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Volume 26 - Juillet/Août 2013 - Numéro 4
Dossier
ISSN 09803483
Prix du Collège National d’Audioprothèse
Cas clinique
Métier et technique
Interview
Intérêt des tests démonstratifs
pour le patient et l’accompagnant
Céline Guémas
Test de discrimination phonémique
A§E® : évaluation au profit de
l’appareillage pédiatrique Laura Fauquier
Dr Natalie Loundon
par Arnaud COEZ
Veille acouphènes
Veille gériatrique
Veille Technique
Impact de l’acouphène sur le couple
Philippe LURQUIN, Maud REAL,
Catherine RAMPONT
Prévention et diagnostic précoce
des pathologies potentiellement
incapacitantes Arach MADJLESSI
Les innovations des industriels
3 Editorial
Sommaire
Paul AVAN
5 Le mot du Président du Collège
Eric Bizaguet
Dossier :
Prix du Collège National d’Audioprothèse
Influence de la compression fréquentielle sur les confusions phonétiques :
6
Cas particulier des fricatives non voisées :/∫/ et /s/ - David COLIN
onception et réalisation d’une plateforme audiométrique logicielle munie
C
d’un simulateur d’aide auditive - Simon DOUE
Audiométrie vocale : Etude de l’intelligilibite dans le bruit chez
le normo-entendant et détermination de courbes vocales de référence
Florian GOUJON
Effet d’un réducteur de bruit sur la capacité de discrimination des
informations de modulation d’amplitude chez les sujets malentendants
et normo-entendants - Franck MIERMONT
ise en compétition du système FM et de la boucle magnétique pour les
M
patients implantés cochléaires et appareillés - Gaetan LEMOINE
40 Cas clinique
Intérêt des tests démonstratifs pour le patient et l’accompagnant
Céline Guémas
44 Métier et technique
Test de discrimination phonemique A§E® : évaluation au profit de
l’appareillage pédiatrique
Laura FAUQUIER
50Interview
Natalie Loundon Arnaud COEZ
54 Notes de lecture
François DEGOVE
56 Veille acouphènes
Impact de l’acouphène sur le couple
Philippe LURQUIN, Maud REAL, Catherine RAMPONT
60 Veille gériatrique
Gériatrie moderne : Prévention et diagnostic précoce des pathologies
potentiellement incapacitantes
Repérage des « fragilités »
Arach MADJLESSI
64 Veille technique
MED-EL - OTICON - PHONAK - SIEMENS - STARKEY - WIDEX
78 Actualités et agenda
Liste des annonceurs
Annuaire Français
d’Audiophonologie - Bernafon
Cabinet Bailly - MelEl
Phonak - Siemens - Sonic
Starkey - Widex
Les Cahiers de l’Audition
Juillet/Août 2013 - Vol 26 - N°4
87Annonces
1
Les Cahiers
de l’Audition,
la revue du
Collège National
d’Audioprothèse
Le Collège National d’Audioprothèse
Président
1er Vice
Président
Eric
BIZAGUET
Frank
LEFEVRE
2e Vice
Président
Président d’honneur
Stéphane
LAURENT
Trésorier
général
Trésorier
général
adjoint
Secrétaire
Général
Secrétaire
général
adjoint
Eric
HANS
Jérôme
JILLIOT
François
LE HER
Arnaud
COEZ
Xavier
RENARD
Membres du Collège National d’Audioprothèse
Editeur
Collège National d’Audioprothèse
Président Eric BIZAGUET
LCA - 20 rue Thérèse
75001 Paris
Kamel
ADJOUT
Patrick
ARTHAUD
Jean-Claude
AUDRY
Bernard
AZEMA
Jean
BANCONS
Jean-Paul
BERAHA
Hervé
BISCHOFF
Geneviève
BIZAGUET
Jean-Jacques
BLANCHET
Daniel
CHEVILLARD
Christine
DAGAIN
Ronald
DE BOCK
Xavier
DEBRUILLE
François
DEGOVE
François
DEJEAN
Jean-Baptiste
DELANDE
Xavier
DELERCE
Matthieu
DEL RIO
Charles
ELCABACHE
Robert
FAGGIANO
Stéphane
GARNIER
Thierry
GARNIER
Alexandre
GAULT
Grégory
GERBAUD
Céline
GUEMAS
Bernard
HUGON
Maryvonne
NICOTMASSIAS
Christian
RENARD
Thomas
ROY
Benoit
ROY
Philippe
THIBAUT
Jean-François
VESSON
Frédérique
VIGNAULT
Alain
VINET
Paul-Edouard
WATERLOT
Tél. 01 42 96 87 77
[email protected]
Directeur de la publication
et rédacteur
Arnaud COEZ
LCA - 20 rue Thérèse
75001 Paris
Tél. 01 42 96 87 77
[email protected]
Rédacteur en chef
Paul AVAN
Faculté de Médecine
Laboratoire de Biophysique
28, Place Henri DUNANT - BP 38
63001 Clermont Ferrand Cedex
Tél. 04 73 17 81 35
[email protected]
Conception et réalisation
MBQ
Stéphanie BERTET
Membres honoraires du Collège National d’Audioprothèse
21 bis, rue Voltaire
75011 Paris
Tél. 01 42 78 68 21
[email protected]
Abonnements,
publicités et annonces
Jean-Pierre
DUPRET
Jean
OLD
Georges
PEIX
Claude
SANGUY
Membres Correspondants étrangers du Collège National d’Audioprothèse
Collège National d’Audioprothèse
Secrétariat
20 rue Thérèse - 75001 Paris
Tél. 01 42 96 87 77
[email protected]
Roberto
CARLE
Léon
DODELE
Bruno
LUCARELLI
Philippe
LURQUIN
Carlos
MARTINEZ
OSORIO
Thierry
RENGLET
Juan Martinez
SAN JOSE
Christoph
SCHWOB
Leonardo
MAGNELLI
Dépot Légal
à date de parution
Juillet/Août 2013 Vol. 26 N°4
Imprimé par Néo-typo - Besançon
Elie EL ZIR
Membre Correspondant
étranger associé
Editorial
Ce numéro traditionnel met à l’honneur la diversité des thèmes préoccupant les
audioprothésistes récemment diplômés et auteurs de mémoires, et en particulier les
lauréats du prix du Collège décernés au printemps dernier et illustrés en couverture.
Les cinq textes remis par les lauréats sont assez soignés et bien illustrés pour porter
eux-mêmes aux lecteurs le message de leur auteur, sans besoin de paraphrase
éditoriale. Il est néanmoins intéressant de relever les préoccupations derrière les
résultats, car elles rejoignent celles des laboratoires de recherche et préfigurent
l’évolution de la profession d’audioprothésiste, dans les quelques années à venir.
Paul Avan
David Colin, de Lyon, s’intéresse à la transposition des fréquences élevées et a
étudié ses effets sur la catégorisation des fricatives, riches en hautes fréquences
transposées. Il fait ressortir une grande diversité de résultats, d’un réel bénéfice à
une dégradation… Simon Doué s’est attaqué à une simulation d’aide auditive à l’aide
d’une plateforme audiométrique logicielle, dans l’espoir de prédire le bénéfice d’une
future aide auditive. Il n’échappe pas à la mention de l’intérêt de prendre en compte les
différentes particularités des déficiences auditives. Florian Goujon a cherché à établir
des données normatives sur l’intelligibilité de la parole dans le bruit, devant la diversité
des matériels vocaux disponibles. Il conclut à l’importance de la pratique courante
de l’audiométrie vocale en milieu bruyant, et insiste sur la difficulté que sont les
contraintes techniques liées à la configuration avec laquelle les données normatives
ont été établies. Franck Miermont, qui a travaillé sur les réducteurs de bruit en relation
avec les modulations d’amplitude, souligne à son tour la singularité de chaque individu
et le danger d’appliquer systématiquement des présupposés. Enfin Gaétan Lemoine,
se penchant sur la FM et les boucles magnétiques en situations d’écoute difficile,
observe la présence de différences entre systèmes, malgré l’absence de différence
significative aux tests d’audiométrie vocale ainsi qu’au questionnaire subjectif portant
sur le confort et la qualité de compréhension.
Toutes ces approches louables visent à exploiter au mieux la technicité des appareillages
actuellement à disposition, et à quantifier au mieux les performances des patients. Mais
elles se heurtent à un moment ou un autre à la diversité (selon l’article, particularité,
configuration, singularité, différences selon certaines évaluations et pas d’autres) des
cas cliniques, et à l’inefficacité des dogmes. L’audioprothèse, de toute évidence, n’est
pas le seul domaine où diversité et dogmes font mauvais ménage, mais dans le cas
de l’audioprothèse, probablement au contraire de l’économie, nous avons la chance
inouïe que les solutions existent déjà, attendant d’être appliquées ! Mais sommesnous sûrs que les étapes préalables à l’appareillage collectent bien tous les éléments
capables de nous éclairer sur la diversité des patients, et que les dogmes malmenés
par les découvertes récentes en physiologie, illustrant la fantastique diversité des
phénotypes de surdité, ont bien été nuancés en fonction des données cliniques ? Il est
probable que nos efforts doivent désormais se concentrer dans cette direction. Merci
aux lauréats de nous l’avoir utilement rappelé. Et à propos de dogme, soyons sûrs que
la parité, un peu malmenée si on considère seulement les lauréats 2013, sera rétablie
en 2014 et sur le moyen terme !
Les Cahiers de l’Audition
Paul Avan
Juillet/Août 2013 - Vol 26 - N°4
3
LE MOT DU PRESIDENT DU COLLEGE
Ce numéro présente, comme chaque année,
les mémoires concourant au titre de lauréat du
Collège National d’Audioprothèse et c’est toujours
un plaisir que de lire de telles synthèses sur des
sujets balayant l’ensemble de nos compétences
et activités. 5 mémoires en 2013 se disputaient le
titre et nous avons eu l’information du Ministère de
l’Enseignement Supérieur que ce nombre augmentera
dans les prochaines années pour passer à 7 du fait
de la création des écoles de Cahors en 2013 et de
Bordeaux en 2014.
Le nombre de diplômés formés sera de 15
audioprothésistes par nouvelle école. Cette décision
d’un nombre de 15 par école s’intègre dans une
volonté évidente pour l’Etat de réguler le nombre des
audioprothésistes formés en fonction des besoins
réels et non de demandes qui conduiraient aux
dérives observées dans des domaines aussi différents
que celles des écoles d’optique ou d’ostéopathie.
Ces écoles privées d’optique ou d’ostéopathie,
continuant de former sans aucune régulation
externe de nombreux diplômés, sont sans doute
conduites à rechercher un nouveau développement
pour rentabiliser leurs structures et coûts de
fonctionnement.
Ce qui les poussent à s’organiser pour reprendre
le même schéma pour l’audioprothèse, aussi bien
pour l’organisation de préparation au probatoire que
pour la formation non contrôlée d’ « assistant en
audioprothèse ».
Les compétences de ces assistants sont d’ailleurs loin
d’être définies et sont donc parfois limites de l’exercice
illégal de l’audioprothèse. Les nouvelles avancées de
la réingénierie, en définissant les compétences et les
activités des audioprothésistes, vont à court terme
nous permettre de définir avec précision les actes ne
relevant que de l’audioprothésiste et les rares actes
du parcours prothétique qui peuvent être délégués
sans risque d’exercice illégal de l’audioprothèse.
Cahors a fait passer le probatoire en septembre.
L’école est exclusivement sous la responsabilité de
l’Université de Toulouse conjointement avec une
structure administrative de gestion de la CCI de
Cahors. Ce partenariat crée les conditions d’une
indépendance de l’Université et des directeurs
d’Enseignement, Monsieur le Docteur Mathieu Marx
et Monsieur le Professeur Bernard Fraysse.
Eric BIZAGUET
Audioprothésiste D.E.
Président du Collège
National
d’Audioprothèse
LCA - 20 rue Thérèse
75001 Paris
[email protected]
Toutes les écoles d’Audioprothèse seront obligées dès
2014 de modifier leur cahier des charges pour tenir
compte des nouveaux programmes d’enseignement
qui devraient être opérationnels pour la rentrée
2014, de façon à intégrer le cursus LMD prévu par le
protocole européen de Bologne.
Nos connaissances vont donc évoluer sur de nombreux
sujets : appareillage des très jeunes enfants, implant,
acouphène, ...
La prise en charge des enfants étant un de mes sujets
de prédilection, c’est un grand plaisir de pouvoir lire
dans ce numéro un interview du Docteur Natalie
Loundon, spécialiste ORL à l’Hôpital Necker, qui nous
montre le chemin pour une prise en charge efficace,
allant du dépistage et du diagnostic à la démarche
prothétique.
Nous savons aujourd’hui que la précocité de
l’appareillage et de l’implantation est l’élément clé
d’une adaptation réussie. Souhaitons aux enfants
sourds un dépistage, un appareillage et une
implantation la plus précoce possible. L’Etat a pris
conscience de cette nécessité et s’organise pour
créer des sites d’excellence et préparer l’avenir en
adaptant ses structures aux besoins de sa population.
Il le fait également au niveau formation et doit
s’adapter aux besoins en audioprothèse.
Souhaitons que son action se fasse en cohérence
avec le vieillissement de la population et conduisent
à promouvoir une évolution numérique cohérente
et guidée par la recherche de la qualité de nos
appareillages.
Les Cahiers de l’Audition - N°4/2013
5
> Dossier
Prix du Collège National
d’Audioprothèse
7
I nfluence de la compression fréquentielle
sur les confusions phonétiques :
Cas particulier des fricatives non voisées :/∫/ et /s/
David COLIN
16 Conception et réalisation d’une plateforme audiométrique
logicielle munie d’un simulateur d’aide auditive
Simon DOUE
20 Audiométrie vocale : Etude de l’intelligilibite dans
le bruit chez le normo-entendant et détermination de
courbes vocales de référence
Florian GOUJON
28 Effet d’un réducteur de bruit sur la capacité de
discrimination des informations de modulation d’amplitude
chez les sujets malentendants et normo-entendants
Franck MIERMONT
36 Mise en compétition du système FM et de la boucle
magnétique pour les patients implantés cochléaires
et appareillés
Gaetan LEMOINE
Influence de la compression fréquentielle
sur les confusions phonétiques :
Cas particulier des fricatives non voisées :/∫/ et /s/
1
Introduction
Depuis quelques années, de nombreux fabricants ont
pourvu leurs aides auditives de systèmes d’abaissement
fréquentiel : transposition, duplication ou compression
fréquentielle. Ces systèmes présentent certains avantages
indéniables pour les surdités en pente de ski. Tout d’abord,
ils offrent aux patients une meilleure audibilité des sons
aigus. En effet, en abaissant les fréquences les plus aigües
vers une zone fréquentielle où les seuils audiométriques
tonaux du patient sont meilleurs, l’amplification nécessaire
devient moins importante. Ceci permet de lutter contre les
problèmes d’effet larsen et facilite l’acclimatation du patient
à l’amplification. Cependant, l’effet de ces systèmes sur
l’intelligibilité reste encore difficile à évaluer. Quels bénéfices peut-on attendre de tels systèmes sur l’intelligibilité ?
Les performances évoluent-elles au cours du temps ? Quels
sont les candidats pour ces systèmes et quelles performances peut-on espérer ? Les différentes études anglosaxonnes ont montré une grande disparité des résultats
selon les sujets (Glista et al. 2009 ; Simpson et al., 2005,
2006). Ces systèmes semblent toutefois présenter un
intérêt pour les patients ayant une surdité sévère à profonde
sur les hautes fréquences.
L’audiométrie vocale révèle quotidiennement à l’audioprothésiste les difficultés de reconnaissance de certains
phonèmes pour les patients malentendants. Les surdités de
perception engendrent souvent chez les patients des distorsions et des confusions phonétiques.
Dans cette étude, nous nous intéressons aux cas de
patients habitués à la compression fréquentielle. L’analyse
des confusions phonétiques, faites par des patients habitués à ce traitement fréquentiel, devrait nous renseigner
sur les bénéfices qu’il est possible d’attendre du Soundrecover© et sur ses limites.
De par leur spectre, les fricatives sont les consonnes les
plus touchées par la compression fréquentielle. L’abaissement des fréquences aigües peut en modifier la perception.
C’est pourquoi nous avons décidé d’étudier plus précisément la perception catégorielle de ces fricatives. Pour cela,
nous avons élaboré un continuum /∫/ vers /s/. Ce continuum
a pour but d’apporter des éléments de réponse sur les
paramètres qui peuvent influencer la perception des fricatives et en particulier de répondre à la question suivante : le
port d’aides auditives à compression fréquentielle modifiet-il la perception catégorielle des consonnes fricatives /∫/ et
/s/ oreilles nues ? Notre hypothèse est qu’un malentendant
habitué à décoder une information fréquentielle comprimée
aura une perception catégorielle modifiée par rapport à un
malentendant habitué à une amplification conventionnelle.
2
Contexte actuel
La majorité des patients ayant une surdité neurosensorielle
présente une perte plus importante sur les fréquences
aiguës que sur les fréquences graves. Et lorsque cette perte
devient trop importante, les aides auditives à amplification
conventionnelle ne permettent pas de restituer correctement ces hautes fréquences, à la fois pour des raisons techniques mais également car les patients ne parviennent pas
à interpréter les informations qui leur sont fournies par ces
fréquences aiguës. Ces différentes difficultés à restaurer les
HF ont donc incité les chercheurs à explorer de nouvelles
voies. L’idée d’abaisser les fréquences les plus aiguës pour
adapter le signal aux capacités des malentendants n’est
pas nouvelle. En 1961, les travaux de Johansson et Risberg
avaient conduit à l’élaboration d’une aide auditive bi-canal
(Oticon TP 72). Il y eut également plusieurs essais d’abaissement fréquentiel par réduction de la vitesse de playback. Ces études ont montré certains bénéfices de cette
approche mais les systèmes utilisés entrainaient trop de
distorsions pour pouvoir être utilisés au quotidien. Depuis,
différents algorithmes aboutissant à un abaissement des
hautes fréquences ont été développés comme la compression linéaire de fréquences (Sekimoto et al. 1980) ou les
systèmes AVR transonic et ImpaCt basés sur la détection
de pics spectraux d’énergie et la transposition fréquentielle.
Plus récemment, sont apparus les systèmes Soundrecover© de Phonak (Compression fréquentielle non-linéaire),
Audibity Extender© de Widex (Transposition fréquentielle),
Spectral IQ© de Starkey (duplication et transposition
fréquentielle). Ces différents procédés ont en commun la
volonté de réhabiliter l’audibilité des fréquences aiguës et
d’améliorer l’intelligibilité grâce aux informations apportées
par ces fréquences.
Plusieurs études sur la compression fréquentielle utilisent
des tests de logatomes ou des tests de reconnaissance du
pluriel en anglais avec la détection du /s/ final (Glista et al.
2009, Wolfe, 2009). Les résultats sont encourageants mais
les auteurs notent souvent une grande variabilité suivant les
patients. Ces études semblent indiquer qu’un temps d’acclimatation à la compression fréquentielle est nécessaire
pour que le malentendant puisse exploiter les informations
comprimées.
Perception phonétique catégorielle
L’identification de la parole nécessite la sélection inconsciente d’unités discrètes. Il s’agit donc d’effectuer un
processus de caractérisation assimilable à une procédure
de décision. La perception catégorielle élimine la variabilité
acoustique non pertinente. Il existe dans un continuum une
zone frontière dont le franchissement fait basculer l’identification d’un phonème vers un autre.
Les Cahiers de l’Audition - N°4/2013
David COLIN 1,2,3
Audioprothésiste D.E
Doctorant en
Neurosciences
Prix du Collège
National
d’Audioprothèse
Prix du meilleur
Poster Scientifique
Mémoire réalisé
sous la direction du Pr
Stéphane GALLEGO 1,2
Audioprothésiste D.E
Docteur en Biomédical
Directeur des études
à l’ISTR de Lyon
1.
Institut des Sciences
et Techniques de la
Réadaptation
Université Claude
Bernard Lyon 1
8, avenue Rockefeller
69008 Lyon
2.
udition Conseil
A
22 rue Constantine
69001 LYON
3.
entre de Recherche
C
en Neurosciences
de Lyon
CRNL Inserm U1028
CNRS UMR5292 UCBLyon1
CH Le Vinatier Bâtiment 452
95 bd Pinel
69675 Bron Cedex
7
> DOSSIER
Deux stimuli distincts peuvent ne pas être discriminés s’ils sont
du même côté de la barrière ou au contraire discriminés s’ils sont
de part et d’autre de celle-ci. Ce phénomène « d’effet de frontière
phonétique » a été mis en évidence pour les voyelles en faisant
varier la hauteur des formants ainsi que pour les consonnes même
si les processus en jeu ne sont pas identiques.
as particuliers des fricatives
C
non voisées /s/ et /∫/
La perception des consonnes fricatives est particulièrement
touchée par la compression fréquentielle de par les caractéristiques spectrales de ces phonèmes. Dans notre étude, nous nous
sommes intéressés à la perception des phonèmes /∫/ et /s/. La
différence essentielle entre ces deux consonnes concerne leurs
plages fréquentielles respectives. Le bruit de friction du /∫/ est
compact et s’étend de 1500 à 7000 Hz. Le bruit de friction du /s/
est très compact et s’étend de 3000 à 11 000 Hz, avec la partie
centrale de cette zone qui est plus énergique. (X. Renard et F.
Lefèvre - Précis d’audioprothèse : Production, phonétique acoustique et perception de la parole p.193).
Parmi celles-ci, Zeng et Turner (1990) et Hedrick (1997) ont montré
que les malentendants avaient plus de difficultés à utiliser les transitions formantiques que les normo-entendants.
Les patients atteints de pertes auditives neurosensorielles ont
souvent des difficultés à percevoir les consonnes en particulier
pour les consonnes ayant des indices acoustiques dans les hautes
fréquences (Boothroyd, 1984 ; Dubno et al. 1982). Typiquement,
ces difficultés de perception ont été mises en relation avec la
détérioration de la sélectivité fréquentielle (Moore 1998 ; Rosen et
Fourcin 1986). Plusieurs études ont montré que les patients ayant
des pertes sévères n’étaient pas capables d’utiliser les informations
hautes fréquences qui leur étaient rendues audibles (Ching et al.
1998, Hogan et Turner, 1998). Les aides auditives ayant une bande
passante limitée (entre 3kHz et 6kHz), il est donc fort probable que
les malentendants appareillés n’utilisent pas les mêmes indices
acoustiques pour discriminer les consonnes que les normo-entendants ou que les malentendants non appareillés.
La perception de ces consonnes fricatives peut être particulièrement
altérée par les aides auditives à compression fréquentielle. En effet
en abaissant les fréquences les plus aigües, le bruit de friction peut
être abaissé. Il n’est pas rare que les patients le signale lorsque l’on
règle le niveaux de compression fréquentielle. Ils nous signalent
alors que cela « chuinte » un peu. Les /s/ sont alors perçus comme
des /∫/.
Dans le cas de prothèses auditives à compression fréquentielle, le
message vocal est modifié d’un point de vue fréquentiel. Il est donc
possible que cela entraine, chez les patients, des modifications de
traitement de l’information. C’est ce que nous souhaitons étudier
avec le continuum /∫/g/s/.
Figure 1 : Sonagrammes des logatomes /a∫a/ et /aSa/. Pour le /∫/
le bruit de friction s’étend principalement de 1500 à 7000Hz, alors
que pour le /s/, il s’étend de 5000 à 11 000 Hz
Pour les fricatives non voisées telles que /s/ et /∫/, on dénombre
quatre types d’indices acoustiques :
- La durée du bruit de friction (Hughes et Halle, 1956 ; Jongman,
1989)
- La fréquence du pic spectral du bruit de friction (Heinz et Stevens,
1961)
- Les transitions formantiques (Harris, 1958 ; LaRiviere et al. 1975 ;
Nittrouer et al. 1987)
- Les proéminences spectrales, parfois appelées « amplitudes relatives » (Hedrick et Ohde, 1993 ; Stevens, 1985)
Pour la perception catégorielle des fricatives /s/ et /∫/, le spectre
du bruit de friction joue un rôle primordial (Heinz et Stevens, 1961;
Hughes et Halle, 1956, Pittman et Stelmachowicz,2000). C’est l’indice acoustique qui a le poids le plus important pour la perception
catégorielle. Les transitions formantiques, quant à elles, renforcent
la perception catégorielle ou représentent un indice acoustique alternatif (Heinz et Stevens, 1961 ; Nittrouer, 1992). Quelques études se
sont intéressées à la façon dont les personnes malentendantes utilisaient les indices acoustiques pour identifier les fricatives.
8
Les Cahiers de l’Audition - N°4/2013
Notre hypothèse est que des patients habitués à la compression
fréquentielle auraient une perception catégorielle modifiée. Pour ces
patients, le fait d’être habitués à traiter une information compressée
sur les hautes fréquences modifierait leur perception et leur analyse
des informations fournies par les fréquences aiguës. Compte-tenu
des phénomènes de plasticité, il est possible que le port d’aides
auditives à compression fréquentielle entraîne un décalage vers les
fréquences graves de la frontière de perception entre le /∫/ et le /s/.
C’est ce que nous espérons observer grâce au test du continuum
/∫/g/s/ effectué oreilles nues.
3
Matériel et Méthode
. Etude Préliminaire :
1
Confusions phonétiques
Dans un premier temps, nous avons évalué les confusions phonétiques chez le malentendant appareillé avec un système à compression fréquentielle. Nous avons comparé ces résultats avec ceux
trouvés lorsque la compression fréquentielle était désactivée. Nous
avons également comparé ces résultats avec ceux de sujets appareillés avec des systèmes à amplification conventionnelle.
1.1. Sujets testés
La population testée est composée de 32 malentendants présentant
une surdité de perception. Parmi ces 32 sujets, 16 sont équipés
de systèmes à amplification conventionnelle et 16 sont équipés de
systèmes à compression fréquentielle.
DOSSIER <
Afin de mesurer les confusions phonétiques, nous avons utilisé un
test de logatomes de type Voyelle-Consonne-Voyelle enregistré avec
une voix de femme. Ce test comporte 16 logatomes : aBa, aCHa,
aDa, aFa, aGa, aJa, aKa, aLa, aMa, aNa, aPa, aRa, aSSa, aTa, aVa,
aZa. Chaque logatome existe sous 4 dictions différentes. Ce qui
donne un total de 64 logatomes par test. Nous avons développé une
application MATLAB© avec une interface graphique pour jouer ces
logatomes dans un ordre aléatoire et analyser les réponses données.
La passation de ce test se fait en champ libre, oreilles séparées.
L’oreille controlatérale à l’oreille testée est obturée par de la pâte à
empreintes. Pour les patients équipés d’aides auditives à compression fréquentielle, les patients sont testés avec le soundrecover©
activé et désactivé ainsi que sans aide auditive. L’intensité de passation est une intensité jugée confortable par le sujet à laquelle il est le
plus à même d’identifier les logatomes présentés.
de compression fréquentielle, Mr.B. fait davantage de confusions
sur les consonnes occlusives. Nous avons recherché un réglage
intermédiaire mais dans le cas de Mr.B, nous n’avons pas trouvé
de niveau de compression lui permettant de gagner sur les deux
tableaux. Les confusions passaient des fricatives aux occlusives
lorsqu’on franchissait la barrière suivante : Fc=3,7kHz CR=2,6:1.
Ces confusions du /s/ avec le /∫/ nous ont conduits à étudier plus en
détail la perception de ces fricatives à l’aide d’un continuum.
Réponses de Mr B.avec un niveau
de compression fréquentielle important.
Logatomes émis
1.2. Test effectué : Test de logatomes de type
Voyelle-Consonne-Voyelle (VCV)
1.3. Résultats du test de logatomes
Ces résultats montrent que la compression fréquentielle améliore
la distinction de certains traits acoustiques. On peut donc imaginer
que le malentendant aura plus de facilité à identifier des mots ou des
phrases s’il perçoit mieux certains traits acoustiques.
Toutefois, même si la compression fréquentielle semble améliorer la
reconnaissance de traits acoustiques et ainsi éviter des confusions
« lointaines », elle génère des distorsions qui peuvent engendrer des
confusions entre phonèmes proches. Certains malentendants tirent
un réel bénéfice de la compression fréquentielle (+ 20 % d’intelligibilité) alors que pour d’autres, elle génère des confusions. C’est
pourquoi, dans notre étude, comme dans d’autres, nous n’avons pas
trouvé d’amélioration de l’intelligibilité en moyenne.
Exemple du cas de Mr B. :
Nous avons d’ailleurs vu que les résultats négatifs de la compression
fréquentielle venaient principalement de quelques sujets qui identifiaient moins bien les fricatives avec la compression fréquentielle.
Le cas de Mr.B. (57 ans) est intéressant car il n’est pas isolé. Avec
son réglage habituel de compression fréquentielle, celui-ci confond
les fricatives les plus aigües avec celles plus graves. Pourtant, Mr.B
porte des aides auditives à compression fréquentielle plus de 11h
par jour depuis 20 mois. Devant ce genre de confusion, le reflexe est
de diminuer la compression fréquentielle. Cependant, les résultats
montrent qu’en augmentant Fc, c’est-à-dire en baissant le niveau
aSa
aFa
aJa
aZa
aVa
aCHa
4
0
0
0
0
0
aSa
4
0
0
0
0
0
aFa
0
0
4
0
0
0
aJa
0
0
0
4
0
0
aZa
0
0
0
4
0
0
aVa
0
0
0
0
0
4
Réponses de Mr B.avec un niveau
de compression fréquentielle important.
Logatomes émis
Les matrices de confusions des patients appareillés avec de la
compression fréquentielle montrent que les confusions se portent
sur des phonèmes moins « éloignés » acoustiquement : c’est-à-dire
entre phonèmes n’ayant qu’un ou deux traits acoustiques qui différent. Ainsi le trait grave/aigu est mieux identifié avec la compression fréquentielle (p<0,0002). En comprimant l’information dans
une zone où l’audition du patient est meilleure, celui-ci parvient
mieux à identifier si c’est la partie haute ou basse du spectre qui
domine. Le trait continu/discontinu est également mieux perçu avec
la compression fréquentielle (p<0,0001). En effet, certains patients
percevaient certaines occlusives comme des fricatives. Certainement à cause d’une mauvaise définition des informations aiguës
(transitions formantiques et surtout hauteur de la barre d’occlusion).
Ainsi, en abaissant les fréquences aiguës, ces informations sont
mieux identifiées. Le trait sonore (voisé) ou sourd est également
mieux perçu (p<0,001).
aCHa
aPa
aTa
aKa
aBa
aDa
aGa
aPa
4
0
0
0
0
0
aTa
0
0
4
0
0
0
aKa
0
0
4
0
0
0
aBa
0
0
0
4
0
0
aDa
0
0
0
0
2
2
aGa
0
0
0
0
0
4
Figure 2 : Cas de Mr.B. : En haut, avec le réglage de compression
fréquentielle Fc=1,5kHz et Cr = 2,5:1. Tous les phonèmes sont
correctement identifiés seuls les /s/ sont confondus avec des /∫/ et
les /z/ avec des /∫/. Ce qui va dans le sens d’un niveau de compression trop élevé. En bas, avec un réglage de compression fréquentielle moins important (Fc=3,7kHz, CR=2,6 :1) les fricatives sont
mieux identifiées, en revanche il y a plus d’erreurs sur les occlusives. Le score d’intelligibilité est le même pour les deux réglages
(87,5%).
2. Continuum /∫/g/s/
2.1 Sujets testés
L’ensemble de la population testée comprend 61 sujets. Cette population est divisée en trois groupes. Une population témoin formée
de normo-entendants (n=13). Une population composée d’individus
appareillés avec un système conventionnel (n=21). Une population
composée d’individus appareillés avec un système à compression
fréquentielle (n=27).
2.2 Tests spécifiques : Continuum /∫/g/s/
Nous avons testé la perception catégorielle de chaque sujet à l’aide
d’un continuum [a∫a] vers [aSa]. Ce continuum a été élaboré de la
manière suivante :
Le son de départ est un logatome [a∫a] que nous avons filtré à 1400Hz,
ceci nous a permis d’extraire la partie basse du spectre donc principalement les informations liées aux voyelles /a/ mais en limitant les
indices acoustiques en particulier les transitions formantiques. D’autre
part, à partir du même son de départ : le logatome [a∫a] non filtré, nous
avons extrait la zone de turbulence par filtrage passe-haut à 1400 Hz.
Les Cahiers de l’Audition - N°4/2013
9
> DOSSIER
Nous avons ensuite transposé cette zone de bruit pour créer 13 sons
espacés d’un demi-ton dont le bas du spectre de bruit va de 2000Hz
à 4000Hz. Nous avons ensuite fusionné la partie filtrée en passe-bas
avec chacune des parties filtrées en passe-haut. Nous avons ainsi
obtenu 13 sons dont seule la hauteur du bruit de friction varie. Pour
le son numéro 1, la zone de turbulence n’a pas été transposée, il est
donc très proche du logatome /a∫a/ non filtré. Seules certaines informations liées aux transitions formantiques ont été éliminées. Pour les
autres sons de 2 à 13, seule la zone de turbulence est transposée de
½ ton à chaque fois. Nous obtenons donc un écart d’une octave entre
le son numéro 1 et le son numéro 13. (Figure 3). Le son numéro 13
dont la zone de turbulence se situe au-dessus de 4000Hz est donc
clairement identifié comme un /aSa/.
Exemples de sons utilisés pour le continuum :
La figure 3 représente les spectrogrammes de trois des 13 sons
utilisés dans le continuum. Ces sons ont été élaborés à partir du
logatome [a∫a]. Ils sont composés de deux parties. La partie basse
du spectre est la résultante du logatome [a∫a] filtré avec un filtre
passe-bas coupant à 1400Hz. La partie haute, correspondant au
bruit de friction, est la résultante du logatome [a∫a] filtré en passehaut à 1400Hz et dont les parties correspondantes aux voyelles /a/
ont été éliminées. Notre continuum comprend 13 niveaux. D’un
niveau à l’autre seule la hauteur du bruit de friction change. Elle est
à chaque fois augmentée d’un demi-ton.
La figure 4 présente un exemple de résultats pour le test du continuum. Pour ce sujet, on remarque que lors des premiers niveaux,
tous les stimuli sont perçus comme étant des /a∫a/ (5 réponses [a∫a]
sur 5 stimuli présentés). Du niveau 7 au niveau 10, de moins en
moins de stimuli sont répertoriés comme étant des [a∫a] puis pour
les niveaux 10 à 13, tous les stimuli sont identifiés comme des [aSa].
Nous avons ensuite modélisé les réponses à l’aide d’une sigmoïde
afin de calculer le niveau correspondant à 50% de réponses [a∫a]
(noté N50%). C’est-à-dire le niveau du stimulus présenté à partir
duquel les réponses seront majoritairement des /s/. Ce niveau
correspond à la frontière de perception entre le /∫/ et le /s/.
Spectrogramme du niveau 1 : Ce son construit à partir du logatome
[a∫a] est perçu comme un [a∫a] par l’ensemble des sujets testés.
Spectrogramme du niveau 7 : Le bruit de friction a été transposé
de 6 demi-tons soit ½ octave. La partie basse du spectre est la
même que pour le niveau 1. Ce son est perçu comme étant un [a∫a]
par certains sujets et comme un [asa] par d’autres.
Figure 4 : Exemple d’analyse des réponses données par un sujet.
Les stimuli avec un bruit de friction bas sont clairement identifiés
comme étant des /a∫a/ et ceux ayant un bruit de friction plus aigu
comme des /aSa/.
4
Résultats
1. Résultats d’audiométrie
Pour les deux groupes de patients CF et NCF, les résultats audiométriques tonaux sont sensiblement les mêmes. La perte moyenne
calculée d’après les recommandations du BIAP est de 41,7dBHL
pour le groupe CF et 39 dB HL pour le groupe NCF (figure 5).
2. Continuum /∫/g/s/
Spectrogramme du niveau 13 : Le bruit de friction a été transposé
de 12 demi-tons soit une octave. La partie basse du spectre est la
même que pour le niveau 1. Ce son élaboré à partir d’un [a∫a] est
perçu comme étant un [asa] par l’ensemble des sujets de notre
étude.
Figure 3
10
Les Cahiers de l’Audition - N°4/2013
Au total, le test du continuum a été effectué sur 48 patients (soit
96 oreilles testées) et sur 13 normo-entendants (soit 26 oreilles
testées). La figure 7 donne les résultats du groupe de normo-entendants. La moyenne de la frontière de perception entre le /∫/ et le
/s/ (notée N50%) est de 8,74 et l’écart-type de 1,1 demi-ton. Les
valeurs vont de 7,2 à 11.Tous les normo-entendants ont montré une
perception catégorielle au continuum /∫/g/s/.
DOSSIER <
Nous avons testés 48 sujets équipés d’aides auditives à compression fréquentielle. Parmi eux, 6 sujets n’ont pas pu faire la distinction
entre le /∫/ et le /s/. Certains n’ont perçus que des /∫/. Pour les
autres, les résultats ne sont pas cohérents et semblent avoir été
donnés au hasard. La figure 7 donne l’ensemble des régressions
linéaires pour les sujets malentendants. Le niveau N50% moyen est
de 7,5 et l’écart-type de 2,44 demi-tons. Les valeurs du N50% vont
de 2,71 à 11,95. Les réponses sont significativement différentes
du groupe des normo-entendants (p<10-4;Test Khi²). La frontière de
perception moyenne se situe à 7,5 contre 8,74 pour les normoentendants. La frontière de discrimination se situe donc plus d’un
demi-ton en dessous de celle des normo-entendants (Figure 7 et 8).
Analyse ANCOVA des résultats du continuum /∫/g/s/.
Afin d’établir les paramètres permettant d’expliquer les différences
de résultats entre les sujets des groupes CF et NCF, nous avons
réalisé une analyse de covariance (ANCOVA). L’analyse ANCOVA
montre que le seuil à 3000Hz est le paramètre le plus fortement
corrélé au niveau N50%. Le tableau 9 donne les résultats de l’analyse ANCOVA recherchant le meilleur modèle. Le seuil à 3 kHz est le
paramètre le plus fortement lié au niveau N50%. On le retrouve dans
les différents modèles et sous forme de la dynamique D3000 pour
le modèle à 5 variables. Avec 5 paramètres, nous avons obtenus un
modèles intéressant : R²=0,51 et R² ajusté = 0,346.
Modèle déterminé par l’analyse ANCOVA :
N50% = 7,99 - 0,67*durée d’appareillage+0,14*SSI 10000,17*SSI 2000+0,091*Dyn3000-1,74*CF
Figure 5 : Seuils tonaux liminaires moyens et seuils subjectifs
d’inconfort. En vert, les seuils moyens des normoentendants,
en bleu, ceux des sujets disposant d’aides auditives à compression fréquentielle (noté CF, n= 27) et en violet, les seuils moyens
du groupe appareillé avec des aides auditives à amplification
conventionnelle (noté NCF, n=21).
Figure 6 : Ensemble des régressions linéaires pour les 13 normoentendants (26 oreilles). La moyenne des réponses pour les 13
normo-entendants est tracée en vert.
Moyenne N50% = 8,74. Ecart-type =1,1 demi-ton
5
Discussion
Les résultats du continuum montrent une plus grande variabilité de
la frontière de perception (notée N50%) pour les patients malentendants. Les résultats sont beaucoup plus homogènes pour les
normo-entendants (figures 6 et 7). En, moyenne les malentendants
testés distinguent le /s/ du /∫/ pour un niveau de bruit de friction
significativement plus grave que les normo-entendants (p=0,001).
Figure 8 : Régressions sigmoïdales des groupes des normo-entendants, des sujets avec compression fréquentielle (CF, en bleu) et
des sujets sans compression fréquentielle (NCF, en rouge).
Nbre de
variables
Variables
R²
R² ajusté
1
3000Hz
0,305
0,086
2
3000Hz / SSI 750
0,401
0,209
3
Durée d’appareillage / 3000Hz /
S750
0,417
0,228
4
Durée d’appareillage / 3000Hz / SSI
1000 Hz/ CF
0,477
0,305
5
Figure 7 : Ensemble des régressions linéaires pour les patients
malentendants n=42. La moyenne des réponses pour les 42
malentendants est tracée en violet. Moyenne N50% = 7,5. Ecarttype =2,44 demi-tons.
Durée d’appareillage / SSI 1000 /
0,510
0,346
SSI 2000 / Dynamique 3000 / CF
Tableau 9 : Suivant le nombre de paramètres choisis, l’analyse de
covariance, nous indique les paramètres les plus pertinents. On
observe qu’à partir d’une analyse de covariance à 4 paramètres,
deux critères ne sont pas audiométriques : la durée d’appareillage
et la présence de compression fréquentielle.
Les Cahiers de l’Audition - N°4/2013
11
> DOSSIER
La cinquième variable du modèle correspond au fait que le patient
porte des aides auditives à compression fréquentielle. Cette variable
qualitative décale le niveau N50% de 1,7 demi-tons vers les graves
dans notre modèle. Ainsi, pour les patients appareillés avec un
système à compression fréquentielle, leur perception catégorielle du
/s/, oreilles nues, est décalée vers les graves. Ces résultats semblent
aller dans le sens d’une plasticité induite par les aides auditives à
compression fréquentielle.
