Journal Monument - FRAC Basse

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MONUMENT continue
> au Sainsbury Centre for Visual Arts, Norwich et au Musée des beaux-arts de Calais
The Sainsbury Centre for Visual Arts, Norwich, UK
Le Centre d'Arts visuels Sainsbury, première réalisation publique de Norman Foster a été construit à l'origine pour accueillir
l'exposition permanente de la collection de Robert et Lisa Sainsbury. Le musée abrite aujourd'hui trois collections : la collection Robert et Lisa Sainsbury donnée à l'Université d'East Anglia en 1973, la collection d'art abstrait et constructiviste de
l'université, Architecture et Design, la collection d'art nouveau Anderson. Cette collection couvre 5000 ans d'histoire de l'art,
avec une vaste collection d'art contemporain, d'art nouveau, d'art moderne, et d'art mondial acquise depuis 1930. Parmi les
artistes les plus renommés de la collection, on peut citer Moore, Degas, Picasso, Bacon, Giacometti et Modigliani. Le programme du Centre Sainsbury comprend des expositions permanentes et temporaires ainsi qu'un programme éducatif unique
avec des visites guidées, des ateliers de travail et des conférences.
The Sainsbury Centre for Visual Arts was Norman Foster’s firt major public building. Built originally to house the permanent display of the Robert and Lisa Sainsbury Collection.
Today the museum houses three collections: the Robert and Lisa Sainsbury Collection donated to the University of East Anglia in 1973, the University Collection of Abstract and
Constructivist Art, Architecture and Design, the Anderson Collection of Art Nouveau.
The collection covers 5000 years of art history, with an extensive collection in Contemporary Art, Art Nouveau, Modern Art and World Art, acquired since 1930. Amongst the most
famous artists in the collection are Moore, Degas, Picasso, Bacon, Giacometti and Modigliani.
The Sainsbury centre programme involves exhibitions, permanent displays and a unique educational programme, which includes tours workshops and lectures.
MONUMENT
Renaud Auguste-Dormeuil, Maya Balcioglu, Olga Boldyreff, Stuart Brisley, Andrew Burton, Boris Chouvellon, Jocelyn Cottencin, Antoine Durand, Mark
Edwards, Jeanne Gillard, Rémy Jacquier, John McDonald, Paul Pouvreau, Nicolas Rivet, Benjamin Sabatier, Marcus Vergette
exposition du 29 mars au 27 juillet 2014
University of East Anglia, Norwich, NR4 7TJ
tél. 01603 593199
[email protected]
John Cornu, Djamel Kokene, Effie Paleologou, Marcus Vergette, Becky Shaw, Société Réaliste, Didier Vivien
exposition du 14 juin au 3 août 2014
The Undercroft
(below the War Memorial, City Hall, Norwich, NR2 1NH)
Le musée des Beaux-Arts de Calais
Le musée des beaux-arts est situé dans le centre historique de Calais. Le musée, inauguré en 1966, est l'œuvre de l'architecte Paul Pamart.Le musée abrite d'anciennes collections rescapées de l'incendie de 1940, ainsi que de plus récentes acquisitions. La collection se concentre sur cinq grands domaines d'intérêt: l'histoire locale, la peinture, les arts graphiques, la
sculpture des XIXe et XXe siècles (y compris Auguste Rodin, Maillol, Picasso, et Jean Dubuffet) ainsi que l'art contemporain
(essentiellement les artistes britanniques).
Le Musée des beaux-arts is located in Calais’ historic centre. The museum which opened in 1966, was designed by architect Paul Pamart.
The museum houses old collections, which survived the fire of 1940, along with more recent acquisitions. The collection focuses on five main areas of interest: local
history, painting, graphic arts, 19th and 20th Century sculpture (including Auguste Rodin, Maillol, Picasso and Jean Dubuffet) and contemporary art (especially
British artists).Permanent and temporary exhibitions are held every year with an educational programme of events.
