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« Entreprise et Paludisme »
Dr. Jean-Michel LICHTENBERGER
18 mai 2010
Formation des managers à la
lutte contre le paludisme en
entreprise
Évaluer la situation, les risques,
l’impact et le coût pour l’entreprise
L’entreprise contre le
paludisme ?
Normalement, la santé n’est pas l’affaire
directe de l’entreprise qui pourrait se reposer
sur:
– le système national de santé
– les programmes nationaux
Pourtant l’entreprise intervient en direct:
– par manque d’autres ressources – la fourniture
de soins de santé revient souvent à l’entreprise
en Afrique
– un de ses sujets majeurs est le paludisme
L’entreprise contre le
paludisme ?
La logique de l’entreprise est son profit
– ce qui va contre est de l’abus social ou
de l’erreur de gestion
Tout programme d’entreprise doit obéir à
une logique de résultats financiers
– mesurables
– rentables (rapport coût / efficacité)
L’entreprise contre le
paludisme ?
Il n’en reste pas moins que l’entreprise est un
corps social inscrit dans son environnement,
qui:
–
–
–
–
–
doit préserver sa force de travail
doit la santé à ses employés
se préoccupe de RSE et SD
est menée par des hommes
doit tenir compte de ses intérêts à long terme,
(même si la financiarisation s’y oppose, mais il
n’est pas interdit de résister)
L’entreprise contre le
paludisme ?
Le paludisme est donc une préoccupation
légitime de l’entreprise puisqu’il:
– attaque sa force de travail – absentéisme,
anémie, coûts directs et indirects
– affaiblit les communautés environnantes
– met en jeu la responsabilité légale quand le
paludisme est considéré comme maladie
professionnelle (pour les travailleurs venus de
pays non impaludés par exemple)
– diminue le profit de l’entreprise pour toutes ces
raisons.
L’entreprise contre le
paludisme ?
Au-delà de ces raisons directes,
l’entreprise peut souhaiter lutter contre
le paludisme pour des raisons de :
–
–
–
–
–
communication
image
démarquage concurrentiel
programmes RSE
notations des agences
Pourquoi évaluer
risques et impact ?
L’objet de l’évaluation est de :
– savoir d’où l’on part
– pour préparer où l’on veut arriver.
L’entreprise doit:
– savoir à quoi elle s’attaque
– montrer que c’est justifié:
– définir une stratégie et un plan d’action
Pourquoi évaluer
risques et impact ?
Elle doit préparer le terrain humain :
– pour les populations afin qu’elles
adhèrent au projet
– pour les dirigeants afin qu’ils s’engagent
fortement
– pour les actionnaires afin qu’ils
acceptent le coût
Pourquoi évaluer
risques et impact ?
Elle doit préparer le terrain
opérationnel :
– quelle est la situation d’où l’on part
– à quels résultats veut-on aboutir
– quels indicateurs de résultats poser
Que contient l’évaluation
de la situation ?
Une évaluation doit porter sur tous les
domaines qui interviennent dans la
transmission et l’expression du
paludisme :
–
–
–
–
l’homme
le moustique
le parasite
l’argent
Que contient l’évaluation
de la situation ?
Évaluer la situation consiste à établir une base
line sur tous ces aspects, et sur les actions et
les acteurs qui y interviennent.
Elle sera conclue par :
– l’établissement du niveau zéro des indicateurs
que l’on cherche à améliorer
– les objectifs de leur évolution
Les indicateurs porteront sur chacun des sujets
évoqués dans l’évaluation de la situation.
Situation humaine
Une arme majeure de la lutte contre le
paludisme est la connaissance pour :
– se protéger des piqûres
– se traiter
– éviter la prolifération des moustiques
Situation humaine
Il faut donc connaître :
– le niveau de connaissances (positives) d’où l’on
part
– les croyances (« connaissances négatives ») qui
peuvent contrecarrer les connaissances (le
paludisme est dû au soleil, à l’alimentation, à
un sort jeté)
– les habitudes (médecine traditionnelle,
utilisation des médicaments de la rue, mauvaise
utilisation des centres de santé et des hôpitaux)
– les situations à risque (dormir sans protection,
attendre pour se soigner)
Situation humaine
Que savent et que font les personnes concernées
–
Dans l’entreprise
•
•
•
–
–
–
les employés
les dirigeants
le service médical
Les populations environnantes
Les structures sanitaires concernées (fièvre = Palu ?
lames ? RDT ?)
Les autres acteurs éventuels
Une enquête CAP – Connaissances, Attitudes et
Pratiques – est le moyen le plus communément utilisé.
Elle sera complétée par un panorama socio-économique
des populations cibles, afin d’adapter dessus le
programme envisagé.
