Supply Chain Magazine 81
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MANAGEMENT
Rechercher un poste est un
travail… à temps plein. Une
stratégie marketing et une
démarche organisée et volontaire vous aideront à retrouver un poste. A cœur vaillant
rien d’impossible !
Sachez vous vendre
sur le marché de l’emploi
e demandeur d’emploi vend ses compétences sur le marché du travail à
un employeur qui va les acheter.
C’est une démarche commerciale », affirme
Thibaud Chalmin, Chasseur de tête chez
Elysées Consultants. Il annonce clairement
la couleur : « Ceux qui ont des scrupules
auront dû mal à se vendre, et donc à trouver un emploi ».
Que vous ayez fait le tour de votre poste
actuel, que vous deviez pour des raisons
familiales le quitter, ou que vous soyez,
cas le plus fréquent, en recherche d’emploi, l’essentiel est d’avoir confiance en
vous. Il n’y a aucune honte à avoir été
licencié, à être en transition professionnelle, cette expression politiquement correcte qui remplace le mot de demandeur
d’emploi, de même qu’« être à l’écoute du
marché » n’est pas une insulte à la loyauté
professionnelle des personnes en poste.
Une route pavée d’échecs
Impliquez-vous dans la recherche comme
vous vous impliquez dans votre travail.
Cela va demander des compétences mar82
keting et commerciales multicanales qui
ne sont pas forcément au cœur des compétences des Directeurs Supply Chain.
Mais une bonne organisation et de la
rigueur, et en cela ils sont plutôt doués,
sont aussi nécessaires. Une démarche
structurée est la voie du succès. Elle sera
Thibaud Chalmin, Chasseur de tête chez
Elysées Consultants
N°81 ■ SUPPLY CHAIN MAGAZINE - JANVIER-FÉVRIER 2014
©C.C ALAIS
L
«
certainement pavée d’échecs, car on ne
correspond pas forcément aux exigences
de l’employeur. Ils sont autant d’étapes à
franchir pour décrocher un bon poste et
non une occasion de se décourager. Un
exemple de persévérance frappant est celui
de Kathryn Stockett, qui a essuyé 63 refus
pour son roman La Couleur des sentiments, avant qu’il ne soit édité. Il deviendra un best-seller vendu à plus de sept
millions d’exemplaires et sera adapté au
cinéma : le film éponyme a rapporté huit
fois son budget de production et a été
nominé trois fois aux Oscars 2012, obtenant celui du meilleur second rôle.
Alors que la courbe du chômage atteigne
ou non son point d’inflexion, laissez ce
problème au Ministre du Travail Michel
Sapin et aux discussions de comptoir sans
fin. Traduction : ne pas se réfugier derrière
de fausses excuses pour pleurer sur les
temps difficiles. Mieux vaut consacrer
beaucoup de temps à sa recherche. La
situation macro-économique est une donnée fixée, la micro-économie et la situation
de l’entreprise qui vous embauchera en est
©APOPS-FOTOLIA
vus par annonce constitue la grande
majorité des jobs potentiels. Les informations qui circulent dans le réseau, constitué des connaissances personnelles et
professionnelles, en font partie. Développer et entretenir son réseau est donc crucial. Affichez concrètement votre souhait
de trouver un nouveau poste ; cela ne
pourra que multiplier les opportunités qui
seront saisies au vol sans hésiter.
une autre. Une embauche est la rencontre
de deux volontés, celle d’une entreprise et
celle d’un cadre Supply Chain, dans le cas
présent : l’adéquation entre le besoin d’une
entreprise et l’offre de compétences d’un
cadre. « Le marché de l’emploi Supply
Chain bouge en janvier après les validations
budgétaires et en septembre si le 1er semestre est bon, constate Pauline Lechertier,
Directrice Supply Chain. Les entreprises
recherchent des managers opérationnels ou
projet, dans les cas suivants : vision mature
de la chaîne d’approvisionnement, réorganisation liée à une croissance vers l’international, projets d’amélioration des résultats en termes de coûts, de disponibilité
produits... » Les Responsables Supply Chain
interrogés remarquent toutefois que les
personnes en place hésitent à bouger
du fait du manque de visibilité au niveau
économique. Aussi les places en CDI se
raréfient au profit de mission de conseil,
ou de CDD.
