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Année Scolaire 2009-2010
Première S
Les Travaux Personnels Encadrés (TPE)
Thème choisi : L’Homme et la Nature ou Contraintes et libertés.
Titre : Les effets du venin de la vipère aspic sur l’organisme humain.
(La vipère aspic et l’homme)
Problématique : Peut-on survivre à une morsure de vipère aspic
sans anti-venin ?
Introduction
Divinité fondatrice de la plupart des civilisations, le serpent est présent dans toutes les
cosmogonies, toutes les mythologies. Il apparaît presque toujours sous ses deux aspects
contradictoires, tantôt puissance vertueuse de la création et de l'immortalité, tantôt monstre
détenteur de la connaissance et mortifère, véritable dichotomie entre le Bien et la Mal.
De nombreuses espèces de serpents sont venimeuses. En France il existe deux grandes familles de
serpent: les viperidae (vipères) et les colubridae (couleuvres). Seule la morsure des viperidae est
dangereuse pour l'homme.
En France, la vipère la plus connue est la vipère aspic (Vipera aspis). Très commune en France et
dans plusieurs pays d’Europe, elle possède un appareil venimeux perfectionné. Malgré nos
craintes, cette vipère n’attaque que si elle est acculée et mord rapidement. Chaque année les
morsures de vipères sont à l'origine de 5 à 10 décès par ans en France (50 à 100 en Europe).
Peut-on survivre à une morsure de vipère aspic sans anti-venin ?
Sommaire
INTRODUCTION
I°) Description de la vipère aspic :
Taxinomie
Portrait
Habitat
Reproduction
Alimentation
II°) Le venin :
Appareil venimeux
Le venin : caractéristiques générales
Composition chimique du venin de la vipère aspic
• EXPERIENCE : Hydrolyse de l’amidon
III°) Effets du venin sur l’organisme humain :
Symptômes
1°) Généraux
2°) Locaux
IV°) La sérothérapie (Sérum anti-venin) :
Mode d’action du venin sur les cellules
Interactions sérum-venin
Traitement
V°) À propos de la vipère aspic :
Légende
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
I°) Description de la vipère aspic :
Taxinomie
Les vipères appartiennent à l’embranchement des Vertébrés, à la classe des
Reptiles (peau sèche et recouverte d’écailles épidermiques, respiration
pulmonaire) et l’ordre des Squamates, dont les caractéristiques sont un corps
allongé, des écailles minces, un orifice cloacal transversal et l’absence de
squelette dermique.
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Le sous-ordre des Ophidiens regroupe tous les serpents.
Il se divise en deux familles : les Vipéridés (les vipères) et les Colubridés (les
couleuvres). La famille des Vipéridés se caractérise par :
un corps épais qui comporte 180 vertèbres,
une queue courte (1/10ème à 1/7ème de la tailles corps) et massive,
plusieurs rangées d’écailles entre l’œil et la bouche,
une pupille verticale ou elliptique,
une denture solénoglyphe (le maxillaire, mobile et très raccourci, ne porte qu’un
grand crochet percé d’un canal complet),
des crochets antérieurs et longs,
une seule écaille pré-anale,
un organe copulateur du mâle, appelé hemipénis, fourchu.
Portrait
La vipère aspic est facile à identifier :
• Son corps est lourd et sa queue courte, contrairement aux couleuvres.
• Sa tête, plate, est triangulaire, à rostre très légèrement relevé.
• Ses pupilles sont fendues verticalement.
La couleur de la vipère aspic varie en fonction des régions et des habitats. Le fond peut être gris
clair, gris jaunâtre, brun-rouge, orangé ou noir uni dans le cas de mélanisme.
Le dessin dorsal est fait de taches quadrangulaires plus ou moins foncées, pouvant se rattacher en
une bande ondulée ou en zigzag.
La pointe de la queue est souvent jaune ou orangée.
