DOSSIER PÉDAGOGIQUE - FRAC Basse
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Transcript DOSSIER PÉDAGOGIQUE - FRAC Basse
Fonds régional d’art contemporain Basse-Normandie
Simon Faithfull, Reef, 2014 © Simon Faithfull
DOSSIER PÉDAGOGIQUE
Simon FAITHFULL
RECIF 1, ANTIPODE
Frac Basse-Normandie
Du 6 décembre 2014 au 15 février 2015
Le projet Time And Place (TAP) a
été sélectionné dans le cadre du
programme européen de coopération
transfrontalière INTERREG IV A France
(Manche) - Angleterre, cofinancé par
le FEDER
Renseignements et réservations pour les classes
Pierre Ligier - Chargé des publics scolaires
[email protected] / +33 (0)2 31 93 92 41
Vues de l’exposition
Depuis 30 ans, le Fonds régional d’art contemporain Basse-Normandie constitue une collection
d’art contemporain qu’il donne à voir dans différents lieux d’exposition régionaux, nationaux et
internationaux. Le Frac propose également de découvrir l’actualité de la création contemporaine par
un programme de quatre à cinq expositions par an dans ses locaux.
Les classes et les groupes sont invités à découvrir les œuvres des artistes accompagnés d’un
médiateur, ils peuvent également mettre en place un projet sur l’année autour de la collection du
Frac. Des dossiers pédagogiques sont à disposition au Frac et mis en ligne sur son site.
Quelques références
À propos du Land Art
Depuis le début des années soixante, en opposition aux musées et galeries d’art, de nombreux artistes ont choisi d’intervenir
dans la nature. Les éléments (eau, terre, feu, végétaux, minéraux) et espaces naturels sont devenus le cadre et/ou les
composants de processus artistiques suscitant de nouvelles réflexions entre art et environnement. Le Land Art se définit
comme « l’entrecroisement de trajectoires d’artistes venus d’horizons assez divers qui contribuent à l’émergence d’une
forme d’art considérant la Terre à la fois comme matériau premier et comme surface d’inscription ».
Au sein du Land Art, deux pratiques se dessinent. Certains artistes usent des caractéristiques de la nature comme support
ou matériau dans des œuvres sculpturales aux dimensions parfois spectaculaires nommées Earthworks. Les réalisations de
Christo et Jeanne-Claude, Michael Heizer, Robert Smithson ou Walter De Maria illustrent ce pendant du mouvement.
Christo et Jeanne-Claude,
Surrounded Islands, 1983 © Christo
Robert Smithson,
Asphalt Rundown, 1969 © DR
Michael Heizer,
Double Negative, 1969 © DR
Walter de Maria,
Lightning Field, 1977 © DR
Dans une démarche plus minimale et parfois radicale, d’autres s’inscrivent dans de vastes espaces et entretiennent un rapport
physique à l’environnement et au paysage. Les œuvres matérialisent la trace d’itinéraires de marche empruntés par l’artiste.
Les réalisations n’ont pas d’impact sur la nature ; elles s’y incorporent sans la modifier, à l’inverse des œuvres monumentales.
La photographie et la vidéo sont les principales archives témoignant des ces œuvres au caractère éphémère. Richard Long,
Hamish Fulton, Nils-Udo et Andy Goldworthy sont représentatives de cette esthétique du Land Art.
Richard Long,
A line in the Himalayas, 1975 © DR
Hamish Fulton, Five knots
for days of walking,
1973 © DR
Nils-Udo , Sommenskultur Eische,
Esche, Fichte, Weide, 1979
© Frac Basse-Normandie
Andy Goldworthy, Leaves polished,
greased made in the shadow of the
tree from which they fell, pinned to
the ground with thorns, 1989 © DR
La marche dans le paysage
Going Nowhere et Going Nowhere II présentent Simon Faithfull filmé par une caméra fixe dont il s’éloigne progressivement
en marchant. Dans la première vidéo, l’artiste poursuit un itinéraire indéfini dans un environnement enneigé. Sa silhouette
apparait d’abord nettement au premier plan, puis se perd lentement dans le paysage blanc et éclatant pour finalement
disparaître. L’instant suivant, la caméra figée témoigne du temps qui s’écoule au rythme de l’avancée des nuages, du vol des
oiseaux et de bruits d’animaux. Finalement, l’artiste pointe à l’horizon, revenant sur ses pas après une marche ne l’ayant
mené nulle part. Le second film réitère le procédé dans une situation différente. Simon Faithfull évolue dans les fonds sousmarins de la mer Adriatique. L’artiste se déplace laborieusement sur le sable, vêtu d’un pantalon et d’une chemise de costume
apportant un trait d’humour à la situation. Lentement, le marcheur s’engouffre en silence dans l’opacité des profondeurs
marines en contraste avec les étendues enneigées de Going Nowhere.