Le fait que notre modèle comporte deux critères liés à l’appareillage
conforte l’idée d’une plasticité de réhabilitation induite par le port
d’aides auditives. La perception catégorielle est alors modifiée afin
de s’adapter aux informations que le malentendant perçoit.
Figure 11 : N50% observés en fonction des niveaux N50% prédits
par notre modèle. n=42 sujets pour 84 oreilles testées et modélisées. R² =0,51 et R²ajusté = 0,346
Ces patients malentendants ont, semble-t-il, adapté leur perception
des fricatives afin d’exploiter au mieux les informations qui leur sont
audibles à la fois compte-tenu de leur perte auditive mais également
en fonction de la réhabilitation par les aides auditives.
Pour les patients malentendants, les résultats de l’analyse ANCOVA
montrent que le niveau frontière de perception entre le /∫/ et le /s/
(N50%) sont associés principalement à la perte auditive à 3000Hz.
Lors de la recherche d’un modèle, le seuil liminaire à 3000Hz est le
critère le plus pertinent (cf. tableau 10). Avec l’analyse ANCOVA, le
modèle à 4 paramètres met en avant deux paramètres non audiométriques : tout d’abord, l’ancienneté de l’appareillage et d’autre
part, le fait que le patient soit appareillé avec un système à compression fréquentielle.
Les résultats montrent que plus la perte à 3000Hz est importante
plus la frontière de discrimination sera décalée vers les graves.
Cette donnée se retrouve dans le modèle à 5 variables sous une
forme différente avec la dynamique à 3000Hz. Plus la dynamique
est faible, plus le niveau N50% est décalé vers les graves.
Dans notre modèle, on retrouve également les seuils subjectifs
d’inconforts à 1000Hz et à 2000Hz. Dans la formule du modèle, on
a 0,14*SSI1000 – 0,17*SSI2000. Ces deux variables combinées
correspondent à une pente des seuils d’inconforts qui est dans de
nombreux cas le reflet de la pente de la perte tonale liminaire et
d’une atteinte des cellules ciliées internes. Ainsi, plus la pente du
seuil d’inconfort entre 1000Hz et 2000Hz est importante plus la
frontière de perception est décalée vers les graves.
Un autre critère pris en compte est la durée d’appareillage. Plus
le patient est appareillé depuis longtemps plus son seuil N50% de
perception catégorielle est décalée vers les graves. Pour expliquer
ce phénomène, il faut distinguer deux cas : celui des aides auditives
à compression fréquentielle et celui des aides auditives à amplification conventionnelle. Pour les aides auditives à compression
fréquentielle, l’explication est assez simple car plus le patient porte
des aides auditives à compression fréquentielle depuis longtemps
plus son niveau N50% est décalé vers les graves. Ainsi, plus il est
habitué à entendre les fréquences aigües décalées vers les graves
avec ses aides auditives et plus sa frontière de perception catégorielle se situe à un niveau grave. D’autre part, pour les patients
appareillés avec des aides auditives à amplification conventionnelle,
une explication pourrait venir de la bande passante limitée sur les
aigus. Ainsi avec des appareils anciens et limités sur les aigus, la
perception catégorielle se ferait à un niveau plus grave.
12
Les Cahiers de l’Audition - N°4/2013
Pour confirmer ces résultats, il serait intéressant de mener une
étude longitudinale sur des patients nouvellement appareillés avec
de la compression fréquentielle. Cela nous permettrait d’observer
les variations de cette perception catégorielle dans le temps.
D’un point de vue prothétique, on pourrait également imaginer
régler le niveau de compression fréquentielle en fonction des résultats au test du continuum /∫/g/s/ afin de permettre au patient de
retrouver un niveau de perception catégorielle identique au groupe
des normo-entendants. Ceci consisterait à faire le test du continuum
/∫/g/s/ en champ libre avec les aides auditives et d’ajuster le niveau
de compression fréquentielle pour retrouver la valeur normative.
6
Conclusion
Les résultats de ce mémoire montrent que la compression fréquentielle ne fournit pas systématiquement d’amélioration sur la perception des consonnes dans le silence. Certains sujets en tirent un réel
bénéfice en termes d’intelligibilité (jusqu’à +20% avec la compression fréquentielle) alors que pour d’autres les résultats peuvent être
négatifs. L’analyse par traits acoustiques montre que la compression
fréquentielle améliore significativement les confusions phonétiques
« lointaines » mais qu’elle peut engendrer des confusions entre
phonèmes « proches ». Ainsi, en améliorant la détection de certains
traits acoustiques, nous pensons que la compression fréquentielle
devrait permettre à certains malentendants d’avoir une meilleure
intelligibilité de la parole. D’autre part, notre analyse par traits articulatoires n’a pu aboutir à des résultats significatifs, mis à part pour
le voisement qui est également un trait acoustique (sonore/sourd).
Ceci conforte l’idée qu’une analyse basée sur les traits acoustiques
est plus pertinente qu’une analyse par traits articulatoires pour
mettre en évidence les modifications de perception de phonèmes et
l’intérêt de la compression fréquentielle.
Au niveau des confusions phonétiques, nous avons noté une amélioration importante (entre 6% et 7%) sur la perception de certaines
occlusives en particulier /p/ et /t/ pour de nombreux patients. Nous
avons également noté que la compression fréquentielle pouvait avoir
un effet délétère en particulier sur les fricatives ayant le spectre le
plus aigu : /s/ et /z/. Ces résultats doivent mettre en garde contre
un réglage de niveau de compression fréquentielle trop important.
Mais ils peuvent également venir de difficultés de perception catégorielle des fricatives pour le patient du fait de sa perte auditive sur
les aigus.
Les résultats du continuum /∫/g/s/. ont montré une grande disparité
de la frontière de perception des fricatives chez les malentendants
alors que pour les normo-entendants, les résultats sont beaucoup
plus homogènes. Les résultats montrent que la perception catégorielle de la paire minimale /∫/-/s/ est liée à plusieurs paramètres :
DOSSIER <
à savoir, les seuils liminaires (en particulier autour de 3000Hz), la
dynamique auditive mais également deux paramètres non audiométriques : la durée d’appareillage avec les aides auditives actuellement
portées et la présence d’un système à compression fréquentielle. Ce
modèle nous montre que plus la perte auditive est importante autour
de 3kHz, plus la frontière de perception catégorielle sera décalée
vers les graves. De même, plus la dynamique auditive résiduelle
à 3000Hz sera réduite plus cette frontière de discrimination sera
décalée vers les graves. D’autre part, un patient équipé d’aides
auditives à compression fréquentielle aura une frontière de perception des phonèmes /∫/ et /s/ décalée vers les graves. A perte auditive
équivalente, ce décalage est de 1,7 demi-ton en moyenne vers les
graves pour un sujet habitué à la compression fréquentielle testé
oreilles nues. Enfin, plus le patient porte ses aides auditives depuis
longtemps, plus ce niveau est décalé vers les graves. Les différences de niveaux de frontière catégorielle observée pourraient être
le reflet d’une certaine forme de plasticité neuronale. Les critères
audiométriques mis en évidence par l’analyse ANCOVA semblent
refléter une plasticité liée à la privation auditive. La perception catégorielle est modifiée en fonction de la perte auditive. Les critères liés
à l’appareillage, à savoir l’utilisation d’un dispositif à compression
fréquentielle et la durée d’appareillage, semblent mettre en avant
une plasticité liée à la réhabilitation auditive. Il nous paraît donc très
intéressant de prolonger nos investigations par une étude longitudinale avec des patients nouvellement appareillés afin d’étudier les
modifications de perception catégorielle que pourrait entrainer la
compression fréquentielle.
Remerciements
Merci à Stéphane Gallégo pour son aide à la réalisation de ce travail
et pour son soutien permanent. Merci à Audition Conseil qui finance
ces travaux de recherche en neurosciences sur l’étude des phénomènes de réattribution fréquentielle chez le malentendant. Merci à
toute l’équipe du CRNL, ISTR, UCBL et au professeur Éric Truy. Merci
également aux membres du Collège National d’Audioprothèse et de
l’UNSAF pour l’intérêt qu’ils ont porté à ces travaux.
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14
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Conception et réalisation d’une
plateforme audiométrique logicielle
munie d’un simulateur d’aide auditive
1
Simon Doue
315 chemin
des térébinthes
34830 Clapiers
simon.doue@gmail.
com
Introduction
L’audiométrie vocale, corrélée à une audiométrie tonale
liminaire et supraliminaire, permet de diagnostiquer le
bénéfice que pourra apporter un appareillage en terme
d’intelligibilité du langage. Seulement, la psychoacoustique
nous apprend que les basses fréquences ont un effet
masquant sur les hautes fréquences. Une grande
majorité des personnes malentendantes ayant une
perte auditive située principalement sur les fréquences
aigues, une audiométrie vocale classique ne pourra pas
systématiquement prédire le bénéfice d’une future aide
auditive, puisque l’effet masquant des basses fréquences
se fera ressentir quelle que soit l’intensité sonore du test.
2
Objectifs
L’objectif de ce mémoire sera donc la réalisation d’un
audiomètre logiciel pour pallier à cette lacune. Il pourra
effectuer des audiométries tonales et vocales et enregistrer
les résultats des tests. Il sera doté d’un simulateur d’aide
auditive, entièrement paramétrable, avec gestion des gains
et de la compression pour chaque canal de fréquence, afin
de pouvoir réaliser une audiométrie vocale en situation
d’appareillage (dans le calme et dans le bruit). Un préréglage
basé sur l’audiogramme tonal sera également intégré pour
faciliter son utilisation.
Un deuxième aspect qui sera développé sur cette
plateforme audiométrique est la possibilité de pouvoir saisir
numériquement, puis comparer les omissions et confusions
phonétiques de chaque mot répété. Ceci permet de pouvoir
visualiser facilement, et de manière globale, les fréquences
défaillantes lors de l’écoute du patient, via un tableau de
résultats.
Une dernière fonctionnalité développée est la gestion de
base de données audiométriques, permettant d’effectuer
des statistiques sur des populations de patients. Grâce à la
saisie des données obtenues lors des tests, l’utilisateur peut
ainsi facilement corréler ces résultats audiométriques avec
des caractéristiques comme l’âge, le type de pathologie
auditive, les antécédents médicaux, la profession, etc.
3
Conception algorithmique du
simulateur d’aide auditive
L’algorithme répondra aux fonctionnalités de base d’une
vraie aide auditive : gestion du gain, de la compression (TK
et CR), et du MPO, pour chaque canal de fréquence. Il sera
décomposé en 2 fonctions.
- La première sera chargée de « préparer » le signal et sera
donc appelée « prétraitement » :
Son rôle consistera à ajuster la liste vocale aux besoins de
l’utilisateur : niveau d’entrée calculé en fonction des valeurs
d’étalonnage du dispositif, ajout d’un bruit de cocktail au
rapport signal à bruit désiré (Fig 1).
- La seconde fonction sera appelée « traitement » et son
rôle sera de donner l’amplification décrite dans le réglage,
comme pour une vraie aide auditive.
Elle va dans un premier temps « découper » la liste de mots
en canaux de fréquences correspondant aux canaux du
simulateur (Fig 2) à l’aide de filtres IIR passe-bandes. Puis,
pour chaque canal, et en fonction de son réglage, elle va
procéder à une analyse par paquets d’échantillons afin d’en
déduire le niveau d’entrée en dB (SPL), et modifier le niveau
de sortie de chaque paquet d’échantillons (Fig 3).
Afin de pouvoir ajuster le temps d’attaque et de retour
induit par cette analyse par paquets d’échantillons, une
fonction de pondération polynômiale, visant à privilégier
de manière ajustable les échantillons les plus récents, a
été conçue. Elle permet alors d’augmenter la réactivité de
la compression et donc de diminuer le temps d’attaque.
Elle est de la forme: s(t) = ata + 1- b.
Figure 1 : Schéma de fonctionnement de la fonction
« Prétraitement »
Matériel
- Un ordinateur muni du logiciel Matlab, un casque audio
TDH 39P, des listes vocales de Fournier.
- Un dispositif d’étalonnage : sonomètre, oreille artificielle.
16
4
Les Cahiers de l’Audition - N°4/2013
Figure 2 : Schéma de fonctionnement de la fonction
« Traitement » : découpage par canaux de fréquences
DOSSIER <
Afin de s’assurer qu’un son de niveau constant soit toujours
évalué de la même manière, ces paramètres sont liés par
l’égalité :
b (a + 1)
a=
avec n le nombre d’échantillons de la
na
fenêtre d’analyse du signal (Figure 4).
5
Analyse du signal et vérification
du fonction du simulateur d’aide
auditive
Plusieurs fonctions d’analyse vont ensuite être créées pour
vérifier le comportement du simulateur, dont les résultats
sont décrits aux figures 6, 7 et 8, à partir du tableau de
réglage (Figures 5).
6
Expérimentation du logiciel sur
des sujets malentendants
Figure 4 : Application d’une fenêtre de pondération(en
haut à droite, et en bas) à un son pur de fréquence 100 Hz
d’intensité constante d’une durée de une seconde (en
haut à gauche), avec : a=2 et b=0.8 en haut à droite, a=1
et b=0.5 en bas à gauche, a=3 et b=0.8 en bas à droite.
Le bon choix de la valeur de a pour chaque valeur de a et
de b assure que l’aire de la surface colorée est la même
sur les 4 graphiques. Ainsi, le niveau estimé du signal
reste constant si le niveau du signal de départ l’est aussi.
Il a été réalisé sur chaque sujet et pour chaque oreille: une
audiométrie tonale liminaire en conduction aérienne au
casque, une audiométrie vocale en conduction aérienne au
casque, avec et sans simulateur d’aide auditive.
Figure 3 : Schéma de fonctionnement de la fonction
« Traitement » : calcul et application du gain pour chaque
canal de fréquence
Fréquences de coupures des canaux
(Hz)
100300
Figure 6 : Réponse en fréquence du simulateur sur trois
niveaux d’entrée : 40, 70 et 90 dB (SPL), en fonction
du réglage voulu. Sur les figures du haut sont affichés
les niveaux de sortie attendus, qui correspondent à ce
réglage, et sur les figures du bas le niveau de sortie réel
du signal traité par le simulateur. A droite, la largeur des
canaux a été modifié en passant de 100 à 97%, afin de
réduire l’effet de « bosses » d’amplification créé sur les
fréquences à cheval entre 2 canaux.
300500
500900
9001400
14002300
23003500
35005600
56008000
gain linéaire (dB SPL)
0
0
10
15
20
30
40
30
seuil de compression (dB SPL)
45
45
45
45
45
45
45
55
taux de compression AGCI
1
1
1
1,1
1,3
1,4
1,7
2,5
AGCO (dB SPL)
95
95
95
95
95
95
95
95
taux de compression AGCO
5
5
5
5
Figure 5 : Tableau de réglage de l’AAS choisi pour les tests de fonctionnement
5
5
5
5
Les Cahiers de l’Audition - N°4/2013
17
> DOSSIER
L’algorithme de calcul du réglage du simulateur a été inspiré de
la méthode NAL-R. Toutes les données relatives aux tests ont été
collectées directement sur le logiciel, et tout les calculs statistiques
sur la population testée ont été effectués automatiquement par
celui-ci (Figures 9, 10, et 11).
La population testée possède une perte auditive moyenne de type
Moyenne I sur les deux oreilles. Tout les patients possédaient des
pertes sur les deux oreilles, allant de Légère à Moyenne II.
Figure 7 : Courbes de transferts en niveaux du simulateur pour les
fréquences 250 et 6000Hz.
Les courbes d’intelligibilités montrent une amélioration sur les deux
oreilles et sur toutes les intensités, avec des intervalles de confiance
à 95% qui ne se recoupent pas (Figure 10). Il y a donc une
amélioration de l’intelligibilité avec le simulateur et les préréglages
proposés. Le gain d’intelligibilité est en moyenne de 38% sur l’oreille
droite et 22% sur l’oreille gauche.
Il a été calculé en faisant la moyenne des différences des valeurs
sur les intensités possédant les deux valeurs, et dont l’intervalle de
confiance est disjoint.
Cela nous donne donc une moyenne de 30% d’amélioration sur les
deux oreilles.
Les tableaux de résultats phonétiques montrent les mêmes résultats
en terme d’intelligibilité, mais ils permettent de mieux détailler
l’amélioration de celle-ci, par exemple de constater qu’elle est
meilleure pour les consonnes, notamment plosives, que pour les
voyelles et semi-voyelles.
Figure 8 : Temps d’attaque et de retour du simulateur avec pondération, de paramètres a=4 et b=0.8, une fenêtre de traitement de
2200 échantillons, et un taux de recouvrement de 92,7%.
Figure 9 : Moyenne des audiogrammes tonals liminaire au casque
des patients testés.
18
Les Cahiers de l’Audition - N°4/2013
Figure 10 : Moyenne des audiogrammes vocaux des patients
tests. La moyenne a été calculée en % de phonèmes correctement
répétés, par intensité. Les courbes en vert représentent les résultats avec le simulateur.
DOSSIER <
7
Discussion et conclusion
1. Résultats
Les tests d’analyse du signal réalisés sur le simulateur se sont
révélés concluant sur le bon fonctionnement du dispositif. Il aurait
été intéressant de faire une analyse «réelle» avec une chaîne de
mesure, mais les résultats obtenus devraient normalement être
sensiblement les mêmes, si la qualité des transducteurs utilisés
(carte son de l’ordinateur et écouteurs) est bonne.
Les résultats des tests audiométriques ont montré une amélioration
de l’intelligibilité des patients sur à peu près toutes les gammes
d’intensités testées. On peut donc conclure que le simulateur tel
qu’il a été configuré pour les tests (Figure 5) avec la méthode de
préréglage utilisée ,apporte un gain d’intelligibilité de 30% sur les
patients testés (surdité Légère à Moyenne II).
2. Améliorations
La méthode de préréglage utilisée ici (NAL-R) est relativement
ancienne. Il serait donc intéressant d’ implémenter des méthodes
plus récentes telles que NAL-NL 2.
3. Conclusion
Les tests numériques, ainsi que les audiométries réalisées, concluent
sur la validité technique de la plateforme audiométrique numérique
réalisée lors de ce mémoire. Une suite logique de cette étude serait
de mesurer la pertinence des tests audiométriques réalisés avec le
simulateur, en tant qu’outil d’évaluation pour la réussite d’un futur
appareillage d’un malentendant.
La possibilité de pouvoir regrouper automatiquement toutes les
données phonétiques collectées des listes de vocales (Figure
11) devraient, lors d’une audiométrie vocale en champ libre,
sujet appareillé, permettre de pouvoir plus facilement détecter
les fréquences défaillantes pour l’intelligibilité. Une étude plus
approfondie pourrait la aussi être réalisée.
Enfin, le module de statistiques, combiné avec une base de données
audiométriques importantes, pourrait permettre une amélioration
des connaissances sur les différentes particularité des déficiences
auditives : antécédents médicaux, traumatismes sonores,
corrélations entre audiométrie tonale et vocale, classification des
presbyacousies...
Il aurait été plus pertinent de pouvoir analyser les données
phonétiques en terme de confusions avec d’autres phonèmes que
par notation simple des erreurs. La plateforme ne disposait pas de
cette fonctionnalité au moment des tests, mais a été ajoutée depuis.
De même, un algorithme de transfert d’information sonore vers
d’autres fréquences tel que la compression ou la transposition
fréquentielle serait un atout pour le diagnostic d’un appareillage
futur et n’était pas présent au moment des tests, mais a ensuite été
implémenté (transposition).
Figure 11 : Différence de pourcentage de phonèmes répétés, par phonème et par intensité, entre les listes de mots présentés avec et sans
AAS sur l’oreille gauche.
Les Cahiers de l’Audition - N°4/2013
19
Audiométrie vocale :
Etude de l’intelligilibite dans le bruit chez le
normo-entendant et détermination de courbes
vocales de référence
1
Florian GOUJON
Audioprothésiste D.E.
florian.ouest.audition@
gmail.com
Introduction
L’évolution croissante des technologies dans le domaine
de l’audioprothèse amène le professionnel de l’audition
à répondre aux besoins du patient, à savoir : « entendre
mais surtout comprendre la parole en présence de bruit ».
Désormais, l’audioprothésiste, disposant de matériels
ainsi que de logiciels de plus en plus sophistiqués, peut
quantifier la gêne sociale entraînée par la dégradation de
l’audition. Outre l’examen tonal et vocal dans le silence,
l’audiométrie vocale dans le bruit apporte ces informations
précieuses, tant au niveau du bilan d’orientation que du
contrôle d’efficacité prothétique immédiat et permanent.
Pourtant simple et rapide à effectuer, l’audiométrie vocale
dans le bruit reste un examen peu pratiqué en France. De
plus, en parcourant la littérature, seuls quelques ouvrages
y font référence.
Cette carence d’informations contraste très nettement
avec l’examen vocal au calme. En effet, bon nombre de
revues audioprothétiques traitent régulièrement de l’audiométrie vocale dans le silence. J.E. FOURNIER fut l’un des
précurseurs de cette pratique : ses travaux effectués dans
les années 50 ont permis de mettre au point des épreuves
d’intelligibilité encore couramment pratiquées de nos jours.
Dans son ouvrage intitulé « Audiométrie Vocale », il relate
l’élaboration de ces épreuves vocales tout en déterminant
des courbes vocales de référence nécessaires à l’interprétation de chaque test 1 (Figure 1).
- L1 glogatomes
- L4 gphrases courtes
- L2 gmots monosyllabiques - L5 gphrases longues
- L6 gtexte continu
- L3 gmots dissyllabiques
En revanche, on constate qu’après passation d’un test vocal
dans le bruit, l’audioprothésiste reporte ses résultats sur un
graphique où n’est retranscrite aucune courbe de référence
(Figure 2).
Par conséquent, quel que soit le matériel phonétique utilisé,
l’audioprothésiste ne peut pas comparer et interpréter les
pourcentages d’intelligibilité obtenus à ceux d’un normoentendant.
C’est pourquoi définir des valeurs de référence sur des
tests vocaux effectués dans le bruit en se basant sur les
expérimentations de J.E. FOURNIER peut s’avérer être intéressant et utile à chacun. Ce constat nous amène à définir
une problématique essentielle, à laquelle cette étude apportera des éléments de réponse : « Chez le normo-entendant, quelles courbes d’intelligibilité vocale de référence
obtenons-nous en milieu bruyant selon le matériel vocal
utilisé ? »
L’objectif de ce travail consiste à étudier l’évolution de
l’intelligibilité dans le bruit chez le normo-entendant afin
de déterminer des courbes vocales de référence pour le
matériel vocal suivant : logatomes de Dodelé, mots mono
et dissyllabiques de Fournier et phrases de Combescure.
2
Etude théorique
L ’audiométrie vocale
dans le bruit (AVB)
Mode d’audition 3
20
Figure 1 : Courbes d’intelligibilité vocale de référence
établies en milieu calme en fonction du type de matériel
vocal utilisé 1
Afin d’être accessible à bon nombre d’audioprothésistes,
l’audiométrie vocale en présence de bruit peut s’envisager
de différentes manières :
Figure 2 : Courbe vocale optimale post-appareillage
déposée de façon arbitraire 2
Figure 3 : Positionnement de la voix et du bruit suivant le
nombre de haut-parleurs
Les Cahiers de l’Audition - N°4/2013
DOSSIER <
• Soit au casque : signal utile et bruit perturbant étant
alors délivrés simultanément sur les mêmes écouteurs,
un audiomètre bi-canal est indispensable. Cette pratique
n’est pas à privilégier puisque, idéalement, signal et
bruit doivent être séparés afin de pratiquer un test plus
représentatif de la réalité.
• Soit en champ libre : cette pratique requiert la participation
d’un matériel plus conséquent comme la présence de
haut-parleurs amplifiés. Idéalement, il est recommandé
de posséder au minimum trois haut-parleurs mais, afin
de se rapprocher au mieux des conditions d’écoute de
la vie réelle, cinq voire sept sont nécessaires (Figure 3).
Quelle que soit la configuration dont dispose le sujet, le
mode d’émission reste le même, à savoir :
• la voix (appelé signal utile) diffusée sur le haut-parleur
central, à azimut 0°,
• le bruit (appelé signal perturbant) tel que l’OVG de Dodelé
ou le bruit de type « Cocktail Party » diffusé simultanément
par les autres haut-parleurs.
Ce procédé nécessite l’utilisation d’un logiciel tel
que BioSoundSystem ou Digivox par exemple. Ces
programmations permettent de limiter les manipulations et
de reproduire facilement les conditions du test pour une
utilisation de routine.
Matériel phonétique 3
L’ensemble du matériel phonétique utilisé par l’audiométrie
vocale dans le silence peut être testé pour l’audiométrie
vocale dans le bruit. Il est donc possible d’évaluer
l’intelligibilité de la personne en présence de bruit par
l’intermédiaire de logatomes, de mots monosyllabiques ou
dissyllabiques ou bien de phrases.
Valeurs recherchées dans le cadre d’une
interprétation vocale
Etant donné le faible nombre de publications françaises
concernant l’audiométrie vocale dans le bruit, il n’existe
aujourd’hui aucune référence bibliographique relatant
l’interprétation correcte d’une courbe d’audiométrie vocale
dans le bruit. Cependant, différentes notions sont à prendre
en compte :
1. le seuil de reconnaissance vocale (point jaune, noté SRV
ou SRT) correspondant, par analogie à l’audiométrie
vocale dans le silence, au seuil d’intelligibilité,
2. La pente de la courbe (double flèche rouge), c’est-à-dire
l’angle que forme la courbe du patient avec l’axe des
50% d’intelligibilité,
Le maximum d’intelligibilité (point bleu), qui est le
3. pourcentage de mots compris au sommet de la courbe
(Figure 5).
Intérêts de l’audiométrie vocale
dans le bruit 4
Les avantages dont dispose l’audiométrie vocale en
présence de bruit sont nombreux et découlent des carences
de l’audiométrie vocale dans le silence :
• Informer le patient et son entourage des possibilités et
parfois des limites probables de l’appareillage,
% d’intelligibilité
Mode de passation 3,4
Lors de la réalisation d’une épreuve d’audiométrie vocale
en présence de bruit, deux options peuvent s’envisager
pour modifier le rapport signal/bruit :
• Soit faire varier progressivement le niveau de parole tout
en gardant un niveau de bruit constant à 60dB SPL,
RSB (dB)
Figure 4 : Audiogramme vocal en présence de bruit
• Soit faire varier progressivement le niveau de bruit tout en
gardant un niveau de parole constant à 65dB SPL.
Cette deuxième méthode, davantage représentative de la
réalité, permet d’estimer le niveau de compréhension de
nos patients (avec ou sans aide auditive) selon le niveau de
bruit qui les entoure.
Représentation graphique 3 (Figure 4).
Afin de faciliter la lecture et l’interprétation des résultats
de chacun, la représentation des résultats d’un test
d’audiométrie vocale en présence de bruit s’apparente à
celle utilisée pour l’audiométrie vocale dans le silence.
Figure 5 : Caractéristiques d’une courbe d’intelligibilité
vocale en présence de bruit
Les Cahiers de l’Audition - N°4/2013
21
> DOSSIER
• Objectiver des pertes n’apparaissant pas en audiométrie vocale
dans le silence telles que les pertes légères ou les pertes obscures,
• Orienter et justifier le choix prothétique en démontrant, lorsque cela
est nécessaire, la supériorité d’un appareillage stéréophonique,
d’un microphone directionnel, du traitement du signal, d’un
appareillage CROS ou de l’appareillage d’une perte légère,
• Comparer dans des circonstances rigoureusement identiques
différents réglages et/ou différents programmes,
1. Disposer d’une cabine insonorisée ou d’une salle de mesures
audioprothétiques d’une surface minimale de 10m2 et d’un
volume utile minimal de 15m3,
2. Un niveau de bruit de fond équivalent inférieur ou égal à 40dB SPL
pondéré A mesuré sur une période d’une heure,
3. Un temps de réverbération inférieur à 0,5 secondes à partir de
l’octave 500Hz, permettant de se rapprocher des conditions de
champ libre 5 (Figure 6).
• Evaluer les chances de réussite de l’appareillage, l’efficacité des
réglages et les améliorer si besoin,
• Evaluer les nouvelles technologies proposées par les appareils
auditifs,
• Personnaliser son travail.
Limites de l’audiométrie vocale
dans le bruit 4
L’utilisation d’un bruit synthétique trop stationnaire tel que le bruit
blanc reste peu réaliste et ne présente par conséquent que peu
d’intérêt.
Ce test peut être perçu comme trop perturbant pour certains
patients (stress, angoisse) et peut altérer leur attention et donc leur
compréhension, surtout lorsqu’on utilise des logatomes.
Enfin, effectuer ce test au casque ne semble pas représentatif de la
réalité. Dans cette situation, les avantages de l’écoute binaurale, le
démasquage, ainsi que la qualité des indices de localisation spatiale
n’interviennent plus.
3
Etude pratique
Présentation des conditions de réalisation
Conditions matérielles
L’audiomètre
Pour l’audiométrie tonale réalisée au casque, nous avons utilisé
un ordinateur relié à un audiomètre calibré et muni d’un casque, il
s’agit de l’Aurical Plus du fabricant GN Otometrics (Figure 7).
Logiciel : le BioSoundSystem
Concernant les épreuves vocales en milieux calme et bruyant, c’est le
logiciel BioSoundSystem qui fut utilisé pour tester la compréhension
des patients avec cinq haut-parleurs disposés de la façon suivante
(Figure 8 et 9).
Système de communication sans fil
Durant l’audiométrie vocale en milieu bruyant, un système de
communication sans fil développé par Sony fut utilisé afin d’entendre
correctement les réponses du sujet testé et d’éviter ainsi toute erreur
d’interprétation de l’opérateur.
La technologie de communication employée ici est du Bluetooth
avec un émetteur mis à disposition du sujet testé et un récepteur
pour l’opérateur (Figure 10).
Afin d’établir des réponses fiables et non contestables, le local ainsi
que le matériel nécessaire destinés aux mesures audiométriques
doivent répondre à plusieurs conditions. Il est alors possible de
comparer chez un même patient plusieurs examens effectués à
différents moments et par différents opérateurs.
La cabine de mesures audioprothétiques
La salle de mesures audioprothétiques utilisée pour la réalisation
des mesures tonales et vocales est une pièce respectant le décret
du 10 juin 1985 n° 85-590 fixant les conditions d’aménagement,
à savoir :
Figure 7 : Aurical plus (GN otometrics)
Figure 9 : Positionnement
des haut-parleurs
Figure 6 : Salle de mesures audioprothétiques
22
Les Cahiers de l’Audition - N°4/2013
Figure 8 : Logo BioSoundSystem
DOSSIER <
A noter que ce critère de sélection est en accord avec la tranche
d’âge préalablement définie puisque la courbe audiométrique
moyenne d’un sujet âgé de 30 ans n’excède pas 20dB HL sur toute
la bande fréquentielle sélectionnée 7 (Figure 12).
Critère de sélection vocale
Figure 10 : Système microphonique ECM-AW3, SONY
Calibration
Enfin, avant d’entamer notre étude, le matériel utilisé fut calibré, à
la fois pour l’audiométrie tonale et pour l’audiométrie vocale via le
BioSoundSystem.
4
Enfin, concernant l’audiométrie vocale dans le silence, il convient
que celle-ci reste en accord avec l’audiométrie tonale. De ce fait, la
personne testée ne doit pas avoir de difficultés de compréhension
en milieu calme, c’est à dire pas de problème cochléaire ou rétrocochléaire.
Par conséquent, le critère de sélection vocal est le suivant : présenter
en champ libre 90 à 100% de compréhension en binaural et au
calme à 40dB SPL (point rouge) sur au moins une des deux listes
de mots dissyllabiques de J.E. FOURNIER présentées (Figure 13).
L’échantillon de population testée
Pour la réalisation de ce travail, on se doit de définir au préalable
différents critères de sélection. Dans le cadre de l’obtention de
valeurs de référence en milieu bruyant selon le matériel vocal choisi,
il importe de sélectionner des personnes normo-entendantes.
Critère d’âge
Tout d’abord, le critère de l’âge doit être pris en compte. En effet,
des travaux relatant la perception des logatomes dans le bruit par
tranche d’âge chez les normo-entendants ont mis en évidence une
dégradation des capacités de discrimination du signal utile lors de
l’expansion du bruit avec l’avancée en âge 6 (Figure 11).
Figure 12 : Courbes audiométriques moyennes en fonction de
l’âge 7
Cette diminution d’intelligibilité étant significative à partir de la
tranche d’âge 30/40 ans pour des RSB négatifs, le choix s’est donc
porté sur des personnes ne dépassant pas la trentaine.
Critère de sélection tonale
D’un point de vue tonal, les sujets testés ne doivent pas être
hypoacousiques. C’est pourquoi il fut convenu d’accepter pour la
suite des tests, toute personne ayant, à l’oreille droite et à l’oreille
gauche, des seuils liminaires compris entre 0 et 20dB HL entre
250Hz et 8000Hz.
Figure 13 : Critère de sélection vocal
Figure 11 : Perception des logatomes dans le bruit par tranche d’âge chez les normo-entendants
Les Cahiers de l’Audition - N°4/2013
23
> DOSSIER
Récapitulatif de sélection
Remarques
3 critères sont donc à remplir :
1. Avoir entre 20 et 30 ans,
2. Avoir une audiométrie tonale liminaire ODG ≤ 20dB HL,
3. Avoir 90 à 100% de compréhension en binaural et au calme à
40dB SPL.
Lorsque les 3 critères précédemment énoncés sont respectés, on
peut établir nos courbes de référence via l’audiométrie vocale dans
le bruit.
5
Protocole d’étude de l’audiométrie
vocale en milieu bruyant
Configuration
Il importe également de prendre en compte le fait que seules les
listes de logatomes de Dodelé sont équilibrées en difficulté.
Pour les autres matériels phonétiques, étant donné l’énorme impact
de la suppléance mentale lorsque l’on utilise du matériel vocal
avec signification, le score vocal en fonction du RSB nécessitera le
passage de plusieurs listes par RSB si l’on veut obtenir une courbe
fiable. C’est pourquoi, comme le préconisait J.E. FOURNIER dans les
années 50, 4 listes par RSB seront testées. Toutefois, ne souhaitant
pas dépasser 1h de test afin de ne pas fatiguer le sujet, les RSB
+6dB et -9dB ne seront testés que par une seule liste. En effet, ce
qui importe lors de l’élaboration d’une courbe est son allure. Il est
à noter que cette règle ne fut applicable que pour les mots mono et
dissyllabiques de Fournier puisque seules 10 listes de 10 phrases
pour Combescure sont disponibles sur le BioSoundSystem.
Quel que soit le matériel phonétique choisi, l’emplacement du signal
utile et de la source de bruit reste le même (Figure 14) :
6
Résultats statistiques et discussion
Statistiques descriptives de la population
Un nombre conséquent d’individus a dû être testé afin d’obtenir
des résultats fiables et représentatifs. C’est pourquoi 33 personnes
(17 hommes, 16 femmes) répondant aux 3 critères requis et
précédemment énoncés furent testées (Figure 15).
Résultats issus des logatomes de Dodelé
Figure 14 : Positionnement voix et bruit
Le signal utile et le bruit sont donc séparés avec l’utilisation du hautparleur central pour l’émission du signal utile pendant que les quatre
autres haut-parleurs diffusent l’OVG de Dodelé.
Cette première courbe de référence issue des logatomes de
Dodelé, met en avant deux types de décroissance selon les RSB
utilisés. Du RSB +6dB à 0dB, on constate que le normo-entendant
obtient d’excellents résultats avec une décroissance linéaire
peu prononcée. Ensuite, du RSB 0dB à -9dB, on remarque une
Mode opératoire
Etapes
Pour chacun des sujets testés le mode opératoire fut le même :
1. Débuter le test par les logatomes de Dodelé puis faire les mots
monosyllabiques et dissyllabiques de Fournier en terminant par
les phrases de Combescure,
2. Pour chaque matériel phonétique précédemment cité, commencer
par un RSB favorable à + 6dB afin de familiariser le sujet à
l’épreuve avec le signal utile à 65dB SPL et l’OVG à 59dB SPL,
Figure 15 : Répartition de la population en fonction du sexe
3. Diminuer ensuite ce rapport par pas de 3dB en augmentant
proportionnellement l’intensité du bruit jusqu’à atteindre – 9dB
de RSB (l’intensité de la voix reste fixe) (Tableau 1).
Niveau du signal
(dB SPL)
Niveau du bruit
(dB SPL)
RSB (dB)
65
59
+6
65
62
+3
65
65
0
65
68
-3
65
71
-6
65
74
-9
Tableau 1 : RSB utilisés dans le cadre du protocole de test
24
Les Cahiers de l’Audition - N°4/2013
Figure 16 : Courbe vocale de référence établie en milieu bruyant
pour les logatomes de Dodelé
DOSSIER <
dégradation d’intelligibilité plus marquée mais qui reste toujours
linéaire accompagnée de résultats convenables notamment 12,36%
de compréhension correcte à RSB -9dB. (Figure 16).
Ces observations s’expliquent par l’unité d’erreur pratiquée, le
phonème. En effet, l’audioprothésiste note comme bonne réponse
tout phonème correctement répété, même si le sujet ne perçoit
qu’une partie du logatome, ou énonce un autre logatome. De plus,
le locuteur masculin articule lentement chaque logatome rendant
plus facile la discrimination des phonèmes.
3 principales valeurs caractérisent cette courbe vocale de référence
issue des logatomes de Dodelé :
• Maximum d’intelligibilité : 96,5% à RSB +6dB,
• SRV : RSB ≈ - 4,5dB,
• Pente de courbe : = 7,64.
Ces valeurs permettent de rappeler que le maximum d’intelligibilité
demeure très élevé puisque le normo-entendant obtient en moyenne
96,5% à RSB +6dB. Cet excellent résultat s’explique donc par une
unité d’erreur peu exigeante : le phonème.
Le Seuil de Reconnaissance Vocale (=SRV) est, quant à lui, de
-4,5dB. Le normo-entendant possède donc de bonnes facultés de
discrimination des phonèmes lorsque le niveau d’émission du bruit
ambiant prédomine sur celui de la parole.
Ce bon SRV s’accompagne d’une pente de courbe peu prononcée
puisque celle-ci est de 7,64. Concrètement, cette valeur signifie que
sur l’axe des 50% d’intelligibilité, la compréhension se dégrade de 7
à 8% pour une atténuation de 1dB de RSB.
Pour conclure, dans un environnement sonore où le niveau de bruit
prédomine nettement sur celui de la parole, le normo-entendant
perçoit des phonèmes.
ésultats issus des mots monosyllabiques
R
de Fournier
Cette deuxième courbe de référence, issue des mots monosyllabiques
de Fournier, met en avant une décroissance peu marquée et linéaire
du RSB +6dB au RSB -9dB (Figure 17).
mots puisque bon nombre d’entre eux sont peu puissants en terme
d’intensité et donc peu discernables. Prenons comme exemple
le mot « tank » où la très grande majorité des personnes étaient
incapables de discerner l’occlusive « k » et répétait alors le mot «
temps ». De plus, même s’il s’agit ici de mots signifiants, il manque
l’article, ce qui perturbe et complique la suppléance mentale. Enfin,
nombreux sont les mots qui portent à confusion tels que « lande,
lange, lance, lente », le sujet s’imagine entendre plusieurs fois un
même mot et s’entête alors à répéter plusieurs fois ce terme ce qui
engendre de nombreuses erreurs.
3 principales valeurs caractérisent cette courbe vocale de référence
issue des mots monosyllabiques de Fournier :
• Maximum d’intelligibilité : 83,78% à RSB +6dB,
• SRV : RSB ≈ + 0,75dB,
• Pente de courbe : = 5,73.
Le maximum d’intelligibilité est peu élevé puisque le normoentendant obtient en moyenne 83,78% à RSB +6dB. Le normoentendant a donc de réelles difficultés à percevoir correctement
l’intégralité d’un mot monosyllabique en milieu bruyant et ce, même
si le niveau de parole prédomine sur celui du bruit.
Le Seuil de Reconnaissance Vocale (=SRV) est, quant à lui, de
+0,75dB. Ce SRV démontre ainsi que lorsque le niveau de bruit
prédomine sur celui de la parole, le normo-entendant ne perçoit
correctement que très peu de mots monosyllabiques. La plupart
du temps, seuls quelques phonèmes composant le mot seront
correctement perçus.
Enfin, la pente de courbe est faible puisqu’elle se chiffre à 5,73,
justifiant ainsi cette dégradation lente et progressive de l’intelligibilité
comme énoncé précédemment. Concrètement, cette valeur signifie
que sur l’axe des 50% d’intelligibilité, la compréhension se dégrade
de 5 à 6% pour une atténuation de 1dB de RSB.