La longueur varie de 60 à 80 cm, exceptionnellement 90 cm.
En plaine, les vipères aspic hivernent généralement seules. En montagne, les vipères peuvent
migrer d’une centaine de mètres pour hiverner en groupe. L’hibernation peut durer jusqu’à 6 mois
dans les régions les plus froides.
Chaque vipère aspic possède son domaine vital dans lequel le serpent se déplace. Ce territoire
varie de 990 à 5 280 m² pour les mâles et de 300 à 4 320 m² pour les femelles.
Cette vipère, active le jour au printemps et en automne, devient crépusculaire voire nocturne en
été.
L’activité dépend des conditions climatiques.
Les mâles ont une période d’activité plus longue que les femelles, entrent en hivernage plus tard
et en sortent plus tôt.
L’Habitat
Cette vipère vit sur les talus, dans les fossés ou les sentiers mais toujours près de buissons où elle peut
se réfugier. Il existe plusieurs sous-espèces de vipère aspic.
La Vipera aspis aspis est la plus répandue. On la trouve principalement en Espagne, dans le centre et
le midi de la France, en Suisse et en Italie.
Le développement de l’agriculture a entraîné d’importantes modifications des milieux. Les bocages et
clairières sont favorables à la vipère aspic.
Règne: Animalia (Animal)
Phylum: Chordata (chordés ou cordés)
Sous-phylum: Vertebrata (Vertébré)
Classe: Reptilia (Reptile)
Ordre: Squamata (Squamate)
Sous-ordre: Serpentes (Serpent)
Infra-ordre: Alethinophidia
Famille: Viperidae (Vipéridé)
Sous-famille: Viperinae (Vipère)
Genre: Vipera (Vipère)
Espèce: Vipera aspis
Sous espèce : Vipera aspis aspis
Reproduction
La femelle est ovovivipare. L’accouplement s’effectue en général au printemps, peu après
l’hibernation. Les petits naissent fin août ou en septembre. Le nombre varie de 5 à 15.
Les vipères de nos régions tempérées sont sexuellement mûres entre 3 et 5 ans.
Quand deux mâles se rencontrent au moment de la reproduction, ils se livrent à un combat rituel.
Ils luttent corps à corps, cous entrelacés, chacun s’efforçant d’attirer à lui la tête de l’adversaire.
Ils ne se mordent jamais.
On a observé des regroupements liés à la reproduction. Ces groupes sont généralement formés d’une
femelle reproductrice et de plusieurs mâles. Ils sont appelés « boules » ou « nœuds de vipères ».
Une vipère aspic peut vivre plus de 20 ans.
L'Alimentation
Cette vipère chasse les rongeurs, les lézards et les petits oiseaux.
Elle chasse à l’affût et se sert de ses redoutables crochets.
Elle attend qu’une proie passe à sa portée puis frappe en un éclair, en injectant à la victime une
dose mortelle de venin.
À partir de là, il ne lui reste plus qu’à suivre la proie en attendant que le venin fasse son
effet. Pour pister un rongeur, elle se sert de sa langue, qu’elle sort et rentre pour recueillir
les molécules qu’elle transporte jusqu’à l’organe récepteur : l’organe voméronasal.
Après avoir retrouvé sa proie, elle l’ingère immédiatement en commençant par la tête.
Le venin contient des enzymes qui permettent de digérer les proies plus importantes.
II°) Le venin :
Appareil venimeux
L’appareil venimeux des vipères comprend une glande à venin, en continuité, par l’intermédiaire
d’un conduit excréteur, avec un crochet, ou dent à venin.
Les glandes à venin se situent sous le masséter, de chaque côté de la mâchoire.
La production du venin, continue, connaît néanmoins un ralentissement en période froide.
Les dents à venin, canaliculées, sont des tubes fermés, qui permettent l’injection du venin sous
pression, directement au sein de la plaie, sans en perdre.
