conjugal peut représenter une menace au lien d’attachement. Quelques chercheurs ont d’ailleurs montré que la gestion de conflits peut constituer une variable médiatrice du lien entre la sécurité d’attachement et la satisfaction conjugale (Feeney, 1994; Marchand, 2004). CONFLITS CONJUGAUX Le conflit survient lorsqu’une personne poursuit un but d’une manière qui gêne la poursuite d’un but menée par une autre personne (Lewin, 1948). Le conflit conjugal résulte donc de l’opposition entre les motivations de chaque conjoint (Fincham & Beach, 1999). Chez la plupart des couples, les conflits se produisent régulièrement et ils ont un impact négatif ou positif sur le développement et le maintien de la satisfaction conjugale selon la manière dont ils sont gérés (Marchand, 2004), autrement dit selon les processus adaptatifs utilisés. Certains styles de gestion sont associés à davantage d’escalades conflictuelles : les comportements négatifs, comme les critiques et la coercition, risquent de miner la satisfaction conjugale à long terme (Fincham & Beach, 1999). D’autres stratégies de gestion de conflits, comme la recherche d’un compromis satisfaisant pour les deux parties, peuvent favoriser le développement d’une relation conjugale satisfaisante (Lussier, Wright, Lafontaine, Brassard, & Epstein, 2008). L’insécurité d’attachement, une vulnérabilité importante dans le modèle VSA, permet d’expliquer certaines différences individuelles dans l’utilisation de processus adaptatifs pour gérer les conflits. Les personnes qui présentent une forte anxiété d’abandon ont tendance à percevoir plus négativement leur relation en temps de conflits et réagissent plus négativement aux conflits conjugaux (Campbell, Simpson, Boldry, & Kashy, 2005). Pour ces individus, les conflits peuvent impliquer une perception d’éloignement ou une menace de rejet du partenaire, ce qui interfère avec leur but de rapprochement intime (Pietromonaco & Feldman Barrett, 1997). Ces personnes peuvent utiliser des comportements de 162

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coercition ayant pour but de préserver la proximité, mais qui mènent souvent à une exacerbation du conflit initial. Pour leur part, les individus qui évitent davantage l’intimité peuvent percevoir les conflits comme une situation où ils auront à dévoiler une partie d’eux-mêmes, ce qu’ils cherchent à éviter pour préserver la distance affective qu’ils associent à leur autonomie (Pietromonaco & Feldman Barrett, 1997). De plus, si le conflit se règle, les conjoints sont susceptibles de vivre un rapprochement qui peut être source de malaise pour les individus qui présentent plus d’évitement de l’intimité. Au début de leur relation, André et Bianca réglaient facilement leurs différends, lorsque celle-ci écoutait le point de vue d’André et que celui-ci essayait ses propositions de solutions. Avec le temps, leurs échanges sont devenus plus tendus : André n’aime pas vraiment les discussions de couple « interminables » et Bianca trouve intolérable de vivre dans une relation où il y a des conflits non résolus. La gestion des conflits est l’un des processus d’adaptation les plus étudiés pour prédire la satisfaction conjugale (Bradbury

et al.

, 2000). Les couples satisfaits de leur union utilisent proportionnellement plus de comportements positifs pour régler leurs conflits. Les couples insatisfaits utilisent plus souvent et plus intensément des comportements négatifs, comme crier ou fuir les conflits (Gottman, 1994). Ils ont aussi tendance à utiliser le patron de communication demande-retrait. Patron de communication demande-retrait Le patron demande-retrait correspond à une interaction de couple dans laquelle une personne demande des changements, critique ou se plaint, alors que l’autre personne évite la confrontation, se retire ou agit défensivement (Christensen, 1987). Le

Questionnaire abrégé des patrons de communication

, traduit par Lussier (1997a) à partir du « Communication Pattern Questionnaire-Short Form » (CPQ-SF; Christensen & Heavey, 1990) permet d’évaluer le patron demande-retrait à l’aide de 11 items. Dans les études sur le sujet, ce processus adaptatif inadapté est relié à une faible satisfaction conjugale (Eldridge

et al.

, 2007), que ce soit chez les couples qui cohabitent (Christensen, 1987), les couples mariés ou les étudiants universitaires (Eldridge & Christensen, 2002). Quand Bianca demande à André de pratiquer pendant la journée plutôt que le soir, se plaignant de passer trop peu de temps avec lui, André garde le silence en ruminant, se disant qu’il ne veut pas envenimer la situation. Il a hâte que Bianca se calme pour aller pratiquer, mais moins il lui répond, plus elle insiste et plus il cherche à s’en aller. 163

