Les théories de la dépendance

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Transcript Les théories de la dépendance

Contrôle des connaissances N°3
20/03/2013
1
Commentez et argumentez
Chaque année 1,24 million de personnes
meurent dans des accidents de la circulation à
travers le monde.
92% des décès par accident de la circulation
surviennent dans des pays à revenu faible ou
intermédiaire.
ECONOMIE DU DEVELOPPEMENT
2
Partie 1, Chapitre 3
Farouk Alioua
Département des Sciences Humaines
mars 2013
3
CHAPITRE 3
Analyse comparée des
théories de développement
l’économie du développement de l’après-guerre
dominée par certaines visions :
4
-Le modèle de croissance par étapes linéaires
-Les théories et modèles de changement structurel
-La théorie de la dépendance
-La révolution néoclassique du marché libre
5
I – Les théories par étapes
linéaires
Philosophies et théories libérales de l’histoire
6
Une des conditions est la mobilisation d’une épargne
intérieure et étrangère afin de générer un
investissement suffisant à la croissance

contexte inspirateur du plan Marshall

Les étapes de la croissance économique de Rostow
1.1. Les étapes de la croissance selon Walter Rostow
7
Selon Rostow, le développement est un processus
historique linéaire qui se déroule en suivant
nécessairement cinq étapes.
En fait, Rostow a présenté un modèle de croissance
unique qu’aurait emprunté tous les pays qui se sont
industrialisé.
Dans son ouvrage ‘‘The Stages Of Economic
Grawth’’ Rostow distingue cinq étapes dans la
croissance économique.
Etape 1: La société traditionnelle
8
L’activité est surtout agricole, et s’effectue dans le cadre
familiale avec des techniques traditionnelles et une faible
productivité.
Etape 2: Les conditions préalables au décollage
L’épargne et l’investissement se développent, ce qui permet
une augmentation de la production dans l’agriculture et
l’industrie naissante.
Etape 3: Le décollage ou le Tack-off
Il s’agit de la phase décisive d’une société où la croissance
devient un phénomène normal. Le Tack-off est rendu possible
par une augmentation du taux d’investissement de 5 à 10% du
revenu national, qui permet aux industries nouvelles de jouer un
rôle moteur.
9
Etape 4: La marche vers la maturité
Elle prolonge les effets du Tack-off, le taux d’investissement
s’élève à 20% du revenu national, et donc les progrès
techniques se généralisent.
Etape 5: L’ère de la consommation de masse
Les besoins fondamentaux de la consommation sont satisfaits, et
l’industrie a atteint sa maturité. Le secteur des services se
développe très rapidement.
L’essentiel de la dynamique du développement, pour Rostow,
tient à la modification des comportements d’épargne
10
Ces comportements vont permettre un accroissement
de l’investissement et donc une accélération de la
croissance de la production par tête.
Passage de
la stagnation
(étape 1)
accumulation
primitive
(étape 2)
financera le
take-off (étape 3).
La perspective de Rostow est fortement influencée par l’analyse
néoclassique de la croissance puisque l’épargne est le point de
départ du processus de croissance et de développement
11
12
Le moteur de l’économie dans notre société de consommation
est basé sur l’innovation d’un côté et une logique sociale de
différentiation de l’autre. Il existe différents types de
capitalismes mais ils ont tous en commun la propriété privée
(en majorité) des moyens de production.
Le moteur de la croissance dans les économies de marché est
résumé dans le schéma suivant :
Cette dynamique suppose une modification :
13


des conditions économiques et techniques :
 possibilité de dégager un surplus qui peut se transformer en
épargne, ce qui suppose une monétisation de l’économie, des
progrès techniques…
 mais aussi occasions d’investir (développement des marchés, de
certains débouchés, existence d’une main d’œuvre disponible…) ;
des comportements :
 l’épargne de ce surplus n’est pas automatique – voir les sociétés
traditionnelles analysées par les anthropologues ;
 qui plus est, la transformation de cette épargne en capital n’est
pas non plus naturelle ;
ces transformations passent par l’émergence d’une nouvelle classe,
une élite économique à la culture plus ouverte à la logique
capitaliste.
L’analyse de Rostow a eu une portée très importante car elle
mettait l’accent sur:
14