Chez la vipère, ces crochets sont incérés sur le maxillaire.
Celui-ci a la capacité de pivoter, rendant les crochets mobiles.
La quantité de venin émis lors de la morsure dépend de l’espèce, de la saison et de l’état
physiologique de la vipère.
Pour Vipera aspis, la quantité moyenne est de 9-10 g, mais tout le contenu de la glande n’est
pas injecté en une morsure.
Le venin : caractéristiques générales
Macroscopiquement, le venin de vipère est jaune ambré, voire blanc
chez certaines espèces (comme Vipera aspis zinnikeri).
A l’état frais il se présente sous forme de gouttelettes visqueuses.
La quantité d’eau est importante, entre 75 et 80 %. Il s’agit d’une
sécrétion salivaire modifiée. Il contient principalement des enzymes et
des toxines. Le calcium et le zinc agissent en temps que co-facteurs de
certaines enzymes.
La toxicité du venin de serpent varie en fonction de nombreux facteurs
dont l’âge du serpent (la toxicité augmente chez les vieux serpents) et
la température ambiante (une température élevée diminue la toxicité
du venin).
Le venin de vipère possède des propriétés antigéniques. Cette
découverte est à l’origine de la fabrication de sérum spécifique antivenimeux.
Composition chimique du venin de la vipère aspic
Il est classique de séparer les protéines isolées des venins de serpent en deux groupes : les enzymes,
dont la toxicité aigüe est généralement faible, et les toxines, qui correspondent à l’essentiel de la
toxicité des venins de serpent.
Enzymes
Les enzymes sont des protéines dont le poids est généralement élevé.
Leurs propriétés catalytiques qui les distinguent des toxines ont deux
conséquences majeures.
D’une part, le produit de dégradation dont dépend le plus souvent la toxicité
n’a, en principe, aucune propriété immunogène au niveau de l’organisme
receveur. Il ne permet donc pas la synthèse d’anticorps spécifiques.
D’autre part, les effets toxicologiques dépendent plus du temps au cours duquel
s’effectue la réaction enzymatique que de la quantité initiale d’enzymes.
Les enzymes des venins de serpents sont de spécificité variable.
Les plus toxiques agissent sur la coagulation sanguine ou l’activation du
complément, provoquant une cytolyse ou accélèrent un métabolisme particulier
(phospholipides, glucides).
Les venins de Viperidae sont particulièrement riches en enzymes.
Réaliser l’hydrolyse de l’amidon
Afin de montrer le mode d’action des enzymes ; nous réalisons une expérience :
l’hydrolyse de l’amidon par l’amylase.
Protocole expérimentale :
Pour réaliser au mieux cette expérience nous portons des gants, des lunettes et
des blouses. Le matériel que nous utiliserons est le suivant :
• Emploi d'amidon.
• Eau iodée.
• Acide chlorhydrique.
• Sirop de Maxilase contenant une enzyme : l'amylase.
• Liqueur de Fehling.
• Bain Marie.
• Pipette graduée.
• Portoirs et tubes à essais.
On se propose de réaliser l’hydrolyse de l’amidon de deux façons différentes :
l’hydrolyse acide et l’hydrolyse enzymatique.
L’hydrolyse est une réaction qui se produit dans l’organisme.
Dans un tube A nous versons de l'emploi d’amidon ainsi que quelques gouttes d’eau iodée.
C'est notre tube témoin.
Dans un tube B nous versons de l'emploi d’amidon ainsi que quelques gouttes d’eau iodée et de
l'acide chlorhydrique concentré.
Dans un tube C nous versons de l'emploi d’amidon ainsi que quelques gouttes d’eau iodée et de
l'amylase.
Dans le tube A : emplois d’amidon + quelques gouttes d’eau iodée. (Tube témoin)
Dans le tube B : emplois d’amidon + quelques gouttes d’eau iodée + acide chlorhydrique concentré.