Résultats issus des mots
dissyllabiques de Fournier
Cette troisième courbe de référence, issue des mots dissyllabiques
de Fournier, est d’allure sigmoïde et donc comparable à celle
obtenue dans le silence (Figure 18).
Cette complexité à obtenir de bons scores, notamment à des RSB
positifs tels que +6dB et +3dB, respectivement 83,79% et 63,41%,
s’explique par l’unité d’erreur pratiquée plus stricte à savoir : le mot.
Contrairement au test effectué sur les logatomes, l’audioprothésiste
utilise ici le mot comme unité d’erreur. La réponse est donc
considérée comme erronée dès lors que le sujet testé ne répète pas
correctement l’intégralité du mot et ce, même si plusieurs phonèmes
ont correctement été perçus. Cette complexité à percevoir l’ensemble
du mot s’explique en partie par les phonèmes composant la fin des
On a donc une décroissance d’intelligibilité peu prononcée sur les
RSB positifs, +3dB et +6dB avant que celle-ci ne se dégrade de façon
significative sur les RSB négatifs. Le normo-entendant obtient donc
d’excellents résultats RSB à +6dB et +3dB, respectivement 95,5%
et 88,2% de compréhension. Cette faculté à obtenir ces bons scores
s’explique en partie par une suppléance mentale beaucoup plus
présente sur des listes de mots dissyllabiques que monosyllabiques.
En effet, plus le nombre de phonèmes constituant le mot sera élevé,
Figure 17 : Courbe vocale de référence établie en milieu bruyant
pour les mots monosyllabiques de Fournier
Figure 18 : Courbe vocale de référence établie en milieu bruyant
pour les mots dissyllabiques de Fournier
Les Cahiers de l’Audition - N°4/2013
25
> DOSSIER
plus il sera facile de le deviner, même si on ne perçoit qu’une partie
du mot. Contrairement aux mots monosyllabiques, la présence de
l’article permet de renforcer cet aspect cognitif.
La décroissance est ensuite plus prononcée à partir du RSB
0dB. Cette dégradation significative d’intelligibilité, montre que
la suppléance mentale ne suffit plus à compenser ce manque de
compréhension engendré par le bruit. Le normo-entendant a donc de
réelles difficultés à comprendre l’intégralité d’un mot dissyllabique
lorsque le bruit prédomine sur la parole, notamment à partir d’un
RSB à -3dB où moins d’un mot sur deux sera correctement perçu.
3 principales valeurs caractérisent cette courbe vocale de référence
issue des mots dissyllabiques de Fournier :
• Maximum d’intelligibilité : 95,45% à RSB +6dB,
• SRV : RSB ≈ -2dB,
• Pente de courbe : = 11,46.
Le maximum d’intelligibilité, chiffré à 95,45%, est donc élevé grâce
à la suppléance mentale beaucoup plus efficace étant donné que
chaque mot se compose de plusieurs syllabes.
Le Seuil de Reconnaissance Vocale (=SRV) est, quant à lui, de -2dB.
La suppléance mentale et le champ lexical sont les deux principaux
facteurs permettant la compréhension des mots dissyllabiques en
milieu bruyant.
Ce SRV s’accompagne d’une pente de courbe prononcée puisque
celle-ci est de 11,46 signifiant que sur l’axe des 50% d’intelligibilité,
la compréhension se dégrade de 11 à 12% pour une atténuation de
1dB de RSB.
Résultats issus des phrases
de Combescure
La courbe vocale de référence, issue des phrases de Combescure,
est d’allure comparable à celle obtenue sur listes de mots
dissyllabiques de Fournier (Figure 19).
26
En revanche, du RSB +3dB à -9dB, on remarque une dégradation
très marquée de l’intelligibilité jusqu’à ne plus comprendre
l’intégralité d’une phrase à RSB -9dB. Ce déclin s’explique par une
unité d’erreur pratiquée beaucoup plus sévère : la phrase. Ainsi,
la réponse est considérée comme erronée dès lors que le sujet
testé ne répète pas correctement l’intégralité d’une phrase et ce,
même si plusieurs mots ou phonèmes ont été correctement perçus.
Cette sévérité de notation explique ce déclin soudain d’intelligibilité
puisque plus l’unité de test employée est grande, plus grand est le
risque pour le sujet testé de faire des erreurs et d’obtenir un faible
score d’intelligibilité.
3 principales valeurs caractérisent cette courbe vocale de référence
issue des phrases de Combescure :
• Maximum d’intelligibilité : 92,73% à RSB +6dB,
• SRV : RSB ≈ +0,5dB,
• Pente de courbe : = 11,72.
Comme évoqué précédemment, au RSB +6dB, le maximum
d’intelligibilité est correct et atteint 92,73%. Rappelons qu’un tel
score n’était pas forcément attendu étant donné l’unité d’erreur
employé : la phrase.
Cette sévérité de notation s’illustre très rapidement puisque le Seuil
de Reconnaissance Vocale (=SRV) est positif à +0,5dB. Une phrase
sur deux est correctement perçue dans son intégralité lorsque parole
et bruit sont à peu près au même niveau. Dans un tel environnement
sonore, la compréhension d’un normo-entendant se démarquera
d’un autre selon ses facultés notamment la suppléance mentale, le
champ lexical et la mémoire.
Ce SRV s’accompagne d’un déclin d’intelligibilité très marqué avec
une pente de courbe chiffrée à 11,72. Concrètement, sur l’axe des
50% d’intelligibilité, la compréhension se dégrade de 11 à 12% pour
une atténuation de 1dB de RSB. Par conséquent, lorsque le niveau
de bruit ambiant devient de plus en plus perturbant, le normoentendant doit trouver des solutions pour suivre la conversation :
privilégier l’aspect visuel et s’éloigner des sources de bruit parasites.
Tout d’abord, malgré une unité d’erreur beaucoup plus sévère que
les autres matériels phonétiques précédemment cités, ici la phrase,
le normo-entendant parvient à obtenir de bons résultats sur les deux
premiers RSB testés. En effet, 92,73% et 80,61% d’intelligibilité
sont obtenus sur les RSB +3dB et +6dB. On considère que le
normo-entendant comprend sans difficultés l’intégralité d’une
phrase énoncée quand le niveau de voix prédomine sur le niveau de
bruit ambiant. Par conséquent, sur les RSB positifs, la décroissance
d’intelligibilité est peu prononcée.
Chaque courbe comporte une allure ainsi que des caractéristiques
qui lui sont propres. Cette constatation s’explique par l’unité de test
qui n’est pas la même selon le matériel vocal employé.
Figure 19 : Courbe vocale de référence établie en milieu bruyant
pour les phrases de Combescure
Figure 20 : Courbes d’intelligibilité vocale de référence établies en
milieu bruyant en fonction du type de matériel vocal utilisé
Les Cahiers de l’Audition - N°4/2013
Synthèse
Voici présentées ci-dessous, sur un même graphique, les 4 courbes
d’intelligibilité vocale de référence établies en milieu bruyant selon le
matériel phonétique utilisé (Figure 20 et tableau 1) :
DOSSIER <
RSB +6dB :
Maximum d’intelligibilité
SRV
Pente de la courbe : coefficient
directeur
Logatomes de Dodelé
96,5%
-4,75
7,64
Mots monosyllabiques de
Fournier
83,78
+0,75
5,73
Mots dissyllabiques de Fournier
95,45%
-2
11,46
Phrases de Combescure
92,73
+0,5
11,72
Tableau 2 : Synthèse selon le matériel vocal utilisé
RSB (dB)
6+
+3
+0
-3
-6
-9
Logatomes de Dodelé
3,58
4,82
6,32
9,43
15,84
8,12
Mots monosyllabiques de Fournier
10,39
8,38
7,66
9,24
6,88
7,11
Mots dissyllabiques de Fournier
5,64
8,87
11,02
12,48
9,09
5,85
Phrases de Combescure
8,39
12,73
20,93
15,03
6,03
0
Tableau 3 : écarts-types obtenus selon le matériel vocal et le RSB employé
En effet, même si une phrase n’est pas totalement compréhensible
en milieu bruyant, des mots voire des phonèmes seront perçus. C’est
la courbe vocale de référence issue des logatomes de Dodelé qui est
nettement supérieure à celle issue des mots mono ou dissyllabiques
de Fournier et à celle issue des phrases de Combescure.
Ainsi, comme l’indique cette synthèse illustrée tableau 2, le
maximum d’intelligibilité et le SRV sont meilleurs pour la courbe
vocale de référence issue des logatomes de Dodelé, respectivement
96,5% et -4,75dB (Tableau 2).
La présence d’écarts-types sur chacune des courbes s’explique par
la mise en jeu de facteurs non maîtrisables et propres à chacun tels
que le stress, la fatigue, l’attention ou bien encore la persévérance
auxquels se rajoutent la suppléance mentale et le champ lexical
pour les mots ayant une signification. L’ensemble de ces paramètres
réunis agissent en synergie et expliquent de possibles variations des
scores d’intelligibilité obtenus.
Pour les listes de phrases de Combescure, nous constatons des
écarts-types plus prononcés. Plusieurs facteurs permettent
d’expliquer cette dispersion de valeurs :
• L’impossibilité de tester plusieurs listes pour chaque RSB pratiqué
puisque les listes vocales sélectionnées et approuvées par le «
Collège National d’Audioprothèse » ne mettent à disposition que
les 10 premières listes de Combescure sur 20 existantes,
• Des listes de phrases déséquilibrées entre elles, tant au niveau
du champ lexical que du nombre de phonèmes. Prenons comme
exemple deux phrases qui sont les suivantes : « Le facteur va
porter le courrier » (liste 3, 3ème phrase) et « A la hâte, le métayer
ensilait ses récoltes avant l’hiver » (liste 4, 9ème phrase),
• L’implication d’un autre facteur typique à ce type de matériel
vocal, la mémoire, qui, rajoutée aux autres facteurs, explique ainsi
ces dispersions de valeurs et par conséquent un écart type élevé
aux RSB négatifs.
tant au niveau du bilan d’orientation que du contrôle d’efficacité
prothétique immédiat et permanent.
• Mieux comprendre et interpréter les capacités de compréhension
dans le bruit du patient, via les courbes vocales de référence
établies,
• Mettre à disposition ces 4 courbes de référence sur le logiciel
BioSoundSystem. Ainsi, selon le matériel vocal employé, la courbe
vocale de référence correspondante apparaitra sur l’audiogramme
vocal établi en milieu bruyant.
Enfin, il importe de rappeler que ces courbes ont été élaborées selon
une configuration, un type de bruit et un logiciel spécifique. Exploiter
ces courbes en utilisant un autre type de bruit et en disposant d’une
configuration de haut-parleurs différente n’aurait donc aucun sens.
Bibliographie
1. Fournier J.E., Audiométrie vocale, les épreuves d’intelligibilité et leurs
applications au diagnostic, à l’expertise et à la correction prothétique
des surdités, Paris VI, édition Maloine, 1951, p 16 à 51
2. Lasry Y., BioSoundSystem version 3.0, audiogramme issu de la page
d’accueil
3. Lasry Y., EPU 2011 – une étape essentielle du bilan d’orientation
prothétique pour le 4ème âge : l’audiométrie vocale dans le bruit, les
Cahiers de l’Audition, volume 25, Numéro 3, Mai-Juin 2012, p 26 à 30
Collège National d’Audioprothèse, Précis d’Audioprothèse,
4. l’appareillage de l’adulte, Tome 3, le contrôle d’efficacité prothétique,
les éditions du Collège National d’Audioprothèse, 2007, p 167 à 181
5. NF EN 15927, Services offerts par les audioprothésistes, document
AFNOR, 2010-2011
Ce travail aboutit à plusieurs choses :
6. Tricoche J., Influence de l’âge dans la perception des logatomes
dans le bruit chez les normo-entendants, Mémoire soutenu en vue
de l’obtention du Diplôme d’Etat d’Audioprothèse, Ecole de Fougères,
2010
• Inciter chaque professionnel de l’audition à s’intéresser à la
pratique courante de l’audiométrie vocale en milieu bruyant,
7. Site internet : http://www.neuroreille.com/promenade/francais/
explo/fexplo.htm
7
Conclusion
Les Cahiers de l’Audition - N°4/2013
27
Effet d’un réducteur de bruit
sur la capacité de discrimination des
informations de modulation d’amplitude chez
les sujets malentendants et normo-entendants
1
Franck MIERMONT
AUDIORIS
www.audioris.fr
40 Bd du Général
de Gaulle
44350 Guérande
[email protected]
Introduction
Le signal de Parole
La parole est un son complexe large bande, décomposé en
une série de signaux à bande étroite par le système auditif
périphérique (la cochlée). En 1980, Flanagan a démontré
que pour chaque bande de fréquence audio considérée, le
signal de bande de parole peut être décomposé en deux
composantes : l’enveloppe temporelle du signal (ET) et sa
structure temporelle fine (TFS).
Cette décomposition met ainsi l’accent sur l’information
temporelle véhiculée par le signal de parole au sein de
chaque bande de fréquence. La structure fine du signal
(TFS) peut être assimilée à l’onde porteuse du signal de
bande. Elle se caractérise par des variations d’amplitude
rapides entre 500 et 5000 Hz environ. L’enveloppe
temporelle (ET), quant à elle, se définit par des fluctuations
plus lentes de l’amplitude du signal, inférieures à 500 Hz
environ. La TFS est donc assimilable à un signal porteur
fluctuant en fréquence instantanée (FM) sur laquelle est
appliquée/imposée une fonction de modulation d’amplitude
(AM) correspondant à l’ET (voir la Figure 1 pour une
illustration de cette décomposition pour le logatome /aba/).
De nombreuses études indiquent que les indices
d’enveloppe temporelle véhiculent des informations
critiques pour l’intelligibilité du signal de parole chez les
sujets normo-entendants et malentendants.
Une étude princeps (Shannon et al., 1995) précise que dans
le silence, l’intelligibilité de la parole est majoritairement
contrainte par la réception des informations de modulation
d’amplitude (ET) les plus lentes, à savoir celles comprises
entre 4 et 16 Hz (ceci correspondant au débit syllabique).
Les personnes malentendantes présentent une capacité
d’identification des indices d’ET normale ou quasi normale,
mais présentent une mauvaise intelligibilité de la parole,
et ce généralement dans des conditions de masquage
produites par un bruit de fond où un/des locuteurs
interfèrents. Les informations d’ET seules ne suffiraient
donc pas à une bonne perception (i.e., un démasquage) de
la parole en milieu bruyant.
Ceci suggère que la bonne réception perception des indices
de TFS est indispensable à une bonne intelligibilité de la
parole dans le bruit (e.g., Fullgrabe et al., 2006; Qin et
Oxenham, 2003 ; Zeng et al., 2004).
Schématiquement, les informations d’AM véhiculent les
informations phonétiques en soi, alors que les informations
de FM permettraient au sujet de séparer perceptivement
le signal de parole du signal masque (le bruit, etc.). Les
informations de FM pourraient également permettre de
reconstruire les informations d’ET en sortie des filtres
cochléaires (phénomène de reconstruction d’ET), lorsque
les informations d’AM sont dégradées par des distorsions
non-linéaires (e.g., saturation, compression, etc.).
Démasquage
de la parole
dans le bruit
Une étude récente (Dubbelboer and Houtgast, 2007)
démontre que le bruit à un triple impact délétère sur un
signal de parole. Tout d’abord, le bruit diminue le contraste
(ou profondeur) des profils de modulation d’amplitude du
signal. Il introduit également des fluctuations aléatoires
dans les profils de modulation d’amplitude, et enfin il altère
la TFS du signal.
Dans le silence, l’intelligibilité de la parole ne diffère
guère entre les sujets normo-entendants et les sujets
malentendants jeunes, lorsque l’audibilité est bien contrôlée
par amplification linéaire ou non-linéaire.
Figure 1 : Les deux composantes temporelles d’un signal de parole: l’enveloppe temporelle et la structure fine, du signal /
aba/ (d’après C. Lorenzi).
28
Les Cahiers de l’Audition - N°4/2013
DOSSIER <
Cependant, de nombreuses études montrent que le
phénomène de démasquage de la parole (l’amélioration de
l’intelligibilité de la parole en présence de bruit fluctuant,
telle qu’observée chez les sujets normo-entendants) est
réduit de manière significative chez les personnes atteintes
de perte auditive neurosensorielle légère à sévère.
Lorenzi et al. (2006) ont étudié le démasquage de parole en
fonction de la cadence de modulation d’amplitude du bruit
masquant (bruit modulé sinusoïdalement en amplitude)
pour un groupe de quatre sujets malentendants présentant
des pertes plates modérées. Un faible démasquage n’est
observé que pour deux des quatre sujets, avec des valeurs
pics pour des fréquences de modulation inférieures à celles
relevées pour les sujets normo-entendants (2 - 8 Hz). Le
démasquage de la parole semble résulter de la capacité à
percevoir la parole au sein des vallées spectro-temporelles
du bruit masquant, mais également de la capacité à intégrer
et grouper les segments de parole détectés dans les vallées
de ce masque.
Ce phénomène a une importance quotidienne, et ce tout
particulièrement dans des situations conversationnelles où le
bruit de fond présente des fluctuations spectro-temporelles
importantes. Les vallées du bruit correspondent alors aux
régions spectrales ou temporelles pour lesquelles l’énergie
du signal de parole dépasse celle du masque (autrement
dit, là où le rapport signal sur bruit est suffisamment élevé).
Les mécanismes de démasquage de la parole et plus
particulièrement la capacité à extraire les informations de
parole disponibles dans les minima temporels et spectraux
sont fortement affectés par une surdité cochléaire. La perte
de l’audibilité semble jouer un rôle mineur dans ce déficit. Ce
dernier serait plutôt dû à des déficits auditifs supraliminaires
du traitement temporel et spectral du signal de parole. Ces
déficits supraliminaires correspondraient à un trouble du
codage cochléaire ou central des informations de TFS (et
donc, des informations de FM) et à une dégradation de la
sélectivité fréquentielle.
Les débruiteurs
Les personnes malentendantes expriment fréquemment des
difficultés à suivre une conversation dans un environnement
bruyant ou réverbérant. Comme cela a été indiqué plus
haut, les causes de ces difficultés ne sont pas seulement
liées à une hausse des seuils audiométriques tonaux (à
savoir, à une perte de la sensibilité auditive) mais également
à une résolution spectro-temporelle dégradée. Une atteinte
cochléaire pourrait donc non seulement entraîner une perte
de sélectivité/résolution fréquentielle, mais également une
diminution de la capacité d’utilisation des indices temporels
de TFS et d’ET (Buss et al, 2004; Grant et al, 1998). Aux
problèmes d’intelligibilité de la parole s’ajoutent aussi la
fatigue auditive et les difficultés de concentration qui en
découlent. Dès lors, l’introduction d’un module de réduction
du bruit dans les prothèses auditives est alors fortement
souhaitable.
Le domaine de la réduction du bruit est un domaine
de recherche très actif et présent dans de nombreux
champs d’applications du traitement du signal (téléphonie,
restauration d’enregistrements audio anciens, analyse
des signaux bio-médicaux, etc. ). L’objectif premier est
d’améliorer l’intelligibilité des sujets malentendants
appareillés.
La grande majorité des algorithmes utilisés à cet effet se
fonde sur le principe de soustraction spectrale ou sur celui
du filtrage de Wiener. Ces méthodes visent à atténuer le
spectre à court-terme des observations bruitées (Fillon
T et Prado J en 2003) et elles parviennent de cette
manière à réduire efficacement le niveau de bruit de
fond. En contrepartie, ces techniques produisent au sein
du bruit résiduel des artéfacts audibles ayant un spectre
particulièrement tonal et désignés de ce fait par le terme
de « bruit musical ».
La nature tonale du bruit musical est très gênante du
point de vue auditif et elle l’est d’autant plus dans le cadre
des prothèses auditives. En effet, un tel bruit résiduel
pourrait être considéré comme un signal utile par un des
autres processus implantés et être amplifié au détriment
de composantes issues du signal source. Il est donc
rigoureusement nécessaire de prévenir l’apparition du bruit
musical.
A cet effet, des méthodes de réduction du bruit plus
sophistiquées ont été mises au point pour parvenir à une
réduction du bruit efficace tout en limitant la présence du
bruit musical. Parmi ces techniques, celle proposée par
Ephraïm et Malah est devenue une référence aussi bien
pour le rehaussement de la parole que pour la restauration
d’enregistrements anciens.
Les réducteurs de bruit (RB) ont pour but d’augmenter les
vallées de l’ET du signal de parole cible. Les fluctuations
aléatoires dans l’ET et l’altération de la TFS ne peuvent
malheureusement pas être réduites/compensées par ces
algorithmes.
Ces RB ont déjà fait l’objet de plusieurs évaluations
perceptives. Hu and Loizou (2007) ont par exemple testé
8 réducteurs de bruit, sans pouvoir mettre en évidence
une amélioration de l’intelligibilité chez 40 sujets normoentendants.
Sarampalis et al, (2009) ont obtenu des résultats
comparables dans un groupe de sujets malentendants et
ont même observé un léger effet délétère du RB sur la
reconnaissance de mots hors contexte. En revanche, le
RB permet d’augmenter le confort d’écoute et de libérer
des ressources attentionnelles pour permettre au sujet
malentendant d’effectuer d’autres tâches (des tâches
visuelles, par exemple).
Les Cahiers de l’Audition - N°4/2013
29
> DOSSIER
Dans une étude psychophysique basée sur des signaux tests
non linguistiques (des sons purs modulés en amplitude ou en
fréquence), Ives et al. (2011) ont étudié l’effet d’un RB utilisant le
principe de soustraction spectrale sur la perception des indices AM
et FM à bande étroite chez un groupe de sujets normo-entendants.
Les résultats ont mis en évidence un effet positif du RB dans la
discrimination des indices d’AM dans un bruit à bande étroite, pour
un rapport signal sur bruit positif de +12 dB. Par contre, la capacité
de détection des indices de FM n’était pas améliorée en présence
de RB quel que soit le rapport signal sur bruit.
Il semble donc opportun de compléter cette étude initiale de l’effet
du RB sur la capacité de discrimination des indices d’AM (Ives et
al., 2011) chez un groupe de sujets malentendants, afin d’évaluer
l’effet de la perte cochléaire et du RB sur la capacité d’un sujet à
utiliser ce type d’indice temporel dans le bruit. Ives et al. (2001)
ont développé un paradigme expérimental original permettant
de tester spécifiquement la capacité d’un sujet à discriminer des
profils d’AM complexes (à l’instar de la parole) en présence de bruit
masquant. Les stimuli utilisés sont non vocaux afin de s’affranchir
des nombreux processus cognitifs/linguistiques de haut niveau
(Darwin, 2008; Moore, 2008) intervenant dans la compréhension
de la parole (traitements lexicaux, etc.). Les tests de discrimination
de profils d’AM complexes sont réalisés à un rapport signal sur
bruit donné, avec et sans RB (le RB étant celui utilisé par Ives et al.,
2011, et utilisant un principe de soustraction spectrale). Les tests
sont réalisés à deux fréquences audio (porteuses) différentes de
500 et 2000 Hz. Les seuils audiométriques tonaux de nos sujets
malentendants étaient normaux à 500 Hz (<20 dB HL) et anormaux
à 2000 Hz (> 20 dB HL). La comparaison des performances de
discrimination d’AM dans le bruit des sujets malentendants à ces
deux fréquences permet alors d’évaluer l’impact de la perte auditive
neurosensorielle sur la capacité à bénéficier du RB. Un groupe
de sujets normo-entendants a également participé à cette étude,
afin de confirmer l’effet d’une perte auditive sur cette capacité à
bénéficier du RB.
Inversement, si les sujets ME ne tirent pas de bénéfice dans
l’utilisation du RB, ceci suggèrera qu’une perte cochléaire a des
effets néfastes sur la perception des indices d’AM complexes tels
que ceux véhiculés par les signaux de parole.
2
Matériel et méthode
Participants
Deux groupes d’auditeurs ont été constitués afin d’évaluer leur
capacité de discrimination de profils complexes de modulation
d’amplitude (AM). Tous les sujets ont reçu une information préalable
et ont signé un formulaire de consentement éclairé.
Un premier groupe était constitué de 10 sujets normo-entendants
(NE), âgés de 24 à 69 ans (moyenne = 50,25 et l’écart-type =
16,1). Ils ont tous des seuils audiométriques tonaux aux fréquences
500 et 2000 Hz inférieurs ou égaux à 20 dB HL. Leur PTA moyenne
est de 14,2 dB HL (écart-type de 6,1) (cf. figure 2, tableau 1).
Un deuxième groupe est constitué de 10 sujets malentendants, âgés
de 28 à 72 ans (moyenne = 62,46 et l’écart-type = 11,9). Les
sujets malentendants participants à cette étude sont des patients
suivis au Laboratoire de Correction Auditive E. Bizaguet. Leurs seuils
audiométriques tonaux sur la fréquence du 500 Hz sont inférieur à 20
dB HL et leurs seuils sur la fréquence du 2000 Hz sont compris entre
35 et 60 dB HL inclus (figures 1 et 2, tableau 1). les patients ayant
une perte auditive avec un facteur de transmission, des acouphènes
invalidants, la présence d’une pathologie de type Ménière et/ou la
présence de troubles psychologiques ont été exclus.
L’oreille testée est systématiquement l’oreille droite chez tous les
participants.
PMT à
PMT à
PMT à
PMT à
PMT à
PMT à
250
500
1000
2000
4000
6000
Hz
Hz
Hz
Hz
Hz
Hz
Moyenne
15,5
14,1
14,1
14,1
14,5
23,2
Ecart type
7,2
5,4
7,0
6,6
10,1
15,4
Moyenne
16,5
18,1
31,2
48,1
58,8
64,2
Ecart type
4,7
3,3
7,9
5,6
9,2
15,4
Objectifs de l’étude
Dans ce mémoire, nous allons donc évaluer la capacité de
discrimination de profils d’AM complexes chez un groupe de sujets
normo-entendants (NE) et un groupe de sujets malentendants (ME)
en présence de bruit rose, avec et sans application d’un algorithme
de réduction de bruit utilisant le principe de soustraction spectrale.
Les sujets NE constitueront le groupe témoin (ne présentant pas de
perte tonale à 500 et 2000Hz). Le groupe de sujets ME retenu ne
présente pas de perte auditive tonale à la fréquence audio 500 Hz,
mais présente une perte tonale à 2000Hz. Ces critères d’inclusion
nous permettront d’évaluer la capacité de discrimination d’AM et de
bénéfice du réducteur de bruit dans un groupe de sujets ME et dans
un groupe de sujets NE. Ils nous permettront également de comparer
les résultats obtenus entre groupes aux différentes fréquences,
et ainsi de mesurer l’impact de la perte auditive cochléaire et du
réducteur sur la performance auditive au test.
NE
ME
Tableau 1 : Perte tonale moyenne (PMT, en dB HL) du groupe de
sujets ME et NE
Hypothèses
Si les sujets ME tirent un avantage du RB à l’instar des sujets NE,
nous pourrons alors conclure que l’absence d’amélioration de la
compréhension de la parole dans le bruit produite par le RB chez les
personnes ME n’est pas liée à une perte de perception des indices
d’AM d’origine supraliminaire.
30
Les Cahiers de l’Audition - N°4/2013
Figure 2 : Audiogramme tonal moyen de l’oreille droite des sujets
NE (trait pointillé) et ME (trait plein).
DOSSIER <
Stimuli
Des travaux précédents ont étudié les réducteurs de bruit à l’aide
de stimuli vocaux. La complexité de la parole et de sa perception
est telle qu’il est difficile de dissocier l’influence des facteurs
périphériques (cochléaires) de l’influence des facteurs centraux
(postcochléaires et cognitifs). C’est la raison pour laquelle les stimuli
utilisés sont non vocaux.
Notre étude se base sur la capacité de reconnaissance d’un profil
de modulation d’amplitude complexe, similaire à celui que pourrait
produire un signal de parole. Nous avons ici repris le protocole
expérimental des travaux de Ives et al., (2011). En effet nous
utiliserons des sons purs de 500 et 2000 Hz modulés en amplitude
par une fonction dont l’’équation (Equation 1) est présentée
ci-dessous :
SAM(t) = 1 + m.sin(2p.f1.t + q1) + m.sin(2p.f2.t +q2) (Equation 1)
Avec t correspondant au temps en seconde ; m est fixé à 0,5 pour
les 2 composantes sinusoïdales.
Les fréquences des deux composantes f1 et f2 sont inharmoniques
(cf. Equation 2) et centrées symétriquement sur la fréquence de
3 Hz qui correspondant à la fréquence la plus importante dans
la production et la compréhension d’un signal de parole continu
(Houtgast and Steeneken, 1985) (Figure 3).
Les tests expérimentaux ont été réalisés à l’aide d’un matériel
portatif, carte son externe ECHO, ordinateur portable disposant de
Matlab, un casque Sennheiser.
Fréquence audio porteuses
L’étude a porté sur les fréquences audio de 500 Hz et de 2000 Hz.
Intensité
La présentation des stimuli est fait à une intensité dite confortable,
c’est à dire à 65 dB SPL pour le groupe de participants normoentendants.
Chez les participants malentendants, la règle du tiers du gain est
appliquée. Par exemple, un sujet ayant un seuil audiométrique de
50 dB HL à 2000 Hz recevra un stimulus à 82 dB SPL.
Bruit masquant
L’étude se réalisera en présence de bruit rose filtré et centré sur
500 Hz ou 2000 Hz selon la fréquence testée. Le bruit est présenté
avec un rapport signal sur bruit égal à +12 dB.
f2 = 1.254 × f1 (Equation 2)
Réducteur de bruit
Les phases à l’origine des deux sinus (q1, q2) sont choisies pour
générer deux séries de cent paires de profils. La première série est
utilisée pour la première partie du stimulus et la deuxième série
pour la seconde partie. Pour chaque présentation, la phase des deux
composantes sinusoïdales est soit identique soit différente, ce qui
implique soit une similitude soit une différence entre les deux profils.
L’algorithme du réducteur de bruit STARKEY à été intégré dans le
programme de test. Il nous était donc possible de l’activer (ON) ou
de l’inactiver (OFF).
En d’autres termes, nous avons 50 essais dont la paire de profils est
identique, et 50 autres essais dont la paire est différente.
Quatre conditions sont testées et référencées dans le tableau 2.
Conditions de passation
Figure 3
Figure 4 : Forme typique d’un essai de la procédure psychophysique utilisée avec les sujets NE et ME. Ici, les deux profils
d’AM sont différents mais leur durée est identique. A chaque
essai, le sujet doit déterminer si les deux profils d’AM successifs
sont identiques ou différents.
S/B
RB
Fréquence
bruit n°
1
+12
OFF
2000 Hz
1
2
+12
ON
2000 HZ
1
3
+12
OFF
500 Hz
1
4
+12
ON
500 Hz
1
5
+12
OFF
2000 Hz
2
6
+12
ON
2000 HZ
2
7
+12
OFF
500 Hz
2
8
+12
ON
500 Hz
2
Tableau 2 : Détail des différentes conditions expérimentales.
Afin d’éliminer le biais que pourrait introduire l’ordre de passage
des conditions, nous avons randomisé la passation. Le tableau 3
indique l’ordre de passation des conditions en fonction des sujets
testés.
N° Conditions
Cette étude a été réalisée au sein du LCA dans des cabines
insonorisées respectant les normes en vigueur (Décret n°85-590 du
10 juin 1985). Le bruit de fond était inférieur à 40 dB SPL.
Conditions
Procédure de passation
1
1
2
3
4
5
6
7
8
2
5
6
7
8
1
2
3
4
3
2
1
4
3
6
5
8
7
n° du sujet
4
5
6
3
5
4
8
1
7
2
2
7
1
8
4
5
3
6
6
7
8
5
6
3
4
1
2
7
4
3
2
1
8
7
6
5
8
8
7
6
5
4
3
2
1
Tableau 3 : Ordre de passation des conditions expérimentales.
Les Cahiers de l’Audition - N°4/2013
31
> DOSSIER
La durée de chaque passation est d’environ 15 minutes. Afin
d’entraîner les sujets testés, nous avons réalisé deux séries
d’entraînement avant de commencer l’expérience. L’expérience
dure au total deux heures et demi, sans compter le temps de repos.
En pratique, les patients restaient une demi-journée au laboratoire.
Score d’
La performance dans cette tâche de discrimination est évaluée à
l’aide du score d’. Le score d’ est basée sur la théorie de détection
du signal qui modélise la prise de décision du sujet. Plus le score
d’ est élevé, meilleur est la performance de discrimination du sujet.
Un score d’ de 0 indique que le sujet répond au hasard. Ici, les
sujets doivent déterminer si les deux profils sont différents. On peut
illustrer les quatre situations possibles par le tableau 4.
Décision
Patterns différents
NON
OUI
NON
Rejet correct
Fausse alarme
OUI
Manqué
Détection correcte
Tableau 4 : Récapitulatif des possibilités de réponse.
A la fin de cette expérience, il y a donc 4 pourcentages de réponses,
correspondant à chacune des 4 réponses possibles. En réalité,
ces 4 possibilités de réponse ne sont pas indépendantes. En effet,
la performance d’un individu peut être caractérisée par le taux
de détection correcte (Hits) et le taux de fausse-alarme (FA). La
sensibilité du sujet, appelée d’, est caractérisée par l’équation 3.
d’ = Z(H) – Z(F) (Eq. 3)
Il n’y a pas de différence de capacité de discrimination aux
fréquences 500 et 2000 Hz (p=0,073) dans le groupe de sujets
entendants.
- Aux fréquences 500 et 2000 Hz, avec réducteur de bruit
Lorsque le réducteur de bruit est enclenché, le score moyen de
discrimination passe de 1,716 à 500Hz à d’=1,946 ± 0,208 à
500Hz et de d’= 1,850 à d’= 2,129 ± 0,221 à 2000Hz.
A ces deux fréquences, dans le groupe de sujets entendants, le
score obtenu avec réducteur de bruit est significativement plus
élevé que celui obtenu sans réducteur de bruit (p=0,031 à 500Hz
et p=0,004 à 2 kHz).
iscrimination des profils de modulation
D
d’amplitude dans le groupe de sujets ME
- Aux fréquences 500 Hz et 2000 Hz, sans réducteur de bruit
Le score de discrimination moyen (± ES) à la fréquence 500 Hz est
de d’=1,366 ± 0,174 et est de d’=1,414 à la fréquence 2000 Hz
(Figure 5, Tableau 5).
Il n’y a pas de différence de capacité de discrimination aux
fréquences 500 et 2000 Hz (p=0,942).
- Aux fréquences 500 et 2000 Hz, avec réducteur de bruit
Lorsque le réducteur de bruit est enclenché, le score moyen de
discrimination à 500Hz passe à d’=1,591 ± 0,190 (au lieu de
d’=1,366 sans RB) et passe à d’=1,531 à 2000Hz (au lieu de
d’1.414 sans RB).
Avec Z désignant la fonction inverse de la fonction de distribution de
la loi normale, H le taux de détection correcte (Hits) et F le taux de
fausse-alarme (FA).
Tests statistiques - Analyse des résultats
Pour chaque groupe (E, ME) et chaque condition (500Hz, 2000Hz)
x(NRon, NRoff), la moyenne des résultats a été calculée ainsi que
l’erreur standard à la moyenne et l’intervalle de confiance à 95%.
Dans chaque groupe et à chaque fréquence testée, l’effet du
réducteur de bruit a été évalué par un test t de Student.
Une analyse de variance (ANOVA) a été réalisée séparément dans
chaque groupe (NE, ME) et sur l’ensemble de la population étudiée
(NE+ME) pour évaluer l’effet du RB quelle que soit la fréquence.
3
Résultats
iscrimination des profils de modulation
D
d’amplitude dans le groupe de sujets
entendants
- Aux fréquences 500 et 2000Hz, sans réducteur de bruit
Le score de discrimination moyen (± ES) à la fréquence 500 est
de d’=1,716 ± 0,174 et est de d’=1,850 ± 0,223 à la fréquence
2000 Hz (Figure 5, tableau 1).
32
Les Cahiers de l’Audition - N°4/2013
Figure 5 : Résultats moyens de discrimination des profils d’AM de
10 sujets entendants (NE, notés ici : « normal-hearing ») et de 10
sujets malentendants (ME, notés ici : « hearing impaired »). Les
résultats montrent les performances pour un rapport S/B=+12 dB
avec et sans réducteur de bruit (RB/NR). Les lignes noires représentent un intervalle de confiance de 95%.
t test
p valeur
NE à 500 Hz
t(9)= -2,563
p=0,031
NE à 2000 Hz
t(9)=-3.824
p=0.004
ME à 500 Hz
t(9)=-2.178
p=0.057
ME à 2000 Hz
t(9)=-3.824
p=0.920
Tableau 5 : Effets du réducteur de bruit sur les capacités de
discrimination d’AM à 500 Hz et à 2000 Hz dans chaque groupe
évalués par un test t.
DOSSIER <
A la fréquence 500 Hz, le score obtenu avec réducteur de bruit tend
à être significativement (p= 0,057 ; effet marginalement significatif
au seuil de 0,05) plus élevé que sans réducteur de bruit.
Inversement, à la fréquence 2000 Hz, il n’y a pas de différence
significative (p=0,920) entre le score obtenu avec RB du score
obtenu sans RB.
Effets NR selon le groupe de patients
Une ANOVA sur les données du groupe de 10 sujets entendants
montre un effet très significatif (F(1,9)=22,93, p=0,001) du
réducteur de bruit sur la capacité des sujets à discriminer les profils
d’AM (Tableau 6).
La même analyse conduite sur les données du groupe de 10 sujets
ME ne permet pas de trouver un résultat significatif (F(1,9)=3,42,
p=0,094).
Néanmoins, une ANOVA réalisée sur l’ensemble des 20 sujets révèle
un effet positif du réducteur de bruit sur la capacité de discrimination
des profils d’AM obtenus par l’ensemble des sujets (F(1,19)=13,93,
p=0,002), même si une analyse individuelle des scores d’ révèle une
variabilité des résultats beaucoup plus importante dans le groupe de
sujets malentendant que dans le groupe de sujets entendants.
Comparaison intergroupe
- A la fréquence 500Hz
Les scores obtenus entre les groupes NE et ME tendent à être
comparables (p=0,07 ; effet marginalement significatif au seuil de
0,05).
- A la fréquence 2000Hz
Les scores obtenus entre les groupes NE et ME ne montrent pas
d’effet significatif.
4
Discussion
L’objectif de cette expérience est de mettre en évidence l’avantage
tiré d’un réducteur de bruit par soustraction spectrale (RB) dans la
capacité des personnes malentendantes à reconnaître des profils
d’AM complexes dans le bruit.
Alors que pour le groupe de sujets entendants, le réducteur de
bruit conduit à une amélioration de la reconnaissance des profils de
modulation d’amplitude aux fréquences audio de 500 et 2000Hz,
cet effet n’est obtenu que pour la fréquence 500Hz pour le groupe
de sujets malentendants. Les seuils audiométriques tonaux mesurés
à la fréquence 500Hz sont comparables à ceux mesurés dans le
groupe de sujets entendants. A la fréquence 2000 Hz pour laquelle
la perte auditive est la plus marquée dans le groupe de sujets
malentendants, notre étude ne permet pas de mettre en évidence
un effet significatif du RB sur la capacité des sujets malentendants
à discriminer des profils AM complexes. De plus, une analyse
statistique montre un effet global du réducteur de bruit sur les
scores obtenus, mais elle ne montre aucun effet pour le groupe de
sujets malentendants.
La perte auditive semble donc avoir un effet délétère réel sur la
capacité du sujet à discriminer les indices d’AM complexes, et
contrarie fortement l’efficacité attendue du RB, efficacité qui a pu
être vérifiée par ailleurs pour un groupe contrôle de sujets normoentendants. Néanmoins, l’analyse individuelle des résultats dans
le groupe de sujets malentendants ne permet pas d’exclure que
certains patients soient capables d’en tirer bénéfice du réducteur
de bruit.
Efficacité des réducteurs de bruit
Le réducteur de bruit développé par la société Starkey ® est
comme bien souvent une boite noire que le clinicien est obligé
d’évaluer grâce à son expérience clinique. Le clinicien a bien peu
de possibilités de développer une pratique professionnelle fondée
sur la preuve.
Si le concept théorique d’une méthode soustractive peut être
appréhendé par chacun, on ne doute pas non plus de la capacité
technique d’un industriel à réaliser une machine capable d’analyser
le bruit ambiant afin de le soustraire au signal global. Par contre,
l’analyse de la littérature montre des résultats cliniques très
hétérogènes selon la technique développée. L’intérêt de cette étude
est d’avoir pu étudier une population entendante, appariée en âge
à la population finale de sujets malentendants que nous souhaitions
étudier.
Figure 6 : Représentation des scores obtenus pour chaque individu
aux fréquences 500Hz et 2000 Hz sans et avec réducteur de bruit
(NR).
