Les variétés linguistiques

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Les variétés linguistiques
Toute réflexion sur la variation et les
variétés linguistiques, sur la proposition
méthodique, repose sur l’idée que la
communauté linguistique est hétérogène et
elle présente des différenciations dans l’usage
linguistique.
Une langue varie partiellement selon trois
facteurs qui sont l’espace, le temps et les
registres.
L’homogénéité semble laisser entendre qu’une
langue est un tout monolithique, une langue
uniforme. Mais il est connu qu’il y a d’énormes
différences linguistiques parmi ceux que nous
considérons parfois comme des locuteurs qui font
partie d’une communauté linguistique. A côté des
différences individuelles s’ajoutent celles du groupe
dont les usagers sont définis par des associations, des
similitudes et des différences qu’on appelle le plus
souvent dialectes. L’existence des dialectes est
fonction de toutes formes d’isolement et de séparation
linguistique dans l’espace, le temps, la classe sociale,
l’âge, la profession, etc.
Toute langue tend à se différencier lorsqu’elle est parlée
sur une vaste étendue. Cette variation dite aussi variation
diatopique (dans l’espace) est le plus souvent à l’origine de
l’apparition des dialectes. De ce fait, elle permet une
variation sur les plans : phonétique, lexical, morphologique
et stylistique. Ainsi « un groupe de dialectes n’est autre
chose que l’expression à l’échelle des sociétés de la
tendance universelle aux variantes individuelles dans
l’usage de la langue, ses caractéristiques formelles, son
vocabulaire et certains traits prosodiques tel que l’intonation
et l’accent » (Sapir, 1968, p.66)
Par ailleurs, il semble nécessaire de montrer
qu’une langue peut avoir des sous-ensembles des
« traits » caractérisant des variétés qui sont dans la
plupart des cas en corrélation régulière avec
certaines grandes catégories contextuelles ou
situationnelles. Une variété de langue est un sousensemble de traits formels et/ou substantiels qui
correspondent à un type particulier des traits
socioculturels.
Les variétés de langue sont aussi réparties en deux
classe principales : celles qui sont plus ou moins
permanentes et celles qui sont occasionnelles car elles
changent
selon la situation immédiate de la
communication.
I- Les variétés permanentes englobent les dialectes et
les idiolectes :
a- L’idiolecte : variété liée à l’identité
personnelle du locuteur.
b- Le dialecte : variété de la langue liée à
l’origine du locuteur ou à son intégration dans un cadre
géographique, temporel ou social.
II- Les variétés dépendantes de la situation
immédiate de la communication comprennent les
registres, les niveaux de la langue et le mode de
manifestation.
a- Le registre : variété d’une langue liée au rôle
social plus général que joue le locuteur au moment de
la communication ex. registre scientifique, technique,
religieux, administratif…)
b- Les niveaux de langue : variété liées au
nombre et à la nature des destinataires et à la relation
du locuteur avec les destinataires (niveau soutenu,
familier, etc.)
Qu’est-ce que donc un dialecte ?
Il semble que la notion de dialecte a des
connotations assez différentes dans la théorie
linguistique, les connotations sont différentes, des
acceptions courantes.
Dans son acception populaire un dialecte, c’est une
sous-variété non normalisée, non reconnue par ses
formes. Un dialecte est aussi considéré comme « une
dérivation ou même bien souvent une déformation de
la norme reconnue. Sur le plan historique ce point de
vue est inexact, car la grande majorité des prétendus
dialectes ne présente que le développement régulier et
différencié des formes de langues antérieures à la
langue officielle. » (Sapir, p.66, op.cit.)
A partir de là on peut dire que la langue est fondée
sur un dialecte qui a eu le mérite d’acquérir la
prééminence sur le plan culturel. Au départ ce dialecte
qui a atteint le statut de la langue s’est développé aux
dépens des autres dialectes dotés à l’origine du même
prestige.
L’évolution d’une langue s’accompagne le plus
souvent de nombreuses particularités de variation, leur
présence donne à chaque région son originalité
linguistique.