Photographies : Simon Faithfull, Going Nowhere II, 2014 © Simon Faithfull
Ces deux œuvres constituent des expériences dont la finalité est de s’assurer de l’existence du monde en l’absence de l’humain.
Elles questionnent également la place du corps dans l’espace et rendent compte du rapport particulier qu’entretiennent les
artistes anglais avec la marche. Dès l’apparition du Land Art, Richard Long ou Hamish Fulton éprouvent l’environnement lors
de longues promenades. Ils se distinguent des artistes américains et leurs Earthworks, jugeant ces interventions destructrices
pour la nature et les paysages. L’art se fait dans l’acte même de marcher, sans forcément intervenir : « le paysage est le témoin
visible du passage invisible de l’artiste ». La marche est devenu un médium central dans la démarche d’artistes contemporains.
L’œuvre de l’artiste japonais Kôichi Kurita se construit dans l’espace et le temps de la marche. Son matériau de prédilection
est la terre qu’il collecte depuis les années 1990. L’artiste est engagé dans une démarche unique : faire de sa vie un voyage
et constituer une bibliothèque de terres. La bibliothèque de terres du Japon réunit aujourd’hui des terres de la quasi totalité
des 3 213 villages et villes de l’archipel nippon. Chaque fragment est minutieusement répertorié, séché, épuré des matières
organiques, concassé, parfois tamisé pour obtenir la finesse du pigment.
Kôichi Kurita récoltant de la terre
© Kôichi Kurita
Kôichi Kurita, Notre terre - votre terre, 2014
Kôichi Kurita, Bibliothèque de terres, 2014 ©
Conseil général du Val d’Oise
Dans l’œuvre Yielding Stone (1992), l’artiste Gabriel Orozco pousse une boule en pâte à modeler avec ses pieds, au gré de
promenades dans la ville de New-York. Celle-ci récolte les traces, les marques du sol, les reste de la ville, autant de mémoires
de ses déplacements. La sphère archive la dimension temporelle dans la mesure où elle enregistre chaque promenade et
collectionne ce que le marcheur a foulé.
Gabriel Orozco, Yielding Stone, 1992 © Tate
Gabriel Orozco, Yielding Stone, 1992 © MoMA
« Ce que Marcel Dinahet interroge, plus que la nature, c’est la notion de limite et de frontière, l’idée d’espace et de jonction,
la butée, les interfaces » (Jean-Marc Huitorel) . A propos des quatre vidéos réalisées dans et sur la Baie du Mont- Saint-Michel,
Marcel Dinahet donne les raisons de sa prédilection pour ce site : « La baie est un des espaces du littoral que je visite le plus
avec le Cap Fréhel. Sur cet espace on enregistre les plus forts coefficients de marée d’Europe. Les variations lumineuses,
visuelles y sont en mouvements permanents. Les perceptions d’espace sont d’une exceptionnelle amplitude. Où que l’on se
situe le Mont est présent. Depuis quelques années je vais régulièrement de Cancale à Granville en passant par Chérrueix, le
Mont-Saint-Michel et les îles Chausey. Les lumières, l’éloignement de l’horizon, les reflets qui se répercutent dans les nuages,
les colorations sont très particulières. L’espace vous enveloppe. La vidéo Paysage frotté accentue les mélanges colorés et la
sensation de perte de repères que l’on a dans la baie à marée basse, Le Mont-Saint-Michel est vu à l’envers de se qui est vu
d’habitude, depuis la mer sur une fine couche d’eau qui vibre et porte les marques du vent.
Marcel Dinhaet, Les herbes, le Mont, 2002
© Frac Basse-Normandie
Marcel Dinhaet, Sur la baie, 2001
© Frac Basse-Normandie
Marcel Dinhaet, Le Mont-Saint-Michel, 2002 ©
Frac Basse-Normandie
Franchissement
0°00 Navigation présente une marche effrénée de Simon Faithfull filmée de la même manière que pour Going Nowhere.
