Tsimshian - Université de Montréal

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L’aire culturelle: Côte Ouest
Groupe de danse tsimshian Git Hoan, 2010
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Guy Lanoue, Université de Montréal, 2012-2014
La préhistoire
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Une chose est (relativement) certaine: les peuples qui ont utilisé
le couloir de la côte ouest il y a 12k - 16k ans ne sont pas les
ancêtres des résidents actuels. Il y avait trop de déplacement
pour établir des cultures stables, et il n’est pas clair que leur
mode de vie était orienté aux ressources marines, comme l’est
celui des peuples de l’époque traditionnelle.
Il y a plusieurs débats autour de la
question du peuplement de
l’Amérique du Nord. Avec la
glaciation (26k – 13k a.-P.), les
niveaux des océans ont baissé. Les
peuples d’Asie centrale ont
commencé à occuper les nouvelles
terres (Béringie) il y a 40K ans,
mais sont restés bloqués par la
glaciation à l’est d’Alaska et au
nord de la Colombie-Britannique
jusqu’à 12 à 16K ans a.-P. Avec le
dégel ils ont commencé à migrer
vers le sud par deux routes: suivant
la Côte Ouest, et par un corridor à
l’est des montagnes Rocheuses (qui
s’est probablement dégagé en
premier, car la zone est à l’abri des
vents de l’ouest et donc moins
assujettie à la précipitation qui
alimentait les glaciers du centre du
continent).
Alaska – 11000 a.-P
Alaska oriental – 9500 a.-P
Yukon – 6000 a.-P.
Les fabricants ne sont pas les
ancêtres des Dènè contemporains
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En-haut, des microlithes, tradition qui
disparait entre 4500 et 2000 a.-P.; à
droite, des pointes en coche, qui les
remplace, commençant au centre de
l’Alaska et diffusées vers le sud et
l’intérieur de C.-B.
http://media.web.britannica.com/ebmedia/51/132351-004-48510C06.gif
La Côte Ouest
Emplacement des groupes principaux de la région,
avec affiliation linguistique. Il y a un grand nombre de
langues isolées, ce qui est surprenant considérant que
ces peuples étaient en contact l’un avec l’autre grâce à
la présence de réseaux d’échanges, de guerre, de
mariage, et de rituel (potlatch). En fait, ces diverses
familles linguistiques ne se ressemblent pas sur le plan
formel du vocabulaire, mais il y a un certain nombre de
traits grammaticaux et phonologiques partagés,
probablement dû à l’intensité des rapports économiques
et belliqueux. C’est l’inverse des autres situations de
contact et d’échange, où c’est souvent le vocabulaire
qui « voyage » avec les objets.
http://t0.gstatic.com/images?q=tbn:ANd9GcTS4NumepaC8FZ3DkNAsyJdxeR6O3noIbSpHsnu0hz
zHajI_qzFhkh-o451
À l’est canadien, les peuples du nord ont définitivement immigré de zones méridionales,
car les terres aux nord étaient toujours sous la glace. La côte ouest a aussi été peuplée du
sud, après la fin des migrations venues de Beringia au nord. Vers 5,5k a.-P, des cultures
stables avec des assemblages qui ressemblent à ceux des peuples actuels semblent être en
place ici et là sur la Côte, surtout dans les régions septentrionales. Au sud, l’archéologie est
moins certaine, car le climat humide détruit rapidement les restes.
Dès 3k à 3,5k a.-P., les cultures
de la région commencent à
développer des traits partagés,
car les montagnes à l’est
bloquent l’interaction avec les
groupes de l’intérieur. Donc,
ils ont tendance à entretenir
des rapports d’échange avec
leurs voisins au sud et au nord.
Outils lithiques de la côte
ouest
http://www.thecanadianencyclopedia.com/media/no
rthwest-coast-tools-2573.jpg
Les assemblages culturels au temps du contact sont plus ou moins établis vers 1500 ans
a.-P., surtout vers le nord. En fait, émergent quatre zones culturelles distinctes se
définissent: a) le nord est consolidé vers 1500 a.-P.; b) la zone du Golfe de Géorgie (la
région de Vancouver), où les Salish s’établissent vers l’an 1200 AD; c) la zone Nootka
(l’ouest de l’ile de Vancouver) est culturellement stable depuis plusieurs milliers
d’années, peut-être grâce à son isolement; d) la partie méridionale d’Oregon, qui
semble être stable depuis longtemps, mais qui possède une sédimentation
archéologique très complexe.
