Transcript ENTRE NOUS

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ENTR E NOUS
N O 3 3 - JUIN 20 14
SOMMAIRE
ÉDITO2
EN BREF
2
“ VR AI OU FAUX” SUR L’ALIMENTATION
AVEC LA DIÉTÉTICIENNE LAURENCE MARGOT
3
VOYAGE VERS L’INCONNU
ENTRETIEN SUR LA FIN DE VIE AVEC LYDIA MÜLLER
4
L’ÉTHIQUE EN QUESTIONS
RENCONTRE AVEC UN MEMBRE
DE LA COMMISSION D’ÉTHIQUE DE LA LVC
5
GESTION DU STRESS DUR ANT LA MALADIE
UN COURS SUR CE THÈME À DÉCOUVRIR À LA LVC
6
NOS PROPOSITIONS
7
2
ÉDITO
UNE ÉPREUVE INJUSTE, À TOUT ÂGE
Le congé parental accordé pour un enfant touché par un cancer
demeure insuffisant. C’est le cruel constat qu’ont tenu à souligner
la Ligue vaudoise contre le cancer (LVC) et l’Association romande
des familles d’enfants atteints d’un cancer (ARFEC) le 15 février
dernier. Avec comme précieux appui le témoignage du conseiller
d’Etat Pierre-Yves Maillard, les deux associations se sont en effet
unies pour mener à bien une grande manifestation de solidarité
envers les familles d’enfants atteints de cancer (voir ci-dessous).
Elles ont ainsi mis le doigt sur la problématique du congé infime
– trois jours selon la loi – accordé aux parents se retrouvant dans
une telle situation.
Sachant que, pour un enfant atteint de leucémie, il faut compter
en moyenne trois ans de traitement, et que la première année
le jeune patient est hospitalisé environ un jour sur quatre, on
imagine aisément les problèmes qu’une telle maladie engendre
dans une famille... Au sein du CHUV, à Lausanne, deux collaboratrices de la LVC accompagnent quotidiennement les enfants, leurs
parents, frères et sœurs. En plus de leur offrir une écoute, essentielle dans une telle épreuve, nos assistantes sociales les aident
face à des questions très pratiques – d’hébergement à proximité
de l’hôpital, d’organisation familiale… – mais aussi grâce à des
recherches de fonds ou en leur proposant des activités destinées
aux familles.
DE L’AIDE POUR TOUS
A tout moment de la vie, le cancer peut frapper, injustement.
C’est pourquoi il importe de rappeler que la LVC est présente
pour chacun : patients de tous âges et proches aidants ont la possibilité, à tout moment, de faire appel à la Ligue pour demander
de l’aide. Notre association apporte un soutien très concret, qui
ne se réduit pas au seul appui financier. Nos collaborateurs
spécialisés, présents dans les hôpitaux vaudois et à notre siège
lausannois, offrent une aide personnalisée aux patients et proches.
Ils les orientent dans le système médico-social et leur procurent
des conseils tantôt sur les assurances maladie, tantôt sur leur
situation professionnelle, ainsi qu’une oreille attentive en ces
moments où le doute prédomine. Des rencontres thématiques
et des cours permettent par ailleurs aux personnes souffrant de
cancer de partager leur expérience et leurs questionnements, en
petits groupes (voir pages 6 et 7).
Parallèlement, la LVC a à cœur de développer des actions de
sensibilisation aux cancers les plus fréquents, déployées dans
les écoles ou lors de manifestations. Adopter une alimentation
équilibrée, variée (voir ci-contre), fait d’ailleurs partie des bons
réflexes, non seulement en matière de prévention des cancers,
mais aussi de promotion de la santé en général.
SANS VOUS, RIEN N’EXISTERAIT!
Nos actions dédiées à l’aide face à la maladie et à la lutte contre
le cancer seraient réduites à néant si elles ne pouvaient bénéficier de votre soutien. La Ligue vaudoise contre le cancer ne
serait en effet pas en mesure de faire perdurer ses activités sans
la générosité de ses membres et donateurs. Nous en profitons
donc pour vous remercier chaleureusement de votre fidèle soutien.
