Cyberguerre : lʼAPL, apprenti sorcier SATCOM : STATIONS

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Transcript Cyberguerre : lʼAPL, apprenti sorcier SATCOM : STATIONS

LETTRE HEBDOMADAIRE D'INFORMATIONS STRATÉGIQUES
Directeur : Guy Perrimond - Rédacteur en chef : Guillem Monsonis - 25 juin 2014 - n° 939
SATCOM : STATIONS SOL ET RÉSEAUX INTELLIGENTS
Dans le cadre du programme franco-italien Athena-Fidus, Airbus
Defense & Space (Airbus DS), qui a été retenu pour fournir le
segment sol et le réseau de communication avec le satellite, a
annoncé la semaine dernière les premières liaisons entre le
segment sol et le satellite géostationnaire lancé en février. Baptisé
COMCEPT, ce segment sol et son réseau en bande Ka militaire sont
lʼavant-goût des futurs réseaux de communications des Armées. Cette
bande de fréquence est complémentaire de la bande X des satellites
Syracuse au réseau très sécurisé et très protégé, y compris contre les
attaques cyber ou NRBC. L'état-major des Armées (EMA) souhaite
pouvoir disposer d'un système permettant de soulager le réseau
Syracuse, aujourd'hui surchargé. La bande Ka offrira ainsi aux forces
armées un très haut débit nécessaire à l'échange de données toujours
plus denses et nombreuses, notamment pour la transmission/
réception de vidéos HD par les drones MALE. La DGA a donné des
directives claires sur la nécessité pour l'industriel de travailler avec
des produits disponibles sur le marché civil (COTS), afin d'obtenir le
meilleur compromis technico-opérationnel/coût. Airbus a conçu trois
types de stations sol fixes ou projetables sur un théâtre d'opérations :
la station HDR en shelter mobile, avec une capacité de réception de
30 Mbits ; la station de petite dimension TMT, fixe ou déployable
(10 Mbits) ; et la station portable (manpack) SDT, particulièrement
adaptée aux petites unités mobiles (2 à 3 Mbits). Un réseau qui se
veut “intelligent”, c'est-à-dire en mesure de s'adapter à la qualité du
canal de transmission et à l'importance hiérarchique des messages et
communications (ordres de commandement...). La mise en service de
COMCEPT est prévue pour la fin de l'année. COMSAT NG émettra en
bande X et Ka et son réseau sera proche de celui de COMCEPT.
Chez Airbus DS, on ne parle pas de démonstrateur mais bien
d'éléments intermédiaires opérationnels qui constitueront une des
briques de COMSAT NG, dans lequel la capacité d'Athena Fidus sera
intégrée. (suite page 5)
Cyberguerre : lʼAPL, apprenti sorcier
Le “tout cyberguerre” commence
à produire ses effets ! LʼArmée
populaire de libération et les
services de sécurité qui ont formé
en une décennie une nuée de
cyber-hackers ont vu bon nombre
dʼentre eux ne pas rester au
service de lʼAPL ou au département cyberguerre de la Sécurité
publique (Gonganbu) ! Ce
pantouflage dans le privé (dans
une myriade dʼentreprises, de
sociétés de consulting, de firmes
dʼinformatique) a fait se propager
par capillarité les techniques
utilisées par lʼEtat. Résultat :
le 3e Département de lʼAPL ne
contrôle pas certaines des opérations qui lui sont imputées (y
compris dans le domaine du
phishing, de lʼespionnage, etc.).
Dʼautant plus que les organes
dʼEtat jouent souvent aux
apprentis sorciers en favorisant
des ripostes “nationalistes”, dont
ils ne maîtrisent plus ensuite
lʼamplitude. Cela aurait été le cas
pour les attaques concernant les
îles Sensaku et les cérémonies
japonaises du pèlerinage
nationaliste de Yasukuni.
(suite page 2)
Lancaster House en action
chez les paras
Du 21 au 27 juin, la 11e Brigade
parachutiste et son alter ego
britannique, la 16th Air Assault
Brigade, participent à lʼexercice en
terrain libre “Tears of the Sun 2”
entre Toulouse-Francazal (HauteGaronne) et les camps de Caylus
(Tarn-et-Garonne) et de La Courtine
(Creuse). Troisième exercice réalisé
en binôme cette année entre les
deux brigades, il sʼinscrit dans le
cadre de lʼInterim Combined Joint
Expeditionnary Force (I-CJEF) directement issu des décisions du traité
de Lancaster House, signé en 2010
par Londres et Paris et qui vise à
disposer en permanence dʼune
force dʼintervention dʼurgence binationale apte à être déployée à tout
moment et dans un délai très court.