L’artiste entreprend une longue marche à travers la Grande-Bretagne en passant par Londres, les Midlands, Cleethorpes et
Lincolnshire pour finalement rejoindre la Mer du Nord. Tout au long de son itinéraire, il s’impose de suivre strictement le
Méridien de Greenwich internationalement reconnu comme la référence universelle pour l’origine des longitudes. Afin de
respecter ces coordonnés exactes, Simon Faithfull s’impose de franchir tous les obstacles se présentant sur sa route. On
l’observe tour à tour nager, escalader des barrières (naturelles ou artificielles), traverser des immeubles et propriétés privées
ou encore enjamber des cours d’eau. La figure solitaire de l’artiste s’obstine à remplir une mission qu’on lui aurait confié,
franchissant des limites géographiques et physiques pour maintenir son cap.
Photographies : Simon Faithfull, 0°00 Navigation, 2009 © Simon Faithfull
Entre voyages improbables et isolements volontaires, le travail des artistes Laurent Tixador et Abraham Poincheval fait
usage de situations inhabituelles. Imaginant des aventures à fortes contraintes, ils mettent en jeu leur limites physiques et
psychologiques lors d’expériences radicales comme la traversée pedèstre de la France (de Nantes à Metz). Leur marche se
fait à la boussole, en ligne droite, sans se munir de carte géographique. Les obstacles qu’ils rencontrent comme les rivières,
les autoroutes, les propriétés privées, etc., modifient et tracent également leur parcours.
Photographies : Laurent Tixador et Abraham Poincheval, L’inconnu des grands horizons, 2002 © DR
Cartographie et territoires
L’œuvre Quenanville as Antipode entretient un lien exclusif avec le territoire normand. L’artiste réalise une marche selon un
schéma spécifique à Quenanville, non loin de la Manche. Le parcours pédestre reprend le tracé exact d’un rocher situé dans
l’archipel des Antipodes, à l’exact opposé géographique du hameau. Simon Faithfull suit les sinuosités du rocher cartographié
et transposé au préalable, franchissant tous les obstacles qui se dressent devant lui (hangar, barrières, etc.).
Photographies : Simon Faithfull, Quenanville as Antipode, (détails), 2014 Production Frac Basse-Normandie © Simon Faithfull
Richard Long use de la cartographie comme d’un indicateur temporel. Dans l’œuvre A Walk of Four Hours and four circles, il
trace sur une carte quatre cercles concentriques qui semblent indiquer la délimitation topographique de la marche entreprise
par l’artiste. Sur chaque cercle est portée la mention « une heure ». La représentation ne correspond donc pas au trajet réel de
l’artiste : elle matérialise une temporalité ainsi qu’une vitesse de déplacement : « C’est la marche qui scande le temps dont
les cercles dégagent l’épure : non le tracé qui en résulte mais celui qui en est le principe. Ce cercle se contracte et s’étend aux
limites du pas humain ». Le même procédé est utilisé pour Two Walks ou seule la forme diffère (une croix au lieu de cercles
Richard Long, A walk of four hours and four circles, 1972
© DR
Richard Long, Two Walks, Dartmoor, 1972 © DR
A la fin des années soixante, Dennis Oppenheim entame la série des Gallery Transplant. Celles-ci suivent systématiquement le
même processus: le prélèvement, transfert et projection de données d’un espace à un autre. Un espace intérieur, architectural
et culturel (musées, galeries) est mis en relation avec un espace extérieur ouvert et sans aménagement. « Une bonne partie
des réflexions préliminaires provient de l’examen des cartes topographiques et aériennes, puis de la collecte d’un certain
nombre d’informations météorologiques. J’emporte ensuite le tout dans l’atelier terrestre ». L’artiste déplace une partie d’un
site pour la transférer sur un autre, il parle alors de dislocation.
Photographies : Dennis Oppenheim, Gallery Transplant, 1969 © DR
Récifs
Reef résulte d’un processus engagé par l’artiste en août 2014 en collaboration avec de nombreux acteurs (Marine anglaise,
institutions culturelles anglaises et françaises, etc.). Simon Faithfull y présente le dernier voyage et le naufrage volontaire
d’un bateau de pêche précédant sa lente transformation en un récif artificiel. L’œuvre se compose de deux éléments : une
installation filmique et le navire, élément sculptural façonné par l’artiste. Reposant sur le sol marin, une métamorphose
s’opère, transformant progressivement (l’artiste parle de « temps géologique ») l’embarcation en un récif investit par la faune
et la flore aquatique. Le navire quitte ainsi le monde terrestre pour rejoindre les fonds marins. L’installation est composée
de moniteurs retransmet les images filmées par des caméras embarquées sous l’eau. Reef est une tentative qui cherche « à
comprendre et explorer la planète comme un objet sculptural ».
