Marc Lavoie et Peter Kriesler Taux d’utilisation, inflation et politique monétaire: Modèles marxistes

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Transcript Marc Lavoie et Peter Kriesler Taux d’utilisation, inflation et politique monétaire: Modèles marxistes

Taux d’utilisation, inflation
et politique monétaire:
Modèles marxistes
et le Nouveau Consensus
Marc Lavoie et Peter Kriesler
Objectif de la présentation



Montrer qu’il existe des isomorphismes entre le modèle
du Nouveau Consensus et le modèle macroéconomique
marxiste de Duménil et Lévy (DAL).
En fait, DAL pourraient atteindre plus facilement le
résultat qu’ils recherchent s’ils adoptaient deux fonctions
du Nouveau consensus.
L’isomorphisme est particulièrement évident quand on
considère la version préliminaire (1994) de l’article
publié en 1999 dans Manchester School, dans laquelle
on trouve une fonction de réaction de la banque centrale
qui agit directement sur les taux d’intérêt (et non sur une
cible monétaire).
Les conclusions du modèle de
Duménil et Lévy 1999






DAL affirment que nous pouvons être keynésiens dans la courte
période, mais que nous devons être classiques dans la longue
période.
L’équilibre classique = convergence vers des positions
complètement ajustées, au taux normal d’utilisation de la capacité
(exogène).
Dans la courte période, le principe de la demande effective des
Kaleckiens et des Keynésiens joue son rôle
Dans la longue période, ces effets de demande effective sont
inversés.
Une propension à épargner plus élevée, ou des marges de profit
(taux de profit normal) plus élevées, vont mener à des taux de
croissance plus rapides.
D’autres marxistes, comme Anwar Shaikh aux Etats-Unis,
parviennent aux mêmes résultats par des mécanismes différents.
DAL et les Nouveaux keynésiens




La démonstration de DAL a de nombreuses similarités avec le
modèle du Nouveau consensus (Romer 2000, Taylor 2000).
Les auteurs du Nouveau consensus montrent aussi que la politique
monétaire va permettre à l’économie de revenir vers son output
potentiel (au taux d’utilisation de la capacité). Ce retour ne se fait
pas automatiquement: il requiert une politique monétaire approprié.
Les théoriciens de la croissance endogène montrent aussi que des
propension à épargner plus élevées mènent à des taux de
croissance plus rapides.
Le modèle DAL combine des éléments du Nouveau consensus et
de la ‘Nouvelle’ théorie de la croissance endogène
Le modèle DAL (1994) simplifié
Une fonction d’investissement (kaleckienne)
 gi = g0  ß2 r + ß3 u
Une fonction d’épargne keynésienne
 gs = scR
 La combinaison de ces deux équations donne:
 u = u0  ß4 r
 Une courbe de Phillips (non verticale cependant)
 π = ß5(u – un)
 Une fonction de réaction de la banque centrale
 dr/dt = β1 π

Tout ceci ressemble à une version
(stable) du Nouveau consensus







La fonction IS:
u = u0 ! $r
La courbe de Phillips verticale
dπ /dt = ((u ! un)
La fonction de réaction de la banque centrale:
dr/dt = "1(π ! πT) + "2(u ! un) =
dr/dt = "1(π ! πT) + ("2/()(dπ /dt )
Différences entre DAL
et le Nouveau consensus
Chez DAL, la courbe de Phillips n’est pas
verticale;
 Chez DAL, la cible d’inflation est zéro et
non un taux positif quelconque.

Le modèle DAL converge vers un taux
normal d’utilisation de la capacité

Dans le long terme, après un court terme
kaleckien ou keynésien, le modèle DAL
converge vers un taux d’utilisation normal
de la capacité, avec un taux d’inflation
zéro.
gs
g
gi
g1*
g0
g2*
Le modèle DAL
Marge de profit
plus faible
gs =sp.R
gi = g0 - $2.r + $3.u
 = $5.(u-un)
dr/dt = + $1.
u
PC
R
ED
R1 *
R0=Rs0
R2= Rs2
R =m.u/v
p = (1+)(w/T)
w/p = T/(1+)
m= / (1+)
us
u1*
u
gs
g
gi
g1*
g0
g2*
Le modèle DAL
Taux d’épargne
plus faible
gs =sp.R
gi = g0 - $2.r + $3.u
 = $5.(u-un)
dr/dt = + $1.
PC
R
u
ED
R1 *
R0=Rs0
=R2= Rs2
us
u1*
u
L’impact d’une réduction de la propension à épargner dans le modèle DAL,
avec une courbe de Phillips non-verticale
La pente est g1*
Log K
Log qfc
Sentier emprunté
La pente est g2*
En t1 la croissance est
retombée au taux de départ;
En t2, la croissance est à
son nouveau taux stationnaire
Time
t0
t1
t2
Le retour vers la position pleinement ajustée
(l’équilibre classique) est loin d’être assuré