Piège pour saumon, région de
Kitwancool, début 20e siècle
(près du fleuve Skeena). Il y
a au moins 4 espèces de
saumon (et l’eulakane, une
espèce de hareng) qui sont
exploitées par les résidents
de la Côte; chacun remonte
les fleuves pour se reproduire
selon un calendrier distinct,
donc il y a une compétition
pour situer les villages aux
embouchures des fleuves.
http://www.livinglandscapes.bc.ca/northwest/ro
bin_town/screensize/fig13.jpg
Les réseaux d’échange préhistoriques, suivant le corridor nord-sud, étaient centrés sur
l’obsidienne (de l’Alaska, Washington et Oregon), le cuivre (de l’Alaska et des
territoires du Great Slave Lake, Territoires du Nord-Ouest; les Ahtnas et les Tutchone
de l’Alaska méridional étaient les intermédiaires de ce commerce avec les Dènè de
l’intérieur et les Tlingit de la Côte; ces derniers le distribuaient par les réseaux nordsud), les coquillages (partout, utilisées comme monnaie), et les esclaves (passant par
The Dalles en Oregon, le plus grand marché d’esclave en Amérique du Nord, où les
Chinook les achetaient des tribus du Plateau, qui les capturaient de la région du Grand
Bassin au sud-est).
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Des sites d’obsidiennes
http://www.obsidianlab.com/image_maps/map_obsidian_alaska.jpg
Contact avec les autres
1774 – Les Espagnols (de la Californie) visitent la zone autour de Vancouver, mais ne s’établissent pas.
1778 – expédition James Cook note l’abondance et la qualité de la fourrure de la loutre de mer pour
alimenter le commerce chinois, et que les Autochtones possèdent déjà des outils en fer, probablement
d’origine japonaise.
1789 – Russes (de l’Alaska) établissent un poste sur Kodiak Island en territoire tlingit pour rivaliser les
Américains et les Britanniques qui commencent à exploiter la côte; ils n’ont pas les ressources pour
pénétrer plus au sud.
Les commerçants notent que les Autochtones exigent des outils de fer et des armes dès le début des
échanges; probablement signe de la militarisation des sociétés de cette zone.
La compétition entre Américains et Britanniques mène à l’inflation, donnant l’avantage aux Autochtones
Les Américains partent de Nouvelle-Angleterre; de la Côte, ils obtiennent des
fourrures, à Hawaii du bois de santal, et en Chine échange les fourrures et le
bois pour des épices. Les profits suffit pour enrichir à vie le marchand.
N’envisageant pas de retourner, ils sont peu motivés pour établir de bons
rapports avec les Autochtones. Le mépris domine les échanges: les Blancs sont
parfois massacrés ou enlevés, surtout ceux qui ont des métiers jugés utiles,
comme les armuriers. L’attitude hostile des Autochtones est sans doute
exacerbée par les épidémies de variole qui ont déstabilisé les équilibres
politiques, augmentant les rivalités.
Au débit, les Britanniques ne peuvent pas exploiter le commerce chinois (la
East India Company a un monopole sur le commerce asiatique). Obligés de se
concentrer sur le commerce local, ils ont donc de meilleurs rapports avec les
résidents.
http://1.bp.blogspot.com/_48GDFNNbs3E/S8aQsb
WXbDI/AAAAAAAAAEQ/fTW_WkC96Mk/s320/
Un Chinois portant un manteau de fourrure de loutre venant du Nord-Ouest,
début 19e siècle; Washington State Museum
Postes de traite de fourrure, début 19e siècle, alimentés par voie maritime
http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/f/f8/Maritime_Fur_Trade-NorthWestCoast.png/400px-Maritime_Fur_Trade-NorthWestCoast.png
http://itre.cis.upenn.edu/~myl/languagelog/archives/MacKenzieRoute.jpg
La traite de la fourrure, route septentrionale à travers le territoire sekani, vers la
périphérie méridionale du territoire tsimshian.
Les postes de traite principaux établis par la HBC, 1840s
http://knowbc.com/var/knowbc/storage/images/books/encyclopedia-of-bc/f/fur-tradeland-based/maps/major-fur-trade-forts/38495-1-eng-GB/Major-Fur-Trade-Forts.gif
L’hostilité dans les échanges lança une spirale, car les
résidents de la Côte souvent se vengeaient sur les
commerçants du prochain navire, ne distinguant Britannique
et Américain. Habitués à la guerre, faisant face à la
déstabilisation du système politique régional causée par les
épidémies, et parfois victimes de pratiques malhonnêtes, les
Amérindiens veulent troquer pour des armes (surtout) mais
sont très hostiles.
1793 – La fin de l’époque de l’échange côtière au sud, avec
la disparition quasi totale de la loutre (la date signale
l’arrivée d’Alexander Mackenzie au Pacifique par la route
terrestre).
1799 – Les Russes établissent un poste à Fort Arkhangel
(aujourd’hui Sitka), détruit en 1801 par les Tlingit, qui ne
voulaient pas perdre leur position d’intermédiaire pour le
commerce à l’intérieur.
1811 – David Thompson atteint la côte du Pacifique par le
fleuve Columbia, ouvrant la porte à la commercialisation du
sud par la HBC. Dès les 1820s, des postes sont établis au
centre et au sud par pour encourager les Autochtones de ne
plus visiter les postes américains.
1820s – La HBC envoie un agent (Peter Skene Ogden) au
Snake River Country (Washington et à Oregon) pour
éliminer le castor, pour affamer les postes américains de la
côte.
1830s – Au nord, les Tlingits continuaient d’envoyer des expéditions vers l’intérieur pour
intercepter les fourrures destinées pour les postes anglais au sud; ils sont clients des Russes situés
en Alaska.