Anita DROZ, Directrice
Ligue vaudoise contre le cancer
EN BREF
© Ligue suisse contre le cancer
RENDEZ-VOUS AU SALON PLANÈTE
SANTÉ LIVE !
Du 13 au 16 novembre 2014, la Ligue suisse
contre le cancer, la LVC et leurs homologues
romands (Ligues fribourgeoise, genevoise,
jurassienne, neuchâteloise et valaisanne
contre le cancer) accueilleront les visiteurs
dans le cadre du Salon Planète Santé live.
Destiné au grand public, ce rendez-vous inédit de la santé, mis sur pied par les Éditions
Médecine et Hygiène, se tiendra au sein du
Swiss Tech Convention Center de l’EPFL, à
Lausanne. Sur leur stand, les Ligues contre
le cancer inviteront le public à découvrir
deux maquettes, une d’intestin et l’autre de
sein. De nombreuses animations, rencontres
et expériences sont également prévues tout
au long du salon, dans l’espace dédié aux
Ligues. Soyez nombreux à nous rendre visite! Plus d’informations sur www.lvc.ch ou
www.planetesante.ch/salon.
MB
ENTRE NOUS - N O 33 - JUIN 2014
© DR
JOURNÉE INTERNATIONALE DU CANCER DE L’ENFANT
L’ARFEC (Association romande des familles d’enfants atteints d’un cancer) et la Ligue
vaudoise contre le cancer ont uni leurs forces, le 15 février dernier, en organisant pour la
première fois une grande manifestation solidaire envers les familles touchées par cette
maladie sur la place lausannoise de Saint-François. A l’occasion de la Journée internationale du cancer de l’enfant, les deux associations se sont ainsi mobilisées en faveur d’un
congé parental prolongé durant la maladie. Le conseiller d’État Pierre-Yves Maillard et la
doctoresse Maja Beck Popovic ont pris la parole pour soutenir cette cause. De nombreuses
animations ont aussi rythmé la manifestation : zumba, clowns, concert et illumination
d’un ruban doré de solidarité, entre autres. Une journée exceptionnelle à plus d’un titre,
puisque pour la première fois, les deux associations se sont alliées afin d’organiser un
événement familial de taille, au succès visible.
MB
3
ALIMENTATION :
VRAI OU FAUX ?
Difficile, parfois, de s’y retrouver parmi toutes les recommandations entendues ou lues sur
la nutrition… Alors quel produit glisser dans son panier, que l’on soit malade ou en bonne
santé ? La diététicienne Laurence Margot nous guide dans un labyrinthe d’affirmations et
d’idées reçues.
IL VAUDRAIT MIEUX PELER SES FRUITS ET LÉGUMES.
FAUX. L’essentiel des vitamines et minéraux se trouve juste sous
la peau. Il est donc judicieux de ne pas peler ses fruits et légumes
lorsque cela est possible.
LA CONSOMMATION DE VIANDE SERAIT ESSENTIELLE POUR
NOTRE ORGANISME.
FAUX. Manger des aliments qui contiennent des protéines est
essentiel, mais on peut très bien vivre sans viande. Pour preuve,
différentes populations qui n’ont pas de viande à disposition
s’en portent très bien. Cela dit, le poisson, les produits laitiers,
les œufs ou les légumineuses (tofu, lentilles, pois chiches…)
représentent des sources de protéine que l’on peut consommer à
chaque repas. Dans une planification de menu pour une collectivité, je recommande 5 fois par semaine de la viande. Cela laisse,
pour les 9 autres menus hebdomadaires, une place à des protéines sous diverses formes.
IL FAUDRAIT MANGER AU MINIMUM UNE FOIS PAR SEMAINE
DU POISSON.