Certifiée en 2013, cette I-CJEF est
commandée tour à tour par un officier général français ou britannique
à la tête dʼun GTIA monté pour
lʼoccasion, la nation ayant le commandement devant aligner 70 %
des effectifs du QG, tandis que le
gros des troupes est partagé plus
ou moins à égalité, en fonction
des possibilités du moment. Pour
lʼoccasion, le GTIA engagé était
constitué du 8e RPIMa de Castres,
sous les ordres du colonel Vincent
Tassel, et du 3rd Para Battalion de la
British Army. Pour les Britanniques
comme pour les Français — très
sollicités sur dʼautres théâtres
actuellement —, le montage de
cette I-CJEF représente un effort
notable… ou carrément louable en
ces temps de disette budgétaire.
Lʼexercice met en lice environ
1 400 militaires, dont 430 Français
du GTIA 8 et 430 Britanniques de la
16th AAB, soutenus par quelques
Puma et Gazelle de lʼALAT, tandis
que, du côté britannique, on a pu
noter la présence dʼhélicoptères
Apache, Chinook et Merlin. (suite
page 3)
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Stratégie et politique
TTU - N° 939 - 25 juin 2014
➤ Cyberguerre… (suite de la p.1)
ACTIONS COGNITIVES ET DJIHADISME
Lʼexemple le plus frappant a eu
lieu ces derniers jours lorsque
le site du référendum virtuel
sur la démocratie à Hongkong
(popvote.hk) a été frappé dix
milliards de fois par des messages
hostiles. Les autorités pékinoises
nʼétaient sans doute pas mécontentes de cette attaque. Il nʼen
reste pas moins quʼau sein de
lʼAPL, son Département politique
réalise actuellement un audit pour
savoir dans quelle mesure les
initiatives de lʼEtat sont trop souvent contournées sans lʼaccord du
sommet. Et comment lʼ«ennemi
principal» (les Etats-Unis) peut
en profiter pour effectuer des
manipulations antichinoises.
Après avoir expérimenté la résonance offerte par Youtube dans le cadre de
ses campagnes de communication en Syrie, lʼEtat islamique en Irak et au
Levant, parallèlement à son offensive en Irak, professionnalise son
approche. Une application en arabe est, depuis le mois dʼavril, disponible pour
téléphone Android via la plate-forme de vente en ligne Google Play. Lʼapplication
Aurore concentre sur la même page, et dans la plus grande impunité, lʼensemble
des informations, contenus multimédia, et réseaux sociaux disponibles sur le
mouvement djihadiste. Mais la finalité de cette application consiste surtout à
collecter des fonds, recruter et radicaliser les sympathisants potentiels, en
déployant une stratégie de propagande visant et instrumentalisant lʼensemble
des médias sociaux pour neutraliser les flux adverses et monopoliser certains
concepts. Non seulement de nouveaux tweets sont générés toutes les deux
heures, mais leur diffusion est démultipliée grâce à une stratégie de marketing
virale faisant usage des hashtags. Ceux-ci sont mentionnés 10 000 fois
quotidiennement. La marche sur Bagdad a même généré 40 000 tweets en une
seule journée. Contrairement à Al-Nosra qui reste fidèle à Youtube, lʼEIIL
cherche désormais à cibler une population éduquée, et notamment occidentale,
depuis la diffusion en anglais de son application, surfant ainsi sur la vague
grandissante que représentent les candidats djihadistes européens.
➤ Egypte : aide US
USA : LES “PROMESSES” DE VON DER LEYEN
Arrivé dimanche soir au Caire,
John Kerry a déclaré que les EtatsUnis débloqueraient dans les
prochains jours 575 millions de
dollars sur les 1,3 milliard gelés.
Mais plus important, à cette
somme sʼajouterait la fourniture
de 10 hélicoptères Apache ! Ce
déblocage nʼaurait rien dʼinnocent :
il sʼagit pour Washington de sécuriser plusieurs contrats dʼarmement
actuellement en phase finale de
négociation.
➤ Renforts scandinaves au Mali
La Norvège et la Suède prolongent
leurs contributions à la mission
militaire de l'Onu au Mali tout en
les renforçant. Le 20 juin, Oslo a
décidé lʼenvoi dʼune vingtaine
dʼofficiers dʼétat-major et dʼanalystes, ainsi que dʼune dizaine
de personnels de soutien. Leur
présence est acquise jusquʼà la fin
juin 2015. Le 12 juin, le Parlement
suédois a donné son feu vert à
lʼenvoi, à partir du 1er juillet et pendant douze mois, dʼun contingent
armé nʼexcédant pas 400 personnes
(une compagnie de renseignement
et une unité de soutien). Lʼan
dernier, Stockholm avait décidé
l'envoi d'un maximum de 160 militaires et Oslo d'un maximum de
cinq officiers et de quinze autres
militaires pour contribuer à la
Minusma pendant un an.