1832 – La HBC commence un programme de vaccination contre la variole autour de Victoria (dès
les 1770s, les épidémies avaient tué un tiers de la population de la région; la même année, le
gouvernement américain lance un programme semblable parmi les Autochtones américains).
1839 – Réagissant à la domination tlingit, la HBC achète des Russes le droit d’établir des postes
en territoire russe. Les Russes acceptent, car ils n’ont plus les ressources pour participer dans un
commerce appauvri par la disparition de la loutre. Ils vendront Alaska aux Américains en 1866.
Avec les ravages de Ogden au sud et le contrat avec les Russes au nord, la HBC établit un
monopole, mais les populations de loutre sont détruites. Les peuples de l’intérieur se spécialisent
en d’autres fourrures. Les tensions augmentent. La HBC impose une forme de gouvernance pour
régulariser ses inventaires. Les Autochtones établissent des réseaux pour mieux négocier.
Ancien village haida (Haida Gwaii, anciennement,
Queen Charlotte Islands) abandonné après les
épidémies de la fin 18e siècle; la population est
passée de 15,000-10,000 à c.600 (au début du 20e
siècle); les survivants ont fondé un nouveau
village, Skidegate. Le village porte le nom du chef
fondateur, comme veut la tradition.
http://www.purewest.com/bluewater/totems.jpeg
Épidémies et maladies
Ce sujet a été mentionnée ici et là. Il ne faut pas sous-estimé l’étendu des maladies
infectieuses que les Européens ont amené en Amérique du Nord; les hypothèses les plus
conservateurs parlent de millions de morts. Plagues and Peoples (William McNeill,
Anchor Books Doubleday, 1976) et The Burdens of Disease (J.N. Hays, Rutgers U.
Press, 2009) sont peut-être les deux références les plus importantes sur la matière; leurs
auteurs prétendent que telles maladies ont renversé de civilisations et causer de
déplacements démographiques importants. Certains auteurs les invoquent pour
expliquer la tragédie qu’a subi les populations amérindiennes suite à l’arriver des
Européens. Tragique, sans doute, cependant la colonisation aurait procéder de façon
ininterrompue sans les épidémies, jugeant des cas du Mexique et de l’empire inca, où le
choc a été si soudain que la maladie n’a joué qu’un rôle mineur dans la chute de ces
civilisations. L’écart technologique séparant les Européens et les Amérindiens, et la
manque d’unité politique de ces derniers les auraient condamné.
http://marinebio.org/upload/_im
gs/65/smallpox.gif
http://timelines.tv/smPox
/more/assets/2-5.jpg
Le potlatch, fête de redistribution
Plusieurs théories émergent autour de ce rituel insolite (partagé avec d’autres peuples de la Côte
Ouest): p.e., pour redistribuer les ressources, étant donnée la présence de microclimats due à la
topographie montagneuse; pour témoigner le statut dans un système hiérarchisé, etc. La mieux
acceptée serait qu’il s’agit d’une guerre économique pour impressionner les voisins: on donne des
biens, et les invités reconnaissent le pouvoir potentiel de l’hôte. Les détails varient, mais au cœur
serait la distribution de cadeaux aux invités, accompagnée par un repas somptueux et parfois de
rituels secondaires (p.e., mis en scène des mythes fondateurs).
À la fin du 19e siècle, le potlatch fut interdit par le
gouvernement suite aux pressions de la part des
missionnaires (surtout protestants), car on pensait que le
rituel « gaspillait » des ressources (parfois, certains biens
étaient détruits pour souligner la richesse des hôtes) et le
temps (les personnes travaillaient pour accumuler des biens
pour le potlatch, et refusaient de travailler pour les Blancs).
Il est probable que les missionnaires ont vu le rituel dans une
phase d’inflation causée par le décès de plusieurs personnes
suite à l’introduction des maladies européennes, laissant
plusieurs offices vides, menant à une compétition parmi les
survivants, et par l’introduction de richesses par la traite de
fourrure. Les masques (surtout) ont été confisqués (certains
ont été vendus; le Musée ethnographique de Berlin avait une
belle collection). Le ban fut annulé seulement en 1951 (mais
les personnes continuaient à le performer en secret, et en
prétendant qu’il s’agissait de cérémonies religieuses et donc
« sacrées ».
Haida, 1901
http://blog.seattlepi.com/thebigblog/files/library/potlatch.jpg
Potlatch et guerre
Le potlatch est donc une forme de guerre économique, mais qui transforme les
ennemis potentiels en alliés. Les « fêtes de redistribution » ne sont ni fêtes ni une
redistribution, car chaque don exige une réponse inflationniste. Les invités doivent
répondre avec des dons plus impressionnants ou risquer une invasion.
À gauche, casque de guerre, Tlingit,
fin 18e siècle; canoé de guerre haida,
19e siècle.
http://pegasusnews.com/media/img/photos/20
11/04/19/thumbs/War_Helmet.jpg.728x520_
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http://firstpeoplesofcanada.com/images/firstnations/teachers_guide/no
rthwest_coast/canoe_war_haida.jpg
La guerre était une menace constante, mais il y avait des indications que la guerre n’était pas rare.