VRAI. En Suisse romande, on irait même jusqu’à dire deux fois
par semaine, dans l’idée que le poisson contient de bonnes protéines et des matières grasses de qualité. Du point de vue alémanique, consommer du poisson deux fois par semaine risquerait de
vider les mers et les lacs. Pour ma part, je conseille d’en déguster
deux fois par semaine (frais ou congelé), sachant qu’en mangeant
du poisson pêché dans nos lacs, on n’épuise pas les espèces
marines en voie d’extinction.
CERTAINS ALIMENTS AURAIENT UN EFFET « ANTICANCER ».
VRAI. Je n’irais pas aussi loin que David Servan-Schreiber. Une
consommation généreuse de légumes de couleurs et sortes variées a un effet bénéfique. Tout comme manger peu de viande et
l’éviter sous une forme carbonisée. Cependant, on ne peut pas
affirmer que tel jus préviendrait ou guérirait du cancer. En résumé, varier son alimentation va dans le sens de la promotion de
la santé.
IL SERAIT PRÉFÉRABLE DE CHOISIR DES LÉGUMES ET
FRUITS BIO.
FAUX. Pour moi, ce n’est pas une priorité. On peut choisir de manger bio parce qu’on est soucieux de la façon dont les animaux sont
élevés ou les légumes cultivés… Néanmoins, en termes purement
nutritionnels, il n’existe à l’heure actuelle pas de différence flagrante
entre un produit bio et non bio, dans la mesure où il est régional
et de saison. Et, comme l’alimentation bio a un certain coût, j’ai à
cœur de donner des conseils applicables. De plus, les tests révèlent
régulièrement que même certains produits bio sont contaminés. En
effet, chaque label possède son propre cahier des charges.
CONSOMMER DES PRODUITS CONTENANT DE L’HUILE DE
PALME SERAIT NÉFASTE.
VRAI ET FAUX. Le principal problème de l’huile de palme est
d’ordre écologique, car la culture de palmiers entraîne la déforestation dans certaines régions du monde. En tant que graisses
saturées, l’huile de palme et le beurre ont toutes deux des effets
négatifs, à long terme, sur la santé. Dès lors, il ne faudrait pas en
abuser. Mais l’une n’est pas plus néfaste que l’autre pour l’organisme. En ce qui concerne l’information au consommateur, il me
paraît néanmoins essentiel de mentionner l’huile de palme sur les
emballages de biscuits et d’autres produits qui en contiennent.
CERTAINS YOGOURTS ÉTIQUETÉS COMME « BONS POUR
LA DIGESTION » FACILITERAIENT LE TRANSIT.
FAUX. Les allégations nutritionnelles sont ces petites phrases
figurant sur les produits dans le but de leur donner un angle
« santé ». Un toilettage de ces allégations a été réalisé en Europe,
où les produits à base de probiotiques ne peuvent plus faire figurer ce genre d’information. La législation suisse a quant à elle
ouvert la porte au fait que certains de ces produits puissent faire
figurer de telles allégations. Je vous laisse juge de savoir si les
intestins des Suisses diffèrent de ceux des Européens ou s’il s’agit
uniquement d’une histoire de lobbying…
Propos recueillis par Marie Bertholet
Retrouvez la suite de cet entretien dans le prochain numéro
d’entre nous, n o 34 (à paraître en novembre 2014).
Laurence Margot est intervenue dans
le cadre de divers Midis de Pépinet sur
l’alimentation, au sein des locaux de la
Ligue vaudoise contre le cancer. En tant
que diététicienne, elle collabore au programme «ça
« çamarche !»
marche du
! » canton
du canton
de Vaud,
de
© DR
visant visant
Vaud,
à inciter
à inciter
les Vaudois
les Vaudois
à manger
à manmieux
ger mieux
et bouger
et bouger
plus, plus.
dont fait
Elle partie
coordonne
le label
le Fourchette
label Fourchette
verte,
qu’elle
verte aucoordonne
niveau cantonal.
au niveau
Fourchette
cantonal.verte
Fourchette
comporte
verte
plus
comporte
de 300
330
adresses
adresses
labellisées
labellisées
dans
dans
le le
canton canton:
: des
desgarderies,
garderies, des
des restaurants scolaires ou d’entreprise, des EMS… qui visent
garantissent
à garantir
une
alimentation
une alimentation
équilibrée.