l’industrialisation,
la relation entre innovation et croissance,
le lien entre croissance économique et développement
générale de la société.
Elle a de plus inspiré de nombreuses politiques des années
1950 et des années 60.
Cependant, plusieurs critiques ont été formulées vis-à-vis de
la théorie de Rostow.
Parmi les nombreuses critiques portées à Rostow :
15
Une hausse du taux d’épargne dans les
phases 2 et 3 n’entraîne pas
automatiquement la croissance et du
développement ;
Certains affirmeront (Hirschman, 1988) que c’est au
contraire la manifestation de la croissance et du
développement qui augmente les occasions d’investir et
donc incitent à épargner
Ainsi l’idée du développement comme succession
d’étapes prédéterminées a été très critiquée:
16
1.
Les marxistes (Bettelheim, 1961) considéraient cette théorie comme une
justification, au nom du rattrapage, de la domination extérieure (sous
forme de prêts) ;
Les marxistes proposent des stratégies de développement autocentrées pour s’arracher de la dépendance vis-à-vis des pays
industriels ;
2.
D’autres critiques, insistent sur le caractère trop déterministe de la
théorie de Rostow et préfèrent l’idée principale d’une entrée dans la
croissance moderne plutôt que d’un enchaînement de relations causales
par étapes;
Ils pointent le manque de fondements analytiques (Kuznets,1972)
et empiriques (Gerschenkron, 1962) dans l’explication du passage
d’une étape à l’autre.
les critiques de l’approche en termes
d’étapes ont été renforcées par:
17
1.
2.
3.
4.
L’hétérogénéité des situations des pays autres que
les pays développés depuis la seconde guerre
mondiale ;
le succès fulgurant de certains pays asiatiques, et
des pays émergents ;
la stagnation de la plupart des pays du continent
africain ;
la récession des pays latino-américains.
18
Conscient des limites de son approche, Rostow,
annonce qu’il a sous-estimé quatre facteurs
essentiels qui ont joué depuis la seconde guerre
mondiale et qui distinguent
« le processus de développement enregistré par le
passé et celui du monde contemporain » (1988).
19
Facteurs positifs :
 un réservoir plus grand de technologie non appliquée et
disponible pour la croissance rapide dans les PVD ;
 la disponibilité d’une aide étrangère qui permet de
dépasser les insuffisances de l’accumulation primitive.
Facteurs négatifs :
 les effets corrosifs de la Guerre Froide ;
 l’impact d’une croissance démographique très rapide :
« la plus marquante de ces différences, qui a entraîné un
large éventail de conséquences pathologiques, a été
l’effort entrepris pour se moderniser avec une population
croissant deux à trois fois plus vite qu’au 19ème siècle ».
I – Les théories par étapes linéaires (suite)
1.1. Les étapes de la croissance selon Walter Rostow
20
1.2. Le modèle de croissance de Harrod-Domar
1) l’épargne est fonction du revenu
S = sY
(a)
2) L’investissement est défini comme la variation du stock de capital et peut être représenté
par
I = ∆Y
(b)
Mais parce que le stock de capital Total K, entretient une relation directe au revenu national
total Y, on peut représenter par k qui est le ratio capital sur revenu
K ∕Y = k ou ∆K/∆Y = k
En définitive
∆K = k∆Y
(c)
3) Finalement, parce que l’épargne nationale S doit être égale au total de l’investissement I,
on peut écrire cette égalité comme suit :
S=I
(d)
21
on peut dire que:
S = sY = k∆Y = ∆K = I
(e)
Et nous avons donc,
sY = k∆Y
(f)
En divisant les deux parties de l’équation (f) par Y et ensuite par k on obtient la
formule suivante :
∆Y/Y = s/k
(g)
L’équation (g) est une version simplifiée de l’équation de Harrold-Domar
qu’on trouve dans leur théorie de la croissance : le taux de croissance de
revenu (∆Y/Y) est déterminé conjointement par le ratio d’épargne national s et
le ratio capital revenu k.
22
Ainsi pour croître, une économie doit épargner et
investir une certaine proportion de son produit national.
Plus elle épargne et investit, plus elle croît.
La contrainte au développement, selon cette
théorie, est le relatif niveau de formation de
capital dans les pays pauvres.
 rôle donc de l’aide étrangère et de
l’investissement direct étranger.
(théorie qui justifient l’idée d’un Plan Marshall
pour les pays en développement)
Limites et critiques des modèles à étapes linéaires
23
-
Augmentation du taux national d’épargne est une