Anova (10 ME
et 10 NE)
Anova (10 ME)
Anova (10 NE)
F(1,19)=13,93;
p=0,002
F(1,9)=3,42 ;
p=0,0942
F(1,9)=22,93 ;
p=0,0018
Fréquence * F(1 ,18)=4,23 ;
RB *
p=0,055
F(1 ,8)=4,35 ;
p=0,067
Réducteur
de bruit
Tableau 6 : Effets du réducteur de bruit sur les capacités de
discrimination d’AM dans le groupe entendant, dans le groupe
malentendant, et tous sujets réunis évalués par une ANOVA.
Nous avons pu tester le RB à deux fréquences différentes, 500 Hz et
2000 Hz. A ces deux fréquences, le RB a permis une amélioration de
la discrimination d‘AM par les sujets testés du groupe NE.
Les résultats obtenus à ces fréquences de 500 Hz et 2000 Hz par une
RB de 12 +dB permettent de reproduire les résultats de Ives (2011)
obtenus chez un groupe de 9 sujets entendants à la fréquence de
1000 Hz, qui montraient une amélioration de discrimination d’AM
lorsque le RB était enclenché.
L’intérêt du test psycho-acoustique utilisé est de ne pas utiliser
de matériel vocal pour tester l’efficacité du RB. La parole est
certainement le meilleur matériel pour faire la preuve de l’efficacité
d’un RB, mais c’est un stimulus complexe dont la reconnaissance fait
intervenir de nombreux processus de bas et de haut niveau (Darwin,
2008; Moore, 2008). Dès lors, il est difficile de faire la part des
choses entre les effets du réducteur de bruit et cette multitude de
Les Cahiers de l’Audition - N°4/2013
33
> DOSSIER
processus auditifs et cognitifs engagés. Le matériel de stimulation
développé ici permet de mesurer plus spécifiquement les effets du
RB sur la perception d’indices auditifs cruciaux tels que les indices
d’AM, connus pour être essentiels pour la reconnaissance de la
parole (Shannon et al, 1995; Steeneken and Houtgast, 1980).
basses par le RB n’est peut-être pas suffisante et trop partielles
pour espérer rétablir une intelligibilité. En revanche, cette efficacité
partielle du réducteur de bruit pourrait expliquer la capacité
attentionnelle améliorée du malentendant appareillé (Sarampalis et
al, 2009).
Ce test développé initialement dans une population entendante et à
une seule fréquence (1 kHz) permet de reproduire la démonstration
de l’efficacité auditive du RB dans une population entendante à deux
autres fréquences (500Hz et 2000Hz).
éducteur de bruit et perte auditive
R
neurosensorielle
La même expérience, avec les mêmes stimuli, aux mêmes
fréquences a été réalisée dans un groupe de personnes ME d’âge
comparable.
A la fréquence de 500 Hz, qui associée à un seuil audiométrique
tonal normal chez un grand nombre de personnes presbyacousiques,
un effet significatif du RB est obtenu. Inversement, à la fréquence
2000 Hz, à laquelle le seuil audiométrique tonal est très différent
de celui mesuré dans le groupe entendant, aucun effet significatif
du RB n’est observé. L’analyse de la variance dans le groupe
malentendant confirme l’absence d’effet du RB sur la capacité à
discriminer les indices d’AM alors que cette même analyse dans le
groupe entendant confirme l’effet bénéfique du RB sur la capacité à
discriminer les indices d’AM.
Conformément à notre hypothèse initiale, une perte d’audition plus
importante à 2 kHz qu’à 500 Hz réduit davantage la capacité du
sujet à traiter des indices complexes d’AM à 2kHz qu’à 500Hz, alors
que le sujet entendant voit cette capacité améliorée quelle que soit
la fréquence audio considérée. D’autres études (Buss et al, 2004;
Grant et al, 1998) avaient trouvé des performances de discrimination
d’AM moins bonnes chez des patients ME que chez des patients NE.
Les conséquences d’une perte cochléaire telles que le recrutement
de sonie semblent réduire les bénéfices des RB sur la capacité de
discrimination des indices d’AM.
La RB, comme tout traitement du signal peut également générer
en soi des distorsions qui pourraient être néfastes (Dubbelboer
& Houtgast, 2007) mais l’effet de ces distorsions semble rester
limitées avec ce RB puisque les performances moyennes avec RB
ne sont dans aucun groupe moins bonnes qu’avec.
Néanmoins, certains résultats individuels dans le groupe NE et ME
sont moins bons avec que sans RB. Certaines personnes sont peutêtre plus sensibles que d’autres aux éventuelles distorsions induites
par le RB même si en moyenne elles en retirent plutôt un bénéfice.
Cette variabilité peut également être le résultat d’un biais lié à la
durée du test pour un sujet qui peut avoir entrainé une perte de
concentration ou de motivation momentanée.
Par contre, nous pouvons supposer que chez un sujet
presbyacousique, l’amélioration apportée par un RB n’est que
partielle puisqu’elle n’est présente que pour les fréquences pour
lesquelles la perte auditive est la moins importante (500Hz), et est
aléatoire pour les fréquences pour lesquelles la perte est la plus
importante (2000 Hz).
Ce phénomène explique peut-être les limites rencontrées dans
les études qui utilisent de la parole comme matériel acoustique
pour évaluer l’efficacité du RB. Effectivement, il a été décrit à de
nombreuses reprises que les algorithmes de réduction de bruit
n’amélioraient pas l’intelligibilité de la parole en milieu bruyant
(Ricketts et al, 2001). L’amélioration apportée sur les fréquences
34
Les Cahiers de l’Audition - N°4/2013
onséquences dans la pratique
C
de l’audioprothèse
On mesure à quel point il est important pour le clinicien
audioprothésiste de s’intéresser aux études scientifiques qui lui
permettent de développer une pratique clinique fondée sur la preuve
même si son sens aigu de la clinique demeure essentiel. Ces études
lui permettent de mieux appréhender le traitement du signal, d’en
mesurer les apports et les limites qui ne sont souvent pas celles de
la machine mais du système biologique auquel il est appliqué.
Les résultats précédents ont mis en évidence une efficacité des
réducteurs de bruit chez les malentendants dans des zones
fréquentielles saines (ici 500 Hz).
A priori, dans la pratique, les réducteurs de bruit ne devraient donc
être activés que dans les zones fréquentielles non touchées par une
perte auditive, c’est à dire dans la majorité des cas les fréquences
basses. L’intérêt est renforcé du fait du spectre du bruit qui est plutôt
localisé dans les basses fréquences.
La variabilité des résultats obtenus chez les différents sujets pousse
néanmoins à la prudence et mérite une analyse individuelle des
résultats observés chez chaque patient.
5
Conclusion
Ce travail de recherche avait pour but d’évaluer la capacité de
discrimination des indices d’AM des sujets malentendants et normoentendants en milieu bruyant, avec un algorithme de réduction de
bruit. Nous nous sommes focalisés sur deux fréquences audio: 500
et 2000 Hz chez des sujets entendants et presbyacousiques.
Il ressort que de manière générale la capacité à discriminer des
profils complexes d’AM (comparables à ceux observés pour le signal
de parole) n’est pas affectée par la perte auditive. En effet, dans les
zones fréquentielles saines, sans RB les sujets normo-entendants
et les sujets malentendants présentent les mêmes performances
de discrimination, tout comme pour des fréquences où une perte
auditive est diagnostiquée, les sujets malentendants ont des
résultats de discrimination similaires.
Nous avons pu démontrer que les réducteurs de bruit n’ont une
efficacité pour la perception d’AM que dans les zones fréquentielles
saines. Cette amélioration partielle explique surement l’accroissement
des capacités attentionnelles décrite par Sarampalis et coll., mais
est insuffisante pour augmenter l’intelligibilité. De plus, les RB n’ont
pas d’effet sur la perception des indices de FM. Ces indices sont a
priori des indices de perception de la parole indispensables en milieu
bruyant, et ceci explique d’autant plus l’absence d’amélioration de
l’intelligibilité.
Ces généralisations sont à nuancer du fait de la variabilité
individuelle. En effet quelques sujets NE et ME présentaient de
moins bon résultats après activation du RB.
Ces différents résultats ont des conséquences directes sur notre
pratique professionnelle lors du réglage des RB dans les prothèses
DOSSIER <
auditives, et ce en particulier dans les zones fréquentielles où nous
choisirons de les activer. Nous pourrions envisager de décider de les
activer dans les zones fréquentielles intactes et de désactiver les RB
dans les domaines fréquentielles présentant une perte auditive. Il
paraît aussi important de prendre en compte la singularité de chaque
individu et de ne pas appliquer systématiquement des présupposés.
6
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Les Cahiers de l’Audition - N°4/2013
35
Mise en compétition du système
FM et de la boucle magnétique pour les
patients implantés cochléaires et appareillés
1
Gaétan lemoine
ECOLE JE BERTIN
Fougères
Mémoire réalisé
sous la direction de
Monsieur LEFEVRE
[email protected]
[email protected]
Introduction
Un patient appareillé ou implanté cochléaire peut être
soumis à des situations d’écoute difficiles. En effet, certains
lieux professionnels, éducatifs ou de loisirs, possèdent une
acoustique dégradée due à un temps de réverbération
et bruits de fond importants. Cette difficulté peut être
encore renforcée lorsqu’il existe une grande distance entre
l’interlocuteur et le patient. Ces trois phénomènes majeurs
nuisent particulièrement à l’intelligibilité de la parole.
Les enfants appareillés ou implantés cochléaires sont parmi
les sujets les plus exposés à ce problème lors de leurs
apprentissages scolaires. Les conséquences sont alors
importantes sur leurs résultats et leurs intégrations dans un
cycle scolaire normal.
Pour contrer cela, différents systèmes d’aide à l’écoute
existent, tels que le système FM, le bluetooth ou la boucle
magnétique. Leur but est de permettre une meilleure
intelligibilité en améliorant le rapport signal sur bruit par la
captation du signal utile au plus près de la source.
Cependant il existe, à l’heure actuelle, de nombreuses aides
à l’écoute présentes sur le marché et l’audioprothésiste doit
procéder à un choix.
Pour le faciliter, cette étude propose de mettre en
compétition trois systèmes d’aides à l’écoute : deux
systèmes FM à collier d’induction magnétique de la marque
Phonak et Sennheiser ainsi qu’un amplificateur de boucle
magnétique de SMS HUMANTECHNIK. Des tests révélateurs
de la capacité de ces systèmes à permettre une bonne
intelligibilité de la parole en situation d’écoute difficile ont
été réalisés dans des conditions similaires de mesure.
Tout d’abord la transmission FM entre l’émetteur et le
récepteur est analysée. Ensuite ces systèmes ont été
couplés à un implant cochléaire Medel OPUS II dans le but
d’étudier les pulses en sortie de ce dernier.
Etude de la transmission FM
L’ensemble des résultats obtenus figure dans le tableau ci
contre :
Sennheiser
Phonak
Onde porteuse (MHz)
863,1
175
Bande passante (Hz)
15K
(31-14900)
6K
(260-5900)
Taux de compression
(pour une fréquence)
1,54:1
3:1
Taux de distorsion
harmonique total (%)
3,82
5,82
Quadratique :
1,30
Cubique : 1,93
Quadratique :
1,42
Cubique : 1,48
Taux de distorsion
intermodulat° total
On note ainsi une bande passante élargie pour le système
Sennheiser, mais qui sera réduite par la bande passante de
l’appareil de correction auditive (7KHz) ou du processeur
d’implant cochléaire (8,5KHz).
De plus, on visualise un taux de distorsion harmonique plus
faible pour le système Sennheiser que pour le système
Phonak.
Enfin, les deux systèmes vont fournir des réponses très
différentes lorsqu’ils sont soumis à un signal d’entrée carré
(jaune), comme illustré ci-dessous.
Tout d’abord, la transmission FM des systèmes Phonak et
Sennheiser a été testée et comparée. Ensuite, une étude
du signal en sortie d’appareil de correction auditive a été
réalisée. Ces résultats ont été confrontés aux conclusions
issues de l’étude clinique et statistique puis discutés dans
le but d’arriver à une conclusion.
2
Etude des systèmes FM
Une étude plus approfondie des systèmes FM a été
entreprise. Deux systèmes FM à collier d’induction
magnétique sont testés :
microphone INSPIRO et récepteur collier magnétique
-
MYLINK PHONAK
- émetteur SK 500 G3E avec un micro MEN 4 et récepteur
EK 1038 avec collier magnétique EZT 3012 20S de
SEINNHEISER
36
Les Cahiers de l’Audition - N°4/2013
En effet, on visualise pour le système Sennheiser (bleu),
un signal de sortie quasi sinusoïdale due au fait que les
harmoniques impaires présents dans le signal d’entrée se
retrouvent hors bande en sortie. Concernant le système
Phonak (vert), on note une large dégradation du signal de
sortie pouvant être synonyme de distorsion.
DOSSIER <
E tude du signal en sortie
de processeur d’implant cochléaire
Trois paramètres ont été testés : la bande passante, le
bruit de fond et la réponse du processeur à une stimulation
vocale. Dans chaque cas aucune différence significative
n’a été constatée. En effet le bruit de fond mesuré est de
-40 dB, en moyenne, avec chaque système et les bandes
passantes sont assez proches.
Concernant la réponse du processeur à une stimulation
vocale, on observe des différences qui vont grandement
varier selon l’électrode étudiée.
Chaque graphique (intensité arbitraire en ordonnée, temps
en abscisse) représente l’enveloppe du signal d’entrée
(bleu pour Sennheiser, vert pour Phonak) et les pulses du
signal de sortie (rouge) pour une électrode donnée. Les
différences d’amplitude observées entre le signal d’entrée
et de sortie sont dues aux différences entre les filtres utilisés
pour filtrer le signal d’entrée et ceux réellement présents au
sein du processeur d’implant cochléaire. Ne connaissant
pas la nature exacte du filtre de l’implant, on ne peut pas le
reproduire exactement. De plus les temps d’attaque et de
retour des compressions des systèmes FM et de l’implant
cochléaire ne sont pas connus.
3
Etude du signal en sortie
d’appareil de correction auditive
Cette étude a pour but de recueillir le signal sonore en sortie
d’une aide auditive (SIEMENS MOTION 501 SX) couplée
aux différentes aides à l’écoute, d’étudier par la suite les
conséquences des différents modes de transmission (FM
et magnétique) sur le signal émis par la source sonore, de
déterminer quel système permettrait de mieux faire ressortir
la parole en situation bruyante et enfin d’analyser la bande
passante de chaque aide à l’écoute.
Pour ce faire une analyse de la bande passante par la
génération d’un bruit blanc ainsi qu’une étude fréquentielle
et temporelle de syllabes issues du test syllabique sont
réalisées.
Les systèmes FM à collier d’induction magnétique
ainsi qu’une boucle magnétique PROLOOP C de SMS
HUMANTECHNIK sont étudiés.
Etude de la bande passante
On visualise ci dessous la réponse des différents systèmes
à un bruit blanc :
Les résultats obtenus en utilisant la syllabe « POU » comme
signal d’entrée sont visualisés sur l’electrode deux puis six
présentés ici.
On remarque que l’allure de la bande passante du système
Sennheiser est identique à celle de l’appareil de correction
auditive seul.
L’aspect de la bande passante du système SMS est similaire
à celui de l’appareil de correction auditive mais est plus
faible, de plus la coupure est plus tôt.
On remarque une bonne concordance entre l’enveloppe
temporelle du signal d’entrée et les pulses du signal
de sortie pour les premières électrodes pour les deux
systèmes. Cependant cette concordance va diminuer par
la suite pour le système Sennheiser alors qu’elle est bien
maintenue pour le système Phonak.
Ces différences pourraient être dues aux temps d’attaque et
de retour de compression propre à chaque système d’aide
à l’écoute qui nous étaient malheureusement inconnu.
Enfin, la bande passante du système Phonak est égale en
intensité sur la majorité de la bande de fréquence mais elle
est inférieure de 100 à 1 kHz. Tout comme le système SMS
la coupure de la bande passante se produit plus tôt.
La bande passante du système Sennheiser est donc plus
longue que les autres systèmes. Elle est aussi la plus stable
car il n’existe aucune différence en intensité en comparaison
avec la bande passante de l’appareil de correction auditive.
A l’inverse une baisse d’intensité est visible sur toute
la bande de fréquence du système SMS, indiquant un
signal de plus faible intensité, et sur une portion de celle
Les Cahiers de l’Audition - N°4/2013
37
> DOSSIER
du système Phonak pouvant engendrer des distorsions du signal
puisque ce dernier n’est pas amplifié de manière constante sur toute
la bande de fréquence.
E tude frequentielle de syllabe
en milieu calme
Pour illustrer cette étude, voici la réponse des différents systèmes à
la syllabe « ME » :
Lors de l’étude en milieu bruyant les tests ont été effectués avec
trois rapports signaux sur bruit différent : +10, 0 et -10 dB.
Dans chaque cas le paramètre d’enveloppe temporelle dynamique
est étudié, grâce au logiciel ATEC, permettant de visualiser
l’émergence du signal utile du bruit.
On constate dans les trois configurations précédentes que la
dynamique des syllabes est toujours supérieure avec le système
PHONAK qu’avec les autres systèmes d’aides à l’écoute démontrant
un meilleur rapport signal sur bruit.
4
Etude clinique
Lors de cette étude 11 patients implantés cochléaires équipés
d’un processeur MEDEL OPUS II, 18 patients appareillés ainsi que
10 sujets normoentendants ont été testés avec chaque système
d’aide à l’écoute (Phonak, Sennheiser et SMS). Pour rappel, le but
de l’étude n’est pas de montrer l’amélioration apportée par les
systèmes d’aide à l’écoute mais de les comparer entre eux.
L’étude des enregistrements, obtenus avec le système Sennheiser
indique que ce système ne crée pas ou peu de distorsion. En effet,
pour la majorité des syllabes on note une légère baisse de gain
sur la bande de fréquence 0-200Hz puis un gain identique à celui
acquis avec l’appareil de correction auditif seul.
Il en est de même pour le système d’aide à l’écoute SMS, cependant
le gain est inférieur de manière générale et plus particulièrement sur
les fréquences graves (250-600 Hz). Pour quelques syllabes le gain
est identique sur toute la bande de fréquence.
Le protocole de test est le suivant : Une audiométrie tonale en
champ libre et une audiométrie vocale dans le bruit en champ libre
composées d’un Test Syllabique ainsi que d’une Lecture Indirecte
Minutée ont été réalisées. A la fin des tests un questionnaire
subjectif à choix fermé comportant des questions sur le ressenti du
patient (confort et compréhension) avec chaque système d’aide à
l’écoute était remis à ce dernier et effectué sur place.
La disposition des éléments permettant ces tests est basée sur celle
de référence pour l’étude des systèmes FM (WOLFE et al. 2010) et
est la suivante:
L’analyse des enregistrements obtenus avec le système Phonak
s’est relevée plus complexe. En effet le gain va grandement varier
selon la syllabe étudiée. Toutes ces variations d’intensité sur la
bande de fréquence peuvent être à l’origine de distorsion dégradant
la qualité et la compréhension du signal.
Etude temporelle de syllabe
en milieu calme et bruyant
Lors de l’étude en milieu calme quatre paramètres d’enveloppe
temporelle de syllabes issues du Test Syllabique sont étudiés grâce
au logiciel ATEC (Audiological Temporal Envelopes Comparison) :
- le facteur de crête = valeur maximum/ valeur RMS
- la profondeur de modulation (PMOD) = (valeur maximum- valeur
minimum) / (valeur maximum + valeur minimum)
- la valeur RMS (Root Mean Square)
- la dynamique = valeur maximum - valeur minimum
On observe pour la majorité des syllabes étudiées des valeurs
d’enveloppe temporelle supérieures avec le système PHONAK. De
plus, concernant la valeur RMS, qui représente l’énergie véhiculée
par la syllabe, on constate des valeurs faibles obtenues avec le
système SMS confirmant ainsi les résultats de l’étude fréquentielle
et de l’étude de la bande passante.
38
Les Cahiers de l’Audition - N°4/2013
Cette disposition reproduit les conditions que peut rencontrer le
binôme professeur-élève lors d’un cours en salle de classe :
Le patient est placé à une distance de 4 mètres de la source
(délivrant 65 dB SPL) et le microphone de l’aide technique testée
est disposé à 20 centimètre de cette dernière. Trois hauts parleurs
sont situés à une distance de 1 mètre autour du patient délivrant
ensemble un bruit de type OVG (Onde Vocale Globale). Le récepteur
des systèmes FM est apparié avec son émetteur et la boucle
magnétique est placée autour de cet ensemble.
Le(s) processeur(s) d’implant(s) cochléaire(s) et/ou le(s) appareil(s)
de correction auditive sont activés en mode MT (microphone et
bobine d’induction).
Les résultats du Test syllabique ont été traités par le logiciel ATEC
permettant d’obtenir des informations relatives aux paramètres
d’enveloppe temporelle et aux traits acoustiques. Puis l’ensemble
des données a été traité par une étude statistique ANOVA
(comparaison de moyenne entre chaque système).
DOSSIER <
Les résultats significatifs obtenus permettent d’observer :
-
Des seuils liminaires plus faible obtenus avec le système
Sennheiser pour quatre fréquences utilisées en routine clinique
- Une moins bonne intelligibilité avec le système SMS aux tests
d’audiométrie vocale dans le bruit ainsi que des notes plus faible
obtenues au questionnaire subjectif
- Le logiciel ATEC montre une mauvaise restitution par le système
SMS des paramètres d’enveloppe temporelle dynamique, une
baisse du niveau RMS globale ainsi qu’une plus mauvaise
perception des traits acoustiques diffus.
5
Discussion
Concernant les deux systèmes FM à collier d’induction magnétique,
l’étude de la transmission FM ainsi que du signal en sortie d’appareil
de correction auditive ont démontré la présence de différences
entre les deux systèmes. Cependant, après analyse des résultats
de l’étude clinique, ces dernières n’ont engendré aucune différence
significative aux tests d’audiométrie vocale ainsi qu’au questionnaire
subjectif composé de questions portant sur le confort et la qualité
de compréhension.
Au sujet du système SMS, les tests précédents ont démontré que
les conditions de mesure ne peuvent être considérées comme
comparable. En effet, les résultats sont difficilement exploitables de
part une intensité du signal faible.
Ceci est dû à une possible absorption du champ magnétique par
les structures métalliques de l’environnement étant donné que la
surface de boucle est plus importante en comparaison de celle
d’un collier d’induction magnétique. Ainsi, l’audioprothésiste
souhaitant mettre en place une boucle magnétique doit disposer
de connaissances indispensables de l’environnement pour mener à
bien cette installation. Ces dernières permettront d’anticiper la mise
en place possible d’un amplificateur de puissance supérieur ainsi
qu’un montage de boucle spécifique.
6
Conclusion
Suite à ces résultats, une nouvelle étude pourra être réalisée en
corrigeant le protocole pour tenir compte de la baisse de gain
du système SMS HUMANTECHNIK. Par exemple, un appareil de
correction auditive dont le réglage en gain sera contrôlé par la
mesure in vivo pourra être utilisé. De plus, il sera intéressant de
mesurer lors d’un changement brutal d’environnement sonore
(calme/bruyant), et donc de transducteur (ACA seul/ACA couplé
au système d’aide à l’écoute), le temps d’adaptation nécessaire au
patient ainsi que les difficultés rencontrées. Enfin, un bilan réalisé
par un orthophoniste pourra compléter cette étude.
Les Cahiers de l’Audition - N°4/2013
39
Cas clinique
intérêt des tests démonstratifs
pour le patient et l’accompagnant
Anamnèse
Céline Guémas
Centre Bretagne
Audition
10, rue de l’Eglise
29 270 CarhaixPlouguer
02.98.93.18.75
[email protected]
Madame P. est adressée au
laboratoire par son médecin ORL
pour un essai d’appareillage auditif
en juillet 2012. Elle ne présente
pas d’antécédents ORL ni familiaux.
Elle a parfois des acouphènes mais
ceux-ci sont non invalidants, elle
« n’y fait pas attention ». Elle n’a
pas de vertige et n’a jamais été
exposée au bruit : elle travaillait
dans l’administration. Madame P. ne
se sent pas particulièrement gênée
par sa baisse auditive. Son conjoint,
qui l’accompagne, décrit pourtant
une dégradation de l’audition de
Madame, surtout depuis 3 ans, mais
la gêne aurait débuté il y 5 à 6 ans.
Monsieur trouve que Madame s’isole
de plus en plus, que le volume de
la radio est trop fort et qu’il doit
répéter sans cesse. Madame, pour
sa part, reconnaît ses difficultés à
suivre les conversations en milieux
bruyants. Lorsque je la questionne
sur son acuité visuelle, Madame P.
m’indique qu’elle porte des lunettes
depuis plus de 30 ans, qu’une
dégénérescence maculaire a été
diagnostiquée il y a 13 ans et que
cette dernière s’est particulièrement
aggravée ces 5 dernières années ;
elle utilise une loupe depuis 3
ans mais sans résultat probant.
Notons que les difficultés de
compréhension sont concomitantes
de la dégradation visuelle.
Examens
cliniques
L’otoscopie est normale. Les
conduits sont étroits mais les
tympans intacts et bien visibles.
Nous réalisons une audiométrie
tonale aux inserts afin d’obtenir
son SPLogramme (Figures 1 et 2).
Il est toujours possible de visualiser
l’audiométrie en dB HL.
L’audiométrie tonale révèle une perte
plate symétrique et une dynamique
minimale de 40dB. L’audiométrie
vocale au casque oreilles séparées,
40
Les Cahiers de l’Audition - N°4/2013
Figure 1 : Audiométrie tonale aux inserts MEintra
Figure 2 : Conversion du SPLogramme en dB HL
Figure 3 : Audiométrie vocale dans le bruit avec des listes de logatomes et
l’onde vocale globale (OVG) de L. Dodelé en bruit perturbant
réalisée avec des listes cochléaires
de Lafon, est cohérente avec
l’audiométrie tonale (Figure 3).
Je réalise ensuite un test dans
le bruit afin de quantifier la gêne
ressentie par cette patiente. Outre
l’aspect quantitatif, cet examen revêt
un aspect démonstratif vis-à-vis
de l’entourage : le conjoint de la
patiente prend ainsi conscience
des difficultés de Madame P. dans
le bruit à un niveau supraliminaire.
En effet, même pour un rapport
signal sur bruit de -15dB, la patiente
n’atteint que 72% de phonèmes
correctement répétés et aucun
phonème répété pour un rapport
signal sur bruit de 0 dB (Figure 4).
rise en
P
charge et choix
prothétique
L’ensemble de ces examens ainsi
que les données de l’anamnèse
me permettent, dans un premier
temps, d’expliciter les difficultés
CAS CLINIQUE <
de Madame P. et de la préparer
à l’appareillage auditif ; Exercice
d’équilibriste au combien délicat car,
autant Madame P. a besoin d’être
rassurée et encouragée quant à
la nécessité de se faire appareiller
autant il est important d’aborder
les limites de l’appareillage avec
son conjoint qui espère beaucoup
des appareils ! Rappelons que
Madame P. souffre d’une DMLA
avancée et par conséquence, qu’elle
ne bénéficie d’aucune lecture
labiale. Je l’informe, à ce sujet, de
la prise en charge spécifique en
cas de cécité (Arrêté du 25 août
2004 relatif à la modification de la
section 2 du chapitre 3 du titre II de
la liste prévue à l’article L. 165-1
du code de la sécurité sociale) et
l’invite à prendre contact avec son
ophtalmologue qui lui délivrera le
certificat justificatif. A l’issue de
cette première visite, je propose
à Madame P. de faire un essai en
contours d’oreille rechargeable afin
de préserver son autonomie. Elle
semble alors plus encline à faire
un essai : dépendre de ses proches
pour changer les piles était un frein
à la démarche d’appareillage. Elle
redoute d’être gênée par les bruits.
Nous débuterons donc avec peu
de gain et insisterons sur un port
quotidien et régulier des aides
auditives. Madame P. adhère au
projet, rendez-vous est pris pour
l’adaptation.
Adaptation
prothétique
Comme établi lors du premier
rendez-vous, j’adapte deux contours
d’oreille rechargeables à Madame
P. en open dans un premier temps.
Certes, des embouts sur mesure
permettraient d’obtenir un meilleur
gain sur les fréquences graves
et un bénéfice plus net dans le
bruit grâce à l’utilisation optimisée
des systèmes microphoniques et
réducteurs de bruit. La réalisation
d’embouts sur mesure fait partie du
Figure 4 : Audiométrie vocale au casque oreilles séparées réalisée avec des
listes cochléaire de Lafon
Figure 5 : GI initial oreille droite
projet de réhabilitation prothétique
établi ; j’informe Madame P. : nous
débuterons avec des dômes open
peu invasifs et confortables que nous
ferons évoluer vers des embouts sur
mesure afin d’optimiser les réglages
et le résultat prothétique. Une fois
le préréglage fabricant établi, je
procède à une mesure de gain
d’insertion et modifie les réglages
afin d’obtenir un gain d’insertion
de 10dB environ sur l’ensemble
des fréquences. La procédure Open
REM est utilisée car l’appareillage
est adapté en dôme ouvert. Je lui
explique qu’elle va mieux entendre
sans être gênée. J’insiste auprès de
son conjoint sur le temps nécessaire
à la rééducation auditive (Figure 5).
La manipulation est acquise
rapidement : un seul programme
d’écoute, mise en place des
appareils dans le chargeur, mise en
route le matin. Un rendez-vous est
fixé pour la semaine suivante.
GI initial oreille gauche
Suivi
prothétique
Au bout d’une semaine, Madame P.
me fait part de ses observations : elle
entend beaucoup plus de sons et
est surprise de s’être bien adaptée.
Elle entend les oiseaux et a baissé
le volume de sa radio. Son conjoint
trouve une nette amélioration : elle
fait moins répéter et semble plus
enjouée. Les données du dataloging
rapportent un port moyen de
12.5 heure par jour. Il est décidé
d’augmenter le gain général de 3dB,
un rendez-vous est fixé à 15 jours.
Au terme de ces 15 jours, Madame
P. n’exprime pas de gêne mais elle
décrit des fluctuations de gain et ne
sait pas si les dômes sont toujours
correctement en place. A l’arrivée
au laboratoire, il a en effet été
constaté que les dômes n’étaient
pas suffisamment insérés dans
les conduits auditifs. Je décide de
réaliser une prise d’empreintes.
Les Cahiers de l’Audition - N°4/2013
41
> CAS CLINIQUE
Les embouts sur mesure sont adaptés
10 jours plus tard. Nous avons conservé
les tubes fin pour plus de discrétion.
Le réglage est revu sous in vivo, le
couplage appareil – tube – embout ayant
été modifié. Ce contrôle in vivo et les
modifications de réglages permettent
de conserver une courbe de réponse
similaire à la courbe de réponse obtenue
avec les dômes ouverts. Je réalise un
gain fonctionnel ; la patiente mériterait
plus d’amplification mais elle refuse
catégoriquement, elle a peur d’être
gênée. Je lui propose donc d’établir un
deuxième programme d’écoute plus
fort qu’elle pourra activer lorsqu’elle
en sentira le besoin. Cette solution est
retenue (Figure 6).
Au rendez-vous suivant, la patiente dit
bien supporter les embouts ; elle préfère
les sentir dans ses oreilles et ne constate
plus de fluctuation de gain. Le dataloging
indique toujours un port journalier de 12
heures mais le deuxième programme n’a
pas été utilisé. Son conjoint reconnaît
une amélioration mais regrette de devoir
encore répéter et trouve que cela reste
difficile dans le bruit. Madame rétorque
qu’elle a pu discuter avec sa voisine
lors du repas de famille. Les gains
prothétiques vocaux suivant sont relevés
dans la figure 7.
En milieux bruyant, après 2 mois de
stimulation, on observe une amélioration
de la compréhension, mais pour un
rapport signal sur bruit de 0, Madame P.
comprend environ un mot sur trois. Le
conjoint a bien conscience des difficultés
de Madame mais peine à les accepter
(Figure 8).
J’évoque à nouveau l’utilisation du
deuxième programme. Madame P. avoue
ne pas penser à l’utiliser mais elle ne
souhaite pas le désactiver et pense
pouvoir l’utiliser dans le calme. Elle décide
de conserver les appareils et dit ne plus
pouvoir s’en passer.
iscussion et
D
conclusion
Lorsque Madame P. s’est présentée au
laboratoire, elle n’avait pas conscience de
sa perte auditive. Celle-ci s’était installée
progressivement et ses difficultés visuelles
42
Les Cahiers de l’Audition - N°4/2013
Figure 6 : Gain fonctionnel oreilles séparées
Figure 7 : Gain prothétique vocal dans le calme. Listes cochléaires de Lafon
Figure 8 : Gain prothétique vocal dans le bruit. Matériel vocal utilisé : logatomes et OVG
de L. Dodelé
monopolisaient son attention. De mon
côté, la prise en charge audioprothétique
me semblait urgente : l’acuité visuelle de
Madame P. se dégradait rapidement, il me
paraissait intéressant de pouvoir profiter
du peu d’acuité visuelle qui lui restait pour
faciliter l’apprentissage de la manipulation
et maintenir un certain niveau
d’autonomie. D’autre part, l’isolement
lié à l’installation de la cécité ne pouvait
être qu’accentué par la perte auditive.
Mais le temps de l’audioprothésiste n’est
pas forcément synchrone au temps du
patient. Aussi a-t-il été nécessaire, avec
Madame P., de s’adapter à son rythme
tout en l’accompagnant dans le projet de
réhabilitation. Madame P. est désormais
appareillée depuis 1 an. Le dataloging
indique un port moyen de 12 heures jour
mais il est nécessaire, à chaque rendezvous de contrôle, de l’encourager dans la
démarche et d’expliquer à nouveau à son
conjoint les limites du résultat prothétique.
La maîtrise des éléments techniques,
l’utilisation de tests démonstratifs et
l’usage d’un discours cohérent tout
au long de l’appareillage concourent à
l’adhésion du patient au projet. Le patient
devient acteur de sa réhabilitation.
Métier et Technique
Test de discrimination phonemique a§e® :
évaluation au profit de l’appareillage pédiatrique
Introduction
1. Etat de l’art
Laura Fauquier
Audioprothésiste D.E
Master Audiologie et
Troubles du Langage
Amplifon Marseille
laura.fauquier@
amplifon.com
Le système auditif permet d’interagir
avec l’environnement en traitant l’information de façon hiérarchique. Il
possède trois niveaux : la détection,
la discrimination et l’identification.
Les signaux perçus de l’environnement doivent en premier lieu être
détectés, ce qui représente le plus
bas niveau du traitement sensoriel.
Ensuite, la discrimination se réfère à
la capacité de l’organe sensoriel de
distinguer deux signaux ayant des
caractéristiques différentes. Enfin
l’identification est la capacité du
système de reconnaître et de donner un nom, ou une étiquette, à des
signaux différents. Seuls les sons qui
sont détectés, peuvent être discriminés, et seuls ceux qui sont discriminés, peuvent être étiquetés par des
noms différents (Goldstein, 2002).
Dans cette étude, il est question
d’analyser principalement la discrimination fréquentielle, autrement
dit le second niveau du système
auditif. Mais avant tout, il est important de comprendre cette étape de
traitement du signal au niveau de la
cochlée.
Le seuil de discrimination fréquentielle représente la plus petite différence spectrale perceptible par un
individu entre deux stimuli consécutifs. La capacité de discrimination
sensorielle est reliée à la qualité de
la perception. En effet, elle permet
d’apprécier les détails d’une symphonie ou la complexité langagière.
La capacité à discriminer deux sons
de fréquences rapprochées est essentielle pour une perception juste
de la parole, particulièrement en
présence de bruit compétitif, ainsi
que pour la perception et l’appréciation de la musique (Gfeller, et al.
2007; Kraus, McGee, Carrell & Sharma, 1993). En effet, une discrimination fréquentielle adéquate permet la
distinction entre des voyelles ayant
des formants fréquentiels comparables ainsi qu’entre des consonnes
44
Les Cahiers de l’Audition - N°4/2013
ayant une composition spectrale
similaire. Une discrimination appropriée est nécessaire pour une compréhension et une production juste
de la parole. Ainsi, de nombreuses
observations ont révélé qu’une mauvaise performance sur le plan de la
discrimination fréquentielle était à
l’origine de diverses dysfonctions,
telles que des troubles de langage
ou de la lecture, autant chez l’enfant
que chez l’adulte (Bishop & McArthur, 2005; Hill, Hogben & Bishop,
2005; McArthur & Bishop, 2004;
Mengler, Hogben, Michue & Bishop,
2005). Les auteurs de ces études
concluent que la discrimination fréquentielle fait partie des processus
sensoriels de base, essentiels à un
développement langagier normal.
Ces tests sont complémentaires aux
évaluations qui sont communément
utilisées dans la pratique audiologique, pour les réglages d’implant
cochléaire.
2. Présentation du test
de discrimination
phonémique a§e®
Les tests de A§E® sont basés sur les
trois niveaux du système auditif : la
détection, la discrimination et l’identification. Les deux premiers sont
propres à l’oreille interne, alors que
l’identification est le résultat d’un
traitement central. Or les tests A§E®
visent à étudier uniquement la fonction cochléaire. Cette étude va donc
se baser exclusivement sur le test
de discrimination fréquentielle chez
l’enfant malentendant, les résultats
de ces tests enrichiront les évaluations prothétiques déjà existantes,
tel que le niveau de détection qui
est suffisamment étudié en audiométrie comportementale. Ce test
permet donc d’évaluer la discrimination fréquentielle entre différents
couples de phonèmes spectralement proches chez l’adulte, l’enfant
et le jeune enfant. L’analyse des
erreurs phonétiques est un examen
particulièrement intéressant qui peut
permettre d’identifier des zones de
sous-amplification qui sont souvent
corrigibles par une simple augmentation du gain (Vaerenberg B, Govaerts PJ et al. 2011). Les résultats
de ces tests seront des éléments
importants permettant l’amélioration des réglages prothétiques chez
l’enfant et ainsi l’aider au mieux
dans son apprentissage langagier.
Les résultats pourront aussi mettre
en évidence les limites de l’appareillage prothétique et ainsi être un
critère supplémentaire pour appuyer
un bilan de pré-implantation.
Le A§E® est un système d’exploitation permettant de réaliser un ensemble de tests psychoacoustiques
crée par le Professeur P.J Govaerts
et son équipe, permettant l’évaluation supraliminaire auditive des malentendants mais surtout de l’enfant
malentendant d’âge préverbal.
Cette étude propose donc de mettre
à profit un nouveau test d’audiologie permettant de perfectionner les
réglages prothétiques chez l’enfant
appareillé et ainsi améliorer leur
qualité de perception auditive pour
les aider à développer le langage
dans les meilleures conditions.
Lors de privation sensorielle auditive, notamment lors de surdité, le
développement du système auditif
est inévitablement perturbé dans
toutes les étapes du traitement du
signal, de la détection à la reconnaissance. Cependant aucun examen auditif n’analyse précisément
cette faculté, mais c’est l’évaluation
de la reconnaissance sous forme de
divers tests évaluant la perception
de la parole qui a reçu le plus d’attention (Osberger, Fisher & Kalberer,
2000 ; Peterson, Pisoni & Miyamoto,
2010). Toutefois ces tests de reconnaissance vocale ne peuvent être
utilisés chez les enfants, seuls les
examens de détection sont couramment employés pour évaluer le bon
fonctionnement des aides auditives.
Métier et Technique <
L’objectif sera de déterminer si ce
test de discrimination fréquentielle
peut être intégré aux autres évaluations déjà existantes.
Matériel
et méthode
1. Matériel utilisé
-
Cabine insonorisée, aménagée
pour l’appareillage pédiatrique.
- Audiomètre « Affinity » et amplificateur.
- Un haut-parleur étalonné et situé à
un mètre du sujet testé
- Matériel vocal utilisé : test de discrimination phonémique du logiciel
A§E® et une liste enregistrée de
Dodelé de 30 logatomes de trois
phonèmes (Voyelle Consonne
Voyelle) pour ne mesurer que
la perception des sons, et ainsi
exclure l’utilisation de la lecture labiale et de la suppléance mentale.
La liste de logatomes de Dodelé
utilisée, a été reconstituée afin que
chacun des huit phonèmes testés
par le logiciel A§E® apparaissent
au moins cinq fois.
- Les sujets sont testés appareillés
en champ libre.
3. Protocole expérimental
1. Description des tests
Test de discrimination
phonémique A§E®
Ce test de discrimination phonémique permet d’évaluer la résolution fréquentielle de la cochlée. Une
paire de phonème est présentée à
un niveau de 70 dB SPL. Les phonèmes sont construits de telle sorte
que la seule différence entre eux est
leur contenu spectral (la durée et
l’intensité sont égales). Un phonème
de « fond » choisi est répété à intervalles de temps régulier (Figure 1)
et remplacé aléatoirement par un
nouveau phonème appelé phonème
« stimulus ». Le sujet doit réagir au
phonème « stimulus ». Il n’est pas
demandé de reconnaître les phonèmes mais seulement de constater
une différence.
