Plans Séquences n°1

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Transcript Plans Séquences n°1

Mardi 17 mars 2015
n°1
KIYOSHI KUROSAWA
F
igure majeure de la «Nouvelle
Nouvelle Vague» japonaise,
dite de la génération Super 8,
Kiyoshi Kurosawa est de ces cinéastes qui ont fait leurs armes
dans des genres souvent très différents, avec un délai de plusieurs
décennies pour obtenir des budgets décents et sortir de la culture
underground. Commençant dans
les années 80 en tant qu’assistant
de Shinji Somai, réalisateur entre
autres œuvres de Typhoon Club,
l’influence de ce dernier sur Kurosawa se notera particulièrement
sur ses premiers longs-métrages
tels que Kandagawa Wars ou The
Excitement of Do-Re-Mi-Fa Girl,
histoires tragi-comiques et érotiques autour de la jeunesse, se
déroulant dans des univers universitaires. Si le cinéaste n’aura
alors pas encore acquis sa véritable patte artistique, c’est l’occasion de découvrir des œuvres ni
bonnes ni mauvaises qui entrent
en résonnance avec d’autres films
de la même période comme les
débuts de Sono Sion avec Otoko
no Hanamichi ou Kessen !.
Par la suite, Kiyoshi Kurosawa
commencera à connaître la notoriété en réalisant des séries B
fantastiques ou horrifiques. C’est
la période des Cure, Charisma,
Kaïro… longs-métrages fauchés
K iyoshi K urosawa
au scénario tenant parfois sur un
timbre-poste, mais l’intérêt est
ailleurs : à travers des intrigues
parfois relativement concises et
souvent kitschs, Kurosawa parvient à développer une esthétique
qui lui est propre, et forge ses talents de metteur en scène. Des
œuvres comme Jellyfish ou Loft
reposent sur un simple pitch, respectivement : un homme devant
surveiller la méduse de son ami
en prison et une femme se voyant
confier la protection d’une momie.
La virtuosité tient de l’hypnose : le
spectateur est plongé dans une
atmosphère agréable de malaise,
fasciné par une simple figure.
L’arbre de Charisma, la méduse
de Jellyfish et la momie de Loft.
Ces derniers ne relèvent pas tant
de l’horreur que d’un onirisme qui
draine l’énergie des personnages.
1
Tokyo Sonata constitue les débuts
de la dernière et actuelle période
du réalisateur : celle du cinéaste
« rangé », ayant dépassé le stade
de la culture underground pour
bénéficier de budgets plus conséquents avec des films jouant moins
sur le borderline et l’étrange. Ainsi, l’œuvre est un drame que l’on
pourrait penser de facture classique mais qui, pourtant, relève
d’une puissance incroyable de
par sa variation sombre autour de
la loi de Murphy, au cœur de la société japonaise : tout doit tourner
au pire pour les personnages de
la famille du film et le spectateur
n’a plus qu’à les observer tenter
de s’en sortir dans une sorte de
jungle urbaine. Shokuzai, drama
en cinq épisodes re-monté de
façon à rendre deux longs-métrages, poursuivra dans cette atmosphère sombre mais propre :
Kurosawa, en se lançant dans le
tournage en numérique, a symboliquement tiré un trait sur ses
précédentes périodes, validant la
transition avec Real – film à mi-chemin entre romantisme, fantastique
et science-fiction, disposant d’un
budget plus conséquent qu’à l’accoutumée.
C’est en se développant autour
de différents registres que Kiyo-
shi Kurosawa s’est forgé un prénom, méritant désormais que la
mention du nom de famille sacré
donne lieu à la fameuse question
« lequel ? Akira ou Kiyoshi ? ».
•
LES FANTÔMES JAPONAIS
L
e Japon est une terre qui regorge de nombreuses créatures venues de tous les horizons.
Parmi ces monstres, l’imaginaire
nippon réserve une place de
choix aux fantômes. Les raisons
de leur omniprésence dans le
paysage fantastique japonais sont
multiples : sociales, religieuses
et culturelles. Il est donc logique
que leur cinéma soit teinté de ces
créatures, davantage que notre cinéma occidental.