MONUMENT
Michel Aubry, Pascal Bauer, Benoît Billotte, Boris Chouvellon, Valérie Collart, John Cornu, Jocelyn Cottencin, Isabelle Crespo, Antoine Durand, Mark Edwards,
Leo Fabrizio, Régis Favre, Carole Fékété, Deborah Gardner, Jeanne Gillard et Nicolas Rivet, Rémy Jacquier, David Jourdan, Micha Laury, Michel Le Belhomme,
Léa Le Bricomte, Liane Lang, Virgine Maillard, Matthew Miller, Tom Molloy, Paul Pouvreau, Gilles Saussier, Laurent Sfar, Studio Marlot et Chopart, Patrick
Tosani, Sylvie Ungauer, Didier Vivien, Wolf Vostell.
exposition du 8 mars au 16 novembre 2014
25 rue Richelieu - 62100 Calais
tél : 00 33 (0) 3 21 46 48 40 / fax : 00 33 (0) 3 21 46 48 47
www.musee.calais.fr
European Regional Development Fund
The European Union, investing in your future
Fonds européen de développement régional
L’Union européenne investit dans votre avenir
Le projet Time And Place a été sélectionné
dans le cadre du programme européen
de coopération transfrontalière
INTERREG IV A
France (Manche) - Angleterre,
cofinancé par le FEDER.
9 rue Vaubenard 14000 Caen +33 (0)2 31 93 09 00 www.frac-bn.org
Le Frac Basse-Normandie bénéficie du concours de la Région Basse-Normandie et du Ministère de la Culture et de la
Communication, Direction régionale des Affaires culturelles de Basse-Normandie.
Jeanne Gillard & Nicolas Rivet
Nés en 1983, vivent et travaillent à Genève
Monument est un projet
artistique européen qui fédère
trois lieux : Le Fonds régional
d’art contemporain BasseNormandie de Caen, le musée
des beaux-arts de Calais et le
Sainsbury Centre for visual arts de
Norwich.
Ensemble ils ont sélectionné plus de 30 artistes
contemporains qui s’interrogent sur le monument à
l’heure où vont être
commémorés le déclenchement de
la première guerre mondiale et le
débarquement en Normandie.
Monument se présente sous la
forme d’expositions, de revue numérique,
de résidences d’artistes,
de performances, d’ateliers et de
rencontres multiples de février à
novembre 2014 suivant les lieux.
Monument fait partie du
projet européen Tap (Time
and place), sélectionné dans le
cadre du programme européen
de coopération transfrontalière
INTERREG IV A France (Manche)
– Angleterre, cofinancé par le Feder.
Commissaires d’exposition
FRAC Basse-Normandie
Sylvie Froux
directrice
Sainsbury Centre for Visual Arts
Amanda Geitner, Chief Curator
Veronika Sekules, Deputy Director and Head of
Education and Research Sainsbury Centre for
Visual Arts
Musée des Beaux-Arts de Calais
Barbara Forest
conservatrice du patrimoine
directrice du musée
Composée à plusieurs mains par le Frac Basse-Normandie, le Musée
des beaux-arts de Calais et le Sainsbury Centre for Visual Arts de
Norwich au sein du projet européen Time and Place, l’exposition
Monument se joue au final selon des partitions qui livrent dans chaque lieu une vision singulière historique ou prospective.
L’exposition du Frac Basse-Normandie se veut un son en léger différé
qui établit des allers-retours entre une mémoire commémorative fragile et parfois ambiguë et un questionnement prospectif sur ce qui
pourrait faire monument aujourd’hui.
Des pans de l’histoire contemporaine idéologiques ou symboliques utopies politiques et sociales et rêves de conquête de l’humanité - se
donnent à voir dans un certain nombre d’œuvres.
Entre documentaire et fiction, le film Return to Adriaport d’Adela
Babanova retrace le rêve extravagant d’une Tchécoslovaquie reliée à la
mer par un tunnel dans la vision soviétique du bonheur des peuples.
Le film 1967 : A People Kind of Place de Jacqueline Hoang Nguyen
relate au travers d’archives audiovisuelles la volonté d’une ville canadienne de construire un monument destiné à accueillir les extraterrestres.
Dans son film Refresh the Revolution, Matthieu Martin repeint la Tour
blanche d’Ekaterinbourg, emblématique de l’architecture russe des
années 20, qui catalysait à l’époque l’espoir d’une vie nouvelle. Le
Pavillon Deligny, maquette/fiction de Rémy Jacquier revisite les “lieux
de vie” pensés pour les autistes par Fernand Deligny dans les années
60.