Les taux de mortalité étaient assez élevés. Quatre raisons sont citées:
1) La ressource principale est le poisson et les fruits de mer. Tous les groupes revendiquent l’accès à
la littorale. Par contre, les groupes plus riches et plus forts de la côte veulent un accès à
l’intérieur pour établir des rapports commerciaux avec les chasseurs des montagnes.
2) Le littoral a un climat plus rude, donc ces groupes veulent vivre à l’intérieur, à l’abri, sans
permettre les voisins de s’établir sur ka côte.
3) Depuis le 18e siècle, le commerce avec les Européens est une source importante d’armes et de
métal; les groupes étaient en compétition constante pour s’établir comme intermédiaire.
4) La puissance dépend sur les ressources, et les ressources s’accumulent avec la force de travail des
esclaves: on lutte pour acquérir le territoire, les esclaves, et les conserves (poisson séché).
À gauche, couteau tlingit à deux lames, 19e siècle, acier
À droite, massue
nootka de guerre
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http://www.anthro.psu.edu/matson_museum/imag
es/native_american4.jpg
Évidence pour la guerre:
1) Les villages étaient généralement situés sur des
positions défendables
2) De l’armure et des armes très élaborées
3) Les profits du commerce de fourrure avec les
Européens ont été investis dans les armes
4) Quelques groupes entrainaient les jeunes
guerriers
5) Les armes étaient souvent mises en évidence
lors des potlatchs « amicaux »
6) Les chefs de guerre avaient une influence sur
des domaines non militaires
7) La menace de guerre était une force motrice
pour la création d’alliances complexes
http://firstpeoplesofcanada.com/images/
firstnations/teachers_guide/northwest_c
oast/chief_bc.jpg
À gauche, chef portant une lance et de l’armure
Les Tsimshian et leurs voisins
À droite, territoire Tsimshian et ses
voisins; en bas, photo satellite du
territoire.
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http://www.sfu.ca/uploads/page/09/Tsimshian.png
Traits principaux des Tsimshian:
Vivent en villages de la région
des fleuves Nass et Skeena en
Colombie-Britannique; pêcheurs
- une grande partie du territoire
attachée à chaque village est
vide; les villages sont situés sur
le littoral ou sur des fleuves.
Traditionnellement, les
ethnologues avaient tendance à
identifier trois regroupements
(Tsimshian, Niska, Gitksan)
basés sur des différences de
dialecte; ces frontières
linguistiques correspondent au
symbolisme partagé du système
totémique; cette division est
contesté par Roth, Becoming
Tsimshian, 2008, qui relate que
les peuples de cette région
insistent qu’ils sont trois
groupes distincts, surtout sur le
plan linguistique. Tsimshian
serait uniquement les peuples
qui vivent dans la vallée du
fleuve Skeena.
Kitwanga, 1899
http://www.civilization.ca/cmc/exhibitions/aborig/tsimsian/images/vilin03b.jpg
- problème: comment créer une communauté politique qui
est 1) indépendante et 2) liée aux voisins de telle façon que
ces derniers reconnaissent leur autonomie territoriale
- 25 villages d’hiver, chacun est autonome sur les plans
politiques et économiques
Les villages sont souvent situés sur des
fleuves, le plus près possible à
l’embouchure, pour mieux exploiter le
saumon et d’autres ressources marines.
D’autres sont à l’intérieur, mais toujours
dans les vallées desservies par un fleuve.
Mais l’attachement aux fleuves peut-être
lance un mauvais message aux voisins; le
territoire inutilisé agit de tampon et isole
un village de l’autre, créant ainsi une
atmosphère de mépris. Les maisons des
villages permanents sont donc démantelées
l’été et transportées vers des campements
aux marges, où elles sont réassemblées.
Les personnes se donnent à la cueillette de
baies, à des échanges avec les voisins
(surtout pour des peaux, qui manquent sur
la côte), et, s’il y a du gibier disponible,
chassent. L’emplacement de ces
campements d’été change d’une année à
l’autre. À gauche, les villages d’hiver
principaux des Tsimshian vers 1900. Voir
Wilson Duff, The Indian History of B.C.,
Victoria, 1964.
