Pas de burqa ni de niqab dans les classes fribourgeoises

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Fribourg
La Gruyère / Jeudi 20 février 2014 / www.lagruyere.ch
Pas de burqa ni de niqab
dans les classes fribourgeoises
LOI SCOLAIRE. Les
députés ont apporté
deux changements au
projet de loi scolaire:
l’interdiction de la burqa
et du niqab, ainsi qu’un
soutien plus prononcé
au bilinguisme.
DOMINIQUE MEYLAN
Grand Conseil
Le foulard sera toléré en classe,
mais la burqa et le niqab seront
interdits. Le Grand Conseil a accepté, hier, en première lecture,
cet ajout au projet de loi sur la
scolarité obligatoire. Cet amendement de Didier Castella (plr,
Pringy) exige des élèves qu’ils
fréquentent l’école «dans une tenue correcte et le visage découvert». Il devra être confirmé en
deuxième lecture.
Après un après-midi et une
matinée de travail, c’est le principal changement apporté par
le Grand Conseil en plus d’un
amendement d’Olivier Suter
(acg, Estavayer-le-Gibloux) en
faveur du bilinguisme. Le député a convaincu ses pairs de
la nécessité de lancer l’apprentissage de la langue partenaire
dès la première année d’école.
Le foulard toléré
«La burqa et le niqab sont
considérés comme un moyen
d’oppression des femmes, a
plaidé Didier Castella. Ils n’ont
aucune place à l’école.» L’UDC
aurait voulu aller encore plus
loin et interdire le foulard. Sa
proposition a été rejetée.
Le directeur de l’Instruction
publique, de la culture et du
sport, Jean-Pierre Siggen, a
plaidé en vain pour le rejet de
cet amendement: «Il n’y a pas
de difficulté particulière actuellement. Cette disposition est
inutile et dangereuse.» Une majorité de droite a accepté la pro-
position du président du PLR
par 49 voix contre 41 et deux
abstentions.
Pour Olivier Suter, le canton
sous-exploite le bilinguisme:
«Nous sommes assis sur une
mine d’or.» Son amendement
rend obligatoire la mise en œuvre de dispositifs pour favoriser l’apprentissage de la langue
partenaire dès la première année. Le texte original se contentait d’un encouragement.
Le Conseil d’Etat, par la voix
de Jean-Pierre Siggen, s’est opposé à cette proposition, goûtant peu son caractère obligatoire. Une majorité de gauche,
appuyée par l’UDC et quelques
voix PDC et PLR, a accepté ce
changement.
Plus de place aux parents
L’UDC a proposé hier la suppression du conseil des parents,
pourtant une des grandes nouveautés du projet de loi. Pour
Gabriel Kolly (udc, Corbières),
cet organe n’amènera rien d’innovant. Les commissions scolaires pourraient très bien remplir son rôle. Moins catégorique,
Bernhard Schafer (acg, St-Ours)
a suggéré de laisser la liberté
aux communes de constituer un
tel conseil, sans en faire une
obligation.
Une majorité a refusé ces
deux amendements. Plusieurs
députés ont relevé que le conseil des parents était un souhait
apparu en consultation et lors
des tables rondes.
La religion s’est également
invitée dans le débat. Hugo
Raemy (ps, Morat) aurait voulu
que les vacances scolaires ne
soient plus liées aux fêtes catholiques, mais respectent le
rythme d’apprentissage. Olivier Suter proposait que l’enseignement religieux soit dispensé
en dehors des heures de cours.
Non et non a dit la majorité.
«Cette heure contribue à donner aux enfants un espace et
du temps pour découvrir leur
foi», a notamment plaidé Patrice Morand (pdc, Bulle). ■
Le nouveau directeur de l’Instruction publique, Jean-Pierre Siggen, défend devant le Grand Conseil le projet de loi sur la scolarité obligatoire, élaboré
par sa prédécesseure Isabelle Chassot. Pour ce faire, il a avoué s’être plongé dans les procès-verbaux des 17 séances de commission qui ont précédé
l’examen du texte en plénum. CHLOÉ LAMBERT
L’enjeu central du financement
Le débat d’entrée en matière, ainsi que les
38 amendements déposés à ce jour, donnent
une idée des futures discussions sur le projet de loi sur la scolarité obligatoire. Les
députés ont commencé leur examen des
106 articles de ce texte mardi. Leur programme prévoit la fin de la première lecture
demain. Un objectif ambitieux puisque, hier
à midi, les députés n’avaient épluché qu’environ un tiers de la matière.
La répartition du financement entre le
canton et les communes promet de belles
empoignades. Raoul Girard (ps, Bulle), qui
a repris la position du club des communes
du Grand Conseil, a regretté que la loi ne clarifie pas davantage les rôles. Il a souligné les
énormes investissements des communes en
La droite impose les siens
au conseil de l’HFR
ÉLECTION. La droite a profité hier de sa majorité
au Grand Conseil pour élire trois de ses membres
au conseil d’administration de l’Hôpital fribourgeois
(HFR). La gauche ne sera donc pas représentée. Ou
plutôt, elle l’est déjà, selon le PDC, le PLR et l’UDC,
puisque la directrice de la Santé Anne-Claude Demierre, l’ancien conseiller d’Etat Pierre Aeby et l’actuelle conseillère nationale Ursula Schneider Schüttel, tous socialistes, siègent dans le saint des saints
de l’HFR.
