Pour la question kurde, une seule adresse : Edmond Gharib

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Transcript Pour la question kurde, une seule adresse : Edmond Gharib

Les Libanais dans le monde
lundi 17 novembre 2014
Pour la question kurde, une
seule adresse : Edmond Gharib
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Portrait Comment ce Libanais originaire de Aïta el-Fakhar est-il devenu la grande référence de la
question kurde aux USA ?
WASHINGTON,
d’Irène MOSALLI
C’est là le parcours d’Edmond
Gharib, un Américain d’ori-
gine libanaise qui a approfondi le sujet de la communauté
kurde bien avant que celui-ci
ne devienne d’une actualité
brûlante, tout récemment.
Edmond Gharib dans les montagnes du Kurdistan.
Edmond Gharib est l’auteur
d’une grande « première » :
c’est lui qui, en 1999, a introduit dans le cursus universitaire américain l’histoire
et la culture kurdes. Également spécialiste des relations
internationales, il enseigne
cette matière à l’Université
de Washington et à l’Université de Georgetown. On le
retrouve continuellement animant des débats sur le MoyenOrient et participant à des
programmes politiques télévisés américains et européens.
La genèse de son intérêt pour la question kurde ?
« C’est avec des amis kurdes
à Beyrouth (où il a fait une
partie de ses études à l’AUB)
que je me suis familiarisé
avec leur culture et leur devenir. J’ai voulu en savoir plus
sur ce peuple marginalisé, et
j’ai découvert son important
potentiel et sa résistance pour
la survie. J’en ai fait le sujet de
ma thèse à la fin de mes études
universitaires à l’Université de
Georgetown. »
Un précurseur
Continuellement préoccupé
par ce problème, en bon précurseur, l’expert en fait l’objet
d’un livre publié en 1973 (Le
Mouvement national kurde),
qui n’a pas eu de résonance à
l’époque car la question kurde
était comme mise en veilleuse.
Pour preuve, le secrétaire
d’État en ce temps, Henry
Kissinger, interrogé sur ce
problème, avait dit : « C’est
là un business de missionnaires. »
En 1981, Edmond Gharib
publie La question kurde en
Irak. Son savoir est très grand
dans ce domaine, ayant suivi
de très près l’évolution nationale de ce peuple en Irak, en
Turquie, en Syrie et en Iran.
À ce moment aussi, l’existence de ce peuple se fait sentir à travers le monde. Cette
fois, Kissinger l’a compris, lui
Retour aux origines de Gabriela
Abud, peintre mexicaine
À la fin du XIXe siècle, en
1898, le jeune Youssef (José)
Abboud, originaire de Bzebdine, part du port de Beyrouth vers l’Amérique latine
à la recherche d’une nouvelle
vie, contribuant à remplir les
pages sur le « mahjar », l’émigration libanaise. Comme
l’a dit le grand poète libanais
Saïd Akl : « Du monde nous
sommes voisins et frères. »
Youssef part du port de Beyrouth avec son frère Salvador,
ils arrivent à Marseille et de
là repartent pour La Havane,
à Cuba. Sans parler encore
l’espagnol, Youssef s’aventure
dans le commerce général,
transformant son nom en José
Abud. Il travaille dur mais
avec dynamisme, apprend vite
la langue, développe un commerce à La Havane et décide
de fonder une famille. Il se
marie avec Yamile Aballan,
originaire de Bickfaya, puis le
jeune couple part vers le port
de Veracruz, au Mexique, et
s’installe au centre du pays, à
Morelia, Michoacáne. Là ils
ouvrent un magasin en face de
la cathédrale de la ville, portant le nom de « Mercearía elLíbano », en hommage à leur
pays de naissance qu’ils n’ont
pas oublié malgré la distance.
Dans cette ville, le couple a
six enfants, puis change de
nouveau de ville pour aller
continuer le commerce dans
la capitale, Mexico, avec l’aide
des enfants devenus grands.
Le second des enfants,
Eduardo, né en 1914, suit le
plus le travail de son père et
développe le commerce en
ouvrant plusieurs magasins
en ville. Devenu prospère,
il forme aussi une famille, se
mariant avec Emelia Martínez Ladrón de Guevara,
une Mexico-espagnole. De
ce couple naît Gabriela Abud,
qui se marie par la suite avec
le Mexicain Jorge Alberto
Avila Ortegón, dont elle a
trois enfants : Jorge, Anuar et
Sarabeth.
