« madrigali notturni » - Société de Musique la Chaux-de

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Transcript « madrigali notturni » - Société de Musique la Chaux-de

MA 29 AVRIL 2014, 20H15
TEMPLE ALLEMAND
LA CHAUX-DE-FONDS
CINQUIEME CONCERT SERIE
PARALLELES
CINQUIEME CONCERT SERIE
DECOUVERTE
19h30 : introduction par Katharina
Rosenberger et François Cattin
En collaboration avec le Centre de culture ABC
KATHARINA ROSENBERGER née en 1971
Zeitraum 1
ADRIAN WILLAERT 1490-1562
Io amai sempre (partie 1) - attacca
KATHARINA ROSENBERGER
Zeitraum 2
Inaugurazione dello spazio - attacca
« madrigali notturni »
pour 4 voix en mouvement, lumières et une
structure architecturale résonante
KATHARINA ROSENBERGER composition
et direction artistique
SVEA SCHILDKNECHT et
AGNIESZKA KOWALCZYK soprano
SYLVIA NOPPER et
LESLIE LEON mezzo-soprano
CHRISTA WENGER création des lumières
RIC SCHACHTENBECK chorégraphie
CIPRIANO DE RORE 1515-1565
Grave pen’ in amor
KATHARINA ROSENBERGER
Recitativo 2
CIPRIANO DE RORE
O sonno
KATHARINA ROSENBERGER
Vive Faville
La Caccia
© Helge Krückeberg
KATHARINA ROSENBERGER
Recitativo 1
CIPRIANO DE RORE
Tutto’l di piango (partie 2, fragment
simultané avec La Caccia)
ADRIAN WILLAERT
Amor fortuna (partie 1)
KATHARINA ROSENBERGER
Recitativo 3b
CIPRIANO DE RORE
Io canterei d’amor
KATHARINA ROSENBERGER
Recitativo 3a
Tratti confluenti
Recitativo 4
CIPRIANO DE RORE
Tutto’l di piango (partie 1)
Au cours de la Renaissance, les compositeurs ont exploré la relation espace-son. Ce
fut particulièrement le cas à Venise, à la
Basilique Saint-Marc, où Adrian Willaert
occupa le poste de maître de chapelle durant
plus de trente ans. Il y exploita les potentialités
acoustiques offertes par l’architecture singulière de la basilique, en faisant alterner, dans
ses compositions profanes et sacrées, différentes masses sonores chorales et instrumentales. Inspirée par les recherches des
musiciens de la Renaissance et par la pratique
vénitienne de la polychoralité, Katharina
Rosenberger a conçu un spectacle nocturne
associant musique et fragments de textes.
Les spécificités architecturales et acoustiques des lieux de chacune des performances
déterminent la structure du spectacle ainsi
que le choix des œuvres. La partie musicale
associe des madrigaux d’Adrian Willaert
(1490-1562) et de son disciple Cipriano de
Rore (1515-1565), maîtres du genre, à des
œuvres de la compositrice suisse. Le livret
emprunte des fragments de textes à deux
poètes italiens majeurs : Pétrarque et
L’Arioste.
La lumière, composante esthétique majeure
des « Madrigali notturni », accompagne les
interprètes en mouvement : elle sculpte
l’espace et affine la perception de la musique, de l’espace et du son, en créant une
très belle unité.
« Madrigali notturni » ne constitue pas seulement un concert, il est aussi un laboratoire
de sons mis en espace. C'est la direction de
la voix propre à Willaert, gracieuse et raffinée, ainsi que le style de de Rore, plus expérimental et chromatique, qui ont incité
Katharina Rosenberger à formuler une
réponse contemporaine avec une texture
fine et contrapuntique qui entame un dialogue avec les voix de la Renaissance, une
réponse qui se caractérise par des nuances
micro-tonales et une diversité de techniques
vocales et qui se divise en trois catégories :
Les « Pièces espaces temporels » (Zeitraumstücke) reprennent des fragments de
compositions de la Renaissance, les
laissant s'élever comme des ombres fuyant
devant nos oreilles, avant qu'elles ne se dissolvent de nouveau en silence. Elles interrogent nos impressions du passé, du présent
et de l'avenir.
Les « Pièces espaces vocaux » (Stimmraumstücke) sont orientées vers l'architecture
de l'endroit de la représentation et l'exploration
de ses caractéristiques acoustiques cachées.
Elles utilisent comme matériel les plus
petits détails et figures de jeux des
madrigaux.