http://mcdonald.unbc.ca/jpg/Figure1A.jpg
Définitions
- un lignage est un regroupement de personnes basé sur la filiation
(«descendance») – matrilinéaire, patrilinéaire ou bilatéral/cognatique
- un clan est un regroupement de lignages, utilisant le même principe de
filiation
- une phratrie est un regroupement de clans
- une moitié est un regroupement de lignages, clans ou phratries quand il y
a seulement deux catégories (système dualiste)
- une maisonnée est une catégorie sociale basée sur la corésidence
(généralement, mais pas toujours, les personnes qui habitent ensemble)
- la parentèle est une catégorie formée de personnes qui reconnaissent leur
lien de parenté (qui n’est pas nécessairement conçue en termes
généalogiques)
- un clan cognatique est un regroupement bilatéral de personnes qui
reconnaissent un lien de parenté, qui n’inclut pas nécessairement toutes les
personnes qui partagent un lien généalogique
La logique d’un système totémique
Comme partout sur la Côte Ouest, la société est composée de trois ou quatre classes: les
nobles, qui ont hérité leur statut; les aristocrates, qui l’ont atteint grâce à leur richesse et
leurs exploits (parfois, ces deux sont considérés comme une seule catégorie); les plebs ou
roturiers (la majorité), et les esclaves. Les nobles ne sont pas définis uniquement par
l’héritage, car ils doivent valider leur statut par un comportement moral et digne. En
pratique, ils doivent se faire respecter en offrant des potlatchs somptueux; ils ont la
responsabilité de gérer les rapports avec les nobles des villages avoisinants, soit en les
intimidant par la qualité de leurs potlatchs, soit en pratiquant des mariages dynastiques
avec leurs homologues étrangers.
À gauche, femme noble, dont le
statut est signalé par ses boucles
d’oreilles en coquilles d’haliotis
(« abalone »); à droite, homme
noble, car il a un bouclier en
cuivre. Les deux sont habillés en
tissus probablement fabriqués de
l’écorce du cèdre.
http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/7/7c
/Kwakwaka%27wakw_man_and_copper_shield%2C
_by_Edward_Curtis.jpg
http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/7
/71/Kwakwakawakwgirl.jpg
http://140.247.102.177/potlatch/images/499.jpg
Interior of habitation at Nootka Sound, 1778, John Webber (artiste qui accompagnait l’expédition
de Capitaine James Cook, 1776-1780, dont les navires ont exploré l’ile de Vancouver). Notez
l’arrangement en deux côtés pour les deux lignages qui composent la maisonnée, le foyer central
partagé, les colonnes sculptées, et le poisson séché qui pend du toit. Les planches sont de cèdre,
arbre géant dont le bois se fend facilement (à différence de la photo qui suit, on voit que les
planches ont été fendues avec des outils simples).
- 4 phratries matrilinéaires (Loup, Aigle, Corbeau, l’Orque) composées de nombreux
clans; des « maisons » nommées et composées de deux « côtés », qui appartiennent à
deux clans/lignages
À gauche, l’intérieur
d’une maison
contemporaine,
utilisée pour des
cérémonies; notez le
foyer central et les
deux bancs sur chaque
mur, qui définissent un
arrangement bilatéral:
les deux « côtés » de la
maisonnée
http://www.realcedar.org/projectimages/From_Dr._Nancy_Mackin_20100928_200858708_full%20interior%20of%20great%20room%20Lorne%20photo%20
ok.jpg
Il y a deux dimensions à l’organisation sociale tsimshian:
a) L’imaginaire, parsemé de clans matrilinéaires, qui sont rassemblés en phratries et
qui sont composés de lignages. Ils sont appelés les « côtés » du village, de la même
façon que leurs lignages qui les composent définissent les deux côtés de la
maisonnée. Ils sont dispersés sur le territoire, semi-corporatifs (c.-à-d., un clan peut
agir de personne morale, mais en général il contrôle uniquement des ressources
symboliques [masques, rituels] et non des ressources économiques); en principe, des
alliés (car chaque clan est placé dans un ensemble plus grand, la phratrie, composée
de plusieurs clans; cette alliance, cependant, n’est pas autant politique que
symbolique; l’unité politique est le village). Les membres du clan prétendent que
leur ancêtre mythique est descendu du ciel ou émergé d’un lieu souterrain; donc, le
clan aurait partagé une dimension géographique, mais uniquement dans un passé
mythifié; aujourd’hui, ses membres ne vivent pas ensemble.
b) Le territoire: le village et la maisonnée (selon Sapir, un mot qu’il traduit avec
l’expression, « être ensemble l’un avec l’autre ») sont des personnes morales
(« corporations ») organisées selon un principe de matrilinéarité (mais Boas n’est
pas clair ici); le village et la maisonnée possèdent un nom, et leurs membres se
voient comme alliés politiques et potentiellement militaires. (Pour les références,
consultez la bibliographie sur le site WEB).
Raisons censées expliquer la matrilinéairité:
Ressources concentrées: “… migrating herds of caribou and anadromous fish in the subarctic at
times favor as exploitative units large groups of people from different territories, and that uterine,
principles are most effective in producing such groups and in ensuring intergroup cooperation and
political cohesion. In contrast, scarce, scattered, and isolated resources favor self-sufficient,
territorial, agnatic groups... p.20, M.K. Martin, The Foraging Adaptation - Uniformity or Diversity?
Addison-Wesley Module in Anthropology 56, 1974.
Ressources dispersées: “… the ethnographic data appear to support the proposal that the
aboriginal social organization of the Pacific Drainage Athapaskans had as its basis a matrilineal
complex…. This was functionally related to an adaptive strategy emphasizing extensive big-game
hunting supplemented by fishing in an environment which required high mobility …” p. 15, E.H.