équilibrée.
MB MB
4
UN VOYAGE
VERS L’INCONNU
Le titre aurait dû nous y préparer : La fin de vie, une aventure 1, c’est entreprendre
un voyage vers l’inconnu. Dans ce livre, Lydia Müller décrit en douze chapitres les sept
étapes auxquelles seront confrontées une personne atteinte d’une maladie terminale
et ses proches.
Du
diagnostic à la mort et au deuil, en passant
par l’accompagnement dans la maladie, chaque
phase est ainsi décrite avec des exemples et des
témoignages de patients. Pour une étape donnée, un premier chapitre s’adresse aux personnes atteintes par la
maladie, tandis que le deuxième aide les proches à traverser la
même période avec le patient. C’est donc main dans la main que
s’entreprend cette expédition.
Et ce voyage, Lydia Müller le connaît bien. D’abord grâce à son
travail en tant que psychologue et psychothérapeute spécialisée
dans l’accompagnement des maladies graves, de la fin de vie et
du deuil. Et, il y a quelques années, elle-même a été atteinte d’un
cancer de l’intestin, duquel elle a guéri. Forte de cette double
expérience, elle a pu écrire ce livre afin d’aider les personnes malades, mais aussi leurs proches, à vivre l’étape de la « mourance »
le plus sereinement possible. Le néologisme rime avec naissance :
ce n’est pas un hasard. Lydia Müller utilise depuis longtemps le
parallèle entre ces deux portes de la vie, qui nous font basculer d’un monde vers un autre. « Mon cheval de bataille, c’est de
changer le regard des gens sur la fin de vie.» Pour Lydia Müller,
en effet, ce n’est pas la vie qui est le contraire de la mort, mais la
naissance. Toute mort est une naissance et dans toute naissance
se meurt quelque chose d’ancien. Les parallèles entre début et
fin de vie sont nombreux : les états d’impuissance de la petite
enfance sont similaires à ceux de la mourance, mais en fin de vie
ils demandent le dépassement du refus et de la révolte, car seule
l’acceptation (comme dans le cas du bébé) permettra de mieux
vivre une situation difficile. La fin de vie n’est pas une calamité
mais plutôt une transformation, une dernière évolution dans laquelle Lydia Müller accompagne les patients.
TROUVER DU SENS
Quand on lui demande si les gens qui lisent son livre sont
surpris par ce qu’ils y découvrent, elle acquiesce en souriant. Car
dans son ouvrage on comprend que, bien qu’en fin de vie ou face
à une maladie grave, nous ne sommes pas qu’impuissants. On
réalise même, au fil des pages, que cette étape n’est pas forcément une catastrophe, et qu’on peut même y trouver du sens.
« Nous ne sommes pas que des victimes dans un processus qui
nous dépasse. Une part nous incombe, nous avons une possibilité
de choix.» En effet, si nous n’avons pas de prise sur ce qui peut arriver, nous pouvons toujours choisir comment vivre l’événement.
Lydia Müller admet que c’est l’un des messages fondamentaux
du livre : « Si je peux prendre cette étape de la vie comme une
expérience aventureuse, que j’arrête de culpabiliser, de me punir
et de me révolter, je peux évoluer et comprendre des choses que
je n’avais pas saisies avant. C’est effectivement comme partir à
l’aventure : l’inconnu est effrayant. Mais il y a de belles choses
dans l’inconnu. »
Son cancer lui a également appris à développer plus de tendresse envers elle-même. « La maladie m’a enseigné beaucoup de
ENTRE NOUS - N O 33 - JUIN 2014
choses : malgré mon expérience en tant qu’accompagnatrice, j’ai
réalisé que je m’accompagnais très mal moi-même ! Etre malade,
c’est aussi un moment propice pour essayer de régler les conflits,
afin de pouvoir partir sans dettes. Les rancunes alourdissent le
quotidien de tout le monde, mais en fin de vie c’est d’autant plus
pesant. Et il faut essayer de garder le plus d’énergie vitale possible, d’aller à la rencontre de ses envies véritables. »
PROCHE AIDANT, UN RÔLE DIFFICILE
Et du côté des proches, alors ? Lydia Müller souligne que, même
si l’on se sent impuissant, on peut vraiment accompagner la
personne malade. Dans des gestes simples, vrais et bons, on est
capable de soulager celui qui souffre.