La ministre allemande de la Défense, Ursula von der Leyen, sʼest rendue,
la semaine dernière, pour la première fois en visite officielle aux EtatsUnis, pays dans lequel elle a vécu et dont elle maîtrise parfaitement la
langue. Mme von der Leyen était très attendue à Washington. En effet, les
Américains nʼont pas oublié son discours lors de la dernière conférence de
Munich sur la sécurité, ainsi que ceux du ministre des Affaires étrangères,
Frank-Walter Steinmeier, et du président de la République fédérale, Joachim
Gauck. Tous trois répètent à lʼenvi quʼil est temps que lʼAllemagne sorte de sa
position dʼobservateur perpétuel et assume enfin ses responsabilités
internationales pour le maintien de la paix dans le monde au même titre que
ses alliés. Ce qui, pour les Américains et les autres, signifie en principe que
les Allemands sont prêts à assumer des missions de combat. Ce nʼest
pourtant pas le langage que leur a tenu la ministre qui, même si elle nʼa pas
exclu en dernier recours lʼutilisation de la force militaire pour stopper un
génocide ou un autre conflit endémique, nʼa fait aucune offre précise que lʼon
nʼait pas déjà vue de la part de la Bundeswehr. Ceci fait immanquablement
penser au dernier “épisode africain” de lʼarmée allemande. Fin 2013, Berlin
était finalement sorti de sa réserve pour annoncer son soutien à la France en
Afrique. Le résultat sʼest soldé par une aide sanitaire et des activités de
formation à partir de zones éloignées des combats. Berlin devra pourtant
bientôt choisir entre assumer réellement ses responsabilités internationales et
le risque électoral qui va avec, ou décevoir sans fin ses alliés et se
décrédibiliser.
EXERCICE RUSSE À KALININGRAD
Alors que lʼOtan menait dans les Pays Baltes les exercices militaires
BALTOPS 2014 (du 6 au 21 juin) et SABER STRIKE 2014 (du 9 au 20 juin),
les troupes russes pour la région militaire Ouest (ZVO) ont mené leur
propre exercice militaire, impliquant les trois composantes des forces
armées (Terre, Air, Mer), dans la région de Kaliningrad, près de la
Baltique. But officiel de lʼexercice : vérifier la coopération interarmes (Air,
Terre, Mer) ainsi que les systèmes automatisés de commandement des
troupes. Côté russe, lʼexercice a commencé le 10 juin. Etaient impliqués dans
lʼexercice aussi bien les navires de la Flotte de la Baltique que les troupes
parachutistes de Pskov, les SU-34, lʼappareil dʼalerte avancé A-50, ainsi que
des SU-27, des hélicoptères MI-24 et des bombardiers TU-22M3.
Actualité des forces
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TTU - N° 939 - 25 juin 2014
LANCASTER HOUSE EN ACTION… (suite de la page 1)
Ces moyens étant surtout utilisés pour le déploiement et lʼextraction des
groupes de commandos parachutistes et le transfert par air des compagnies
engagées. Détails intéressants ou cocasses, ce sont des Transall de la
Luftwaffe qui assurent durant «Tears of the Sun 2» les opérations de
largage de parachutistes et de palettes aux camps de Caylus et de La
Courtine — faute de moyens français trop demandés par ailleurs —, tandis
que tous les officiers de liaison britanniques ont été aperçus armés de fusils
dʼassaut Famas ! «Tears of the Sun 2» (Larmes du Soleil) a pour but, selon
les mots du général de brigade Olivier Salaün, commandant la 11e BP, «de
vérifier la capacité dʼentrée en premier sur un théâtre adverse par la
troisième dimension, de tester et dʼapprofondir lʼinteropérabilité des deux
brigades parachutistes non seulement au niveau de la troupe sur le terrain
mais surtout au niveau du commandement, où la communication en langue
anglaise est aujourdʼhui la norme. Ce qui ne pose aucun problème
particulier et présente souvent des avantages, surtout par la concision de la
langue anglaise, qui sied bien aux opérations militaires». Lʼexercice a
permis de déployer pour la première fois les nouveaux parachutes de
lʼarmée de terre — EPC ou Ensemble parachutage du combattant —, qui
permettent de sauter en meilleure sécurité avec un paquetage et une gaine
armement plus lourde quʼauparavant avec lʼEPI.