Les dessins de sable collé au mur de Benoît Billotte esquissent les
silhouettes de tours contemporaines caractéristiques tant d’une folie
des grandeurs que de la soif de pouvoir qui y est associée. Symboles
malmenés au fil du temps par les intempéries, les photographies de
drapeaux déchiquetés de Boris Chouvellon, “gueules cassées”, figures
de ruines révèlent les désordres du monde. Jeanne Gillard & Nicolas
Rivet sculptent avec ironie dans le savon, des reproductions de sculptures publiques déplacées hors de leur contexte initial ou détruites
pour des raisons politiques.
L’exposition interroge par ailleurs plus largement la société contemporaine dans laquelle s’immiscent de nouvelles formes d’hypothétiques “monuments”, traces emblématiques de ce qui constitue
aujourd’hui la mémoire occidentale : productions en série en tous
genres, supermarchés, consommation à l’extrême, ou encore web et
réseaux sociaux…
Régis Fabre, dans Vakttorn, détourne ainsi un lit en kit d’un fabricant
dont l’enseigne est à elle seule un média, en potentielle tour de guet
peu accueillante ; Pascal Bauer, avec Master_of_the_ wolves, grave
dans le marbre des fragments d’un fil de discussion récupéré sur
Internet, échange absurde placé ici comme une épitaphe. Simon Le
Ruez accouple planche à repasser, bunker et gazon de golf en une
sculpture inattendue.
Les armures, coquilles vides assemblées en photo de groupe par
Carole Fékété, les obus récupérés au présent et emplumés comme
des trophées de tribus indiennes de Léa Le Bricomte et l’œuvre Deep
Captive de Pascal Bauer en réfèrent à la violence, à l’attaque et au
combat comme constances inextinguibles de l’humanité.
Enfin Robert Foster réactualise sa performance Spectre. Debout sur
un socle, recouvert d’un simple drap, tel une sculpture, il fera à lui seul
office de monument le temps du vernissage ; il n’en restera ensuite
pour seule trace que, punaisé au mur, le poème Ozymandias de Percy
Bysshe Shelley (1817) dans lequel le poète renvoie dos à dos gloire et
vanité.
* Shoeing protest Takrit, 2009
de la série Soap Sculpture, 2013
sculpture sur savon, graphite sur bois,
95 x 30 x 30 cm chaque
Prolongeant l’iconographie des compétitions sur savon organisé par Edward Bernays aux
États-Unis dans les années 1930, ce projet réunit une collection de répliques en savon de
sculptures publiques censurées. Des sculptures qui ont été retirées d’un site pour lequel
elles étaient initialement destinées en raison de conflits, de menaces, de censure, etc. À la
suite de recherche dans l’histoire des monuments interdits, Jeanne Gillard & Nicolas Rivet
ont constaté que la censure n’était pas liée seulement à leur représentation, mais aux relations que les sculptures entretenaient avec certains éléments présents dans leur environnement. Révélant que la compréhension d’une sculpture publique est avant tout tributaire
du contexte dans lequel elle s’inscrit.
Ainsi, l’œuvre publique Broken Obelisk de Barnett Newman, initialement placée à
Washington, non loin de l’obélisque dédié au premier président des États-Unis, fut retirée
car elle portait atteinte aux valeurs civiques américaines.
Elaboré en janvier 2009 avec la collaboration des enfants d’un orphelinat, Symbol of Courage
de Laith Al-Amiri* est un monument érigé à la gloire du journaliste Muntazer Al-Zaidi
ayant lancé sa chaussure à la face de George Bush. Rapidement détruite après son installation, cette œuvre artisanale ressurgit entre les murs du Palais de Tokyo en 2010 où l’artiste interroge sa forme immémoriale.
Ces sculptures constituent par les relations qu’elles entretiennent avec leur site initial, une
archive critique des sculptures publiques.
source : dossier de l’artiste et www.palaisdetokyo.com
Carole Fékété
Née en 1970, vit et travaille à Paris
Les armures, 2014
impression photographique sur dos bleu, 280 x 550 cm
Co production Musée des beaux-arts de Calais,
Frac Basse-Normandie
Remerciements au musée de l’Armée, Paris
Les photographies de Carole Fékété présentent le plus souvent des objets isolés de leur contexte et de leur environnement. Le sujet, privé de ses coordonnées spatio-temporelles, se trouve déterritorialisé. Il n'existe plus qu'en luimême et par lui-même. En couleurs, en noir et blanc, de format miniature ou
monumental, la vision s'élabore sur le temps et la minutie de l’observation,
faisant apparaître la charge culturelle et anthropologique de ses sujets dont la
singularité détermine la forme de la représentation.