Les « Récitatifs/chorus » eux parlent de
l'ascension par Pétrarque du Mont
Ventoux, un récit que l’on retrouve dans la
fameuse première lettre du quatrième livre
de ses « Epistolae Familiares ».
De Pétrarque ; l’ascension du MontVentoux comme expérience intérieure
(traduit du latin, extraits choisis par Katharina
Rosenberger)
Recitativo 1 : Oggi, spinto dal solo desiderio
C’est le mont le plus élevé de la région, et il
mérite bien son nom de « Ventoux ». Aujourd’hui, mû par le seul désir de voir un lieu
d’une altitude si remarquable, j’en ai fait
l’ascension. Il y a des années que j’avais
cette expédition en tête. Je n’étais qu’un
enfant, comme tu le sais, quand le destin qui
règle la vie des hommes m’a conduit ici : ce
mont qui s’offre partout à la vue, je ne l’ai
pratiquement jamais quitté des yeux. (…)
l’amitié ne s’embarrasse de rien. C’est pourquoi mon esprit exigeant, qui visait à la plus
haute des joies, examinait autour de lui,
pesant le pour et le contre, sans jamais
blesser pour autant l’amitié : lorsqu’il pressentait, pour l’expédition projetée, une
source possible de désagrément, son arrêt
se traduisait par le silence. Que dis-tu de
ceci ? C’est dans ma famille que je cherchai
finalement mes ressources : je m’ouvris de
la chose à cet unique frère, mon cadet, que
tu connais bien. Il m’en fut reconnaissant :
rien ne pouvait le rendre plus heureux que
de tenir, à mes côtés, le rôle d’ami en même
temps que celui de frère.
Recitativo 3b : Ti odierò, se posso; se no,
t'amerò controvoglia
Ce que j’aimais, je ne l’aime plus. Ou plutôt,
ne mentons pas : je l’aime encore, mais honteusement, tristement. Me voici, cette fois,
dans le vrai. C’est ainsi : j’aime ce que
j’aimerais ne pas aimer, ce que je souhaiterais haïr. J’aime pourtant : contre mon gré,
contraint, misérable, affligé. Malheureux que
je suis, j’éprouve sur moi-même la vérité du
vers fameux : « Je te haïrai si je peux ; sinon, je t’aimerai malgré moi. »
Recitativo 2 : un compagno di viaggio
S’agissant de choisir un compagnon, presque aucun de mes amis (ce qui est étonnant
à dire), où que je me tourne, ne semblait
faire l’affaire : tant il est rare que les intentions et les comportements, même entre
proches, s’accordent exactement. L’un était
trop nonchalant, l’autre trop pointilleux ; l’un
était trop empoté, l’autre trop impulsif ; l’un
était trop maussade, l’autre trop joyeux. Je
trouvais celui-ci plus stupide, celui-là plus
réfléchi qu’il ne fallait. Je reprochais à l’un
ses silences, à l’autre ses bavardages ; je
redoutais l’embonpoint et la graisse d’un
premier, la maigreur chétive d’un second ;
c’étaient tantôt la froideur et l’incuriosité,
tantôt l’ardeur et l’excès d’activité qui me
rebutaient. Tous défauts qui, malgré leurs
inconvénients, sont tolérables dans la vie
courante : l’affection peut tout supporter, et
Trois ans à peine se sont écoulés depuis
que cette volonté perverse et néfaste, qui
régnait sans partage au palais de mon coeur,
a vu se dresser contre elle une volonté
rebelle ; sur le champ de bataille de mes
pensées se livre encore un combat acharné,
à l’issue incertaine : lequel, des deux
hommes [qui sont en moi], va triompher ? »
Recitativo 3a : Ovidio: « volere è poco;
occorre volere con ardore per raggiungere lo
scopo »
(…) À peine avions-nous quitté ce sommet
que je recommençai, oublieux de mes précédents détours, à tendre vers le bas : me
voici à nouveau parcourant les vallons ! En
cherchant un meilleur itinéraire, je ne faisais
qu’augmenter la difficulté.