LES AFFAIRES DES ALLEMANDS DÉCOLLENT AU MAGHREB
Les affaires des Allemands décollent au Maghreb. Il y a dix jours, on
apprenait que Rheinmetall est sur le point de finaliser un juteux
contrat avec lʼAlgérie. Cette dernière va sʼoffrir 1 000 transports de
troupes blindés de type «Fuchs II» avec en sus lʼusine qui en construira la
majeure partie. Ce contrat est connu depuis 2011, année où il a reçu le feu
vert du Conseil fédéral de sécurité, mais on attendait les signatures
définitives. Elles devraient être apposées très prochainement au bas du
contrat. Berlin aurait cependant assorti ce contrat d'une clause, limitant la
production des engins assemblés en Algérie à une utilisation exclusive par
les forces algériennes et à une interdiction d'exportation vers des pays tiers.
De son côté, ThyssenKrupp a déjà démarré la construction de deux frégates
pour la marine algérienne. Daimler, enfin, a placé quelques centaines de
camions militaires. Le tout représente au moins 4 à 5 milliards dʼeuros de
rentrées pour lʼindustrie allemande. Mais ce nʼest pas tout. La semaine
dernière, Angela Merkel a reçu le Premier ministre tunisien, Mehdi Jomaa, à
Berlin. La chancelière lui a assuré lʼaide de lʼAllemagne dans la lutte contre
le terrorisme venu de Libye. Concrètement, il est question que Berlin
fournisse à Tunis de lʼéquipement et des formations pour la police et les
douanes tunisiennes. Les deux dirigeants ont aussi évoqué une aide à la
construction dʼune «frontière électronique» entre la Tunisie et la Libye. Ce
dernier projet, sʼil se réalisait, pourrait peut-être donner goût à lʼAlgérie de
relancer un projet similaire laissé en suspens.
EXERCICES «KHAAN QUEST» 2014
Le 20 juin en Mongolie a débuté l'exercice «Khaan Quest». Lancé en
2012 comme un exercice bilatéral Mongolie-USA de maintien de la paix, il
regroupe aujourd'hui près de 1 200 militaires et observateurs de 23 pays,
parmi lesquels le Japon, la Turquie, la République Tchèque, le Canada,
l'Inde, la Corée du Sud et la France. Pour la première fois, la Chine a
envoyé des troupes et des médecins militaires. Lors de l'édition précédente
de l'exercice, la Chine, tout comme la Russie, s'était contentée du statut
d'observateur. L'exercice se prolongera jusqu'au 1er juillet.
➤ Sécurité maritime en Méditerranée
La deuxième campagne dʼessais
“sécurité maritime” européenne I2C
(Eye to Sea) se déroulera du 26 juin
au 1er juillet au large de Toulon.
Pilotée par DCNS et ses partenaires
(UE, Pôle Mer PACA, Rockwell
Collins, Onera...), elle vise à travailler
à la détection de comportements
anormaux en Méditerranée : dégazages, trafics illicites, immigration clandestine, avaries, piraterie...). Logiciel
dʼaide à la décision conçu par DCNS,
I2C analyse de manière dynamique la
trajectoire et les activités des navires
en utilisant tous types de senseurs
(via le système AIS), notamment les
senseurs civils disponibles sur le
marché. Et déclenche, au besoin,
des alertes permettant aux autorités
(Gendarmerie maritime et CROSS
Méditerranée) de réagir au plus vite.
Dʼimportants moyens seront mobilisés : un Zeppellin doté dʼune boule
optronique, un radar FMCW de
Rockwell Collins France (capable de
détecter de petites embarcations),
un radar haute fréquence à ondes de
surface HFSW de lʼOnera (détection
de navires à plus de 400 km), des
avions de patrouille maritime, le drone
de surface Sterenn Du et des stations
de surveillance côtière. Le réseau
de communication de la Marine et les
centres à terre de la Marine et des
Douanes participeront aussi à lʼexercice. Les résultats seront présentés
devant la Commission européenne,
à Bruxelles, le 11 septembre 2014.
➤ Appelées norvégiennes
A partir du 1er janvier 2015, les Norvégiennes feront le même type de service
militaire que les hommes. Jusquʼà
maintenant, seules les volontaires
pouvaient suivre cette formation. Le
13 juin, le gouvernement de centredroit a décidé que, par principe, toutes
les jeunes femmes seront susceptibles
dʼêtre appelées sous les drapeaux.
Dans les faits, la notion de volontariat
restera décisive : autant que possible,
les jeunes qui le souhaitent seront
retenues. Actuellement, sur une classe
dʼâge de 60 000 jeunes, la Défense
ne garde que 9 500 appelés, dont
1 100 de sexe féminin.