Partant du modèle de la traditionnelle photographie de groupe, la photographie Les armures consiste en une image unique et monumentale. À l’origine,
la fonction d’une armure est de protéger le corps; ici en l’absence de contenu
c’est leur dimension fantomatique qui domine. L’aspect sériel du travail est
toujours présent chez Carole Fékété, mais avec ce projet, c’est à l’intérieur
d’une même image que les objets collectés se trouvent réunis et déclinés
sous différentes formes. Le temps des armures ne coïncide pas avec celui de
la photographie, leur présence à l’intérieur d’un cliché offre un point de vue
décalé parce qu’anachronique. Face à l’historicité d’une collection muséale, la
science-fiction s’invite pour se conjuguer au passé. Un écart s’ouvre, faisant
place à la fantaisie et à la fable sur un ton légèrement burlesque tandis que
cette mascarade ne parvient pas tout à fait à dissimuler la violence qui sourd
encore de ces froides effigies martiales.
sources : http://www.collectionsocietegenerale.com et dossier de l’artiste
“La pratique de Léa Le Bricomte est articulée autour de son corps. Elle génère ainsi
une réflexion plurielle autour de concepts précis qu’elle multiplie et chahute : le
corps, l’objet et l’image. Elle puise ses références au creux d’une période féconde de
l’histoire de l’art, les années 1960-1970, en sollicitant des questions posées par les
artistes issus de l’art corporel ou encore du Nouveau Réalisme.
Avec pertinence, elle allie ready-made (objets manufacturés - sériels), savoir-faire
spécifiques (pièces artisanales – uniques) et actions (organisme – corps – mouvement) pour élaborer ce qu’elle nomme l’esthétique sécrétionnelle. Elle explore l’univers guerrier en ayant recourt à des matériaux et à une iconographie militaire : obus,
balles, cibles, médailles, menottes, armes. Des objets compris comme les vestiges
de combats passés ou récents qu’elle récolte et collectionne, ceci afin de leur attribuer une nouvelle forme d’existence. Ils sont accumulés, moulés (vaseline, latex),
augmentés de roulettes ou bien de plumes. Léa Le Bricomte opère à des croisements, à une créolisation non seulement des objets, mais aussi de leurs symboliques, de leurs histoires et de leurs portées sur un imaginaire collectif décloisonné.
La série d’obus montés sur des roues de skateboard (Free Rider – 2011-2012) prend
une dimension ludique, les munitions sont vidées de leurs fonctions offensives et
dangereuses.
Dans la série Guerre de Tribus, des obus de mortiers, APAV 40 et grenades sont
associés à des plumes provenant d’une réserve indienne canadienne. Les armes renvoient au monde occidental, industriel, tandis que les tressages en cuir et les plumes
sont issus de l’apparat guerrier indien. L’artiste croise deux cultures, deux mondes
en produisant des talismans alliant une idée de prolifération guerrière et un rapport
primitif au combat.” Julie Crenn
Léa Le Bricomte
Née en 1987, vit et travaille à Paris.
Guerres de Tribus, 2012
obus de mortier tressage en cuir,
perles et plumes
Courtesy galerie Lara Vincy
Jocelyn Cottencin
Pascal Bauer
vit et travaille à Rennes
Considérant la typographie comme un matériau graphique et plastique, Jocelyn
Cottencin l’expérimente à travers différentes formes : la performance, l’intervention
dans l’espace public, l’installation, le dessin, le livre, l’espace scénique comme dans
Vocabulario en 2007 réalisé avec Tiago Guedes et I Can’t Believe The News Today,
réalisé à Pau en 2009. Il collabore depuis une dizaine d’année avec le chorégraphe
Loïc Touzé et a conçu les dispositifs scéniques de plusieurs pièces dont LOVE (2003),
9 (2007), La Chance (2009) et récemment Gomme (2011) et Ô MONTAGNE (2012). En
2009, il travaille avec la chorégraphe Emmanuelle Huynh pour la création de la pièce
Cribles et aujourd’hui pour TOZAI (2014).
Pour le projet MONUMENT, il répond à la proposition conjointe du Musée des BeauxArts de Calais, du Sainsbury Centre for Visual Arts et du Frac Basse-Normandie de
produire la charte graphique attenante à ce projet. Partant des photographies des différents monuments présent à Calais, Norwich et Caen, il en conçoit une police typographique qui en façonne le titre, décliné sur tous les supports de communication
du projet artistique.
