Transcript S.Chabrier
L’accident vasculaire cérébral de l’enfant S Chabrier, S Darteyre, J Fluss CHU Saint-Etienne, HU Genève, CNR AVC de l’enfant. AVC et enfant • Plus courant qu’on ne l’imagine • Plusieurs tableaux cliniques – infarctus cérébral périnatal • infarctus fœtal, néonatal et présumé périnatal – thrombose veineuse – infarctus artériel du grand enfant – hémorragie cérébrale La pathologie cérébro-vasculaire de l’enfant : une réalité Infarctus artériel du Fréquence généralement Nombre d’évènements retenue annuels attendus 1-2/100 000 par an Mortalité Récidive 150-300 5-10% 5-10% 1-2/100 000 par an 150-300 5-10% 5% 0,25-0,67/100 000 par an* 50-100* 2-5% 5% 1/2800 à 1/4000 naissances 200-300 2-5% <2% grand enfant Hémorragie primitive du grand enfant Thromboses veineuses Infarctus périnatal Total 500-1000 De plus • L’AVC de l’enfant est une pathologie – qui laisse des séquelles • 5-10 % de décès • 1/3 de récupération totale, 1/3 de séquelles légères et 1/3 de séquelles modérées ou graves • plusieurs dizaines de milliers de personnes vivent avec des séquelles d’un AVC quelles ont eu dans l’enfance – prévalence adulte/enfant 10% vs. incidence <1% – poids humain, social et économique – et qui récidive • soit du fait de la maladie sous-jacente • soit du fait de l’évolution de l’artériopathie Présentation clinique • Déficit neurologique focal soudain – hémiplégie et troubles du langage – parfois bégayant • Crises d’épilepsie – « certains convulsent mais tous sont déficitaires » • Autres : douleurs, fièvre, altération de la vigilance… Par exemple pour L’IPSS Confirmation par l’imagerie • Mise en évidence d’une – lésion d’allure ischémique récente de distribution artérielle compatible avec la symptomatologie • IRM +++ – T1, T2, T2* – diffusion, ADC – séquences vasculaires • Willis + cou • veineuses si besoin La cause des infarctus cérébraux artériels • Une grande diversité de causes : – métaboliques, toxiques, infectieuses, hématologiques, inflammatoires... • Les deux principales caractéristiques sont : – la survenue chez des enfants jusqu’alors en bonne santé – la majorité est due à un mécanisme artériopathique • vs. cardioembolique minoritaire • cérébrales, focales, regressives vs. cervicales, diffuses, constitutionnelles Malgré cette diversité de causes, la majorité des infarctus artériels de l’enfant est groupée en quelques classes nosologiques – cardiaques/transcardiaques – artériopathies • évolutives (moyamoya…) • non progressives – dissections – artériopathie cérébrale focale et transitoire – cause systémique – Indéterminé (cryptogénique) 15%, 5-7% 10% 25 % 10-15% 25% • La coexistence de multiples facteurs de risque est fréquente • L’identification du mécanisme permet de prévoir l’évolution Infarctus cardiaques/transcardiaques • 15% des infarctus – cardiopathie congénitale +++ – Myocardiopathie aigue ++ – infectieuse, valvulaire, arythmie • diagnostic par histoire, auscultation, ECG, écho transthoracique • Le plus souvent un facteur environnemental déclenche l’accident aigu – chirurgie, cathétérisme Infarctus cardiaques/transcardiaques • Caractéristiques spécifiques – déficit important avec altération de la vigilance – infarctus étendu avec transformation hémorragique • Exceptionnels sans histoire cardiaque • Parfois associés à des lésions artérielles Vulnérabilité atriale Persistance du foramen ovale et facteur V Leiden Les Infarctus artériopathiques sont les plus fréquents • Artériopathie extracrânienne = dissection (10%) • Artériopathie intracrânienne (>50%) – évolutive et souvent bilatérale • moya-moya (5-10%) • angéite primitive (rare) – transitoire et souvent unilatérale (25%) • TCA, PVA, FCA, nPcPACNS !!!! – autres • angéite primitive (rare) • artériopathie associée à une maladie systémique Dissections • 20% des infarctus cérébraux artériels de l’adulte jeune – de 2 à 20% chez les enfants en fonction des séries • Une revue résume les caractéristiques principales à partir de 118 cas publiés (Fullerton, 2002) – prédominance masculine – haute prévalence des dissections intra/extracrâniennes Dissections artérielles - 20 à 30% des AICA du sujet de < 40 ans. - Fragilité artérielle au contact des promontoires osseux (artères