L`écologie, est-ce réellement un enjeu pour l`Église

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L’ÉCOLOGIE,
est-ce réellement un enjeu
pour l’Église d’aujourd’hui ?


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La suite du fil rouge
• Au terme d’un remarquable tour d’horizon
de la question environnementale
• Invitation à partager
- ce que l’enseignement officiel de Rome
a pu en dire
- ce que les évêques canadiens et
québécois en ont dit
- quelques convictions personnelles


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Introduction
De quoi parle-t-on ?
• Il y a une science écologique
- Oikia logos (oikia nomos): la science de l’habitat
(l’environnement est l’habitat)
- La science dit le «comment» des choses
Elle le fait en mesurant. Hypothèses. Théories.
Pas de certitude absolue (la science avance en
effaçant une part de ce qu’elle a déjà affirmé)
- En elle-même, elle ne peut prouver l’existence de
Dieu, encore moins son inexistence. («L’
intelligent design»)
- Alors que peut en dire le magistère de l’Église ?
- Un exemple: participation à la commission
Coulombe


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Introduction (2)

• Il y a une éthique écologique
- La science en elle-même est bonne. Tout
dépend des applications qu’on en fait
- L’objectif de l’éthique: rendre la vie bonne, plus
humaine, individuellement et collectivement,
aujourd’hui et demain, ici et ailleurs. Des valeurs
en cause
- Quelles sont les applications de l’écologie qui
affectent la qualité de la vie ? Peu.
- Ce sont davantage les développements
techniques pour l’utilisation des ressources de la
terre, de la mer, de la forêt, pour le transport…
- Parler plutôt d’une éthique de l’environnement ?
- Quand l’Église parle d’éthique de
l’environnement…


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Introduction (3)
• Il y a une spiritualité écologique
- Spiritualité : spiritus, ruah. Une direction et une
énergie. Le sens donne l’énergie
- Chacun-e peut trouver sens à sa manière dans
l’environnement, croyant ou incroyant: beauté,
variété, caractère unique de chaque vivant,
appartenance, patrimoine
- Les croyants: en plus, accueil d’un don de Dieu,
d’une intendance à assumer, d’une image de
Dieu à refléter…
- L’Église parle de spiritualité écologique


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Introduction (4)
• Il y a un style de vie écologique
- marqué par l’éthique et la spiritualité, parfois
aussi par la science écologique (compréhension
du fonctionnement des êtres vivants et des
écosystèmes)
- La «bombe C», plus difficile à désamorcer que la
bombe D (démographie), la bombe P (pollution),
la bombe I (inéquités)
- Un style de vie peut finir par déterminer une
culture (Ex: culture anti-tabac, anti-torture,antinucléaire…)
- L’Église parle de styles de vie écologiques


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1. Le Concile
• Étonnant: le concile Vatican II (Gaudium et spes)
n’a pas traité cette question pour elle-même. Pas
d’urgence ?
• Il a dégagé des principes qui la situent dans une
perspective globale: vision de l’être humain
dans la création, sa mission de gérance, l’image
de Dieu qu’il reflète dans cette gérance, la
responsabilité internationale des chrétiens,la
destination universelle des biens, le traitement
des inégalités, le regard de contemplation et
d’action de grâces, etc


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2. Paul VI
• Paul VI : le 1er à parler explicitement
d’environnement dans des messages (à la
FAO en 1970, Conférence de Stockholm
en 1972, Journée mondiale sur
l’environnement en 1977…)
• Il parle de «crise de l’environnement», relie
environnement et développement
(développement durable), insiste sur la
nécessité de changer nos comportements
de gaspillage, voit le travail humain
comme un complément de la création


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3. Jean-Paul II (1)
• 1979-1983 : 28 textes où il parle
d’environnement
• 1984-1988: 39 textes
• 1989-1992: 65 textes
• 1993: 73 mentions dans 18 documents
• Dans Sollicitudo Rei Socialis (1987), il aborde la
question sous l’angle du développement, du
clivage Nord-Sud, du chômage, de la dette, des
réfugiés, du problème démographique…


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Jean-Paul II (2)
• Son document le plus important : message pour
la Journée mondiale de la Paix (1990)
• Quelques affirmations:
- «Certains éléments de la crise écologique
actuelle font apparaître à l’évidence son
caractère moral» (contraire au bien de la création
et celui de l’être humain)
• «La théologie, la philosophie et la science
s’accordent dans une conception de l’univers en
harmonie, i.e. d’un vrai cosmos pourvu d’une
intégrité propre et d’un équilibre interne
dynamique. Cet ordre doit être respecté.»