Le résultat est validé lorsque le sujet
reconnaît trois phonèmes « stimulus » successifs ou bien si le sujet
reconnaît au moins six phonèmes
« stimulus » sur huit passages.
Le résultat n’est pas validé dans le
cas où le sujet a reconnu moins de
six phonèmes « stimulus » sur huit
passages. Ce test demande une
bonne concentration de la part du
sujet, or les enfants ne sont pas toujours disponible très longtemps. Par
conséquent, un « ensemble minimal » de paires de sons de la parole
est suggéré par le logiciel A§E®, ce
choix a fait l’objet d’une étude menée par K. Daemers et al en 2006. Il
s’agit d’une sélection de sept paires
de sons de la parole, dans laquelle
des voyelles sont représentées (/u//a/, /u/-/i/ et /i/-/a/), ainsi que des
contrastes de voisement (/z/-/s/), le
lieu d’articulation (/s/-/∫/ et /v/-/z/)
ou des combinaisons autres (/m//z/).
Test de répétition
de logatome de Dodelé
Le principe de ce test est basé sur
la répétition d’une liste de 30 logatomes à un niveau de 60 dB SPL.
Cette liste a été crée à partir des
logatomes de Dodelé, de façon à
regrouper les différents phonèmes
présentés lors du test de discrimination phonémique. Ces huit phonèmes apparaissent au moins cinq
fois dans la liste. Les scores comptabilisés concernent uniquement les
huit phonèmes évalués par le test
2. Population testée
La population testée est composée
de 36 enfants malentendants appareillés, âgés de 2 à 12 ans avec une
moyenne d’âge de 4,7 ans, atteints
de surdité moyenne à sévère.
Tous ces enfants sont appareillés
en bilatéral et leurs aides auditives
sont réglée selon le protocole DSL
[i/o] v5.11 (Desired Sensation Level
input/output).
1. La méthode DSL (Desired Sensation
Level) a été développée à l’origine pour
fournir aux praticiens une approche
scientifique systématique de l’adaptation
prothétique pédiatrique, afin d’assurer
l’audibilité de la parole amplifiée en
considérant uniquement des facteurs
associés à la correction prothétique
des nourrissons et des jeunes enfants
malentendants.
Figure 1 : Affichage du test de discrimination phonémique. La colonne de gauche
(noire) concerne les phonèmes de « fond » et la colonne de droite (rouge)
concerne les phonèmes « stimulus». A droite la colonne des scores obtenus par
paire de phonème au niveau d’intensité testé.
Les Cahiers de l’Audition - N°4/2013
45
> MÉTIER ET TECHNIQUE
A§E®.
Exemple : [ainva] seul les phonèmes /v/ et
/a/ seront comptabilisés.
2. Protocole
Deux sessions de tests ont été réalisées
à un intervalle de temps d’au moins un
mois.
La première session de tests consiste
à évaluer les scores de discrimination
phonémique et ceux de répétition de
logatome, de l’enfant appareillé avec un
réglage prothétique initial prescrit par la
méthode DSL i/o.
A la fin des ces deux évaluations, grâce
au logiciel A§E® et en fonction des résul-
tats du test de discrimination, des modifications seront apportés aux réglages
prothétiques. En effet, la figure 2 montre
le contenu spectral d’une paire de phonème testé (/ou/-/i/), ce graphique permet
d’analyser les zones fréquentielles où les
phonèmes diffèrent et indique les canaux
de gain à modifier pour améliorer la résolution fréquentielle.
Remarque : Le nombre de canaux de gain
peut être modifié en fonction du modèle
d’aide auditive utilisée.
Suite à ces corrections, l’enfant est revu
au moins un mois plus tard pour être
réévalué dans les mêmes conditions et
ainsi vérifier une amélioration ou non des
confusions phonémiques.
Figure 3 : Audiogramme moyen de chacun des groupes expérimentaux. Groupe 1 (n1=21)
et groupe 2 (n2=15).
Résultats
Dans le but d’analyser avec précision les
résultats obtenus, les sujets ont été scindés en deux groupes selon le calcul de la
médiane afin de répartir de façon homogène les sujets en fonction de leur perte
auditive (Figure 3).
1. Résultats au test de
discrimination a§e®
Les figures 4 et 5 montrent les scores de
discrimination phonémique du groupe 1 et
2 avant et après réglage.
Avant les modifications de réglages, les
scores obtenus (bâtonnet gris clair de
la figure 4) pour le groupe 1 sont d’une
moyenne de 91% de reconnaissance
phonémique. En revanche, les résultats
au test A§E® du groupe 2 sont moins bon
d’une moyenne de 69% de phonèmes
correctement discriminés (bâtonnet gris
clair de la figure 5).
Les figures 4 et 5 montrent qu’après avoir
modifié le réglage (noir) pour les sujets
ayant fait des erreurs, les moyennes des
scores obtenus au second passage du
test, sont significativement meilleures (à
0,05% d’erreur) quelque soit le groupe.
Cela signifie que les corrections de réglage proposées par le logiciel A§E® sont
efficace pour optimiser la discrimination
des phonèmes.
2. Résultats au test de
répétition de logatome
Les figures 6 et 7 montrent les scores
obtenus au test de répétition de logatomes
(pour 54 phonèmes correctement répétés)
pour chacun des deux groupes, avant et
après réglage.
La moyenne des scores de répétition de
logatomes de chacun des groupes avant
réglage est supérieure à 83%, ce qui
confirme la réalité de la méthode DSL i/o
qui permet d’obtenir une bonne perception des sons de parole. Cependant, après
avoir modifié le réglage chez certain sujet,
recommandé par le logiciel A§E® suite aux
erreurs commises, les scores au test de
Dodelé sont significativement amélioré
pour les deux groupes.
Figure 2 : Exemple de l’analyse de discrimination /ou/-/i/ : Le diagramme « Spectral
Analysis » indique les différences fréquentielles entre le phonème de « fond » /u/ (jaune) et
le phonème « stimulus » /i/ (bleu). Les zones où la différence énergétique est la plus importante (aire rose), sont les fréquences où le gain de l’aide auditive est insuffisant pour différencier ces deux phonèmes (dans le cas où il y a eu une erreur sur cette paire de phonème).
Le nombre de canaux est représentatif de la gamme de l’appareil choisi.
46
Les Cahiers de l’Audition - N°4/2013
Il est important de noter que suite aux
réglages aucun des sujets n’a obtenu de
scores régressifs.
Remarque : L’analyse des données statistiques est basée sur l’estimation de pourcentage.
MÉTIER ET TECHNIQUE <
3. Correlation inter-test
Les résultats du test de répétition de
logatomes sont liés aux résultats du test
de discrimination phonémique, puisque
les confusions commises lors du test
A§E® devraient engendrer des erreurs
de répétitions des phonèmes concernés.
Les figures ci-dessous représentent le lien
entre la différence de score avant et après
réglage pour chacun des tests.
La figure 8 montre qu’il existe une forte
corrélation (R2= +0,909) entre les scores
de ces deux tests pour le groupe 1.
Les figures 8 et 9 permettent d’observer
que lorsqu’il y a une optimisation du score
au test de discrimination A§E®, il existe
une amélioration du score au test de répétition de logatome pour chacun des tests.
Le calcul du coefficient de corrélation permet d’affirmer que le lien entre ces deux
tests est très fort. Le coefficient de corrélation positif traduit une évolution croissante des scores entre ces deux tests ;
plus le score du test A§E® est amélioré,
plus le score de répétition de logatomes
sera bon.
Discussion
Cette étude a comme premier objectif
d’optimiser les réglages prothétiques des
enfants appareillés grâce à l’amélioration
des tests d’évaluation en audiologie. A
l’origine, tous les sujets de l’étude possèdent des seuils prothétiques basés sur la
méthode de réglage DSL i/o, et les résultats recueillis lors de la première série
de tests, avant modification de réglage,
sont tout à fait honorables. Cependant,
les résultats de la seconde série de tests
suggèrent que les propositions de réglage
de A§E®. apportent de meilleures performances discriminatoires et perceptives.
Donc les réglages conseillés par la méthode DSL i/o ont été optimisé par le test
de discrimination fréquentielle.
De plus, l’amélioration des habiletés de
discrimination fréquentielle a révélé une
Figure 4 : Scores obtenus au test de discrimination phonémique
A§E®, avant (gris clair) et après (gris foncé) modification de réglage
des aides auditives des 21 sujets du groupe 1.
Figure 5 : Scores obtenus au test de discrimination phonémique
A§E®, avant (gris clair) et après (gris foncé) modification de réglage
des aides auditives des 15 sujets du groupe 2.
Figure 6 : Scores de répétition de logatomes de Dodelé du groupe 1,
avant (gris clair) et après (gris foncé) modification de réglage.
Figure 7 : Scores de répétition de logatomes de Dodelé du groupe 2,
avant (gris clair) et après (gris foncé) réglage.
Figure 8 : Représentation de la régression linéaire entre la différence de score avant et après réglage du test A§E (abscisse) et du
test de répétition de logatome (ordonné), pour chacun des sujets
du groupe 1. Figure 9 : Représentation de la régression linéaire entre la différence de score avant et après réglage du test A§E (abscisse) et du
test de répétition de logatome (ordonné), pour chacun des sujets
du groupe 2.
Les Cahiers de l’Audition - N°4/2013
47
> MÉTIER ET TECHNIQUE
augmentation de la perception des sons
de parole. Ces résultats concordent avec
ceux d’autres études ayant montré qu’une
discrimination fréquentielle adéquate est
essentielle pour une perception appropriée
de la parole. (Bishop & McArthur, 2005;
Hill, Hogben & Bishop, 2005; McArthur &
Bishop, 2004; Mengler, Hogben, Michue &
Bishop, 2005). Considérant qu’une bonne
discrimination fréquentielle est essentielle pour une juste production et compréhension de voyelles et de consonnes,
cette relation entre les deux tests paraît
cohérente. Ces résultats pourraient avoir
une implication importante pour la réadaptation auditive proposée aux enfants
appareillés.
En effet, le test de discrimination phonémique peut-être un outil permettant de
court-circuiter l’audiométrie vocale chez
l’enfant. Ce test permet d’assurer une
bonne perception des sons de la parole,
sans participation active des enfants
comme pour une audiométrie vocale.
Cependant, cette étude possède aussi ses
limites, puisque de nombreux phonèmes
n’ont pas été testé tels que les plosives
voisées et non voisées (/b/, /d/, /g/, /p/, /t/
et /k/). Le logiciel A§E® ne permet pas de
tester ces consonnes, et ainsi analyser le
traitement de ces sons par les aides auditives. En effet si la montée rapide du niveau de signal déclenche les systèmes de
compression ou de limitation de niveau de
sortie alors, il est possible que ces indices
soient altérés physiquement et que la plosive ne soit discriminée correctement. Il
aurait donc été intéressant d’analyser les
signaux étudiés en sortie d’aide auditive,
pour témoigner des limites de leur traitement du signal sur le plan discriminatoire.
Conclusions
et perspectives
En conclusion, l’étude montre que le
test de discrimination phonémique A§E®
permet d’améliorer significativement la
discrimination des phonèmes or une discrimination fréquentielle appropriée est
essentielle pour la qualité de la perception
langagière.
48
Les Cahiers de l’Audition - N°4/2013
Jusqu’à maintenant, l’audiologie s’intéresse surtout à la mesure de la détection
de sons purs (1er niveau de l’oreille interne) ou à la reconnaissance de la parole
(3ème niveau : l’identification). Or le test de
discrimination phonémique peut être un
outil complémentaire aux différents tests
d’évaluations prothétiques déjà existants.
En effet, il permettra de complémenter ces
différents tests.
La principale conclusion de cette étude
est que ce test de discrimination phonémique est, pour l’enfant malentendant
appareillé, l’équivalent de l’audiométrie
vocale chez l’adulte. Il permet l’évaluation
de la perception des sons de parole chez
le jeune enfant (dès 6-9 mois par conditionnement).
En fonction des scores obtenus au A§E®,
la discrimination fréquentielle pourrait être
un apprentissage à consolider avec l’orthophoniste ; Selon des études (Harnard,
1987), la discrimination fréquentielle possède une part d’inné et une part d’acquis.
Il est intéressant de noter qu’une erreur de
répétition au test de logatomes, permet de
souligner un défaut de prononciation dans
le cas où la discrimination au A§E® est
correcte. Cette analyse sera utile à relater
à l’orthophoniste référent afin de mieux
corriger la diction de l’enfant et donc
l’aider au mieux dans son apprentissage
du langage. En revanche dans le cas ou
la discrimination et le test d’identification
sont mauvais, alors cela peut caractériser
soit des difficultés cognitives soit un gain
insuffisant des appareils dans le cas de
surdité sévère à profonde.
Dans ce cas le A§E® pourra mettre en
évidence les limites de l’appareillage,
lorsque le gain des appareils auditifs sera
maximum et insuffisant pour une bonne
récupération de la discrimination fréquentielle. Alors les résultats du A§E® pourront
devenir un des critères d’implantation cochléaire dans le cas de surdité importante.
Pour conclure plus le matériel d’évaluation sera complet et meilleures seront
les performances auditives des adultes
et enfants malentendants appareillés. En
effet cet outil mesure le second niveau de
traitement du signal de l’oreille interne,
qui permet d’accéder à une identification
juste de la parole.
Bibliographie
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Harnards, S. (1987). Category induction and
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groundwork of cognition. Cambridge Press University. p535-565.
Interview
Dr Natalie Loundon
Laennec, est attendue cette
année. Le partenariat étroit des
cliniciens et chercheurs est une
chance supplémentaire pour tous
les patients porteurs de pathologie
génétique.
Arnaud COEZ
Audioprothésiste D.E.
Membre du
Collège National
d’Audioprothèse
[email protected]
Le nouveau Necker est né.
Comment s’organise
l’activité ORL au sein de
cette nouvelle structure ?
Le transfert du service ORL de
Trousseau et sa fusion avec le
service ORL de Necker font partie
d’un projet global de restructuration
et de groupement de divers services
des hôpitaux de l’assistance
publique de Paris (APHP).
Sur le site de l’hôpital Armand
Trousseau, les services d’ORL, de
maxillo-facial, de génétique et de
pneumologie (une partie) ont été
concernés.
Ces services ont / doivent intégrer
le nouveau bâtiment « Laennec »
de Necker Enfants Malades entre
Avril et Juin dans le cadre d’un
projet de pôle « tête et cou » dédié
à la pédiatrie qui est le plus large
d’Europe.
L’association de divers services de
pointe sur un même site permet de
favoriser un exercice d’excellence
pour la prise en charge médicale,
chirurgicale des pathologies de la
tête et du cou, de créer un centre
référent unique pour les pathologies
malformatives congénitales, et les
maladies génétiques rares.
En ce qui concerne les maladies
génétiques, l’institut « Imagine »,
soutenu par la fondation du même
nom existe déjà sur le site de
Necker. Cet institut est un lieu où
la recherche et les soins peuvent
interagir. L’ouverture d’un nouveau
bâtiment qui les accueillera sur
le campus non loin du bâtiment
50
Les Cahiers de l’Audition - N°4/2013
Le bénéfice économique de ce
regroupement est principalement la
mutualisation des personnels paramédicaux : possibilité d’extension
des plages d’utilisation du bâtiment (bloc opératoire, secteur de
la consultation) ; par ailleurs l’unité
géographique devrait aussi permettre à terme de diminuer le poids
financier immobilier, qui est considérable à l’AP-HP.
Pour les patients, la cohérence
et l’articulation facilitée de toutes
les spécialités qui peuvent être
nécessaires à la prise en charge
d’une pathologie est une assurance
de qualité dans les cas les plus
complexes.
Le service ORL se compose de 6
unités qui s’articulent ainsi:
- Les urgences ORL
- Le bloc opératoire commun
- L’hospitalisation en ORL (22 lits)
- La chirurgie ambulatoire
- La consultation ORL
- L’audiophonologie (comprenant le
centre de référence dépistage et
l’unité d’implant cochléaire)
Les urgences ORL pédiatriques
centralisées de Necker drainent
depuis toujours la pathologie ORL
pédiatrique urgentiste de toute l’Ile
de France (infections sévères et
profondes, pathologie tumorale,
polytraumatisés, corps étrangers
bronchiques, brulés) et constitue
une activité qui doit bénéficier d’un
environnement
multidisciplinaire,
neurochirurgie, maxillo-facial, orthopédie, imagerie, réanimation, pour
répondre au mieux aux situations
extrêmes et inhabituelles.
En ce qui concerne la chirurgie, le
travail se fait dans un bloc commun
(salles dédiées), ce qui permet de
travailler si nécessaire en équipe
pluri disciplinaire et d’étendre les
plages opératoires. La chirurgie
ambulatoire, elle, sera amenée à se
développer dans les années à venir,
dans les indications d’amygdalectomie, de tympanoplastie, de petites
lésions cervicales, et pourquoi pas,
à terme, pour la chirurgie d’implant
cochléaire.
L’organisation actuelle permet à la
consultation non urgente d’accueillir
des patients sur des plages plus
longues que celles que nous
pouvions obtenir à Trousseau, à
savoir 8.30 à 18heures.
Au niveau du secteur d’audiophonologie, nous avons 6 cabines
insonorisées équipées avec du
matériel d’audiométrie pédiatrique
et 4 avec des PEA, permettent de
réaliser selon les cas, du dépistage,
de l’audiométrie, des explorations
fonctionnelles (OEA/PEA/ASSR) sur
le plateau de consultation.
L’unité d’implantation cochléaire
garde la structure identique à celle
de Trousseau, mais avec des plages
de consultation élargies : secrétariat/
accueil, réglage d’implant, salles
d’orthophonie, boxes de consultation
médicale, psychologues. L’unité de
lieu est un avantage pour les patients
qui ont des consultations multiples
sur la même journée et facilite la
circulation des informations au
cours des consultations groupées.
Nous formons une très grosse
équipe ORL et audio-phonologique,
car nous avons fusionné le personnel
médical et paramédical des deux
équipes Trousseau-Necker. Nous
avons travaillé en partenariat sur
les deux sites pendant 18 mois et je
dois dire que, malgré le volume de
l’activité et le nombre d’intervenants,
la jonction des deux services s’est
fait dans de bonnes conditions et
en bonne intelligence malgré les
difficultés qui sont inhérentes à ce
genre d’opération.
uels sont les éléments qui
Q
caractérisent cette nouvelle
organisation dans laquelle
tu travailles aujourd’hui ?
INTERVIEW <
Biographie express
Le Dr Natalie Loundon est chirurgien ORL et médecin
audiophonologiste pédiatrique
Au sein du service ORL de l’hôpital Trousseau, elle contribuait au
dépistage et au diagnostic de la surdité de l’enfant, et participait à
l’organisation de la prise en charge pluridisciplinaire de la surdité,
qui fait intervenir médecins et chirurgiens, orthophonistes,
psychologue, généticienne et audioprothésistes. Elle assurait
également le suivi des enfants appareillés et implantés cochléaires,
ainsi que les liens vers les associations de patients.
Depuis avril 2013, le service ORL de l’hôpital Trousseau a été
transféré à l’hôpital Necker dans le pôle ‘mère-enfant’ du ‘Nouveau
Necker’.
En quoi la réunion du
service ORL de Necker
existant et de celui de
Trousseau améliore l’offre
de soins proposée au
patient?
Pour faciliter le parcours de soin
et assurer une prise en charge
optimale des patients, les grandes
fonctions médicales et les disciplines
partenaires sont regroupées par
niveau. Cette configuration permet
des interventions ultra-rapides,
multidisciplinaires et coordonnées.
Le Pôle Mère-Enfant Laennec en
chiffres :
- 400 lits et berceaux, dont 100 lits
de réanimation et de soins intensifs
- 20 salles d’opérations, 60 salles
de consultations externes
-
1 plateau d’imagerie de haut
niveau (IRM, Scanner) équipé de
matériels techniques dernière
génération.)
Le dépistage néo-natal
systématique de la surdité
a été adopté en 2012.
Quel bilan peut on faire
un an après ? Quels
enseignements retient-on
des régions (ou des autres
pays) dans lesquelles le
dépistage précoce a été mis
en place ?
Le ministère des affaires sociales et
de la santé a émis le 29 Mars dernier
une circulaire (DGOS/R1/2013/144)
qui fixe les ressources d’assurance
maladie des établissements de santé, c’est-à-dire cliniques, hôpitaux,
maternités… Une enveloppe budgétaire est prévue pour les maternités, d’un équivalent de 18,70 euros
par nourrisson dépisté, ainsi que la
possibilité d’un codage des actes de
dépistage et un financement pour la
coordination régionale du dépistage.
Il n’y a donc à ce jour pas encore
de dépistage uniformément organisé
sur le territoire. En revanche, les
actions locales et les programmes
régionaux/départementaux existants
depuis plusieurs années se
poursuivent et on peut considérer
qu’environ 45% des nourrissons
ont accès au dépistage de la surdité
en France. Le financement du
dépistage ayant été depuis peu voté,
les choses devraient s’organiser sur
le territoire dans les mois à venir, et
nous espérons que des directives
précises départementales seront
émises rapidement.
Le bénéfice attendu de ce dépistage
en France est celui connu, décrit
dans les autres pays développés,
la France est très en retard dans ce
domaine. On sait qu’il est possible
d’appareiller dès les premières
semaines de vie et ce, qu’il s’agisse
de surdité moyenne, sévère ou
profonde. L’intérêt est de réhabiliter
l’audition de façon optimale au
moment même où le cerveau du
nourrisson est particulièrement
sensible à ces stimulations. Le signe
le plus évident qui fait rechercher un
trouble auditif, c’est à dire le retard de
parole et de langage est d’apparition
tardive - 18/24 mois pour les surdité
les plus sévères, et encore plus tard
pour les surdité moyennes (48 mois).
Les diverses études d’imagerie et
d’électrophysiologie confirment les
observations cliniques qui montrent
les résultats excellents et très
naturels de la réhabilitation lorsque
celle ci est très précoce.
Quelle est la mission du
nouveau Necker dans
le cadre du dépistage
néo-natal systématique
de la surdité ? Quel
plateau technique a-t-il
été développé pour remplir
cette mission ?
A Trousseau nous étions centre
référent de dépistage et d’orientation
de la surdité (CDOS) et cette activité
a été naturellement reportée sur le
site de Necker. Notre mission est de
recevoir les nourrissons dont le test /
re-test en maternité est douteux et
de suivre les enfants « à risque » de
surdité.
Nous sommes équipés d’appareils
de dépistage - potentiels évoqués
auditifs automatisé (PEAA) - et bien
sûr d’outils diagnostiques - PEA /
audiométrie.
Il n’est pas dans notre mission et il n’est pas envisageable, étant
donné le volume de nourrissons à
tester - de voir tout ceux qui n’ont
pas été dépistés en maternité par
défaut d’organisation territoriale.
Nous travaillons avec l’aide de deux
infirmières formées spécifiquement
à l’accueil des familles, dont une
connaissant la langue des signes,
et qui s’occupe de la réalisation des
PEAA en partenariat avec l’équipe
médicale.
Les Cahiers de l’Audition - N°4/2013
51
> INTERVIEW
En cas de résultat du dépistage anormal,
nous organisons les examens à visée
diagnostique. Si la surdité se confirme,
nous proposons des consultations
pluridisciplinaires (ORL, psychologue,
orthophoniste) pour accompagner au
mieux les familles.
Comment sont organisées les
consultations médicales ORL à
l’hôpital ?
En ce qui concerne le (post)dépistage en
période néo-natale, ce sont majoritairement les maternités qui nous adressent
les enfants dont le test/re-test est resté
douteux. Des pédiatres et ORL nous
adressent aussi les enfants qui sont à
risque et qu’il faut surveiller.
En ce qui concerne les demandes de
bilan auditif pour les enfants un peu plus
âgés, les familles peuvent prendre RV
directement si elles ont des doutes en ce
qui concerne l’audition de leur enfant.
Si la demande semble urgente (en cas de
retard au diagnostic avec signes évidents,
en cas d’enfant en difficulté majeure,
s’il existe un doute important avec des
facteurs de risque, ou qu’un premier
examen à mis en évidence une surdité)
il est possible de demander au médecin
traitant, au pédiatre, à l’ORL, de nous
contacter ou de faire un courrier pour
argumenter un RV dans un délai raccourci.
En France, le nombre de praticiens ORL
sachant réaliser ou étant équipé pour
des examens de l’audition de l’enfant
est limité et la démographie médicale
prévisionnelle n’est pas favorable. Il
y a déjà maintenant un engorgement
important des consultations dédiées à
l’évaluation de l’enfant, il est donc utile
d’avoir un avis médical pour appuyer une
demande qui paraît urgente.
Les délais de RV médicaux sont en
moyenne de 4 mois, voir plus dans
certaines périodes, mais il est toujours
possible d’avoir un RV plus rapide sur
des plages d’urgence ou encore sur des
plages de consultation privée.
Une consultation de diagnostique
est toujours longue, puisqu’il faut le
temps d’accueillir l’enfant et sa famille,
d’analyser les signes cliniques et
médicaux, de faire l’audiométrie dans
les conditions optimales d’observation, et
éventuellement d’organiser dans la foulée
le test de PEA sous sieste, avant de pouvoir
répondre aux questions des parents. Il est
donc très délicat d’ « intercaler » des RV
sans perdre en qualité et en fiabilité…
52
Les Cahiers de l’Audition - N°4/2013
Les structures hospitalo-
universitaires ont une vocation
de formation des étudiants
en médecine, orthophonie,
audioprothésistes…
Combien de personnes sont
accueillies et formées par an ?
Nous avons en effet une vocation
universitaire et formons chaque années
des étudiants et professionnels de divers
horizons. Au niveau des spécialités
médicales, nous accueillons 8 internes
d’ORL/semestre, dont 2 en exploration
fonctionnelle et 25 étudiants en médecine
par an. Il y a une quinzaine d’observateurs
« séniors » en ORL (français et étrangers)
souhaitant compléter leur formation par
des stages d’observation ou dans le cadre
du diplôme universitaire d’otologie et
d’audiophonologie de l’enfant.
Au niveau paramédical, nous encadrons/
recevons une dizaine de personnes par an :
- des orthophonistes en formation venant
d’écoles d’orthophonie française ou
bruxelloise
- des audioprothésistes en formation
- des orthophonistes et audioprothésistes
« séniors » qui souhaitent se sensibiliser
à l’enfant
- des stagiaires de l’éducation nationale
La richesse des dossiers
cliniques, la concentration
de professionnels autour du
patient permettent-elles le
développement d’une recherche
clinique médicale ? Quels sont
les grands axes de recherche
retenus ?
Nous avons plusieurs points de recherche
clinique en audiologie : les axes sont
divers et j’en citerais quelques uns :
- avec le service de génétique et le Dr
Marlin, nous cherchons à améliorer
nos connaissance génotype-phénotype
(c’est à dire les caractéristiques
cliniques et électrophysiologiques des
surdités selon leur cause génétique),
-
les recherches électrophysiologiques
et cérébrales qui concernent le
développement de la parole et du
langage à un stade très précoce chez
l’enfant sourd implant (étude en lien
avec A. Coez et le laboratoire INSERM),
-
avec le laboratoire de développement
cognitif, avec une étude sur le
développement de la latéralité chez le
nourrisson sourd (Mme Fagard, CNRS)
-
les études cliniques sur les implants
d’oreille moyenne.
A cet égard, on ne compte
plus les études bio-médicales
internationales qui démontrent
l’importance d’une opération
précoce quand un implant
cochléaire peut être envisagé.
A l’hôpital Trousseau quel était
l’âge moyen d’implantation ?
L’organisation des soins dans
d’autres pays permet-elle une
opération plus précoce ?
Même si dépistage et implantation
cochléaire ne sont pas directement liés
(la plupart des enfants dépistés n’ont pas
d’indication d’implant cochléaire !), le
dépistage précoce des surdités profondes
permet de proposer une implantation
cochléaire avant l’âge de 12 mois à des
enfants qui sont actuellement candidat à
l’implant vers l’âge de 2-3 ans en raison
du retard au diagnostic. Hors dépistage,
l’âge moyen de diagnostic d’une surdité
profonde reste, malgré les campagnes
de sensibilisation, de 15 mois. En effet
les signes « évidents » faisant évoquer la
surdité sont tardifs. La moyenne d’âge à
l’implantation est de 2 ans 8 mois. Dans
les pays où le dépistage systématique est
uniformisé, l’âge moyen à l’implantation
est autour de 12 mois. Cette année
d’écart est autant de temps perdu pour
la qualité du résultat linguistique futur.
Dans le cadre d’un projet oraliste, la
réhabilitation des très jeunes nourrissons
doit tenir compte de ce que l’on connaît
en terme de développement cérébral et de
fenêtre de stimulation.
Pour l’instant, la majorité
des enfants sont implantés en
France, d’un seul côté, pour
quelle raison ? Quelles sont les
indications actuelles de l’implant
cochléaire bilatéral ? Quels
bénéfices ont pu être notés ?
L’extension des indications d’implantation
bilatérale à tous les nourrissons sourds
profonds bilatéraux par la HAS date de
début 2012, donc est très récente. La
plupart des patients, hors cas particuliers,
ont eu accès a une implantation unilatérale.
Actuellement tous les nourrissons
ayant une surdité bilatérale profonde
nouvellement diagnostiquée peuvent avoir
droit à une prise en charge de 2 implants
cochléaires mis simultanément.
Dans la pratique, en France, les familles
restent souvent non demandeuses d’une
double implantation simultanée (aspect
esthétique, idée d’un enfant « robot », peur
INTERVIEW <
de la chirurgie, conservation d’une cochlée
vierge pour des traitements futurs...) Mais
les choses changent progressivement.
Les observations de cette population
bi-implantée précocement sont très
encourageants, avec l’entrée dans un
langage oral naturel de qualité, dès lors
qu’il n’y a pas de troubles associés à la
surdité.
En revanche nous avons une nette augmentation des demandes d’implantation
séquentielle bilatérale, notamment lors de
l’abandon de la prothèse controlatérale,
ou en cas d’aggravation d’une audition
résiduelle. Les indications doivent se discuter au cas par cas, car les résultats ne
sont pas toujours au rendez-vous, et dépendent du délai entre les deux implants
et de l’histoire de la surdité.
L’essai d’un appareillage
conventionnel préalable était
proposé aux familles avant
une implantation monaurale,
l’enfant conservant sa prothèse
conventionnelle controlatérale
après l’intervention. Quand il y
a une indication d’implantation
bilatérale, cette démarche
demeure-t-elle adaptée ? Qu’en
est il dans les autres pays
européens ?
Notre position est de proposer un temps
d’appareillage systématique, pour diverses raisons et ce, quel que soit le projet
d’implantation.
Il y a des raisons audiologiques : cela
permet de s’assurer des seuils auditifs
et de la cohérence du projet d’implant
cochléaire. Cela permet aussi à la famille
de prendre le temps de s’ajuster à la
situation de réhabilitation et de prendre
la mesure du handicap, et donc aussi
de se conforter dans le projet d’implant
cochléaire. Enfin, l’adaptation des
prothèses est aussi un temps préparatoire
au port ultérieur d’un processeur contour
d’oreille. Il ne faut pas faire non plus
perdre du temps à l’enfant et en cas de
surdité profonde, quelques semaines
suffisent en général. Dan certains pays,
où les familles et les assurances payent
l’appareil auditif puis l’implant, il s’agit
d’un coût supplémentaire important
qui ne peux être accepté et les enfants
sont parfois implantés directement. Le
principe est alors de ne pas faire attendre
le nourrisson sourd profond et de lui
proposer rapidement la chirurgie.
E nviron 6 000 implants cochléaires
ont déjà été posés en France,
dont la moitié chez des enfants.
Combien d’implantations sont
prévues cette année à Necker ?
Quelle est la progression attendue
d’une année sur l’autre ?
Si l’implantation devient bilatérale,
la croissance du nombre de patients
implantés sera d’autant plus grande. Il
faut en outre assurer le suivi des patients
toute leur vie (une petite fille qui naît en
2013 à une espérance de vie de 100 ans
!). De plus, au bout de cinq ans il faudra
renouveler les processeurs externes
et continuer de fournir en matériel les
nouveaux patients implantés.
uelle organisation a été mise
Q
en place à l’hôpital pour assurer
ce service ? Dans d’autres
pays européens, d’autres
organisations ont elles été mises
en place ? Est ce que le service
audioprothétique rendu est alors
moins efficace ?
Nous avons réalisé ces deux dernières
années un peu plus de 100 implants par an,
et avons plus de 900 patients implantés.
Chaque enfant est suivi environ pour une
vingtaine d’année. La demande pourrait
augmenter de 20 à 30 % dans les années
à venir en raison notamment de l’extension
des candidats à la bilatéralisation. Nous
devons réfléchir à la façon d’organiser le
suivi et d’augmenter les moyens humains
pour permettre d’accueillir, de suivre et
de revoir cette cohorte qui s’agrandit de
façon exponentielle dans des conditions
acceptables pour tous.
Les renouvellements de processeurs
externes se font par tranche de 5 ans
et uniquement au niveau des centres
implanteurs. Les autres pays Européens
et au niveau plus large, mondial, se sont
organisés différemment. Les Audiologistes
évaluent les enfants sourds avant et après
l’implantation, règlent les implants et
assurent le service après vente pour le
matériel. Ils travaillent en étroit partenariat
avec les ORL et font partie de l’équipe
d’implantation. Les consultations ont lieu
dans le service d’Audiologie et non plus
alors, dans le service ORL.
En France ce corps de métier n’existe pas.
D’autres solutions existent, comme
la création d’un équivalent de centre
ressource dédié à l’implant cochléaire
mais affilié au service ORL implanteur,
permettant de désengorger les services
hospitaliers. Il faut cependant trouver
des ORL et orthophonistes qui sont
formés à la surdité et puissent régler les
implants. Aujourd’hui la démographie de
ces deux corps de métier n’est pas très
favorable à une extension de centres de
ce type. Il reste donc un réel problème
organisationnel de fond.
Le service d’hospitalisation d’ORL et chirurgie cervico-faciale de Trousseau est transféré depuis le
4 avril 2013 dans le Pôle Mère-Enfant Laennec.
La consultation d’ORL cervico-faciale a intègré ce bâtiment le 29 avril 2013.
Nouvelles coordonnées
Hôpital Necker - 149 rue de Sèvres - 75015 Paris - Secretariat : 01 71 39 67 95 ou 01 71 39 69 07
Accueil hospitalisation : 01 44 49 46 93 - Accès : Bâtiment Laennec Rez de Chaussée Bas puis 2e étage
Consultation et urgences de jour (8h-18h30) : 01 44 49 46 86 - Bâtiment Laennec Rez de Chaussée Bas
Accueil urgences nuit (18h30-8h) WE et jours fériés : Urgences Enfants Necker
Une consultation d’ORL pédiatrique de proximité est maintenue à l’Hôpital Trousseau
Bâtiment Lemariey porte 19 - secteur lapin bleu - 01 44 73 61 72 - 149 rue de Sèvres - 75015 Paris - www.hopital-necker.aphp.fr
Les Cahiers de l’Audition - N°4/2013
53
Notes de lecture
Dernières parutions scientifiques
GERIATRIC AUDIOLOGY
François DEGOVE
Membre du
Collège National
d’Audioprothèse
francois.degove@
wanadoo.fr
54
Second Edition - B. E. Weinstein
THIEME; 363p.; 2013
Comme cela est indiqué, il s’agit de
la deuxième édition de ce livre. La
première était déjà une réussite.
L’auteur rappelle que le choix fait à
l’époque de la 1ère édition par le Dr M.
Ross de publier un ouvrage sous ce titre
avait pour motivation première le fait
que la formation des audiologistes avait
un peu perdu de vue l’équilibre entre
les formations médicales, techniques et
sociales et/ou économiques. L’EPU qui
vient de se terminer à Paris sur le sujet
en question montre que les professionnels ont en effet, aujourd’hui, ces
questions qui reviennent et s’imposent
avec une certaine force. Cela pour deux
raisons : la première la croissance
très importante du marché et donc du
nombre de porteurs d’aides auditives
a montré que la solution de la prise en
charge prothétique ne devait pas se
résumer à la vente d’un équipement
souvent très sophistiqué à des gens qui
ne savaient pas toujours bien l’utiliser.
La deuxième raison est que la réflexion
sur l’impact des choix médicaux sur
le bien être des gens est devenu une
exigence des financeurs du marché,
Sécurité Sociale, Mutuelles, ... et donc
émerge une obligation de la part des
professionnels de la santé de mesurer
l’impact de leur travail sur les populations en question.
Avant d’aller plus loin dans la présentation du livre il n’est pas inutile de
rappeler pourquoi le médico-social
revient sur le devant de la scène. Il suffit
de rappeler quelques chiffres. Pour
les « 65 ans et + », dans le domaine
sensoriel visuel, 1,2% de la population conserve des difficultés de lecture
même avec aide, 10,8% de la population ayant des difficultés n’a pas d’aide,
0,9% de la population a des difficultés
de loin.
Pour entendre, 4,4% sans difficultés
avec aide, 3,4% de la population ayant
des difficultés n’a pas d’aide, 22,0%
de la population ont des difficultés
même avec aide. Même si il ne faut
pas confondre les problèmes visuels
et auditifs et, si on souhaite faire une
comparaison alors il faut comparer
l’amblyopie avec le déficit auditif et là
Les Cahiers de l’Audition - N°4/2013
les résultats s’inversent en faveur de
l’audition. Mais en matière d’économie
de la santé ces aspects restent encore
trop mal perçus par les personnes
qui traitent les aspects économiques.
Cette restriction ou ce malentendu
étant entendu, ces résultats posent
un certain nombre de questions. Les
chiffres donnés ici pour la question
auditive peuvent être un peu modulés
à la lecture de la synthèse réalisée par
E. Hans dans le compte rendu de l’EPU
2011 fait dans les Cahiers de l’audition.
Ces chiffres montrent que l’on ignore
pourquoi les gens ont conservé des
difficultés avec aide même si on peut
s’en douter sur certains points. On
retrouve là tout le sens du questionnement que l’approche purement
commerciale ne peut pas éclairer
en totalité. Sur certains points on
peut naturellement suspecter certains
problèmes techniques dans la prise en
charge. Mais, dès lors que les patients
sont suffisamment actifs il devient
possible de les interroger pour essayer
de mieux comprendre ce qu’ils apprécient dans les prises en charge et ce
qu’ils reprochent à ces mêmes prises
en charge. L’auteur a donc entrepris un
travail de fond en mettant justement
le patient/consommateur au centre
de ses préoccupations. Accroître la
réceptivité aux besoins et aux attentes
ou préférences sont en fait les maîtres
mots de ce type de démarches. Nous
ajouterons qu’il convient d’avoir parfaitement identifié les problèmes sur le
plan technique et là il y a sans doute de
temps à autres quelques points d’interrogations qui subsistent sur les niveaux
de pratique. Maintenant la qualité en
santé ne peut exister que si le sujet est
lui-même impliqué dans une démarche
d’amélioration de ses résultats et
coopère. Parmi les outils permettant
un travail sérieux il y a les évaluations
sous réserve de la validation des outils.
Il ne suffit pas, même si c’est déjà bien,
de poser 3 questions et de demander
le retour du questionnaire pour pouvoir
juger de la qualité d’un service.
La plupart du temps les réponses à
certaines questions trop directes gênent
les personnes qui doivent y répondre.
Donc, celles-ci, sauf cas extrême, ne
répondent pas franchement. C’est
pourquoi les questionnaires réalisés
par des organismes indépendants en
tous les cas pas directement impliqués
permettant alors un certain anonymat
ont souvent plus de poids lorsqu’il
s’agit d’évaluer des points sensibles
d’un service. C’est donc ce qu’a entrepris Barbara Weinstein (Professor and
Executive Officer, Graduate Center, City
University New York) qui est partie du
point de vue sans doute assez exact
que la plupart des personnes concernées ainsi que leurs familles pouvaient
apporter des réponses à certaines
questions.
Elle a donc construit un questionnaire
comportant 10 questions à propos de
la surdité, la perception que les patients
avaient de l’expérience de leur prise en
charge par l’audiolologiste fournisseur
de leur équipement (la plupart du temps
privé) et, les services que pourraient et
devraient apporter le professionnel en
question. Les sujets soumis au questionnaire avaient un âge moyen de
84 ans et étaient équipés depuis une
dizaine d’années en moyenne (Entre 3
et 20 ans). Ils étaient au nombre de 25.
Les réponses souligne B.W. furent
extrêmement informatives. Tout d’abord
vis-à-vis du prix jugé trop élevé, sauf
ceux qui s’étaient adressés à Costco
organisme qui propose des prises en
charge moins onéreuses. Autre réponse
très nette, la surdité est aliénante, et
entraîne une limitation très nette des
relations sociales, frustrantes, embarrassantes, etc. L’auteure rapporte même
l’expression d’une des personnes interrogée qui dit qu’elle donne l’impression
d’être « off the wall » du fait de son
incapacité à répondre correctement à
ce qu’on lui demande. L’expérience
avec l’équipement auditif est variable.