Dans le tube C : emplois d’amidon + quelques gouttes d’eau iodée + amylase.
On place les trois tubes, pendant dix minutes environ, dans un bain-marie proche de la
température du corps. Au bout de dix minutes le précipité bleu nuit caractéristique de
l’amidon a disparu dans les tubes B et C.
Nous ajoutons alors de la liqueur de Fehling et faisons chauffer ces deux tubes.
On obtient un précipité rouge brique caractéristique de la présence de glucose.
On en conclut que l’amidon a été hydrolysé en glucose par l’acide et l’amylase.
Équation bilan de la réaction :
n(C6H10O5) + n(H2O)
→ n(C6H12O6)
Amidon + Eau → Glucose
Les enzymes contenus dans le venin de la vipère aspic agissent de la même
manière que l’hydrolyse de l’amidon par l’amylase et hydrolysent des acides
nucléiques indispensables à la vie comme l'ARN ou l'ADN...
http://www.youtube.com/watch?v=txqjAEzOXRo&feature=player_embedded
Principales enzymes du venin
Phospholipases
La plupart des venins de serpent contiennent des phospholipases qui hydrolysent les
phospholipides libres ou membranaires en acides gras et lysophospholipides.
Acétylcholinestérase
Les Elapidae possèdent une acétylcholinestérase capable d’hydrolyser l’acétylcholine, qui est le
principal médiateur chimique de l’influx nerveux chez les vertébrés.
Cette enzyme est constitué de deux monomères et comporte un pont disulfure ; Elle joue un rôle
essentiel au niveau de la synapse en favorisant le passage de l’influx nerveux jusqu’à la membrane
post-synaptique.
Phosphoestérases
De nombreux venins contiennent diverses phosphoestérases. Les endonucléases hydrolysent des
acides nucléiques (ADN et ARN) au niveau des liaisons entre les paires de bases. Les exonucléases
attaquent la base située à l’extrémité de la chaîne nucléique.
Enfin, les phosphomonoestérases sont moins spécifiques et hydrolysent tous les mononucléotides,
notamment ceux chargés du transport énergétique au niveau cellulaire.
L-amino-acide-oxydase
Cette enzyme provoque la désamination puis l’oxydation des acides aminés qui sont transformés en
acide α-cétonique.
La traduction clinique et toxicologique est négligeable. Le groupement prosthétique flavine-adéninedinucléotide de cette enzyme donne sa couleur jaune au venin.
Hyaluronidase
Cette enzyme est très fréquente dans la plupart des venins. Elle hydrolyse l’acide hyaluronique ou
le sulfate de chondroïtine, qui sont des mucopolysaccharides responsable de la cohésion du tissu
conjonctif. Il est donc vraisemblable que cette enzyme favorise la diffusion du venin après son
injection lors de la morsure.
Protéases
Il existe de nombreuses enzymes intervenant sur la structure des protéines. Les venins de Viperidae
en sont particulièrement riches. Elles interviennent aussi bien sur les destructions tissulaires
observées au cours des nécroses que lors de certains phénomènes pharmaco-toxiques comme les
troubles de l’hémostase. S’il est vrai que de nombreuses protéases ne sont pas spécifiques et
interviennent sur un grand nombre de résidus différents, certaines de ces enzymes reconnaissent des
sites particuliers, ce qui en fait des outils particulièrement efficaces pour le diagnostic ou le
traitement de certaines affections.
On classe les protéases agissant sur la coagulation sanguine en deux groupes structuraux : les sérineprotéases et les métallo-protéases.
Toxines
Les toxines sont des protéines de poids moléculaire variable, plus petites que les
enzymes.
Elles ont la propriété de se fixer sur un récepteur spécifique, le plus souvent
membranaire.
L’effet toxicologique est proportionnel au rapport entre la quantité de toxine
introduite et celle du récepteur correspondant : il est considéré comme dosedépendant.
