Démence et perte d`autonomie psychique
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Démence et perte
d’autonomie psychique
Michaël DODILLE
Neuropsychologue
Centre Médical Felix Mangini
Hauteville (01)
Démence et perte d’autonomie
psychique
Introduction
Vieillissement normal et démence
Le syndrome démentiel : définitions
La démence : une entité nosographique multiple
Les manifestations cognitives de la maladie
d’Alzheimer
Les troubles psycho-comportementaux de la maladie
d’Alzheimer
Prise en charge de la maladie d’Alzheimer
Conclusion
Introduction
Dementia = perte de l’esprit
Evolution du concept de démence
Syndrome démentiel :
Dégradation globale et progressive des fonctions cognitives
Troubles du comportement
Conséquences sur l’autonomie psychique
Définitions de l’autonomie :
« Faculté d’agir librement, indépendance » (Le Robert)
« Droit pour un individu de se déterminer librement » (Larousse encyclopédique)
Vieillissement normal et démence
Existence d’un vieillissement normal des
fonctions cognitives
Distinction quantitative et qualitative entre
vieillissement normal et démence
La démence n’est pas un continuum du
vieillissement normal
Vieillissement normal des fonctions
cognitives
4 phénomènes principaux :
Baisse de l’attention sélective
Baisse de l’attention soutenue
Troubles du langage (manque du mot)
Troubles visuo-spatiaux (répérage dans l’espace)
3 facteurs généraux impliqués :
Réduction de la vitesse de traitement de l’information
Dysfonctionnement des processus attentionnels inhibiteurs
Diminution des capacités de mémoire de travail
DSM IV : « troubles cognitifs liés à l’âge »
Une illustration : la plainte mnésique
Plainte très habituelle chez le sujet âgé
Distinction entre plainte mnésique et trouble de mémoire
70% des personnes avec âge > 70 ans ont une plainte mnésique
Tests neuropsychologiques pour objectiver la plainte :
6 sujets sur 10 : résultats normaux
4 sujets sur 10 : résultats pathologiques
• Chez 2 sujets sur 10 : altération de la mémoire est liée à l’anxiété ou à la
dépression
• Chez 2 sujets sur 10 : maladie organique à l’origine des troubles de
mémoire
Le syndrome démentiel : définitions
Organisation Mondiale de la Santé :
« altération progressive de la mémoire et de
l’idéation, suffisamment marquée pour
handicaper les activités de tous les jours,
apparue depuis au moins 6 mois et associée à
un trouble d’au moins une des fonctions
suivantes : langage, calcul, jugement,
altération de la pensée abstraite, praxie,
gnosie ou modification de la personnalité »
Le syndrome démentiel : définitions
DSM III-R :
1.
2.
3.
4.
5.
Une altération de la mémoire à court terme et à long
terme,
Au moins une des manifestations suivantes : altération de
la pensée abstraite, altération du jugement, aphasie,
apraxie, agnosie et altération de la personnalité.
Existence d’un handicap dans les domaines professionnel,
social et/ou relationnel, secondaire aux perturbations
décrites en 1. et 2.,
Altération ne survenant pas de façon exclusive au cours
d’un état confusionnel aigu.
Existence d’un facteur organique pouvant être
étiologiquement lié à la démence, ou, à défaut, absence de
tout trouble mental organique pouvant expliquer les
symptômes.
Le syndrome démentiel : définitions
Notion de handicap dans les AVQ présente
dans les 2 définitions précédentes
DSM IV : syndrome caractérisé par des
déficits cognitifs multiples avec prédominance
des troubles de mémoire, les troubles
cognitifs restreignent l’activité du sujet par
rapport à son activité antérieure.