Mais l’émotionnel empêche de pouvoir être là de manière juste :
happés par la douleur, les proches ont très souvent eux aussi besoin d’être accompagnés. Alors, pour éviter de faire deux
victimes de la maladie, le livre de Lydia Müller offre beaucoup
d’outils aux proches aidants pour mieux gérer l’accompagnement
de leur malade. « Beaucoup d’entre eux le font naturellement à
cause du lien familial ou affectif qu’ils ont avec la personne. Or, accompagner un proche qui meurt, c’est une expérience très difficile.
Ça laisse plus d’une personne, plus d’une relation sur le carreau.
Et il faut pouvoir gérer le deuil, après.» A l’association Entrelacs
(www.entrelacs.ch) qu’elle préside, à Genève, Lydia Müller
propose des parrains et marraines ayant accompagné un proche
en fin de vie pour soutenir les proches aidants et les aider à gérer
cette étape difficile de leur vie.
La Ligue vaudoise contre le cancer offre quant à elle, à Lausanne
et dans le reste du canton de Vaud, une aide personnalisée aux
patients et à leurs proches.
Carina Carballo
© DR
« Si je peux prendre
cette étape de la vie
comme une expérience
aventureuse, que j’arrête
de culpabiliser, de me
punir et de me révolter,
je peux évoluer et
comprendre des choses
que je n’avais pas
saisies avant. »
Lydia Müller
La fin de vie, une aventure : guide à l’intention des personnes atteintes
d’une maladie incurable et de leurs proches. Un livre disponible par
ailleurs en libre accès à la bibliothèque de la LVC, place Pépinet 1 à Lausanne.
1
5
L’ÉTHIQUE
EN QUESTIONS
Confrontée dans sa pratique à des cas problématiques, la Ligue vaudoise contre le cancer s’est
dotée d’une commission d’éthique. Rencontre
avec l’un de ses membres, le Dr Marcos Schwab,
un bioéthicien également chef du Service de
médecine interne et soins intensifs du GHOL
(Groupement hospitalier de l’Ouest lémanique).
COMMENT EST NÉ VOTRE INTÉRÊT POUR L’ÉTHIQUE ?
Dans ma pratique médicale, j’ai été régulièrement confronté à
des situations me posant des problèmes moraux. Doit-on traiter
tous les patients de la même manière ? Comment agir lorsque
la vision du patient et celle du soignant s’opposent ? L’éthique
représentait une manière de trouver des réponses à mes questions. Bien que je n’aie toujours pas trouvé toutes les réponses,
l’éthique fournit les outils nécessaires à la réflexion.
QU’EST-CE QUE L’ÉTHIQUE ?
Les définitions sont nombreuses. Personnellement, je ne perçois
pas l’éthique comme une liste de codes et de manières d’agir,
mais plutôt comme une discipline permettant de réfléchir et de
se déterminer par rapport à la moralité d’un acte concret. Par
exemple, l’éthique vous permet de vous positionner face au suicide assisté, en tenant compte des arguments moraux en faveur
et contre cet acte.
QUELLES SONT LES DIFFÉRENCES ENTRE ÉTHIQUE,
MORALE ET LOI ?
Les confusions entre éthique et morale sont nombreuses.
Certains les considèrent comme des synonymes, ce qui est en
partie correct. Étymologiquement, le mot « ethos » signifie certes
morale, mais il évoque aussi la maison, le foyer, l’endroit où l’on
se sent à l’aise. Même si, en général, l’éthique et la loi vont dans
le même sens, on peut émettre un avis éthique qui est contraire à
la loi : d’un point de vue éthique, vous pouvez défendre le suicide
assisté, alors que celui-ci est illégal dans la majorité des pays
du monde. L’éthique émet un avis moral sur un acte. A l’inverse,
certains actes moralement incorrects, comme l’esclavage, ont
été légaux.
