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L’île de Sulawesi (Les Célèbes) : une contrée insolite et méconnue
Du Sud au Nord
Superficie : 227 000 km²
Population : environ 15 millions
Villes principales : Makassar au sud (1.5 million d’habitants) et Manado au nord (350 000 habitants)
De la taille de la Grande Bretagne, l’île de Sulawesi recèle une diversité naturelle et humaine hors
du commun. Aux contours originaux en forme de grand K, l’île est bordée par des mers aux noms
évocateurs de récits d’aventure et de piraterie de jadis : la mer des Célèbes, les Moluques et le
détroit de Makassar.
Propice à des découvertes singulières, c’est une terre hospitalière et accessible à tous les
voyageurs. Le littoral est ponctué de plages de sable fin et de récifs coralliens, refuges
d’innombrables espèces de poissons. L’intérieur des terres est dominé par des reliefs spectaculaires
qui culminent à plus de 3000 mètres et des jungles luxuriantes où vivent des espèces rares dont
certaines endémiques. Au nord de l’île, se dresse une dizaine de volcans toujours en activité. Dans
la partie méridionale s’étendent de vastes plaines de rizières.
Sulawesi est connue pour son métissage religieux, ethnique et culturel, avec notamment ses 35
peuplades et une multitude de sous-groupes. Animisme, islam, bouddhisme et christianisme
cohabitent et se mêlent au sein des communautés.
Le premier contact avec l’île se fait à Makassar. Dans ce port de légende rendu célèbre par Joseph
Conrad, s’alignent de nombreux navires marchands et des dizaines de Pinisi, voiliers traditionnels
de l’archipel. Pour se mettre en jambe, il faut quitter la ville pour le parc national de Bantimurung
pour une ballade de quelques heures parmi les rizières et les villages des paysans Bugi, les
descendants de redoutables pirates. Puis nous pénétrons dans le relief karstique pour découvrir
des peintures rupestres préhistoriques. Une tasse de thé est la bienvenue en compagnie des
habitants avant d’embarquer dans un canoë pour une descente de la rivière Puteh.
Le lendemain, nous mettons le cap sur Bira, à la pointe sud de l’île. En chemin, nous nous arrêtons
à Malino, une station climatique où se réfugiaient les colons pour échapper à la touffeur de
Makassar. Delà, nous partons pour une randonnée à travers les rizières en terrasses des contreforts
des monts Bawakaraeng. Avant d’arriver à Bira, petit village de pêcheurs, nous nous arrêtons pour
la découverte d’un chantier naval où les charpentiers de marine continuent à construire les fameux
Pinisi en bois de fer.
Journée de farniente dans ce bout du monde pour découvrir les îlots voisins, dont celui de Pulau
Lihukan où des tisserands fabriquent de lourds tissus aux couleurs vives. Nous en profitons pour
faire du snorkeling afin d’admirer la vie sous-marine des récifs coralliens.
Nous prenons la route vers le nord pour un rendez-vous étonnant dans le village de Tana Toa dans
le district de Kajang où les habitants vivent en harmonie avec la nature environnante. Nous
passons la nuit à Sengkang, une petite ville au bord du lac Tempe, réputée pour ses soieries et ses
demeures sur pilotis.
Après une sortie en bateau sur le lac, nous sommes impatients de rejoindre le pays Toraja. Bien
qu’en partie christianisé, le Peuple des Montagnes perpétue les traditions ancestrales Toraja,
notamment le culte des ancêtres à travers divers cérémonies nuptiales et funéraires. Nous avons la
chance d’assister à des funérailles dans un village traditionnel à l’architecture navale et partageons
un repas de cérémonie. Nous goutons à la viande cuite dans des bambous, accompagnée de vin de
palme en compagnie de la famille et des amis du défunt. On a le sentiment d’approcher l’intimité
de ce peuple dans l’authenticité de ses coutumes. La gentillesse et l’hospitalité des habitants
créent un moment d’émotion pure.
Nous partons pour deux jours de randonnée hors des sentiers battus, au cœur du pays Toraja. Des
ponts en bambou franchissent les cours d’eau qu’il faut parfois traverser à gué. La précarité des
hébergements est largement compensée par la beauté des paysages, où se mêlent relief, jungle et
champs cultivés, et les moments partagés dans les villages traversés.