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Jean-Paul II (3)
• «La terre est essentiellement un héritage
commun dont les fruits doivent profiter à tous…Il
n’est pas juste qu’un petit nombre de privilégiés
continuent à accumuler des biens superflus en
dilapidant les ressources disponibles, alors que
des multitudes de personnes vivent dans des
conditions de misère, au niveau le plus bas de
survie. C’est maintenant l’ampleur dramatique du
désordre écologique qui nous enseigne à quel
point la cupidité et l’égoïsme, individuels et
collectifs, sont contraires à l’ordre de la création,
dans lequel est inscrite également
l’interdépendance mutuelle.» (JMP,1990)


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Jean-Paul II (4)
• «Les concepts d’ordre de l’univers et
d’héritage commun mettent l’un et l’autre
en relief la nécessité d’un système de
gestion des ressources de la terre mieux
coordonné sur le plan international»
• «La crise écologique met en évidence la
nécessité morale d’une solidarité nouvelle,
particulièrement dans les rapports entre
les pays en voie de développement et les
pays à forte industrialisation.» (JMP, 1990)


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Jean-Paul II (5)
• «Il convient d’ajouter encore que l’on ne
parviendra pas à un juste équilibre
écologique si l’on ne s’attaque pas
directement aux formes structurelles de la
pauvreté existant dans le monde…Il
convient d’aider les pauvres, à qui la terre
est confiée comme à tous les autres, à
surmonter leur pauvreté; et cela requiert
une réforme courageuse des structures et
de nouveaux modèles de rapports entre les
États et les peuples» (JMP, 1990)


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Jean-Paul II (6)
• «La société actuelle ne trouvera pas de
solution au problème écologique si elle ne
révise sérieusement son style de vie…La
gravité de la situation écologique révèle la
profondeur de la crise morale de
l’homme…L’austérité, la tempérance, la
discipline et l’esprit de sacrifice doivent
marquer la vie de chaque jour, afin que
tous ne soient pas contraints de subir les
conséquences négatives de l’incurie d’un
petit nombre.» (JMP, 1990)


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Jean-Paul II (7)
• « Le problème écologique a pris aujourd’hui de
telles dimensions qu’il engage la responsabilité
de tous.»
• «L’éducation à la responsabilité écologique est
donc nécessaire et urgente: responsabilité
envers soi-même, responsabilité envers les
autres, responsabilité envers l’environnement…
• «La véritable éducation à la responsabilité
suppose une conversion authentique dans la
façon de penser et dans le comportement.»
(JMP, 1990)


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Jean-Paul II (8)
• « Les chrétiens, notamment, savent que leurs
devoirs à l’intérieur de la création et leurs
devoirs à l’égard de la nature et du Créateur
font partie intégrante de leur foi. C’est pourquoi
ils sont conscients du vaste domaine de
collaboration œcuménique et interreligieuse
qui s’ouvre devant eux»
• «En concluant ce message, je voudrais
m’adresser directement à mes Frères et
Sœurs de l’Église catholique pour leur rappeler
l’obligation grave de prendre soin de toute la
création.» (JMP. 1990)


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Jean-Paul II (9)
• En 1991, J.-P.II publie Centesimus annus,
100ème anniversaire de Rerum novarum:
réaffirmation du contenu de JMP de 1990
Il lie écologie environnementale et écologie
humaine
• En 2004, J.-P.II rappelle que le principe de la
destination universelle des biens s’applique
naturellement aussi à l’eau. L’eau, de par sa
nature même, ne peut pas être considérée
comme une marchandise parmi tant d’autres et
son usage doit être rationnel et solidaire


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Jean-Paul II (10)
• La pensée environnementale de J.-P.II
(Przewosny) (9 affirmations) :
- Tous les êtres sont interdépendants; le
problème écologique est donc global
- Les ressources naturelles sont limitées,
certaines sont non-renouvelables
- Les biens naturels appartiennent à tout le
genre humain, pas seulement aux riches
- L’être humain sera libéré par un
authentique développement humain, pas
seulement économique


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Jean-Paul II (11)
- L’expansion démographique n’est pas la seule
cause de la dégradation de l’environnement, du
sous-développement et de la faim; il existe aussi
des causes économiques
- La crise écologique est un problème moral urgent
qui requiert une nouvelle solidarité entre tous les
humains
- Il faut changer les modes de vie abusifs
- La nature possède une valeur en soi et une
légitime autonomie
- Elle est un reflet de la beauté et de la grandeur de
Dieu.