condition nécessaire mais pas suffisante
-
Le Plan Marshall fonctionna parce que l’Europe possédait
les conditions et les structures institutionnelles : marché
monétaire, facilités de transport, force de travail bien
formé, motivation des travailleurs, bureaucratie efficiente,
-
Les modèles font l’hypothèse que ces conditions existent
-
L’économie des pays en développement fait partie d’un
système international intégré et complexe et les stratégies
nationales sont invalidées dans un contexte mondial
Contrôle des connaissances N°4
26/03/2013
24
Le modèle de croissance
de Harrod-Domar
25
I. Le modèle de croissance par étapes linéaires
-
1.1. Les étapes de la croissance selon Walter Rostow
1.2. Le modèle de croissance de Harrod-Domar
II. Les théories et modèles de changement
structurel
III. Les théories de la dépendance
26
II. Les théories et Modèles de
changement structurel
27
«Le problème central de la théorie économique est de
comprendre le processus selon lequel une communauté
qui auparavant économisait et investissait 4 à 5 % de
son revenu ou moins, se transforme en une économie où
l’épargne volontaire est de l’ordre de 12 à 15 % ou
plus du revenu » (Lewis).
Jusqu’aux années 70,
28
les apports des théories linéaires ont dominé la théorie
économique du développement (modèle de Rostow,,
modèle d’Harrod-Domar, théorie des cercles vicieux de
Nurkse…).
Le développement était une question de capitaux,
une question d’argent
Aussi pour démarrer un processus de développement,
il faut financer ce passage, cette transition.
Jusqu’à quand?
29
Jusqu’à ce que l’épargne intérieure
atteigne un niveau suffisant et que la
croissance s’auto entretienne.
Mais si un pays manque de ressources financières?
Alors on cherche l’appui de l’aide extérieure
nécessaire à l’étape de transition : c’est l’exemple
plan Marshall……
A partir des années 70
30
des études montraient une corrélation négative entre flux
financiers extérieurs et épargne intérieure dans les PVD:
La raison est que l’augmentation de l’épargne était
entravée par de multiples facteurs.
L’épargne n’était pas toujours la variable qui croit
automatiquement avec le revenu après une
injection d’investissement comme le supposent les
modèles Keynésiens
C’est au sein de ce débat que sont élaborés les
théories du financement de la croissance dont la
plus célèbre est le modèle de Lewis
Lewis (1954) décrit une vision du développement basée sur un
transfert de ressources de l’agriculture vers l’industrie.
31
Deux flux fondamentaux de ressources à la base du processus
de développement :
-flux de main-d’oeuvre : de l’agriculture viennent les
travailleurs nécessaires à l’industrie;
-flux de biens alimentaires : de l’agriculture vient également
les biens alimentaires qui permettent à la force de travail non
agricole de vivre.
Cette approche voit le développement économique comme la
transformation progressive du secteur traditionnel en un secteur
moderne, qui va au-delà de la transformation agriculture
industrie mais est essentiellement construite sur cette base.
a) les profits sont à l’origine de l’épargne, de
l’investissement et donc de la croissance :
32
* «Pratiquement toute l’épargne vient de ceux qui reçoivent des hauts
revenus ou des profits. L’épargne des travailleurs est très faible. Les
classes moyennes épargnent peu, mais sans grande conséquence sur
l’investissement productif : la plupart de ses membres étant engagés
dans la lutte permanente pour maintenir leur standing».
* La classe des capitalistes industriels ou agricoles est la seule à
investir de façon productive.
* Le développement ne peut survenir que si la répartition des revenus
se modifie en faveur des capitalistes (secteur privé et public).
33
b) Deux secteurs dans l’économie: le
capitaliste et le secteur de subsistance
secteur
Le secteur de subsistance:
(agriculture traditionnelle, secteur informel)
* Productivité des travailleurs très faible comme les
revenus
* Productivité marginale faible, ou même nulle, inférieure
au revenu perçu
La productivité marginale représente la variation de la production engendrée soit par l'ajout d'un travailleur
supplémentaire, soit par l'utilisation d'une unité de capital supplémentaire
PRODUCTIVITÉ
C’est une mesure de l’efficacité de la combinaison des facteurs de production.
34