De retour à Rantepao, nous partons vers la partie la moins visitée du Sulawesi central jusqu’au lac
Poso. Après la traversée du lac pendant laquelle nous en profitons pour faire une petite sieste, nous
arrivons au petit village de Tentena situé sur la côté nord du lac. Le hameau est le lieu idéal pour
partir en excursion la journée vers la cascade de Saluopa en pleine jungle. Plusieurs cataractes se
succèdent en montant dans la montagne. Les premières sont un peu décevantes, un ruisseau coule
sur plusieurs niveaux sur les roches. Mais, au fur et à mesure de notre ascension, le bruit devient
assourdissant. Nous montons un escalier creusé dans le rocher où l’eau ruisselle de partout. Il faut
encore grimper dans la jungle le long d’un sentier étroit. Le spectacle est grandiose, le ruisseau
s’est transformé en une belle et grande cascade. Les embruns nous invitent à nous baigner dans
l’eau claire et fraiche. Un vrai régal.
Après une bonne nuit de repos, nous partons en direction de Poso, une ville sans charme au bord
de la mer. C’est surtout le point de départ pour le parc national de Lore Lindu que nous atteignons
par la vallée de Napu et le village de Watutau à l’est.
Ce parc, à l’écart des flux touristiques, a été déclaré réserve de biosphère par l’Unesco. La faune et
la flore y sont préservées. On y observe facilement un nombre impressionnant d’oiseaux mais
l’espèce la plus curieuse reste le tarsier, le plus petit singe du monde de la taille d’un poing. De
nombreux vestiges mégalithes qui datent du 14e siècle sont visibles dans les villages qui bordent le
parc. Nous dormons chez l’habitant. C’est propre et très convenable. Le lendemain, notre guide
local nous emmène dans la vallée de Basoa découvrir ces fameuses pierres levées qui restent
encore un mystère pour les archéologues. La journée passe très vite. Encore une fois, le sentiment
d’être loin de tout, au plus près de la nature, nous étreint.
Mais il faut quitter ces vallées isolées pour retrouver la civilisation. Nous prenons la route au petit
matin. Après Poso, nous longeons la côte jusqu’à la petite ville d’Ampana. Nous sommes contents
d’arriver au port pour embarquer à destination des Togean Islands où nous allons nous détendre
pendant deux jours. Sur l’île de Bomba, le programme est simple, baignade – snorkeling - plage.
Les plus courageux partent explorer l’île à travers des sentiers dans la jungle.
La dernière partie du voyage débute par la traversée de nuit vers Gorontalo. La ville garde
l’empreinte de la domination hollandaise qui a duré 300 ans. On y voit encore d’anciennes maisons
coloniales et l’atmosphère est étendue. A la périphérie se dresse le fort d’Otanaha construit au
début du 16e siècle par les Portugais et le roi du royaume de Gorontalo. Il faut monter les différents
niveaux et les nombreuses marches pour profiter de la vue panoramique sur le lac Limboto et la
région.
Nous choisissons de partir de bonne heure le lendemain pour profiter de la route jusqu’à
Tomohon, situé au sud de Manado mais surtout au pied du volcan Mahawu (1324 m). La montée
jusqu’au cratère est aisée et demande peu d’efforts. Du sommet, la vue embrasse le parc national
de Bukanen, la baie de Manado et les volcans voisins, le Lokong Empung, le Sotupan et le mont
Klabat (2000 m) dont les silhouettes dominent toute la région. En redescendant, un arrêt au
marché coloré de Tomohon s’impose. Les Minahasa sont connus pour manger tout ce qui a au
moins deux pattes, voire même tout ce qui rampe. La vue des étals confirme le dicton. On y trouve
toute sorte d’animal, petits ou gros, sauvages ou domestiques, prêt à cuire ou à emporter.
Pour se changer les idées, l’après-midi nous louons des kayaks pour faire un tour sur le lac Linow et
dénicher les oiseaux cachés sur les rives.
Nous profitons d’un dernier trekking dans le parc naturel (encore un !) de Tangkoko avec un ranger
pour découvrir un grand nombre de mammifères et d’oiseaux avant de passer notre dernière
journée dans la réserve marine de Bunaken. Nous passons de la jungle aux fonds marins de l’île de
Bunaken. Le contraste est saisissant entre les chants des oiseaux de l’une et le silence de l’autre, la
verdure de la couverture végétale et le sable blanc des plages. Il suffit d’un masque et d’un tuba
pour profiter de la richesse de la vie sous marine. Nous rentrons à Manado pour une courte visite
de la ville à laquelle, il faut l’avouer, nous n’accordons pas beaucoup d’intérêts. Les souvenirs, les
émotions, les sensations ont été si nombreux au cours de cette traversée du Sulawesi que nous en
sommes enivrés et encore sous le charme.