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4. Benoît XVI (1)
• Il aborde fréquemment le thème et affirme
qu’il a été sous-évalué par les catholiques
• « À côté de l’écologie de la nature, il y a
donc une écologie que nous pourrions dire
«humaine», laquelle à son tour, requiert
une «écologie sociale» (01-01-07)
• « Le rédempteur est le créateur et si nous
n’annonçons pas Dieu dans sa grandeur
totale – de Créateur et de Rédempteur -,
nous enlevons de la valeur aussi à la
Rédemption» (06-08-08)


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Benoît XVI (2)
• L’encyclique Caritas in veritate (juin 2009)
consacre 5 numéros à l’environnement
• «La nature est l’expression d’un dessein
d’amour et de vérité. Elle nous précède et
Dieu nous l’a donnée comme milieu de vie.
Elle nous parle du Créateur (Rm 1,20) et
de son amour pour l’humanité. Elle est
destinée à être «récapitulée» dans le Christ
à la fin des temps (Ep 1,9-10; Col 1,19-20).
Elle a donc elle aussi une «vocation» (no
48)


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Benoît XVI (3)
• «Le milieu naturel n’est pas seulement un
matériau dont nous pouvons disposer à notre
guise, mais c’est l’œuvre admirable du Créateur,
portant en soi une «grammaire» qui indique une
finalité et des critères pour qu’il soit utilisé avec
sagesse et non pas exploité de manière
arbitraire» (no 48)
• « À notre époque en particulier, la nature est
tellement intégrée dans les dynamiques sociales
et culturelles qu’elle ne constitue presque plus
une donnée indépendante» (no 51)


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Benoît XVI (4)
• « Exiger des nouvelles générations le respect du
milieu naturel devient une contradiction, quand
l’éducation et les lois ne les aident pas à se
respecter elles-mêmes. Le livre de la nature est
unique et indivisible, qu’il s’agisse de
l’environnement comme de la vie, de la
sexualité, du mariage, de la famille, des
relations sociales, en un mot du développement
humain intégral. Les devoirs que nous avons
vis-à-vis de l’environnement sont liés aux
devoirs que nous avons envers la personne
considérée en elle-même et dans sa relation
avec les autres. On ne peut exiger les uns et
piétiner les autres.» (no 51)


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Benoît XVI (5)
• En vue de la conférence de Copenhague sur
les changements climatiques (déc.09), Benoît
XVI centre son message du 1er de l’an 2010 sur
l’environnement : « Si tu veux construire la
paix, protège la création.»
• S’y dégagent 7 conditions «pour qu’un chemin
commun soit possible pour l’humanité»:
- Une vision non réductrice de la nature et de
l’homme «Si le Magistère de l'Église exprime sa
perplexité face à une conception de
l'environnement qui s'inspire de l'éco-centrisme
et du bio-centrisme, il le fait parce que cette
conception élimine la différence ontologique et
axiologique qui existe entre la personne
humaine et les autres êtres vivants.»


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Benoît XVI (6)
- Un profond renouveau culturel «L'humanité a besoin d'un
profond renouvellement culturel; elle a besoin de
redécouvrir les valeurs qui constituent le fondement
solide sur lequel bâtir un avenir meilleur pour tous.»
- La responsabilité de tous vis-à-vis la création. «La
dégradation environnementale met en cause les
comportements de chacun de nous, les styles de vie et
les modèles de consommation et de production
actuellement dominants, souvent indéfendables du point
de vue social, environnemental et même économique»
- Une révision profonde des modèles de développement.
«Il est donc sage d'opérer une révision profonde et
perspicace du modèle de développement, et de réfléchir
également sur le sens de l'économie et de ses objectifs,
pour en corriger les dysfonctionnements et les
déséquilibres.»


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Benoît XVI (7)
- Un agir en cohérence avec la destination
universelle des biens «Dieu a destiné la terre et
tout ce qu'elle contient à l'usage de tous les
hommes et de tous les peuples».
- La nécessité d’une solidarité inter et
intragénérationnelle « La crise écologique montre
l’urgence d’une solidarité qui se déploie dans
l’espace et dans le temps»
- Une utilisation équilibrée des ressources
énergétiques. «Quand on utilise des ressources
naturelles, il faut se préoccuper de leur
sauvegarde, en en prévoyant aussi les coûts - en
termes environnementaux et sociaux -, qui sont à
évaluer comme un aspect essentiel des coûts
mêmes de l'activité économique.»


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5. La Conférence des évêques
catholiques du Canada (1)
• La Commission des Affaires Sociales de la
C.E.C.C. a publié 3 messages sur
l’environnement : en 1995, 2003, 2008
• 1er message : « Crise de l’environnement et
représentations de la place de l’être humain
dans le cosmos». Rédigé par André Beauchamp
• Il vise à aider les agents de pastorale à mieux
comprendre les discours environnementaux et à
mieux cibler leur action pastorale. À cette fin, il
présente diverses conceptions de la place de
l’être humain dans le cosmos.