La PRODUCTIVITÉ MARGINALE représente la variation de la production engendrée soit par
l'embauche d'un travailleur supplémentaire, soit par l'utilisation d'une unité de capital
supplémentaire.
La PRODUCTIVITÉ DU CAPITAL mesure la relation entre la production et la quantité de capital qui
a permis la production : P° / K
La PRODUCTIVITÉ MARGINALE DU CAPITAL mesure le supplément de production obtenu avec une
unité supplémentaire de capital : SUP(P) / SUP(K)
La PRODUCTIVITÉ DU TRAVAIL mesure la relation entre la production et la quantité de travail qui
a permis la production : P° / L
La productivité marginale du travail mesure le supplément de production obtenu avec une unité
supplémentaire de travail : SUP(P) / SUP(L)
La PRODUCTIVITÉ APPARENTE mesure la variation observée de la productivité d’un facteur peut
provenir soit d’une amélioration de l’efficacité de ce facteur soit de l’amélioration de l’efficacité
ou de l’intensité d’utilisation d’un autre facteur. Avant une étude plus approfondie, la variation de
la productivité apparaît.
c) Offre illimitée de main d’œuvre: L’économie dispose d’un
excédent de main d’œuvre correspondant au chômage
déguisé du secteur de subsistance.
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-Le secteur capitaliste moderne trouve dans le secteur de
subsistance des réserves de travailleurs sans avoir à augmenter
les salaires qui restent fixes.
- Le modèle abandonne le schéma néoclassique où l’offre de
travail est limitée et salaire varie en fonction des conditions du
marché. D’autres facteurs garantissent l’abondance de main
d’œuvre : l’entrée progressive des femmes sur le marché du
travail, le chômage technologique, la croissance démographique.
d) Le développement consiste dans le renforcement du
secteur moderne et la réduction progressive du secteur
jugé archaïque
36




