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SPÉCIAL PÉRINÉE
Les douleurs liées
aux déséquilibres posturaux
Alain Marzolf,
kinésithérapeute, école de Kinésithérapie de Montpellier
ourquoi parler de posture et de périnée ? L’humain afin de préserver
sa verticalité aura besoin durant toute sa vie de lutter contre la
pesanteur dans une recherche d’équilibre, d’ajustement postural de son
corps aux diverses situations. Il va alors utiliser son système myofascial
(muscles et tissu conjonctif), ses chaînes musculaires proprioceptives afin
de bénéficier d’une posture (statique) au service de l’action (dynamique)
donc du mouvement. Nous pouvons parler d’un système antigravitationnel au service de la dynamique de sa vie comprenant l’alignement de sa
physiologie avec son émotionnel et son cognitif (ses pensées).
P
L’ÉVALUATION POSTURALE
L’évaluation objective de la position du corps dans l’espace met en
évidence les dysharmonies dans le maintien du corps et révèle les
tensions myofasciales.
Rappelons que le fascia (aponévrose, tendons, ligaments, plèvre,
péritoine...) est d’origine mésodermique comme toutes les structures
conjonctives. Cette toile myofasciale, tendue dans le cadre osseux,
accepte peu d’être étirée. Toute demande de longueur dans un sens
nécessite une adaptation pour l’ensemble de la toile. Si le crédit de
longueur ne peut être accordé, une tension douloureuse se met en
place, déclenchant des contractures musculaires.
Mais les fascias relient aussi les viscères au cadre musculo-squelettique, d’où l’importance d’une posture cohérente dans le maintien
viscéral et la lutte dans les algies pelviennes, les fuites urinaires ou
les descentes d’organes.
Une autre voie est aussi possible : la congestion, l’inflammation d’un
organe modifie l’information qu’il donne au corps et va influencer
l’équilibre du système postural ou favoriser les algies.
FASCIAS ET ÉQUILIBRE NUTRITIONNEL
La qualité du tissu conjonctif dépend de notre alimentation, voire de
nos carences en silicium, vitamine C, oligoéléments (zinc, cuivre), acides
aminés (lysine, proline) et magnésium.
On réalise alors que la récupération des différentes structures va pouvoir s’accompagner de conseils nutritionnels et micronutritionnels.
L’IMPORTANCE DE L’APPUI PODAL
Notre force de redressement (figure 1) ou d’autograndissement réflexe
est activée à 65 % par notre appui podal. Cette réponse physiolo-
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gique libère les pressions intra-abdominales, favorise une meilleure
suspension des organes et permet les synergies musculaires (diaphragme, sangle abdominale et sangle périnéale).
A l’inverse, il existe une attitude de tassement (figure 2), c’est-à-dire
une posture hyposthénique qui impacte la statique pelvienne, favorise les congestions du petit bassin, les algies, la constipation, etc.
Elle s’accompagne d’un relâchement abdominal et périnéal. Les épaules
sont enroulées, la lordose peut être accentuée. On peut même constater une inversion de commande lorsque l’on demande une contraction volontaire périnéale. Dans cette attitude, l’on se rapproche de la
notion de pied plat qui traduit l’hypotonie, la position avachie, le
déséquilibre neuro-végétatif.
FIGURES 1 ET 2
FIGURE 3
A. Sujet normal
B. Sujet lordosé hypertonique
(pieds creux)
C. Sujet hyposthénique
(pieds plats)
D. Antépulsion du tronc fesses
en arrière (souvent personne
âgée ou spondylolisthésis)
Inspiré de René Bourdiol. Pied et statique. Ed. Maisonneuve
Mais on peut aussi rencontrer un autre type issu du pied creux qui se
caractérise par une hyperréactivité nerveuse et par la contracture des
muscles posturaux à l’origine d’une hypertonicité de la chaîne postérieure, laissant penser que les muscles sont trop courts (figure 3- D).
Cette attitude est rigide. On observe de nombreux points de tensions
musculaires ou « trigger points ».
L’influence podale participant à 65 % dans l’information posturale,
on peut observer une symétrie podale : pied physiologique, pied
creux (varus) ou pied plat (valgus) (figure 4).
Pour mieux comprendre l’impact podal, nous devons considérer le
bassin comme la zone de rencontre des forces ascendantes (pieds,
membres inférieurs) et descendante (tronc et membres supérieurs)
FIGURE 4
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(figure 5). Sa musculature va répondre de façon symétrique ou dissymétrique.
Une dissymétrie podale – un pied plat ou valgus, un pied plus creux
ou varus – va impliquer une torsion du bassin (figures 5 et 6).
Chaque dysharmonie, chaque dissymétrie peuvent générer des com-
FIGURE 5
pensations plus ou moins importantes au niveau des chaînes musculaires et favoriser des hypertonies, des hypotonies ou des blocages
pouvant générer des algies. Ces algies peuvent être vertébrales ou
encore périnéales, si la dysharmonie se situe dans la zone pelvienne
ou son environnement.
HYPERALGIES LIÉES À LA POSTURE
On peut rencontrer parfois des hyperalgies selon les modifications
posturales, les torsions, des dissymétries. Par exemple une hypertonie
unilatérale du muscle obturateur interne (muscle pelvi-trochantérien
de la hanche) génère une perturbation dans la récupération du périnée profond, car sa relation est étroite (membrane obturatrice) avec
le muscle ilio-coccygien. Notons qu’une hypertonie localisée sera souvent associée à une hypotonie à distance (figures 7 et 8).
FIGURE 7 – VUE ANTÉRIEURE
FIGURE 6
FIGURE 8 – VUE POSTÉRIEURE
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FIGURE 9
On peut également prendre comme exemple les trigger points des
adducteurs qui vont être le révélateur de douleurs intrapelviennes
(figure 9).
UN BILAN GLOBAL
Compte tenu de ces connaissances, le bilan qui évalue la fonctionnalité périnéale et ses algies peut prendre en compte :
– l’attitude globale posturale ;
– la mobilité des hanches, du coccyx, des sacro-iliaques ;
– l’équilibre des muscles du bassin, pyramidal, obturateur interne,
adducteurs, psoas, tenseur du fascia lata, fessiers, droit antérieur,
carré de lombes ;
– la tonicité abdominale et sa réponse à la toux ;
– la qualité respiratoire et les synergies entre la sangle périnéale et le
diaphragme, qui remonte lors de l’expire alors que la sangle abdominale se contracte et que le ventre rentre ;
– l’hypertonie éventuelle du diaphragme thoracique.
RÉFÉRENCES
BIBLIOGRAPHIQUES
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