L’appellation « fantôme» concerne
des créatures très diverses, et non
de simples revenants. En plus de
la religion très spirituelle des japonais, la présence de fantômes
s’enracine très loin dans la pensée
japonaise. Comme dans toute société, la population a posé des interdits, des tabous. Les fantômes
représentent souvent un tabou ou
la sanction d’une mauvaise action
: ne pas tuer, ne pas être infidèle...
Ils viennent également des tentatives de compréhension d’un
environnement naturel particulièrement hostile au Japon (éruption
volcanique, tsunami, nucléaire...).
«Yūrei» est un nom générique servant à désigner les fantômes de la
tradition japonaise. L’apparence
du fantôme japonais s’uniformise
peu à peu à partir du XVIIIème
siècle et des caractéristiques
«typiques» lui furent attribuées
comme le kimono blanc, symbole
de pureté, réservé aux moines et
aux personnes décédées. Le teint
des fantômes est également très
blanc généralement. S’il est une
femme, le fantôme possède de
longs cheveux noirs en désordre
tombant sur son visage. Enfin,
nous ne sommes pas censé voir
ses pieds ni ses jambes, il semble
flotter au-dessus du sol sans prise.
Cette apparence caractéristique
du yūrei a connu une telle popularité qu’elle est encore visible de
nos jours dans les films d’épouvante japonais.
Dans les films d’épouvante japonais, les spectres sont généralement des femmes. Tout en elles
est conçu pour tromper et épouvanter (même les occidentaux
!). Leur beauté est synonyme de
mort, leur laideur de grotesque.
Physiquement, elles sont très
belles ou défigurées, cachant souvent leur visage avec leurs longs
cheveux noirs.
Le début de ce type de fantôme
au cinéma remonte en 1959 avec
Tokaido Yotsuya Kaidan de Nabuo
Nakagawa. Ce mythe a notamment inspiré Hideo Nakata pour
son œuvre emblématique du
genre : Ring. Kwaidan de Masaki
Kobayashi, sorti en 1963, reprend
également un mythe connu au
Japon (celui de la « femme des
neiges »). De nombreux films de
ce genre suivirent. Vers les années
2
Constant Voisin
R ing de H ideo N akata
1980, les films d’épouvante nippon (les «J-Horror») s’inspirent de
nombreuses légendes urbaines.
Ce sont les descendants d’une
riche tradition culturelle liée aux
esprits. En plus de cela, ils dépeignent la société japonaise, ses
mutations et ses crises permettent
de mieux cerner cette culture totalement différente de la nôtre.
C’est en 1999, avec Ring de Nakata et The Grudge de Shimizu que
la figure du «Yurei» se popularise
réellement.
A partir d’éléments universels, la
peur et la mort, le Japon a développé à travers les fantômes une
abondante mythologie. Cette richesse culturelle est d’autant plus
fascinante qu’elle remonte loin
dans le temps et continue de vivre
aujourd’hui. Des films et séries
d’animation aux jeux vidéos, des
romans aux mangas, les fantômes
sont partout présents dans l’univers nippon.
•
Thierry Boussard
ÉTONNANT JAPON
V
ous-êtes fan du Japon ? De
sa culture et de ses icônes ?
Ou bien vous venez tout juste de
vous intéresser à ce pays tout à fait
fascinant et étonnant ? Bienvenue
dans la rubrique qui vous fera découvrir ou redécouvrir les aspects
les plus insolites du Japon !
Vous êtes peut-être vous-mêmes
un amoureux des chats alors sachez que s’il existe un véritable
royaume des chats, c’est au Japon qu’il existe ! Effectivement,
depuis 2004 vous pouvez trouver
des «Neko Cafés» (Neko signifie
«Chat» en japonais) dans lesquels
vous pouvez prendre votre thé en
compagnie de plusieurs petits camarades à poils. Concept populaire au Japon du fait que de nombreux japonais n’ont pas le droit
TAIKO
L
e «Taiko» signifie Tambour en
Japonnais. Il s’agit d’un des
plus gros tambours du monde. Il
est souvent accompagné par le
Biwa (luth japonais), le Koto (harpe
japonaise), et le Nōkan (flûte traversière en bambou).