Yvan Hunziker (plr, Semsales), Markus Zosso
(udc, Schmitten) et André Schoenenweid (pdc,
Bourguillon) ont donc été élus. Les deux candidats
de la gauche René Thomet (ps, Villars-sur-Glâne) et
Ralph Alexander Schmid (acg, Lugnorre) réalisent
des scores honorables, mais insuffisants.
Compétences en matière de santé
Pressentant la mauvaise affaire, les deux chefs de
groupe Laurent Thévoz pour l’alliance centregauche et Pierre Mauron pour les socialistes ont
détaillé les qualités de leur poulain avant la distribution des bulletins. Ralph Alexander Schmid, chi-
rurgien à l’Hôpital de l’Ile, connaît bien le domaine
hospitalier. En tant que directeur d’EMS, René Thomet est également un spécialiste de la santé. Invités
à faire de même et à vendre les compétences de
leurs candidats, les chefs de groupe de la droite
n’ont pas bronché.
C’est l’une des principales critiques de la gauche.
Dans deux communiqués distincts, le PS et l’ACG invoquent l’article 10 alinéa 2 de la Loi sur l’HFR qui
stipule: «Les membres du conseil d’administration
sont choisis en fonction de leurs compétences et de
leur expérience dans les domaines de la santé ou de
la gestion.» En élisant un ingénieur HES (André
Schoenenweid), un électronicien en multimédia
(Yvan Hunziker) et un commerçant agricole (Markus Zosso), la droite aurait clairement privilégié le
côté partisan.
Markus Ith, président du groupe PLR, estime
pour sa part qu’il est important d’avoir un certain
panel de métiers. Il affirme que le PDC, le PLR et
l’UDC ont cherché à créer un équilibre politique
dans l’ensemble du conseil d’administration, en tenant compte de ses membres actuels. DM
faveur des infrastructures, qu’il estime à
plus de 100 millions par année, et dont la loi
tiendrait insuffisamment compte. Le club
des communes propose de supprimer la
bascule fiscale, une opération qui doit apporter plus de moyens au canton, au détriment des communes.
La grandeur des cercles scolaires fait également partie des éléments contestés. Dans
son projet, le canton propose des regroupements de dix classes au minimum, un seuil
qui permettra l’engagement de responsables d’établissement à 50%. Denis Grandjean
(pdc, Le Crêt) voudrait ramener ce chiffre à
huit, plaidant pour des structures «à taille
humaine». Dans son district, la Veveyse, six
établissements sur huit devraient s’adapter
pour atteindre dix classes.
Le responsable d’établissement, véritable directeur d’école au niveau primaire,
constitue l’une des grandes nouveautés. Il
semble peu contesté, mais son cahier des
charges pourrait faire l’objet de discussions.
Plusieurs députés ont critiqué l’absence
du règlement d’exécution de la loi, qui donnera pourtant une idée concrète des conséquences du texte. «Ce règlement fera l’objet
d’une large consultation des milieux concernés», a promis le directeur de l’Instruction
publique, Jean-Pierre Siggen. Interpellé le
lendemain sur le nombre maximal d’élèves
par classe, qui devra être fixé dans ce règlement, le conseiller d’Etat n’a pu répondre
précisément. DM
ÉCHOS DU PARLEMENT
Le Grand Conseil accepte
un crédit de 12 mio pour l’Uni
La Faculté des sciences de l’Université de Fribourg
manque de place dans ses locaux actuels. Entre
2001 et 2012, le nombre d’étudiants a augmenté
de 76% et le personnel de 37%. Sensible à cette dynamique, le Grand Conseil a accepté mardi un crédit de 12,47 millions de francs pour la construction
d’un bâtiment temporaire. Cet édifice, qui sera
construit non loin du Musée d’histoire naturelle, devrait rester en place pendant trente ans. Plusieurs
députés se sont étonnés de la longévité du tempo-
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raire dans le canton. Il est ressorti des débats que ce
délai a été choisi pour s’assurer des subventions de
la Confédération. Quelques voix se sont aussi élevées pour dénoncer le manque d’anticipation du
canton, alors que le besoin en espace pour la faculté s’est fait sentir il y a plusieurs années déjà.
Une nouvelle députée UDC
L’ancienne présidente de l’UDC cantonale, Gilberte
Demont, siège désormais au Grand Conseil. Cette
gérante en immobilier de 53 ans a été assermentée
mardi en remplacement de Werner Zürcher.
DIT EN PLÉNUM
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Ne faisons pas de politique pour notre ego:
“
notre engagement doit être destiné aux générations futures.
”
KATHARINA THALMANN-BOLZ
La présidente du Grand Conseil pour 2014, la démocrate du centre Katharina Thalmann-Bolz,
a promis une année fantastique à ses collègues députés dans son discours d’introduction
mardi. Elle s’est notamment réjouie de l’inauguration du pont de la Poya cet automne. Katharina ThalmannBolz a également appelé à une certaine discipline dans les débats et au respect de la parole de chacun,
deux ingrédients indispensables pour faciliter la recherche de solutions. DM