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La C.E.C.C. (2)
• 1. Anthropocentrisme dur
- « Par la raison, nous pouvons nous rendre
comme maîtres et possesseurs de la nature»
(Descartes)
- Il fait de l’être humain la seule mesure du
monde, qui peut être considéré comme une
mécanique à son service
- Une formulation ecclésiale un peu triomphante:
«Tout sur terre doit être orienté à l’homme
comme à son centre et à son sommet» (Vat. II)


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La C.E.C.C. (3)
• 2. Anthropocentrisme modéré: intendance du
monde
- L’être humain est en relation dynamique avec la
nature, mais il occupe une place dominante et il
peut l’aménager et la transformer
- Il en est l’intendant ou le gérant: « Le Seigneur
Dieu prit l’homme et l’établit dans le jardin
d’Éden pour cultiver le sol et le garder» (Gn
2,15) en modelant son action sur celle de Dieu
- Le concept de développement durable s’inscrit
dans cette vision


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La C.E.C.C. (4)
• 3. Anthropocentrisme modéré: l’appartenance
créationnelle
- Il part de la vie et met en valeur la communauté
de destin qui rassemble l’être humain et la
nature
- Car toutes les créatures ont reçu une
«bénédiction originelle» (Moltmann)
- Il propose une «nouvelle alliance avec la terre»
- Les expressions de François d’Assise: «frère
soleil, sœur lune» rappellent cette appartenance
commune


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La C.E.C.C. (5)
• 4. Les nouveaux mythes explicatifs: Gaïa et le
Big Bang
- Gaïa: la terre vue comme un système qui
s’autocontrôle
- Ils présentent des discours sur les origines
(mythes), ancrés dans la science et porteurs
d’une vision globale
- Ils relativisent la place de l’être humain dans
l’univers et tendent à substituer une sagesse
moderne, scientifique et démocratique, aux
«sagesses» cléricales traditionnelles


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La C.E.C.C. (6)
• 5. Approches non antropocentriques: le
zoocentrisme et le biocentrisme
- Le mouvement le plus marqué proclame les
droits des animaux. Une déclaration
internationale vise à mieux contrôler
l’expérimentation et l’élevage. Il peut conduire à
refuser de manger toute viande. Ex.: la chasse
aux phoques.
- Le biocentrisme s’appuie sur la valeur
intrinsèque de toute vie. En un sens,toutes les
vies se vaudraient et l’être humain serait un
prédateur inopportun.


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La C.E.C.C. (7)
• 2ème message (2003): « Tu épargnes tout parce que tout
est à toi, Maître et ami de la vie.» Sur le thème de
l’impératif écologique chrétien.
• Introduction : affirmation de la beauté et de la grandeur
de la nature qui «est une révélation continue du divin»
Aussi «la crise écologique apparaît comme une crise
profondément religieuse. En détruisant la création, nous
limitons notre capacité de connaître et d’aimer Dieu»
• 1ère partie: une réponse religieuse
«Tout au cours de l’histoire, les croyances religieuses de
chaque peuple ont conditionné sa relation à
l’environnement…Les chrétiens puisent aux sources
bibliques et théologiques pour éclairer les enjeux de
l’«éco-justice»


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La C.E.C.C. (8)
• 2ème partie: la question de l’eau (année de l’eau
douce)
- « Les ressources du monde en eau douce sont
limitées et sont en train de devenir une espèce
marchande et non pas un bien public»
- «Un des objectifs de développement du
millénaire – que le Canada s’est engagé à
réaliser pour 2015 – consiste à réduire de moitié
le nombre de personnes qui n’ont pas accès à
l’eau potable»(Johannesbourg,2002)
- «Dans notre pays, les Canadiens doivent
insister pour que le gouvernement intervienne
pour interdire les exportations d’eau en vrac»


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La C.E.C.C. (9)
• 3ème partie: embrasser des formes d’éco-justice.
Trois formes de réponse:
- La réponse contemplative: «renforcer notre
capacité d’apprécier les merveilles de la nature
dans un acte de foi et d’amour»
- La réponse ascétique: «ajuster avec confiance
nos styles de vie…pour respecter les limites
imposées par l’écologie et nous rendre
solidaires des populations vulnérables…»
- La réponse prophétique: « le cri de la terre et le
cri des pauvres ne font qu’un. L’harmonie
écologique ne peut exister dans un monde de
structures sociales injustes»(écojustice)