D’autres facteurs vont intervenir, notamment la vitesse de diffusion de la toxine,
elle-même fortement dépendante de sa taille, et l’affinité de la toxine pour son
récepteur.
Il est à noter que la quantité et la spécificité du récepteur peuvent différer
d’une espèce animale à l’autre et, par conséquent, que l’effet est variable selon
le modèle expérimental.
La résultante de ces facteurs conduit à ce que l’on appelle un « effet cible » qui
établit, pour une toxine placée dans un modèle donnée, une relation linéaire
entre la quantité de toxine, le nombre de récepteurs disponibles et les effets
pharmacologiques.
Principales toxines du venin
Cytotoxines
Les cytotoxines, possèdent une structure similaires aux neurotoxines.
Elles dépolarisent rapidement et de façon irréversible la membrane cellulaire, conduisant à sa lyse.
Neurotoxines présynaptiques
Les toxines présynaptiques bloquantes ont en commun une fonction phospholipasique indispensable
à leur activité toxique.
Désintégrines
Les désintégrines sont des peptides. Ces toxines inhibent les intégrines, qui sont des protéines
transmembranaires permettant le transfert des messages extracellulaires vers le cytoplasme.
III°) Effets du venin sur l’organisme humain :
Symptômes
Transmission : Le venin ce propage par le sang dans l’organisme humain ou animal.
Les premiers symptômes sont locaux et apparaissent rapidement; dans les minutes qui suivent la
morsure. Viennent ensuite les symptômes généraux, avec un délai d'une à deux heures.
L'intensité des symptômes varie en fonction de la quantité de venin injectée, de la taille de
l'animal, de la localisation de la morsure, ainsi que de la voie d'inoculation.
Symptômes généraux
Immédiatement après la morsure une hyperthermie et une tachycardie sont parfois notées.
L'individu mordu peut présenter en état de choc : abattement, hypotension avec un pouls filant,
tachycardie ou bradycardie; hypothermie, polypnée, cyanose des muqueuses, troubles digestifs.
Le maintien en position debout est difficile.
Les complications hématologiques viennent assombrir le pronostic. Les phospholipases provoquent une
hémolyse, dont les signes cliniques révélateurs sont une bilirubinurie, une hémoglobinurie, un subictère
et une anémie.
Après quelques jours, une CIVD s'installe. Le tableau clinique est alors dominé par des
hémorragies et des thrombi.
Tous ces troubles, peuvent endommager les reins, avec apparition d'une insuffisance
rénale aiguë.
Lors de morsure en région laryngée, l'œdème local gène la respiration, à l'origine d'une
détresse respiratoire.
La formation d'un œdème aigu du poumon a également été constatée suite au passage de
plasma depuis le secteur vasculaire vers les poumons.
Assez rarement une forme suraiguë, avec mort rapide, suite à des troubles respiratoires et
cardiaques intenses, est décrite.
Des chocs anaphylactiques sont également possible.
Symptômes locaux
La morsure laisse une empreinte caractéristique, mais que les poils peuvent dissimuler. On observe deux
ponctuations espacées de 8 mm à 1 cm, souvent bordées de petites ecchymoses. On observe la trace des
crochets (deux ponctuations), en position crâniale, puis suivent les marques des mâchoires. Ces critères
ne sont, bien entendu, valables que pour une morsure complète ; si la morsure est tangentielle à la
peau, seul un crochet s'implantera.
Un œdème vient rapidement déformer la région mordue.
Il va persister plusieurs jours et pourra entraîner, associé à la douleur, des troubles fonctionnels en
fonction de sa taille et de sa localisation (boiterie, dyspnée...).
L’œdème constitue le signe clinique le plus évident de l'envenimation vipérine.
Il est le plus souvent local et chaud, parfois extensif, et peut se localiser à distance des traces des
crochets. Une apparition quasi immédiate ainsi qu'une extension rapide sont de pronostic défavorable.