Le syndrome démentiel : définitions
Déficit cognitif global
Evolution progressive et chronique de l’état
Absence de troubles de la vigilance
Se distingue de l’arriération mentale et de la
confusion mentale
La démence : une entité
nosographique multiple
On ne parle plus de démence mais de
syndromes démentiels
Plusieurs étiologies et mécanismes
physiopathologiques sont en cause
Grande variabilité des tableaux cliniques et
des profils évolutifs
La démence : une entité
nosographique multiple
2 grands types de démences :
Démences dégéneratives (60% des démences) :
maladie d’Alzheimer, maladie de Parkinson,
démence à corps de Lewy, démence frontotemporale…
Démences non dégénératives : démence vasculaire,
démence éthylique, démence du SIDA,
hydrocéphalie chronique de l’adulte, maladie de
Creutzfeldt-Jakob…
Une illustration de la perte d’autonomie
liée à la démence : la maladie d’Alzheimer
Les manifestations cognitives de la maladie
d’Alzheimer
Les troubles psycho-comportementaux de la
maladie d’Alzheimer
La prise en charge de la maladie d’Alzheimer
Conclusion
Les manifestations cognitives de la
maladie d’Alzheimer
Les troubles de mémoire
Les troubles du langage
Les troubles praxiques
Les troubles gnosiques
Les troubles des fonctions exécutives
Les troubles de mémoire
Mémoire épisodique
Mémoire de travail
Mémoire sémantique
Mémoire implicite
Les troubles de mémoire
Mémoire épisodique
Les troubles inaugurent la maladie d’Alzheimer
Mémoire la plus constamment affectée dans la maladie
d’Alzheimer
Perturbations de l’encodage, de la consolidation et du rappel
de l’information
Absence d’aide par l’indiçage
Difficultés à mémoriser des éléments nouveaux
Altération des souvenirs d’épisodes vécus
Présence d’un gradient temporel
Participation +++ à la DTS
Les troubles de mémoire
Mémoire de travail
Permet le maintien et la manipulation à court terme
d’une quantité limitée d’informations
Impliquée dans le contrôle volontaire de l’attention
Liens étroits avec les fonctions exécutives
Atteinte précoce et très importante
Participation +++ aux difficultés de la VQ
Les troubles de mémoire
Mémoire sémantique
Permet d’associer différents traits constitutifs à
un concept
Atteinte constante mais ne survient que dans un
2nd temps
Déficits aux épreuves de dénomination, d’évocation
lexicale, de complètement de phrases ou de
vocabulaire
Les troubles de mémoire
Mémoire implicite
Mémoire procédurale
Effets d’amorçage
Ce système mnésique reste longtemps
préservé
La prise en charge peut s’appuyer sur cette
mémoire
Les troubles du langage
Au début de la maladie
A un stade modéré
Manque du mot fréquent
Compensation par des périphrases
Paraphasies sémantiques peu fréquentes
Manque du mot plus fréquent
Paraphasies sémantiques plus fréquentes
Compréhension altérée
Expression écrite altérée
Au stade sévère
Désintégration complète du langage oral et écrit
Tableau proche de l’aphasie globale
Les troubles praxiques
Apraxie idéomotrice
Apraxie constructive
Précoce mais se manifeste peu dans le quotidien
Difficultés à effectuer des dessins en 2 ou 3 dimensions
Apraxie idéatoire
Dissociation automatico-volontaire
Peut passer relativement inaperçue
Plus tardive mais plus évidente que l’apraxie idéomotrice
Se manifeste dans les AVQ
Difficultés à utiliser des objets et appareils complexes puis plus simples
Stratégies d’évitement pouvant retarder la constatation des troubles
Apraxie de l’habillage
Fréquente dès le stade moyen d’évolution
Dépendance de plus en plus importante
Les troubles gnosiques
Agnosie visuelle
Difficultés à identifier un objet à partir de la modalité
visuelle
Symptôme particulier : la prosopagnosie
• Difficulté à identifier des visages
• Au stade précoce concerne les personnes peu connues
• Puis extension aux personnes familières (difficile pour
l’entourage)
Anosognosie
Perception erronée du sujet de son propre fonctionnement
cognitif
Lien complexe entre autonomie, qualité de vie et anosognosie
Les troubles des fonctions
exécutives et du jugement
Classiquement plus tardifs
Peuvent être précoces
Difficultés à entreprendre, planifier et terminer une
action déterminée
Retentissement socioprofessionnel +++
Troubles du jugement liés à la coexistence de
troubles mnésiques et dysexécutifs
Les troubles psycho-comportementaux
dans la maladie d’Alzheimer
Maladie d’Alzheimer = maladie de la cognition & maladie du comportement et de la relation à
l’autre
Troubles très fréquents mais très variés
Moment de survenue fonction de :
Stade d’évolution de la maladie
Personnalité antérieure
Environnement
Parfois méconnus et souvent sous-estimés
Moins bien tolérés que les troubles cognitifs
Motivent la plupart des placements en institution
Facteurs étiologiques nombreux : lésions cérébrales, modifications de l’environnement,
affections somatiques, facteurs iatrogéniques…