Le secteur moderne va progressivement absorber la main d’œuvre du
secteur de subsistance, grâce à un salaire un peu plus élevé, mais qui
reste faible. L’embauche va d’abord durer tant que la productivité
marginale des travailleurs est inférieure au salaire
Le profit réalisé va être investi par les capitalistes, ce qui permettra
d’accroître la productivité marginale et d’entamer une nouvelle phase
d’embauche, jusqu’à l’égalisation salaire productivité marginale, et ainsi
de suite….
A la fin du processus, toute la main d’œuvre en excédent sera absorbé
par le secteur capitaliste, les revenus et les salaires vont alors s’élever
dans le secteur de subsistance où la main d’œuvre n’est plus abondante
et également dans le secteur moderne.
Le processus de développement commence à bénéficier aux travailleurs,
mais les profits vont voir leur part baisser, l’investissement et la
croissance vont ralentir
37
Le modèle de Lewis met l’accent sur la part
croissante des profits dans le revenu national,
liée à la progression du secteur capitaliste.
Le taux d’investissement va s’élever pour
permettre une croissance rapide.
Les limites du modèle de Lewis
38
Le modèle suppose que le taux de transfert du travail et de création
d’emplois dans le secteur moderne sont proportionnels au taux
d’accumulation du capital dans ce secteur. Plus rapide est l’accumulation
du capital, plus le taux de croissance du secteur moderne élevé et plus
rapide est le taux de création de nouveaux emplois.
CEPENDANT on constate que les profits capitalistes sont réinvestis
dans des technologies plus sophistiquées et plus économes en travail.
Hypothèse de surplus de main-d'œuvre dans les zones rurales et de
plein-emploi dans le secteur urbain (marché du travail urbain
concurrentiel). Les économistes du développement aujourd’hui
s’accordent sur le fait que cette hypothèse est très largement invalidée
en pratique.
Critiques du modèle (suite)
39
Par ailleurs, Lewis fait l’hypothèse que les profits
capitalistes sont réinvestis dans l’économie locale
et qu’ils ne seront pas réinvestis à l’étranger.
.
40
I. Le modèle de croissance par étapes linéaires
II. Les théories et modèles de changement structurel
III. Les théories de la dépendance
41
III – Les théories de la dépendance (début années 70)

