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Smartphones
et tablettes
changent
la donne
Les smartphones et tablettes arrivent, apportant de
nouvelles possibilités et bousculant nos habitudes.
Sous l’impulsion du matériel grand public, le matériel professionnel évolue à son tour, entraînant dans
son sillage de nouvelles applications et modifiant les
usages. Ces nouveaux outils vont-ils supplanter ou
compléter l’offre existante ?
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©ZEBRA TECHNOLOGIES
©H UB ONE
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Mobilité et Traçabilité
C
ela a commencé par les téléphones, qui sont devenus « intelligents » en se dotant de capacités
de mémoire et de processeurs de
plus en plus puissants. Apple,
Research In Motion (BlackBerry)
et bientôt Microsoft et Google se
sont engouffrés dans la brèche et empressés d’exploiter les possibilités offertes par ces nouveaux
« devices », ou appareils en français. Et si Microsoft est rapidement devenu la référence des systèmes d’exploitation des PDA (terminaux de
lecture professionnels) avec Windows CE, puis
Windows Embeded, la tendance s’est aujourd’hui
renversée à la faveur d’Android. Racheté par Google en 2005, soit deux ans seulement après sa
création, ce système d’exploitation (OS), est basé
sur un noyau Linux, donc open source. Cela
explique pourquoi les développeurs d’applications
et de logiciels, notamment professionnels, ont jeté
leur dévolu sur cette solution synonyme de liberté
de mouvement. « Windows CE n’évolue plus et
n’est plus supporté, voilà pourquoi les gens se
Le matériel grand public au travail ?
Le matériel dit « grand public », généralement de
marque Apple ou Samsung, commence en effet à
trouver sa place dans les milieux professionnels
plutôt de type non industriels, comme le retail,
notamment chez Darty qui a équipé ses vendeurs
de « phablettes » à écrans de 5,5 pouces, soit la
taille intermédiaire entre le téléphone et la
tablette. Mais au-delà des boutiques chauffées et
moquettées, l’usage de tels outils semble plus
modéré. « Les smartphones et tablettes permettent
d’afficher davantage d’informations, apportant la
mobilité aux fonctions support, telles que les gestionnaires de stocks ou les superviseurs de flux, et
managériales », estime Fabien Gaide, Consultant
chez Kurt Salmon. « Le smartphone et la tablette
arrivent sur certaines fonctions et situations, où
l’on a une image à projeter et quand on souhaite
maximiser les chances d’adoption. L’adoption,
c’est la clef », confirme Patrice Bélie, DG d’Hub
One. Si le matériel grand public n’est pas apte
à remplacer le durci dans les entrepôts, il est
aujourd’hui à la source d’une véritable mutation
des gammes des constructeurs. « L’intuitivité et
l’ergonomie des nouvelles applications procurent
une plus grande facilité de prise en main, précise
Michel Lachkar, Associé chez Kurt Salmon, les
outils professionnels et grand public se rapprochent aussi bien dans le mode de fonctionnement
que dans le form factor avec pour effet le décloi-
©P.MONCEAUX
tournent massivement vers Android », avance
David Oger, DG d’Atrium. Mi-2014, Android était
le deuxième OS le plus vendu en France sur
smartphone grand public avec 40 % de part de
marché, selon le Journal du Net, se rapprochant à
grande vitesse d’iOS (Apple). Au niveau mondial,
selon PC World, Android se taille la part du lion
avec 84% de part de marché contre 12 % pour
iOS, Microsoft et BlackBerry ne récupérant que
les miettes, avec à peine 3 % de ventes combinées. Cette guerre des systèmes d’exploitation a
entraîné un véritable bon en avant de leurs performances, de plus en plus d’entreprises considérant désormais les smartphones comme un outil
potentiel de travail.
Patrice Bélie,
Directeur
Général
d’Hub One
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Mobilité et Traçabilité
Vers la fin du PDA ?