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La C.E.C.C. (10)
• 3ème message (2008): notre rapport à
l’environnement: le besoin d’une conversion
(année de la terre)
- 1ère partie: la vision biblique de la création et de
l’être humain: «L’idée de développement durable
est prescrite aux toutes premières pages de la
Genèse»
- «L’être humain a des comptes à rendre, non
seulement de la gestion du domaine qui lui est
confié, mais aussi de l’image de Dieu qu’il
reflète tout au cours de cette gestion»


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La C.E.C.C. (11)
• 2ème partie: les ruptures d’harmonie
- Avec la nature: «Les problèmes écologiques
actuels sont autant de témoins à charge
attestant que nous n’avons pas respecté les lois
de la vie…Le verdict est simple, nous n’avons
pas été de bons gérants du «domaine» qui nous
a été confié»
- Avec nos semblables: «Nous avons laissé la
planète se séparer en morceaux, en Tiersmonde et en Quart-monde, comme si elle
tournait à plusieurs vitesses»
«Comment pourrions-nous être fiers de leur
(enfants) léguer l’héritage d’un environnement à
ce point abîmé?»


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La C.E.C.C. (12)
• 3ème partie: le rétablissement des liens
- «Jean-Paul II nous l’a répété, la crise n’est pas
seulement écologique, elle est morale et
spirituelle. Or une crise morale s’affronte par
une conversion, i.e. un changement du regard,
des attitudes et des comportements»
Des pas sont faits : «une sensibilité écologique
se développe qui est en voie de devenir un fait
de culture»
- Rétablir les liens avec la nature: «une austérité
joyeuse ou une simplicité volontaire nous
aideront à nous recentrer sur l’être au lieu de
l’avoir. Nous en récolterons un supplément
d’humanité»


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La C.E.C.C. (13)
- Rétablir les liens avec nos frères et sœurs:
« La question, maintenant cruciale, de
l’environnement nous lie les uns aux autres
comme jamais auparavant. L’égoïsme n’est plus
seulement immoral, il devient suicidaire»
- Rétablir nos liens avec Dieu
«Nous avons mal géré le jardin d’Éden qui nous
a été confié. Il a perdu une part de son intégrité
et de sa beauté…Par le fait même, nous avons
terni l’image de Dieu en nous…l’image d’un
Dieu ami de la vie, soucieux de la vérité et de la
beauté de la vie, rempli d’amour et de
compassion pour tous.»


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La C.E.C.C. (14)
• La Conférence a aussi participé à diverses actions. Ex :
- Elle est intervenue en 3 occasions en faveur du
protocole de Kyoto (1997)
- Elle est membre d’une coalition œcuménique (KAIROS),
dont un comité sur l’écologie
À ce titre, elle s’est impliquée dans la Conférence des
Nations Unies sur les changements climatiques
(Montréal, déc. 2008). Une déclaration spirituelle a été
rendue publique:
« Nous entendons le cri de la Terre…Les peuples de la
Terre et les autres espèces ont le droit de vivre sans être
menacés par la convoitise et les gestes destructeurs des
humains… Nous croyons que le soutien de la vie sur la
Terre est un impératif spirituel»


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6. L’Assemblée des évêques catholiques du
Québec (1)
• Participe aux travaux de la C.E.C.C.
• En 1981, a publié: « Les chrétiens et
l’environnement»
- 1er temps: «personne ne peut être indifférent à la
menace qui pèse sur l’équilibre de
l’environnement naturel»
- 2ème temps: «faire saisir le sérieux de cette
menace»
- 3ème temps: «comment la foi invite les chrétiens
à assumer leurs responsabilités par rapport à
l’univers matériel»
- 4ème temps»: «des actions concrètes mais
nécessaires»


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L’A.E.C.Q. (2)
• 10 ans plus tard, nouvelle publication, avec
addition de 9 paragraphes faisant état «de
l’aggravation de la crise, de sa dimension
internationale, de l’importance de la participation
du public, de l’engagement des chrétiens, de la
nécessité de fournir une éducation
environnementale»
• En 2001, Le comité des Affaires sociales de
L’A.É.C.Q publie son message du 1er mai: « Cri
de la terre et cri des pauvres» Se référant au
rapport Brundtland, il montre le lien entre la crise
écologique et la crise sociale. Il donne alors les
exemples québécois de la crise de la forêt, de la
crise de l’agriculture et de la crise de l’eau.