3.1 Prebisch et la CEPAL

3.2 Échange inégal et déconnexion: Samir Amin

3.3 Le développement dépendant: Cardoso

3.4. Critiques des théories de la dépendance

3.5. Impacts et influence des théories de la dépendance
3.1. Prebisch et la CEPAL
42
Origines et sources intellectuelles
• Principaux théoriciens originaires de l’Amérique
latine (Dos Santos, Sunkel, Furtado, Frank,
Cardoso), puis de l’Afrique (Samir Amin)
• Deux principales sources intellectuelles : le néomarxisme et les analyses de la CEPAL
Origines et sources intellectuelles (suite)
43
A. Néo-marxisme
• Adopte le point de vue de la périphérie plutôt que celui du
centre
• Marxisme orthodoxe préconise révolution bourgeoise, suivie
d’une révolution socialiste; le néo-marxiste considère que le
« Tiers-Monde » est mûr pour la révolution socialiste
• Marxisme considère le prolétariat industriel comme la classe
révolutionnaire; néo-marxisme met l’accent sur les paysans.
• Néo-marxisme académique aussi développé aux USA par
Paul Baran dans les années 1950 : démontre l’interrelation
entre l’industrialisation britannique et la désindustrialisation de
l’Inde
Origines et sources intellectuelles (suite)
B. Raùl Prebisch et la CEPAL
44
Prebisch conteste la validité de la théorie classique du commerce
international et attribue le sous-développement de l’Amérique
latine à des causes principalement externes :
– libre-échange entraîne une division internationale du travail
qui confine l’Amérique latine à un rôle d’exportateur de
produits primaires
– les exportateurs de produits primaires subissent une constante
dégradation des termes de l’échange
CEPAL: Commission économique de l’ONU pour l’Amérique latine, dirigée de
1948-62 par Raùl Prebisch, économiste argentin
Que dit la théorie classique du commerce international ?
Les avantages comparatifs (A. Smith, D. Ricardo)
45
• Tout pays peut augmenter son revenu grâce au commerce
• Chaque pays a avantage à se spécialiser dans l’exportation des
marchandises qu’il produit au meilleur coût relatif
• Le libre-échange produit une division internationale du travail favorable
à tous puisqu’elle permet :
• de produire plus de biens en utilisant au maximum les facteurs de
production
• accès à un marché plus vaste
– producteurs de biens exportés peuvent obtenir prix plus élevés que sur
marché national
– biens importés le sont à meilleur coût que s’ils étaient produits sur le
marché national
• Développement technique fera baisser le prix des produits industriels,
au profit des producteurs de matières premières
Prebisch: La détérioration des termes de l’échange
46
Termes de l’échange :
– rapport de l’indice des prix des produits exportés par un pays à
l’indice des prix des produits importés;
– permet de comparer l’évolution du pouvoir d’achat que procurent les
biens exportés par un pays
• Selon les études de Prebisch, les termes de l’échange des
pays exportateurs de matières premières se sont
constamment détériorés face à ceux des pays industrialisés
• Prebisch affirme que les pays en développement sont
victimes d’un «échange inégal»
La détérioration des termes de l’échange: Explications
avancées
47
1. Les prix des produits manufacturiers des pays développés demeurent
élevés parce que :
– des monopoles réussissent à maintenir prix élevés
– les syndicats arrivent à obtenir des hausses de salaires
2. Producteurs des PED ne sont pas organisés et sont en compétition,
contribuant à la hausse constante de l’offre et à la baisse des prix des
matières premières.
3. Élasticité de la demande pour les produits manufacturiers est plus grande
que celle pour les produits agricoles
Loi de Engels : Quand le revenu augmente, la part consacrée à
l'alimentation et à l'habillement diminue et celle consacrée aux autres
dépenses augmente
Propositions économiques de Prebisch et de la CEPAL
48
• Accélérer l’industrialisation de l’Amérique latine et réduire la
dépendance envers les matières premières
– Industrialisation accélérée visant à produire localement les biens
importés («industrialisation par substitution aux importations»)
– Intervention active de l’état pour coordonner les investissements et
protéger les industries nouvelles
– Intégration régionale pour pallier à l’étroitesse des marchés Nationaux
• À la fin des années 50, programme mis en œuvre par Argentine,
Brésil, Colombie, Pérou et influence stratégies des nouveaux états du
Tiers-Monde
Émergence de la théorie de la dépendance
49
• Apparaît en Amérique latine à la fin des années 50- début 60
• Audience importante aux États-Unis et en Europe
• Se construit en réaction à:
– Théories de la modernisation: s’y oppose violemment sur plusieurs
aspects
– Théories de la CEPAL:
• adopte plusieurs de ses notions: échange inégal, détérioration des termes
de l’échange
• dénonce son économisme et son discours modernisateur
• constate l’échec de son application
Théorie de la dépendance
Principaux thèmes
50
• Le sous-développement des pays de la périphérie est
le produit du développement du Centre
• La division internationale du travail maintient les pays
sous-développés dans un échange Inégal
• Les efforts d’industrialisation du Tiers-Monde
augmentent sa dépendance car son économie
est extravertie
51
III – Les théories de la dépendance (début années 70)

