Agressivité des patients déments
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Transcript Agressivité des patients déments
Agressivité des
patients déments
Conduites à tenir et prévention
Les états d’agitation et
d’agressivité des sujets âgés
La démence (du Latin demens) est une réduction
acquise des capacités cognitives suffisamment
importante pour retentir sur la vie de la personne et
entraîner une perte d'autonomie.
Les zones particulièrement atteintes sont la mémoire,
l'attention, et le langage. Dans les dernières étapes de la
démence, les personnes atteintes peuvent être
désorientées dans le temps (ignorant le jour, la semaine,
le mois ou l'année), dans l’espace (ignorant où ils se
trouvent) ou par rapport à la reconnaissance des
personnes, des visages et pouvant aller jusqu’à ignorer
qui ils sont.
Les personnes atteintes peuvent aussi présenter des
signes de psychose et de délire.
Classification des troubles
démentiels
• Troubles affectifs : dépression, anxiété, exaltation de
l’humeur.
• Troubles émotionnels et de la motivation : perturbations
émotionnelles, apathie, conduites régressives.
• Troubles comportementaux : agitation, agressivité,
instabilité psychomotrice, compulsions déambulation.
• Manifestations psychotiques : délires, hallucinations,
troubles de l’identification.
• Troubles des fonctions élémentaires
alimentation, élimination, fonctions sexuelles.
:
sommeil,
Les troubles affectifs
LA DEPRESSION :
•
•
•
S’observe à différents stades.
Au début, découle d’une prise de conscience de la
maladie
A un stade plus évolué : dysfonctionnement
neurobiologique.
L’EXALTATION DE L’HUMEUR :
Etats pseudo-maniaques (8 % des cas).
Parfois, en raison d’une sensibilité plus importante
aux traitements psychotropes et anti-démentiels.
S’amendent assez bien si l’on diminue les posologies.
• L’ANXIETE:
• Fréquente (50 % des cas).
• Peut naître de l’anticipation de l’échec ou d’un rapport à
un monde déformé.
• Peut prendre la forme d’appels à l’aide réitérés (de cris,
dedéambulations, de «fugues»).
• LES PERTURBATIONS EMOTIONNELLES :
• La labilité émotionnelle (40 %) (pleurs fréquents).
• Et à l’inverse, l’indifférence avec repli.
• L’APATHIE :
• 72 % des cas.
• Troubles de la motivation.
• LES CONDUITES REGRESSIVES
Les troubles psychotiques
Apparaissant plus tard dans l’évolution et signent une
dégradation plus rapide :
LES DELIRES :
(22 %) De type paranoïde.
LES HALLUCINATIONS : (10 %)
•Peu élaborées.
•De type visuel surtout et auditif.
LES TROUBLES DE L’IDENTIFICATION :
• Liés
à
la
PROSOPAGNOSIE
reconnaissance des visages).
(perte
de
• Fausses reconnaissances.
• Difficiles pour l’entourage
• Conviction que les personnes observées à la
télévision sont dans la pièce.
• Délire de CAPGRAS : non reconnaissance d’un
proche alors que la ressemblance est soulignée.
Les troubles
comportementaux
LES COMPULSIONS ET STEREOTYPIES :
Comptages à voix haute
Répétitions gestuelles ou verbales
De survenue tardive
Souvent mal tolérées par l’entourage
TROUBLES DES CONDUITES
ELEMENTAIRES
TROUBLES DU SOMMEIL :
Hypersomnolence diurne.
Sommeil irrégulier, avec de multiples réveils
nocturnes Insomnie totale.
Hyperactivité
vespérale
ou
syndrome
crépusculaire (trouble qui apparaît quelques
heures avant la tombée de la nuit)
TROUBLES
DES
CONDUITES
ALIMENTAIRES :
Anorexie très habituelle (+ prise de
médicaments) dénutrition sévère.
Rarement, hyperphagie ou grignotage à des
stades tardifs.
TROUBLES DES CONDUITES SEXUELLES :
Fréquents mais peu souvent énoncés.
Manifestations d’agressivité
Modification du
comportement
verbal
Se plaint sans cesse
• Répète les mêmes
questions ou les
mêmes phrases
• Émet des bruits
bizarres
• Fait des avances
sexuelles verbales
•
Agitation physique
Agressivité
verbale
Déchire des vêtements ou
• Jure
détruit des objets
• Est opposant
• Dérobe, cache ou amasse
• Pousse des
des objets
cris
• Manipule sans but des objets
• Avale des produits non
comestibles
• Attire constamment l’attention
• Attrape sans cesse les gens
ou les objets
• Se déshabille et se rhabille
• Bouge sans cesse
• Déambule
• Essaie d’aller ailleurs
• Fait des avances sexuelles
•
Agressivité
physique
Donne des
coups
• Bouscule
• Mord
• Crache
• Donne des
coups de pied
• Griffe
• Se blesse
• Blesse les
autres
• Tombe
volontairement
• Lance des
objets
•
Analyse de situation
Où ?