Gabriela a une vocation
pour l’art et étudie l’histoire
de l’art et la peinture au musée
Studio avec le maître Luis
Nishizawa et au Musée national de l’aquarelle avec Alfredo
Guati Rojo.. Elle devient
peintre et professeure d’art
dans plusieurs institutions.
Elle a déjà réalisé plusieurs
expositions au Mexique et en
José Abud et Yamile Aballan avec leurs quatre premiers enfants au Mexique.
Amérique latine, aux ÉtatsUnis, au Canada, en Europe,
en Chine (IVe Biennale internationale d’art de Pékin, 2010)
et au Liban, où sa dernière
exposition, « Du Mexique au
Liban, artistes visuels à la rencontre de leurs origines », s’est
déroulée au début du mois à
l’Université Saint-Esprit de
Kaslik (Usek), en présence de
l’ambassadeur du Mexique au
Liban, Jaime García Amaral.
Dans cette même exposition, ont été présentées des
sculptures de la Mexicaine
d’origine libanaise Nour Kuri,
chacune des artistes offrant,
en signe d’affection pour le
Liban et son peuple, une
œuvre à l’Usek et au Musée
de l’émigration de l’Université Notre Dame de Louaizé.
Gabriela avait réalisé en 2013
une grande exposition au port
de Veracruz, au Mexique,
intitulée : « Y llegaron por
Veracruz... » (Et ils arrivèrent
par Veracruz), en souvenir de
la venue des premiers Libanais dans ce port vers 1878.
Gabriela a obtenu plusieurs
prix nationaux et internationaux au cours de ses différents
voyages, consultables sur son
site Internet : www.gabrielaabud.neositios.com
Gabriela a visité trois fois
Gabriela Abud à l’Usek en novembre 2014.
le Liban pour lequel elle voue
un amour très spécial. Elle
dit : « En arrivant la première
fois au Liban, j’ai senti que
je connaissais déjà, depuis
le Mexique, ce pays avec ses
sources d’eau et ses puits,
de Tyr à Tripoli, de la mer
Méditerranée aux montagnes
enneigées... Cela m’a poussée
à devenir une chroniqueuse
picturale de ce petit et grand
pays. » Puis elle poursuit :
“Mes grands-parents et mon
père m’ont enseigné les traditions du Liban à travers ses
histoires, la musique, les photos, la gastronomie...»
C’est ainsi que Gabriela
se sent chez elle au Liban,
qu’elle considère comme
étant sa seconde patrie. Dans
ses œuvres, elle présente aussi
bien son pays d’origine que
le Mexique, exposant des
tableaux des deux pays « que
l’émigration a rendus frères ».
Voulant ainsi diminuer la
distance géographique, elle
enchante ses compatriotes
libano-mexicains, ravis ainsi
de voyager pour voir le pays
du Cèdre en couleurs à travers les tableaux d’une artiste
mexicaine de descendance
libanaise.
aussi, puisque, dans deux de
ses livres, il évoque le rôle des
États-Unis et de l’Iran dans le
mouvement kurde des années
70 en citant ses deux principales sources d’informations :
un rapport secret du Congrès
et Edmond Gharib. Ce dernier a enchaîné avec plus
d’une dizaine de titres dont Le
Dictionnaire historique de l’Irak
(pays dont il a aussi fait sa
spécialité), Double vision : portrait des Arabes dans les médias
américains,La Guerre du Golfe
et La Révolution de l’information dans le monde arabe.
Son père, un proche
de Gebran Kh. Gebran
Il faut dire que Gharib est
issu d’une famille férue d’histoire et de littérature. Son
père, Andraos, devenu Andrew en émigrant aux States
à l’âge de 14 ans, a fait partie
du cercle rapproché de deux
célèbres écrivains de l’émigration, Mikhaël Nehmé et
Gebran Khalil Gebran qui lui
avait donné la permission de
traduire ses poèmes de l’anglais à l’arabe. Aujourd’hui,
son fils ne s’est pas éloigné
de cette lignée, ajoutant à
son écurie un autre cheval de
bataille, l’étude de l’essor de la
presse de l’émigration.