Les conseils suivants émanent principalement de Thibaud Chalmin et du livre « Trouver et conserver mon job, ce qu’attendent
aujourd’hui les employeurs » de Jean-Marc
Gandy (Afnor Editions).
Osez postuler
En premier lieu, soyez conscient de vos
forces et sachez à qui elles peuvent servir.
Commencez par identifier les entreprises
« Trouver et conserver mon job, ce qu’attendent
aujourd’hui les employeurs »
de Jean-Marc Gandy (Afnor Editions).
qui ont besoin de ces compétences. Bien
sûr, consultez régulièrement les sites d’annonces d’emplois généralistes (Cadremploi, Monster, Keljob, qui agrègent des
offres de diverses sources, notamment les
cabinets de recrutement Michael Page,
FedSupply…) et spécialisés (Jobtransport,
supply-chain.fr).
Une photo met en valeur un CV clair et
concis d’une page (…photo réussie, de
même que celle sur les réseaux sociaux
professionnels). La lettre de motivation est
tombée en désuétude. Soyez clair et précis
en cinq lignes dans votre mail d’accompagnement sur vos qualités humaines. Les
fautes d’orthographe sont rédhibitoires. CV
et mail seront lus en une minute. Le message du répondeur téléphonique doit être
sobre pour ne rebuter personne.
Tant que l’annonce qui vous intéresse reste
publiée, n’hésitez pas à y repostuler tous
les 10 jours car il y a de fortes chances que
la première candidature se soit noyée dans
la masse. En bon commercial, vous relancez vos prospects.
Le marché « caché » des postes non pour-
Pensez aux PME régionales
Il arrive de plus en plus fréquemment que
des Supply Chain Managers soient contactés par des cabinets de recrutement (cf. article Apprivoisez les chasseurs de tête,
Supply Chain Magazine N°73). Ceux-ci les
ont parfois repérés sur les réseaux sociaux
professionnels, LinkedIn ou Viadeo. L’astuce consiste donc à ne pas indiquer la date
de fin de son dernier poste, ni sur Internet,
ni d’ailleurs sur le CV. Une entreprise, de
surcroît un chasseur de tête payé pour trouver, préfèrera contacter quelqu’un en poste.
Les candidatures spontanées restent un
bon moyen de se faire connaître et
embaucher. Comme elles sont traitées au
fil de l’eau, elles sont à renouveler tous les
mois. Vous n’avez rien à perdre. En fonction du poste recherché, la recherche multicritères par zone de chalandise et par
secteur d’activité sur un annuaire de type
Kompass peut permettre d’élargir votre
horizon vers des entreprises auxquelles
on ne pense pas spontanément. Tout le
monde ne connaît pas toutes les PME et
les entreprises de taille intermédiaire de sa
région. Or, elles sont un vivier de recrutement, d’autant plus qu’elles se mettent à
rationaliser leur logistique, voire à créer
des postes de Responsable ou Directeur
Supply Chain.
Visez haut
Ensuite, une fois vos entreprises cibles
définies, identifiez votre potentiel N+1,
Directeur Supply Chain, Directeur Général
ou autre. Les réseaux sociaux professionnels (cf. article Un, deux, trois… réseautez,
Supply Chain Magazine N°75) sont d’une
aide précieuse. Pierre-Yves Michaux, Responsable Supply Chain est friand de LinkedIn pour obtenir les bonnes coordonnées. N’ayez aucun complexe. Mieux vaut
s’adresser au Bon Dieu qu’à ses saints, dit
l’adage. « Plus les gens ont du pouvoir,
plus ils prennent de risques, explique Thibaud Chalmin. Et paradoxalement, ils ont
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MANAGEMENT
un peu plus de temps et sont un peu plus
ouverts à la discussion que les trentenaires
ayant la tête dans le guidon. Il n’y a pas un
candidat d’un côté et un recruteur de l’autre. Il a été candidat lui aussi. Vous n’êtes
pas différent de lui. »
Envoyez-lui un mail pour vous présenter
en tant qu’expert sur tel ou tel domaine,
mais non pour envoyer un CV qu’il renverrait à la Direction des Ressources
Humaines. Plus votre profil est atypique, et
plus vous devrez en passer par là. Les ressources humaines gèrent administrativement les recrutements de cadres ; elles ne
prennent pas le risque de sélectionner un
candidat atypique, d’autant qu’elles n’en
connaissent généralement pas les enjeux
Supply Chain. Si déjà elles savent faire la
différence entre logistique et Supply Chain,
c’est bien !