vertébrales). - Traumatismes, manipulations cervicales. - Douleur cervicale, déficits transitoires (claudication). - Signes orientant vers la fosse postérieure (troubles visuels, vertiges, ataxie, atteinte des paires crâniennes). - Claude Bernard Horner (dissection carotidienne). - Dissections spontanées : dysplasies artérielles, maladies du tissu élastique. Notre expérience des dissections (n=12) cervicale intracrânienne Traumatisme direct 4/5 0/7 Exercice physique 1/5 5/7 Age 7,8 10,8 Douleur 4/5 5/7 Récidive 1/5 0/7 Séquelles 2/5 2/7 Dissection intracrânienne Dissection cervicale Place particulière des dissections (?) vertébrales • Il est difficile de trouver la cause des infarctus du territoire postérieur • Il s’agit le plus souvent d’artériopathies vertébrales – segment V2-V3 T TCA (1995) or transient cerebral arteriopathy Formally a syndrome PVA (2005) or post-varicella arteriopathy Formally a disease FCA (2009) or focal cerebral arteriopathy Formally a symptom Non progressive form of cPACNS (2006) or childhood primary angiitis of the central nervous system Definition Advantages Limitations - Unilateral focal or segmental stenosis or occlusion involving distal part of internal carotid and initial segments and branches of anterior and/or middle cerebral artery. - On follow-up imaging 6 months after initial stroke, non-progression (or regression) of arterial lesions compared with baseline angiogram. - The evolution of the arteriopathy is well correlated with the outcome and the risk of recurrence. - Recognized and (thus) studied since a long time. - The diagnosis can only be suspected initially and need time to be confirmed (some biological and imaging factors are nevertheless predictors). - Stroke occurring <1 year after varicella - Ischemic localization consistent with unilateral disease affecting the supraclinoid internal carotid artery or proximal anterior or middle cerebral arteries. - No identified etiology other than PVA. - A well described and specific arteriopathy - No evidence that post-varicella of childhood. TCA is different from other postinfectious TCA (Cocksackie, HIV, borreliosis…). - Unifocal or multifocal, unilateral or bilateral stenosis of the large and/or medium-sized vessels visualized on angiography. - Not otherwise classified as dissection, moyamoya, sickle cell arteriopathy, postvaricella arteriopathy, vasculitis or other specific diagnoses. - Diagnosis established early in the course of the disease. - A describing term that can refer to a lot of entities: from a time-and space-limited disease to a more diffuse and evolutive arteriopathy. - Clinical primary CNS vasculitis - Angiography findings demonstrating arterial stenosis not attributable to other causes. - Non-progression of the initial stenosis and no new appearance of new areas of Stenosis follow up angiogram was required at >3 months after initial angiography. - The evolution of the arteriopathy is well correlated with the outcome. - The diagnosis can only be suspected initially and need time to be confirmed (some imaging and imaging factors are nevertheless predictors). - The period of 3 months is too short to asses the non progressive course of the arteriopathy Artériopathie cérébrale transitoire • sténose unilatérale de la bifurcation carotidienne (M1-A1-C1) non évolutive à 6 mois • caractérisée par la triade • hémiplégie isolée due à petit infarctus profond • sténose artérielle • récidive dans les premiers mois puis guérison – avec séquelles Laetitia, • Hémiplégie droite et mutisme • 47 jours après une varicelle banale • Evolution favorable 9/12 2 ans Quelle est la nature de cette artériopathie ? • La réversibilité n’évoque pas une artériopathie constitutionnelle – spasme – dissection – angéite • Plutôt inflammatoire – fréquemment précédée par un épisode infectieux (varicelle +++) – les lésions artérielles ressemblent aux images vues dans les arétrites de la base (post méningite) – LCR inflammatoire – très peu d’observations neuropathologiques Evolution clinique • Dépend de l’évolution de l’artériopathie (i.e. progression vs. stabilité/régression) – les accidents récidivent rarement dès lors que l’imagerie ne montre plus de progression de