Musique: Reel du soldat Lebrun Folklore québécois Le Jour de l'An était une occasion privilégiée pour les parents, les amis et les voisins de se rendre.

Download Report

Transcript Musique: Reel du soldat Lebrun Folklore québécois Le Jour de l'An était une occasion privilégiée pour les parents, les amis et les voisins de se rendre.

Musique: Reel du soldat Lebrun
Folklore québécois
Le Jour de l'An était
une occasion privilégiée
pour les parents,
les amis et les voisins
de se rendre visite,
de se serrer la pince
et de laisser jaillir
les effusions de sentiments
dans de chaudes embrassades.
Dans les foyers,
la nouvelle année débutait
par l’acte solennel
de la bénédiction du Jour de l’An.
Ces dignes instants
endiguaient les festivités
qui éclataient une fois les grâces
déposées dans les cœurs.
Chez nous, la bénédiction
se déroulait en famille.
À chaque année,
victimes de nos timidités
ou de nos fausses pudeurs,
nous remettions en question
la coutume qui voulait
que l’aîné demande
la bénédiction.
Aînée de la famille ?...
Aîné des garçons ?...
Et pourquoi pas les autres ?...
Chez mes grands-parents, la question ne se posait pas, puisque le geste sacré était individuel.
Je me rappelle de ces moments mystérieux où oncles et tantes, tour à tour,
rejoignaient grand-papa dans la chambre des maîtres pour accueillir
les bienfaits suspendus à ses mains étendues et fondus dans ses mots
qui demeurèrent toujours un secret pour nous qui observions à distance
ces scènes qui ne manquaient pas de nous intriguer.
Arriver le dernier pour la bénédiction valait au retardataire les taquineries des siens.
Était-ce pour cette raison qu’à la frontière des deux ans, la caravane de nuit se mettait en branle
pour partir à la conquête de l’an nouveau en faisant la tournée des parents et amis,
arrosant assurément chaque visite d’un p’tit coup ?
Éméchés, les fêtards rentraient chez eux
aux p’tites heures du matin
pour prendre un peu de sommeil
avant d’embrasser le nouvel an de jour
et tous ceux et celles qu’ils n’avaient pas
encore honorés de leurs bons souhaits.
Chaque année, la tradition familiale
nous amenait à la campagne
pour le souper et la veillée
du Jour de l’An
chez les grands-parents maternels.
C’était fête en nos cœurs,
parce qu’au-delà
de toutes nos attentes enfantines,
nous savions profondément
que l’amour et la chaleur humaine
nous y attendaient.
L’accueil y était aussi chaleureux
que l’ambiance couvée sous ce toit.
À la «vieille maison»,
c’est ainsi que l’on surnommait
la demeure des ancêtres,
étaient conviés tous les enfants
et leur progéniture,
sans égards pour les générations.
La maison avait le cœur
assez grand pour recevoir
tout ce beau monde.
À l’arrivée de chaque invité, l’échange des voeux reprenait de plus belle…
Impossible de se défiler. Il fallait embrasser toute la maisonnée.
Des accolades chaleureuses aux baisers timides,
en passant par les poignées de main fermes aux joues piquantes,
nous avions droit à l’étreinte annuelle.
Dans un bourdonnement sourd percé d’éclats de voix et de rires,
les souhaits voyageaient entre les membres de la famille.
«Bonne et Heureuse Année»
«Bonne Santé»
«Du succès dans tes entreprises»
Aux plus jeunes,
«Du réussi dans tes études»
et à tous,
«Le paradis à la fin de tes jours».
À la table, c’était l’abondance. Les mets traditionnels,
habilement cuisinés par grand-maman, fumaient.
Ça fleurait bon la tourtière, le ragoût de patte et la dinde.
Plusieurs tablées étaient nécessaires pour satisfaire les appétits.
Pendant que l’honneur de la première table ou du service revenait aux parents,
les plus grands prenaient les petits en charge.
Nos estomacs patientaient souvent jusqu’à la dernière tablée.
Puis la veillée débutait avant même que ne soient rangées les dernières assiettes..
Les chansons à répondre fusaient de tous côtés,
chacun(e) y allant de son légendaire refrain.
Un feu roulant de tapements de pieds et de mains maintenait la cadence.
Mes yeux de petite fille n’étaient pas assez grands pour contenir
toute leur fascination devant la gigue de grand-papa.
À un bout de la cuisine,
les conversations des femmes
s’enchevêtraient avec les couplets.
À l’autre extrémité de la pièce,
les hommes solidaires
formaient un clan taquin
qu’aucun n’aurait déserté
pour rien au monde.
Au salon, les jeunes couples
veillaient sur leurs amours.
Mais, où se trouvaient donc
les enfants que nous étions ?
Que faisions-nous pendant
que la maisonnée chantait ?
Affairés à sauter sur les lits
bondés de manteaux,
à nous rouler dans les fourrures
des tantes plus fortunées,
à courir de haut en bas,
de bas en haut,
à assaillir les plateaux
de bonbons,
à nous enivrer
de liqueurs douces,
avions-nous vraiment
le temps de chanter ?
Sans oublier que,
de cette façon,
nous évitions,
presque à coup sûr,
les demandes spéciales !!!
Puis, les paupières s’alourdissaient.
Les bâillements se multipliaient.
Le rythme ralentissait.
Les petits, harassés de fatigue, requéraient
les bras maternels en pleurnichant.
Grand-papa entonnait alors, avec une émotion dans la voix,
une chanson qui s’inscrivit dans la tradition
et qui fut en quelque sorte son hymne au Nouvel An.
Plus nous avancions en âge,
plus le message devenait percutant.
Les dernières années, c’est avec une larme au coin de l’œil
que nous écoutions religieusement ce refrain.
Puis venait l’heure du départ.
Chacun cherchait à qui mieux mieux
un gant, une claque, une botte.
Lorsque la porte s’ouvrait,
l’hiver déguisé en grand nuage blanc en profitait pour entrer,
rendant encore plus difficile le moment des «au revoir»
réchauffé tant bien que mal par les invitations et les promesses.
Sur les banquettes glacées, repus d’amour et de joie,
nous nous enroulions dans la chaleur de ces souvenirs
si intenses qu’ils survécurent au temps.
Aujourd’hui, je contemple et savoure
avec au cœur, un p’tit velours
mes Jours de l’An
d’un autre temps.
De cette grande maison d’amour,
j’ai fait le tour.
Les escaliers ont porté
mes petits pas enjoués.
Mes amours sont passées
par le salon, vous vous en doutez.
Dans le coin des femmes regroupées,
aux conversations, j’ai participé.
Comme tous les habitués,
le cercle des hommes j’ai contourné.
Mes enfants ont eu le temps
de prendre l’escalier en courant.
Les murs de ce gîte douillet se sont tus,
mais ce que nous y avons reçu
demeure à jamais gravé
dans nos cœurs et nos pensées.
Photos extraites du livre
Edmond-J. Massicotte, scènes d’autrefois
Texte
Prélude
Créations Gis
Copyright © 2004-12-31
Tous droits réservés
[email protected]
AVERTISSEMENT
Ce diaporama à usage non commercial est strictement privé.
N'étant pas destiné au grand public,
il ne doit pas être utilisé sur un site internet, ni sur un forum.
Ce diaporama est envoyé gratuitement, par courrier électronique privé,
à des personnes qui acceptent les conditions de l'abonnement.
Le fait de recevoir ce diaporama par personne interposée,
sans être sur la liste d'abonnement, ne lui enlève aucunement
son caractère privé ni ses restrictions.
Toute modification du diaporama est interdite.
Prélude