Demandez à votre supérieur hiérarchique
potentiel un entretien réseau pour échanger sur les meilleures pratiques. Lors de
l’entretien, envisagez un poste ou une mission de conseil, qui aide à se faire connaître en attendant de retrouver un poste à
temps plein.
Relancez par téléphone
sous 10 jours
Mettez-vous à la place de l’employeur. La
porte est lourde à pousser dans les deux
sens : se faire embaucher d’un côté, mais
aussi se séparer de son salarié de l’autre.
Recruter coûte cher, et les entreprises, dans
le marasme économique actuel, craignent
d’embaucher la mauvaise personne. Elles
préfèrent travailler en sous-effectif, pour
ne pas licencier lors d’un sévère retournement de conjoncture.
Que ce soit la réponse à une annonce, à
une candidature spontanée ou à un mail à
un potentiel N+1, sans réponse dans les
10 jours, relancez par téléphone. Ce n’est
pas parce que votre profil n’intéresse pas.
Mais votre interlocuteur RH croule certainement sous les candidatures et les ouvre
rarement toutes. Ou votre cible opérationnelle est submergée de travail… d’autant plus vrai que les entreprises tournent
en sous-effectif ! Mettre à jour un tableau
de ses candidatures et relances, comme le
fait Pierre-Yves Michaux, Responsable
Supply Chain, aide à avoir une démarche
rigoureuse.
Savoir-faire et savoir-être
Une fois le processus de recrutement
enclenché, armez-vous de patience. Toujours par peur d’embaucher, les entreprises
multiplient les entretiens. Bien se renseigner sur l’entreprise, préparer les questions
classiques, voire répéter l’entretien avec
quelqu’un, arriver à l’heure, éteindre son
téléphone portable, sont des règles élémentaires mais parfois utiles à rappeler. Atten-
©DR
Pauline Lechertier,
Directrice Supply Chain
« L’expérience permet d’être plus rapide et
de minimiser les risques pour l’entreprise »
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Pauline Lechertier alterne missions de conseil et poste
à temps plein depuis deux ans et demi. Elle se dit opportuniste, cherchant un poste de Direction Supply Chain
sur la France : annonces, réseau, chasseurs de tête, candidature spontanée si jamais elle a une information sur
un changement dans une entreprise. Elle relance par
téléphone. « Dans la procédure de recrutement, les entretiens peuvent aller de cinq à huit ».
Elle a bénéficié des services d’un cabinet d’outplacement
qui, outre un bilan de compétences, l’a accompagnée
dans la structuration de sa démarche. A 48 ans et après
des postes de Manager chez Karft Foods,Adisseo, Nestlé
Waters, Velux et Smart&Co, elle met en avant son :
« expérience qui permet d’anticiper et d’éviter les erreurs, et donc d’être plus
rapide et de minimiser les risques pour l’entreprise. Orientée résultat, je suis
pragmatique et sais mobiliser les ressources, leur donner un esprit d’équipe ».
Son mastère Achats et Supply Chain à HEC en 2004 a permis de développer
ses compétences et son réseau. ■
N°81 ■ SUPPLY CHAIN MAGAZINE - JANVIER-FÉVRIER 2014
tion, on peut être observé pendant le temps
d’attente au sein de l’entreprise. Un Responsable RH fait souvent un premier tri.
Comme il ne connaît pas votre métier, faites
preuve de pédagogie pour mettre en valeur
votre expérience.
Quel qu’il soit, c’est à votre interlocuteur
de gérer le temps. Ne lui coupez pas la
parole. Et ne racontez pas votre vie, pardon, votre parcours professionnel forcément riche de belles expériences. Donnez
des exemples concrets et précis des compétences que vous avez mises en œuvre
dans les cinq dernières années – le métier
de Supply Chain Manager évolue tellement vite - qui correspondent au besoin
de l’entreprise. Parmi les incontournables :
la poignée de main ferme, poser des questions au recruteur, préparées ou en rebondissant sur ses propos, prendre des notes,
évoquer ses succès, ne pas critiquer ses
précédents employeurs, refuser poliment
mais fermement de répondre à des questions sur sa vie privée, s’enquérir en fin
d’entretien des délais de réponse. Côté
salaire, dites la vérité en brut annuel à la
question : « Combien gagniez-vous précédemment/gagnez-vous actuellement ? »
Quelqu’un en poste sera en position plus
favorable pour demander davantage qu’un
demandeur d’emploi.