Les constructeurs ont en effet bien compris le
désir des utilisateurs, notamment des plus jeunes,
Stefano Friscia, de disposer de terminaux interactifs et tactiles
mais aussi celui des entreprises de satisfaire leurs
Directeur
Général
employés, tout en leur fournissant un matériel
de Norcod
résistant. Et ils se sont mis à y répondre. « Les
nouvelles gammes des constructeurs sont orientées autour de la possibilité de communiquer »,
assure Stefano Friscia, DG de Norcod. Aussi
assiste-t-on à une évolution rapide de leurs
gammes de produits, les traditionnels PDA étant
mis à la page. Il y a bientôt deux ans déjà, Honeywell présentait le Dolphin Black, l’un des tout premiers « smartphones durcis » du marché. Dans le
même temps, Motorola Solutions faisait évoluer
le MC 40 vers le TC 55, plus fin et plus smartphone, « le premier durci à embarquer Android »,
souligne Goneri Le Coustumer, T&L Senior
Account Manager chez Zebra Technologies. Suite
Jean-Daniel
logique de cette évolution, le TC 70, véritable
Chennevière,
Product Manager smartphone durci, vient de sortir. Mais attention,
WMS G.O.L.D.
il est désormais estampillé Symbol, Zebra n’étant
de Symphony
plus autorisé à utiliser le nom pour bien longEYC France
temps. Ainsi, toutes les marques se mettent à proposer ce genre d’outils, avec des options de choix
de clavier et d’OS. C’est le cas du Casio IT-G500
qui dispose de série d’un clavier à touche et d’un
tactile, et de Symbol : « Il y a deux ans, nous
avons fait choix d’avoir un double OS sur un certain nombre de produits, notamment dans le Point
of Sale avec le MC 67, disponible sous Android et
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©ARBOR TECHNOLOGIES
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sonnement du back et du front office. A chaque
fonction correspond un type de terminal, l’enjeu
pour les constructeurs est d’avoir une gamme
complète. » Au dire des constructeurs, le matériel
grand public ne pourrait servir que de matériel
d’appoint, le milieu professionnel, et en particulier celui de la logistique, étant trop exigeant.
Mais cela ne les empêche pas d’étudier la question pour autant …
Windows », rappelle Goneri Le Coustumer. Car
certaines entreprises ont encore d’importantes
flottes équipées en Windows et changer d’OS
coûte cher. Cela requiert en effet de réécrire toutes
les applications. « Beaucoup de choses sont à
réécrire en ce moment, c’est positif pour nous
intégrateurs ! », atteste Pascal Llorca, DG de WIIO,
intégrateur situé à Aix-en-Provence. Quant aux
tablettes, Panasonic et Arbor Technologies, parmi
les premiers acteurs sur ce créneau, en proposent
déjà depuis de nombreuses années.
Nouveaux outils, nouveaux usages
Dans l’entrepôt, les nouvelles solutions technologiques se bousculent : smartphones durcis, systèmes « wearable », tablettes, vocal, vocal vest,
réalité augmentée… chacun y va de sa recette
pour améliorer la performance logistique (voir
encadré p.68). Très pratiques avec de grands
écrans, les tablettes ont le vent en poupe et élargissent le champ des possibles. La société ITinsell
a d’ailleurs conçu Overship, un logiciel pouvant,
à partir d’une tablette, éditer une étiquette, mesurer le temps total de la préparation de commandes
ainsi que leur état d’avancement ou encore émettre des bordereaux de livraison. Les éditeurs de
WMS n’ont pas non plus tardé à saisir l’intérêt
de ces outils et proposent, soit en émulation, soit
en client embarqué, leur logiciel en version
« mobile ». C’est le cas notamment de GRN Logistic (voir encadré Groupe Sterenn p.69) dont le
module de préparation de commande a été conçu
dès l’origine pour exploiter les capacités d’affichage des tablettes et améliorer la qualité du travail des préparateurs. D’autres fonctions peuvent
également bénéficier de ces nouveaux outils : « En
entrepôt, avec le module « Labor Management »
du WMS, nous avons créé un outil de gestion
offrant aux managers la mobilité, révèle Henri
Seroux, Managing Director Continental Europe
chez Manhattan Associates. Avec cet outil, les
managers peuvent tout contrôler à distance. Ils
Mobilité dans le Retail…
Un mouvement similaire s’opère dans le domaine
du magasin. « 80 % de notre activité provient du
retail », témoigne Stefano Friscia. S’appuyant sur
ces nouveaux outils de mobilité, le vendeur
devient aussi démonstrateur, préparateur de commandes ou encore gestionnaire de stock. Gérer en
direct le réapprovisionnement en magasin est
d’ailleurs ce qui a poussé Syslife à créer une version tablette et accessible en mode SaaS de son
logiciel Adexio. Elle offre ainsi aux responsables
la liberté de définir leur besoin directement en
rayons plutôt que derrière leur PC, tout en contrôlant visuellement le niveau des stocks sur étagère.