Fonctionnement conjugal

Comment le patron demande-retrait est-il relié aux vulnérabilités d’attachement? Dans une étude effectuée auprès de couples mariés ou en fréquentation, Rodriguez (2000) a montré que les femmes anxieuses sur le plan de l’attachement rapportent davantage d’interactions où la femme demande et l’homme se retire, mais que les hommes présentant un niveau élevé d’évitement de l’intimité ne rapportent pas particulièrement ce même patron. De son côté, Klinetob (1998) a établi que les partenaires caractérisés par un attachement anxieux ou évitant présentent davantage le patron homme-demande et femme-se-retire que les conjoints sécurisés. Les études empiriques manquent pour appuyer les liens entre l’attachement et le patron demande-retrait, bien que cliniquement, on observe que les gens plus anxieux auraient tendance à faire plus de demandes (pour être rassurés et se rapprocher) et que les gens qui évitent l’intimité se retireraient davantage (pour maintenir une distance). Des études suggèrent que chez les couples en général, les femmes font davantage de demandes, tandis que les hommes ont tendance à se retirer (Christensen, 1987; Eldridge

et al.

, 2007). Chez les couples satisfaits de leur union, il semble y avoir davantage de flexibilité dans l’échange des rôles, selon la personne qui choisit le sujet de discussion. Chez les couples en détresse toutefois, le patron femme-demande / homme-se-retire est susceptible de se produire peu importe qui choisit le sujet et fait une demande de changement. Cette rigidité dans les rôles s’accentuerait avec les années de vie commune. Toutefois, il arrive que certains couples en détresse présentent un patron plus rigide

homme

demande / 1998).

femme

-se-retire. Cette dynamique, particulièrement néfaste pour le couple, a été reliée à la violence conjugale (p. ex., Babcock, Waltz, Jacobson, & Gottman, 1993; Holtzworth-Munroe, Smutzler, & Stuart, Violence conjugale Selon Straus, Hamby, Boney-McCoy et Sugarman (1996), la violence conjugale correspond à une stratégie pour parvenir à un but personnel lorsque cette stratégie implique soit une attaque physique, une attaque psychologique ou un contrôle sexuel du partenaire. Il s’agit bien sûr d’un processus inadapté, que l’on peut mesurer avec les 78 items de l’

Échelle révisée des stratégies de résolution de conflits

(Lussier, 1997b), une traduction du « Revised Conflict Tactics Scales » (CTS2; Straus

et al.

, 1996). Johnson (2006) distingue deux formes de violence conjugale : le terrorisme intime et la violence conjugale situationnelle. La première résulte de traditions et croyances machistes impliquant que l’homme a le droit de contrôler « sa » femme. Cette forme de violence est associée à l’utilisation systématique des menaces, du contrôle sexuel, de la violence physique (menant souvent à des blessures graves) et de stratégies visant le contrôle de la conjointe. L’escalade de la violence y est fréquente. Il 164

RQP, 31(1)

semble que ce soit plus souvent la forme de violence subie par les femmes qui s’adressent aux centres d’hébergement pour femmes en difficultés. Quant à la violence conjugale situationnelle, elle concerne davantage les conflits qui prennent des proportions inattendues. Elle peut être le fait de l’un ou l’autre des partenaires, et la violence psychologique y est plus fréquente que la violence physique. Les gestes de violence y sont moins sévères et l’escalade de la violence y est moins probable (Johnson, 2006). Aucun des conjoints ne dit habituellement craindre pour sa sécurité. La violence conjugale situationnelle est liée à la détresse conjugale chez les couples de la population générale (Lafontaine, Brassard, & Lussier, 2006). En entrevue individuelle d’évaluation, ni André ni Bianca ne disent craindre pour leur sécurité, mais il leur est arrivé d’utiliser la violence psychologique (insultes mutuelles, André qui part en claquant la porte bruyamment parce que Bianca est « toujours sur son dos ») et la violence physique (Bianca qui gifle André) lors de disputes virulentes. Dans le modèle VSA, les vulnérabilités d’attachement sont liées aux processus inadaptés que représentent les paroles ou les gestes violents. En effet, chez les hommes qui consultent pour des problèmes de violence conjugale, la violence physique a été reliée à une plus grande anxiété d’abandon, particulièrement lorsque les hommes présentent également des scores élevés d’évitement de l’intimité (Dutton, Saunders, Starzomski, & Bartholomew, 1994; Holtzworth-Munroe (Holtzworth-Munroe

et al.

et al.

, 1997). La violence physique représenterait alors une stratégie maladroite d’expression de la détresse, dont le but serait de retrouver la proximité avec la partenaire , 1997). La violence psychologique a pour sa part été associée à l’évitement de l’intimité des hommes dans un vaste échantillon de la population générale québécoise étudié par Lafontaine et Lussier (2005). Les auteurs expliquent que la violence psychologique servirait alors à repousser l’autre partenaire, de manière à préserver un sentiment d’autonomie lorsque le partenaire est jugé envahissant. Mikulincer et Shaver (2007) précisent, en survolant les résultats de 23 études sur le lien entre l’attachement et la violence conjugale, que l’évitement de l’intimité n’est associé à la violence conjugale que lorsqu’il y a également présence d’anxiété d’abandon. CONCLUSION Nombreux sont les partenaires amoureux qui, comme André et Bianca, cherchent une aide professionnelle pour améliorer leur relation conjugale. Le modèle VSA peut fournir une compréhension théorique intégrative des difficultés des couples qui se présentent en clinique pour ensuite mieux orienter le traitement, lorsque la thérapie conjugale est indiquée. Chez les couples où l’on retrouve des processus d’adaptation impliquant une dynamique de terrorisme intime, la thérapie de couple est fortement 165

Fonctionnement conjugal

déconseillée, puisque les risques de représailles sont très réels pour la victime, généralement la femme (pour des précisions sur l’évaluation et le traitement de la violence conjugale, voir Lussier

et al.