DES CRITÈRES D’ORDRE CULTUREL OU RELIGIEUX ENTRENTILS EN JEU DANS LES QUESTIONS ÉTHIQUES ?
Bien sûr. Dans certaines cultures, l’avis de la famille vaut davantage que celui de la personne. Certains patients, par exemple,
demandent au soignant de s’adresser directement à sa famille.
Cela peut choquer, car la culture occidentale a tendance à prôner
l’autonomie du patient. Dans certaines familles, laisser la maladie
avancer et ne plus la traiter est incompréhensible. Selon certaines
religions, il faut en effet se battre jusqu’au bout, à tout prix. Nous
devons tenir compte des aspects religieux et culturel des patients
pour pouvoir proposer la décision éthique la plus correcte.
QUEL EST LE RÔLE DE LA COMMISSION D’ÉTHIQUE DE
LA LIGUE VAUDOISE CONTRE LE CANCER ?
Aider les collaborateurs, bénévoles et membres du comité de
la LVC à résoudre des questions d’ordre moral auxquelles ils se
trouvent confrontés dans leur pratique. La commission d’éthique
de la Ligue vaudoise contre le cancer cherche à mettre en valeur
le respect de l’autonomie, la dignité, le droit et la volonté du patient, dont le bien-être est prioritaire. L’avis de la commission est
uniquement consultatif.
© LVC
« La commission d’éthique de la Ligue vaudoise contre
le cancer cherche à mettre en valeur le respect de
l’autonomie, la dignité, le droit et la volonté du patient,
dont le bien-être est prioritaire. »
Marcos Schwab
COMMENT FONCTIONNE LA COMMISSION D’ÉTHIQUE DE LA LVC ?
La commission est riche de onze membres 1, tous bénévoles, qui
exercent parallèlement des activités diverses. Outre les cas traités dans le cadre des réunions régulières de ses membres, nous
sommes prêts à résoudre des cas plus urgents, sur demande.
La commission d’éthique tente d’émettre un avis consensuel et
unanime, justifié à l’aide de valeurs morales. Cependant, si nous
n’obtenons pas l’unanimité, nous donnons un avis partagé, où les
valeurs et principes justifient les différents points de vue présentés. Nous pensons que l’avis d’une majorité ne détermine pas
la moralité.
CONCRÈTEMENT, QUELS CAS PEUVENT SE PRÉSENTER ?
La majorité des cas observés dans les commissions d’éthique
concernent des patients inaptes à s’exprimer. Les dilemmes
éthiques se posent moins lorsque le patient est capable de discernement. Nous faisons face à des questions liées à la fin de la vie,
au retrait ou au refus des soins, à l’acharnement thérapeutique
ou aux soins palliatifs. Il n’est pas exclu que certains soignants
ou accompagnants se sentent mal par rapport à une décision
thérapeutique. Nous sommes aussi là pour aider le collaborateur
éprouvant un tel « inconfort moral ».
Propos recueillis par MB
Composition de la commission d’éthique de la LVC : Michel Zufferey
(président de la commission), spécialiste en communication ; Anita Droz
(vice-présidente de la commission), directrice LVC ; Marcos Schwab,
médecin-chef du service de médecine interne et soins intensifs du GHOL
et bioéthicien ; Maude Waelchli, psychologue, consultante en éthique à
l’Hôpital Riviera-Chablais ; Philippe Chaulmontet, avocat ; Marlyse Aubert,
journaliste ; Chantal Bidiville, infirmière ; Serge Clément, consultant fiduciaire ; Robert Golaz, pharmacien ; Pierre Hösli, oncologue, membre du
comité LVC ; Cátia Candeias, assistante sociale à la LVC.
1
6
ÉMOTIONS,
STRESS ET CANCER
Comment mieux maîtriser son stress et les changements émotionnels durant la maladie ?