l’artériopathie (Lanthier et al. Neurology 2005) • Importance à définir précocement les facteurs pronostiques – pour distinguer ainsi un processus pathogène transitoire des premier stades d’un artériopathie évolutive – traitement • Déterminants identifiables dès la présentation associés à une maladie transitoire (Braun et al. Brain 2009 ; Cellucci et al. Arthritis Rheum 2012) – la présentation par un déficit focal, une sténose artérielle unique et proximale et la survenue d’une varicelle dans l’année précédente. – a l’inverse un tableau clinique dominé par une atteinte cognitive, une dissémination des signaux hyperT2 parenchymateux et des lésions vasculaires multifocales, bilatérales et distales sur l’imagerie initiale sont en faveur d’une forme progressive (cPACNS, moyamoya) – nouveaux biomarqueurs ? Syndrome de Moya-Moya - Occlusion progressive de la portion terminale des CI avec développement d’anastomoses termino-terminales sous piales. - Progression en marches d’escaliers (détérioration mentale). - Trisomie 21, STB, NF, drépanocytose, post-radique. - Ou primitif. Thrombophiles et autres facteurs de risques • Important pour les infarctus périnatals et veineux • Plus équivoques pour les infarctus artériels – Facteur V Leiden – Lipoprotéine(a) • Infection/inflammation non spécifique, traumatisme crânien minime, hypertension artérielle, hyperlipémie, anémie Autres causes • Méningites purulentes (angéites infectieuses). • Artérites cérébrales (SHU, lupus, purpura rhumatoïde, Kawasaki…). • Malformations artérielles cérébrales (anévrysmes). • Elastopathies (Marfan, Ehlers Danlos, dysplasie fibro-musculaire…). • Maladies métaboliques (Fabry, homocystinuries, CDG syndrome…). Infarctus de mécanisme indéterminé • Ressemble aux infarctus par artériopathie cérébrale transitoire – infarctus profond – hémiplégie isolée – ne récidive pas à long terme • S’agit-il de la même maladie ? Diagnostic différentiel • • • • • • • Epilepsie (paralysie de Todd) Migraine (forme hémiplégique) Hémorragies cérébrales Thromboses veineuses cérébrales Atteintes inflammatoires ou infectieuses du SNC Processus expansif intracrânien AMC : MELAS, anomalies du cycle de l’urée Démarche diagnostique • Première idée – histoire personnelle et familiale – description de l’accident – imagerie encéphalique • Investigations orientées en fonction – imagerie non invasive • La multiplicité des facteurs de risque est fréquente et augure d’un pronostic défavorable (Lanthier, 2000 ; Ganesan, 2003) Traitement et évolution • Risque de séquelle : la règle des 30% • Le risque de récidive et l’évolution neurologique dépendent de la cause – constitutionnelle/aiguë – traitement étiologique – bilan complet • Mis à part chez l’enfant drépanocytaire, il n’existe pas de traitement établi de l’infarctus cérébral de l’enfant – consensus professionnels Les recommandations actuelles (prise en charge aigüe) • Maintien de l’homéostasie +++ – surveillance intensive • neurochirurgie de décompression – température, glycémie, SaO2, tension artérielle, hydratation, douleur… – traitement de la cause et des complications • infection, épilepsie, HIC… • Place de la thrombolyse ? • Traitement anticoagulant d’attente ? – attitude européenne vs. nord-américaine – bilan étiologique • Rééducation rapide Les recommandations actuelles (prévention secondaire) • Infarctus artériel périnatal : abstention • Infarctus artériel de l’enfant plus grand : – aspirine (1-5 mg.kg-1) en général – anticoagulation pour • accidents cardio-emboliques • dissections extra-crâniennes ? • accidents qui récidivent sous antiplaquettaires • Cas particuliers – drépanocytose, moyamoya Traitement des artériopathies focales • Aspirine vs. autre – anticoagulants (Sträter et al. Stroke 2001 ; Chabrier et al, e-Blood 2012) – antiinflammatoires, antiviraux • déterminants précoces • pas d’arguments dans la littérature (Fluss et al, soumis) • les accidents cryptogéniques ne récidivent pas sous aspirine (Darteyre et al. Neurology 2012) – comparaison vs. séries historiques • Combien de temps ? – jusqu’à ce que l’artériopathie ait cessé d’évoluer – 18 mois-2 ans Conclusions • L’AVC de l’enfant : une réalité • Quelques classes nosologiques • Traitement adapté