Néanmoins, une majorité dit que si un
ami leur demande leur avis sur le port
d’une aide auditive ils répondent qu’il
faut entreprendre la démarche et qu’ils
pourraient donner l’adresse de leur
audiologiste. La majorité reconnaît que
le professionnel qui s’est occupé de la
prise en charge a eu la volonté de les
suivre avec attention.
Ils considèrent aussi que leur audition
est meilleure avec une aide auditive
que sans. Du coup l’aide auditive est
considérée comme un plus dans leur
vie. Plusieurs personnes soulignent être
très frustrées par le fait de mal entendre
NOTES DE LECTURE <
dans le bruit. Maintenant ceux pour
lesquels l’expérience est négative ont
associé leur audiologiste à un « vendeur
de voitures d’occasion en mauvais
état ». Leur déception provenait en
particulier du fait qu’on ne leur a pas
laissé le choix entre plusieurs marques
et aussi parce que souvent le professionnel n’a pas pris le temps d’expliquer le choix d’une aide plutôt qu’une
autre. En fait disent-ils, nous « étions
face à une personne beaucoup plus
pressée de vendre que de s’occuper de
notre problème auditif ». B. Weinstein
ne manque pas d’humour ou d’autodérision lorsqu’elle écrit : « En fait je suis
essentiellement une universitaire qui
prêche plus qu’elle ne pratique, collaborant et enrichissant mon savoir auprès
de personnes sourdes et ayant à faire à
des audiologistes. C’est ma manière de
documenter mon travail d’enseignante
et ma pratique clinique de chercheur ! »
Ce point de vue nous intéresse beaucoup. J’aurais d’ailleurs envie de
renvoyer immédiatement le lecteur au
livre « Tinnitus » présenté ci-dessus qui
rappelle au passage que le traitement
doit passer par une parfaite maîtrise
de la recherche clinique (B. Moore et la
psycho-acoustique de l’acouphène ou
A. Noreña et son évocation des zones
mortes. Comment en parler et pourquoi
si on ne se donne pas le mal de les
rechercher ? Voire si on ne sait même
pas que cela existe !).
Le livre est construit sur 12 chapitres
regroupés en trois sections. La
première section traite : des aspects
normaux et anormaux du vieillissement.
Les trois premiers chapitres traitent de
l’épidémiologie, de la biologie générale
du vieillissement et de l’évolution des
aspects psychologiques liés à l’âge, le
quatrième chapitre présente des mises
au point récentes concernant le vieillissement du système auditif. Ce travail
est extrêmement intéressant du fait
de la « remise à plat » des travaux de
Schuknecht. Travaux un peu pionnier
vis-à-vis du classement des surdités
que l’on nomme sans doute un peu
maladroitement « la » presbyacousie
alors qu’on dénombre à peu près 6
« archétypes » de presbyacousie. Il
s’agit sans doute d’une prudence
louable dans le sens où on ne connaît
en fait jamais exactement le type de
presbyacousie dont relève un sujet
même si certains résultats sont parfois
suggestifs. Ce point nous amène à
suggérer que peut-être il serait préférable de commencer à s’habituer à
parler « des» presbyacousies. Dans la
deuxième section : « les changements
dans la perception auditive en relation
avec l’âge » on trouve comme dans
les précédents des mises à jour très
nombreuses et très utiles. Le premier
chapitre traite de l’audiogramme tonal
des OEA et de la tympanométrie. Un
point très sérieux est fait sur les différents aspects de la prise en charge
audiométrique avec prise en compte
des dernières publications. Certains
travaux laissent penser qu’on arrivera sans doute tôt ou tard à qualifier
les presbyacousies un peu mieux. B.
Weinstein aborde assez largement le
sujet vers la fin du chapitre. Cette mise
au point mérite lecture. Dans le chapitre
suivant, reconnaissance de la parole et
déficits fonctionnels.
On retrouve dans ce chapitre des questions importantes qui nous concernent
au premier chef par exemple la relation
entre audibilité et intelligibilité. L’hypothèse de la composante centrale est
aussi traitée avec attention. Une mise
en balance avec les facteurs cognitifs
et les interconnexions possibles entre
ces deux points de vue est proposée.
Enfin et c’est essentiel les conséquences sur la qualité de la vie pour les
personnes souffrant de déficits auditifs
dont la gêne résiduelle reste relativement importante. Dans la troisième
partie sont traitées les considérations
sur la réhabilitation. Le premier chapitre
aborde la question d’une approche
globale. C’est remarquable de précision. Pas de blabla, des faits des outils,
des méthodes. C’est ce qu’on attend :
structurer le savoir et le rendre opérant
pour un professionnel pour donner une
idée de ce chapitre il fait 50 pages
format 21 x 29,7.
Le chapitre suivant aborde la dimension
sensorielle, le rôle de l’aide auditive est
développé ainsi que celui des aides
complémentaires. Plus de 70 pages
sont consacrées à ces aides. Tous les
aspects sont passés en revue non pas
tant sur les méthodologies d’appareillage que sur les évaluations, les
limites de certains résultats, pourquoi,
comment y répondre, ne pas oublier
d’anticiper leur éventuelle présence,
etc. On y apprend aussi l’importance
d’une certaine évaluation des composantes centrale au travers de 3 scénarios.
C’est très actuel et correspond parfaitement à la tendance forte de la prise
en charge globale qu’on attend d’un
vrai professionnel qui sait travailler en
équipe avec ORL, orthophoniste, etc.
Dans le chapitre qui suit : promotion
de la santé et prévention. La place
des dépistages est évidemment posée
(quand, comment, par qui ?). Les
premières réponses : audiologistes
prothésistes, ORL, même combat.
Quelles sont les bonnes informations à
donner pour prévenir, préparer, etc. (Au
passage dans ce chapitre on retrouve
des conseils pour communiquer avec
les personnes malentendantes). Avant
dernier chapitre, le service de soins à
long terme. Bien sûr que le traitement
prothétique est un traitement à long
terme. Ce n’est pas une nouveauté
mais pour que cela se passe bien il faut
savoir le rendre indispensable et donc
le structurer pour qu’il le devienne.
Le dernier chapitre est un chapitre
de responsabilisation économique et
sociale : financer les acquisitions et
prises en charge, etc. Intéressant sur
beaucoup de points bien que la structure économique ne soit pas la même
chez nous il y a des choses à apprendre.
Au total ce livre rentre dans la catégorie
des livres qui feront date dans notre
monde et ceux qui le liront attentivement n’auront pas perdu leur temps. Ils
passeront un cap en termes de professionnalisme s’ils mettent en pratique
les tendances et conseils, c’est évident.
Autre aspect important mais indirect,
pour les étudiants. Notre camarade
Daniel Chevillard qui enseignait les
aspects audiologiques de la « gérontologie » a, comme vous le savez sans
doute, cessé sont activité d’enseignement. Il n’a semble-t-il pas véritablement de successeur. A partir de cet
ouvrage le Président du Collège pourra
sans doute inciter une « jeune recrue »
à se positionner sur ce terrain.
Les Cahiers de l’Audition - N°4/2013
55
Veille acouphènes
Impact de l’acouphène sur le couple
Introduction
Philippe LURQUIN
Audioprothésiste,
Chargé de cours,
Membre du Collège
National d’Audioprothèse
1000, Bruxelles
[email protected]
Les retentissements négatifs de
l’acouphène sur la vie quotidienne
peuvent affecter le patient mais
également son conjoint. Le conjoint
est bien souvent le premier à être
associé au vécu de cette perception qu’il a bien du mal à imaginer.
Comme pour toute douleur difficilement quantifiable, la méconnaissance ou encore l’assimilation de
l’acouphène à un trouble psychologique influent sur les représentations internes du conjoint.
Il n’existe pas de documentation sur
le vécu du proche et ni sur l’impact
de l’acouphène dans le couple.
Cette veille propose de combler
cette lacune.
Maud REAL
Logopède,
Chargée de cours,
1000, Bruxelles
[email protected]
Dans la littérature, on trouve
plusieurs études portant sur le vécu
et le rôle du conjoint dans la douleur
chronique. Le parallèle que l’on peut
faire entre douleur chronique et
acouphène nous offre une première
porte d’entrée pour comprendre
l’impact de l’acouphène sur le
couple.
ouleur et famille
D
en souffrance
Catherine Rampont
Audioprothésiste
54130 Saint-Max
Cette partie examine les conséquences de la douleur pour le
patient, mais aussi pour son entourage et son conjoint.
Beaucoup des concepts abordés
ici, ont été développés en premier
lieu pour la douleur chronique. Au
vu des similitudes exposées précédemment, ces concepts seront
transposés à la problématique de
l’acouphène.
Impact pour
estimaient que l’acouphène avait un
impact négatif sur la relation avec
leur conjoint. Parmi ceux-ci 78% ont
trouvé que la relation était affectée
par le stress dû aux acouphènes
et enfin 39% se sont plaints d’un
manque de compréhension de leur
partenaire vis-à-vis du problème de
l’acouphène.
En effet, la douleur chronique (ou
l’acouphène), modifie le contexte
familial à plusieurs « niveaux ».
Niveau pratique
La limitation fonctionnelle qu’induit
la maladie selon le degré d’importance oblige la famille à opérer une
redistribution des rôles et des tâches
au sein du foyer (fonctionnement
domestique, soins aux enfants, etc.).
• Niveau de l’attachement
La douleur chronique ou l’acouphène/
l’hyperacousie menace le « lien d’attachement ». Les différents membres
de la famille, face à l’expression des
symptômes sont confrontés à la
crainte d’une maladie grave.
• Niveau des règles
de communication
La maladie a une répercussion sur
les règles qui régissent la communication dans la famille. La modification de celles-ci se fait dans le
but d’éviter les situations génératrices de tension. La règle « du
silence d’évitement des conflits » est
souvent observée. La communication peut aussi se « départager en
aspects accessibles à la discussion
et en d’autres dont il est implicitement interdit de parler ».
l’entourage
a. Implication de la famille
dans la problématique
de la maladie chronique
Lors d’une étude de la Royal National
Institute of the Deaf effectuée auprès
de 890 anglais acouphéniques 41%
56
Les Cahiers de l’Audition - N°4/2013
• Niveau de l’histoire familiale
La maladie peut induire des effets à
long terme dans la vie des patients
voire irréversibles, comme par
exemple l’incapacité de travail
(retrait professionnel).
Ces événements renforcent les
tendances « centripètes », c’est-àdire le rapprochement protecteur
des proches autour du sujet.
b. C
onséquences psychologiques pour le conjoint
Dans les études sur la douleur chronique, on observe que les conjoints
de patients ayant une douleur chronique risquent plus de développer
une dépression que les conjoints de
personnes en bonne santé. De plus,
dans ce cas, le niveau de dépression
des conjoints est supérieur à celui
observé chez les patients souffrants
(Schwartz et al, 1991). Au vu des
similitudes entre douleur chronique
et acouphène, les conjoints de
patients acouphéniques sont probablement touchés de la même façon.
Shanfield et al (cité dans Geisser et
al, 2000) observent que la détresse
psychologique des patients atteints
de douleur chronique est en lien
avec la détresse de leur conjoint.
Cela d’autant plus que les niveaux
de détresse psychologique sont
élevés.
Schwartz et al (1991), ont quant à
eux, relevé trois facteurs en lien
avec le niveau de dépression des
partenaires de patients souffrants
de douleur chronique : le niveau
de satisfaction conjugale perçu par
le conjoint, l’intensité de douleur
du patient et le niveau de colère
et d’hostilité des patients. Plus ces
facteurs sont importants, plus le
conjoint sera déprimé. L’étude de
Cano et Johansen (2004) corrobore ces propos. Ces derniers ont
constaté que les niveaux de colère
ou de mépris, ainsi que les niveaux
de tristesse, sont corrélés chez les
deux époux.
Face à un comportement de douleur,
le conjoint peut réagir positivement
ou négativement. En effet, on parle
de renforcement positif lorsque suite
à une manifestation de douleur, le
conjoint apporte de l’attention au
patient, ou lui fournit du soutien. Ce
VEILLE ACOUPHÈNES <
renforcement positif maintiendrait
voire augmenterait les comportements de douleur (Fordyce 1976
cité dans Léonard 2007).
A l’inverse un renforcement négatif
se traduit par des réactions négatives ou par l’indifférence de la part
des conjoints envers les patients.
Le renforcement négatif conduit à
une diminution voire à une disparition des comportements de douleur
(Fordyce 1976 cité dans Léonard
2007). Selon Newton John et al
(2006) les réactions des conjoints
aux comportements de douleur
couvrent un répertoire large. L’ensemble des réactions relevées par
Newton John et al. sont référencées
dans le tableau 1 avec un exemple
concernant les couples avec un
patient acouphénique.
Expérimentation
Méthode
Nous avons interrogé pour ce
travail 40 couples et avons soumis
au patient acouphénique le questionnaire B.A.H.I.A. (Lurquin & al
2013) et une version modifiée à
son conjoint. Celui-ci devait donner
la réponse qu’il pensait être celle
de l’acouphénique (questionnaire
« B.A.H.I.A. couple »).
Procédure et matériel
d’évaluation
Dans une deuxième partie, le
conjoint devait répondre à d’autres
questions portant sur sa propre
vision à propos :
- D
u regard porté par l’entourage
sur le problème et de leur intérêt
pour celui-ci.
- De l’impact de l’acouphène sur la
relation de couple.
- Du retentissement de l’acouphène
sur leur propre qualité de vie.
A) Réponses au questionnaire
« BAHIA - couple »
1. Importance de chaque problème
Réactions des conjoints aux
comportements de douleur
%
Exemples pour les couples avec
un patient acouphénique
1
Fournir de l’aide : Actions destinées
à soulager la douleur de l’autre ou à
diminuer sa détresse liée à la douleur.
35%
Le conjoint allume la radio ou la
télévision pour éviter le silence.
2
Observer seulement : Le conjoint
observe et surveille la situation plutôt
que d’agir directement.
15%
Le conjoint observe que le patient
est distrait par son acouphène, il
n’intervient pas. Mais il vérifie que
celui-ci puisse accomplir ce qu’il a
entrepris.
3
Offrir de l’aide : Le conjoint demande
au patient s’il a besoin d’aide. Le
patient peut refuser contrairement à
la 1ére catégorie.
11%
Le conjoint propose de passer un
appel téléphonique pour le patient.
Car l’acouphène masque la parole de
l’interlocuteur au téléphone.
4
Décourager les conversations à propos de la douleur : Si la manifestation
du comportement de douleur est
verbale, le conjoint tente de mettre fin
à la discussion portant sur la douleur.
8%
Le conjoint détourne la conversation à
propos de l’acouphène.
5
Encourager les conversations à propos de la douleur : Le conjoint tente
d’inciter à la discussion à propos de
la douleur du patient.
7%
Le conjoint s’intéresse à l’acouphène
et engage la conversation sur ce
sujet.
6
Encourager la persistance de la tache
: Le conjoint encourage le patient
à poursuivre une activité, même
s’il reconnaît le comportement de
douleur.
6%
Le conjoint encourage l’acouphénique
à sortir au restaurant.
7
Bouclier : Le conjoint essaye d’éviter
de contrarier le patient pour le protéger d’un stress supplémentaire.
6%
Le conjoint garde pour lui une mauvaise nouvelle.
8
Expression de la frustration : Suite au
comportement de douleur, le conjoint
exprime son irritation et sa colère.
4%
Le conjoint: «Arrêtes de te plaindre au
sujet de ton acouphène».
9
Ignorer : Le conjoint ne tient pas
compte du comportement de douleur,
il l’ignore.
4%
Même si l’acouphénique fait la grimace car il n’entend pas bien dans le
bruit, le conjoint ignore le problème.
10 Fournir de l’aide : Actions destinées
à soulager la douleur de l’autre ou à
diminuer sa détresse liée à la douleur.
3%
Le conjoint suggère au patient de
faire une activité qui lui plaît avec un
générateur de bruit blanc ou un bruit
de fond .
11 Hostilité-sollicitude : Le conjoint est
soucieux, mais montre toutefois une
certaine agressivité ou irritabilité (par
exemple « Combien de fois t’ais-je dit
de ne pas porter les sacs ! Poses les
tous de suite ! »).
2%
Le conjoint: «Oui, j’irai à la pharmacie
chercher des piles pour les aides
auditives, mais quand j’aurai le temps
pour y aller».
12 Distraction : Il s’agit pour le conjoint
de distraire le patient pour qu’il oublie
sa douleur.
1%
Le conjoint essaye de distraire le
patient de son acouphène en lui
parlant d’autre chose.
Tableau 1 - Les différentes réactions des conjoints aux comportements de douleur (d’après
Newton John et al., 2006 avec l’incidence en pourcentage + ajout d’exemples appliqués à
l’acouphénique )
Les trois premières questions
étaient : « Indiquez, pour vous, l’importance de chaque problème ». Les
patients devaient répondre sur une
échelle visuelle analogique entre 0
(pas de problème) et 5 (problème
très important) pour les problèmes
d’acouphène, de perte d’audition, de
sensibilité aux sons. Les conjoints
devaient répondre à la même question en se substituant à l’acouphénique.
Les réponses données par les
conjoints pour l’acouphène et la
surdité sont significativement supérieures à celles des patients
Les Cahiers de l’Audition - N°4/2013
57
> VEILLE ACOUPHÈNES
2. Intensité, impact, gêne et conscience
de l’acouphène
Les réponses données par les conjoints
sont le plus souvent significativement
supérieures à celles des patients. Le
tableau 2 reprend les significations statistiques.
Item
Réponse du conjoint
Degré de signification
statistique
Importance du problème
ACOUPHENE
Supérieure
p < 0,05
Importance du problème
SURDITE
Supérieure
p < 0,05
Importance du problème
HYPERACOUSIE
Identique
Intensité
B) Questions à destination du
conjoint uniquement
Question sur l’évaluation du regard
porté par l’entourage sur le problème
acouphène
p < 0,01
Identique
Impact sur la vie
Supérieure
p < 0,05
Gêne
Supérieure
p < 0,05
Tableau 2 : résumé des questions du « BAHIA couple » et différences statistiques avec les réponses du
patient
Il a été demandé au conjoint d’évaluer comment l’entourage percevait le
problème. La question était la suivante
« Avez-vous l’impression que l’entourage
de votre conjoint sous-estime ou surestime le problème de son acouphène ? ».
Ici le conjoint ne fait pas partie de l’entourage.
La figure 2 montre que pour 60 % des
conjoints interrogés l’acouphène a
impacté leur couple.
Au total 92,5% des patients pensent que
l’acouphène a un impact sur leur qualité
de vie.
Question sur le retentissement de
l’acouphène sur la qualité de vie du
conjoint
C) Corrélation entre différents items
abordés dans notre étude
L’échelle visuelle analogique pour
répondre allait de 0 à 10 avec 0 pour
« sous-estime » le problème, 5 pour « ok »
c’est-à-dire une estimation correcte du
problème et 10 pour « surestime » le
problème. (Figure 1)
Il a été demandé au conjoint si l’acouphène
retentissait sur sa propre qualité de vie.
Sur un total de 40 conjoints, seulement 5
ont trouvé que l’entourage surestimait le
problème (12,5%).
57 ,5% trouvent que l’entourage sousestime le problème et 30% estiment que
le problème est bien perçu par l’entourage.
Question sur l’impact de l’acouphène
sur la relation de couple
La question posée était la suivante :
« Estimez-vous que l’acouphène a
contribué à une dégradation de vos relations dans le couple ? ». (Figure 2)
Nous avons utilisé une échelle visuoanalogique graduée entre 0 et 10.
• Interprétation des résultats :
- Pour 7,5% des conjoints, l’acouphène
n’interfère jamais avec leur qualité de
vie.
- Pour 20% des conjoints, l’acouphène
interfère peu (réponses entre 1 et 3)
- Pour 32,5% des conjoints l’acouphène
retentit moyennement sur leur qualité de
vie (réponses entre 4 et 6).
-
Pour 22,5% des conjoints, il interfère
souvent (réponses entre 7 et 9)
- Enfin, 7,5% répondent que l’acouphène
influe « toujours » sur leur qualité de
vie. Cette réponse forte traduit un réel
malaise dans le couple engendré par
l’acouphène.
Figure 1 : perception de l’entourage (selon le conjoint)
58
Supérieure
Conscience
Les Cahiers de l’Audition - N°4/2013
a. Lien entre la qualité de vie du conjoint et
l’intensité de l’acouphène :
Nous avons mis ces corrélations en
évidence au moyen du coefficient r de
Bravais-Person.
Conclusion : Il y a une bonne corrélation
positive (p<0,1) entre la détérioration de
la qualité de vie du conjoint et le niveau
sonore subjectif de l’acouphène.
Plus l’intensité de l’acouphène, évaluée
par le patient est importante, plus le
conjoint déclare que sa propre qualité de
vie est détériorée.
b. Lien entre la qualité de vie du conjoint
et le niveau de conscience accordé à
l’acouphène :
Il y a une bonne corrélation positive
(p<0,1) entre la détérioration de la
qualité de vie du conjoint et le niveau de
conscience accordé à l’acouphène.
Figure 2 : contribution à la dégradation des relations de couple
VEILLE ACOUPHÈNES <
Plus le patient est incommodé par son
acouphène (durée de gêne déclarée par
jour), plus la qualité de vie du conjoint est
détériorée.
c. Lien entre la qualité de vie du conjoint
et le niveau de gêne provoqué par
l’acouphène chez le patient :
Il y a une très bonne corrélation (p < 0,05)
positive entre la détérioration de la qualité
de vie du conjoint et le niveau de gêne
engendré par l’acouphène.
Plus le patient est gêné par son acouphène,
plus la qualité de vie du conjoint est détériorée.
Conclusion
Cet article est une première dans l’étude
du retentissement de l’acouphène sur le
couple.
Si nous nous attendions de prime abord
à une sous-estimation du problème de
l’acouphène par le conjoint, les résultats de notre étude laissent penser au
phénomène inverse. Les conjoints ont
surestimé certains paramètres du vécu
de l’acouphène (intensité de l’acouphène,
niveau de gêne et impact sur la qualité de
vie).
Pour 72,5% des conjoints, l’acouphène
a déjà eu un impact sur la relation du
couple. 92,5% ont vu leur qualité de vie
touchée par l’acouphène. L’acouphène
invalidant a donc un retentissement dans
le couple et notre étude semble indiquer
que la personne qui perçoit le plus fortement le problème de l’acouphène est le
conjoint. Cette affirmation est corroborée
par le fait que 57,5% des conjoints estiment que l’entourage sous-évalue le
problème. On peut penser que le conjoint
lui-même se sent isolé face au retentissement de l’acouphène sur son couple. Il
ne trouve pas forcément dans l’entourage
la reconnaissance et la compréhension
nécessaire.
Notre étude montre que la détérioration de
la qualité de vie des conjoints est liée :
-
à l’intensité subjective perçue par le
patient acouphénique,
- au niveau de gêne exprimé par le patient
acouphénique,
à l’impact dans la vie quotidienne du
-
patient acouphénique.
Ces observations et ces corrélations nous
amènent à penser que l’association du
conjoint à la thérapie de l’acouphène,
comme ce peut être le cas lors de séance
de counselling (TRT) peut être bénéfique
pour le couple. La prise en compte du
conjoint comme personne en souffrance
et personne jouant un rôle dans le vécu de
l’acouphène est primordial.
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Les Cahiers de l’Audition - N°4/2013
59
Veille gériatrique
Gériatrie moderne
Arach
MADJLESSI
Gériatre des hôpitaux
Clinique Alleray
Labrouste (Paris 15)
et Centre Luxembourg
(Paris 6)
Président Société
Française de Réflexion
Sensori-Cognitive
(SOFRESC)
Le vieillissement démographique
représente un défi majeur pour le
21ème siècle. Les plus de 85 ans ont
augmenté de manière impressionnante, de plus de 400.000 dans les
années 60, ils sont trois fois plus
nombreux actuellement et plus de
2.000.000 en 2020. En France,
selon les projections de l’INSEE
entre 2005 et 2050, les plus de 60
ans, seront 80% plus nombreux : de
12,6 à 22, 3 millions en 45 ans.
Nous passerons d’une personne sur
cinq, à une personne sur trois. Le
vieillissement plus important de la
population est inéluctable. Il ne faut
pas oublier que toutes les personnes
qui atteindront au 1er janvier 2050
les 60 ans sont toutes déjà nées (en
1989 ou avant).
Si la progression de l’espérance de
vie constitue une véritable révolution, elle s’associe également à une
augmentation significative, dans les
tranches d’âge les plus élevées, des
maladies chroniques incapacitantes
et de leurs conséquences en termes
de perte d’autonomie ou de dépendance.
Les données issues de l’enquête
Handicap santé de 2008/2009
estiment à 811.000 le nombre
de personnes âgées dépendantes
vivant au domicile et à 1.5 millions
celui des personnes de plus de 60
ans en perte d’autonomie, quel que
soit leur lieu de vie 1.
Les notions de solidarité et la place
de la famille trouvent ici toute leur
importance. Avec l’augmentation
des plus âgés, et le bouleversement du mode de vie ces dernières
décennies, beaucoup de choses
ont changé. Les personnes les plus
âgées qui avaient leur place au coin
du « feu » et étaient la référence
dans les maisons sont de plus en
plus nombreuses. Il est très fréquent
d’avoir quatre ou cinq générations dans la même famille. Des
personnes de 80 ans qui ont leur
parent centenaire...
60
Les Cahiers de l’Audition - N°4/2013
Comment peut-on s’occuper de ses
parents alors que la perte d’autonomie nous guette ? Il faut bien sûr
une solidarité familiale, qui est plus
complexe qu’auparavant, mais aussi
une, voire des solidarités extrafamiliales : nationale, et aussi et surtout
actuellement par le biais de réseaux,
d’associations, de bénévoles...
pour maintenir le lien social et pour
accompagner la perte d’autonomie.
Gériatrie ?
La gériatrie est la médecine des
personnes âgées. La gérontologie
désigne l’étude du vieillissement
dans toutes ses dimensions, notamment sociale, économique, démographique, psychologique, anthropologique, culturelle, médicale et
autres. La gériatrie est par conséquent une des composantes de la
gérontologie.
Il s’agit de la définition officielle de
la gériatrie. Cela ne veut rien dire
en pratique et ne change pas le
fond du problème. Mais la gériatrie a en réalité plusieurs niveaux
d’intervention et est une spécialité
médicale moderne qui exige une
réflexion permanente pour le maintien de l’autonomie et la qualité de
vie des personnes suivies. L’objectif
du gériatre n’est pas de faire gagner
de la « quantité de vie » mais de
la qualité de vie, à tous les sens
du terme. Il s’agit d’une philosophie moderne avec au centre de la
réflexion, le patient et sa famille ou
plutôt les aidants qui regroupent
plus largement la famille, les amis,
les liens sociaux, tous les gens qui
interviennent ou pourraient intervenir s’il le fallait. La gériatrie n’est
pas simplement et bêtement une
médecine de la personne âgée…
Avec cette définition, personne ne
consultera un gériatre, car l’attractivité est quasiment nulle, et la
gériatrie va droit vers sa perte alors
qu’elle une médecine nouvelle et en
pleine évolution ?
Il faut proposer par conséquent une
définition plus moderne et réaliste
du rôle du gériatrie basée sur les
éléments suivants :
1. Prévenir la perte d’autonomie et
les pathologies incapacitantes :
c’est ici l’évolution irrémédiable
de la gériatrie dans les années
à venir. Qui mieux que le gériatre
qui connaît bien la polypathologie
et la perte d’autonomie peut faire
passer les messages de prévention et d’amélioration de la qualité
de vie.
Dépister
précocement
des
2. pathologies incapacitantes: Trop
souvent encore, les diagnostics
importants ne sont pas faits ou
effectués trop tard pour préserver
et stimuler ce qu’il reste.
3. Réfléchir autour de la polypathologie (association de pathologies
multiples) et de la prise en charge
globale de la personne ai niveau
médical, psychologique, social et
environnemental.
4. Accompagner de la perte d’autonomie et de la dépendance en
favorisant toujours les capacités
restantes de la personne. Quel
que soit le stade et l’évolution
de telle ou telle maladie, il reste
des capacités et des possibilités
qu’il convient de rechercher pour
mieux les stimuler.
5. Favoriser l’accompagnement digne
des personnes en fin de vie. 2
odèles de
M
vieillissement
Chaque personne vieillit différemment d’une autre en fonction de
facteurs génétiques et environnementaux, et chaque organe chez la
même personne vieillit de manière
hétérogène.
C’est un élément essentiel pour
comprendre qu’il ne faut pas avoir
des idées préconçues, chaque
personne est différente. Chacun
a une histoire de vie, un parcours
personnel et familial différent.
Prévention et Diagnostic précoce des
pathologies potentiellement incapacitantes
Repérage des « fragilités »
Les « modèles »
de vieillissement
• Le vieillissement réussi ou
considéré comme tel
Nous en connaissons tous autour
de nous, ce sont des personnes
ayant malgré l’avancée en âge
une vie sociale et familiale riche,
sans pathologie évolutive, avec une
parfaite autonomie, malgré l’avancée
en âge. C’est le général qui continue
à faire du cheval à 90 ans, qui va
acheter son journal tous les matins
et qui continue d’avoir des projets et
des réflexions pertinentes sur la vie
politique. Ce modèle est l’objectif de
tout le monde, et avec l’augmentation des plus âgés, il faut que cette
part de la population augmente.
• Le vieillissement usuel
Il s’agit d’une personne qui vieillit
« habituellement », avec quelques
difficultés habituelles avec l’âge,
hypertension, arthrose douloureuse
(des vieilles douleurs), ostéoporose...
mais qui garde néanmoins une
bonne autonomie et relative bonne
qualité de vie. Ce modèle concerne
de plus en plus de personnes. Il faut
continuer à prévenir et accompagner
et faire en sorte que cet état persiste
le plus longtemps possible.
• La fragilité ou vulnérabilité
Ce terme est très adapté à la gériatrie. Une personne fragile, vulnérable
est à protéger, à surveiller, car elle
peut basculer dans les maladies
évolutives avec une perte d’autonomie rapidement. Ces personnes
ci sont à accompagner comme
le lait sur le feu. Il existe un début
de maladie évolutive, Alzheimer,
Parkinson, insuffisance cardiaque...
Le premier problème venu peut
tout changer. Nous développerons
ce concept, sur tout un chapitre
plus loin, car la fragilité n’est pas
seulement médicale, elle peut être
psychologique, sociale...
• Le vieillissement pathologique
Le vieillissement n’est pas une
pathologie, mais les pathologies
sont plus fréquentes avec le vieillissement. Pour certaines personnes,
les pathologies sont plus concentrées et surtout leur retentissement
dans le quotidien est plus qu’important. Il s’agit de personnes qui sont
souvent en maison de retraite avec
une perte d’autonomie.
Avec le vieillissement, apparaissent
des fragilités et des pathologies
chroniques pouvant entraîner un
déclin fonctionnel physique et
cognitif, une réduction de l’autonomie et mener peu à peu à la
dépendance. Prévenir dépister ces
fragilités est essentiel. Il s’agit de ne
plus subir mais d’anticiper.
oncept de
C
fragilité et de
préfragilité
Le sujet âgé fragile devient vulnérable lorsqu’il est soumis à une
situation de stress et peut évoluer
vers une pathologie plus évoluée.
Ce concept n’est pas rigide mais
correspond à une vraie réalité de
tous les jours. Elle peut être médicale, psychologique sociale ou environnementale. Le fait d’être dénutri
est par exemple un élément de fragilité majeure, qui peut conduire à la
chute, entraîner une fracture du col
du fémur et toutes les complications
qui peuvent l’accompagner.
Dans certains cas la fragilité peut
être réversible. Dans tous les cas les
personnes repérées comme fragiles
doivent être suivies et les facteurs
de fragilité régulièrement réévalués
pour éviter de basculer dans la perte
d’autonomie et le handicap plus
important.
Fried 5 a décrit cinq critères permettant de repérer les deux étapes ;
préfragilité et fragilité : une perte
de poids involontaire, une sensation
d’épuisement, une baisse de la force
musculaire, une vitesse de marche
lente et une activité physique
restreinte.
On parle de fragilité quand au moins
trois de ces critères de Fried sont
présents et de préfragilité chez les
sujets qui en ont un ou deux.
Ces éléments sont déterminants
dans le risque de perte d’autonomie fonctionnelle. D’après les
données épidémiologiques actuelles
en Europe, la préfragilité concerne
environ 40 %des personnes de plus
de 65 ans et la fragilité de l’ordre de
15% de cette population 4.
Le repérage précoce de la fragilité
chez les personnes âgées a pour
objectif d’identifier les déterminants de la fragilité et d’agir sur
ces déterminants afin de retarder la
dépendance dite « évitable » et de
prévenir la survenue d’événements
défavorables.
La Société française de gériatrie et
de gérontologie (SFGG) a adopté
en 2011 la définition suivante de
la fragilité : « La fragilité est un
syndrome clinique. Il reflète une
diminution des capacités physiologiques de réserve qui altère
les mécanismes d’adaptation au
stress. Son expression clinique est
modulée par les comorbidités et des
facteurs psychologiques, sociaux,
économiques et comportementaux.
Le syndrome de fragilité est un
marqueur de risque de mortalité et
d’événements péjoratifs, notamment
d’incapacités, de chutes, d’hospitalisation et d’entrée en institution.
La prise en charge des déterminants de la fragilité peut réduire
ou retarder ses conséquences.
Ainsi, la fragilité s’inscrirait dans un
processus potentielle-ment réversible » (Rolland 2011).
Deux modèles existent pour définir
fragilté et préfragilité 3 :
• Un modèle fondé sur un phénotype « physique » qui évalue la
présence chez les personnes d’un
âge ≥ 65 ans de 5 critères : perte
de poids involontaire de plus de
4,5 kg (ou ≥ 5 % du poids) depuis
Les Cahiers de l’Audition - N°4/2013
61
> VEILLE GÉRIATRIQUE
1 an, épuisement ressenti par le patient,
vitesse de marche ralentie, baisse de
la force musculaire et sédentarité. Les
patients sont dits fragiles en présence
de 3 critères ou plus. Ils sont dits « préfragiles » si au moins un des critères
est présent. Si aucun des critères n’est
présent ils sont considérés comme
robustes (Fried 2001).
• Un autre modèle de fragilité prend en
compte des critères fondés sur l’intégration de facteurs cognitifs et sociaux,
regroupés sous le terme de « fragilité
multi-domaine » intégrant : cognition,
humeur, motivation, motricité, équilibre,
capacités pour les activités de la vie
quotidienne, nutrition, condition sociale
et comorbidités (Rockwood 2005).
La référence pour diagnostiquer et évaluer
la fragilité est la réalisation d’une évaluation gériatrique globale fondée sur le
modèle multidimensionnel de l’évaluation
gériatrique stan-dardisée (EGS).Il n’est
cependant ni faisable ni pertinent de
soumettre un grand nombre de personnes
âgées vivant à leur domicile à une EGS,
qui est un processus long et requérant
des compétences gériatriques auxquelles
il n’est pas toujours facile d’accéder en
ambulatoire. Cela pose la question d’un
outil de repérage simple à utiliser en soins
primaires et qui, sans remplacer l’EGS,
permette de sélectionner les personnes
susceptibles d’en bénéficier.
Le questionnaire élaboré par le gérontopôle de Toulouse 5 correspond à ces
critères et il a été retenu comme pertinent
par la SFGG et le Conseil national professionnel de gériatrie (CNPG) pour le repérage de la fragilité en soins primaires. Il est
nécessaire de le valider de façon prospective. Le repérage peut être réalisé par le
médecin traitant ou par un autre soignant
de premier recours : infirmière, pharmacien, kinésithérapeute, aide-soignante,
etc. L’implication des services sociaux et
d’aide à la personne dans le repérage est
un élément majeur : la détection précoce
des signes de fragilité par les travailleurs
sociaux qui réalisent des évaluations en
réponse aux demandes d’APA et par les
aides-ménagères au domicile, grâce à
l’utilisation d’outils adaptés, est une voie
à explorer et à évaluer. Il est préférable de
former les professionnels à la démarche
de repérage. Le repérage de la fragilité ne
doit être envisagé et réalisé que comme la
première étape d’une séquence comprenant l’évaluation globale de la personne
et la planification d’interventions visant à
prévenir la perte d’autonomie, les chutes,
62
Les Cahiers de l’Audition - N°4/2013
l’institutionnalisation et l’hospitalisation. 8
Le questionnaire nommé GERONTOPOLE
FRAILTY SCREENING SCALE 5 permet de
repérer les personnes âgées fragiles en
médecine générale avec six questions
simples permet de repérer ces patients
afin de les orienter si nécessaire vers l’expertise gériatrique nécessaire pour suivre
et accompagner ces personnes.
Ces six questions portent sur :
1. Votre patient vit-il seul ?
Votre patient patient se sent-il plus
2. fatigué depuis ces 3 derniers mois ?
3. Votre patient a-t-il perdu du poids au
cours des 3 derniers mois ?
Votre patient a-t-il plus de difficultés
4. pour se déplacer depuis ces 3 derniers
mois ?
5. Votre patient se plaint-il de la mémoire ?
Votre patient a-t-il une vitesse de
6. marche ralentie (plus de 4 secondes
pour parcourir 4 mètres).
Il faut développer et largement faire
connaître les moyens simples et efficaces
pour repérer et dépister, pour « démocratiser » ces outils, afin de mieux orienter
vers l’expertise gériatrique essentielle
pour le futur. Il est temps d’évoluer enfin
vers la positivité gériatrique et arrêter d’attendre fatalement que les dépendances
s’installent.
Pour finir ce premier article sur la « veille »
gériatrique, l’avenir est au repérage, à la
prévention et au dépistage précoce, il faut
axer toutes nos forces dans ces domaines
pour avoir un avenir meilleur pour les
personnes vieillissantes et une qualité de
vie la mieux préservée le plus longtemps
possible. Dans les prochains numéros,
nous allons essayer de progresser dans le
même sens, en parlant de sarcopénie, de
dénutrition, de chutes, et …
Bibliographie
1. Charpin J.M (2011, juin). Perspectives
démographiques et financières de la
dépendance. La documentation française,
Paris, France : Ministère des solidarités et
de la cohésion sociale.
2. Madjlessi A. Bien vieillir pour les nuls.
Editions first, 2012.
3. HAS Juin 2013. Comment repérer la fragilité en soins ambulatoires ?
4. Santos-Eggiman B et al. J Gerontol A Biol
Sci Med Sci 2009 ; 64 : 675-81.
5. Vellas B et al.. J Nutr Health Aging.
2013;17(7):629-31
toutes les réalisations
du Collège National d’Audioprothèse
Logiciel La Cible - Méthodes de Choix Prothétique / Pré-réglage, Xavier RENARD - CTM, François LE HER
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L’appareillage de l’adulte - Le Contrôle d’Efficacité Prothétique
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Veille Technique
Les innovations des industriels
MED-EL
Une offre unique :
DEUX Audio
Processeurs !
Pour célébrer le lancement du
RONDO, le premier processeur
« tout-en-un » (single-unit processor)
pour IC, les patients implantés avec
un IC MED-EL, entre le 23 mai et le
31 Décembre 2013, peuvent bénéficier à la fois du nouveau processeur
RONDO et du processeur en contour
d’oreille OPUS2 !
Cette offre limitée dans le temps
permettra aux nouveaux utilisateurs
du système d’implant cochléaire
MAESTRO de profiter du
meilleur de chaque audio processeur: la liberté de ne rien avoir
derrière l’oreille grâce au design
compact et sans câble du RONDO,
et la conception modulaire offerte
par l’OPUS2.
Les deux processeurs sont équipés
des mêmes technologies (même
plateforme électronique), telle que
la gestion automatique du son et la
technologie FineHearing, pour des
performances auditives exceptionnelles dans toutes les situations
d’écoute, sans avoir à modifier les
réglages. Les utilisateurs pourront
ainsi choisir indifféremment d’entendre avec le RONDO ou l’OPUS2,
les programmes et les paramètres
de réglage pouvant être dupliqués
sur les deux processeurs !
Cette offre nous permettra de
recueillir des informations en provenance directe des utilisateurs sur ce
nouveau processeur innovant « touten-un ».
Cette offre est soumise à une approbation réglementaire, à des règles
d’importations et à la situation juridique dans le pays d’implantation.
64
Les Cahiers de l’Audition - N°4/2013
Connexion à
tous les appareils audio !
Les utilisateurs des audio processeurs MED-EL peuvent désormais
connecter leur audio processeur
directement aux appareils audio et
vidéo, même s’ils sont alimentés à
la prise secteur. Cette autorisation
permet à tous les utilisateurs des
systèmes d’implants cochléaires
MED-EL de connecter facilement
leur audio processeur, et directement, aux appareils branchés sur
secteur, comme par exemple les
ordinateurs, portables ou non.
L’appareil doit cependant disposer
du marquage CE.
L’implant cochléaire
est pour la 1ère fois
indiqué pour les surdités
unilatérales !
