Transcript I - Le jeu
Un outil au service des
apprentissages
langagiers…
« le jeu, c’est le travail de l'enfant,
c’est son métier, sa vie.
L'enfant qui joue à l'école maternelle s'initie à la vie
scolaire, et l'on oserait dire qu'il n'apprend rien en
jouant ? »
Pauline KERGOMARD
Le jeu est sérieux. Il possède des règles sévères, il comporte
des fatigues et parfois même mène jusqu’à l’épuisement.
L’enfant se fait par ses jeux et dans ses jeux.
Se demander pourquoi l’enfant joue, c’est se demander
pourquoi il est enfant.
Un enfant qui ne sait pas jouer est un adulte qui ne saura pas
penser.
J. CHATEAU
Pour bon nombre de pédagogues, psychologues ou
psychanalystes, le jeu est l'activité spécifique de la
période de l'enfance ; qu'il soit cause ou conséquence, le
jeu est étroitement lié à l'évolution des compétences
psychomotrices, intellectuelles, affectives, de créativité et
de socialisation.
L'activité de jeu même si elle ne répond pas à des
pulsions primaires comme manger, boire, se défendre,
n'en demeure pas moins aussi vitale.
Trois cent cinquante ans av. J.C., le philosophe Aristote
en faisant déjà un outil de soin « on devrait disait-il,
proposer le jeu comme on prescrit des médicaments. »
I-
Le jeu : quel enjeu pour l'enfant ?
Pour Winnicott (source : le jeu, l'enfant, EPS) « l'aire
de jeu est un espace d'illusions, un nouvel espace
pour l'enfant intermédiaire entre le dedans qu'est sa
réalité intérieure et le dehors qu'est le monde de la
vie extérieure ». L'espace jeu c'est cette aire
d'illusions dans laquelle se meut l'enfant qui joue. Le
jeu est le langage qui utilise des symboles pour
établir des ponts entre le dedans et le dehors.
L'enfant se met en jeu, pas en danger. La force du
jeu est liée à la faculté qui est donnée, à l'enfant de
jouer sa vie pour son propre compte, de tirer de ses
expériences, ses propres conclusions.
II - Les différents critères du jeu
d’après Roger Caillois dans son livre (les jeux et les hommes, Gallimard, 1958)
une
activité
libre
une activité
séparée,
une activité
incertaine
Le jeu
une activité
réglée
une activité
fictive
une activité
gratuite
Le jeu est autotélique : il est sa propre finalité
Le jeu est fonctionnel : il aide au développement
moteur et psychologique
Le jeu est symbolique : il a toujours un rapport avec
l'inconscient
Le jeu a des règles : « on dirait que .. »
Le jeu se déroule dans un temps et un espace
spécifiques
Apports de la psychanalyse
La psychanalyse insiste sur la fonction “cathartique”
du jeu. Il s’agit d’une fonction de “décharge” des
tensions présentes chez un individu (désir,
angoisse...).
Utilisé dans les thérapies, le jeu libre spontané reflète
l’histoire personnelle passée et présente, de l’enfant;
son histoire telle qu’il la voit subjectivement et telle
qu’il la vit.
Par le jeu, l’enfant exprime ses représentations, les
turbulences de sa vie psychique.
JEAN PIAGET
Pour PIAGET, l’activité ludique de l’enfant doit se
comprendre d’abord par le biais du développement
intellectuel. L’enfant construit sa connaissance
du monde extérieur en agissant sur celui-ci.
PIAGET distingue:
les jeux sensori-moteurs (0-2)
les jeux symboliques (1-3)
les jeux perceptifs moteurs ou de construction (2-8)
les jeux à règle (5-)
Le jeu symbolique
Il autorise l’enfant à soumettre son environnement à
un moment de son développement où il lui est
difficile de s’y adapter.
le “faire semblant”
la projection (imitation)
l’assimilation (identification)
les combinaisons symboliques simples
(compensatrices, liquidatrices ou anticipatrices)
Dans les programmes:
L’école maternelle
• « Elle élargit leur univers relationnel et leur permet
de vivre des situations de jeux, de recherches, de
productions libres ou guidées, d’exercices, riches et
variés, qui contribuent à enrichir la formation de leur
personnalité et leur éveil culturel. »
• « Les activités proposées à l’école maternelle doivent
offrir de multiples occasions d’expériences
sensorielles et motrices en totale sécurité. »
L’utilisation du mot coin est parfois un obstacle à
l’évolution des représentations le terme d’espace lui
est préférable ( idée d’un espace géographique
pouvant regrouper différents espaces ou différentes
activités).
Maria Montessori
(1870-1952)
Observe des phénomènes quand elle met en présence d’enfant le
matériel qu’elle avait conçu pour les enfants déficients :
La nécessaire répétition de l’exercice : un enfant de 3 ans répète
interminablement le même exercice avec le même matériel sans
progrès dans la rapidité d’exécution ni dans l’habileté. Il est
imperturbable et très concentré.
Le libre choix et l’amour de l’ordre : les enfants sont capables de
choisir ce qui les intéresse parmi le matériel pédagogique et ce choix
se traduit par une recrudescence d’activités. Les enfants
s’épanouissent à tenir leur classe en ordre.