« Le rôle du magasin s’élargit avec le cross-canal
©GROUPE STERENN
savent quels opérateurs sont au travail à un instant T, ce qu’ils font, quelles sont leurs compétences, etc. Cela permet un management plus
rapproché, plus précis et plus efficace. C’est un
outil multi-site, connecté. Il peut comparer les
performances d’un site par rapport aux autres,
permet de travailler en anticipation du besoin du
lendemain, notamment pendant les temps de
transport (dans l’avion, le train). C’est un outil de
pilotage des ressources », explique-t-il.
et se complexifie, estime Henri Seroux, Avec le
click & collect, des commandes venues du web
sont routées vers lui. Le magasin doit préparer
des commandes, en expédier certaines, contrôler et
mettre à jour le stock… tout cela est rendu possible grâce aux nouveaux outils. D’autre part, ces
devices tendent à rééquilibrer les forces entre
clients et vendeurs. » En effet, avec de tels outils
connectés en 4G et capables notamment de scanner des codes-barres 1D et 2D le plus souvent, le
vendeur est aujourd’hui capable de consulter son
stock, celui des autres boutiques de l’enseigne, de
passer une commande et même de l’encaisser
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directement sur sa tablette. « L’encaissement
mobile arrive, confirme Patrice Bélie. Nous le
déployons en magasin, notamment pour une
marque de luxe et dans des environnements plus
exigeants, par exemple dans les trains. Cela permet d’augmenter la surface de vente en supprimant les caisses et surtout de sécuriser la vente,
en évitant la déperdition entre le moment où l’on
clôture la vente et le passage en caisse », soulignet-il. Symphony EYC a également conçu la solution G.O.L.D. Store Mobility pour être capable
d’effectuer toutes ces tâches, et ce de façon intuitive. « Les applications G.O.L.D. Mobility sont utilisables sur tous types de mobiles (PDA, smartphones, tablettes) et tous types d’OS. Intuitives et
ergonomiques, elles nécessitent un minimum de
formation, et permettent ainsi au personnel de
gagner rapidement en productivité, en autonomie
et en polyvalence. Utilisant la mémoire du mobile,
elles offrent la possibilité d’interrompre une action
pour en effectuer d’autres, et de reprendre ensuite
l’action précédente au point où on l’avait laissée »,
relate Jean-Daniel Chennevière, Product Manager
WMS G.O.L.D. de Symphony EYC France.
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©H UB ONE
©DDS LOGISTICS
… et dans le transport
Au-delà de l’informatique embarquée et connectée aux ordinateurs des camions, le monde du
transport pourrait également tirer profit des solutions de mobilités désormais à portée de main. Un
détail qui n’a pas échappé à l’éditeur parisien DDS
Logistics. « La sous-traitance en cascade est un
problème dans le transport. Le dernier maillon est
souvent un petit transporteur qui a peu de moyens
et n’a pas forcément de PDA. Par contre, la plupart des chauffeurs ont un smartphone, surtout
en Asie où le taux d’équipement est très supérieur
à ce que nous connaissons chez nous. Il y a deux
ans, nous avons commencé à ressentir une
demande de la part des chargeurs qui souhaitaient
obtenir une remontée d’informations en direct et
pouvoir communiquer avec les chauffeurs. Nous
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avons donc développé DDS Mobile Tracking à cet
effet. L’application est disponible sur iOS et
Android, explique Jérôme Bour, Président de DDS
Logistics. Et les managers n’ont pas été oubliés :
Le module DDS Dashboard concerne la partie
décisionnelle. Un acheteur de transport peut s’y
connecter via un portail web et analyser la performance de ses transporteurs où qu’ils soient,
tant qu’ils disposent d’une tablette. » A en croire
Stefano Friscia, si la plupart des transporteurs
réclament encore des PDA, certains se laissent
séduire par les nouvelles technologies. « Nous
sommes en train d’équiper de notre tablette des
flottes de transporteurs en coopération avec TomTom Telematics. Il s’agit de combiner les fonctions
de navigation, d’envoi de preuve de livraison,
d’acceptation des commandes etc. » dépeint
Emmanuel Moulin, Responsable Comptes Clé de
Casio France.
