Tourisme et développement durable

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Transcript Tourisme et développement durable

Les apports de l’éthique économique
au Développement Durable
François-Régis MAHIEU
CERDI – 5 et 6 Décembre 2012
MASTER 2 ÉCONOMIE ET DÉVELOPPEMENT INTERNATIONAL
SPÉCIALITÉ DÉVELOPPEMENT DURABLE DANS LES PED ET PET
Soleil ???
Changements climatiques
Désastres écologiques
Activités humaines
Désastres humains
Introduction
1. Définitions
2. Les éthiques
3. Quelques termes ambigus.
I. L’éthique économique
I.1. Les préalables : une éthique du Bien
I.2. La justice
I.3. La responsabilité
I.4. Les éthiques de la personne
II. La durabilité sociale et humaine du développement
II.1. L’insoutenabilité sociale du développement durable?
II.2. Vulnérabilité, Souffrance et Résilience.
II.3. La gestion des normes
II.4. Les composantes du principe de précaution sociale
Introduction
1. Définitions
 Ethos = Morale = les mœurs
 On peut :
- Observer les mœurs (éthique positive)
- Les orienter (éthique normative)
- Les analyser formellement (règles) sur le plan
syntaxique
- Les mettre en situation, sur le plan pragmatique :
jeux et paradoxes
2. Les éthiques
 Ethique (estimé bon) et Morale (imposition de
règles), éthique téléologique/ morale déontologique.
Ethiques ex ante et ex post.
 Société de nature faite d’individus (Hegel) # société
de droit (Kant), composée de personnes.
 Ethiques du Bien (Aristote), du Juste ≠ de la Justice
 Ethiques de la vertu, de la discussion, de la joie…
 Ethique positive(M. Weber) et éthique normative
(A. Sen).
Les éthiques dépendent
Du sujet :
Personne, citoyen, individu, agent,
Qualités données (Vertu, Bien, Juste, Mal, Joie,
Responsabilités) et des valeurs (positif/négatif,
bienveillant, tolérant, etc ..) éventuellement
instables.
D’un objet :
Du domaine : économie,médecine, tourisme, sport,
religion, politique, finance
Du contexte : analyse des mœurs ou recommandations
morales ?
De la discipline : ex. agency selon la socio, la philo, la
médecine, l’histoire
D’une pratique : le “Caring”
De la relation entre sujet et objet :
De la méthode : de l’observation ou de la
recommandation, de la discussion, du management
De professions : psy, acheteur, etc…
Du développement : cf. les éthiques de BW ou de
Keynes
3. Quelques termes ambigus
a. Du coté de l’éthique
Juste, Justice, Bien, Mal
Téléologie, ontologie, anthropologie, phénoménologie
Agency, agencéité, agentivité, agir
Individu, agent, citoyen, personne, sujet
Déontologie, déontique
Fragilité, faillibilité, fautivité
b. Du coté de l’économie
Optimum, bien-être, bonheur
Utilitarisme : conséquentiel, normatif, pondéré
Altruisme, autruisme, coefficient de..
Continuité, lexicographie, leximin
Capacité, capabilité, droits d’accès, emprise
Pauvreté, inégalité, équité, vulnérabilité,
Externalités, compensations, droits de propriété.
c. Du côté du développement durable
Durabilité, soutenabilité
Précaution
Intra / intergénérationnel
Soutenabilité forte, faible, irréversibilité
Incertitude radicale
Crime écologique, économique
Agenda 21
I. L’éthique économique
I. 1. Les préalables : une éthique du bien
a. Optimum, échange volontaire, unanimité, liberté.
La règle de Lange Lerner
b. Concurrence pure et parfaite, absence de profit et
autodestruction
c. L’utilitarisme, éthique du capitalisme : des origines
au conséquentialisme
Définition
Auteurs classiques : Bentham, St Mill, Sidgwick
L’utilitarisme contemporain : Rawls, Sen
La relation avec l’autre
Comment se passer de l’utilité
La malveillance
Le conséquentialisme
- Une conception ex post, normes/actes
- Théorie de l’action
- Paradoxes : Nozick et la machine expérimentale
- Les six transplantés et le donneur sacrifié
- Critiques : abus de droit
Paradoxe du peloton d’exécution
• Dans une dictature sud-américaine, le chef de l’armée décide
de fusiller 10 révolutionnaires pour l’exemple. Arrive un
philosophe bien pensant qui demande au commandant de
surseoir à l’éxécution.
• Le commandant alors propose au philosophe de tuer de sa
main un révolutionnaire en lui confiant son revolver, dès lors
les 9 autres auront leur vie épargnée.
• Le premier réflexe du philosophe est de refuser, mais il est
plus utile d’épargner 9 vies contre une……
• L’utilité est effectivement ici un critère immoral.