Photographies : Simon Faithfull, Reef, 2014 © Simon Faithfull
Dans The Boat (1921), Buster Keaton et sa famille font un voyage en bateau, navire maladroitement construit par Buster. Commencé sous de sombres augures, le voyage se solde par le naufrage du bateau. Le canot de sauvetage ayant été perd, Buster
et les siens le remplacent par une baignoire. L’un des enfants s’amuse à en ôter la bonde, entraînant l’immersion immédiate.
La noirceur de The Boat n’est jamais tempérée, le comique y frôle sans cesse la tragédie. (Source : Buster Keaton. Portrait d’un
corps comique, livre de Peter Kravanja)
Photographies : Buster Keaton, The Boat, 1921 © DR
L’œuvre de Peter Hutchinson manipule la nature, les mots et les images. Il construit, croise et assemble ces éléments en une
œuvre qui se veut à l’image des phénomènes naturels et des métamorphoses entraînées par le temps : « la transformation,
l’évolution de la nature et son ensemble évoque pour Hutchinson la croissance psychique et le développement de la
personnalité ». Threaded Calabash témoigne par exemple de la transformation naturelle s’opérant sur des calebasses reliées
par une corde et immergées dans l’océan Atlantique.
Peter Hutchinson, Threaded Calabash, 1969 © Frac BasseNormandie
Quelques pistes...
EXPERIMENTER LE PAYSAGE
Simon Faithfull éprouve physiquement le paysage. Ses vidéos sont les traces de ses mouvements dans de vastes territoires.
Son corps devient une échelle pour le spectateur pour découvrir les environnement traversés.
LA NATURE COMME LIEU D’INTERVENTION
A l’instar d’autres artistes héritiés du Land Art, Simon Faithfull intervient principalement dans des espaces naturels ouverts.
La plupart du temps, ses actions n’ont pas d’impact sur le paysage, pour Reef par contre, il intervient et transforme les fonds
marins qui auront eux même un impact sur le navire.
TEMPORALITES
L’œuvre est marquée par différentes temporalités. Le temps de la création qui est celui d’une action et celui de la présentation
qui en est la trace. Dans Reef, la métamorphose progressive du navire se poursuit après l’action de l’artiste et sa présentation
dans l’espace d’expostion. Les œuvres de Simon Faitfhull s’inscrivent dans différents cycles de temps.
BURLESQUE
Simon Faithfull, vêtu d’un costume de ville, parcourt les territoires naturels sans suivre les chemins que leurs particularités
suggèrent au promeneur créant ainsi des situations comiques et décalées.
GRANDEUR NATURE
Reef est une sculpture à l’échelle d’un bateau et de la Manche ; ses marches sont des dessins immenses avec le sol comme
support et le corps comme outil.
FRANCHIR LES FRONTIÈRES
Les actions de Simon Faithfull lui font franchir les frontières naturelles et artificielles des territoires parcourus. Le bateau fait
le lien entre le ciel et la mer, traversant la ligne d’horizon.
HISTOIRE ET ANACHRONISME
La bateau rejoint d’autres épaves, les bateaux coulés pendant la seconde guerre mondiale devenus des récifs au fond de l’eau.
À VOS AGENDAS !
À
NOUS DEUX :
L’ART CONTEMPORAIN ET LE PUBLIC
Journées d’études
Les 28 et 29 janvier 2015
Organisées par le Frac Basse-Normandie à l’ÉSAM Caen-Cherbourg
Initiées par le Frac Basse-Normandie, ces deux journées d’études européennes aborderont les
enjeux des dispositifs d’éducation artistique et de médiation en art contemporain, leurs incidences
sur la réception de l’art, les modes d’exposition tout autant que sur l’implication des artistes.
A
FRAC OUVERT
9 EDITION - EAT ME ème
6 semaines dédiées à la pédagogie
Du 2 mars au 12 avril 2015
Pendant six semaines, les salles du Frac seront dédiées de façon exceptionnelle au public scolaire et
aux groupes d’enfants, d’adolescents et d'adultes en formation pour y découvrir des œuvres de la
collection. Cette année, les œuvres exposées répondent au thème du projet départemental, la « magie
des métamorphoses ».
SUPERFLEX
Modern Times Forever, 2011
Du 2 mars au 12 avril 2015
Service des publics
Mathilde Johan - Chargée des publics
Pierre Ligier - Chargé des publics scolaires
Nathalie Pelan - Professeur relais / le lundi après-midi