Autres cas d’usage
« Nous équipons également des commerciaux, des
services de maintenance à travers notre partenariat avec Hub One, des hôpitaux pour le suivi des
patients et la commande de nourriture… Les
champs d’application sont vastes », ajoute Emmanuel Moulin. La maintenance en milieu aéroportuaire est un domaine qu’Hub One, en tant que
société du groupe Aéroports de Paris, connaît
bien. « La tablette et la 4G, que nous pensons
déployer notamment dans le domaine aéroportuaire, changent la donne. Cela ouvre de nouveaux
cas d’usage avec de la vidéo en temps réel et des
temps de latence très réduits. C’est très utile sur
les fonctions de maintenance par exemple et procure des gains de temps énormes. La 4G professionnelle (« PMR ») permet aussi de consulter un
réseau de plusieurs appareils en même temps,
voire plusieurs vidéos en même temps. La 4G est
une vraie révolution. Les outils n’ont pas fini
d’évoluer et nous n’avons encore rien vu en termes
de mobilité. La capacité de transmission de flux de
©GS1
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Mobilité et Traçabilité
©ZEBRA TECHNOLOGIES ;
données en temps réel devient impressionnante »,
observe Patrice Bélie. Enfin, les douaniers recourent eux aussi aux tablettes pour contrôler les flux
imports/exports et vérifier l’authenticité des produits. Mis en place 2011 en version statique (PC)
avec le soutien de GS1, l’IPM (Interface public
monde) est une énorme base de données au
service de l’ODM, Organisation Mondiale des
Douanes. Elle est disponible en version mobile
depuis 2014. « IPM est une application compatible iOS et Android et réservée aux autorités douanières, indique Nicolas Pauvre, Chef de projet
chez GS1 France. L’objectif d’IPM est de renforcer
la coopération internationale entre douaniers et
les marques victimes de contrefaçon. L’outil est
gratuit mais les autorités doivent équiper leurs
agents d’un smartphone ou d’une tablette pour
l’utiliser, ce qui n’est pas toujours le cas, même en
France. Aujourd’hui encore, les contrôles douaniers doivent être améliorés. L’application donne
accès à des données descriptives sur les marchandises pendant leur inspection. L’agent scanne
les codes-barres et accède à des données fiables, à
des fiches produit qu’il compare alors avec la
marchandise qu’il a entre les mains. » Tesa Scribos, société allemande spécialisée dans les solu-
tions anti-contrefaçon, a d’ailleurs développé une
application tous publics qui, une fois l’étiquette
scannée (sorte de passeport unique de chaque produit, conçue en interne également), renvoie sur
un site mobile lié à la base IMP et permet d’authentifier chaque produit. Aussi bien les consommateurs que les distributeurs peuvent bénéficier
de cette innovation et s’assurer de l’origine des
produits dès leur réception.
Les applications ne manquent pas et il y a fort à
parier que ces nouveaux terminaux inspirés du
grand public vont continuer à se frayer un chemin dans le milieu professionnel. ■
PIERRE MONCEAUX
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En entrepôt : quelle solution
pour optimiser ses opérations ?