3.1 Prebisch et la CEPAL

3.2 Échange inégal et déconnexion: Samir Amin

3.3 Le développement dépendant: Cardoso

3.4. Critiques des théories de la dépendance

3.5. Impacts et influence des théories de la dépendance
3.2 Échange inégal et déconnexion (Samir Amin)
1/ Critique des théories de la modernisation
52
• Pays sous-développés ne sont pas une image des pays
développés à un stade antérieur
ils font partie d’un système mondial qui a forgé leur structure
• Facteurs culturels ou religieux ne peuvent pas expliquer le sousdéveloppement
aucun pays n’est foncièrement «traditionnel» et/ou « archaïque »
• Les explications en termes de «cercles vicieux de la pauvreté»
(Nurske) sont erronées, pas toujours vraies, pas toujours vérifiées
il existe une épargne dans les PED, mais elle est gaspillée, exportée,
employée à des dépenses improductives par les élites.
2/ Échange inégal et critique de l’économie classique
53
• Économie classique et théories de la modernisation pèchent par
«économisme»
– l’intégration de la périphérie dans le système capitaliste mondial a
été un processus politique
– commerce international est, depuis début du 20ème S., dominé par
des monopoles, qui faussent les échanges
• Les faits démentent les prédictions de l’économie. En effet il existe
– écarts croissants entre Centre et périphérie
– dégradation constante des termes de l’échange
• Commerce international = échange inégal
– secteur «traditionnel» du Tiers-Monde contribue au maintien de
bas salaires
3/ «Le développement du sous-développement»
54
Samir Amin définit le sous-développement par trois critères
Structurels:
1. Inégalité de productivité entre divers secteurs
2. Désarticulation des systèmes économiques
3. Domination externe
Le Centre a créé le secteur exportateur de la périphérie en
fonction de ses propres besoins.
La périphérie est beaucoup plus dépendante de ses échanges
avec le Centre que l’inverse.
3/ «Le développement du sous-développement» (suite)
55
La Périphérie doit constamment augmenter ses exportations pour:
– rembourser ses prêts
– payer ses importations, en hausse constante:
• produits alimentaires, pour classes urbaines
• biens d’équipements, pour industrialisation
• produits de luxe, pour privilégiés occidentalisés
Système mondial contient deux types de capitalisme:
– celui du Centre, dynamique et auto-centré
– celui de la périphérie, capitalisme «bloqué»
4) La solution ?
LA DECONNEXION
56
Système économique auto-reproducteur doit être mis en place:
liaisons entre secteurs des biens de consommation et d’équipement
Nécessite planification économique par l’État
Impose remise en cause de la division internationale du
travail
Préférable que cette rupture avec le marché mondial se fasse dans
de grands espaces
57
III – Les théories de la dépendance (début années 70)

3.1 Prebisch et la CEPAL

3.2 Échange inégal et déconnexion: Samir Amin

3.3 Le développement dépendant: Cardoso

3.4. Critiques des théories de la dépendance

3.5. Impacts et influence des théories de la dépendance
3.3. Le «développement dépendant»
58
Cardoso Fernando Henrique constate que la situation du
Brésil ne correspond pas aux modèles des théories
de la dépendance :
– l’économie n’est pas uniquement concentrée sur le secteur
des matières premières
– une structure industrielle produisant pour le marché local est
en place (ex : industrie automobile)
Une certaine forme de développement a donc eu lieu, mais il
s’agit d’un « développement dépendant »
Cardoso: le «développement dépendant»
59
• Économie conduite par une alliance entre Etat militaire, capital
étranger et bourgeoisie locale
• Structure industrielle largement dominée par des multinationales,
qui contrôlent deux éléments-clés : finances et technologie
Sérieuses limitations
– Le Brésil a recours à des technologies étrangères, intensives en
capital, peu créatrices d’emplois
– La distribution des revenus est très inégalitaire
– la production est axée sur biens de consommation de luxe
– L’endettement étranger pose des problèmes de dépendance
60
III – Les théories de la dépendance (début années 70)

3.1 Prebisch et la CEPAL

3.2 Échange inégal et déconnexion: Samir Amin

3.3 Le développement dépendant: Cardoso

3.4 Critiques des théories de la dépendance

3.5. Impacts et influence des théories de la dépendance
3.4. Critiques des théories de la dépendance
61
• Dénoncées comme trop idéologiques;
• Négligence des dynamiques internes, en particulier de l’autonomie
d’action de l’État et de la bourgeoisie locale;
• Trop pessimistes: ne peuvent expliquer pourquoi des exportateurs de
matières premières (ex: Canada) et des pays du Tiers-Monde (Corée,
Singapour) se sont développés;
• Propositions politiques vagues et qui ont échoué lorsque mises en
application. Ex: substitution des importations en Amérique latine et
développement autonome en Tanzanie
62
III – Les théories de la dépendance (début années 70)