Ces premières traces se trouvent à
la fin de l’époque Yamato (~6ème
siècle). Il va dès lors acquérir une
notoriété et s’impose comme l’un
des instruments incontournables
du Japon par sa puissance. Le Taiko devient un instrument important dans le monde religieux et politique. A l’époque d’Edo (~17ème
siècle), il devient l’instrument le
plus utilisé au Japon et notament
de posséder d’animaux dans leurs
appartements. Pour les intéressés
ces bars à thèmes sont fraîchement arrivés en Europe et notamment France.
Autrement, si les chats ne font
pas votre bonheur vous pouvez
également trouver un autre type
de bar à thème plutôt chouette...
Le bar à chouettes justement ! Encore une excentricité japonaise
qui rencontre un plein succès.
Le concept est le même que celui des «Neko Cafés», seulement,
les félins sont remplacés par des
chouettes ou des faucons. Les
chouettes sont des animaux très
respectés au Japon, elles ont une
grande symbolique. On dit que
les chouettes effraies sont démoniaques tandis que les chouettes
hulottes sont des messagères des
dieux !
T akajou C haya
Bien sûr si vous n’êtes pas amateur de petites bêtes à poils ou à
plumes, il reste toujours les cafés
bien plus traditionnels, tout aussi
agréables !
• Louanne Roger
dans les temples bouddhistes où
il sera principalement enseigné.
L’»Awa-odori» est un festival honorant les esprits et les
morts, du 12 au 15 août. Depuis
400 ans, chaque ville et village
de la préfecture de Tokushima
organise son défilé d’Awa Odori,
et même au-delà puisqu’on remarque depuis quelques décennies une acclimatation de l’Awa
Odori dans tout le Japon. Le festival a regroupé plus d’un million de
personnes en 2013. De plus, durant l’année 2015, le festival sera
aussi organisé à Paris.
Awa se danse au son rythmé des
Taikos, des Nōkans et des chants
(Awa Yoshikono). On surnomme
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T aiko
Awa, la «danse des fous» en raison du refrain qui dit: «Il y a les
fous qui dansent et les fous qui regardent. Tant qu’à être fous, pourquoi ne pas danser !».
• Célestin Belleville
ANALYSE DE FILM
KAIRO DE KIYOSHI KUROSAWA
C
onsidéré comme un chef
d’œuvre du genre épouvante, ce long-métrage de Kiyoshi Kurosawa s’est vu recevoir un
très bon accueil à sa sortie autant
par la presse que par le public. La
mise en place de l’intrigue peut
sembler lente mais installe une
ambiance lourde et pesante qui
garde le spectateur en haleine.
Comment Kurosawa arrive-t-il aussi bien à apporter une ambiance
aussi efficace dans ce genre cinématographique ? L’une des meilleures techniques la plus efficace
utilisée par Kurosawa est l’encadrement. Celle-ci, simple, vise à
isoler le personnage des autres
éléments dans l’image, à l’exclure
afin de le rendre fragile, seul.
Sur ces deux plans, les personnages sont proches dans l’espace, mais l’encadrement du plan
isole totalement le personnage de
gauche.
Parlons à présent du travail sonore ; Celui-ci mérite évidemment
une analyse particulière. En effet,
les sons sont rares, voire presque
absents, et nous plongent dans
un univers quasi-fantastique et
inquiétant. Seuls des sons d’ambiance sont insérés à des instants
clés, afin d’accentuer le caractère
oppressant des scènes.
La musique, quant à elle, est de
même rarement utilisée, mais est
présente à bon escient ; elle appuie le suspense comme la morale.
Dernier point à souligner dans ce
film, la colorimétrie particulière.
Les couleurs sont adoucies, la
luminosité est marquante, et on
observe un manque de contraste.
Cette colorimétrie est une barrière
à l’énergie, à la vie, mais nous
sommes dans une palette de cou-
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leurs approchant l’au-delà. Tout
ce travail effectué apporte toujours à cette ambiance ce calme si
hypocrite.
• Gaëtan Blino, Kévin Furet
et Camille Melle
L’ÉQUIPE
MAQUETTE
Clémentine Bertrand
Erwan Fournier
RÉDACTEURS
Célestin Belleville
Gaëtan Blino
Thierry Boussard
Chloé Corfmat
Kévin Furet
Quentin Guerry
Alice Lopion
Camille Melle
Samuel Papin
Louanne Roger
Marc Souply
Maxime Souvestre
Constant Voisin