Les troubles circulatoires engendrés sont à l'origine d'une nécrose tissulaire, ou gangrène sèche, qui se
développe en 2-3 jours. Des pétéchies ou des ecchymoses peuvent venir entourer la trace de la
morsure.
Cette réaction locale peut être le seul signe clinique. Lorsque les symptômes locaux, peu marqués, ne
sont pas suivis de symptômes généraux, la guérison est rapide. Cependant, dans la majorité des cas,
l'envenimation est plus sévère et les symptômes généraux font leur apparition.
IV°) La sérothérapie (Sérum anti-venin):
La sérothérapie, traitement spécifique de l’envenimation par les vipères, fait appel à un sérum
antivenimeux.
Le sérum antivenimeux représente la seule médication spécifique capable de neutraliser
directement l’action des toxines présentes dans les venins : le principe de son utilisation n’est
donc guère contestable.
L’indication du sérum antivenimeux prendra en compte les circonstances de la morsure, le délai
écoulé après la morsure, la symptomatologie, l’environnement médical.
Mode d’action du venin sur les cellules
La principale propriété des cytotoxines est de provoquer la lyse des membranes cellulaires.
La synergie (interaction) entre cytotoxine et phospholipase est remarquable et leur contamination
réciproque induit une forte augmentation du pouvoir cytolytique de l’un comme de l’autre.
La présence du complexe dans la couche superficielle de la membrane cellulaire induit une
fragilisation de la membrane. L’association cytotoxines-phospholipide est bloquée en présence d’ion
calcium et, dans une moindre mesure, d’ions magnésium.
Toutefois, l’augmentation de volume de la cellule qui se gorge d’eau semble liée à une perturbation
des échanges ionique de part et d’autre de la membrane (loi d’osmose), ce qui permet de supposer
que les cytotoxines agissent au niveau des canaux ionique, sodium notamment.
Les cytotoxines dépolarisent la membrane cytoplasmique des cellules excitables.
Elles activent la phospholipase qui hydrolyse les triglycérides de la membrane, induisant d’une
part, une altération de la membrane et, d’autre part, une inhibition (arrête le fonctionnement) de
la pompe calcium dans le milieu extracellulaire.
L’augmentation de concentration en calcium déclenche la contraction musculaire.
Muscles striés, lisses et cardiaques sont concernés par cette action dépolarisante ainsi que, dans
une moindre mesure, les neurones.
Interaction sérum-venin
Liaison antigène-anticorps
L’action du sérum antivenimeux repose sur le contact de l’anticorps avec l’antigène correspondant.
L’anticorps se diffuse dans le même milieu et dans des conditions voisines de celles de l’antigène.
Par ailleurs, il faut s’assurer qu’après la rencontre, il y aura bien neutralisation puis élimination du
complexe antigène-anticorps.
La neutralisation de l’antigène est une propriété distincte de la précipitation. La neutralisation traduit
un changement structurel empêchant le fonctionnement normal de l’antigène.
Si le changement structurel affecte le site actif de l’antigène, l’activité de ce dernier sera modifiée.
On peut reconnaître deux types d’anticorps actifs, notamment, sur les neurotoxines :
• Les anticorps « protecteurs ».
• Les anticorps « curatifs ».
Traitement
La morsure de la vipère, comme toutes les plaies envenimées, exige des soins immédiats ; car il
importe surtout de neutraliser le poison avant qu’il ait pénétré dans le torrent circulatoire : trois
indications se présentent.
1°) Interrompre la communication de la partie blessée avec la circulation générale.
2°) faire sortir le venin de la plaie.
3°) le détruire sur place.
1°) La première chose à faire après une piqûre de vipère, c’est d’exercer la compression. Ce
moyen mécanique s’exerce avec le premier lien venu qui tombe sous la main. Une corde, une
cravate, un mouchoir, un lien d’osier peuvent être un moyen de salut. Les ligatures qui
déterminent la compression ne doivent pas être serrées trop fortement et demeurer trop
longtemps en place, parce qu’elles pourraient devenir la cause d’une mortification des tissus.