Hosley, “The Aboriginal Social Organization of the Pacific Drainage Dene: The Matrilineal Basis”,
Arctic Anthropology 17(2):12-16, 1980.
Ressources variables: “We would argue that the most important environmental (viewed broadly
so as to include ecological and sociocultural as well as gross environmental factors) variable
conducive to the emergence of matriorganization is the general lack of competition and conflict over
basic resources. The fact that matriorganization occurs in groups varying widely in subsistence
strategies points to its importance under a range of ecological conditions.” p.40, C.A. Bishop and S.
Krech, III, “Matriorganization: The Basis of Aboriginal Subarctic Social Organization”, Arctic
Anthropology 17(2): 34-45, 1980.
Le système tsimshian de parenté: contradictions
L'idéal:
- trois composants du système idéalisé (trois règles censées définir l’organisation
sociale): 1) filiation matrilinéaire, 2) résidence patrilocale après le mariage, 3) mariage
avec la cousine croisée matrilatérale
- ces règles créent trois regroupements ou catégories: le clan du père (où le jeune
couple vit), le clan de la mère (le nous, dans un système matrilinéaire), et le clan de
l'épouse du frère de la mère (le groupe auquel appartient la cousine croisée
matrilatérale)
- ceci est le nombre maximum (3) de catégories
qu'on peut reconnaitre utilisant uniquement cette
combinaison de règles; n'importe quelle autre
combinaison crée un modèle de l’univers social
composé de seulement 2 groupes (clans)
- en faisant ainsi, les Tsimshian manifestent leur
désire d'être autonome (chaque clan est défini par la
matrilinéarité, avec des frontières imperméables,
dont l'identité dérive du fait de naitre dans le clan,
être un enfant d'une mère) et d'être simultanément
liés aux autres (chaque clan est lié à 2 autres, le
nombre maximum avec cette configuration)
Instruments pour la pêche
http://www.yukoninfo.com/images/fishinhtools.gif
C.-à-d., la représentation idéalisée de la société tsimshian reprend les mêmes ambigüités et
contradictions du vécu, du désire d’être isolé et d’être lié aux autres pour des raisons de
défense : avec des unités « fermées » (car les frontières claniques sont totalement
hermétiques), et en manipulant les trois composants du modèle (résidence, mariage,
filiation), ils ont créé un modèle idéalisé où chaque clan/phratrie est lié avec le plus grand
nombre d’autres composants du modèle. Ceci est une représentation de l’étanchéité parfaite
du clan et de l’ouverture envers l’autre, le nous et l’ennemi, le proche et le loin. Idéalisé,
car c’est impossible de le réaliser.
En bref:
- la parenté et le mariage
ont deux manifestations, le
vécu et l'idéalisée
- créent un compromis qui
semble paradoxal –
l'image idéalisée de la
communauté souligne
l'autonomie, et le vécu
souligne les liens avec
l'autre, qui sont niés dans
la vision idéale
- doivent donc politiser la
parenté et le mariage, les
véhicules qui unissent le
Nous et l'Autre
Un Potlatch contemporain
- utilisent également la redistribution, le potlatch, pour créer des alliances (fête de soidisant « redistribution » qui est fortement politisée comme arme politique qui définisse
les rapports surtout avec les voisins)
Le vécu:
- pas tout le monde a une cousine croisée matrilatérale!
- le modèle idéal est orienté envers les hommes, pas les femmes, une situation
paradoxale pour une société matrilinéaire!
- les nobles représentent le village; leurs mariages sont politiques et dynastiques,
établissant des liens politiques aux voisins (comme pour les maisons royales
européennes de l'Ancien régime)
- la majorité n'épouse pas leurs cousines/cousins
- la majorité évite d'épouser des personnes dont la mère est née dans le même
village où elle réside
- la majorité évite d'épouser des personnes dont la mère vient d'un autre village si
l’épouse vient-elle aussi d'un autre village
Artiste Bryan Paul, années 1930.
Notez la boite de cèdre utilisée
pour conserver le poisson séché. Il perce un trou
avec une perceuse traditionnelle.
Voir Alice Kasakoff, en The Unconscious in Culture, I.
Rossi (ed.), New York, 1974, qui décrit les pratiques (et
non les règles idéalisées)
http://content.lib.washington.edu/aipnw/images/NA3846.jpg
- la majorité se marie avec une personne
dont la mère vient d'un village étranger
(autre que le village natal de la personne
qui veut se marier), ou du village où ils
vivent actuellement, si leur mère vient
d'un village étranger
- donc, la majorité choisit un époux/
épouse dont la mère est née dans le
village où les jeunes vivent; l'autre mère
vient d'un village étranger
- deux lieux, deux villages, sont
impliqués dans le mariage, mais
uniquement si on tient compte de la
dimension temporelle sur 2 générations
- si on regarde uniquement une
« tranche » composée d’une seule
génération, il peut sembler que les
personnes viennent du même village, et
que le mariage est endogame
Nobles tsimshian, mère et fille, c.1900
http://firstpeoplesofcanada.com/images/firstnations/teachers_guide/northwest_coast/motherdaughter_tsim.jpg
- le mariage est donc exogame sur 2 générations
- cette exogamie est une fiction qui souligne l’importance du modèle
composé par la logique phratrique, car les deux époux vivent dans le même
village, mais appartiennent à deux clans distincts
- cette exogamie (sur 2 générations) permet aux Tsimshian de souligner
l'autonomie du village sur le plan résidentiel (les 2 vivent dans un village,
et parfois viennent du même village) et de souligner le désir d'être lié aux
voisins (les mères viennent de 2 villages différents)
- en pratique, les Tsimshian sont pris entre ces deux feux, car leurs nobles
ne sont pas «indigènes» au village qu’ils sont censés incarner, comme ne
l’était pas la majorité des nobles européens de l'Ancien régime; ceci crée
des loyautés ambigües
Quand il l’exogamie n’est pas respectée ….