Les troubles psycho-comportementaux
dans la maladie d’Alzheimer
Dépression
Troubles anxieux
Troubles émotionnels
Agressivité
Agitation
Troubles psychotiques
Troubles des conduites élémentaires
Les troubles psycho-comportementaux
dans la maladie d’Alzheimer
Dépression
Très fréquemment observée
Symptômes dépressifs plutôt que dépression majeure
Peut être un signe précoce de la maladie
En début d’évolution dépression peut être confondue avec
apathie, désintérêt et irritabilité
La dépression aggrave la perte d’autonomie
Les troubles psycho-comportementaux
dans la maladie d’Alzheimer
Troubles anxieux
Fréquence de l’ordre de 50% des cas
Un des signes les plus précoces
Expression varie en fonction du stade d’évolution
• Au début : anxiété réactionnelle (prise de conscience des
troubles)
• Stade plus avancé : hypocondrie, déambulations, fugues,
conduites d’opposition…
• Angoisse d’abandon fréquente dans les stades évolués
Les troubles psycho-comportementaux
dans la maladie d’Alzheimer
Troubles émotionnels
Relativement spécifiques
Fréquence de l’ordre de 30% des cas
Concernent les formes modérées et sévères de la maladie
2 types de troubles
• Emoussement affectif
• Incontinence émotionnelle
• Peuvent être associés ou non
Les troubles psycho-comportementaux
dans la maladie d’Alzheimer
Agressivité
Comportement courant chez les personnes atteintes de la
maladie
Fréquence des manifestations augmente au cours de
l’évolution
Facteur déclencheur souvent repérable (ex : changement
d’environnement, maladie somatique, sur-stimulation…)
Altération cognitive globale environnement perçu comme
étranger et hostile réaction agressive
Les troubles psycho-comportementaux
dans la maladie d’Alzheimer
Agitation
Trouble du comportement le plus fréquent
Souvent associé à l’agressivité
Manifestations variables : comportements stéréotypés, piétinement,
déambulations…
En fin d’évolution, comportement répétitif de vocalisations
élémentaires
Fugue : 50 à 60% des cas, peut mettre en danger la vie du sujet
L’agitation a souvent un sens
Les troubles psycho-comportementaux
dans la maladie d’Alzheimer
Troubles psychotiques
Fréquence : 25 à 40%
Apparaissent tardivement
Survenue corrélée à un déclin cognitif plus rapide
3 troubles, parfois associés, peuvent être observés
• Idées délirantes (40% des cas environ)
• Troubles de l’identification (25 à 33% des cas)
• Hallucinations (10 à 50% des cas)
Les troubles psycho-comportementaux
dans la maladie d’Alzheimer
Troubles des conduites élémentaires
Troubles du comportement alimentaire
Troubles de la sexualité
Troubles du rythme veille-sommeil
Prise en charge de la maladie
d’Alzheimer
La maladie prise progressivement le patient de son
autonomie et de sa personnalité, de son identité
Une prise en charge adaptée peut permettre d’offrir
de meilleures conditions de vie au patient
Rôle des médecins dans la lutte contre facteurs
d’aggravation des troubles et dans information des
familles
Prise en charge de la maladie
d’Alzheimer
Maintien des fonctions cognitives et de
communication
Maintien de l’autonomie
En institution
Prise en charge de la maladie
d’Alzheimer
Maintien des fonctions cognitives et de
communication
Garder un maximum d’activités et de contacts sociaux
Accompagner mais sans faire à la place de
L’objectif n’est pas un apprentissage ni un entraînement
Amener le patient à faire ce qu’il est capable de faire
Eviter les situations d’échecs
Prise en charge de la maladie
d’Alzheimer
Maintien de l’autonomie
Problème du maintien à domicile pour les patients
vivant seuls
Rapprochement avec les enfants peut être envisagé
dans un nouveau logement
Capacités d’adaptation doivent être suffisantes
Prise en charge de la maladie
d’Alzheimer
Maintien de l’autonomie
« Routiniser » la vie quotidienne
Rendre certaines tâches automatiques
Aménagement du logement
Maintien d’une activité physique quotidienne
Conduire le patient à des horaires réguliers aux toilettes
Aide à la toilette avec une infirmière à domicile
Prise en charge de la maladie
d’Alzheimer
En institution
Ne pas infantiliser le patient
Stimuler, aider et guider dans les AVQ
Faire à la place de oubli rapide de comment faire ne sait
plus faire perte d’autonomie
Laisser le patient être acteur dans les AVQ : marche,
habillage, toilette, alimentation
Soutenir avec des conseils orientés, clairs et calmes
Conclusion
Perte d’autonomie psychique liée à la démence
La démence prive insidieusement l’individu de sa capacité propre
à agir librement, de manière indépendante
Adaptation de l’entourage et de l’environnement est possible et
nécessaire afin de maintenir le plus longtemps possible cette
capacité
Adaptation de l’entourage et de l’environnement est possible et
nécessaire afin de respecter le plus longtemps possible ce qui
est aussi un droit