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Actualité des forces
TTU - N° 939 - 25 juin 2014
➤ La Minusma achète italien
Après avoir livré au contingent des
Nations unies déployé au Congo
(Monusco) plusieurs drones Falco,
Selex ES (groupe Finmeccanica) va
récidiver au profit des casques bleus
de la Minusma en leur fournissant,
semble-t-il, au moins quatre de ces
mêmes drones de reconnaissance,
qui devraient opérer à partir des
aéroports maliens de Tombouctou
et de Goa. L'accord signé par Hervé
Ladsous, responsable du Département de maintien de la paix des
Nations unies, et le groupe italien a
une durée de trois ans (extensible
pour deux autres années en option).
Les Falco, qui sont en mesure de
voler entre 12 et 18 heures consécutives, jusqu'à 10 000 mètres
dʼaltitude, seront mis en œuvre par
une société privée chargée également de leur MCO, ainsi que du
traitement des images et autres
informations recueillies et de leur
distribution aux contingents de la
Minusma. Le gouvernement de
Bamako a donné son accord au
déploiement de ces drones, alors
quʼopèrent déjà des MQ-9 Reaper
américains et français, à partir du
Niger. D'après une source du groupe
italien, Hervé Ladsous envisagerait
de constituer une autre unité des
Nations unies équipée de Falco,
destinée à opérer au Darfour et
en Centrafrique.
➤ Tir de missiles de croisière
multiples
Le 20 juin dernier, dans le cadre
d'un exercice tactique russe, un
avion bombardier Tupolev Tu-95MS
a réalisé un tir multiple de missiles
de croisière. Décollé de la base
aérienne d'Engels, dans la région
de Saratov (partie européenne de la
Russie), le bombardier a lancé les
six missiles qui ont tous atteint leur
cible sur le terrain militaire de Kura
sur la presqu'île de Kamtchatka.
L'équipage du bombardier est resté
en vol près de sept heures pour
accomplir la mission. Au total, huit
bombardiers stratégiques Tu-95MS
ont été impliqués dans lʼexercice.
POLOGNE : LA “GUERRE” DES ROBOTS
Batailles de robots militaires en Pologne ! Depuis la semaine passée,
ces “affrontements” ont lieu entre Allemagne, Canada, Finlande, Russie,
Suisse, et Pologne : 16 équipes y participent, dans le cadre de lʼexposition “MELROB 2014”, organisée par lʼAcadémie militaire technique (WAT), sous le
patronage du ministère de la Défense et sous les auspices de lʼOtan. Parmi
ces démonstrations : transport à distance sur plusieurs kilomètres avec
charge de 50 kg et plus, recherche et secours aux blessés en pleine
campagne, identification et contrôle de l'environnement, fabrication de
bombes et d'explosifs, reconnaissance dans les zones urbaines y compris
dans les bâtiments, etc. Bien sûr, au cours de ces “joutes”, ces robotsmilitaires ne se battent pas les uns contre les autres ! En réalité, il sʼagit de
démontrer les utilisations diverses des plates-formes militaires sans pilote,
dans les opérations spécifiques du combat terrestre.
V-22 OSPREY SUR LE BPE “JUAN CARLOS I”
Un MV-22B Osprey de la force de réaction rapide de l'US Marine
(SP-MAGTF Crisis Task Force Marine Response), basé à Morón de la
Frontera, a réalisé, le 18 juin dernier, des essais d'appontage à partir du
navire de projection stratégique “Juan Carlos I” de la marine espagnole. Un
essai permettant de valider la capacité du V-22 à opérer à partir des navires
de projections et des porte-aéronefs des marines alliées, comme l'avaient
démontré des essais similaires menés au debut de l'année à partir du
“Dixmude”, l'un des BPC de classe “Mistral” français. En 2012, les premiers
essais de ce type avaient été réalisés avec la marine japonaise, afin de
convaincre Tokyo, qui pourrait acquérir des V-22, de l'interopérabilité de
l'appareil avec ses navires de transport amphibies de classe Shimokita et ses
“Destroyers porte-hélicoptères” de classe Hyuga.
LʼÉPINEUSE QUESTION DES CHASSEURS BULGARES
Avant la fin du mois de juin, le gouvernement bulgare devrait prendre sa
décision sur les futurs chasseurs de l'armée de l'air bulgare. Différentes
possibilités s'offrent à la Bulgarie : acquérir des chasseurs neufs, acheter des
avions d'occasion ou remettre à niveau les MiG-29 actuellement en service.