MED-EL vient d’obtenir le marquage
CE pour l’utilisation de son implant
cochléaire dans les surdités unilatérales profondes, à la fois chez les
adultes et les enfants. La surdité
unilatérale profonde est responsable
de difficultés de compréhension de
la parole, même si l’oreille controlatérale entend normalement ; il n’est
également plus possible d’avoir une
audition binaurale et donc de localiser les sons. Enfin, elle est souvent
associée à des acouphènes invalidants.
Pour l’instant, cette indication n’est
pas remboursée par la sécurité
sociale. Des études cliniques seront
certainement menées dans les
années à venir afin d’apporter de
solides preuves aux autorités sanitaires.
VIBRANT MED-EL Hearing Technology
Nouvelle adresse et N° de téléphone/fax :
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VEILLE TECHNIQUE <
Oticon
Oticon présente
la gamme Nera : un son
et des performances
exceptionnels dans une
gamme « Avancée » !
audiologiques ont déjà conquis de
nombreux utilisateurs.
Inium, au cœur de
l’innovation d’Oticon
Nera !
Oticon Nera intègre certaines des
technologies qui ont été introduites
avec Alta, la gamme Premium
d’Oticon. Une qualité sonore exceptionnelle, une reconnaissance
spatiale facilitée, et un niveau de
personnalisation unique, le tout en
réduisant l’effort d’écoute.
Acteur majeur sur le marché
mondial des aides auditives, Oticon
annonce le renouveau de son milieu
de gamme, appelée la gamme
« Avancée », avec Oticon Nera dont
les performances accèdent à un
niveau encore jamais atteint !
Ces nouvelles aides auditives
permettent à chaque utilisateur
de bénéficier d’un excellent rendu
sonore tout en réduisant l’effort
d’écoute dans des situations difficiles. Un résultat obtenu grâce
à la plateforme de traitement du
signal Inium sur laquelle repose
également la gamme « Premium »
Oticon Alta, lancée en janvier 2013,
et dont les nouveaux concepts
La toute nouvelle plateforme de traitement du signal Inium, dotée d’un
processeur Quad Core, permet de
combiner les fonctionnalités audiologiques les plus avancées pour un
résultat exceptionnel : elle relève le
niveau de la compréhension de la
parole, de la qualité sonore et de
l’effort d’écoute, tout en ouvrant la
voie à un grand nombre de possibilités de personnalisations.
Inium, malgré sa taille minuscule,
permet d’accroître de manière
spectaculaire le nombre de traitements sonores sans toutefois
consommer plus de batterie ! Et
ainsi, se loger dans une coque qui
reste à la fois discrète et élégante…
Ces nouvelles solutions auditives
avancées Oticon Nera, bénéficient
tout comme la gamme Premium
Oticon Alta, de toute la puissance
et des possibilités offertes par
Inium et s’inscrivent dans une
démarche affirmée de la marque :
aider chaque utilisateur à préserver
leur énergie en mettant à leur
portée des solutions auditives qui
les aident à toujours mieux vivre les
situations complexes, avec un effort
d’écoute le plus réduit possible.
Une combinaison de
fonctionnalités et
technologies uniques !
Spatial Sound, Free Focus, feedback shield et Youmatic sont
quelques-unes des technologies
principales qui ont fait le succès
des produits haut de gamme
Oticon. Introduites il y a moins de
6 mois dans les solutions Premium,
elles sont désormais déclinées
dans une solution milieu de gamme
afin de satisfaire encore plus de
malentendants. En voici une courte
description :
• Spatial Sound,
pour se concentrer
sur les sons souhaités
Savoir d’où proviennent les sons
et réagir à ceux-ci instinctivement
sont des tâches simples qui pourtant peuvent se révéler difficiles
lorsque l’on porte des aides auditives. Oticon a donc conçu la technologie Spatial Sound en se basant
sur le principe de la reproduction la
plus naturelle possible d’un signal
sonore.
Elle permet à l’utilisateur de mieux
organiser l’environnement dans
lequel il se trouve et de donner la
Les Cahiers de l’Audition - N°4/2013
65
> VEILLE TECHNIQUE
priorité aux sons sur lesquels il veut se
concentrer, y compris les voix.
Grâce à une bande passante élevée, et
à un traitement binaural en temps réel
piloté par la puissance de la plateforme
Inium, Spatial Sound délivre un signal
acoustique naturel, transmettant autant
d’informations que possible sur l’environnement physique et l’origine des sons
qui s’y trouvent.
• Free Focus,
le choix de la directivité
Reconnus comme étant l’un des moyens
les plus efficaces d’améliorer le rapport
Signal/Bruit dans les environnements
sonores difficiles, les microphones directionnels peuvent aussi avoir un impact
important sur le confort et l’audibilité
des utilisateurs. Avec la technologie Free
Focus, les utilisateurs bénéficient de
plusieurs modes de directivité pour leur
permettre de se concentrer sur les sons
les plus importants pour eux, sans sacrifier leur confort ou leur qualité d’écoute.
• feedback shield,
un anti-larsen qui
préserve la qualité sonore
Disponible sur la nouvelle plateforme
Inium d’Oticon, feedback shield est un
système de protection efficace contre
le larsen. Il allie plusieurs technologies
afin de prévenir et de supprimer le larsen
sans dégrader la qualité du signal ni
sacrifier l’audibilité.
turé et de démonstrations auditives.
En fonction du profil défini, l’audioprothésiste a ensuite la possibilité avec
YouMatic de commander le traitement
des sons dans Oticon Nera dans de
multiples environnements en ajustant
la réponse, la directivité, la gestion du
bruit, la gestion des bruits transitoires
et la compression. Ceci permet à l’utilisateur de bénéficier d’un appareillage
plus que « sur mesure » !
Oticon Nera propose toutes les formes
de coques allant du plus petit intraauriculaire, au contour BTE. Parmi les
nouveautés récentes, la gamme Nera
mini RITE et RITE est dotée de nouveaux
écouteurs appelés mini Fit conçus pour
offrir le plus parfait équilibre entre la
taille, la forme et la plage d’adaptation.
Enfin, Oticon Nera est compatible avec
la gamme d’accessoires ConnectLine.
En connectant le Streamer Pro, les utilisateurs de Nera peuvent ainsi communiquer facilement et sans fil vers les
téléphones de bureau, les téléphones
portables, profiter de leurs programmes
préférés sur leur télévision, ou encore
se connecter et dialoguer avec des
systèmes de communication modernes
type chats et streaming.
Basé sur une étude en temps réel de
l’environnement, ce système déploie la
meilleure combinaison d’inversion de
phase, de décalage fréquentiel en temps
réel et de gestion du gain afin de délivrer
une excellente qualité sonore en permanence.
• YouMatic, pour tenir
compte des préférences
sonores de chaque utilisateur
Même s’ils présentent la même perte
auditive, deux utilisateurs ne ressentiront pas le son de la même façon. Le
gestionnaire YouMatic a donc été conçu
pour permettre aux audioprothésistes
de définir les préférences sonores d’un
client dans le cadre d’un dialogue struc-
66
Les Cahiers de l’Audition - N°4/2013
Pour plus d’informations sur la gamme
Oticon Nera, rendez-vous sur www.oticon.fr ou
sur la page www.facebook.com/OticonFrance
VEILLE TECHNIQUE <
Le nouveau standard
de technologie sans fil
Roger est un nouveau standard de
technologie sans fil. Grâce à Roger, de
nouveaux produits verront le jour dans
les prochaines années. Roger permet
une diffusion audio fiable à large bande
et à faible retard vers des haut-parleurs
SoundField ou des récepteurs miniatures
de faible puissance. Ces derniers peuvent
être connectés à des aides auditives ou à
des implants cochléaires. Roger est bien
plus qu’un simple système radio numérique. Grâce à des algorithmes adaptatifs sophistiqués à différents niveaux de
l’architecture de Roger, ses performances
atteignent une dimension qui était encore
considérée comme physiquement impossible. En même temps, des fonctions automatiques et un processus de couplage
simple facilitent la gestion et l’utilisation
des systèmes Roger.
Technologie
numérique
adaptative sans fil
2,4 GHz
Roger est une technologie de transmission
numérique adaptative sans fil fonctionnant
sur la bande 2,4 GHz. Les signaux audio
sont numérisés et combinés dans des
salves de codes numériques (paquets)
très courtes (160 μs) et diffusées à
plusieurs reprises, chacune sur différents
canaux entre 2,4000 et 2,4835 GHz. Le
saut de fréquence entre les canaux, en
association avec la diffusion répétée,
évite les problèmes d’interférence. Le
délai audio de bout en bout se situe bien
au-dessous de 25 ms, et les systèmes
Roger sont protégés contre les écoutes.
Le saut de fréquence que Roger utilise
est adaptatif, ce qui signifie que seuls les
canaux libres sont utilisés. Les récepteurs
Roger communiquent régulièrement avec
les émetteurs sans fil, pour donner des
informations au système sur les canaux
constamment occupés (par un autre
système à proximité fonctionnant sur
2,4 GHz, comme un réseau Wi-Fi) et les
canaux libres. L’émetteur sans fil Roger
évite alors automatiquement les canaux
occupés. Il peut également détecter la
présence d’un réseau Wi-Fi et réagir en
conséquence. Les calculs de simulation
pour le pire scénario avec un système
Roger dans des blocs empilés de 8 x 8 x 2
mètres ont révélé qu’aucune auto-interférence ne se produira. En d’autres termes,
le nombre de systèmes Roger pouvant
être utilisés dans un seul bâtiment n’est
pas limité. Si, malgré tous les efforts, un
paquet audio Roger n’est pas reçu correctement, des algorithmes intelligents de masquage des pertes
de paquets du côté du récepteur « remplissent les blancs »
pour assurer une qualité sonore
et un confort d’écoute remarquables.
En comparaison, avec la technologie Bluetooth la répétition de la diffusion du paquet
se fait uniquement à la demande du
récepteur, ou même sans répétition avec
le protocole SCO (utilisé dans les premiers
casques audio). Si la confirmation de
la réception d’un paquet n’arrive pas à
l’émetteur Bluetooth, le paquet est diffusé
à nouveau. Cela signifie que les récepteurs
Bluetooth sont en communication quasiininterrompue avec l’émetteur, ce qui
augmente considérablement la
consommation d’énergie des
récepteurs. Avec la technologie
Bluetooth, le nombre maximum
de récepteurs est limité à trois,
ce qui signifie que même deux auditeurs
équipés de récepteurs Bluetooth binauraux au niveau de l’oreille ne peuvent pas
écouter un seul et même flux Bluetooth,
sans parler de groupes plus importants.
Dans le protocole Bluetooth « casque
stéréo », le délai audio reste acceptable
(10 à 15 ms) mais la largeur de bande
audio est souvent limitée (jusqu’à 4 kHz),
sauf avec la fonction « parole en bande
élargie » du profil Bluetooth « mains-libres
» version 1.6, qui permet d’aller jusqu’à 7
kHz. Dans le protocole de diffusion audio
Bluetooth, A2DP, la largeur
de bande passe à 20 kHz,
mais le délai audio dépassant
100 ms la rend inappropriée
pour les communications en
face-à-face. La seule solution pour réduire ce délai
à environ 40 ms est d’équiper les deux
extrémités de puces Bluetooth spéciales.
De plus, le protocole Bluetooth A2DP ne
prend qu’un seul récepteur en compte et
la consommation d’énergie de ce récepteur est encore plus élevée que celle du
protocole « casque stéréo »... C’est cela
qui a motivé Phonak à développer un
nouveau standard, avec pour ambition
de ne faire aucun compromis. Il a fallu de
nombreuses années et un grand nombre
d’audioprothésistes et d’ingénieurs pour
développer ce nouveau standard : Roger.
Les systèmes Roger diffusent des paquets
audio sur différents canaux de la bande
2,4 GHz (entre 2,4000 et 2,4385 GHz),
Fréquences [MHz]
PHONAK
Durée [ms]
Figure 1 : Avec les sauts de fréquence et la diffusion répétée des paquets audio, l’interférence
mutuelle peut être réduite au minimum.
Les Cahiers de l’Audition - N°4/2013
67
ce qui signifie que différentes longueurs
d’ondes porteuses sont sélectionnées. Un
récepteur peut recevoir de tels paquets
directement via le champ direct, mais
aussi par la réflexion des ondes radio
électromagnétiques sur les murs, le plancher ou le plafond.
Les différentes longueurs des divers
parcours des signaux peuvent augmenter
ou diminuer l’intensité du champ électromagnétique au niveau de l’antenne de
réception, selon les variations de phase
et d’amplitude des différentes ondes.
Le comportement de ces interférences
dépend de la longueur d’onde. La sélection aléatoire des différents canaux dans
lesquels un paquet audio est diffusé réduit
un peu la probabilité que toutes les ondes
s’annulent entre elles au niveau d’une
antenne de réception par affaiblissement
lié au multi-trajet, si plus d’une antenne
de réception est utilisée. En d’autres
termes, si l’une des antennes détecte un
affaiblissement lié au multi-trajet (réception de signaux qui s’annulent entre eux),
il existe une forte probabilité qu’une autre
antenne ne soit pas concernée par cet
affaiblissement multi-trajet. En résumé,
la réduction des interférences est réalisée
par la diversité dans le temps (diffusion de
paquets audio plusieurs fois à la suite),
par la diversité de fréquence (diffusion
de paquets audio à différentes longueurs
d’ondes porteuses, ce qui augmente les
chances qu’un paquet ne soit pas annulé
à l’arrivée si un autre l’est)
et, en ce qui concerne Roger
Dynamic SoundField, par la
diversité d’espace également
(utilisation de deux antennes
de réception séparées dans
l’espace, ce qui optimise la
réception) (voir figure 2). Roger offre une
largeur de bande de fréquences audio
intégrale : de 200 Hz à 7 300 Hz. Le
rapport signal sur bruit interne du système
se situe autour de 55 dB.
% corrects
> VEILLE TECHNIQUE
FM traditionnelle
Dynamic FM
Roger
Figure 3 : Pourcentages HINT corrects pour le nombre total de mots corrects comme fonction du
niveau de bruit pour la FM traditionnelle, Dynamic FM et Roger. La distance entre le haut-parleur
générant la parole et l’auditeur est de 5,5m. N=11. A un niveau de bruit de 80 dB(A), 9 participants
ont obtenu <10% pour la FM traditionnelle, 6 ont obtenu <10% pour Dynamic FM et seulement 1
a obtenu <10% pour Roger.
Avec Roger, il est non seulement possible
d’émettre un signal audio, mais aussi
d’émettre et de recevoir des données
de contrôle, par exemple comme il est
nécessaire lors de la configuration et/
ou l’entretien d’un réseau MultiTalker, et
de surveiller en permanence différents
composants du réseau afin d’assurer un
bon fonctionnement.
Les ondes électromagnétiques à 2,4 GHz
ont une longueur d’onde
d’environ 12,5 cm : cela
permet la conception de
nouveaux émetteurs sans
fil de petite taille équipés de
petites antennes intégrées.
À 800 MHz, la longueur
d’onde est de 37,5 cm et à 200 MHz
(dans la bande FM traditionnelle), elle est
de 1,5 m, ce qui nécessite, par exemple,
que le câble du microphone externe serve
d’antenne radio.
Figure 2 : Réduction des interférences par la diversité de fréquence, d’espace et dans le temps.
68
Les Cahiers de l’Audition - N°4/2013
Performances dans le bruit
Les microphones sans fil Roger évaluent
en permanence le niveau de bruit ambiant
avec la plus grande précision. Ces mesures
contrôlent à leur tour le gain des récepteurs
Roger. En parallèle avec le signal audio large
bande, des bits de commande sont envoyés
aux récepteurs Roger pour ajuster leur gain
de façon adaptative afin de correspondre à
l’environnement acoustique dans lequel le
système Roger est utilisé.
La gamme d’adaptation est plus grande
que celle de Dynamic
FM. Ce comportement
dynamique avancé a
engendré des améliorations significatives de la
reconnaissance vocale
dans le bruit, en particulier à des niveaux
de bruit élevés jusqu’à 80 dB(A) (niveaux
de bruit assez fréquents dans la vie quotidienne, en particulier dans les lieux publics
et sur les lieux de travail). Les résultats de
l’étude apparentée – par Pr Linda Thibodeau et le D Jace Wolfe – sont résumés
dans deux éditions de Phonak Field Study
News 1,2. La figure 3 montre les principales
découvertes du professeur Thibodeau.
En plus de ce comportement dynamique
innovant, Roger utilise également un
nouvel algorithme avancé pour la mise
en forme des faisceaux du microphone
sans fil. Cette mise en forme est capable
de supprimer le bruit des côtés gauche
VEILLE TECHNIQUE <
et droit simultanément, sans ajouter
de distorsion ou de modification de la
réponse en fréquences générale. Pour les
microphones sans fil dans des environnements très bruyants, cette mise en forme
de faisceaux améliore considérablement
le rapport signal sur bruit à la source,
améliorant ainsi la compréhension de
l’auditeur.
Simplicité de gestion
et d’utilisation de Roger
L’un des obstacles à l’adoption de la technologie sans fil a été sa complexité ou sa
complexité perçue. La gestion de solutions
sans fil en milieu scolaire, avec le logiciel
d’appareillage spécial requis pour répartir
et programmer les canaux de l’émetteur
et du récepteur, a également été une
barrière. Grâce à Roger, la planification et
la programmation des fréquences n’est
plus nécessaire. La construction réseau
est rapide, simple et conviviale.
n’est nécessaire. Cela signifie que les
utilisateurs de systèmes Roger peuvent
voyager en toute liberté et utiliser leur
système dans le monde entier. L’entretien
des systèmes Roger en voyage est aussi
simplifié car le standard est le même dans
tous les pays.
Roger à partir du menu [Outils produits] >
[Mises à jour] > [Produits Roger].
Mise à jour Roger
Les émetteurs inspiro, DynaMic et inspiro
AudioHub récents (version microprogramme 3.0 ou ultérieure) ainsi que
les Haut-parleurs Dynamic SoundField
peuvent être mis à jour gratuitement pour
activer le mode de transmission Roger.
Pour procéder à cette mise à jour, il faut
installer le logiciel Roger Upgrader disponible sur www.phonakpro.fr rubrique
[Produit] > [Roger inspiro]. Ce logiciel
s’installe également sous Phonak Target
3.1 pour permettre les mises à jours
Plus d’informations sur www.phonakpro.fr
rubrique [Etudes] :
1. Phonak Field Study News 2013,
Roger et les appareils auditifs
2. Phonak Field Study News 2013,
Roger et les implants cochléaires
3. Phonak Insight 2013, Roger,
le nouveau standard de technologie sans fil
Double mode
de transmission
Les émetteurs sans fil inspiro et DynaMic
pour l’école sont capables d’émettre à la
fois des ondes radio Dynamic FM vers
des récepteurs Dynamic FM et des ondes
Roger vers des récepteurs Roger et à un
Roger Dynamic SoundField. Ce double
mode de transmission permet aux écoles
de supprimer progressivement les récepteurs Dynamic FM pour les remplacer par
des Roger.
Consommation d’énergie
La consommation des émetteurs sans fil
Roger, mais aussi des récepteurs Roger,
est plus que raisonnable. À pleine charge,
l’accumulateur de l’émetteur sans fil
Roger pour l’école a une autonomie de
7 à 8 heures en fonctionnant en double
mode de transmission : largement assez
pour une journée complète à l’école. Les
récepteurs miniaturisés Roger au niveau
de l’oreille consomment environ 3 mA en
mode actif. Une pile d’aide auditive peut
normalement fournir cette énergie sans
problème.
La liberté de voyager
Comme la bande de fréquences 2,4 GHz
est librement accessible dans le monde
entier (bande dite ISM : industrielle,
scientifique et médicale), aucune licence
Les Cahiers de l’Audition - N°4/2013
69
> VEILLE TECHNIQUE
Siemens
Rechargeable
easyPocket™
La nouvelle micro-télécommande micon.
Moderne et élégante, elle peut être
programmée (via Connexx™) selon les
besoins de l’utilisateur. Dotée d’un écran
couleurs, elle permet une lecture claire
et rapide des informations. Ergonomique,
elle est très facile à manipuler grâce à ses
grands boutons.
Les accessoires
pour patients
Télécommandes Bluetooth®
Tek™ et miniTek™
Télécommandes qui assurent une
connexion sans fil entre les aides auditives
et les différents appareils audios compatibles Bluetooth®.
Le son des téléphones, des lecteurs MP3,
de la télévision et de toute autre source
audio est conduit directement dans les
aides auditives compatibles.
easyPocket propose deux modes de fonctionnement, standard ou avancé pour
plus de fonctions de confort (réglage
du bruit de thérapie, du SoundBalance,
programme favori, ...).
eCharger
eCharger™
eCharger™ recharge et protège les aides
auditives.
Après seulement 6 heures de charge, les
aides auditives sont rechargées et prêtes
pour une nouvelle journée d’activité
(Autonomie : accu 13 jusqu’à 20 heures /
accu 312 près de 15 heures).
Équipées de la fonction redémarrage
automatique après charge, les aides auditives micon sont plus faciles à utiliser.
Par ailleurs, les cavités plus importantes
permettent d’accueillir de grands embouts
et la fonction asséchante électronique
intégrée élimine l’humidité des aides
auditives pour une meilleure fiabilité dans
le temps.
Tek
miniTek
VoiceLink™
VoiceLink est le compagnon idéal des
utilisateurs de miniTek™. Micro-cravate
et émetteur Bluetooth, Voicelink conduit
la voix de l’orateur directement dans les
aides auditives. Avec sa bande passante
pouvant aller jusqu’à 7 kHz, VoiceLink
restitue un son d’excellente qualité. Les
patients apprécieront sa portée de 20 m
pour une utilisation en toute liberté. VoiceLink se connecte à miniTek et permet à
l’utilisateur de suivre des conférences
ou discuter dans un restaurant bruyant.
VoiceLink peut être remis à l’orateur pour
une transmission efficace de la parole
dans les aides auditives de l’utilisateur.
VoiceLink
miniTek
Sport Clip™
Facile à fixer, il garantit un maintien sûr
d’Aquaris dans toutes les situations.
ePen
Sport Clip
ProPocket
Aquapac™
ePen™
Télécommande en forme de stylo au
design élégant pour ajuster discrètement
les aides auditives.
Télécommande permettant de régler
confortablement le volume et le
programme des aides auditives.
Les Cahiers de l’Audition - N°4/2013
Eau et sport
Télécommandes
ProPocketTM
70
easyPocket
L’étui idéal où ranger les appareils électroniques (télécommandes, MP3) car il
garantit une protection optimale contre
l’eau.
VEILLE TECHNIQUE <
Les accessoires dédiés
à l’audioprothésiste
pour le réglage
Unity 2 permet de facilement réaliser une
audiométrie vocale ou tonale, grâce à un
paramétrage personnalisé pour les différentes fonctions de mesure.
Unity™
Unity est un système de diagnostic et
d’adaptation de Siemens, contrôlé par
ordinateur, offre modularité, mobilité et
modernité. Il est composé d’une unité
de contrôle et d’une station d’accueil qui
contient le caisson de mesures et sert à
connecter votre système Unity à votre
installation.
iScan™
L’empreinte est fixée sur le plateau rotatif,
où une lumière chromatique scanne
l’empreinte par points lumineux, sous ses
différents angles. Pendant que la caméra
scanne l’objet, le logiciel iScan traduit
les données en appareil virtuel avec une
haute précision.
Les données 3D peuvent ensuite être
envoyées par mail au centre de production Siemens.
Si besoin, des ajustements sur l’image 3D
peuvent être apportés.
En seulement quelques clics, vous pouvez
commander vos intras Siemens en ligne
grâce à eOrder, et ce, à tout moment.
De plus, le suivi de la commande, de la
fabrication et de la livraison des intraauriculaires est accessible en ligne.
ConnexxLink™
iScan combine un haut niveau de technologie et une souplesse extraordinaire.
D’une taille comparable à celle d’une
petite imprimante, il utilise la technologie
3D avec triangulation par code couleur.
Est un système de programmation sans
fil pour les aides auditives de niveau de
performance 7, 5 et 3 (BestSound Technology, XCEL et micon) compatibles e2e
wireless™ 2.0. La programmation, sans
fil, devient facile et plus confortable pour
le patient.
Les Cahiers de l’Audition - N°4/2013
71
> VEILLE TECHNIQUE
STARKEY
Qualité des aides auditives :
une meilleure protection
contre l’humidité et le
cérumen
par Kevin Marshall, MBA
A
B
C
Superhydrophobic Hydrophobic
>150º
90º-150º
Normal
<90º
Figure 1 : L’angle de contact est l’angle
avec lequel l’interface d’un liquide entre en
contact avec une surface solide.
Contexte
L’un des problèmes rencontrés le plus
fréquemment avec les aides auditives
est l’exposition continue à l’humidité,
au cérumen et aux corps étrangers.
Ces expositions, si brèves soient-elles,
risquent de dégrader et d’affecter leur
bon fonctionnement. Ces problèmes
peuvent être accentués chez des patients
plus actifs. Par conséquent et désormais,
les aides auditives bénéficient presque
toutes d’un revêtement étanche permettant de repousser l’eau, afin d’assurer
une meilleure protection contre l’humidité.
Starkey Hearing Technologies a mis au
point une nouvelle technologie appelée
HydraShield®2 qui améliore non seulement les propriétés d’étanchéité existantes mais offre également une protection contre le cérumen, les substances
grasses et autres liquides.
Une technologie
inspirée de la nature
HydraShield®2 repose sur les nanotechnologies qui modifient substantiellement l’interaction des surfaces avec l’humidité, la
sueur, le cérumen, les substances grasses
et autres liquides. Cette technologie est
invisible et biocompatible. Son fondement
scientifique est d’ailleurs dérivé de la
nature. Sur les feuilles de lotus, les gouttes
d’eau forment des sphères et s’écoulent
de la surface des feuilles en emportant la
saleté. Cet auto-nettoyage ou Effet Lotus
est obtenu grâce à une combinaison de
poils microscopiques (qui offrent une
surface rugueuse) ainsi qu’à la nature
imperméable intrinsèque de la couche
superficielle qui recouvre ces poils.
Des propriétés hydrophobes
et superhydrophobes
Le degré d’hydrofugacité des surfaces (ou
hydrophobie) peut être défini en mesurant
l’angle de contact d’une gouttelette d’eau
sur une surface (Figure 1).
72
Les Cahiers de l’Audition - N°4/2013
Si l’eau présente un angle de contact
faible, elle se répandra sur la surface
et s’infiltrera dans de petits interstices
(Figure 2).
Angle de
contact élevé
Angle de
contact faible
Grâce à l’introduction de nanotextures à
la surface des aides auditives, la technologie HydraShield®2 améliore le comportement en la rendant superhydrophobe. Les
gouttes d’eau forment une sphère quasiment parfaite et s’écoulent presque sans
aucun frottement.
Des propriétés oléophobes
Outre une surface superhydrophobe
améliorée, HydraShield®2 offre également
une surface oléophobe (du grec «oléo» qui
signifie «huile») unique qui réduit efficacement la pénétration de sueur/humidité, de
cérumen ainsi que d’autres substances
grasses.
Les patients bénéficient ainsi d’une diminution de la fréquence de leurs visites
pour une réparation et d’un allongement
des intervalles pour le remplacement du
cache-microphone et/ou de la protection
pare-cérumen.
La majorité des revêtements hydrophobes
des aides auditives offrent un angle de
contact d’environ 70 degrés pour les
liquides gras (Tableau 3).
Figure 2 : Sur des surfaces normales, l’eau
présentant un angle de contact faible se
répand. Sur des surfaces hydrophobes,
l’eau présente un angle de contact élevé et
perle.
Les surfaces sont considérées comme
hydrophobes si l’angle de contact de
l’eau est supérieur à 90 degrés. Sur les
surfaces hydrophobes, l’eau perle et
s’écoule facilement de la surface.
À mesure que l’hydrophobie augmente,
l’angle de contact entre la surface et
le liquide augmente également. Les
surfaces sont superhydrophobes si l’angle
de contact de l’eau est supérieur à 150
degrés.
Des surfaces présentant un angle de
contact de 180 degrés impliqueraient que
l’eau y repose sous la forme d’une sphère
parfaite. Actuellement, la majorité des
aides auditives sur le marché sont uniquement hydrophobes.
Cet angle de contact permet aux substances grasses de s’infiltrer dans de
petites crevasses ou d’obstruer le
maillage acoustique, ce qui affecte les
performances des aides auditives.
HydraShield®2 entraîne au contraire, au
niveau des fluides contenant des substances grasses ou du cérumen, la formation de sphères qui, soit s’écoulent des
surfaces, soit ne parviennent pas à pénétrer le maillage acoustique (Figure 4).
À quel niveau, la technologie
HydraShield®2 est-elle appliquée aux aides auditives ?
Les dégâts les plus fréquemment observés
dans les aides auditives, sont causés par
les corps étrangers tels que le cérumen.
Grâce à ses propriétés oléophobes,
HydraShield®2 augmente de manière
significative la longévité des écouteurs
ainsi que des aides auditives dans leur
ensemble.
Surfaces des aides
auditives non traitées
Surfaces hydrophobes
classiques
Nanotechnologie
HydraShield®2
Eau
80 degrés
90 -110 degrés
150 et + degrés
Huile d’olive
(comparable au
cérumen)
20 degrés
70 degrés
90-110 degrés
Tableau 3 : Angles de contact mesurés sur différentes surfaces d’aides auditives peintes.
VEILLE TECHNIQUE <
Ecouteurs : en raison de leur positionnement dans le conduit auditif, les intra-auriculaires, les écouteurs déportés (RIC) ainsi
que les embouts auriculaires sont fortement exposés à des corps étrangers. Afin
de les protéger, il est possible d’insérer la
toute nouvelle protection pare-cérumen
Hear Clear™ dans les sorties écouteurs.
Cette nouvelle protection pare-cérumen
permute avec le maillage acoustique pour
une protection pare-cérumen en plastique.
Grâce aux propriétés oléophobes que lui
confère la technologie HydraShield®2, la
protection parecérumen Hear Clear est
moins susceptible d’être obstruée par des
résidus de substances grasses ou de
cérumen.
De plus, elle repousse le cérumen et
autres corps étrangers et les tient à l’écart
des composants électroniques des écouteurs. Les patients indiquent une division
par deux à trois de l’intervalle entre deux
remplacements des protections parecérumen.
La nouvelle protection pare-cérumen Hear
Clear est identifiable par la couleur rouge
de l’outil d’insertion/extraction alors que
celui de la version précédente est bleu
(Figure 5).
Figure 5 : Le nouvel outil de la protection
pare-cérumen Hear Clear est rouge, celui
d’origine est bleu.
Boîtiers et tiroirs pile : la technologie
HydraShield®2 est actuellement utilisée
sur les nouveaux boîtiers des contours
d’oreille et écouteurs déportés ainsi que
sur les tiroirs pile, pour offrir une protection contre l’infiltration de liquide dans les
orifices, les fentes ou les crevasses de
petite taille.
La technologie HydraShield®2 réduit les
dommages causés aux composants, la
corrosion à la pile zinc-air ainsi que les
défaillances du circuit électronique.
Gouttes d’huile d’olive sur maillage acoustique
Maillage non traité
Maillage traité par HydraShield®2
Attendre 10 minutes
Figure 4 : Le maillage traité auquel a été appliqué la technologie HydraShield®2 continue de repousser l’huile d’olive alors que le maillage non traité est rapidement obstrué par l’huile.
Cache-microphones : la technologie
HydraShield®2 est appliquée au cachemicrophone des contours d’oreille et
écouteurs déportés afin de protéger les
microphones des dommages causés par
les substances grasses et la transpiration.
Comme le montre la Figure 4, la technologie HydraShield®2 repousse l’humidité, les substances grasses ainsi que le
cérumen tout en protégeant les microphones, ce qui empêche une diminution
des performances.
Des conceptions
mécaniques améliorées
Starkey Hearing Technologies a recours
à de nombreuses techniques de conception pour protéger les piles et les composants électroniques de la pénétration de
corps étrangers. Le moyen le plus simple
d’assurer cette protection consisterait
à réaliser une étanchéité complète des
aides auditives. Cependant, cette solution
n’est pas pratique, car les microphones
ne seraient pas en mesure de recevoir
les signaux acoustiques, les écouteurs
ne pourraient pas émettre et la pile serait
privée d’air et incapable de fournir de
l’énergie.
La clé consiste à trouver des procédés
pour maintenir les corps étrangers à
l’extérieur tout en laissant entrer l’air. Les
barrières mécaniques, les joints et les
maillages imperméables constituent, entre
autres, les moyens classiques utilisés pour
empêcher la pénétration de corps étrangers. Ces conceptions sont principalement
mises en oeuvre dans les zones du tiroir
pile, les joints des boîtiers, les modules
des microphones et écouteurs.
En raison des petites dimensions concernées, de nombreuses techniques sont
limitées par des considérations relatives
à la dimension physique ou au montage/
réparation.
De plus, une petite déchirure au niveau
du joint ou une surface d’accouplement
dégradée peuvent rendre la protection
inefficace. Des maillages acoustiques
transparents réduisent la quantité de
substances indésirables atteignant l’écouteur et les microphones ; cependant, pour
obtenir des performances optimales, il
convient de les associer à la technologie
HydraShield®2.
Lorsqu’elle est associée à la technologie
HydraShield®2, la conception de joints,
d’interstices et d’orifices de diamètre
inférieur 0,1 mm offre une excellente
résistance contre la pénétration d’eau et
de substances grasses. En complétant les
techniques traditionnelles, la technologie
HydraShield®2 augmente la satisfaction
des patients, grâce à une fiabilité accrue
des produits et à une réduction de la
pénétration de cérumen et autres corps
étrangers.
Brouillard salin
Un essai au brouillard salin simule le
comportement d’aides auditives pouvant
fonctionner à long terme dans un environnement humide et en présence de
sueur. Cet essai représente les conditions réelles de fonctionnement que les
contours d’oreille et écouteurs déportés
sont susceptibles de rencontrer un jour.
Starkey Hearing Technologies a adopté la
norme MIL-STD-810G (Méthode 509.5),
cette dernière étant largement utilisée
dans l’industrie électronique grand
public. Les aides auditives sont placées
dans l’environnement de brouillard salin
pendant 48 heures à une température de
350 °C, puis sont soumises au séchage
pendant 48 heures dans des conditions
ambiantes habituelles.
Les Cahiers de l’Audition - N°4/2013
73
> VEILLE TECHNIQUE
La Figure 6 démontre que la technologie
HydraShield®2 conserve ses propriétés
superhydrophobes y compris en cas d’exposition à des environnements agressifs.
Figure 6 : HydraShield®2 présente toujours
une superhydrophobie après deux cycles de
brouillard salin.
La Figure 7 met en évidence la protection contre la corrosion offerte par
HydraShield®2, au niveau du tiroir pile et
des contacts de l’Entrée Directe Audio
(DAI).
Ces résultats laissent présager un nombre
réduit de problèmes liés à l’humidité ainsi
qu’une meilleure fiabilité des aides auditives.
Figure 7 : Aucune corrosion n’a été observée au niveau du tiroir pile ni de la zone des
contacts de l’Entrée Directe Audio, après
deux cycles de brouillard salin.
74
Les Cahiers de l’Audition - N°4/2013
Notation de la protection
contre la pénétration
Le secteur des aides auditives a adopté
la norme ANSI/ IEC60529 afin de prouver
à quel point les aides auditives sont
«résistantes à la pénétration». À partir de
cette norme, les aides auditives se voient
attribuer une note de Protection contre la
pénétration (IP). Cette note commence par
les lettres «IP» suivies de deux chiffres :
le premier chiffre de la certification IP
indique le niveau de protection contre
les corps étrangers, tels que la poussière
ou la saleté ; le second chiffre indique
le niveau de protection contre l’eau et
l’humidité. En cas de test effectué sur
un seul de ces critères, un «X» remplace
l’autre chiffre. Par exemple, le barème de
notation IP applicable à l’eau s’étend de
«IPX0» (aucune protection contre l’humidité) à «IPX8» (protection contre l’immersion continue dans l’eau). Une notation
IPX7 ou IPX8 permet d’étiqueter les aides
auditives comme étanches.
Un laboratoire indépendant a récemment
soumis chacune des nouvelles aides
auditives écouteurs déportés de Starkey
Hearing Technologies au test formel d’intrusion d’eau. Après avoir été immergées
dans un mètre d’eau pendant 30 minutes,
elles n’ont montré aucun signe d’intrusion
d’humidité répondant ainsi aux exigences
IPX7. Les essais IP étant considérablement plus stricts que ce à quoi l’on peut
s’attendre au cours d’une utilisation quotidienne des aides auditives, les patients
apprécient la protection supplémentaire
contre l’humidité offerte par la technologie
HydraShield®2.
Conclusion
Les professionnels de la correction auditive et les patients souhaitent bénéficier
d’aides auditives résistantes à l’eau, à
la sueur, au cérumen et autres corps
étrangers. Ils souhaitent disposer d’aides
auditives fiables qui fonctionnent dans
des environnements difficiles et jouir de
la tranquillité d’esprit en sachant que les
composants électroniques sensibles de
leurs aides auditives sont correctement
protégés pendant leur durée de vie. Ces
dernières années, les aides auditives
ont intégré une résistance à l’eau pour
réduire la corrosion et améliorer la fiabilité.
Malheureusement, celle-ci n’a guère traité
le mode de défaillance le plus fréquent : la
pénétration de corps étrangers, tels que
les substances grasses ou le cérumen.
Grâce à des tests en laboratoire couronnés
de succès et aux expériences réelles des
patients, la technologie HydraShield®2
offre une solution efficace, complète et
inégalée sur le marché. Non seulement
elle offre une protection optimale contre
l’humidité par le biais de son superhydrophobie, mais elle intègre également
des propriétés de surface oléophobes.
Ensemble, ces propriétés augmentent la
fiabilité et la longévité des aides auditives
et le niveau de satisfaction des patients.
> VEILLE TECHNIQUE
WIDEX
Les acouphènes, les solutions zen de Widex
Acouphènes : état des lieux
Les acouphènes concernent une grande partie de la
population : 45% des plus de 55 ans.
- Selon une enquête (*Etude Gallileo-Widex, auprès de presque
4000 Français) menée en juin 2012, les acouphènes concernent
8 millions de personnes sur les 17,5 millions âgés de plus de 55
ans.
- 6 millions d’entre eux déclarent une perte d’audition, qui ne fait
l’objet d’une correction auditive que pour 1,3 millions.
- Près d’une personne sur 2 de plus de 55 ans est concernée, dont
principalement des personnes ayant une perte d’audition.
La gêne occasionnée par l’acouphène est souvent limitée,
mais le besoin de prise en charge est réel pour le plus grand
nombre.
- 89% des non appareillés sont faiblement ou moyennement gênés.
- 47% ont pourtant consulté un médecin dont 53% pour leurs
acouphènes seulement et 39% pour l’acouphène et la perte
d’audition.
Donc même dans les cas où l’acouphène n’est pas fortement
gênant les personnes vont consulter principalement pour ce motif
(92% des personnes consultent pour les acouphènes).
La correction auditive, une solution efficace, peu proposée.
- Pour 87% des personnes qui ont consulté un médecin, le port
d’une aide auditive n’a pas été recommandé.
- Pourtant, la correction auditive soulage 54% des personnes dont
67% de ceux qui ont un acouphène intermittent.
Si les personnes interrogées avaient plus d’informations
sur les solutions qui existent, dont le programme ZEN, leur
comportement serait-il différent ?
- 28% des « non appareillés » (soit 1,3 millions de personnes)
seraient incités à s’équiper s’ils connaissaient l’existence du
programme ZEN.
- 39% des « appareillés » (600 000 personnes) seraient prêts à
renouveler leurs aides auditives, si celles-ci disposaient d’un
programme ZEN.
Conclusion de l’enquête
Prévalence : Les acouphènes concernent une grande partie
des plus de 55 ans, et pas seulement la minorité qui souffre
d’acouphènes très gênants.
Manque d’information : Les plus de 55 ans sont préoccupés et
manquent d’information. S’ils étaient informés, un grand nombre
serait prêt à s’équiper ou se rééquiper.
Prise en charge complexe ? Souvent une simple correction
auditive permet de soulager les acouphènes, en particulier
lorsqu’ils sont intermittents.
76
Les Cahiers de l’Audition - N°4/2013
VEILLE TECHNIQUE <
Comment prendre
en charge une personne
et son acouphène ?
De nombreuses approches sont possibles,
mais les plus utilisées sont :
Le conseil et l’accompagnement :
le rôle du professionnel de santé est au
coeur de la prise en charge.
La correction auditive : apporte souvent
un bénéfice important dans 54% des cas.
Les bruits bandes larges et bruits
bandes étroites jusqu’à 1/3 d’octave
(uniquement avec ZEN personnel) :
utilisés dans le cadre de prise en charge
de type TRT.
La réduction du stress : le stress est
un facteur aggravant des acouphènes.