Quand ?
Comment ?
Pourquoi ?
Dans quelles circonstances ?
Quelle situation ?
Facteurs déclenchant ?
Changement récent ?
A quel moment de la journée ?
Quel est ce trouble ?
Depuis combien de temps ?
Quel sens lui donner ?
Conduites à tenir en cas de crise
Stratégies recommandées dans
l’agitation et l’agressivité
1. Dans un premier temps
Intervenir précocement
Éloigner le patient des facteurs déclenchant
Avoir une voix et un discours rassurants
Approcher lentement et calmement
Gérer judicieusement la relation tactile
Positions non terrorisantes
2. Dénouer la crise
Ne pas argumenter ou discuter les causes du
comportement
Réorienter les intérêts du sujet
Instaurer un environnement calme
Éviter les contentions physiques
Demander de l’aide en cas de danger
Prévention des états d’agitation
et d’agressivité des patients
déments
Le principal élément qui va permettre au soignant
de prévenir la plupart des états d’agressivité des
patients déments est:
La communication:
- la stabilité des interlocuteurs: le personnel
procure un sentiment de sécurité.
Les relations privilégiées permettent de se sentir
existé et désiré.
L’idée générale c’est que la personne désorientée ne
dit pas n’importe quoi, n’importe où, à n’importe qui.
Maintient du contact pour
éviter le repli sur soi
Le but général : maintenir la communication.
Les moyens : accepter ce qui est proposé ou fait
par la personne désorientée et l’entendre
comme un désir, même maladroit, d’entrer en
relation ?
EXEMPLE :
Au moment du repas, madame R. vous aborde, le visage déformé par
l’anxiété : « je dois rentrer chez moi. Ma maman m’attend pour manger. »
ACTION :
Encourager le maintien de la relation repose sur la reconnaissance de
l’angoisse et le soutien qu’elle n’écessite. Autoriser Mme R. à manifester sa
détresse, quelle qu’en soit l’origine, faciliter ses réponses par des questions sur
son sentiment : « qu’est ce qui vous inquiète autant ? ».
Eviter la mise en échec
Il est facile, sans mauvaise volonté de notre part, de mettre les
personnes désorientées en échec. Les soignants ont tout intérêt
à s’appuyer sur les capacités restantes et sur la mémoire encore
disponible. Souvent, dans les rencontres quotidiennes, la
tentation est grande d’amener le sujet à comprendre ce qui lui
arrive, à se rendre compte de ses erreurs, à prendre conscience
de la réalité.
Or, la réalité dans ces moments là est trop angoissante.
Interrogez plutôt le patient sur les évènements qui
correspondent à sa réalité du moment. À cette condition, nous
serons aidants pour elle, à l’écoute et accueillants.
Les principes de réorientation
Les interactions verbales ou non verbales doivent fournir
suffisamment de repères pour permettre de combler les
déficiences mentales et comportementales.
EXEMPLE :
Mme F., que vous venez laver et habiller, vous interpelle avec
un grand sourire : « bonjour maman ».
ACTION
Ne pas réfuter une telle affirmation (« votre mère ne peut être
encore en vie »), ni la cautionner (« oui ma fille ») mais
réorienter la personne dans cette rencontre présente : « Je suis
Marie, je suis infirmière. Il est 10h du matin. Je viens vous
aider pour votre toilette, j’ai apporté ce qu’il faut sur ce
chariot ».
Les principes de réorientation sont simples et utiles.
Ils visent à compenser les déficits de la démence,
comme pour les cas suivants:
Les pertes de mémoire
Se présenter et identifier son interlocuteur (« Bonjour Mme
Durand, c’est moi, François… »
Fournir des informations même dans les questions (« Avez-vous
aimé le repas avec le poisson et de la ratatouille ? »)
Les dysphasies
utiliser des phrases courtes et simples.
Parler de sujets précis
Aider à formuler, porposer des réponses (« Vous voulez dire/ Vous
parlez de… » ou de… »)
Utiliser le langage corporel comme des messages et les renvoyer
par des mots descriptifs (« vous vous levez sans arrêt/ vous avez
l’air triste »).