Un cours sur cette question, orchestré par Yasmina Schmidt et Aija Mougeolle, se déroule
dans les locaux de la Ligue vaudoise contre le cancer, à Lausanne, depuis 2013. Rencontre
avec les deux animatrices.
L’
annonce du diagnostic, les traitements, les effets
secondaires, le regard des autres, la famille, le
couple, la peur de la mort… autant de questions
abordées dans le cadre du cours de gestion du
stress et des émotions, ouvert aux patients atteints
de cancer comme à leurs proches. « Il est essentiel de pouvoir se
détendre, déposer ses angoisses, pour avancer », relève Yasmina
Schmidt, l’actuelle responsable des cours et groupes à la Ligue
vaudoise contre le cancer, qui a mis en place ces rencontres sur
les émotions et participe à leur animation. « L’anxiété du patient
n’est malheureusement pas souvent prise en considération par le
corps médical », regrette-t-elle.
« Les proches de la personne atteinte de cancer ne comprennent
pas toujours ce qu’elle traverse », remarque à son tour la professeure de yoga Aija Mougeolle, qui anime le cours aux côtés de
Yasmina Schmidt. « Le cancer appose une sorte de tampon sur
le front, comme si le patient appartenait désormais au camp des
mourants. Alors que l’on ne meurt pas forcément de cette maladie ! Il ne faudrait plus avoir peur du mot cancer.»
DES RECETTES ANTISTRESS
Yasmina Schmidt a choisi de proposer différentes techniques
aux participants. « Nous leur donnons des outils qu’ils peuvent
ensuite utiliser dans leur quotidien, précise l’animatrice. Nous
leur enseignons des modèles simples de visualisation, de relaxation et d’EFT 1 afin qu’ils apprennent à se détendre de manière
autonome en situation de stress, par exemple à l’arrêt de bus
ou dans la salle d’attente de leur médecin. » Aija Mougeolle, qui
donne des cours depuis plus de vingt ans, met en pratique la
respiration en la combinant à la méditation et à la visualisation.
« Le but étant de trouver la sérénité, la paix, pour saisir que l’on
peut agir soi-même face à la maladie et maîtriser sa vie. La respiration occupe un rôle très important dans ce sens.»
Yasmina Schmidt, quant à elle, initie les participants à la pratique
de l’EFT 1 : « Créée au début des années 1980 par l’Américain Gary
Craig, cette technique est aujourd’hui très utilisée, notamment
dans les hôpitaux anglais. L’EFT est une méthode de libération
émotionnelle associant les principes de la médecine chinoise avec
des découvertes en neuroscience. Il s’agit d’un outil simple de
ENTRE NOUS - N O 33 - JUIN 2014
gestion du stress, qui vise à rééquilibrer le système énergétique
par des tapotements sur certains points du corps.» « Les participants intègrent effectivement ces différentes pratiques proposées
dans leur vie quotidienne », relève Aija Mougeolle.
PALETTE ÉMOTIONNELLE
Au fil de sa longue expérience en accompagnement des patients,
Yasmina Schmidt a observé que ces derniers passent par toute
une palette d’émotions. Et celles-ci ne se limitent pas au stress.
« Vais-je guérir ? Vais-je voir mes enfants grandir ? Les interrogations des patients sont nombreuses et portent par exemple sur
la peur de la déchéance physique ou la difficulté à accepter son
corps. Des sentiments d’impuissance, de tristesse ou de colère
peuvent se manifester.» Les personnes atteintes de cancer et
leurs proches trouvent alors un espace adéquat pour exprimer
tous leurs ressentis, doutes et craintes au sein de ce cours de
gestion du stress et des émotions. « Le fait de pouvoir échanger
en petit groupe sur ses préoccupations est bénéfique, souligne
l’animatrice. Selon de nombreuses études, la gestion du stress
améliorerait non seulement la qualité de vie, mais aussi la réaction aux traitements.»
