Eclaircissage du prunier
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Transcript Eclaircissage du prunier
Fruits et légumes
ECLAIRCISSAGE
DU PRUNIER
Des pistes à explorer
L
es pruniers japonais cultivés
dans notre région sont souvent sélectionnés pour leur
production importante et régulière,
ce qui sécurise les producteurs
mais implique aussi un éclaircissage important pour garantir un
calibre suffisant. Si l’intérêt de
réaliser un éclaircissage est partagé par tous, l’obstacle majeur réside dans le coût de main d’œuvre
qu’il représente lorsqu’il est
manuel (200 à 300 heures par hectare sur les variétés les plus exigeantes).
Les pistes de l’éclaircissage
mécanique et chimique sont donc
travaillées depuis quelques années
sur les pruniers japonais. Les principales solutions à l’étude sont la
Darwin pour l’éclaircissage mécanique et pour l’éclaircissage chimique les produits de type hormone (PRM) ou les produits dessicants de type engrais foliaires qui
brûlent les fleurs.
Les solutions de type Darwin et
dessicants s’appliquent sur la
fleur. La précocité de ces interventions sur fleur rebute souvent les
producteurs car elle consiste à
diminuer le nombre de fleurs pollinisables avant même d’être sorti
de la période à risque de gel. En
revanche, il est maintenant acquis
que c’est justement la précocité de
ces interventions qui permet
d’avoir les meilleurs résultats en
terme de calibre. L’énergie dépensée par l’arbre pour la nouaison et
le début du grossissement du fruit
en cas d’éclaircissage sur petit
fruit pénalise le calibre et l’éclaircissage est toujours plus efficace
lorsque qu’il est réalisé tôt. Nous
vous proposons de faire le point
sur les diverses possibilités qui
s’offrent aux pruniculteurs pour
minimiser les coûts inhérents à la
bonne régulation de la charge d’un
verger.
L’éclaircissage
mécanique : la Darwin
testée en prunier
Pour faciliter, le développement de cette technique ancestra-
le, une machine a été mise au
point : la Darwin. Portée sur un
tracteur, cette dernière est constituée d’un axe vertical muni de
fils, qui tourne plus ou moins
vite en fonction de la vitesse de
rotation réglée par le producteur.
La rotation des fils va supprimer
un ensemble de fleurs sur une
profondeur d’environ 30 à 50
cm.
En 2014, le CEFEL a testé
cette technique sur deux variétés
de prune : Soryana qui est une
variété très florifère nécessitant
jusqu’à 300 heures d’éclaircissage manuel, et TC Sun qui est également
un
gros
porteur.
L’intensité de l’éclaircissage se
module par la vitesse d’avancement et la vitesse de rotation des
fils. Dans l’essai, le passage
Darwin a été réalisé entre les
stades F-G et H à une vitesse
d’avancement de 5,5 km/h et une
vitesse de rotation des fils de 240
tr/min, sans réaliser d’éclaircissage manuel par la suite.
Le résultat sur la charge est
intéressant. La machine parvient
en un passage à rabaisser le
nombre de fruits par arbre au
même niveau que le témoin en
éclaircissage manuel, ce qui
représente une grosse économie
de main d’œuvre. En revanche,
les résultats sur les calibres sont
moins bons (voir graphe). Si la
machine fait tomber efficacement
les fleurs, elle ne permet évidemment pas d’ajuster le nombre de
fleurs (ou de fruits) laissés selon
la vigueur des branches ou la
position sur l’arbre. L’éclair cissage est également souvent
plus intense sur la périphérie de
l’arbre, la machine a plus de mal
à atteindre l’intérieur de l’arbre
sans sur-éclaircir l’extérieur.
Ces premiers essais d’éclaircissage mécanique donnent des
résultats intéressants pour diminuer la charge des arbres, mais
elle devra probablement être plus
légère et couplée à une intervention manuelle rapide pour mieux
répartir les fruits sur l’arbre et
optimiser le calibre.
L’éclaircissage
chimique, une piste
à ne pas négliger
Des traitements sur la fleur peuvent également réduire les temps
d’éclaircissage manuel. Des essais
mis en place sur fleurs ont été
conduits plusieurs années de suite
en prunier japonais avec la Chambre d’Agriculture. En moyenne,
les essais ont montré que la répétition de 2 applications pendant la
floraison (à 30% puis 70% de
fleurs ouvertes) permet de réduire
de 30 % environ la charge des
arbres en appliquant des produits
ayant une action desséchante sur le
pistil des fleurs ouvertes. Les produits utilisés peuvent être des
engrais foliaires ou des huiles
blanches associées à du soufre.
L’intensité de l’éclaircissage varie
en fonction de la dose apportée et
surtout du stade d’application.
L’effet éclaircissant sera d’autant
plus grand que le nombre de fleurs
ouvertes sera important au
moment du passage. En 2014, un
test mené sur Soryana a donné de
très bons résultats sur la charge et
le calibre. La modalité Huile+Soufre simple dose en 2 passages a permis d'atteindre une
charge optimale. Avec un léger
complément d'éclaircissage manuel largement facilité par l'intervention chimique, le pourcentage
de gros calibres (50-55 pour
Soryana) est augmenté de 10% par
rapport à l'éclaircissage tout
manuel, beaucoup plus contraignant.
Des essais ont également été
réalisés au CEFEL en 2013 avec
du PRM 12 au stade F + 500°C à
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la dose de 3 l/ha. Les résultats
obtenus sur différentes variétés
montrent qu’un éclaircissage tardif
peut avoir un effet sur la charge de
l’arbre, mais cet effet est très
variable en fonction de la variété et
des conditions climatiques. Dans
les conditions d’essais du CEFEL,
sur la variété TC Sun, le traitement
s’est avéré efficace et n’a pas
nécessité d’éclaircissage manuel
complémentaire. En revanche, à la
récolte, les fruits éclaircis avec du
PRM12 présentaient une coloration plus avancée que le témoin
éclairci manuellement. Par ailleurs, une année, quelques fruits
ont présenté des traces d’éclatement. Ce phénomène a été également observé avec une ampleur
plus grande sur les variétés telles
que Monsieur, Prune d’Ente,
Reine Claude de Bavay, selon les
conditions climatiques qui suivent
l’application du produit.
Les solutions travaillées sont
encore à approfondir pour être
maîtrisées. D’autres matériels
devraient voir le jour en essai pour
de l’éclaircissage mécanique.
Dans tous les cas, l’enjeu est fort
étant donné l’importance du coût
de l’éclaircissage sur les coûts de
production en prunier japonais
notamment.
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Marie DORDOLO
Chambre Agriculture 82
Emile KOKE, CEFEL
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Cette action de diffusion est cofinancée par
l’Union européenne avec le fonds européen
agricole pour le développement rural
en Midi-pyrénées et par l’Etat
au travers du CasDar
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Résultats essai Darwin comparé au manuel : Cefel 2014 (pour plus de résultats : cefel.eu)
26 FEVRIER 2015
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Effet secondaire PRM sur Bavay : coup d'ongle et gommose
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ACTION AGRICOLE