Le plus important des entretiens sera celui
avec votre N+1 : il verra rapidement si
vous faites l’affaire techniquement. Il vous
jugera alors sur vos qualités humaines,
votre savoir-être. S’il a un bon feeling,
vous touchez au but. Aussi soyez ouvert
dans vos propos et dans votre gestuelle,
mettez-le à l’aise, si ce n’est avec une
touche d’humour (léger, il va sans dire),
tout du moins, il est utile d’avoir en tête
que quelqu’un de réservé inspire de la
réserve et que quelqu’un de timide peut
paraître intimidant. Quand on n’est pas
retenu, ne pas hésiter à en demander les
raisons pour s’améliorer.
Pour finir, je ne vous dis certainement pas
bonne chance, car la chance a rarement à
voir avec le succès. Ce sont vos efforts,
votre méthode, votre organisation pour
trouver un bon poste qui feront la différence. Le jeu en vaut la chandelle. Que les
XXIIe Jeux Olympiques d’hiver à Sotchi
vous aient émerveillé ou non, rappelezvous la devise du baron Pierre de Coubertin : « plus vite, plus haut, plus fort. » ■
CHRISTINE CALAIS
Bruno Billaud a gravi les échelons un à un ; il a commencé comme manutentionnaire chez
FedEx pendant son DEUG d’économie à l’université de Cergy-Pontoise. Puis il a enchaîné
des postes à responsabilité chez différents prestataires logistiques. « Ma qualité première,
c’est le bon sens dans l’amélioration des processus du triptyque qualité/délais/coûts. » En
2000, il passe côté chargeurs comme Responsable Logistique chez De Longhi. Une fusion
de filiales européennes du groupe italien lui vaut un licenciement. Il en profite pour passer un diplôme de niveau bac+4 à Paris I, en logistique internationale, en 2003. Il lui permet notamment d’augmenter ses prétentions salariales. Il trouve par annonce un poste de
Responsable Supply Chain chez Peri, dans le BTP, spécialisée dans le coffrage, l’échafaudage
et l’ingénierie. C’est une création de poste pour optimiser les procédures. Son poste suivant, toujours obtenu par annonce, est Directeur des Opérations Europe chez JCB, qui
loue des engins de chantier. Il y achève un bac+5 en administration des entreprises, en formation continue. « En entretien, je suis sûr de moi, je mets en avant ma capacité à traiter
différentes situations, à gérer le transport et la logistique, à manager les équipes, que je respecte d’autant plus que j’en ai fait partie. »
Ayant dû quitter JCB, il suit actuellement en formation continue trois jours par mois, dont un
samedi, un Executive MBA de Neoma Business School, qui comprend un voyage d’étude en
Chine et un stage militaire de leadership chez les fusiliers. Offrant pour l’instant ses services en
mission, il recherche un poste en France ou à l’international : « Je suis rapide, performant, adaptable et donc opérationnel de suite ».■
JANVIER-FÉVRIER 2014 - SUPPLY CHAIN MAGAZINE ■ N°81
©DR
Bruno Billaud,
Directeur des Opérations
« Du bon sens dans l’amélioration des processus
du triptyque qualité/délais/coûts »
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MANAGEMENT
Pierre-Yves Michaux,
Responsable Supply Chain
« Logique, carré et rigoureux, je me dirige vers l’amélioration continue
des processus industriels »
©DR
Né en 1968 à l’Ile Maurice et ayant effectué sa scolarité à la Réunion, Pierre-Yves Michaux est
d’abord Coordinateur d’escale pour Air Mauritius, puis Agent Commercial chez Hertz, avant de
devenir Agent Immobilier. C’est après un bilan de compétences en 2005, dans lequel il s’avère
« logique, carré et rigoureux » qu’il s’oriente vers la Supply Chain, en obtenant le diplôme bac+4
Cerelog Responsable en Logistique de l’AFT-Iftim. Il décroche via une société de recrutement un
CDI de Chef d’équipe chez Kawneer, PME filiale du groupe Alcoa (façades, fenêtres et portes en aluminium). Puis il est Adjoint au Responsable Logistique chez Sigmapole, qui fabrique des composants pour l’industrie, avant de trouver par annonce un poste de Responsable Logistique & Achats
chez Arcomet, loueur de grues à tour pour le BTP. En 2013, il obtient aux Ponts et Chaussées le
Mastère Spécialisé « Conception et Optimisation des Supply Chains Globales », effectuant 10 mois
chez Valeo comme Chef de Projet Logistique à l’usine de Sablé-sur-Sarthe. Il y travaille à la modélisation et à la mise en œuvre de l’Amdec Logistique : l’Analyse des Modes de Défaillances, de leurs
Effets et de leur Criticité est une méthode d’analyse des risques, ici liés aux flux logistiques.