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7. Commentaires (1)
1. Comment caractériser l’intérêt de l’Église
hiérarchique à l’égard de la crise
environnementale ? Rép.: un «intérêt mitigé»
(Beauchamp)

ROME
- Le Concile n’a pas abordé la question, même
si les 1ères alertes étaient données. (Pas
davantage la question des femmes)
- Pas d’encyclique, pas de synode, pas
d’exhortation apostolique. Seulement des
messages (Janvier 1990…)
- Mais présence dans les forums internationaux
(Le Vatican y participe comme État)


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Commentaires (2)
C.E.C.C. et A.E.C.Q.
- Messages signés par les comités d’affaires
sociales, non par toute l’assemblée
- À la C.E.C.C, 1er débat sur le sujet en
assemblée générale: octobre 2008
- L’Office national de liturgie a fait peu de
propositions pour intégrer cette dimension à la
liturgie.
- À l’A.E.C.Q., pas de journée de formation
spécifique (durant l’assemblée). Échanges à
l’occasion de messages du Comité des affaires
sociales.


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Commentaires (3)
- Des évêques ont pris parole: ceux du nord-ouest
québécois sur la forêt, Mgr Drainville sur
l’agriculture, Mgr Bouchard sur les sables
bitumineux. Personnellement (l’U.P.A, Pêcheurs
Unis, Ralliement gaspésien et madelinot,
Commission Coulombe…)
- Règle générale: plus de succès si la parole est
prise près de la base, à partir de situations
locales (Ex. perceptions personnelles)


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Commentaires (4)
2. Comment expliquer cet intérêt «mitigé» ?
• Au début, la question environnementale est
perçue comme une «question posée par les
riches» (les problèmes de pauvreté et de misère
seraient plus urgents)
• D’autres: une «question posée par la gauche».
Contestation de la situation actuelle et des
gouvernements
• Plus profondément: une «question difficile»
- Elle est fondée sur l’écologie, science jeune et
en réajustement constant (comme toute science,
elle avance en effaçant une part de ce qu’elle a
affirmé)


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Commentaires (5)
Exemples : au début, surtout la pollution, la
disparition des espèces, puis les pluies acides,
la couche d’ozone, la disparition des habitats, la
perte de biodiversité, le réchauffement
climatique…Autant de questions qui nécessitent
un bagage scientifique minimal pour être
comprises. « La science est dangereuse car elle
ignore sa propre ignorance.»
- Les réponses ne font pas unanimité. Ex.: les
changements climatiques seraient-ils
«naturels»?, le gaz carbonique est-il
responsable du réchauffement ? La mesure de
«l’empreinte écologique» est-elle fiable ?...
- Prêtres et agents de pastorale se sentent peu
qualifiés


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Commentaires (6)
• D’autres: «une question secondaire par rapport
à la mission», centrée surtout sur la Parole de
Dieu, la liturgie et l’exercice de la charité ? (une
formation reçue…)
- Ex.: Mgr Charbonneau et la grève de l’amiante,
le message «De la parole aux actes» (Trudeau
suggère que le clergé s’en tienne aux affaires
d’Église…)
Ex. des évêques français sur la question des
roms. Objections: n’a-t-on pas la séparation de
l’Église et de l’État ? Un état laïque ? (L’Église a
le droit de parole comme tout groupe
organisé…Elle exprime ses convictions partout
où l’humain est concerné, surtout les pauvres…)


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Commentaires (7)
- Crainte d’un langage inapproprié ou
démesuré. Ex.: Crise «spirituelle» ? crise
«morale» ? une «conversion»? (Bartholomée
1er, Jean-Paul II)
• Difficulté d’innover (changement de regard et
d’habitudes). En liturgie, crainte d’une
créativité qui manque de fidélité aux règles
liturgiques, crainte de «déranger» des fidèles
plus traditionnels…
Ex. : une célébration dominicale en plein air et
peu de liens avec l’environnement, la
«conversion» nécessaire…


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Commentaires (8)
3. La réception des communautés chrétiennes
• En matière sociale, les messages du pape et
des évêques ont toujours eu peine à se trouver
un «terrain d’atterrisage» (des satellites qui
demeurent en orbitre !)
- Un atterrissage suppose une formation qui a
avantage à se faire surtout dans l’action (Ex. de
l’Action catholique). L’action a une dimension
politique…et fait peur
- L’engagement ne semble pas être le fait de la
majorité, même si les messages de la hiérarchie
parlent de : obligation grave, de crise morale, de
crise spirituelle, de conversion…