Situation
épidémiologique
Il n’y a pas un paludisme, mais des paludismes,
exigeant des stratégies de lutte différentes.
Quatre grandes catégories :
– Paludisme stable à transmission continue forte
(faciès équatoriaux, tropicaux)
– Paludisme stable à transmission continue faible
à modérée et à transmission saisonnière (faciès
sahéliens)
– Paludisme instable (faciès désertiques, austraux
et montagnards)
– Paludisme urbain
Situation
épidémiologique
Plusieurs indicateurs mesurent l’impact
épidémiologique du paludisme, les principaux
étant :
– Taux de mortalité = nombre de décès par an pour
1000 personnes.
– Prévalence = nombre de sujets infectés pour 100
personnes à un instant donné
– Incidence = nombre de cas identifiés dans une
population donnée pendant une période donnée
La détermination de ces indicateurs mesurera
le niveau zéro de l’impact clinique du
paludisme dans la population cible.
Situation
épidémiologique
Prévalence = nombre de sujets infectés pour
100 personnes à un instant donné
– La prévalence rend compte du « réservoir
humain ».
– Les sujets semi-immuns, grâce à leur immunité,
peuvent être porteurs de parasites sans être
malades : on parle alors de paludisme-infection
par opposition au paludisme-maladie
– Un sujet infecté est un porteur du parasite,
malade ou non.
– La prévalence se mesure à une date donnée et
non pas sur une période.
Situation
épidémiologique
Incidence = nombre de cas identifiés dans une
population donnée pendant une période
donnée
– EXEMPLE : 8000 cas sur un an dans une ville de
5000 personnes.
•
•
•
Incidence : 8000
Taux d’incidence : 1600 pour 1000 (ou 160 %)
Nombre d’épisodes cliniques : 1,6 / personne / an
– L’incidence est une mesure du paludismemaladie tandis que la prévalence est une
mesure du paludisme-infection.
Situation
épidémiologique
Les chiffres sans analyse n’ont guère d’intérêt
et notamment ici, on prendra garde que :
– il n’y a pas de proportionnalité entre l’incidence
et la transmission (nombre de piqûres infectantes)
– qu’un individu se fasse piquer 20 fois ou 200 fois
par an, il fera à peu près le même nombre
d’accès au long de sa vie (une cinquantaine
d’accès)
– pour cette raison, en zone de forte transmission,
une réduction de la transmission n’a pas
nécessairement d’impact significatif sur
l’incidence.
Enfin, l’étude épidémiologique déterminera la
part réelle du paludisme, souvent surestimée.
Situation
environnementale
Un risque naturel de paludisme existe
lorsqu’un site présente des
caractéristiques climatiques,
géographiques et environnementales qui
favorisent :
– le développement des moustiques
– le développement des parasites.
Les facteurs de risque naturel majeurs
sont l’eau (pluviométrie, hydrographie,
humidité) et la température.
Situation
environnementale
Les facteurs environnementaux
dépendent :
– de variables climatiques générales,
pluviométrie et température
– de caractéristiques locales du site
Une observation de l’environnement
proche permettra d’établir :
– les conditions sur lesquelles on peut agir
– la saisonnalité
Situation financière
Impact financier
– pour l’entreprise : détaillé plus loin
– pour les ménages :
•
•
coûts directs : prévention et traitements
coûts indirects : contraintes liées au
paludisme
Au niveau de la région ou du pays :
– que dépensent les autorités publiques
– les concours nationaux (ONG)
– les concours internationaux
Situation financière
Il est également prudent de se renseigner
à l’avance sur les coûts des moyens de
lutte :
– moustiquaires imprégnées
– IRS si disponible
– traitements
Situation
entomologique
Différents types d’anophèles ont des
caractéristiques différentes qui appellent
des mesures de protection différentes.
Exemples :
– An. Gambiae
• Hôte : homme
• Heure de piqûre : principalement après
minuit
• Lieu de piqûre : intérieur
• Lieu de repos : principalement à l’intérieur
• Sites de ponte : temporaires ensoleillés,
rizières
Situation
entomologique
An. dirus
– Hôte : Homme
– Heure de piqûre : Principalement après minuit
– Lieu de piqûre : Intérieur et extérieur
– Lieu de repos : Principalement à l’extérieur
– Sites de ponte : Petits sites à l’ombre dans la
forêt et les plantations
An. Funestus, An. Arabiensis, An. Stephensi ont
chacune leurs caractéristiques
Situation
entomologique
On identifiera la faune culicidienne par
des méthodes entomologiques :
– spéciation de la faune résiduelle
– repérage des gîtes larvaires
On précisera les conditions de
transmission
On essaiera de savoir s’il existe des
résistances aux insecticides, qu’ils
concernent les larves ou les moustiques.