(…) Qu’ajouter ? Malgré les moqueries de
mon frère, je m’entêtai, et commis trois fois
la même erreur en quelques heures. Déçu à
chaque fois, je m’asseyais au creux de mon
vallon et, tournant rapidement mes réflexions
du matériel à l’immatériel, je m’apostrophais
moi-même : « Ce qui t’est arrivé si souvent
aujourd’hui, en escaladant cette montagne,
sache que tu le connaîtras aussi, toi et bien
d’autres, en cherchant la béatitude. Si les
hommes ne s’en aperçoivent pas facilement,
c’est que les mouvements du corps s’offrent
à la vue, tandis que ceux de l’esprit restent
invisibles et cachés. Ce que nous appelons
la béatitude ne se trouve que dans les hauteurs, et la route qui y mène, comme on le
dit, est étroite. Là aussi, le chemin comporte
bien des sommets à gravir, et l’on ne progresse que par degrés, de succès en succès, de vertu en vertu. C’est au sommet que
tout s’accomplit, au sommet que s’achève la
route : c’est là que tendent nos pérégrinations. Tous veulent y parvenir, mais, comme
le dit Ovide : « Vouloir ne suffit pas : tu dois
désirer pour réussir. »
Une nouvelle pensée s’empara alors de moi,
portant cette fois sur le temps, au lieu de
l’espace. Je me tins à moi-même ce discours : « Voilà aujourd’hui dix ans que, délaissant les études, tu as quitté Bologne ;
dans cet intervalle (Dieu immortel ! éternelle
Sagesse !), combien de changements, et
quels changements, dans ta conduite ! Je
passe sur ceux qui restent inaboutis : je ne
suis pas encore arrivé au port, pour y évoquer en sécurité les tempêtes passées.
Viendra peut-être le temps où je pourrai
reprendre tous les événements [de ma vie],
dans l’ordre où ils sont survenus ;
j’emprunterai alors ton cher Augustin en
exergue : « Je veux remémorer mes turpitudes passées, les corruptions que ma chair
infligeait à mon âme. Non par complaisance
envers elles, mais pour l’amour de toi, mon
Dieu. ». Mais pour l’heure il me reste à régler
trop de comptes ambigus et déplaisants.
Recitativo 4 : E vanno gli uomini
« Les hommes ne se lassent pas d’admirer
la cime des montagnes, l’ample mouvement
des flots marins, le large cours des fleuves,
l’océan qui les entoure, la course des astres;
mais ils oublient de s’examiner euxmêmes. » Confessions, Saint Augustin
Les madrigaux de Cipriano de Rore et
Adrian Willaert :
Io amai sempre (Adrian Willaert)
J’ai toujours aimé, et j’aime encore, et j’aime
de plus en plus, jour après jour, ce délicieux
endroit où me mène ma plainte, même si
l’amour me tourmente.
Grave pen’ in amor (Cipriano de Rore)
L’amertume que m’inspire l’amour est infinie,
j’en ressens une grande part moi-même; et
je dois malheureusement en revivre l’expérience à tel point qu’il ne me reste guère le
choix que d’en parler.
O sonno (Cipriano de Rore)
Ô dors fils de la nuit paisible, sombre et humide,
ô du faible réconfort du mortel, délicieux
oubli de la si lourde souffrance qui rend la vie
amère et fait d’elle un lourd poids à porter.
Tutto’l dì piango II (Cipriano de Rore)
D’une ombre à une autre; allant vers un
autre soleil, j’ai traversé la plus grande part
de la mort qui s’appelle la vie.
Amor Fortuna (Adrian Willaert)
Amour, chance, et la souffrance perçue à se
remémorer le passé, me tourmentent tellement que j’envie tous ceux qui se trouvent
sur la rive. Attaquez mon cœur de chaque côté
avec douceur et vigueur, délicieux ennemis ?
Io canterei d’amor (Cipriano de Rore)
Je veux chanter l’amour d’une voix qui laisse
échapper de la dure poitrine des milliers de
soupirs: je veux libérer ce besoin violent de
mon esprit transi.
Tutto’l dì piango I (Cipriano de Rore)
Je pleure tout le jour et la nuit venue, pendant que les mortels trouvent un repos bien
mérité, je pleure deux fois plus ma lourde
plainte: le temps passe ainsi ne m’offrant
que des larmes.
KATHARINA ROSENBERGER composition
et direction artistique
Katharina Rosenberger obtient son doctorat
chez Tristan Murail à New York. Depuis 2008,
elle enseigne la composition et l ‘art sonore
à l'Université de Californie à San Diego. La
majeure partie de son travail est pluridisciplinaire et s'attache à la manière avec laquelle
le son est produit, présenté et perçu. Ses
oeuvres ont gagné différents prix dont,
récemment, le prix art numérique / projet
sitemapping de l'Office Fédéral Suisse de la
Culture ainsi que le Hellman Fellowship aux
USA. Ses pièces sont présentées lors de
festivals et concerts en Europe, en Chine et
aux USA.