http://2.bp.blogspot.com/_GxbsI3Wy50/Tudvab7vzbI/AAAAAAAAA5o/NZO3MnyyN8E/s320/Den
mark-Muslim-cousin-marriages.png
Selon Boas, les Tsimshian évitaient de manger 18 espèces. La majorité est évitée pour des
raisons diverses:
1) les méduses « empoisonnent les humains »;
2) les écrivisses « piquent les personnes »
Construire une mythologie pour
3) les roussettes « sont inutiles »
commenter la politique
4) les étoiles de mer « n’ont pas de chair »
d’ambivalence
5) les lézards « sont laids »
6) les grues « mangent des choses sales »
7) les poissons à deux têtes « sont des monstres »
8) la pieuvre « surnaturelle » (prob. Enteroctopus dofleini, qui peut atteindre quelques
mètres) « mangent des choses sales »
9) les cottidae (une espèce de chabot) « ont été touchés par le Corbeau sacré »
10) les flétans « surnaturels » « ont jadis mangé des princes de la phratrie des Aigles »
11) des grenouilles « étaient jadis des êtres humains »
12) les cormorans « sont stupides »
13) les belettes « mangent des souris »
14) les grizzlis « tuent les personnes »
http://82peche.free.fr/images/poissons/chabot_poisson.jpg
À gauche, Enteroctopus dofleini; en-haut, un chabot
Cependant, 4 espèces sont évitées pour des raisons « incestueuses » - elles mangent de
« vrais » humains:
Les orques « mangent des humains », et les loups, les corbeaux et les aigles « mangent des cadavres »;
c.-à-d., ces espèces sont évitées parce qu’ayant ingéré des humains elles sont devenues partiellement
humaines. Or, ces quatre sont les noms des totems phratriques. Or, la phratrie est conçue comme étant
exogame. En fait, elle n’incorpore pas, mais « dégorge » les humains. Autrement dit, on ne mange pas
les animaux qui mangent les humains dans le vécu, mais dans le monde imaginaire, ces mêmes
animaux « vomissent » (pour ainsi dire) les humains d’un groupe à l’autre. Ils sont donc des symboles
parfaits (polysémique et contradictoire), qui « mangent » et qui « dégorgent » simultanément, comme
les villages qui incorporent des humains pour forger une seule identité, mais qui est composé de
phratries exogames avec des représentants dispersés dans plusieurs villages. Dans le symbolisme
attaché au vécu, on souligne l’importance de l’incorporation, de l’unité, de la solidarité, de la frontière
du village; par contre, dans le symbolisme de l’imaginaire, on souligne l’importance d’être lié aux
autres.
http://www.civilization.ca/cmc/exhibitions/aborig/tsimsian/images/warin01b.jpg
Le village incorporatif a des frontières potentiellement poreuses
capables de conférer une identité sur la base de la corésidence. Par
contre, les phratries « fédératives » ont des frontières imperméables, car
elles sont héritées de la mère; l’identité conférée ne change pas avec le
mariage ou avec le déplacement. Cette identité est à la base de la
représentation de la société dans l’imaginaire. À droite, un guerrier
tsimshian, selon un dessin basé sur les souvenirs de l’artiste qui avait
vécu la guerre autour du village de Fort Simpson à la fin du 19 e siècle. Il
porte de l’armure en cuire (un matériel de luxe, car importé).
La parenté kwakiutl* (européenne)
N = Numayma, «maisonnée»
* Kwakiutl n’est plus le nom officiel utilisé par
ces peuples, car il se réfère uniquement à une
des tribus, les Kwagu’l. Le nom pour les
personnes qui parlent la langue qui les distingue
de leurs voisins est Kwakwaka’wakw.