3.1 Prebisch et la CEPAL

3.2 Échange inégal et déconnexion: Samir Amin

3.3 Le développement dépendant: Cardoso

3.4 Critiques des théories de la dépendance

3.5. Impacts et influence des théories de la dépendance
3.5. Impacts et influence des théories de la
dépendance
63
Ces théories ont démontré l’importance des facteurs externes
responsables du sous-développement
Ils ont constitué le fondement des revendications du Tiers-Monde dans les
années 1960-70
– création de la CNUCED ( Conférence des NU pour le Commerce et le Développement)
– cartels de producteurs de matières premières
– Nouvel ordre économique international à l’ONU
Elles ont contribué à plusieurs débats importants:
– relation entre commerce international et développement
– distinction des notions de croissance et de développement
– notion de système capitaliste mondial
Théorie du système-monde (Immanuel Wallerstein )
64
Les principales influences de Wallerstein :
–Karl Marx: Il utilise plusieurs de ses concepts; les applique au système
mondial plutôt que dans l’espace national;
– Fernand Braudel : historien français qui a décrit le développement des
grands réseaux d’échanges économiques de l’Europe du 15-18ème S. Il
s’inspire de sa méthode d’étude de la longue durée;
– Les théories de la dépendance: Il élabore les notions de système
mondial et de centre-périphérie
1) Concept de système-monde
65
• Unité d’analyse appropriée pour comprendre les relations de
pouvoir au sein du système international est l’économie-monde
capitaliste
«les seules vrais systèmes sociaux sont, d’une part, les
économies de subsistance relativement étroites […] et, d’autre part,
les systèmes-mondes» (Wallerstein, 1980)
• L’histoire a connu deux types de systèmes-monde
– empire-monde: système politique unique
– économie-monde: inclut plusieurs systèmes politiques
2) Dynamique de l’économie-monde capitaliste
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• Tendance à l’expansion géographique
– stimulée par quête d’accumulation de capital
– a graduellement intégré l’ensemble de la planète, en attribuant
à chaque zone un rôle spécifique
• Polarisation régionale et hiérarchie
– Centre: capitaux; technologie; structures étatiques fortes
– Périphérie: économie dépendante; états faibles
– Semi-périphérie: zone «tampon» importante
La place d’un pays n’est pas définitive: certains pays de la
périphérie peuvent «graduer» en recevant industries délocalisées
(ex: Brésil, Corée, Afrique du Sud)
2) Dynamique de l’économie-monde capitaliste
(suite)
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• Polarisation de l’économie-monde renforcée par l’échange inégal
– fondé sur la capacité du centre à utiliser le pouvoir politique et la
force pour fixer les prix des transactions
• Comme Amin, Wallerstein insiste sur les relations entre les instances
économiques et politiques
– capitalistes ont utilisé les appareils d’Etat pour protéger marchés
domestiques, accroître profits et expansion
• Le capitalisme connaît des cycles, qui sont facteurs de
transformation du système
– crises stimulent délocalisations
3) L’économie-monde capitaliste depuis 1945
68
• Système a su dompter forces anti-systémiques
– mouvements ouvriers du Centre
– élites nationalistes de la périphérie
• Économie-monde est entrée en crise depuis le début des années 1970
– explique vague de délocalisations vers semi-périphérie
– marque début de l’effondrement du système. Il n’y n’aura bientôt plus
de travailleurs ruraux à bon marché à intégrer pour réduire coûts de
production
• crise écologique menace le système
• Wallerstein prône l’abandon de stratégies nationales pour un
mouvement socialiste mondial
Comparaison:
théories de la dépendance vs théorie du système-monde
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• Théorie du système-monde souvent assimilée aux théories de la dépendance,
partagent de nombreux thèmes
• Unité d’analyse = système capitaliste historique, plutôt que régions dépendantes
• Pour Wallerstein, le capitalisme forme un système unique; pas de distinction entre
capitalismes du centre et de la périphérie
• Théorie du système monde moins déterministe: reconnaît que la place des pays
n’est pas figée