©HONEYWELL
S
Chris Heslop,
©H UB ONE
Regional
Manager EMEA
de Vocollect
Solutions
elon un livre blanc récemment publié par
Motorola Solutions, les opérations de picking
et de réassort constitueraient jusqu’à 70 % des
coûts opérationnels des entrepôts. Dans ces conditions, il paraît logique que les Directeurs logistiques
recherchent activement la manière d’augmenter
l’efficacité de leurs opérations, aussi bien en termes
de rapidité que de qualité. Le PDA traditionnel ne
régnant plus en maître incontesté sur le monde
de la logistique, différents choix technologiques
s’offrent désormais aux décideurs, à commencer
par le vocal. « Le passage au vocal est essentiel en
terme de productivité en entrepôt. Il fait gagner
15 % de productivité : nous l’avons démontré. Je
pense qu’à l’avenir, nous verrons moins de PDA et
davantage de vocal », songe Patrice Bélie, DG de
l’intégrateur Hub One qui a développé son propre
système VoiXtreme 360 et déploie également la
solution de Vocollect. Tout comme ce dernier, l’éditeur Symphony EYC propose la Vocal Vest, un outil
conçu par ID Services qui libère non seulement les
mains de l’utilisateur mais s’affranchit aussi du
casque, les haut-parleurs et le micro étant incorporés à la veste. Celle-ci est par ailleurs indépendante de l’appareil choisi et accueille volontiers un
smartphone. Pour Stefano Friscia, DG chez Norcod, si le vocal apporte des gains de productivité
indéniables, il ne constitue pas pour autant une
solution idéale au point de supplanter toutes les
autres : « Les nouvelles générations de terminaux
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sont nativement ouvertes au vocal, il suffit d’installer l’application, c’est simple et efficace. Par
contre, cela ne convient pas encore à toutes les
fonctions et peut paraître socialement moins valorisant qu’une tablette. L’opérateur devient un peu
un robot et c’est parfois perçu comme étant abrutissant », témoigne-t-il. « En fait, en paramétrant
correctement l’outil, l’opérateur l’utilise somme
toute assez peu », rétorque Chris Heslop, Regional
Manager EMEA de Vocollect Solutions. « Cela
requiert en amont un audit précis de la situation de
l’utilisateur. D’autre part, le vocal a considérablement évolué depuis ses débuts et ne cesse de s’améliorer. Les dernières versions que nous proposons
sont équipées de filtres anti bruit (soundsense) pour
éviter les validations intempestives, et d’une voix
vraiment humaine », poursuit-il. « Le vocal est
d’autant mieux accepté qu’il est bien préparé, renchérit Pascal Llorca, DG de l’intégrateur WIIO, il
faut former les utilisateurs sur l’intérêt de la solution pour qu’elle ne soit pas vue comme un instrument de flicage. On peut éventuellement réfléchir à
un système d’intéressement sur la productivité.
Comme ça peut être répétitif et fatigant, nous ajoutons un écran et une bague de scan, limitant ainsi
les interactions vocales ».
Les alternatives
Les écrans, justement, surtout les tablettes, se veulent une vraie alternative au vocal. Capables d’afficher un grand nombre d’informations détaillées
comme par exemple la couleur de l’article à prélever, elles contribuent davantage à réduire le taux
d’erreur qu’à maximiser la productivité. « Nous
équipons des entrepôts avec notre WMS Morpheus
installé sur tablettes durcies JLT Computers,
nuance toutefois Laurent Gourdon, PDG de l’éditeur GRN Logistic. L’opérateur n’est plus guidé vers
l’emplacement, il voit sur l’écran le dessin de la
zone et le WMS indique visuellement où se trouve
l’article. Un opérateur peut aussi travailler simultanément avec trois transstockeurs ou tours de
stockage et traiter jusqu’à 2.000 lignes de commandes par jour », affirme-t-il. Pour Fabien
Gaide, Consultant chez Kurt Salmon, la solution
d’avenir pourrait être toute autre. « Il est vrai que
les tablettes permettent d’afficher plus d’information, mais tout le monde n’en a pas besoin.