Comme souvent, qui se ressemble s’assemble. Edmond
Gharib a épousé, en 1979,
Chérine Khaddoury, fille
de Magid Khaddoury, un
éminent connaisseur irakien
de l’histoire contemporaine de
l’Irak et du Moyen-Orient, et
aussi du système des lois dans
l’islam. À son actif, la création
à l’Université Johns Hopkins, dans les années 60, du
Centre des hautes études sur le
Moyen-Orient. Auparavant,
il avait fait partie en tant que
délégué irakien du comité qui,
en 1943, avait rédigé la Charte
des Nations unies. « Il m’avait
précisé, raconte son gendre,
que la majorité des membres
Avec son épouse Chérine, organisatrice du Festival du film arabe.
de ce comité étaient des diplômés de l’Université américaine
de Beyrouth. Charles Malek
lui avait même demandé à
être le rapporteur du volet des
droits de l’homme, dont le
comité était présidé par Eleonore Roosevelt. »
Chez les Gharib-Khaddoury, les valeurs ancestrales
ont la vie dure, en ce sens
qu’on les place toujours dans
leur contexte actuel. Ainsi,
Chérine, l’épouse d’Edmond
Gharib, est la directrice adjointe du Festival du cinéma
international, qui se déroule
annuellement à Washington
et auquel elle a donné un frère
nommé « Arabian Sight ». Ce
dernier événement présente
chaque année les meilleurs
films du Maghreb et du Machrek.
Le film « Héritages » visionné
à l’ambassade du Liban
en Afrique du Sud
L’ambassade du Liban en
Afrique du Sud a organisé
la projection du film Héritages-Mirath, du réalisateur et
producteur libanais Philippe
Aractingi, durant des séances
spéciales. Une projection a eu
lieu dans les salles du circuit
Ster-Kinekor le 30 octobre à
Johannesburg pour la communauté libanaise, et une autre
le 31 octobre à Pretoria pour
le corps diplomatique, avec
le soutien de l’ambassade de
France en Afrique du Sud.
Héritages est une coproduction
franco-libanaise.
Par ailleurs, une séance spéciale pour les professionnels de
l’industrie cinématographique
s’est tenue au Bioscope (Johannesburg) avec le soutien de
l’Institut français en Afrique
du Sud (Ifas).
En ouverture de cette rencontre, le chargé d’affaires par
intérim auprès de l’ambassade du Liban en Afrique du
Sud, Ara Khatchadourian,
a déclaré : « Cette initiative
vise à promouvoir une dynamique culturelle et maintenir
un lien entre l’ambassade et les
membres de la communauté, et
par conséquent entre le Liban
et sa diaspora. Ces projections
ont été rendues possibles grâce
à la contribution de certains
membres de la communauté et
leur volonté de garder un lien
avec le Liban, sa culture et ses
traditions. »
Venu spécialement du
Liban pour ces projections
en Afrique du Sud avec sa
famille, qui sont les acteurs
principaux du film, Philippe
Aractingi a affirmé que Héritages-Mirath est un voyage à
travers l’histoire. « L’idée est
née pendant la guerre de juillet
2006, a-t-il dit. En fuyant une
nouvelle fois le Liban, j’avais
pris conscience que, tout
comme moi, mes ancêtres ont
fui depuis cinq générations les
guerres et les massacres. »
Plus de 400 personnes se
sont réunies pour découvrir le
film. Ils ont apprécié les temps
d’échanges et les réflexions
sur les thèmes de l’émigration
et de l’identité libanaise avec
le réalisateur et son épouse, la
productrice Diane Aractingi.
Le ministère des Affaires
étrangères et des Émigrés
avait auparavant recomman-
Franck Marchetti, conseiller de coopération et d’action culturelle
près l’ambassade de France, Andrée Aractingi, Myriam
Khatchadourian, Diane et Philippe Aractingi, et le chargé
d’affaires de l’ambassade du Liban, Ara Khatchadourian.
dé aux ambassades du Liban
dans le monde d’organiser
la projection du film pour
les membres de la diaspora,
compte tenu du message que
porte le film et des images saisissantes de l’émigration. Il ne
fait pas de doute que chaque
famille au Liban a connu un
déplacement forcé.