D’autres clés permettraient de lutter contre ce mal du siècle
qu’est le stress : « S’adonner à une activité qui procure du plaisir » ,
suggère Yasmina Schmidt… « D’ailleurs, de nombreuses personnes
atteintes de cancer souhaitent reprendre un instrument de musique, un sport ou d’autres loisirs qui les nourrissent.» Alors
qu’attendre pour suivre ces conseils ? « Le ' bon côté ' du cancer,
c’est que l’on est obligé de faire une pause dans sa vie, ajoute
Aija Mougeolle. Avec davantage de temps à disposition, on peut
dès lors entreprendre ce que l’on avait, peut-être, laissé de côté.»
MB
Le cours de gestion du stress et des émotions reprendra dès
le 1 er septembre 2014 (voir page 7). Renseignements complémentaires: www.lvc.ch ou par téléphone au 021 623 1 1 1 1.
1
« Emotional Freedom Techniques » (« techniques de libération
des émotions »).
7
NOS PROPOSITIONS
DE JUILLET À NOVEMBRE 2014
MANIFESTATIONS
COURS ET GROUPES
SLOWUP
6 JUILLET - VALLÉE DE JOUX
Nos cours et groupes, réservés aux patients et à leurs proches,
reprendront dès la fin du mois d’août, après une pause estivale…
BIEN-ÊTRE
LAUSANNE
Les jeudis 28 août / 4, 11, 25 septembre / 9, 30 octobre /
6, 13, 20, 27 novembre / 4, 11 décembre.
Horaire de 14h30 à 15h30
GESTION DU STRESS ET DES ÉMOTIONS
LAUSANNE
Nos collaborateurs vous accueillent sur le stand de la LVC dans le
cadre du slowUp de la Vallée de Joux.
www.slowuplavallee.ch
SALON PLANÈTE SANTÉ LIVE
DU 13 AU 16 NOVEMBRE − SWISS TECH
CONVENTION CENTER, EPFL, LAUSANNE
La Ligue suisse contre le cancer
et les Ligues fribourgeoise, genevoise, jurassienne, neuchâteloise,
valaisanne et vaudoise contre le
cancer proposent au public des
animations et des informations
sur leur stand dans le cadre de ce
tout nouveau salon voué à la santé
(voir page 2).
www.lvc.ch
www.planetesante.ch/salon
© Ligue suisse contre le cancer
Les lundis 1 er, 15, 29 septembre / 13, 27 octobre / 3, 17 novembre /
1 er, 15 décembre.
Horaire de 13h30 à 15h30
GROUPE CRÉATIF
LAUSANNE
Les mercredis 3, 10, 17, 24 septembre / 1 er, 8, 29 octobre /
5, 12, 19 novembre
Horaire de 9h30 à 11h30
PRENDRE SOIN DE SON COUPLE
YVERDON-LES-BAINS
Les mercredis 17 septembre / 15 octobre / 12 novembre /
10 décembre
Horaire de 18h à 20h
CUISINE ET NUTRITION
MIDIS DE PÉPINET
Dès le 28 août, la LVC vous donne à nouveau rendez-vous tous
les jeudis à midi pour partager un moment au cœur de Lausanne !
Chaque semaine (hors vacances scolaires) a lieu une rencontre en
lien avec le mouvement, l’information ou l’alimentation, encadrée
par différents spécialistes.
Les jeudis de 12h à 13h30 dans les locaux de la LVC, place Pépinet 1,
à Lausanne. Entrée libre, sans inscription.
CLARENSNYON
Les mercredis 5, 12 novembre /
3 décembre
Horaire de 9h15 à 14h
D’octobre à décembre
POUR PLUS D’INFORMATIONS
© LVC
LVC – Ligue vaudoise contre le cancer
Place Pépinet 1 - 1003 Lausanne - tél. 021 623 11 11
[email protected] - www.lvc.ch
CCP 10-22260-0
La Ligue vaudoise contre le cancer
est présente sur Facebook
Photographie : Mirei Lehmann - sauf mention contraire
Graphisme : Atelier TESSAGERSTER
Impression : PCL Presses Centrales SA
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ENTRE NOUS - N O 33 - JUIN 2014