Il recherche actuellement dans le sud de la France un poste de Superviseur de flux, de Responsable Amélioration Continue, ou de Manager Supply Chain en PME. « Je garde de bonnes relations
avec mes employeurs. Je fais savoir à un maximum de personnes que je cherche un emploi. Je me dirige vers
l’amélioration continue des processus industriels. » ■
Mes news Ressources Humaines
Alpiniste et manager, même combat
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a lutte contre l’incertitude unit le
management et l’alpinisme. Comment résoudre des problèmes dans
des situations difficiles et sous pression ? Rainer Petek, alpiniste allemand,
a répondu à cette question fondamentale, lors d’une conférence « magistrale » devant un parterre de managers près de Stuttgart fin 2013 et
dans son livre Das Nordwand Prinzip :
« Wie Sie das Ungewisse managen : Neues Denken, neues
Handeln, neue Wege gehen » ou Le principe de la face Nord :
« Comment vous gérez l’incertain : nouvelle façon de penser,
nouvelles actions, nouvelle façon de faire », aux éditions Linde
International.
Les problèmes, telles les montagnes à escalader,
sont autant d’opportunités d’apprendre, pour
M. Petek. Le manager doit avant toute chose s’assurer qu’il y a une compréhension commune du
problème dans son équipe. Ensuite, pour passer du
simple souhait à une volonté commune, il faut travailler ensemble pour affronter l’incertitude et maîtriser l’inattendu. Quand une cordée se trouve en
difficulté sur la face Nord de l’Eiger ou des grandes
Jorasses, il faut éviter les pensées négatives, et parler de ses forces, de ce qui a déjà été fait, de ce qui
va être fait. Ce qui nécessite une coordination et un
art du dialogue afin de définir des buts communs.
N°81 ■ SUPPLY CHAIN MAGAZINE - JANVIER-FÉVRIER 2014
« Il faut avoir d’abord une bonne solution en tête avant d’agir »,
prévient Rainer Petek. Et pour la trouver, rien de tel qu’une
boucle itérative de tests de prototypes rapides. « Il faut
échouer tôt pour apprendre rapidement. Aussi faut-il nourrir
une culture qui encourage la gestion des erreurs ; il faut attribuer
les erreurs aux processus plus qu’aux gens, » ajoute-t-il. La grande
question que le manager doit se poser est la suivante : dans
quel état d’esprit dois-je être afin de motiver, inspirer les
autres de façon à améliorer la performance ?
Il conclut ainsi sa démonstration : « la voie vers le sommet n’est
jamais une ligne droite, elle se compose de multiples étapes. »
« Y a plus qu’à » dans l’entreprise… à moins que le petit scarabée avide d’apprendre ne préfère la haute montagne
comme terrain de jeu ! ■ CC
©C.C ALAIS
©LINDE INTERNATIONAL
L
Les Ailes de la Supply Chain (en partenariat avec Fapics)
Sylvie Génain Da Silva
« L’intelligence émotionnelle est le facteur
clé de la réussite d’une équipe »
Responsable Supply Chain qui a fait toute sa carrière chez le fabricant de verres correcteurs Essilor, Sylvie Génain Da
Silva prend à cœur le management, dans un groupe où s’est récemment créé le réseau féminin « Women at Essilor. »
Supply Chain Magazine :Vous avez réalisé toute votre carrière chez
Essilor, un profil plutôt rare aujourd’hui. Comment a-t-elle débuté ?
SCMag : Comment avez-vous progressé dans vos méthodes de
management ?
Sylvie Génain Da Silva : J’ai commencé chez Essilor en 1995
en alternance au service de la planification des ressources
de distribution (DRP), quand j’étais à l’Ecole de commerce
d’Amiens. En 1996, diplômée, j’ai été embauchée par Aïcha
Mokdahi, l’un de mes mentors, en tant qu’Assistante de marché au service client Europe, dont elle était alors responsable.