2°) La deuxième indication ayant pour but l’élimination du produit léthifére se remplit de la
manière suivante. Immédiatement après avoir appliqué la ligature, on scarifie les environs de
la plaie, au-dessous du lien qui détermine la compression.
En médecine humaine on recommande la succion instantanée. Les Psylles, chez les anciens,
suçaient sans danger les plaies des serpents venimeux. Dans les Antilles, il y a des Nègres qui
exercent encore cette profession.
On supplée à la succion au moyen d’une ventouse ; mais comme cet instrument peut faire
souvent défaut, on prend un flacon chauffé dont on applique l’embouchure sur la plaie.
La ventouse ou le flacon ont l’avantage d’opérer outre l’effet de la succion, celui d’empêcher
ou de diminuer l’absorption par la pression que leur bord détermine autour de la piqûre.
En attendant que l’appareil soit porté à la voulue, on lave à grande eau les bords et l’intérieur
de la plaie.
Dans le cas où on n’est pas à la portée d’une source ou d’un courant d’eau, on se procure par
un acte physiologique, une certaine quantité de liquide sécrété par les reins et en réserve dans
la vessie.
3°) La première et la deuxième des conditions étant remplies, il en reste encore une troisième
qui consiste à neutraliser le venin déposé dans les plaies ; on y parvient à l’aide de caustiques
soit actuels, soit potentiels.
Les premiers sont ceux qui peuvent être employés le plus fréquemment : une tige de fer, soit un
clou, soit une lame de couteau chauffée au blanc forment tout l’appareil nécessaire pour
cautériser une plaie.
Parmi les caustiques potentiels, l’ammoniaque est celui qui a été le plus employé.
V°) À propos de la vipère aspic
Légende
En Afrique du Nord, et tout particulièrement en Égypte, le terme Aspic est employé pour
désigner le (Naja haje). C'est une espèce de serpent venimeux aux réactions particulièrement
foudroyantes et au venin neurotoxique mortel.
Après la défaite des troupes d'Antoine et de Cléopâtre à Actium en 31 avant J.C. contre Octave,
il ne reste plus aux vaincus qu'à mourir pour échapper à l'humiliation de la défaite.
Cléopâtre tente d'abord de se tuer à l'aide d'une dague de brigand qu'elle portait à la ceinture, la
plaie s'infecte et Cléopâtre y voit l'avantage de mourir sans avoir recours au suicide.
Octave vient s'entretenir avec elle ; il la trouve vêtue d'une simple tunique, la beauté défaite.
Cependant le charme fameux dont elle était douée et l'orgueil que lui inspirait sa beauté
opèrent auprès d’Octave.
Elle lui laisse croire à son envie de vivre puis, après son départ, décide de mettre fin à ses
jours. Selon Plutarque, elle se fit apporter un panier de figues et de fleurs, au milieu desquelles
se cachait un aspic.
Cléopâtre en aurait donné l'ordre pour que l'animal l'attaquât sans qu'elle le sût. En enlevant
des figues, Cléopâtre le vit et se fit mordre au sein.
Outre la symbolique divine, digne d'une Reine d'Égypte, le cobra tue rapidement, sans douleur ni
déformation physique, à l'inverse de la vipère qui provoque une mort retardée dans de pénibles
souffrances accompagnées d'hémorragies, d'œdèmes et de nécroses disgracieuses.
Dans toute sa beauté, la Reine de Haute et Basse Égypte ne pouvait pas laisser à la postérité, en
plus de sa déchéance et de son humiliation, l'image du flétrissement de son corps.
CONCLUSION
L'envenimation par les vipères est sans doute l'envenimation la plus connue du grand public.