• Mais, les morales peuvent-elles échapper à une plurivalence ?
Est-ce le propre de l’utilité ? Il peut en être de même avec la
responsabilité (cf. le film « le vent se lève »).
Une illustration : le paradoxe du shérif (Nozick)
Dans une petite ville américaine, une femme blanche
est violée et assassinée. Immédiatement, John, noir
SDF est suspecté.
Le shérif sait que John est innocent, mais le fait
pendre en public
Ainsi il évite une émeute et de nombreuses victimes.
Tel serait l’application stupide d’un utilitarisme
conséquentiel.
L’utilitarisme peut entraîner une violation des droits.
d. L’utilitarisme négatif
 Spécificité de l’utilitarisme négatif qui n’est pas le
contraire du Bien pour K.Popper : éviter la
souffrance.
 Minimiser la souffrance est un devoir parfait, au
contraire de la maximisation du Bien qui est un
devoir imparfait  priorité de l’U. négatif.
 Indicateurs : dépressions, taux de
consommation de neuroleptiques, etc..
suicide,
 Critique : évite une éthique du Mal, par exemple
dans l’altruisme.
Tableau 1. Ethiques de la souffrance et du bienêtre
Diminution de la
souffrance
Mini
Maxi
Mini
1
2
Maxi
4
3
Bien-être
Tableau 2. Arbitrages entre souffrance et bien-être
Souffrance
Mini
Maxi
Mini
1
2
Maxi
4
3
Bien-être
I.2. La justice
Les modes de justice : allocative et distributive,
EOP.
La justice Pareto-unanime ?
L’absence d’envie
Justice et liberté : l’apport de Rawls (1971)
La théorie des capabilités d’Amartya Sen (1985):
libre choix des modes de vie et « travailleur libre »
(Marx)
La reconnaissance, dignité et respect
Justice et développement durable: vulnérabilité et
résilience.
Relation between cost and number of genocide makers condemned
Cost
Relation between
cost and N
pb of miscarriage
of Justice
Symbolic
N, number of
condemned
Popular
I. 3. La responsabilité
 La théorie de « l’agency » (capacité à) et l’omission
de la personne, au profit d’une théorie de l’action.
La responsabilité infinie, Emmanuel Lévinas et
Hans Jonas.
La capacité d’imputation, Ricoeur : fragilité et
faillibilité de la personne.
Séquence : responsabilité-rationalité-raisonnabilité
1. 4. Les éthiques de la personne
Les grandes règles éthiques : règle d’or
(universalité, finalité de la personne), total suffering
principle, identité et reconnaissance
Ethique Déontologique ; morale normative vs
éthique positive. Ethiques de la vertu.
 Ethiques des animaux / Ethiques des hommes :
quelques oppositions, cf. éthique de la sollicitude
La personne capable
Capacité, puissance, Conatus, Incapacité
Agir
Capabilités à être et à faire = Utilité négative (souffrance)
liberté de choix
Imputation : mettre une action
sur le compte de quelqu’un
+ obligation
Pouvoir dire, expliquer,parler,
argumenter
Agir sur le cours des choses
Fragilité, vulnérabilité
(contrepoint
de
responsabilité, Ricoeur)
Impersonnalité
Impartialité
Ingérence
Le Bien
Le Mal (inconscience de la
souffrance)
la
Atomisme
II. La durabilité
développement
sociale
et
humaine
du
II.1. L’insoutenabilité sociale du développement
durable?
 Opposition entre ordre naturel et ordre social
 Marginalisation de la soutenabilité humaine
 L’écologie économique s’inscrit
opposition entre nature et social
dans
cette
II. 2. Vulnérabilité, souffrance et développement durable.
a)La vulnérabilité de la personne
- La vulnérabilité liée à la responsabilité
- Comment évaluer l’occurrence de la responsabilité
b)La souffrance vécue par la personne aggrave sa vulnérabilité.
-La production de la souffrance
-Une résilience est-elle possible ?
II. 3. La gestion des normes
Les conflits de normes
Intra-intergénérationnel, le risque d’une élite
consciente.
Les dimensions du DD: économique, social,
financier, écologique, humain ; quelle priorité ?
Ethique de la conviction vs éthique de la
responsabilité.
Un exemple, le cas du tourisme. Tourisme de masse
ou découverte élitiste ?
Phénoménologie de la norme : la
variable i. La gestion des normes, de la
personne au groupe social.
Logique des énoncés normatifs:
première approche
Les paradoxes du choix social: Arrow,
Sen et du Public Choice.
Des méta-normes ?
Le rôle de l’éthique de la discussion
(école de Francfort) pour décider face
aux paradoxes du choix social.
II. 4. Quels instruments ?
a. Trois générations : réglementaire, économique,
responsabilisation
1) Codes, chartes.