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Commentaires (9)
• Il existe des réalisations.
- Dans l’ordre de la formation et ressourcement
Ex. la Journée des «Églises verte» à Montréal en février
2010
Ex. cette fin de semaine
- Dans l’ordre de l’action: plusieurs paroisses, pour
raisons financières, sont acculées à une simplicité plus
ou moins volontaire. Ex.: diminution du coût du
chauffage, de l’éclairage, géothermie (Exemples)
économie de papier…
• «Manifestement, cette conversion n’a pas eu lieu, ni
dans l’Église hiérarchique, ni dans le peuple chrétien.
Malgré de bons textes prophétiques, l’ajustement reste
marginal.» (A. Beauchamp,Environnement et Église)


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Commentaires (10)
• Mais «une conscience mondiale s’est éveillée et
mobilisée. Ce fait en lui-même est un
évènement spirituel colossal. Pour un croyant,
une croyante, c’est un signe des temps.» (A.
Beauchamp, ibid.)
Individuellement, plusieurs chrétiens ont modifié
certains de leurs comportements
• Il faut croire et mettre en oeuvre: «Penser
globalement, agir localement»
Ex.: économiser sa tonne de gaz à effet de
serre ? (vitesse, transport en commun, vélo…)
Une Prius rechargeable à 1,8 litre au km…


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8. Pour la suite des choses (1)
1. Vous avez dit : une conversion ?

D’un point de vue humain
- pas l’affaire des autres mais la sienne. Le salut ne
viendrait que d’ailleurs (gouvernements, organismes
internationaux, techniques…) ?
- nous ne sommes pas «maîtres et possesseurs de la
nature» (Descartes)
- la terre = pas seulement des ressources pour des
profits; elle possède une valeur intrinsèque (la vision
orientale est plus respectueuse)
- pas seulement une affaire de règlements pour des
compagnies polluantes ou une population indifférente


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Pour la suite des choses (2)
- la technique ne réglera pas tout. Un rôle
important (v.g. Obama et l’industrie automobile)
mais souvent des effets pervers (Ex. les
nouveaux rebuts de l’électronique…)
Lien entre l’instrumentalisation du corps et
l’instrumentalisation de la nature («la raison
instrumentale»)
- éviter d’agir comme si les ressources de la
nature étaient infinies ou indéfinies: «L’avenir
d’un monde fini commence» (Jacquart)
Tentative de mesurer la pression exercée sur la
terre par l’empreinte écologique (le nombre
d’hectares requis pour la consommation d’une
personne. Au Québec, ce nombre est 3 fois
supérieur à la capacité de la planète)


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Pour la suite des choses (3)
- le mode de vie du monde industrialisé ne peut
se maintenir et s’exporter.
Ex. Bush père à Rio (1992) : «le mode de vie
des Américains n’est pas négociable». La
réalité: il n’est pas viable.
André Beauchamp identifie 4 bombes: D
(démographie), P (pollution), I (inégalités) et C
(consommation). Il dit: « la bombe C est
probablement la plus pernicieuse et la plus
lourde…la lutte contre la consommation (C) et la
lutte contre l’inéquité (I) sont toujours liées entre
elles»


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Pour la suite des choses (4)
• D’un point de vue chrétien
- Un fait troublant : les sociétés de tradition
chrétienne sont aussi les plus riches, les plus
grandes consommatrices. Également créatrices
d’inégalités (Lien entre inégalités et terrorisme
?) À cause d’une vision d’un monde
«désenchanté» ?
- Or l’esprit évangélique invite à la simplicité de
vie : «Que sert à l’homme de gagner l’univers s’il
vient à perdre son âme ?»
- Il invite aussi au partage: «Ce que vous faites
au plus petit d’entre les miens, c’est à moi que
vous le faites»


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Pour la suite des choses (5)
- La simplicité volontaire peut être une
protestation contre la société de consommation.
Elle reçoit un supplément de sens quand elle est
une quête de fidélité à l’Évangile. Une synergie.
- En retour, le témoignage d’une vie modeste et
soucieuse de partage confère une nouvelle
crédibilité à l’Évangile (comme les premières
communautés chrétiennes)
Actualité du modèle de François d’Assise (Ex.
2006)
- Importance d’une spiritualité de l’environnement
- Difficile de s’engager seul dans pareille voie;
avantage d’un support communautaire


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9. Par mode de synthèse (1)
1. Un évènement: Matapédia capitale forestière
canadienne (1993). Une épinglette: 2 mains
portant une touffe de conifères. Un symbole.
• «Prendre en mains» notre environnement
pour l’accueillir
- de son (et notre) Créateur: le voir comme un
reflet de sa richesse et de sa beauté intérieure,
comme un déploiement de la richesse du
Verbe de Dieu dans le temps et l’espace…
- des générations qui nous ont précédés : un
environnement en bien meilleur état
qu’aujourd’hui. Pensons aux moyens
d’exploiter la terre, la forêt et la mer