Les dialectes comme les zones
dialectales sont définies uniquement selon
les critères phonétiques, grammaticaux et
lexicaux. Alors que les langues régionales
ou les patois sont caractérisées par leurs
particularités historiques et géographiques.
C’est la divergence ou l’hétérogénéité de
l’usage qui fait que le dialecte est accepté
en tant que tel selon la théorie linguistique.
D’autres cas de figures :
Outre les cas de variétés que nous avons cités, il y a
d’autres qui naissent des contacts des langues, ou comme
conséquences d’un plurilinguisme, sans oublier pour autant
celles qui naissent pour répondre à des besoins
communicatifs, permettant l’intercompréhension.
C’est le cas des créoles, des sabirs et des pidgins, qui
sont le plus souvent considérés comme des langues
contaminées, des langues mixtes, des langues mélangées.
Les pidgins et les sabirs ne se développent que dans des
situations de contact des langues, ils sont caractérisés par
l’instabilité et l’hétérogénéité et ils sont sujet à des
changements rapides, leur lexique, leur phonétique et leur
grammaire proviennent de sources différentes.
•Les créoles :
On désigne par créoles les idiomes « parlés par les
descendants d’esclaves amenés d’Afrique au nouveau
monde et dans les îles de l’océan indien » (Martinet,
ELG, p.158)
Les créoles se sont formés aux XVIe et XVIIe siècles,
par suite de la traite des esclaves noirs par les
puissances coloniales de l'époque (particulièrement la
Grande-Bretagne, la France, le Portugal, l'Espagne et
les Pays-Bas). Aussi trouve-t-on surtout des créoles à
base anglaise, française, portugaise, espagnole et
néerlandaise.
Le créole est un phénomène linguistique
d’importance considérable. Un créole se forme
au contact des langues pour en former une
nouvelle. Tout créole est essentiellement le
résultat du mixage de langues différentes.
La population créolophone à base française est
estimée à près de 10 millions de locuteurs,
dont 7 millions en Haïti, 600 000 à l'île
Maurice, 600 000 à La Réunion, 650 000 à la
Martinique etc.
•Les pidgins / sabir :
Un pidgin ou un correspondrait à un système
linguistique doté de structures rudimentaires (lexique
réduit, structures grammaticales élémentaires) et de
fonctions sociales limitées. Le pidgin n'est la langue
maternelle d'aucun des locuteurs qui l'utilisent. Il est
une langue de « relation » qui sert de langue
véhiculaire, utilisée entre des locuteurs parlant des
langues maternelles différentes. Il y a un emploi
spécialisé de cette langue dans un domaine donné
(avec un lexique limité aux besoins immédiats et une
syntaxe simplifiée par rapport aux langues
d'emprunt). Ce ne seront jamais des langues
maternelles puisqu‘elles naissent de la nécessité de
communiquer.
Le pidgin est le résultat d’un contact de l’Anglais avec
diverses langues d’Extrême Orient (Chinois
notamment). Il permet l’intercompréhension entres les
communautés parlant des langues différentes. Son
vocabulaire renvoie à plusieurs activités, il est
composé de vocabulaire anglais et de base
grammaticale chinoise.
Elles sont également utilisées dans les transactions
commerciales
permettant
une
sorte
d’intercompréhension entre les commerçants parlant
des langues différentes. Les structures grammaticales
sont mal faites et leur lexique est pauvre. Le type de
sabir le plus connu est la lingua franca, parlée
autrefois dans les ports de Méditerranée.
Références bibliographiques :
P. Bourdieu, 1979, la distinction critique sociale du
jugement, Paris, Ed. Minuit.
J. Garmadi, 1981, La sociolinguistique, Paris, PUF.
A. Martinet, 1970, Eléments de linguistique générale,
Paris, Ed. Armand Collection.
E. Sapir, 1967, Langage, Paris, Payot.
E. Sapir, 1968, Linguistique, Paris,Ed. Minuit.