L’écoute de la musique aide à réduire le
stress (voir WidexPress n°32).
La relaxation : permet de limiter le stress.
Elle aide également pour la concentration
et pour réduire les pertes de sommeil (voir
WidexPress n°32).
Intervention cognitivo-comportementale (CBI) : pour réduire les émotions
négatives liées aux pensées ou événements vécus.
Les outils mis à
votre disposition
Conseils et accompagnement
Widex a développé un cadre global de
prise en charge des acouphènes proche
de travaux de la TRT : la Widex ZEN
THERAPY (WZT).
WZT comprend des outils à utiliser face au
patient et un guide pour les utiliser.
2 gammes d’outils existent selon le niveau
de détail souhaité :
- « ZEN et ZEN Bruit », associé aux «lignes
directrices de Widex»
- « WIDEX ZEN THERAPY conseil » associé
à son manuel de 80 pages est un outil
complet de prise en charge, incluant
l’approche « CBI », des conseils pour la
relaxation, différents questionnaires...
Correction auditive
Une gamme d’aides auditives avec des
avantages spécifiques pour la gestion des
acouphènes incluant :
- l’amplification des sons faibles.
- une large bande passante, en particulier
avec les écouteurs ClearBand à 2 voies.
Programme ZEN
ZEN est un outil complet qui permet :
- de générer des bruits bandes larges et
des bruits filtrés jusqu’à 1/3 d’octave
(uniquement avec ZEN personnel),
utilisés pour la TRT (ZEN bruit).
- la réduction du stress et l’amélioration de
la concentration avec les mélodies ZEN.
Les mélodies ZEN et le bruit ZEN peuvent
être activés ensemble ou séparément,
avec ou sans les microphones actifs.
ZEN est inclus dans toutes les aides auditives de la gamme DREAM et en option sur
MENU.
Le réglage de volume par l’utilisateur peut
changer soit ZEN, soit la correction auditive, soit les deux.
ZEN est inclus dans toute la gamme
ZEN2GO, une gamme spécifique pour les
patients qui souhaitent une solution qui ne
soit pas une aide auditive :
- ZEN2GO-Evolution est un Passion, avec
un packaging spécifique incluant la
radiocommande RC-DEX et un préréglage avec 3 programmes ZEN.
Plus d’informations sur www.widexpro.fr
ou M. Maillot, audioprothésiste formateur
au 06 22 91 34 34
- ZEN2GO-Bruiteur : est un micro contour
m, avec un packaging spécifique et un
préréglage avec 2 programmes ZEN.
C’est une solution très économique.
ZEN peut être activé en tant que simple
programme de l’aide auditive ou au
travers de ZEN+ qui offre une gestion
étendue des programmes, présents sur
certains modèles.
Récapitulatif des solutions zen
Les Cahiers de l’Audition - N°4/2013
77
Actualités
du monde de l’audiologie
Société Française d’Audiologie
12ème Congrès de la SFA - « Audition et musique »
Descriptif
Après Deauville et Montpellier,
Strasbourg a le plaisir d’accueillir,
pour la deuxième fois, le Congrès de
la Société Française d’Audiologie les
29 et 30 novembre 2013.
La Société Française d’Audiologie
est une société dont la particularité
est d’être pluridisciplinaire, avec
pour objectif de regrouper à la fois
des médecins O.R.L et phoniatres,
des audioprothésistes, des orthophonistes, des chercheurs, des
fondamentalistes acousticiens ainsi
que des industriels. Cette société
a pour vocation première de réunir
tous les professionnels intéressés
par l’Audiologie.
Pour ce XIIème Congrès, le thème sera
le suivant : Audition et Musique.
Ce congrès permettra une fois de
plus d’aborder les dernières évolutions concernant les travaux de
recherches cliniques et fondamentales de l’audiologie ainsi que celles
des techniques de réhabilitation
de l’audition, notamment dans le
domaine de la musique.
Comité d’organisation
Didier BOUCCARA
Anne CHARPIOT
Christian DEBRY
Nicole DENNI-KRICHEL
Marie-Madeleine ELIOT
Catherine LEMOINE
Bernard MEYER
Françoise STERKERS
Comité Scientifique
Didier BOUCCARA
Anne CHARPIOT
Christian DEBRY
Nicole DENNI-KRICHEL
Marie-Madeleine ELIOT
78
Les Cahiers de l’Audition - N°4/2013
Elise GAZZANO
Bernard MEYER
Christian MEYER-BISCH
Françoise STERKERS
Programme
Vendredi 29 novembre
9h00 : Ouverture du Congrès
9h30 : Session 1 - « Les fondamentaux : en quoi la perception de la
musique diffère-t-elle de la perception des autres sons, notamment de
la parole ? »
9h30 : Physiologie de la perception
auditive, écoute de la musique Xavier Perrot
10h00 : Contexte et mémoire dans
la perception auditive - Daniel Pressnitzer
10h30 : Bases neuropsychologiques
de l’écoute musicale - Séverine
Samson
11h00 : Pause
11h30 : Communications libres
12h30 : Déjeuner
14h00 : Session 2 - « Bénéfices et
danger de l’écoute de la Musique »
14h00 : Musique et plasticité cérébrale - François Clément
14h30 : Exposition à la musique et
réalité du risque auditif - Christian
Meyer-Bisch
15h00 : Ecoute de la Musique
chez le malentendant - Christophe
Rosenberg
16h00 : Pause
16h30 : Communications libres
17h30 : Session musicale
18h30 : Fin de la journée
20h00 : Dîner au Restaurant ART
CAFE
Présidents de séance :
Christophe VINCENT,
Christian DEBRY
Samedi 30 novembre
9h30 : Session 3 - « L’audition du
musicien et ses particularités »
9h30 : Comment explorer l’audition
d’un musicien - Elise Gazzano
10h00 : Comment réhabiliter un
trouble de l’audition chez un musicien - Eric Bizaguet
10h30 : Evaluation orthophonique Marie Brignonne
11h00 : Pause
11h30 : Communications libres
12h30 : Déjeuner
14h00 Session 4 - « Réhabilitation et
écoute de la Musique »
14h00 : La musique support de
réhabilitation du langage - Françoise
Garcia
14h20 : La musique pour faciliter
l’adaptation des aides auditives (PA
et IC) - Géraldine Geffriaud
14h40 : Communications libres
15h30 : Table ronde : Musique et
implants cochléaires
Difficultés de l’IC chez le musicien Bruno Frachet
Implant cochléaire et écoute musicale - Paul Govaerts
Musique et rééducation orthophonique de la personne porteuse d’un
IC - Emmanuèle Ambert-Dahan
16h30 : Fin du congrès
Renseignements
www.sfaudiologie.fr
ACTUALITÉS <
Enseignement Post-Universitaire
Paris - La Villette 6/7 décembre 2013
“Le bruit dans tous ses états”
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Enseignement
Post-Universitaire
Les 6 et 7 décembre 2013
Centre des congrès de la villette
Cité des sciences et de l’industrie
30, Av. Corentin Cariou - 75019 Paris
Sous la présidence de Monsieur
Eric BIZAGUET, des professionnels
de l’audition aborderont les points
principaux recouvrant le domaine du
Bruit. Les dernières technologies en
matière auditive seront également
présentées.
Une exposition de matériels d’audioprothèse et d’audiophonologie aura
lieu en parallèle.
Pour les Directeurs
d’Enseignement
d’Audioprothèse et de
D.U.:
M. Achour Aknine - M. le Professeur
Lionel Collet - M. Joël Ducourneau Mme le Professeur Pascale FriantMichel - M. le Professeur Alexandre
Garcia - M. le Professeur Benoit
Godey - M. le Docteur Romain
Kania - Mme le Professeur Cécile
Parietti-Winkler - M. le Professeur
Jean-Luc Puel - M. le Professeur
Patrice Tran Ba Huy
Pour le Collège National
d’Audioprothèse
Kamel Adjout - Patrick Arthaud Jean-Claude Audry - Jean Bancons
- Jean-Paul Beraha - Hervé
Bischoff - Eric Bizaguet - Geneviève Bizaguet - Jean-Jacques
Blanchet - Daniel Chevillard Arnaud Coez - Christine Dagain
- Ronald De Bock - Xavier
Debruille - François Degove François Dejean - Jean-Baptiste
Delande - Xavier Delerce - Matthieu
Del Rio - Jean-Pierre Dupret Charles Elcabache - Robert Faggiano
- Stéphane Garnier - Alexandre
Gault - Grégory Gerbaud - Céline
Guémas - Eric Hans - Bernard
Hugon - Jérôme Jilliot - Yves Lasry
- Stéphane Laurent - Frank Lefevre François Le Her - Maryvonne NicotMassias - Jean Old - Georges Peix
- Christian Renard - Xavier Renard
- Benoît Roy - Thomas Roy - Philippe
Thibaut - Claude Sanguy - JeanFrançois Vesson - Frédérique
Vignault - Paul-Edouard Waterlot
Pour les membres correspondants étrangers du
CNA
Roberto Carle - Léon Dodelé Bruno Lucarelli - Philippe Lurquin Leonardo Magnelli - Carlos Martinez
Osorio - Juan Martinez San Jose Thierry Renglet - Christoph Schwob
Pour les membres
correspondants étrangers
associés du CNA
Elie El Zir
Vendredi 6 Décembre
2013
8H00 ACCUEIL DES PARTICIPANTS
8H45 - 9H00
INTRODUCTION A L’EPU 2013
E. BIZAGUET, Audioprothésiste, Paris
Président du Collège National
d’Audioprothèse
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Séance du matin
9H00 - 9H30
Impact du bruit sur la santé :
Chiffres clefs, maladies professionnelles, législation.
A. DEBONNET-LAMBERT, Directrice
du CIDB, Paris (Centre d’information
et de Documentation sur le Bruit)
9H30 - 10H15
Le bruit : Définitions et caractéristiques. Comment le mesurer ?
Pr A. GARCIA, CNAM, Paris
10H15 - 11H15
Physiopathologie cochléaire et centrale : Impact du bruit, recherches
en cours.
Pr J.L. PUEL, Université de Montpellier
Pause 11H15 - 11H45
11H45 - 12H30
Prévention et protection contre le
bruit :
Systèmes actifs et passifs.
Indications, choix, intérêts et limites.
Description et mesure de leur
efficacité.
E. HANS, Audioprothésiste, Montbeliard
A. HUGON, Audioprothésiste, Paris
12H30 - 13H00
Aménagement au poste de travail,
traitement des structures :
Isolement et absorption des bruits
en milieux industriels.
J. DUCOURNEAU, Maitre de conférences, Université de Lorraine
Les Cahiers de l’Audition - N°4/2013
79
> ACTUALITÉS
Séance de l’après-midi
14H30 - 15H30
Traitement du bruit et de la parole par
le système auditif chez l’entendant et le
déficient auditif.
M. PAQUIER, Maître de conférence,
Université de Brest
15H30 - 16H30
Impact du bruit sur la compréhension
chez le déficient auditif :
Spécificités de la surdité traumatique,
mesure du handicap.
A. COEZ, Audioprothésiste, Paris
Pause 16H30 - 17H00
17H00 - 17H30
Déclin cognitif et prise en charge de la
surdité : Evaluation de la personne âgée.
I. MOSNIER, O.R.L, Colombes
17H30 - 18H00 Hyperacousie :
Prise en charge et traitements.
P. LURQUIN, Audioprothésiste, Bruxelles
9H15 - 10H45
Technologie et traitement du signal :
Spécificités du traitement du bruit dans
les aides auditives.
Réducteurs du bruit et microphones
directionnels.
Comment améliorer la compréhension
dans le bruit ?
8H00 ACCUEIL DES PARTICIPANTS
Séance du matin
signal.
J.B. DELANDE, Audioprothésiste, Annecy
X. DELERCE, Audioprothésiste, Mont de
Marsan
A. GAULT, Audioprothésiste, Annecy
Pause 10H45 - 11H15
11H15 - 12H15
Choix prothétique et réglages :
Réglages des aides auditives en fonction
du bilan prothétique, de l’âge, de
l’ancienneté de la perte auditive, du bruit
Pause 15H30 - 16H00
16H00 - 16H45
Orthophonie et appareillage :
Quelle prise en charge pluridisciplinaire
pour renforcer l’efficacité des aides
auditives dans le bruit ?
G. BESCOND, Orthophoniste, Rennes
F. LEFEVRE, Audioprothésiste, Rennes
16H45 - 17H15
L’éducation prothétique :
Comment expliquer les limites au patient
et à sa famille.
E. BIZAGUET, Audioprothésiste, Paris
17H15 - 18H00
CAS CLINIQUES - CONCLUSION DE L’EPU
F. DEJEAN, Audioprothésiste, Montpellier
Programme susceptible de modification
S. LAURENT, Audioprothésiste, Gourin
Renseignements
12H15 - 12H45
Collège National d’Audioprothèse
20, rue Thérèse - 75001 Paris
Tél. : 01 42 96 87 77
Fax : 01 49 26 02 25
[email protected]
Réglages spécifiques en milieu bruyant.
8H45 - 9H15
Anamnèse et cas cliniques
T. ROY, Audioprothésiste, Paris
14H45 - 15H30
Mesures de l’efficacité :
Audiométrie et analyse de l’essai en
milieu social.
M. DEL RIO, Audioprothésiste, Bordeaux
Y. LASRY, Audioprothésiste, Nantes
Choix des différents traitements du
et de l’environnement.
Samedi 7 Décembre 2013
14H15 - 14H45
Les accessoires : HF, « wi-fi »...
G. GERBAUD, Audioprothésiste, Reims
C. GUEMAS, Audioprothésiste, Carhaix
Séance de l’après-midi
Institut Libre Marie Haps Formation pratique - Mesures in vivo
Mesures in vivo
Formation
pratique
Cette formation s’adresse aux audiologues
Descriptif
Objectifs de la formation:
• Passer en revue tous les aspects acoustiques de l’oreille externe et de l’oreille moyenne qui influencent les
relevés de pression en fond de conduit ;
• Sensibiliser l’auditoire à la problématique du mode de fonctionnement et du choix des signaux de mesure
utilisés;
• Utiliser la mesure in-vivo en préréglage ou en validation de réglage ;
• Au regard des logiciels fabricant, apprendre à configurer sa procédure pour se mettre en accord avec les
informations affichées afin d’éviter les erreurs d’interprétation ;
• Appliquer des mesures rigoureuses pour limiter au maximum les erreurs d’amplifications ;
• Manipuler, intervenir et/ou apporter des informations utiles à l’ensemble des personnes présentes via des
ateliers pratiques.
Intervenants
Pierre Devos et David Dodelé
Dates et horaires
Le 1er février 2014
9.30 – 16.30
Prix
Tarif unique: 120€
Ce tarif comprend l’inscription et les pauses café
Lieu
Institut Libre Marie Haps
Chaussée de Wavre 249 / Rue d’Arlon 11
1050 Bruxelles
Inscriptions
Le nombre de participants à cette formation
est limité à 15.
Les informations détaillées seront
disponibles sur notre site internet
(www.mariehaps.be/fomationcontiue) à
partir d’octobre 2013.
Les personnes intéressées peuvent
néanmoins d’ores et déjà se manifester en
envoyant un mail à
[email protected] pour
recevoir les informations dès leur
publication.
Descriptif
moyenne qui influencent les relevés de
pression en fond de conduit ;
Sensibiliser l’auditoire à la probléma-
tique du mode de fonctionnement et du
choix des signaux de mesure utilisés;
- Utiliser la mesure in-vivo en préréglage
ou en validation de réglage ;
Au regard des logiciels fabricant,
-
apprendre à configurer sa procédure
pour se mettre en accord avec les
informations affichées afin d’éviter les
erreurs d’interprétation ;
- Appliquer des mesures rigoureuses pour
limiter au maximum les erreurs d’amplifications ;
- Manipuler, intervenir et/ou apporter des
informations utiles à l’ensemble des
personnes présentes via des ateliers
pratiques.
Formation pour les audiologues
- Passer en revue tous les aspects acoustiques de l’oreille externe et de l’oreille
80
Les Cahiers de l’Audition - N°4/2013
Intervenants
Pierre Devos et David Dodelé
Dates et horaires
Le 1er février 2014 - 9.30 à 16.30
Prix
Tarif unique: 120 euros
Lieu
Institut Libre Marie Haps
Chaussée de Wavre 249 /
Rue d’Arlon 11 - 1050 Bruxelles
Inscriptions
Le nombre de participants à cette formation est limité à 15.
Les informations détaillées seront disponibles sur notre site internet (www.
mariehaps.be/fomationcontiue) à partir
d’octobre 2013.
Les personnes intéressées peuvent néanmoins d’ores et déjà se manifester en
envoyant un mail à formationscontinues@
ilmh.be pour recevoir les informations dès
leur publication.
ACTUALITÉS <
Diplôme Inter-Universités Université François Rabelais - Tours
Réhabilitation de l’audition
Objectifs
- Médecins (ORL, Chirurgiens de la Face
et du Cou)
- Audioprothésistes
- Orthophonistes
Objectifs
-
Définir les enjeux de la réhabilitation
auditive selon l’âge.
- Décrire l’intérêt de la réhabilitation ultraprécoce chez l’enfant.
Améliorer la thérapeutique par une
-
approche pluridisciplinaire et le lien
entre professionnels de la surdité (ORL,
audioprothésistes, orthophonistes).
Actualiser les connaissances des pro-
thèses auditives et systèmes implantées.
-
Améliorer le diagnostic des surdités
génétiques.
Programme
Bases de la réhabilitation de l’audition et
Audiométrie (Conséquences de la surdité
selon l’âge, Génétique & Surdité, Normes
audiométriques, Physiologie cochléaire :
Codage fréquentiel spatal et temporel
du son, Audiométrie pratique, l’assourdissement, Plasticité des voies auditive,
Epreuve vocale, Stéréo-audiométrie,
Surdité néonatale : dépistage et pistage).
Prothèses auditives (famille de prothèses
et principes de réglages, Test d’orientation audioprothétique, Test d’évaluation
du résultat : test dans le bruit, Prescription : législation, renouvellement,
remboursement).
Systèmes implantés (implant cochléaire :
indications selon l’âge. Stimulation électroacoustique. Implant du tronc cérébral.
Réglages des implants. Principes de la
rééducation orthophonique).
Chirurgie de la surdité (hors implant) :
Otospongiose, Otite Chronique, Aplasies, Tympanoplasties et ossiculoplasties. Evaluation des résultats et facteurs
prédictifs.
Responsables pédagogiques
Emmanuel Lescanne, Professeur à l’université de Tours, Praticien Hospitalier.
Benoît Godey, Professeur à l’université de
Rennes-1, Praticien Hospitalier.
Philippe Bordure, Professeur à l’université
de Nantes, Praticien Hospitalier.
Lieu de formation
3 séminaires de 2 jours :
Tours : février, Rennes-Fougères : mars, et
Nantes : mai.
Stages : 10 demi-journées
Renseignements
Patricia Fasquelle 02 47 47 38 94
(Ap. midi)
Inscription
Marie-Laure Marin-Girard 02 47 36 81 39
htp://med.univ-tours.fr/formation-continue/
Les Cahiers de l’Audition - N°4/2013
81
> ACTUALITÉS
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Rencontres de la Société Française
de Réflexion Sensori-Cognitive
Programme
Samedi 16 novembre 2013
: Accueil
9h00
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Comité organisation :
Arach Madjlessi, Didier Bouccara,
Catherine Dauxerre, Murielle Jamot
Comité Scientifique de la journée :
Mme Emmanuèle Ambert-Dahan
Pr Joel Belmin
Dr Didier Bouccara
Dr Brigitte Chouard
Pr Christian Corbé
Mme Catherine Dauxerre
Mme Nicole Denni-Krichel
Dr Philippe de Normandie
Pr Bruno Frachet
Pr Claude Jeandel
Pr Stéphane Lehericy
Pr Frank Lin
Dr Arach Madjlessi
Dr Isabelle Mosnier
Dr Xavier Perrot
Pr Anne Sophie Rigaud
Pr Séverine Samson
informations en ligne sur www.sofresc.com
inscriptions en ligne sur www.sphconseil.fr
SPH Conseil
Pôle colloques/ formations
Tél : 01 44 06 85 26
www.sphconseil.fr
Rencontres de la Société
Française de Réflexion
Sensori-Cognitive
(SOFRESC)
Samedi 16 novembre 2013
Musée de l’Armée
Amphi Austerlitz
Hôtel National des Invalides
129, rue de Grenelle, 75007 Paris
(M° La Tour Maubourg)
Comité organisation
Arach Madjlessi, Didier Bouccara,
Catherine Dauxerre, Murielle Jamot
Comité Scientifique
de la journée
Mme Emmanuèle Ambert-Dahan
Pr Joel Belmin
Dr Didier Bouccara
Dr Brigitte Chouard
Pr Christian Corbé
Mme Catherine Dauxerre
Mme Nicole Denni-Krichel
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9h30 : Présentation de la SOFRESC et de
la journée
Arach Madjlessi (Président de la
SOFRESC) ; Didier Bouccara (Secrétaire et
Vice-Président de la SOFRESC) ; Murielle
Jamot (Trésorière de la SOFRESC)
1ère session
Evaluation et impact des troubles cognitifs et sensoriels : Que sait-on en 2013 ?
Modérateurs : Professeur Claude Jeandel
(CHU Montpellier) et Docteur Didier Bouccara (Vice-Président de la SOFRESC)
9h45 : Troubles auditifs liés à l’âge :
données physiopathologiques, évaluation
et impact de la réhabilitation. Docteur
Xavier Perrot (CHU Lyon)
10h05 : Troubles visuels liés à l’âge :
données physiopathologiques, évaluation
et impact de la réhabilitation. Docteur
Brigitte Chouard (CHU Tenon)
10h30 : Vieillissement cognitif : données
physiopathologiques, évaluation et impact
de la réhabilitation. Professeur Joël Belmin
(CHU Pitié Salpêtrière)
10h55 : Imagerie du vieillissement cognitif
et sensoriel. Professeur Stéphane Lehericy (CHU Pitié Salpêtrière)
11h15 : Pause café
11h30 : “Hearing loss and cognitive functioning in older adults : insights from
epidemiologic studies”. Professeur Frank
Lin (Baltimore)
14h20 : Traitement des troubles cognitifs
installés.
Professeure Anne-Sophie Rigaud (CHU
Cochin)
14h40 : Les projets rééducatifs multidisciplinaires.
Professeur Christian Corbe (Ophtalmologiste, SOFRESC)
15h00 : La coordination des réseaux de
soins.
Nathalie Chevallier (Responsable Santé
FNMF)
15h20 : Table Ronde :
Comment développer de nouveaux
réseaux d’évaluation et de soins ?
Modératrices : Murielle Jamot (SOFRESC)
et Docteur Isabelle Mosnier (CHU Pitié
Salpêtrière)
Participants : Docteur Philippe de
Normandie (Directeur Adjoint du Groupe
Korian), Nicole Denni Krichel (Présidente
de la SFA), Anne Rabiller (Directrice
adjointe de la Mutualité Anjou Mayenne),
Patrick Faivre (Directeur de l’institut
Cler Basse Vision à Nancy, FISAF), un(e)
représentant(e) de la FREGIF (FHF).
A partir des expériences de réseaux de
soins et des perspectives institutionnelles
16h00 : Conclusions de la journée et perspectives
Didier Bouccara, Arach Madjlessi (SOFRESC)
Informations et inscriptions
Pr Bruno Frachet
Modérateur : Professeur Bruno Frachet
(Hôpital Rotschild)
inscriptions en ligne sur
www.sphconseil.fr
Pr Claude Jeandel
12h30 Déjeuner - salle des Boiseries
Pr Stéphane Lehericy
2ème session
Quelles prises en charge médicales et
en rééducation ?
Et quelle organisation ?
informations en ligne sur
www.sofresc.com
Dr Philippe de Normandie
Pr Frank Lin
Dr Arach Madjlessi
Dr Isabelle Mosnier
Dr Xavier Perrot
Pr Anne Sophie Rigaud
Pr Séverine Samson
82
s
blic
9h15
: Ouverture de la journée
Médecin général inspecteur, Jack Dorol
(Directeur de l’INI)
14h00 : Quel traitement pour les troubles
cognitifs mineurs ?
Professeure Séverine Samson (Université
de Lille - Nord de France et CHU PitiéSalpêtrière)
Les Cahiers de l’Audition - N°4/2013
Modérateurs : Professeur Christian
Corbe (Ophtalmologiste Ancien Directeur
de l’INI - SOFRESC) et Docteur Arach
Madjlessi (Président de la SOFRESC)
Droits d’inscription :
75 euros Nets de TVA
(Pause et déjeuner inclus)
SPH Conseil
Pôle colloques/ formations
Tél : 01 44 06 85 26
www.sphconseil.fr
ACTUALITÉS <
Communiqués de presse
Oticon lance la seconde
génération de l’adaptateur
Télévision ConnectLine 2.0 !
Grâce à la gamme ConnectLine, les
utilisateurs ont accès à de nombreuses
possibilités de divertissement au quotidien. Ils peuvent regarder leur émission
télévisée favorite, écouter de la musique
classique ou du rock, à l’extérieur ou chez
eux. Travail pour les uns, plaisir et divertissements pour les autres, les solutions
ConnectLine permettent aux utilisateurs
de profiter de la liberté de communiquer.
Oticon lance la seconde
génération du ConnectLine
Télévision
Directement branché à la télévision
(sortie analogique) pour transmettre un
signal audio en temps réel aux deux
aides auditives, l’adaptateur TV ConnectLine 2.0 permet à vos patients de suivre
l’action, le drame ou la comédie au
volume qui leur convient.
Cela signifie que les autres personnes
présentes dans la pièce, voire dans
la maison, ne sont pas gênées par un
volume trop fort. Tout le monde peut
écouter avec un volume qui lui est
confortable !
Voici les nouvelles
fonctionnalités que vous
apportent ConnectLine
TV 2.0
des appels téléphoniques entrants
même s’il regarde la télévision (avec
le module ConnectLine téléphone - en
option).
ConnectLine est la solution pour tous
les utilisateurs d’aides auditives ! Pour
plus de renseignements, n’hésitez pas à
visiter le site Internet : www.oticon.fr ou
la page Facebook : www.facebook.com/
OticonFrance
- Portée jusqu’à 30 mètres entre l’utilisateur et la télévision.
-
Compatibilité pour stéréo numérique
(PCM) et Dolby Digital®.
- Grâce à son intégration dans le système
ConnectLine, l’utilisateur sera averti
Les Cahiers de l’Audition - N°4/2013
83
> ACTUALITÉS
Communiqués de presse
Oticon Arrivée d’Emilie Gabet
dans la région du Sud Ouest
Animatrice Réseau Oticon
des régions Poitou-Charentes
Nous avons le plaisir de vous annoncer
qu’après trois années passées en
tant qu’assistante commerciale chez
PhonicEar, puis deux comme Animatrice Réseau chez Oticon sur la région
Parisienne, Emilie Gabet, de retour de
congé maternité, continue l’aventure avec
nous dans la région du Sud Ouest.
Grâce à ses nombreuses années d’expérience, à ses compétences et à son sens
aigu du service, Emilie vous accompagnera au quotidien et renforcera ainsi
encore nos liens de proximité.
Elle saura mettre sa perspicacité, ses
connaissances pratiques et sa réactivité à
votre service.
Animatrice Réseau Oticon des régions
Poitou-Charentes, Aquitaine, Limousin,
Midi-Pyrénées, ses coordonnées sont à
noter précieusement ou à flasher pour les
intégrer directement dans vos contacts :
Emilie Gabet
Email : [email protected]
Téléphone : 06 29 61 39 59
Emilie, travaillera en étroite collaboration
avec votre responsable régional Oticon :
Pascal Eudeline. Ils seront vos interlocuteurs privilégiés Oticon afin de développer
et de renforcer nos relations.
Elle aura notamment pour missions :
- Promouvoir et former vos collaborateurs
sur la gamme ConnectLine, Amigo et
Phonic Ear
- Organiser et animer vos Journées Techniques, de ventes ou de démonstration
- Mettre en place des outils d’aide à la
vente : PLV, décoration de vos centres et
vitrines
- Vous assister pour
les commandes via
l’OtiShop d’Oticon
- E t bien plus
encore... N’hésitez
pas à la solliciter !
Widex A/S
Jørgen Jensen, nouveau Directeur Général
croissance de 10% par an. Nous avons
les meilleurs produits sur le marché, une
longue tradition de qualité et n’avons rien
à envier en audiologie. Cette évolution
ne doit pas juste se poursuivre, elle doit
être renforcée. C’est pourquoi Jørgen
Jensen est la bonne personne pour diriger
Widex », explique Jan Tøpholm, copropriétaire et actuel PDG de Widex.
Jørgen Jensen est le nouveau Directeur
Général du fabricant d’aides auditives
WIDEX A/S avec pour mission la mise en
oeuvre d’une stratégie nouvelle et ambitieuse pour le groupe.
« Aujourd’hui, Widex est une société
d’envergure internationale avec 43 filiales
dans le monde, un chiffre d’affaires de
plus de 3 milliards de couronnes danoises
et 3.800 employés. Depuis les 10
dernières années, la société connait une
84
Les Cahiers de l’Audition - N°4/2013
Au cours des deux dernières années,
Widex a travaillé à une stratégie ambitieuse qui renforcera la société et lui
donnera un avenir serein.
«Nous sommes fiers de la position que
Widex a atteinte et maintenant notre stratégie va devenir une réalité. Des sommes
importantes et des ressources humaines
ont été investies dans la stratégie globale
et le projet de mondialisation.
C’est un plan qui assurera à l’entreprise
les fondations les plus solides possibles
pour la croissance et des gains positifs
dans un marché mondial qui offre en
permanence une concurrence accrue.
A cet égard, une étape naturelle a été
d’ajouter une nouvelle énergie à la direction de l’entreprise. En nommant Jørgen
Jensen en tant que PDG, c’est ce que
nous avons fait «, affirme Jan Tøpholm.
De fortes compétences
Avant d’intégrer Widex, Jørgen Jensen
était Président et Directeur Général
de Nilfisk-Advance depuis 8 ans, une
société de fabrication de matériels pour le
nettoyage industriel où il a aussi occupé
les fonctions de Responsable des ventes
et des chaînes de production. NilfiskAdvance n’a cessé de croître sous la
direction de Jørgen Jensen et a également
doublé ses profits. Jørgen Jensen est âgé
de 45 ans et a un Master en Sciences
Économiques.
AGENDA <
« Jørgen Jensen a travaillé avec les ventes
et le marketing à l’échelle mondiale et a
géré le développement stratégique d’un
groupe international. C’est cette expérience et cette expertise qui contribuera
à assurer l’orientation nécessaire et la
vitesse de réajustement pour le développement à venir de Widex. Nous sommes
impatients de l’accueillir à bord », explique
Jan Tøpholm.
Les propriétaires toujours
au Conseil d’administration
Afin de s’assurer que Jørgen Jensen ait
toute la liberté nécessaire pour gérer l’entreprise, la direction actuelle va quitter ses
fonctions lorsque Jørgen Jensen prendra
le relais. Jan Tøpholm va se consacrer
pleinement à la fonction de Président
du conseil d’administration, tandis que
les autres propriétaires, Søren et Anders
Westermann, également au conseil de
Widex se concentreront sur d’autres
tâches de nature plus professionnelle.
Le conseil se compose également de
personnes expérimentées telles que le
célèbre homme d’affaires danois Lars
Frederiksen et Ulrik Bülow. Il y aura donc
une combinaison solide entre l’expérience
de l’industrie et l’expérience opérationnelle et financière, représentée au conseil
d’administration. Les deux fils de Jan
Tøpholm, Richard et Julian, continueront
dans leurs positions opérationnelles à
Widex et au conseil d’administration.
en permanence sur le développement
de produits nouveaux et révolutionnaires
qui garantissent un confort optimal ainsi
qu’en donnant au consommateur les meilleures performances audiologiques.
Dans le même temps, Widex renforcera
ses bénéfices en renforçant et en exploitant ses forces au niveau mondial. Le
résultat de cette approche mettra Widex
à égalité avec les entreprises les plus
performantes sur le marché de l’aide
auditive. Cela se fera en parallèle avec le
développement de l’organisation et l’augmentation des ventes mondiales.
Ambitions pour l’avenir
Widex est connue pour sa technologie
de pointe et sa position de leader sur le
marché. L’objectif de la société est de
développer cette position dans l’année à
venir. Ce sera le cas en mettant l’accent
Contact presse :
WIDEX France
GURRET Solène
Responsable marketing/communication
[email protected]
Octobre 2013
Octobre 2013 (suite)
33èmes Journées Annuelles
de la Société Française
de Gériatrie et Gérontologie
58ème Congrès
International de l’EUHA
Du 8 au 10 octobre 2013 au CNIT Paris La Défense
Les Journées Annuelles 2013 de la SFGG se tiendront au
CNIT Paris La Défense du 8 au 10 octobre 2013.
Ce congrès rassemblera plus de 1 200 personnes : cliniciens - chercheurs - gériatres - gérontologues - para-médicaux francophones qui pourront ainsi partager ensemble
les dernières avancées médicales scientifiques et technologiques dans le domaine de la Gériatrie et la Gérontologie.
Toutes les informations sont disponibles sur le site
www.jasfgg2013.com.
Du 16 au 18 octobre 2013 à Nurnberg
Le congrès se déclinera en deux axes : des conférences
consacrées à la recherche scientifique en matière d’audiologie et une exposition sur les nouveautés en matière
d’aides autives.
Info : www.euha.org
ACFOS
Formation professionnelle
120ème Congrès de la SFORL
« Retard d’évolution linguistique
après implant cochléaire :
quel bilan, quelles solutions ? »
Du 12 au 14 octobre 2013 à Paris
Les 17 et 18 octobre 2013 à Paris
Le Congrès de la Société Française d’Oto-Rhino-Laryngologie et de Chirurgie de la Face et du Cou est le temps
fort scientifique de la discipline et le lieu de rencontre
convivial des oto-rhino-laryngologistes francophones.
Comme chaque année, cet évènement mettra l’accent
sur la formation, en proposant un programme riche et
formateur.
Info : [email protected]
Info : www.sforl.org
Les Cahiers de l’Audition - N°4/2013
85
> AGENDA
Novembre 2013
Décembre 2013
ACFOS
Formation professionnelle
Enseignement Post-Universitaire
« Les problématiques découlant
d’un dysfonctionnement vestibulaire
chez l’enfant sourd »
Les 14 et 15 novembre 2013 Paris
Info : [email protected]
ACFOS
Formation professionnelle
« L’accompagnement des adolescents
sourds »
Les 25 et 26 novembre 2013 à Paris
L’Enseignement Post-Universitaire 2013 sera dédié au
thème du « Bruit dans tous ses Etats ».
Sous la présidence de Monsieur Eric BIZAGUET, des professionnels de l’audition aborderont les points principaux recouvrant le domaine du Bruit. Les dernières technologies en
matière auditive seront également présentées.
Le pré-programme est
disponible sur le site du
Collège National d’Audioprothèse : www.collegenat-audio.fr. Les inscriptions seront ouvertes dés
le mois de juillet.
Société Française d’Audiologie
Vous pouvez vous renseigner d’ores et déjà
auprès du secrétariat du
CNA au 01 42 96 87 77
ou en adressant un mail :
[email protected]
Les 29 et 30 novembre 2013
Colloque ACFOS
Info : [email protected]
12
ème
Congrès de la SFA
La Société Française d’Audiologie se tiendra cette année à
Strasbourg, sous la Présidence de Nicole Denni-Krichel, et
aura pourra thème « Audition et Musique ». Quatre grandes
sessions sont d’ores et déjà programmées :
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Les 12 et 13 décembre 2013 à Paris
-
Fondamentaux : en quoi la perception de la musique
diffère-t-elle de la perception des autres sons, notamment
de la parole ?
Le colloque annuel de l’ACFOS aura pour thème « L’enfant
sourd de 0 à 3 ans et sa famille ». Le but de ce colloque
sera de s’interroger sur la manière de privilégier les aspects
humains et relationnels, afin d’optimiser les interventions
médicales, prothétiques, éducatives, rééducatives, pédagogiques, psychologiques et sociales
- Examen de l’audition du musicien et ses particularités
Info : [email protected]
- Réhabilitation de l’écoute de la musique
- Bénéfice et danger de l’écoute de la musique
Le pré-programme de cette manifestation est déjà disponible
sur le site de la SFA
Info : www.sfaudiologie.fr
86
Les 6 et 7 décembre 2013
Les Cahiers de l’Audition - N°4/2013
ANNONCES <
Recherche audioprothésiste
D.E en CDD à temps plein,
à Toulouse dans le cadre d’un
remplacement de congé de maternité
Le Groupe PREVIFRANCE (150 KE de chiffre
d’affaires, 400 salariés) recherche pour sa
mutuelle PREVIFRANCE ŒUVRES SOCIALES,
un audioprothésiste (H/F).
n V
ous serez chargé de développer l’activité sur le centre de la mutuelle. Vous êtes
dynamique, organisé et avez le sens de la
satisfaction des patients.
n Nous proposons un statut de cadre salarié
ainsi qu’une rémunération attractive.
Les débutants sont acceptés.
n Poste à pourvoir dès que possible.
n Lieu de travail : Toulouse
Merci d’adresser votre dossier de candidature
(CV et lettre de motivation) sous réf 2013/Audio/OS
à l’adresse suivante : [email protected]
La Mutualité Française de
DORDOGNE recherche
un(e) audioprothésiste
diplômé(e) débutant ou non
pour la responsabilité de notre centre de
Bergerac
- CDI
- Temps plein sur 4 jours ½ ou temps partiel
- Centre créé en 2008, très bien équipé.
- Présence d’une assistante
- Poste à pourvoir dès maintenant.
Envoyez vos courriers de candidature,
CV, photo et prétentions à :
Mutualité Française Dordogne
Direction Générale
BP 5013 - 7 rue du Président Wilson - 24 000 Périgueux
Tél : 05-53-35-04-31 - [email protected]
87
> ANNONCES
La Mutualité Française Aude recherche
pour ses centres AUDITION MUTUALISTE
Dans le cadre de son développement,
Mutuelles de France Réseau Santé recrutent,
pour ses centres « Audition Mutualiste » :
un(e) audioprothésiste
(Diplôme d’Etat d’Audioprothésiste)
en CDI.
2 audioprothésistes :
Echirolles (38) et Le Creusot (71)
Temps plein (33h) sur 4j/semaine
Poste basé à Carcassonne et/ou
Lézignan Corbières et/ou Narbonne (11)
et à pourvoir immédiatement.
vantages sociaux
A
(mutuelle, chèques déjeuners, CE...)
Vous souhaitez participer à un projet dynamique
Vous êtes motivé(e) par le travail en équipe
Merci d’adresser votre CV et lettre de motivation à :
Mutuelles de France Réseau Santé
Secteur Audioprothèse
31 Rue Normandie Niemen - 38130 Echirolles
ou contactez le 06 70 99 98 51
Adresser votre candidature :
MUTUALITE FRANCAISE AUDE
Mlle Virginie ZIMOCH, Directrice Générale
63, rue Antoine Marty - 11000 CARCASSONNNE
[email protected]
La Mutualité Française Orne
recrute pour son centre
Audition Mutualiste de Flers (61)
1 Audioprothésiste D.E. H/F
• C.D.I.
• Rémunération : salaire fixe + part variable
• Prime d’objectifs - contrat mutuelle
• Poste à pourvoir en novembre 2013
Pour rejoindre notre réseau mutualiste,
merci d’adresser votre candidature :
Mutualité Française Orne
Julie LEMONNIER
28 rue de Bretagne
B.P. 261
61008 ALENCON cedex
[email protected]
Tél : 02 33 82 12 73
88
DYAPASON recherche
des audioprothésistes DE
pour différents membres
adhérents à son réseau.
Merci de faire parvenir
votre candidature en précisant
la région souhaitée à :
Philippe Delbort 06 98 20 64 46
[email protected]
nouveau en intras
équipez vos
patients en toute
confiance
Les intra-auriculaires sont maintenant disponibles dans la Gamme Tri Series Wireless.
Nos ingénieurs ont imaginé un micro-packaging innovant pour intégrer toutes les performances de
la Tri Series dans un processeur ultra compact. Ainsi, la gamme d’intras Tri Series vous permettra
de bénéficier de performances de programmation étonnantes de simplicité ! Notre gamme sansfil la plus complète et la plus aboutie de Starkey, est aussi plus personnalisable : du confort aux
fonctionnalités en passant par la qualité sonore. Simple et fiable, elle est un gage de satisfaction
pour vos patients.
Disponibles en BTE 13 et 312, en RIC 312
et en CE, CC et CIC avec un gain pouvant
aller jusqu’à 70 dB (au 2cc), ces solutions
sont compatibles avec l’ensemble des
accessoires de connectivité SurfLink®.
www.starkeyfrancepro.com
www.starkey.fr
Starkey France 23 rue Claude Nicolas Ledoux - Europarc
94046 CRETEIL CEDEX - N° vert 0800 06 29 53