L’ambassade du Liban en
Afrique du Sud couvre neuf
pays (l’Afrique du Sud, l’Angola, la Namibie, la Zambie,
le Botswana, le Zimbabwe,
le Malawi, le Swaziland et le
Mozambique). La communauté libanaise en Afrique
du Sud est estimée à environ
35 000 personnes.
Roberto KHATLAB
Ara et Myriam Khatchadourian en compagnie de Diane et
Philippe Aractingi.
Nicolas Dagher, le père Maurice Chidiac, Myriam
Khatchadourian, Philippe et Diane Aractingi, Ara Khatchadourian,
Andrée Aractingi, et les enfants, Luc, Ève et Mathieu.
Nouvelle mission de RJLiban en Amérique latine
Un grand dîner s’est tenu
samedi dernier au restaurant
Classic Tyros pour annoncer
son ouverture comme plateforme culturelle et artistique
à l’attention des habitants
et des visiteurs de la ville de
Tyr au Liban-Sud. Cet événement a vu l’inauguration
d’une grande exposition de
photographies de sites et de
paysages du Liban réalisées
par Naji Farah, cofondateur
avec Habib Maaz de l’association RJLiban, dont le nouveau
programme d’action a été annoncé par le professeur Joseph
Rizk au public, comprenant
notamment l’évêque melkite
grec-catholique de Tyr Mgr
Michel Abrass et son prédécesseur Mgr Jean Haddad,
ainsi que le chef de la municipalité de Tyr, Hassan Dbouk,
et le chanteur Ala’ Zalzali.
Peinture de Gabriela Abud représentant Baalbeck.
Il s’agit d’une mission au
Brésil à laquelle prendront
part le général Tarek Abdallah des Forces de sécurité
intérieures et conseiller auprès
du tribunal militaire, l’homme
d’affaires Ali Ismaïl, l’avocate
internationale Marie-Claude
el-Hage, le conseiller allemand en relations publiques
et sommelier Götz Karphofer,
ainsi que Youmna Assouad,
directrice de marketing du
couturier Tony Ward, qui
présentera sa nouvelle collection au cours des festivités
organisées par les consulats
du Liban à Rio de Janeiro et
à São Paulo, à l’occasion de
la fête de l’Indépendance du
Liban.
Des contacts seront entrepris avec le consul Ziad Itani
à Rio et le consul Kabalan
Frangieh à São Paulo, qui
souhaitent programmer des
séminaires pour les jeunes de
descendance libanaise venant
de toute l’Amérique latine,
dont l’Argentine, l’Uruguay
et le Mexique en particulier.
Ces rencontres aboutiront au
grand voyage prévu par l’association RJLiban en juillet
2015 au Liban, en vue d’une
meilleure structuration des
jeunes de l’émigration libanaise.
Des réunions sont également prévues avec les
membres fondateurs de l’Instituto Cultural Brasil-Líbano
à Rio de Janeiro, présidé par
Nelson Mufarrej, afin de
renforcer les échanges touristiques et culturels avec le
Liban et les pays d’Amérique
latine. La délégation RJLiban, qui voyage cette semaine,
présentera aussi une gamme
de produits artisanaux et alimentaires pouvant être mis
à la disposition des consommateurs
libano-brésiliens,
comme l’huile d’olive, le vin,
l’arak, l’eau de fleur d’oranger,
les baklawas et autres, dans le
but de renforcer la production
au Liban.
À l’issue de ce dîner, le premier dans le cadre des festivités programmées pour célébrer les 30 ans de la fondation
de RJLiban, des médailles
d’honneur ont été remises, au
nom de l’association RJLiban
et du restaurant Classic Tyros,
par l’ancienne Miss Liban
Rosarita Tawil, originaire de
Tyr, à Hassan Dbouk, dont
une partie de la famille avait
émigré en Argentine, et à Ala’
Zalzali, pour lequel une tournée en Amérique latine est en
préparation.
Cette page est réalisée en collaboration avec l’Association RJLiban. E-mail : [email protected] – www.rjliban.com