Le choix des jeux : l’enfant finira toujours par préférer une activité utile
à son développement qu’un jeu simplement amusant.
Les enfants ont un sens étonnant de la discipline que Maria
Montessori pense être une conséquence de la liberté.
Pour Maria Montessori, le maître est un médiateur (≠ du
« transmetteur » traditionnel). La maîtresse n’est plus un adulte
voulant dominer l’enfant, elle est un trait d’union entre le matériel et
l’enfant. Elle respecte le rythme : c’est prendre les gens là où ils en
sont pour les aider à progresser.
Les pôles principaux de la pédagogie de Maria Montessori portent
sur l’ambiance et sur la relation pédagogique :
L’environnement doit être préparé pour l’enfant car il constitue le
centre de ses décisions et de son apprentissage. […]
Maria Montessori a une conception tendant vers l’idéalisme et le
spiritualisme de l’éducation (≠ Decroly : matérialisme)
Héritage de Maria Montessori dans beaucoup d’écoles publiques (surtout en
maternelle et dans les premières classes de l’école élémentaire) :
Adaptation du mobilier et outils à la taille des enfants ;
Organisation de la classe en « coins » dédiés à des activités précises ;
Stimulation de tous les sens dès le plus jeune âge avec des activités
ciblées ;
Présence d’un matériel adapté à la progression de chaque enfant et avec
lequel il peut, tout en jouant, effectuer des acquisitions fondamentales ;
Utilisation de puzzles de lettres et de syllabes pour accéder à l’écriture ;
Insistance sur l’apprentissage de la concentration avec moments
spécifiques ;
Souci de favoriser l’attention de l’enfant dans toute activité ;
Liberté laissée aux enfants de choisir des activités parmi des propositions.
C’est un espace
transitionnel ( D.
Winnicot )
Un outil pédagogique : il
permet d’évaluer les acquis
(en particulier le langage et
les compétences
transversales)
(COIN) ESPACE
JEU
Il s’intègre dans
l’organisation de la classe
(les coins sont prévus
comme des temps
pédagogiques)
Un lieu d’apprentissage:
le coin est conçu avec
des objectifs, des
moyens et des modalités
d’évaluation
Trop souvent le temps du jeu suit le temps du travail,
comme une récompense, comme une activité
occupationnelle, c'est une simple récréation.
D’où une difficulté à intégrer le coin jeu en tant
qu'espace d'apprentissage.
Manque de place dans la classe
Espace non adapté à l'âge des enfants
Les enfants ne savent pas se servir des objets, ils
n'en voient pas l'intérêt
Coin qui n'évolue pas, lassitude des élèves
Manque de matériel (mobilier, objets...)
coins jeux uniquement liés à la symbolique
Conditions pédagogiques du fonctionnement efficace
des coins
Apprendre aux élèves à y jouer, à s'en servir
Alterner présence/ absence du maître, situations
dirigées/ semi-dirigées/ autonomie
Faire une évaluation de manière régulière, envisager
remédiation/ modification/ suppression
Faire verbaliser leurs activités, les objets utilisés, la
manière de faire, avec qui...
Proposer des évolutions dans ces activités
Faire évoluer les coins sur l'année
Concevoir le coin en fonction : de l'âge des élèves, de
leur nombre, du bruit, de la quantité et de la qualité
du matériel, de la cohérence des objets, de l'espace
Les coins doivent être pratiqués par tous, donc
inscrit dans l'emploi du temps
Prévoir sa mise en service : progressivement
(verbalisation/évaluation régulièrement) ou d'un
coup avec consignes et aide du maître
Une réflexion est à mener sur:
• Aménagement des coins dans la classe:
choix des espaces, du nombre de coins, des types
de coins ,de leur identification ; évolution des coins
•
Aménagement de chaque coin: matériel, affichages;
évolution
•
Activités: en fonction des objectifs d'apprentissages
alternance de jeux libres et d'activités conduites
•
Interventions du maître: régulation des activités,
guidage, évaluation
TYPOLOGIE DES COINS JEUX
Jeux d'imitation : cuisine, poupées, épicerie, voiture,
déguisement, marionnettes, infirmerie, coiffure, maquillage,
téléphone, personnages et petits sujets, bricolage
Jeux de construction : cubes, briques de tailles différentes,
blocs de formes différentes, pièces de bois, planchettes,
rondins, formes géométriques
Jeux de manipulation : transvasements (graines, eau, pâtes,
sable, marrons, perles...), avec des objets qui ont une
fonction (serrures, cadenas...), bricolage, jeux d'adresse
(toupies...)
Jeux sensoriels : parcours tactiles (reliefs, matériaux...),
boîtes à formes à toucher, encastrements
Amélioration de la
compréhension
Développement du
lexique
Nommer les objets ,
les actions
Coins jeux
et langage
Développement des
compétences concernant
le langage en situation
En créant le plus grand
nombre de situations
d’échange verbal
Dire ce que l’on fait
ou ce que fait un
camarade
Comprendre les
consignes
Développer les
compétences
concernant le langage
d’évocation :
Rappeler ce que l’on a
fait dans les coins
jeux
Raconter une histoire
à partir d’un coin jeu