Il conçoit également la vidéo “Monumental”. Monuments, architectures, statues,
œuvres d’art sont la base d’une partition visuelle interprétée par un groupe
de 12 performers et chorégraphes suivant un espace et des contraintes temporels
définis. «Monumental» met en jeu la question de l’émission et de la réception des
images. Au travers de la statuaire, du patrimoine architectural et desœuvres dans
l’espace public, le projet par le biais de ce groupe de performers déplace les notions
de figure, récit et forme. Chaque monument sélectionné est décodé et restitué par
des actions, des mouvements et des déplacements.
1. Ready-made, 2009. impression sur bâche PVC,
300 x 450 cm.
2. Deep captive, 2012.
inox, aluminium, bois, silex, 85 x 22 x 22 cm
3. Master_of_the_wolves, 2014
marbre de Carrare, 9,5 x 85 x 30 cm
2
3
1
“L’œuvre de Pascal Bauer pose un regard lucide sur un monde dont les modèles, en particulier masculins, sont pour le moins
vacillants. Pascal Bauer s’attaque volontiers aux stéréotypes comme à nos conditionnements à travers des œuvres dont le
propos est généralement nuancé par “l’ironie humoresque” : “elle est toujours humble à quelque degré ; elle est sans
aigreur et pacifie, par une médiation conciliante, les cruelles antithèses du sarcasme”. Raphaël Cuir
Ready-made est une liste de 11000 termes compilés à partir des fichiers des différents organismes de protection de propriété
industrielle européens. Cette liste représente la globalité des objets d’usage plus ou moins courants, dont le développement
déclaré, occupe la globalité de l’intellect humain. Il y a là un vertige, à ce que cette matière grise humaine puisse être réduite à une
liste posée sur un bout de papier, et une fascination du quantitatif de la matérialité produite.
« Deep Captive, associe deux armes, un missile et une massue. L’hybridation des matières, l’inox, l’aluminium, le bois, le silex
(en soi une prouesse technique), exprime l’hybridation des époques dans cette ellipse temporelle qui réunit en un même objet le
temps préhistorique et le temps contemporain, comme si l’homme des cavernes côtoyait les missiles à tête chercheuse ; toute
l’histoire de l’instinct guerrier des hommes se condense en un seul objet. La force visuelle de l’œuvre, comparable à celle du slogan, tient de l’économie et de la densité propre à l’ellipse rhétorique. » Raphael Cuir
Master_of_the_wolves est une gravure sur marbre, d’un “chat” récupéré sur Internet. Même jeu entre l’instantané et l’éternel,
ce Chat n’est pas là pour se moquer, mais pour observer chez des personnes inconnues, apparaissant comme archétype d’une
époque, la capacité à la résignation, à l’auto-aliénation. L’analogie au monument est un trait d’ironie, qui pose une problématique sociétale en lieu et place de l’évocation de valeurs toujours positives.
Né en 1969, vit et travaille à
Angoulême
Enterlude (extrait de la
série “Les Choses vues”),
2010
impression numérique
63 cm x 48 cm
Collection de l’artiste
Vakttorn, 2012
lit mezzanine en kit requalifié en tour de guet
bois, métal, carton et tissu
208 x 80 x 90 cm
Collection Frac Poitou-Charentes
Robert Foster
Vit et travaille à Bristol
source : dossier de l’artiste
Régis Fabre
conception graphique pour l’exposition
Monument
déclinaison en carton, flyer, affiche
2014
Le travail de Régis Fabre regorge d'une culture du pire qui, galvaudée, passe inaperçue et se trouve digérée par l'accoutumance. Si sa pratique est variée, les
sujets traités révèlent tous un climat inquiétant. Se saisissant de signes ou codes
connus de tous, sa diatribe emprunte les outils de l'extrême pour se jouer du
glauque socialement entretenu.
Enterlude fait partie de la série « Les choses vues ». Une petite photo parue dans
le magazine “Elle”, perdue dans le flot d’articles et d’images hétérogènes, placée
de manière un peu incongrue entre une recette de cuisine et un bon plan shopping. Une image sur laquelle le regard peut ne pas s’arrêter lorsqu’on feuillette
distraitement la revue.