Un rappel: la parenté sekani en comparaison
Dans ce système de parenté, le numayma
(ou na’mima, « un [même] genre [de
personne] », clan cognatique, génération
0) est composé des descendants des quatre
grands-parents. On appelle cela parfois un
système bilatéral. Les Kwakwaka'wakw
sont situés à la limite septentrionale des
systèmes « bilatéraux » du sud, qui inclut
les Nootka [Nuu-chah-nulth], les Salish,
les Bella Coola [Nuxalk], les Makah, et
les Chinooks. Par contre, au nord des
Kwakwaka'wakw se trouvent des groupes
considérés « matrilinéaires »: les Kwakiutl
septentionaux (Haisla, Wuikinuxv et
Heiltsuk; ces trois derniers parlent des
langues apparentées aux Kwak’wala mais
sont distincts), les Haida, et les Tlingit.
http://www.coastalpeoples.com/media/layout/NWCMapSouthNorthJul11FINAL.jpg
On peut identifier quatre phases historiques dans
l’évolution sociale des Kwakwaka'wakw:
1) Préhistoire, avant le contact avec les Blancs (en 1792,
James Vancouver)
2) Contacte intermittent 1792 – 1849
3) Potlatch classique 1849 – 1920s (1849 – établissement
du poste d’échange à Fort Rupert sur l’ile de
Vancouver; une source fiable de marchandises
européennes)
4) Potlatch « politique » 1920s à présent (le potlatch est
toléré officieusement si les dons sont limités; les
Kwakwaka'wakw soulignent davantage la dimension
« sacrée » du potlatch.
Cette dernière phase voit la transformation graduelle du
potlatch en politique de guerre avec les voisins en
marqueur identitaire; le vrai ennemi devient les Blancs,
qui imposent davantage des règlements sur la pêche,
pour limiter la compétition avec les entrepreneurs
blancs qui commencent à exploiter le saumon
commercialement.
http://www.old-picture.com/indians/pictures/QagyuhlVillage-Fort-Rupert.jpg
Fort Rupert en 1914, par le photographe
Edward S. Curtis
La distinction nord-sud est une division approximative basée sur une vision
anthropologique dépassée (que les sociétés se « définissaient » par la parenté).
Cependant, les groups septentrionaux avaient des potlatchs plus ritualisés; par contre,
ceux du sud avaient des potlatchs très compétitifs. En partie, cette distinction peut être
expliquée par le fait que les groupes méridionaux avaient plus de contact avec les
Blancs, dont plus de maladies (créant des vides dans le système de statut) et un accès
plus soutenu aux armes européennes. Par contre, le numayma cognatique signifie que
chaque personne avec la possibilité d’invoquer deux identités, et parfois de changer de
groupe. Les chefs, dont le pouvoir dépendait du nombre de leurs partisans, étaient
souvent en compétition pour recruter des membres au numayma. Les Kwakwaka'wakw sont
composés de 28
tribus/villages (aujourd’hui,
certaines sont fusionnées
pour créer des
gouvernements régionaux).
Ici, une des raisons pour
l’intensité des potlatchs
Kwakwaka'wakw : le clan
cognatique est très étend.
Ses frontières sont floues.
http://www.umanitoba.ca/facultie
s/arts/anthropology/tutor/descent/
cognatic/stock1.gif
Accès contrôlé
par des groupes
bien définis
Ressources
localisées
Tsimshian
Tlingit
Haida
Heiltsulk (« Kwakiutl méridionaux »)
Kwakwaka'wakw (« Kwakiutl »)
Nuxalk (« Bella Coola »)
Nu-chal-nulth (« Nootka »)
Athapaskans d’Alaska*
Les Plaines
Athapaskans du Yukon
Plateau
Athapaskans du
Mackenzie
Californie du
Nord-ouest
Montagnards
(Sekani)
Salish de
l’intérieur
Chipewyan
Salish de
la Côte
Accès contrôlé
par des
groupes
amorphes
Le contrôle de l’accès aux ressources
* Influencés par des groupes de la Côte Ouest
Sud
Inuit
Ressources
dispersées
Nord
Pour l’originale qui a inspiré cette présentation, voir: Allan Richardson, "The Control of Productive Resources on the Northwest Coast of North
America", in N.M. Williams and E.S. Hunn (eds.) Resource-Managers: North American and Australian Hunter-Gatherers, Boulder, 1982
1) Notez que les localisations géographiques ne correspondent pas exactement à la
disponibilité de ressources: p.e., les peuples de la Californie sont au sud des Salish de
la Côte, mais leur environnement est moins riche.
2) Les régions septentrionales sont non seulement plus pauvres en ressources, mais elles
sont assujetties à des fluctuations saisonnières.
3) Les ressources dans les régions septentrionales sont souvent concentrées; autrement
dit, la distribution est aléatoire, la localisation sporadique.
4) Plus les ressources sont-elles abondantes, moins l’accès est-il contrôlé par un groupe
bien défini constitué comme personne morale.
5) Plus une région est-elle pauvre en ressources, plus est contrôlé l’accès par des
groupes bien définis agissants de personne morale.
Autrement dit, l’accès aux ressources est relativement libre aux deux extrêmes: si les
ressources sont abondantes et omniprésentes, ou si elles sont rares ou mal distribuées
(trop concentrées en quelques zones, absentes en d’autres), moins l’accès est-il
contrôlé. L’accès est contrôlé quand les ressources sont relativement abondantes (mais
pas trop) et distribuées uniformément. La conclusion: dans les deux cas extrêmes, il
est soit impossible, soit inutile pour le groupe d’investir ses ressources politiques et
sociales pour se constituer comme personne morale et de contrôler des ressources.