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Rôle de l’environnement
humain et matériel sur les
interactions entre enfants
L’écologie développementale
Josette SERRES
Petit 1- Paris, 24 février 2015
Des recherches
Centrées sur le développement des premières
interactions entre enfants
ont montré l’impact de l’aménagement de l’espace
et des jouets proposés en crèche sur le
comportement social des jeunes enfants
Les enfants sont filmés en crèche, en jeux libres
Une mine d’applications pour les professionnels….
La perspective des recherches
L’écologie
développementale
L’écologie
C’est la science de l’environnement
Elle étudie les interactions des êtres vivants
dans leur milieu de vie habituel
C’est une perspective systémique,
on parle « d’écosystèmes »
L’écologie du développement
Son objectif :
Identifier les caractéristiques de
l’environnement physique susceptibles
d’influer sur le développement des
enfants dans des milieux de vie naturels,
comme l’école ou
les lieux d’accueil collectif
des jeunes enfants.
Comment aménager les espaces de
jeu pour favoriser au maximum les
jeux et les interactions positives ?
En comprenant que
plusieurs facteurs entrent en jeu
et interagissent entre eux
en permanence
Trouver le bon équilibre
entre les trois:
 Présence
des adultes
 Taille du groupe
 Ressources matérielles
(espace et jouets)
La salle de jeux collective en crèche
ou au domicile de l’assistante maternelle
représentent un système écologique
où différentes composantes interagissent
Les enfants,
- Ages
- Compétences
- Taille du groupe
Les adultes
Les structures matérielles
- Positionnements
- Nombre
- Attitudes, actions
- Projections
- Agencement de l’espace
- Meubles
- Jouets
Tout changement dans l’une des
composantes entraîne des
changements dans les deux autres
composantes
Quelques résultats « essentiels »
une mine d’applications possibles

Les « zones de jeu »

La hauteur des meubles

Le positionnement des adultes

Les types de jeux proposés
1.
Les « zones » de jeu
Jouets + support ou délimitation :
coin dînette, coin constructions, table
avec matériel, toboggan, etc…
Recherches d’A. legendre
Les enfants,
- Ages
- Moyens fonctionnels
- Taille du groupe
Les adultes
Les structures matérielles
- Positionnements
- Attitudes, actions
- Projections
- Agencement de l’espace
- Meubles
- Jouets
Répartition des enfants dans
l’aménagement habituel de leur salle
Aménagement enrichi
Intérêt des zones de jeu délimitées
Réponse aux besoins des jeunes enfants : les capacités limitées
de communication et d’attention avant 3 ans et l’intérêt pour les
matériels de jeu combinables

La communication entre enfants est facilitée,
car avant le langage elle nécessite un petit
nombre de partenaires, la proximité avec eux
et l’attention conjointe,

L’attention est facilitée. Les enfants sont
moins sollicités et interrompus dans leurs jeux,

Les jeux durables sont facilités par l’offre de
plusieurs matériels combinables dans le même
lieu (ex. du coin dînette plébiscité, des tables +
matériels, etc.)
Réflexions pour les professionnels

Selon la superficie de la salle de jeu, il
est intéressant d’avoir plusieurs zones de
jeu pour répartir l’attraction des enfants
dans l’ensemble de la pièce

Si une zone de jeu devient trop
attractive, ne pas en limiter l’accès, mais
au contraire augmenter la surface ou en
créer une autre (2 dînettes ?)
Réflexions pour les
professionnels (suite)
o Des zones de jeu proposant des matériels
combinables permettent des jeux plus longs, moins
de déplacements des enfants (dînette : meubles +
matériels + sacs / petits camions + animaux +
constructions..) Si contenant- contenu adéquat…
o Certains jeux ont un intérêt accru si on les met
sur un support au lieu d'être par terre (garage).
o Les coins de jeu deviennent intéressants dès l’âge
de 15-18 mois, quand les jeux se complexifient et
que les interactions entre enfants se développent
Questions sur la disponibilité des jeux ,
la visibilité, le rangement..

Quelle est l’autonomie donnée aux enfants dans
l’accès aux jouets ? (accès libre ou gestion par
l’adulte ? )

Les jouets sont-ils proposés mélangés dans un
coffre ou par catégories dans des tiroirs ou
bacs ?