La désorientation spatio-temporelle
faire référence au lieu et à l’heure (« il est 12h, le raps est servi
dans la salle à manger. »)
utiliser tous les repères d’orientation disponibles dans
l’environnement immédiat (« v ous voyez l’horloge, elle marque
12h/ regardez sur la porte, il y a un dessin qui représente la
douche…)
faire des liens entre le passé et le présent (« c’est votre maman qui
s’occupait de vous le matin ? »
La difficulté d’attention
stimuler les réponses, se placer dans l’axe de vision de
l’interlocuteur, parler peu de temps.
Fournir des informations précises sur un sujet, c’est se donner le
maximum de chances de rester en concact.
Solliciter et rencontrer leur regard permet à l’interlocuteur
d’exprimer, par exemple, avec les yeux, le sourire et les mimiques
du visage, son désir de poursuivre cette rencontre.
Chercher le contact par le toucher favorise l’établissement d’un lien
dans une pression de la main ou une caresse sur le bras.
Adapter la relation d’aide
En présence de comportements perturbés, tels un épisode
confusionnel, une agitation, des cris, donner des repères
s’avère parfois inefficace et peut, dans certains cas, augmenter
les colères ou les frustrations. La personne âgée, envahie par
une angoisse diffuse se trouve dans l’incapactié de se saisir
d’un présent (celui de la vieillesse et de ses pertes) dénué
d’interet.
Rechercher le sens caché aux comportements et aux discours
confus, c’est reconnaître la personne désorientée et déjà
l’accepeter.
C’est répondre à celle qui reconnaît en son interlocuteur sa
mère : « votre maman vous manque ici ? » ou « vous voudriez
lui parler ? ». la charge affective qui sous-tend le message
verbal (détresse, désarroi…) est prise en compte et reformulée
prudemment par le soignant.
L’approche résolutive
Cette approche repose sur une hypothèse
supplémentaire par rapport à la désorientation. Les
messages confus seraient autant de tentatives
d’exprimer des événements passés que des difficultés
présentes.
La résolution cherche alors l’analogie maladroite que
pose parfois le désorienté entre sa vie intérieure
passée et ce qu’il (re)connaît du monde présent.
Reprenons l’exemple de Mme F:
Dans un premier temps, donner une piste de compréhension à
la personne désorientée en utilisant la reformulation :
dans le cas de la personne à domicile ou seule dans sa
chambre :
dans le cas de la personne en groupe :
« C’est pas comme à la maison quand il y avait votre maman… » ;
« il y a beaucoup de monde ici et pourtant c’est difficile de ne pas
s’ennuyer… »
dans un seconde temps, prolonger par des propositions
concrètes destinées à résoudre les tensions intérieures. A titre
d’exemple :
Dans le premier cas : « voulez-vous que nous fassions
connaissance ? » ou « voulez-vous m’accompagner à la salle à
manger, je vais y mettre le couvert ? », ou : « voulez vous me parler
de votre maman, je ne l’ai pas connue ? ».
Le soignant face aux
personnes désorientées.
La bonne distance
Trouver la bonne distance avec les personnes âgés
demande une connaissance de leurs attentes.
Pour l’un, le respect passe par le vouvoiement. pour
l’autre, se sentir reconnu et accepté sera l’une des
raisons du tutoiement et d’une interpellation mutuelle
par le prénom.
Faire attention à ne pas être trop intrusif dans les
soins. Communiquer sur les soins apportés au patient.
Les relations entre résidents
Les espaces collectifs offerts par l’institution facilitent cette
mise en relation lorsqu’une activité est fédératrice
(exemples : le repas, une fête…). Mais l’utilisation de la
chambre ou de l’appartement pour recevoir ou rendre visite
est un lieu propice aux échanges. La condition est de
l’avoir investi comme un espace personnel.
Les relations entre résidents doivent échapper en partie au
contrôle des professionnels : il s’agirait davantage
de « laisser faire les choses », de témoigner sans décider,
de permettre sans forcer et de tolérer.
L’animation: prétexte aux échanges
L’animation est appréciée pour le temps d’évasion
qu’elle procure, le plaisir ou les rencontres.
« faire quelque chose ensemble » permet de rentrer en
contact ou, plus simplement, écouter et observer :
« parfois je descends dans la salle où ils font faire de
la couture ou de la broderie à ceux qui veulent. Moi,
j’ai jamais aimé tout ça. Mais j’y vais pour discuter
un coup ou regarder… je me sens moins seule. »