Outre son pouvoir destructeur ou le danger potentiel qu’elle représente, la vipère aspic fascine par
son apparence et l’altérité qui l’oppose aux autres vertébrés terrestres.
L’absence de membre, les déplacements sinueux et silencieux qui semblent la faire évoluer dans une
autre dimension.
Divinité fondatrice de la plupart des civilisations, le serpent est présent dans toute la mythologie.
Au moyen-âge, époque qui s’affranchit laborieusement de l’antiquité, on considère que le danger du
serpent vient de son regard fixe, qui pétrifie la victime.
La découverte du venin et ses propriétés toxiques remonte à la renaissance.
D’abord, une démarche anatomique a permis d’identifier les crochets venimeux et de les distinguer
des autres dents.
Bien que la complexité de la composition du venin ait été pressentie. Il fallut attendre le XIXe siècle
pour que soient interpréter l’analyse biochimique et l’étude des différents composants. Dés lors,
l’étude de l’envenimation et les recherches sur son traitement pouvaient commencer.
Les travaux du XXe siècle ont ouvert la voie à de nouvelles connaissances sur le venin mais c’est
surtout au XXI siècle que ces recherches ont connu un développement considérable.
La morsure de la vipère aspic n’est pas mortelle pour certain cas.
Pour qu’un venin agisse, il faut qu’il se trouve en contact avec une plaie ou une surface dénudée.
Toutes les parties du corps ne transmettent pas également l’influence du poison.
Quand le produit léthifère est déposé sur les muscles, le cerveau, les nerfs, la dure-mère, il ne donne
lieu qu’à des symptômes peu appréciables, quelquefois nuls.
Le diagnostic de morsure est le plus souvent aisé (commémoratifs, trace des crochets).
Introduit au contraire par la peau dépouillée d’épiderme ou par le tissu cellulaire, il agit avec une
extrême promptitude. La poitrine, le ventre, le torse sont les régions les plus susceptibles de
présenter les phénomènes les plus graves, car proche du cœur.
Par contre, l'intensité des symptômes et le pronostic dépendent à la fois de l'individu (certaines
personnes peuvent avoir des allergies à certains éléments toxiques du venin), de la quantité de venin
injecté, de l'âge de la vipère, de sa taille, du climat, de la température et de la saison.
L'effet du venin sera d’autant plus dangereux que l’ophidien sera plus âgé ; il le sera plus dans les
climats chauds que dans les climats tempérés, pendant l’été que pendant l’hiver. De plus elle sera
inoffensive, si le serpent vient de verser son produit délétère. Il importe donc de soigner sans délais.
La surveillance étroite du patient et la mise en place d'un traitement symptomatique sont
primordiales.
Bibliographie
Support papier
Titre : Guide des serpents d’Europe, d’Afrique du nord et du Moyen-Orient.
Auteur : U.GRUBER.
Édition : DELACHAUX et NIESTLÉ.
Titre : Serpents et autres reptiles.
Auteur : Dr Hans W.KOTHE.
Édition : Artémis.
Titre : Amphibiens et reptiles.
Auteur : Collectif.
Édition : Artémis.
Titre : Poisons et venins dans la nature.
Auteur : Denis RICHARD.
Édition : DELACHAUX et NIESTLÉ.
Titre : Serpents.
Auteur : Sous la direction de Roland BAUCHOT.
Édition : Artémis.
Titre : Les Serpents.
Auteur : David KIRSHNER.
Edition : Könemann.
Titre : Anthologie des serpents.
Auteur : Sylvie BAUSSIER.
Éditeur : DELACHAUX et NIESTLÉ.
Titre : Les serpents.
Auteur : Stéphane FRATTINI.
Édition : Milan.
Titre : Les serpents.
Auteur : Philipe GÉRARD.
Éditeur : Bornemann.
Support informatique
Encyclopédie Encarta (1998)
Encyclopédie Universalis (3.0)
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