, 2008). Pour les autres couples insatisfaits de leur relation, qu’ils présentent le patron demande-retrait ou celui de la violence conjugale situationnelle, une forme de thérapie semble particulièrement prometteuse : la thérapie de couple axée sur l’émotion (Lafontaine, Johnson-Douglas, Gingras, & Denton, 2008). Au cours de leur thérapie de couple axée sur l’émotion, Bianca et André ont beaucoup appris sur leurs enjeux d’attachement et la manière dont ceux-ci affectaient leurs interactions de couple. Bianca a réalisé qu’elle avait constamment peur d’être abandonnée par André et qu’elle cherchait de manière excessive à être rassurée en insistant auprès d’André pour qu’il passe plus de temps avec elle. Elle a appris à gérer ses émotions de manière un peu plus autonome, reconnaissant ainsi les besoins qui nécessitent vraiment l’aide d’André. Elle a également appris à exprimer ses besoins à André sans crier ni frapper, de même qu’à réagir un peu plus calmement aux refus. André, pour sa part, a appris à répondre plus clairement et directement aux demandes de Bianca. Il fait maintenant lui même des demandes, devenant du même coup plus ouvert à écouter les demandes de Bianca, qui apprécie grandement cette nouvelle interdépendance. Il a aussi réalisé qu’il ressent le besoin de se rapprocher de Bianca, mais qu’il a fondamentalement peur que s’il compte sur elle, elle réponde mal à ses besoins ou pire, qu’elle le laisse tomber au moment où il se serait montré vulnérable. Enfin, André a appris à ressentir davantage ses émotions de tristesse ou de peur et à en parler à Bianca. À la fin du processus thérapeutique, le niveau de satisfaction conjugale était de 108 pour André et de 115 pour Bianca, des niveaux qui indiquent une satisfaction conjugale élevée. Cette approche fournit un cadre d’évaluation et d’intervention riche pour aider les couples, comme celui d’André et de Bianca, à développer un lien d’attachement plus sécurisant, ce qui facilite ensuite l’apprentissage et l’utilisation de meilleures stratégies de communication, comme la capacité à discuter des problèmes, l’expression des sentiments et la capacité à suggérer et essayer des solutions. En effet, aider les conjoints à comprendre les enjeux d’attachement sous-jacents à leurs positions d’interactions rigides (comme le patron demande-retrait) permet de modifier graduellement ces positions et d’amener chaque partenaire à devenir une base plus sécurisante pour l’autre. RÉFÉRENCES Ainsworth, M. D. S., Blehar, M. C., Waters, E., & Wall, S. (1978).

Patterns of attachment : A psychological study of the strange situation.

Hillsdale, NJ : Erlbaum. 166

RQP, 31(1)

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Journal of Consulting and Clinical Psychology, 61,

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, 488-531. RÉSUMÉ Cet article vise à enrichir la compréhension du fonctionnement conjugal pour permettre aux cliniciens de mieux comprendre les difficultés de couple. Il s’appuie sur une recension des études concernant l’attachement adulte, le patron de communication demande-retrait, la violence et la satisfaction conjugales. Selon le modèle vulnérabilités – stresseurs – adaptation (VSA; Karney & Bradbury, 1995), le style d’attachement serait une vulnérabilité personnelle influençant les stresseurs et l’adaptation, alors que le patron demande-retrait et la violence conjugale seraient des tentatives d’adaptation inappropriées lors des conflits conjugaux. Les concepts présentés sont illustrés à l’aide d’un exemple clinique. MOTS CLÉS attachement, communication demande-retrait, violence conjugale, satisfaction conjugale, adultes ABSTRACT The purpose of this article is to enhance the knowledge of couple functioning, so that clinicians better understand couple difficulties. The article rely on a literature review concerning adult attachment, demand-withdraw communication pattern, intimate violence, and relationship satisfaction. According to the Vulnerabilities – Stress – Adaptation model (VSA; Karney & Bradbury, 1995), adult attachment style could be seen as a personal vulnerability which exerts its influence on adaptation processes and stressful events. Demand-withdraw pattern and intimate violence can be viewed as inadapted adaptation attempts in times of conflict. A clinical case is used to illustrate the aforementioned variables. KEYWORDS attachment, demand/withdraw communication, intimate violence, relationship satisfaction, adults 169