La problématique du renouvellement du parc propre à ce type de matériel
touche de nombreux pays. Le cas bulgare est particulièrement délicat car le
pays doit composer avec trois paramètres opposés. La difficulté budgétaire
avec une enveloppe serrée de 250 millions d'euros ne favorise pas le matériel
neuf. L'attachement historique à la Russie pourrait jouer en faveur des MiG-29
modernisés, notamment au niveau des MiG-29SMT actuellement produits en
série par la Russie. Enfin, l'appartenance à l'Otan, dont la Bulgarie a célébré
les dix ans le 29 mars dernier, la forcerait à maintenir le standard Otan. Il n'est
pas exclu que la décision finale soit repoussée de plusieurs mois.
LES S400 RUSSES BIENTÔT EXPORTÉS ?
Si la production du système de défense antiaérien et antimissile
mobile russe S400 est réservée aux forces armées nationales jusquʼen
2015, cela pourrait changer dès lʼannée suivante et ce sont les alliés
kazakhs et biélorusses qui devraient être les premiers à en bénéficier,
tandis que dʼautres pays auraient manifesté leur intérêt. Cʼest ce quʼa
affirmé le chef de la délégation russe, Igor Sevastianov, au Salon
Eurosatory. Rappelons que les Russes estiment que les S400 sont aussi,
voire plus performants que les fameux missiles sol-air “Patriot” américains,
notamment parce quʼils seraient capables de tirer simultanément 72 missiles
sur 36 cibles à une distance de 400 km. Précisons que la Chine nʼa pas été
évoquée, alors quʼelle fait partie des pays régulièrement cités comme étant
parmi les plus intéressés. On ne peut exclure quʼil sʼagisse de faire monter
les enchères, puisque que si le principe de cette vente à été acté par
Poutine début 2014, la finalisation du contrat nʼest pas encore effective.
Industries et armement
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TTU - N° 939 - 25 juin 2014
SATCOM : STATIONS SOL ET RÉSEAUX INTELLIGENTS (suite de la p. 1)
L'appel d'offres pour la fourniture du futur réseau de communication de COMSAT
NG devrait être lancé avant la fin 2014, Thales et Airbus DS étant les deux
candidats. Autre contrat d'importance pour Airbus DS, ASTEL, remporté auprès
de la DIRISI pour la gestion des services de communications satellitaires
commerciales. Airbus DS propose aux autorités une approche novatrice de
“méta-opérateur”. Le ministère de la Défense n'ayant pas aujourd'hui les
ressources pour acquérir des capacités de couverture globale, Airbus DS, grâce à
des accords-cadres passés avec les principaux opérateurs internationaux,
propose de “trouver” auprès de ceux-ci les capacités demandées. Réciproquement, l'excédent de capacités françaises, lorsqu'il n'est pas utilisé, pourrait être
revendu à d'autres Etats dans le cadre des futurs programmes satcom français.
Une souplesse d'emploi qui, outre ses avantages financiers, n'empêcherait en
rien une récupération de pleines capacités en cas de crise.
POLOGNE : UN APPEL DʼOFFRES ACCÉLÉRÉ
En raison de la crise ukrainienne en Crimée, la Pologne veut accélérer son
appel dʼoffres pour lʼacquisition dʼun système de défense antimissile. Elle
vient de le faire savoir haut et fort : «La Pologne compte arrêter son choix dans
les prochaines semaines», affirme Jacek Sonta, le porte-parole du ministère
polonais de la Défense. «Nous voulons accélérer le règlement des questions
relatives à la défense aérienne de la Pologne !» Dans lʼimmédiat, lʼoffre du
consortium américano-européen Meads (Etats-Unis, Allemagne, Italie) retient
toute lʼattention polonaise. Dʼune part, ce consortium propose à Varsovie de
participer largement à la production des systèmes dʼintégration des radars et de
lʼélectronique, dʼavoir accès aux technologies les plus avancées, au
développement du futur système et aux études et recherches sur les nouveaux
missiles. Dʼautre part, avec cette offre, la participation polonaise sʼélèverait à
40 % du total, soit 6 milliards de dollars jusquʼen 2022. Quatre autres candidats
sont sur les rangs : le français Thales, lʼaméricain Raytheon, lʼeuropéen MBDA
associé à la holding polonaise PHO (ex-Boumar) et un consortium israélien.
Décision finale sans doute à lʼautomne.
L'ARMEMENT INDIVIDUEL À EUROSATORY 2014
Nombreuses et diversifiées ont été les nouveautés en matière d'armes de
petit calibre présentées à l'occasion de la dernière édition d'Eurosatory.