2) Agences d’évaluation, ex. VIGEO, Dow Jones
ethique
3) Labels, certifications, normes : Iso, équitable,
solidaire, responsabilité sociale.
Code éthique
Def : engagement sur des valeurs # des codes déontologiques
plus contraignants ; mais mélange des deux, chartes etc…
Niveau profession, métier, entreprise, sport (ex chasse), le +
souvent en thérapie
Sanction : jury d’honneur
Dimensions : economique , sociale, humaine, financière
Engagements : shareholders, stakeholders
Etats (ex des codes fiscaux).
Firmes (cas Kuoni)
Clients : ex. avec Thomson : dénonciation
Travailleurs : rôle des syndicats
Acheteurs : ex. CEDAF
b. Composantes du principe de précaution sociale
Prévision
Discussion
Responsabilité
Sanction
Conclusion partielle: une instrumentalisation de
l’éthique ?
Conclusion générale du cours
L’éthique est d’abord positive…(ex. l’éthique
protestante chez Weber).
Elle est plurivalente et ses composantes ne sont pas
bonnes en soi (par exemple : l’abus de la
responsabilité ou de la liberté).
Elle a été rejetée en économie, au nom du
radicalisme philosophique.
Son retour en force l’instrumentalise et en fait un
produit de marché.
Les trois sphères
Annexe 2. Triangle renversé des soutenabilités du développement
Economique
et financière
Environnementale
Sociale
H
Tableau 3. Deux conceptions de la responsabilité
Conception diachronique
(action, réaction)
Conception synchronique
Ma responsabilité est fonction de
(Obligation, Imputation, Sanction).
Responsabilité (ROM), ascription
La responsabilité est un ordre
complet R sur deux actions X et Y
concernant moi-même, i, et l’autre
(ou les autres), j.
↓↓
Rationalité (choix), accountability
J’assume vis-à-vis de moi-même
ma préférence C(S)
par rapport à X et Y.
↓↓
Raisonnabilité (coopération),
answerability
↓↓
Dignité
↓↓
Vulnérabilité
↓↓
Faillibilité
Je suis responsable par rapport à
ma communauté de l’action Y,
sous la contrainte de sanctions
pour moi et la communauté pour
une échéance t.
Je prouve ma liberté et ma
dignité,
et ma capacité à la responsabilité
qui est cependant limitée.
Je suis faillible en tant que
personne, capable d’assumer le
bien ou le mal.
Tableau 4. Sujet, moyens et finalité du développement
durable
SUJET
MOYENS
FINALITE
La personne
responsable
Développement
économique et
financier
↨
Prise en compte du
social
↨
Préservation de la
nature
Développement
humainement
soutenable, intra et
inter générationnel
Soutenabilité forte ou
faible
Coûts humains
Risques
Faillibilité
Conclusions sur le conflit entre soutenabilités
1. Soit le développement durable a trait à la
préservation de l’environnement naturel et il n’est
pas du développement ; soit il est associé au
développement social, mais il devient très vite
contradictoire en associant l’ordre naturel au
désordre social.
2. La gestion de l’opposition entre Nature et Société
implique un despote. Le libéralisme économique
tant demandé n’est possible qu’avec une
protection élevée et une capacité à l’enfermement.
3. Il y a une contradiction dans la pensée écologique,
en réduisant l’homme à l’individu d’une part, tout en
lui demandant de se transcender pour les futures
générations d’autre part ; ce qui est le propre de la
personne. Ainsi l’ordre naturel implique la dictature,
faute de respecter la capacité transformatrice sinon
transcendantale de la personne.
4. Il existe un très grand décalage qualitatif entre les
outils selon les dimensions du développement
durable. Ainsi, le triangle écologique est faux,
compte tenu de la disproportion environnementale
dans le système du développement durable.
5. L’aliénation écologique fait oublier les problème
sociaux, de la pauvreté et du
sousdéveloppement.L’aliénation écologique se traduit
par une substitution de la doctrine naturaliste à la
conscience de classe.
6. L’économie écologique traite d’un principe de
précaution a priori, mais elle se cantonne en
grande partie à des compensations a posteriori, des
réparations. Elle utilise les taxes ou le marché,
instruments
a posteriori et néglige la
responsabilité personnelle.
7. Le respect de l’ordre naturel n’est pas compatible
avec les désordres sociaux.
Il tend à les minimiser, les masquer ou encore à
banaliser les catastrophes humaines comme le ferait
un gestionnaire libéral de la nature.
S’il y a trop d’immigrants, ils seront réduits au quota
acceptable, pareil s’il y a trop de sous-développés
sur la terre ou trop de travailleurs par rapport à la
capacité d’embauche ; il se produit alors un
« cleaning », un « déguerpissement », une solution
finale qui rétablit les proportions naturelles.