1. S’il existe autre chose qu’une inflation menée par la demande
(une inflation de coût), alors l’économie ne reviendra pas
nécessairement au taux d’utilisation de la capacité.
2. “Economic policies may direct the system toward targets other
than the stability of the general price level …. It would be easy to
show in the model that, if such targets are defined, long-term
equilibrium will be shifted to another position deviating from the
normal utilization of capacity”. (DAL, 1999) Autrement dit, si la cible
d’inflation est différente de zéro pourcent, alors l’économie ne
converge pas vers l’équilibre classique.
Tout ceci parce que le modèle DAL ne contient pas de courbe de
Phillips verticale.
Ainsi, de deux choses l’une:


Ou bien le modèle DAL conserve toutes ses équations,
mais alors, avec inflation par les coûts et cible d’inflation
différente de zéro, le modèle se ramène à la critique PK
faible de la courbe de Phillips, et le modèle ne conduit
pas au résultat recherché (équilibre classique en long
terme;
Ou bien le modèle DAL doit être légèrement amendé
(notamment au niveau de la courbe de Phillips), pour en
arriver nécessairement au résultat recherché, mais alors
il se rapproche du modèle du Nouveau consensus.
Les résultats du Nouveau
consensus





Avec les équations présentées ci-dessus du Nouveau consensus
(avec contrôle dérivé), en longue période, l’économie converge vers:
π = πT
u = un
L’économie tend vers une position pleinement ajustée, au taux
d’inflation ciblé par la banque centrale.
Le modèle DAL, avec la fonction de réaction plus générale du
Nouveau consensus et avec la courbe de Phillips verticale donnerait
exactement le résultat recherché par DAL – l’économie converge
vers l’équilibre classique – mais cette fois-ci quel que soit le taux
d’inflation ciblé par la banque centrale.
L’impact d’un réduction de la propension à épargner dans le modèle DAL,
mais avec une courbe de Phillips verticale (et une fonction de réaction avec
contrôle dérivé pour permettre la convergence)
Log K
Log qfc
La pente est g1*
Sentier emprunté
La pente est g2*
En t1 la croissance est
retombée à son taux de départ;
En t2, la croissance chute temporairement
en dessous de son futur taux stationnaire
Temps
t0
t1 t2
L’isomorphisme entre DAL et le nouveau
consensus: la neutralité de la monnaie à
long terme
 «Long-term equilibrium can be defined
independently of money, but monetary
mechanisms are responsible for the
convergence of short-term equilibria to
long-term equilibrium: they are crucial visà-vis the stability in dimension of long-term
equilibrium.» (Duménil et Lévy 1999, p.
710)
Autre isomorphisme: DAL et la
théorie des fonds prêtables

Chez DAL, des propensions à épargner
plus faibles engendrent éventuellement
l’inflation, par les effets de demande
conventionnels; et ainsi, par l’intermédiaire
de la fonction de réaction de la banque
centrale, cette inflation incitera la banque
centrale à fixer des taux d’intérêt réels
plus élevés, qui ralentiront la croissance et
l’accumulation.
Double isomorphisme

On a donc une situation où une propension à épargner
plus faible conduit à long terme:


 rn

à des taux d’intérêt réels plus élevés, comme dans la théorie
des fonds prêtables
Et à des taux d’accumulation plus faibles, comme dans les
‘nouvelles’ théories de la croissance endogène des Nouveaux
Keynésiens.
= (g0 + ß3un  scmun/v)/ ß2
C’est la valeur prise par le taux d’intérêt réel dans la
position pleinement ajustée (l’équilibre classique). C’est
ce que les Wickselliens appelleraient le taux d’intérêt
naturel.
Conclusions


Il existe des similarités évidentes entre les
résultats du modèle DAL et ceux des Nouveaux
keynésiens (Nouveau consensus + Nouvelle
croissance), bien que les motivations et les
fondements microéconomiques soient bien
différents. Avec le modèle DAL, on ne voit pas
bien quelle est l’alternative à la pensée unique.
La théorie postkeynésienne semble proposer
une véritable alternative:
 L’adoption
d’un segment de courbe de Phillips
horizontal;
 L’adoption d’un taux de croissance naturel endogène;
 L’adoption d’un taux d’utilisation normal endogène.