AGNIESZKA KOWALCZYK soprano
Agnieszka Kowalczyk s'est specialisée à la
Schola Cantorum à Bâle dans le domaine de
la Musique Ancienne. Son répertoire s'étend
du Moyen Âge au préromantisme et à la
musique contemporaine, en passant par le
baroque et le classique. Comme soliste elle
se présente avec des différents ensembles
(entre autres Basler Madrigalisten, Vokalensemble Zurich, Basler Vokalsolisten) lors
de festivals, de concerts et de production
pour la radio en Europe, au Brésil et au Japon.
SVEA SCHILDKNECHT soprano
Svea Schildknecht a suivi des études de chant
à la Schola Cantorum. Elle a chanté avec le
Solistenchor du studio expérimental de la
fondation Heinrich Strobel du SWR et chante
aujourd'hui avec le quartette « SoloVoices ».
Elle a notamment travaillé pour les chefs
d'orchestre Matthias Pintscher, Jürg
Henneberger, Jürg Wyttenbach, l'ensemble
Phoenix Basel, l'Ensemble Mondrian et
l'Ensemble Contrechamps.
SILVIA NOPPER mezzo-soprano
Sylvia Nopper a étudié le chant au Conservatoire de Bâle. Dans le domaine de la musique contemporaine elle a travaillé avec des
chefs d'orchestre comme Heinz Holliger,
Jürg Wyttenbach et Pierre Boulez. Une
coopération de longue date existe avec les
ensembles aequatuor et theBEAM. Elle se
produit régulièrement avec les Swiss Chamber
Solists, l'Ensemble Modern, le Klangforum
de Vienne et l'Ensemble Inter-contemporain.
De nombreuses compositions, qu'elle a
créées, ont été écrites pour elle.
LESLIE LEON mezzo-soprano
Leslie Leon a étudié le chant à l’Universität
der Künste à Berlin et la Hochschule für
Musik und Theater à Hambourg ainsi qu'à
Guildhall School of Music and Theatre à
Londres. En plus de son engagement à
l'opéra, au concert et dans le domaine de
l'oratorio, la musique contemporaine
représente une priorité dans son travail. Elle
collabore régulièrement avec : Wien Modern,
Musikfest Berlin, Festival de Mexico en el
Centro Histórico, Zürcher Theaterspektakel,
Warschauer Herbst et MaerzMusik Berlin.
CHRISTA WENGER création des lumières
Christa Wenger est créatrice de lumière et
travaille surtout pour des productions
indépendantes sur les scènes alémaniques
de théâtre et danse (qui sont bien sûr
connectéees à l'international). Avec le
scénographe Dominic Huber elle a fondé,
voici dix ans, «blendwerk gmbh für Raum
und Licht» à Zurich. Une coopération
constante la relie entre autres avec les
groupes «mikeska:plus:blendwerk» et
«kraut_produktion», avec le régisseur Gian
Manuel Rau et la chorégraphe Simone
Aughterlony.
RIC SCHACHTEBECK chorégraphie
Ric Schachtebeck a étudié au département
scénographie et costumes à la Hochschule
der Künste Berlin et au Pratt Institute New
York ainsi que danse moderne à Berlin, New
York et Philadelphie. Il a monté des projets
au théâtre pour le Mousonturm Frankfurt am
Main, Berliner Festspiele, Schaubühne Berlin,
Nationaltheater Weimar, l'Opéra de Lyon et
autres, et a été scénographe en chef pour le
Berliner Kammeroper et le théâtre de Kiel.
BILLETTERIES
ma-ve: 13h à 18h, sa: 10h à 12h
Av. L.-Robert 27-29, La Chaux-de-Fonds
Tél.: +41 32 967 60 50
Guichet du Théâtre du Passage
Passage Max.-de-Meuron 4, Neuchâtel
Tél.: +41 32 717 79 07
www.musiquecdf.ch
Prix des places (places non numérotées) :
CHF 30.Réduction de 5.- sur le prix d’une place pour
les membres de la Société de Musique.
Places à 10.- pour les étudiants et les moins
de 16 ans le jour du concert, dans la mesure
des places disponibles.
Les détenteurs d’un abonnement GRANDE
SERIE bénéficient d’une place à CHF 20.pour chacun des concerts de la SERIE
PARALLELES.
« madrigali notturni » bénéficie du soutien de :
Fondation Oertli
Fondation Artephila
Präsidialdepartement Stadt Zürich
La Société de Musique de La Chauxde-Fonds remercie ses partenaires de
leur confiance :
PROCHAIN CONCERT
VENDREDI 9 MAI 2014, 20H15
Théâtre, La Chaux-de-Fonds
11ème concert GRANDE SERIE
GENEVA CAMERATA
DAVID GREILSAMMER direction
SIMONE KERMES soprano
www.musiquecdf.ch