Parmi les armes de poing, signalons le SIG Sauer P320, proposé en trois calibres
différents (9 mm Otan, .357 SIG et .40 S&W) et décliné en deux versions (standard
"full size" et compacte "carry"), et le REX, que la nouvelle venue slovène Arex
propose, pour l'instant, en un seul calibre (9 mm Otan), mais en trois versions
(standard S, combat CB et compacte CP). De nouvelles versions complètent,
d'autre part, la série des semi-automatiques à carcasse en polymère croates, HS
2000 de HS Produkt, et autrichiens, Glock série Gen4, ainsi que russes, SR-1 de
TsNIITochMash. En matière d'armes automatiques individuelles, mentionnons les
tous nouveaux pistolets-mitrailleurs turcs TE-54 et SAR-109T de Sarsilmaz, la
nouvelle version du PDW sud-coréen CPW de Chartered Industries of Singapore
(CIS) et du russe Vityaz-SN de Kalashnikov Concern. Ainsi que les fusils d'assaut
turcs MPT-7G de MKE et SAR-223/SAR-223 T Sarsilmaz, les modèles de type
bullpup STK de CIS et VSH-D de HS Produkt et la dernière version A3 du Beretta
ARX-160, tous ces derniers en 5,56 mm Otan. Encore plus riches les nouvelles
propositions en matière de fusils de précision pour tireurs d'élite et snipers avec,
notamment, les modèles israélien Dan .338 Lapua Magnum de Israel Weapon
Industries (IWI), autrichien X3 de Voere, proposé en plusieurs calibres, russe
Record .338 de Kalashnikov Concern et français Mini Hecate 2 en .338 Lapua
Magnum et Ludis mono-coup (plusieurs calibres et longueurs de canons
disponibles) de PGM Précision pour ne citer que les plus significatifs.
➤ Drones en Caspienne
Alors que le Kazakhstan reste
largement contrôlé par les intérêts russes et chinois, Astana
aurait signé un accord avec
General Atomics, afin de produire localement le Predator XP,
version export de la première
génération du RQ1. Officiellement, ces drones auraient pour
vocation de surveiller les installations pétrolières kazakhs, mais
les tensions entre les pays riverains de la mer Caspienne, et les
récentes menaces iraniennes
pour déployer des sous-marins
de poche destinés à des opérations de sabotage des platesformes offshore, pourraient avoir
accéléré les négociations. Après
les EAU, le Kazakhstan serait
ainsi le second pays à se doter
de cette solution.
➤ Le contrat G36 suspendu
Le feuilleton du G36 de Heckler
& Koch rebondit. Depuis des
années, le fusil standard de
lʼarmée allemande est lʼobjet de
suspicions, dʼexpertises et de
contre-expertises. Pour une
raison encore inexpliquée, le
corps du G36 sʼéchauffe rapidement, ce qui fait perdre à lʼarme
toute sa précision de tir. Plusieurs
rapports en provenance dʼAfghanistan confirment de tels problèmes constatés lors dʼaccrochages avec des groupes talibans.
Le dernier rapport dʼexperts
rendu public en février expliquait
que ce sont les munitions utilisées et non lʼarme elle-même
qui posent problème. Un rapport
qui nʼa pas convaincu puisque la
Cour fédérale des comptes vient
de demander à la Bundeswehr
de stopper jusquʼà nouvel ordre
les achats de G36. Une commande de 34 millions dʼeuros est en
suspens jusquʼaux nouvelles
expertises qui vont être réalisées
par la Bundeswehr, la police
criminelle fédérale et H&K,
ainsi que par les chercheurs de
lʼInstitut Ernst-Mach (réseau
des Instituts Fraunhofer).
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Repères
TTU - N° 939 - 25 juin 2014
Les premiers mois de la LPM…
Jean-Yves Le Drian a été auditionné, mardi, par
la commission de la Défense et des Affaires
étrangères du Sénat et, le lendemain, par la
commission de la Défense de lʼAssemblée nationale. Ce qui, en parallèle aux questions financières, lui
a permis de faire le point sur lʼexécution des six
premiers mois de la LPM. Des auditions qui ont été
précédées dʼune innovation : le ministre a transmis un
document de travail de 100 pages sur le sujet aux deux
présidents de commission. Avec un but évident :
faciliter les débats… Car il sʼagit dʼun document
couvrant lʼensemble du champ : de lʼévolution du
contexte stratégique au niveau de préparation
opérationnelle, pour en arriver à évoquer la situation
financière du ministère en début de programmation,
partant du bilan 2013 et évoquant les perspectives
2014. Des chiffres qui permettent de mesurer les efforts
dʼéconomies réalisés. Lʼexemple de la réduction des
effectifs réalisé de 2008 à 2013 est parlant : 48 000
équivalents temps pleins. Et rappeler que, dʼici à 2019,
une réduction supplémentaire de 33 675 personnels
interviendrait. «Incluant un dépyramidage des effectifs,
accentuant considérablement lʼeffort sur la population
des officiers (1 000 départs en moyenne par an contre
300 jusquʼà présent).» Un «effort» à méditer, comparé
à dʼautres administrations, au moment où certains
affirment encore «quʼon peut toujours trouver des
poches dʼéconomies supplémentaires». Même constat
pour les équipements ! Le document rappelle à ce sujet
que «la programmation repose sur un équilibre très
tendu (…qui) permet de dégager des économies
considérables au bénéfice de la maîtrise de nos
finances publiques, soit 14 milliards dʼeuros pour la
seule période 2015-2017».