Quelle est la gestion du rangement : en
permanence, ou à la fin d’une phase d’activité ?
avec ou sans les enfants ?
2.
La hauteur des meubles qui
délimitent une zone de jeu
Recherche d’A. legendre
Deuxième crèche,
aménagement semi-ouvert
Déplacement d’un meuble pour
structurer davantage l’espace
Découverte de l’effet d’un nouveau
paramètre de l’agencement spatial :
L’importance de l’accès visuel, pour les
enfants, à l’ensemble de la salle,
et notamment à l’endroit
où se tiennent les adultes
Structurer des zones de jeu est
bénéfique, à condition que les meubles
ne créent pas des barrières visuelles
pour les enfants (> 70 cm)
2° recherche d’A. Legendre
Comparaison
Comment les enfants
occupent l’espace ?
Espace proche des adultes
Espace intermédiaire
Espace loin des adultes
Quels échanges ont les
enfants ?
Entre eux
Avec les adultes
Effet des barrières visuelles sur
l’occupation de l’espace de jeu

Les déplacements sont plus nombreux

L’espace proche des adultes est utilisé de la
même façon, avec ou sans barrières
visuelles

L’espace d’où on ne voit pas les adultes est
moins utilisé

L’espace intermédiaire à 2 ou 3 mètres des
adultes, est plus utilisé
Effet des barrières visuelles sur les
relations entre enfants et avec les adultes

Les activités de repli augmentent

Le jeu individuel augmente

L’observation des autres augmente

Le temps de conflit augmente

Le temps d’interaction amicale diminue

Les adultes sont plus sollicités
Effet systémique des barrières
visuelles sur le comportement spontané
des enfants

Une partie seulement de l’espace de jeu est
bien utilisée par les enfants

De ce fait, la densité des enfants augmente
dans les espaces proches des adultes et
intermédiaires,

Plus d’enfants et moins de ressources en
matériels dans ces espaces = plus de risques de
conflits et plus de demandes vers les adultes
Effet des barrières visuelles sur le
comportement spontané des enfants

Les jeux des enfants sont modifiés

Les interactions entre enfants sont modifiées,
les interactions avec les adultes aussi

Les effets négatifs des barrières visuelles
affectent surtout les enfants les plus jeunes ou
relationnellement plus fragiles, qui ne profitent
pas de tout l’espace.

Ils sont atténués pour les enfants qui ont une
bonne compétence sociale et des liens amicaux
avec d’autres enfants, et qui jouent partout
3.
Le positionnement des adultes
C’est le second paramètre,
en interaction avec la hauteur des
meubles,
qui détermine la visibilité des
adultes pour les enfants
Les enfants,
- Ages
- Moyens fonctionnels
- Taille du groupe
Les adultes
- Positionnements
- Attitudes, actions
- Projections
Les structures matérielles
- Agencement de l’espace
- Meubles
- Jouets
Le positionnement des adultes
La place des adultes (et leur
visibilité pour les enfants) est
un régulateur puissant de la
répartition des enfants dans
l’espace et des interactions
entre eux
Les adultes sont des « phares »
Les enfants jouent dans les
espaces « éclairés »
par le regard des adultes
Intérêt de la visibilité des adultes
Réponse aux besoins des jeunes enfants :
la sécurité affective avant 3 ans

Réponse au besoin fondamental d’attachement à
une « base de sécurité » : rester en lien, au
moins par la vue

L’exploration tranquille de tout l’espace est
possible (surtout pour les plus fragiles) si la
base de sécurité est visible et accessible

L’exploration est freinée si le lien de sécurité
est rompu : jeux stoppés, déplacements,
pleurs, recherche de l’adulte
Réflexions pour les professionnels

Quand un coin de jeu, en principe intéressant,
n’est pas attractif, il faut s’y positionner à
hauteur d’enfant et examiner la visibilité qu’il
offre sur la pièce et la place habituelle des
adultes

Il suffit parfois
- de changer l’orientation d’un meuble
(qui cache la vue de la pièce ou qui, collé au mur,
oblige les enfants à jouer dos à la pièce),
- ou de délimiter le coin par des meubles plus
bas pour que la fréquentation augmente
NON
OUI
Réflexions, suite…..

Si l’espace présente un obstacle fixe (poteau,
cloison, angles..) il faut compenser par la
position adéquate des adultes

Les adultes doivent se répartir pour éclairer
les différents espaces.

Si un adulte est seul avec un groupe, il doit
adopter une position plus centrale

Etre un adulte visible ne veut pas forcément
dire jouer avec les enfants. Etre un « phare »
tranquille et bienveillant est en soi un acte
professionnel majeur, qui permet aux enfants
de jouer en sécurité de façon autonome…
4.
Effets des différentes
propositions de jouets
La quantité d’équipements et de jouets


Trop peu de jouets ou d’équipements :
- conflits entre enfants
- demandes ++ vers l’adulte
Beaucoup de jouets et d’équipements :
- Le groupe se scinde en sous-groupes
- Les enfants se répartissent mieux
- Moins de contacts physiques, moins
de conflits
Combien faut-il de jouets ?
Y en a- t’il trop ou pas assez ?
La réponse ne dépend pas seulement du
nombre de jouets en fonction du
nombre d’enfants,
mais d’abord d’une autre question :
Quels jouets ?
Quelle complémentarité ?
Quels types de jouets ?
Un bébé "chercheur" qui veut
COMPRENDRE le monde
Les enfants sont des « chercheurs
» qui découvrent les propriétés des
objets, les rapports de leur corps à
l’espace… il faut qu’ils s’exercent,
qu’ils répètent leurs expériences.
 Il faut aussi comprendre les
adultes…et les autres enfants !