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Par mode de synthèse (2)
• «Prendre en mains» pour le contempler
- Avant de penser à le gérer. Comme au 1er
matin du monde, comme l’enfant qui le découvre
- L’être humain n’est pas seul à être unique «Il y
a tant de mystère dans un humble brin d’herbe»
- «J’éprouve l’émotion la plus forte devant le
mystère de la vie. Ce sentiment fonde le beau et
le vrai, il suscite l’art et la science» (Einstein)
- L’univers ouvre sur la transcendance : «Tout
est allusion, tout est symbole, tout est parabole»
(Claudel)
- La nature est un reflet de la beauté et de la
grandeur de Dieu : « Il est passé par ces bois et
son seul passage les a laissés empreints de
beauté» (Jean de la Croix.)


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Par mode de synthèse (3)
• «Prendre en mains» pour le gérer (intendance)
- Nous avons encore la responsabilité du jardin
d’Éden : « …pour le cultiver et le garder.»
(développement durable)
En tenant ensemble environnement et
développement
- En respectant ses rythmes: «on ne
commande à la nature qu’en lui obéissant»
- Le garder dans sa biodiversité (gènes,
espèces,habitats)
- Appuyant les efforts internationaux (Rio,1992;
Kyoto,1997; Johannesburg, 2002; Copenhague,
2009)


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Par mode de synthèse (4)
• «Prendre en mains» pour en partager les
ressources
- La terre est une, l’air est un, l’eau est une
(Stockolm). Leurs ressources ne peuvent être
accaparées par quelques pays ou quelques
individus sans qu’elles soient partagées
- « Le développement est le nouveau nom de la
paix» (Paul VI) Sans partage,c’est la violence, la
guerre, le terrorisme
- Le partage est une responsabilité internationale
de tous et, en particulier, des chrétiens.
Actuellement, Lazare meurt de faim à côté de
nos tables bien garnies.
Un défi du christianisme d’aujourd’hui.


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Par mode de synthèse (5)
• «Prendre en mains» pour transmettre aux
générations montantes
- Elles mériteraient de le recevoir en aussi
bonnes conditions que nous l’avons reçu
- Nous sommes en voie de leur léguer une dette
financière contractée pour notre bien-être
- Mais la dette d’un environnement abîmé est de
loin plus lourde. Ex: quel est le prix d’une marée
noire, des rejets des sables bitumineux, d’une
élimination du smog…?
- «Jésus prit un enfant et le mit au milieu d’eux».
Voir l’avenir à partir du regard de l’enfant.


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Par mode de synthèse (7)
Cette «prise en mains» rejoint le mouvement de
l’action eucharistique
• Pour une offrande : pain et vin, notre travail et nousmêmes, le cosmos
• Pour une consécration : la venue de l’Esprit sur le
pain et le vin (Corps sacramentel du Christ, Corps
mystique du Christ – «que nous formions un seul
corps » -, Corps cosmique du Christ - «tout
récapituler dans le Christ»
• Pour une deuxième offrande : du Corps
sacramentel du Christ, du Corps mystique («Père du
ciel, accueille nous avec ton Fils bien-aimé»), du
Corps cosmique du Christ («tout est à vous, vous
êtes au Christ et le Christ est à Dieu»)


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Par mode de synthèse (8)

• Pour une communion : avec le Corps
sacramentel du Christ, avec son Corps
mystique, avec son Corps cosmique
• Pour une mission : au service de la
personne du Christ, au service de son
Corps mystique, au service de son Corps
cosmique


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Colossiens 1, 12-20
12 Rendez grâce à Dieu le Père,
Lui qui nous a donné d’avoir part à l’héritage des saints dans la
lumière
13 Nous arrachant à la puissance des ténèbres, il nous a placés dans
le Royaume de son Fils bien-aimé:
14 en lui nous avons le rachat, le pardon des péchés
15 Il est l’image du Dieu invisible, le premier-né avant toute créature:
16 en lui, tout fut créé, dans le ciel et sur la terre.
Les êtres visibles et invisibles,…tout est créé par lui et pour lui.
17 Il est avant toute chose et tout subsiste en lui.
18 Il est aussi la tête du corps, la tête de l’Église: c’est lui le
commencement, le premier-né d’entre les morts, afin qu’il ait en tout
la primauté.
19 Car Dieu a jugé bon qu’habite en lui toute plénitude
et que tout, par le Christ, lui soit enfin réconcilié
faisant la paix par le sang de sa Croix, la paix pour tous les êtres sur
la terre et dans le ciel.