Situation
parasitologique
Les mesures épidémiologiques
différencieront les parasites :
– falciparum
– vivax
– malariae, ovale, knwolesi
Elles chercheront également à mesurer le
taux de résistances :
– Idéalement par méthodes génétiques
(PCR)
– Identification des gènes de résistance du
P.falciparum aux antipaludiques.
Situation
des capacités
Existence de structures sanitaires :
– de l’entreprises
– publiques
– privées hors entreprise, confessionnelles ou pas
Qui a accès à quoi et à quelles conditions ?
Existence de programmes de lutte contre le
paludisme :
– PNLP et politique nationale
– actions d’ONG ou d’organisations
internationales
– programmes nationaux financés (Fonds Mondial,
MPI, etc.)
Situation
des capacités
Intrication avec les programmes existants :
–
préciser
•
•
•
–
–
qui sont les acteurs
quels sont leurs programmes
quels sont les moyens techniques et financiers déployés.
faire le lien avec la politique nationale pour s’y inscrire
pleinement
articuler l’action prévue par l’entreprise avec les
programmes intervenant dans le même sens sur les
mêmes populations.
Disponibilité des traitements, de moustiquaires
imprégnées, et autres moyens de lutte.
Capacités en matière de personnel : médical et
paramédical, agents de santé, personnel formé et armé
pour la lutte anti-vectorielle.
Évaluation des coûts
pour l’entreprise
Coût global
Rappelons l’impact macro-économique estimé :
– Chaque année 12 milliards US$ de pertes
estimées sur le PIB pour l’Afrique
– Le paludisme a ralenti la croissance économique
en Afrique de 1.3% par an
– Sur 35 ans l’effet accumulé a été une réduction
du PIB à un niveau 32% plus bas qu’aurait été le
cas dans l’absence du paludisme.
On peut faire l’extrapolation simple au niveau
des chiffres de l’entreprise.
Coûts pour l’entreprise
On essaiera d’identifier toutes les charges se
rapportant au paludisme de manière aussi
exhaustive que possible, afin d’en apprécier au
mieux la progression.
Une large fourchette estime le coût annuel
moyen entre 20 euros et 200 euros par
employé.
Ceci concernera toutes les populations pour
lesquelles intervient l’entreprise : employés,
ayants-droit, populations locales le cas
échéant.
Coûts pour l’entreprise
Absentéisme :
–
coûts directs pour les employés malades :
•
•
–
–
nombre de jours de travail perdus pour cause de paludisme
estimation de l’absentéisme dont la cause est le paludisme
coûts des remplacements d’absents : recrutement,
formation, gestion
coût de la « débilitation » palustre
Coûts directs des :
–
–
–
–
traitements
hospitalisations
funérailles et coûts liés aux fatalités
évacuations et rapatriements
Coûts indirects liés aux enfants d’employé(e)s malades
montant des primes d’assurance-maladie le cas échéant
Méthodes de mesure
Décès évités
– 5,5 décès évités par 1000 enfants de
moins de 5 ans/an utilisant des LLIN
(Cochrane review)
– même chiffre pour l’IRS
– pas de données pour les populations plus
âgées
Tableau d’évaluation des coûts
Simulations des résultats
d’un programme
Quelques calculs simples permettront ensuite d’évaluer
le poids du paludisme dans l’entreprise, sur la base
des :
–
–
–
–
–
coût global du système de santé de l’entreprise
prévalence du paludisme dans les consultations
nombre de jours d’arrêt de travail pour un crise de
paludisme
coût du traitement d’une crise
coût d’une hospitalisation
On en déduira les gains accessibles par un programme
de LCP :
–
–
–
–
connaissant le poids du paludisme
et les résultats de quelques exemples de programmes
concrets
on calculera le gain que l’on peut attendre
ce qui peut aider à dimensionner l’investissement pour
l’entreprise.
Au total
L’évaluation aura répondu à toutes les
questions,
– Quel programme faire
– Avec quelle organisation et quelles modalités de
monitoring, suivi et évaluation
– Avec quels opérateurs
– Avec quels sous
– Avec quels indicateurs
– Pour quels résultats attendus
– Dans quelle continuité avec les programmes
précédents
– Avec quelles suites pour les programmes
suivants
Au total
Il aura été clairement établi entre toutes les
parties que :
– Il est justifié et rentable pour l’entreprise de
s’impliquer dans le contrôle du paludisme dans
son environnement.
– Un programme de contrôle du paludisme doit
être préparé, programmé, suivi, mesuré.
– L’évaluation est nécessaire au départ, et en des
temps prévus au long du déroulement du
programme
– Elle doit concerner l’homme, le moustique, le
parasite, l’environnement, les opérateurs et les
financements.
Au total
Moyennant quoi on sait
que les résultats d’un
programme bien conduit
sont certains,
spectaculaires et
communicables.