Cela dépend des fonctions. A mon sens, la prochaine grande révolution en entrepôt sera la réalité augmentée ». ■ PM
Gérald Jehanin,
Direction Logistique du Groupe Sterenn
« La tablette est beaucoup plus valorisante »
©GRN LOGISICS
Le groupe Sterenn, situé à
La Lezière, près de Rennes,
est un grossiste en pièces
détachées pour les engins
agricoles, motoculteur de
plaisance et l’industrie. Il
compte 100.000 références
stockées sur un entrepôt
de 22.000 m², équipé de
trois transstockeurs et
40 armoires rotatives, la
préparation de commandes
étant effectuée par des
caristes équipés de tablettes
JLT Computers Verso12’’
embarquées. « Nous avons acquis la solution Morpheus
en 2008. Le WMS de GRN Logistic pilote l’ensemble
des flux de réception, de préparation de commande et
d’expédition. Jusqu’en avril dernier, les préparateurs utilisaient des pistolets RF de marque Symbol. L’écran était
trop petit, le terminal ne servait qu’à flasher la clef de
pause et confirmer la prise. Les utilisateurs travaillaient
essentiellement sur papier, le process était lent et il y
avait parfois des écarts entre les informations flashées et
celles indiquées sur le papier. Depuis, nous utilisons les
tablettes tactiles JLT, directement montées sur chariot et
équipées de douchettes de scan. Nous étions relativement fiables, mais sommes tout de même passé de cinq
erreurs pour 1.000 lignes auparavant à une seule. Nous
avons gagné en confort de travail avec les tablettes 12’’.
L’écran est très large, plus intéressant à lire, les informations sont plus faciles à retrouver, on voit l’ensemble des
lignes de préparation, on a une vision 3D de l’emplacement picking, la photo produit… En plus de la qualité,
nous avons gagné 20 % en productivité ».
Pourquoi pas une solution vocale ?
« J’ai songé au vocal mais j’ai lu un certain nombre de
retours d’expérience négatifs à ce sujet. Je pense qu’il
ne faut pas prendre l’opérateur pour une machine, ça
le déresponsabilise. La présence d’une voix dans le
casque pendant 8 h représente une fatigue à la fin de la
journée et cela peut avoir un effet sur la fiabilité. Enfin,
il y a le problème des clefs de pose. On doit les faire
tourner car les opérateurs les annoncent avant d’arriver
au lieu de picking, ce qui ne sert plus à rien. La tablette
est beaucoup plus valorisante, c’est très novateur, ils en
sont très contents. Les opérateurs se sont impliqués dans
le projet. Ils ont été de conseil, ont demandé à modifier
l’ergonomie, ce que GRN Logistic a fait sans difficulté. La
mise en place a duré deux mois et les opérateurs ont
été formés en 4 h. Par rapport à l’utilisation de PDA, il
n’y a plus de déplacements entre différents écrans, c’est
plus simple. Interagir avec une tablette est plus agréable
que de parler à une machine toute la journée. Mes opérateurs qui ont travaillé sur du vocal ne souhaitent pas
revenir en arrière. Par contre, je ne mettrais pas un iPad
dans mon entrepôt ». ■
PROPOS RECUEILLIS PAR PIERRE MONCEAUX
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To B or not to BYOD1 ?