S.G.D.S. : Si j’ai régulièrement bénéficié de formations, j’ai
surtout eu deux très bons Managers, Directeurs logistique
Europe. Aïcha Mokdahi, avec un mode de management
direct, est en recherche d’efficacité permanente. Elle dit ce
qui ne va pas, une grande leçon de management. Elle pousse
les gens à fond et à se remettre en question. A 26 ans en
2000, j’ai d’abord eu du mal à faire passer les messages difficiles à mes collaborateurs. En leur faisant comprendre ce
qui n’allait pas, je les ai en fait aidés à avancer. Son successeur Christophe Brun, a une approche dynamique et
enthousiaste de proximité, qui m’a aussi beaucoup apporté.
SCMag : Quel a été votre parcours de manager ?
©SG. DA SILVA
S.G.D.S. : En 2000, quand le service client européen est réorganisé, j’en prends la tête, gérant une équipe d’une douzaine
de personnes. Il comprend alors un pôle relation client, un
pôle relation fournisseurs et la responsabilité d’intégrer des
SCMag : Quelle est la place des femmes
données fiables dans le système d’inforEn octobre 2013 a été créé
dans la Supply Chain d’Essilor ?
mation Oracle. En 2004, je deviens Resle réseau féminin
S.G.D.S. : Les opérations d’Essilor
ponsable d’un nouveau service, doté
« Women at Essilor »
sont un monde d’hommes où les
d’une quinzaine de cadres experts, en
femmes qui réussissent se comptent
charge de la planification pour les usines
sur les doigts de la main. Je suis toueuropéennes, des achats pour les centres
jours la seule femme dans les réude distribution et de prévision des ventes.
nions et cela m’amuse, j’en joue sur
La complexité venait du nombre d’artile mode humoristique, mais en tant
cles à traiter. Nous gérions également le
que Responsable et non en tant que
cycle de vie des produits, depuis le lanfemme.
cement des nouveaux produits, jusqu’à
leur obsolescence, qui coûte cher. Retirer
SCMag : Et au niveau groupe ?
un produit quand on lance son succesS.G.D.S. : Même si le Comité Exécuseur demande beaucoup d’organisation.
tif groupe ne compte aujourd’hui que
Nous avons repensé nos schémas de
quatre femmes sur 24 membres, Essistocks et distribution afin d’accélérer
lor fait des efforts en matière de
la mise sur le marché des produits.
diversité. En octobre 2013 a été créé
Aujourd’hui mon rôle est plus fonctionle réseau féminin « Women at Essinel. Je suis depuis 2011 en Charge de la
lor », regroupant une soixantaine de
chaîne logistique de la ligne de produits
femmes cadres et dirigeantes. Des
verres finis sur le périmètre mondial.
ateliers sont organisés, du type
Avec deux jeunes diplômés en Supply
Chain, nous réalisons l’interface entre les usines et les zones « comment bâtir et entretenir son réseau ». Les objectifs sont :
de distribution, dans une optique de chaîne d’approvisionne- aller dans le sens de la mixité à travers une équité construcment intégrée de bout en bout. Mon service a un rôle d’équi- tive, aider les femmes à émerger et progresser dans l’orgalibrage entre les zones et leur propose des schémas nisation, que le groupe tire le meilleur parti des éléments
féminins.
opérationnels sur les nouveaux produits.
SCMag : Quelle est votre vision du management ?
SCMag : Comment envisagez-vous l’avenir ?
S.G.D.S. : Le management me tient à cœur. L’intelligence
émotionnelle est le facteur clef de la réussite d’une équipe.
Je prends le temps de comprendre chaque personne. Faire
évoluer ses collaborateurs est un élément de reconnaissance
très important ; le plus difficile est de savoir faire partir les
bons éléments vers d’autres fonctions dans d’autres services !
S.G.D.S. : J’aime l’opérationnel et souhaite y retourner ; des
opportunités pourraient rapidement s’ouvrir à l’international. A cinq/dix ans, je souhaite devenir Directrice logistique
d’une zone continentale. ■
PROPOS RECUEILLIS PAR
CHRISTINE CALAIS
JANVIER-FÉVRIER 2014 - SUPPLY CHAIN MAGAZINE ■ N°81
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