➤ Nominations
➤ Présidence GICAN
Le général Jean-Pierre
Bosser, qui est choisi pour
devenir chef dʼétat-major
de lʼarmée de Terre, a
proposé que le général de
division Bertrand Houitte
de la Chesnais devienne
major général de lʼarmée
de Terre. Proposition
acceptée par le ministre
Jean-Yves Le Drian.
Le général Bernard de
Courrège, chef du cabinet
militaire, devrait rejoindre
à lʼété lʼIHEDN pour en
prendre la direction.
Patrick Boissier, PDG
de DCNS, prend cette
semaine la présidence
du GICAN. Il succède à
Jean-Marie Poimbœuf.
➤ Travail de nuit ?
Le comité mis en place
sur «le triennal budgétaire»
a du pain sur la planche !
Alors quʼil devrait remettre
son rapport — et ses propositions — pour le 15 juillet, il a décidé dʼauditionner
près de 70 «experts». Les
nuits vont être courtes…
➤ Disparition évitée
Lʼarmée de Terre, qui avait
envisagé de supprimer le
61e RI de Brive, va revoir
sa copie. Ce choix avait été
fait en raison du coût estimé — 50 millions dʼeuros —
pour la remise à niveau
du site. Une phrase du
Président de la République
— dans le quotidien La
Montagne —, sur lʼintérêt
quʼil portait à ce régiment,
a bouleversé ses plans.
Lʼarmée de Terre est donc
«à la recherche» dʼun site
sur lequel ne pèse pas le
risque dʼun maintien.
➤ Contrat Otan pour Selex
En ces temps troublés en
Irak et en Syrie, Selex ES
(groupe Finmeccanica)
a signé un contrat de
12 millions d'euros avec
la NATO Support Agency,
portant sur la modernisation de trois radars de
défense aérienne RAT31
DL déployés en Turquie.
➤ Intermédiaire hongrois
C'est bel et bien un intermédiaire privé hongrois
qui aurait traité auprès de
Rosoboroprom l'acquisition
par Budapest de trois Mil
Mi-8T, a confirmé à TTU
une source diplomatique
hongroise. Ces appareils
d'occasion mais remis à
niveau, pour lesquels le
ministère de la Défense
a déboursé un peu moins
de 20 millions de dollars,
ont été livrés récemment
à l'armée hongroise, par
avion cargo An-124, sur
la base aérienne de
Kecskemét, au sud-est
de Budapest.
➤ Kim joue à lʼamiral
Lʼexercice de propagande
voulu par les autorités de
Pyongyang a eu un effet
boomerang pour Kim Jongun. La semaine dernière,
la photo le montrant émergeant de la tourelle du
sous-marin 748 de lʼUnité
navale 167 (pilotée par le
7e régiment) au cours dʼune
inspection de sa flotte, aura
eu pour effet de ridiculiser
le «petit général» et son
Armée du peuple. En effet,
comme le relatent les
spécialistes, cʼest au début
des années 1960 que
lʼURSS avait abandonné ce
type de sous-marin de la
classe Romeo, trop bruyant
et détectable avec son
moteur diesel. Pyongyang
en a toujours vingt, un tiers
de sa flotte sous-marine
(dont certains fournis par
les Chinois après la Révolution culturelle et dʼautres
construits sur les chantiers
nord-coréens jusquʼà la
moitié des années 1990).
Ils sont équipés de torpilles
Yu-4 touchant leur cible
jusquʼà 6 km. En 1985, Kim
Il-sung avait dû déplorer la
perte de lʼun dʼentre eux.
Et tous les analystes des
flottes mondiales les considèrent un peu comme des
«poubelles flottantes».
➤ La Biélorussie à lʼOtan
Du 17 au 19 juin 2014, le
colonel Pavel Mouraveyko,
adjoint du chef d'état-major
des forces armées biélorusses, a pris part à la
conférence sur les questions de partenariat stratégique avec l'Otan qui
s'est déroulée à Sofia en
Bulgarie. La délégation
biélorusse a discuté avec
le Conseil de l'alliance de
sa place dans le progamme
de l'Otan «Partenariat
pour la paix».
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