u 2e trimestre 2014, 53,4 % des Français étaient
équipés d’un smartphone selon la Mobile Marketing Association. Un chiffre qui grimpe à 79,2 %
pour les 15-24 ans, selon le site eco-conscient.com. Les
smartphones étant désormais équipés de processeurs
aussi puissants que les PDA (environ 4 Ghz pour les
meilleurs), il n’est pas surprenant de les voir débarquer
en milieu professionnel. Et ce n’est peut-être que le
début : à l’été 2014, Apple et IBM ont signé un partenariat pour développer ensemble des applications spécifiques dédiées aux professionnels visant à « redéfinir la
façon d’accomplir le travail ». Dès lors se pose la question d’embrasser ou non cette tendance, de trancher
entre praticité et sécurité, chacun choisissant son camp
et défendant ses intérêts. « BYOD et réseau social, notamment intra-entreprise, sont de nouvelles pratiques qui
vont de pair avec la génération Y, estime Cédric CibotVoisin, Country Manager France de l’éditeur de solutions
de gestion de services IT EasyVista. Les gens ont des portables qui ne sont pas sécurisés mais on ne peut pas les
empêcher de les utiliser au travail. Il faut donc le promouvoir en proposant des solutions. Il n’est en effet possible de contrôler l’accès aux données de l’entreprise que
si l’on encourage les utilisateurs à le faire de façon responsable. Avec nos solutions, l’utilisateur peut enregistrer son portable ou sa tablette auprès du service IT,
lequel peut alors maîtriser et sécuriser l’usage des matériels et l’accès aux données sensibles », préconise-t-il. Le
smartphone, souvent fourni par les entreprises pour faire
plaisir à leurs employés tout en exigeant une plus grande
disponibilité en retour, apporte à la fois mobilité et flexibilité sur le plan professionnel. Pour certains, cet outil
est un gage d’intégration rapide des sous-traitants et travailleurs saisonniers, leur téléphone devenant un outil
de travail. « Particulièrement adapté aux activités ayant
fréquemment recours au travail par intérim, le BYOD
permet d’utiliser le smartphone de l’intérimaire quel qu’il
©HONEYWELL
A
Eric de Greef,
©GEOCONCEPT
Business Manager
EMEA Mobility
chez Honeywell
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soit en y installant des applications professionnelles.
C’est ce que permet de faire notre logiciel Symphony
Warehouse Mobility », témoigne Jean-Daniel Chennevière, Product Manager WMS G.O.L.D. de Symphony
EYC France. D’autres solutions comme DDS Mobile
Tracking, sont aujourd’hui conçues nativement pour
fonctionner sur smartphone, souvent indépendamment
des OS (systèmes d’exploitation). Pour autant, le BYOD
est loin de faire l’unanimité…
Bring your own… disaster
« Je préfère parler de bring your own disaster, s’amuse
Eric de Greef, Business Manager EMEA Mobility chez
Honeywell. Cela peut permettre dans certains cas de
gérer les périodes de pointe, mais qu’en est-il du partage
des données ? Ensuite, il faut regarder le total cost of
ownership. Il y a un fort risque de casse dans le transport et la logistique, il faut donc prendre en compte le
coup de la panne et de l’immobilisation du matériel.
Même pour un matériel moins cher au départ, le R.O.I.
n’est pas toujours évident par rapport au terminal
durci », avise-t-il. « S’il s’agit de gérer les pics d’activité,
le plus simple est encore de tourner en 2X8 ou 3X8, en
changeant la batterie si besoin, ainsi que le bandeau du
casque si vous utilisez du vocal, soutient Chris Heslop,
Marketing Manager EMEA pour Vocollect. En effet, le
module électronique contenant les micros filtreurs de
bruit, au cœur de la performance du casque Bluetooth
SRX2, est détachable de la partie hygiénique, ce qui permet une utilisation partagée entre les utilisateurs et les
postes. Le bandeau ajustable est quant à lui propre à
chacun, et représente un coût modeste », assure-t-il.
Patrice Bélie, Directeur Général de l’intégrateur Hub One,
accueille également l’utilisation du matériel personnel
au travail avec une grande méfiance : « Le smartphone
est parfois utilisé dans le transport où il peut avoir une
fonction de géolocalisation et de gestion de missions. Il
n’est pas forcément souhaitable de multiplier les outils
du chauffeur livreur qui doit avant tout scanner les
palettes. Dans le cas où il est imposé par une société qui
veut diffuser sa solution propre comme un app store
auprès de ses sous-traitants, le problème pour l’éditeur
du TMS est la multiplication des OS car chaque téléphone et chaque version d’OS se comporte différemment
avec chaque version de browser. Cela devient vite ingérable et pose un problème de communication et de
visibilité. Quant à la gestion des pics saisonniers, le
smartphone n’est pas forcément la solution. Je pense que
c’est à nous, sociétés de service, de réfléchir à une offre
saisonnière pour nos clients qui n’ont pas intérêt à avoir
une flotte dépareillée avec PDA et smartphones mais au
contraire une solution homogène qui monte en puissance
quand on en a besoin », relève-t-il. A quand la location
de matériel pay-per-use ? ■ PM
1 : BRING YOU OWN DEVICE