Un bébé "statisticien"
le bébé serait capable, dès la naissance
 De se représenter des distributions de
probabilités, de les mettre à jour.
 De se représenter mentalement des
hypothèses vraisemblables
 De les utiliser pour faire des
prédictions et comparer avec les
données reçues. Trouver les causes.
 Une erreur de prédiction donnera un
signal de surprise.
Des matériels de jeu variés
et complémentaires

Jouets qui permettent une variété d’actions
(jouets trop simples ou trop compliqués souvent
abandonnés)

Proposition de 2 ou 3 types de jouets,
combinables dans le même espace
Camions + animaux, ou cubes, ou lego…
Poupées + serviettes + gants + flacons…
Voitures + garage, ou support, etc.

Jeux « bons à tout faire » : boîtes en tout genre,
cuvettes, cartons, sacs, tubes en carton, flacons en
plastique, balles, tissus, cartes postales, etc…
Le rôle fondamental des jouets en
plusieurs exemplaires identiques
entre 15 et 36 mois
Recherches de J. Nadel
Rôle des différents types de jouets
Sur les interactions entre enfants
entre 18 et 36 mois
Recherches d’A.M Fontaine
Les enfants jouent avec des types de
jouets différents
- Jeux de manipulation:
Puzzles, encastrements, duplos, etc..
- Jeux moteurs
Toboggan, vélos, ballons, blocs à grimper..
- Jeux de faire semblant
Dînette, poupées, déguisements, téléphones..
L’intérêt pour les autres enfants
du groupe dépend du type de
jouet
A votre avis, quels jeux
favorisent le plus les
échanges entre enfants?
Résultats avec 3 types de jeux
30
Obs. enfants
Inter. Enfants
Inter. Adultes
25
20
15
10
5
0
Jeux
manipulation
Jeux faire Jeux moteurs
semblant
Résultats avec 3 types de jeux
Modalités des interactions entre enfants
25
Inter.amicale
Inter. Conflictuelle
20
15
10
5
0
Jeux
manipulation
Jeux faire
semblant
Jeux moteurs
Intérêt
des jeux moteurs
Les jeux moteurs ne sont pas
seulement de bons supports d’exercice
de la motricité, ils sont aussi de très
bons supports pour le développement
de la communication entre enfants
sans entraîner plus de conflits.
Condition : des structures où on tient à plusieurs, et
des jouets identiques (vélos de même couleur…)
Réflexions sur les jouets
pour les professionnels

Ne pas diminuer le nombre de jeux pour réduire le
« bazar développemental » chez les moyens. Laisser
explorer, puis organiser une activité rangement avec
les enfants…

Expérimenter des duos ou trios de jouets
complémentaires en beaucoup d’exemplaires

Commandes de jouets : privilégier les mêmes couleurs,
les lots de jouets « à tout faire » (petites bassines).

Sélectionner des matériels de récupération identiques
(boîtes, petites bouteilles de lait, tubes, sacs, cartons,
etc).

Même avec peu de place, ne pas privilégier les jeux de
manipulation au détriment des jeux moteurs, même à
l’intérieur
Equilibre du système
Les moments calmes et agréables
Ex. des "ateliers" ou "chez l'AssMat"
Les enfants:
Taille du groupe :
quelques enfants
Présence des adultes :
un adulte très proche
et disponible dans
la continuité
Ressources matérielles :
matériel identique
pour chacun
Déséquilibre du système
Les moments de transition entre deux activités :
avant ou après le repas, le soir à l’arrivée des parents, etc
Les enfants:
grand groupe
Présence des adultes :
diminution, voire absence
d’adultes (très occupés
et en mouvement)
Ressources matérielles :
matériel réduit
(rangement)
ou « trop vu »
Rééquilibrer le système ?
Signaux d’alerte…

Quand l’excitation, les pleurs, les
conflits augmentent…

Quand les adultes répètent
inutilement les mêmes interdits…
Il faut: se « poser », seul ou en équipe
pour observer le système et réfléchir
autour de trois questions
Questions pour
les moments difficiles ?

Où sont les adultes ? Y en a- t’il au moins un
pour servir de « phare », visible ? Disponible ?

Combien y- a- t’il d’enfants ? Où sont-ils ?
Peut-on scinder le groupe ?

Les enfants ont-ils une activité intéressante à
faire : collective (chanson, histoire, rangement,
habillement… ) ou individuelle (matériel disponible) ?
Avant de changer… observer
Où se tiennent les adultes?
Où jouent les enfants ?
Avec quels objets ?
Avec quelles actions ?
Après changement : comparer
« L’observation professionnelle des jeunes enfants,
un travail d’équipe » Anne-Marie Fontaine
Editions Philippe Duval, 2011