C’est précisément cette image qu’a captée le regard de Régis Fabre. Extraite de
son contexte, elle est ici recadrée et agrandie créant un sentiment de malaise.
Pour Vakttorn, Régis Fabre a repris les éléments d’un lit en kit pour enfant d’une
marque de meubles incontournable pour en fabriquer un mirador en bois et carton, à mi-chemin entre la maquette, le jeu de construction et la représentation
symbolique du pouvoir autoritaire. On retrouve là une démarche analogue à celle
empruntée pour Enterlude : une décontextualisation de l’objet et une mise en
lumière des éléments du réel grâce à un recadrage de l’artiste.
Source : Frac Poitou-Charentes
Né en 1970, vit et travaille à Sheffield et Berlin
Simon Le Ruez s’intéresse à la manière dont le quotidien, l’idée du rien,
peut faire monument. L’intérieur et l’extérieur, comme territoires distincts, se trouvent confrontés dans ses œuvres. Dans A Familiar Place
For The Very First Time, une table à repasser-bunker recouverte d’un
pastiche de gazon, offre un paysage étrange mêlant le caractère domestique et statique du repassage à la violence du bunker. Cependant, le
bunker ne véhicule pas uniquement l’idée de guerre, c’est aussi un lieu
de protection, un lieu où l’esprit s’échappe, un lieu où l’on se retrouve
dans l’intimité, un lieu d’enfermement.
C’est l’abandon qui confère au bunker sa dimension de monument. Son
inactivité, son inutilité et sa décrépitude le place en témoin d’événements passés.
Simon Le Ruez
A familiar place for the very
first time, 2009
bois, acier, ciment, peinture
116 x 36 x 105cm
collection de l’artiste
> invitation à Jocelyn Cottencin le 25 mars à 19h au Frac :
projection de Monumental suivie d’une discussion avec l’artiste
Recouvert d’un drap et installé sur un socle, un performer reste statique, à côté de lui un poème est
accroché. La performance Spectre de Robert Foster
est un contrepoint à l’idée du monument, par sa
forme même, la performance, forme transitoire,
éphémère et fugace. Elle rappelle une sculpture
oubliée, laissée à l’abandon, dont seule une infime
partie est visible. Le poème, point de départ de l’œuvre, parle de la difficulté de créer et de la volonté de
postérité des artistes. Cette performance illustre
avec ironie ce poème classique. L’artiste pousse
aussi à l’absurde l’idée du corps, si importante dans
la performance d’artistes comme Marina Abramovic,
en se recouvrant d’un simple drap. Cette performance-sculpture n’est pas seulement une référence
à une histoire partagée mais aussi à une histoire
personnelle : le jeu enfantin de déguisement en fantôme.
Né en 1974 à Berlin, vit et travaille à Glasgow
J’ai rencontré un voyageur venu d’une terre antique
Qui m'a dit : « Deux immenses jambes de pierre
dépourvues de buste
Se dressent dans le désert. Près d’elles, sur le sable,
À moitié enfoui, gît un visage brisé dont le sourcil froncé,
La lèvre plissée et le sourire de froide autorité
Disent que son sculpteur sut lire les passions
Qui, gravées sur ces objets sans vie, survivent encore
À la main qui les imita et au cœur qui les nourrit.
Et sur le piédestal il y a ces mots :
"Mon nom est Ozymandias, Roi des Rois.
Contemplez mes œuvres, Ô Puissants, et désespérez !"
À côté, rien ne demeure. Autour des ruines
De cette colossale épave, infinis et nus,
Les sables monotones et solitaires s’étendent au loin. »
Mick Peter
“Il y a beaucoup d’entreprises pour lesquelles un désordre méticuleux est la bonne
méthode”. C’est à partir de ce petit exergue que Mick Peter aborde ses sculptures
dont la technique est d’abord traditionnelle (tailler creuser…). Avec leur esthétique
rugueuse et « fait main », les œuvres de Mick Peter déroutent le spectateur tant
elles tranchent avec les codes dominants de la sculpture contemporaine pour
annoncer une pratique érudite, décomplexée et bourrée de second degré. Les
matériaux qui recouvrent le polystyrène de départ (résine, latex ou autre composé)
rendent un aspect non fini et un peu mou. Si les sources restent le plus souvent
secrètes, les titres peuvent les dévoiler. Des références littéraires et musicales sont
ainsi combinées, évidentes pour l’artiste.
Messiaen’s Ornithological Transcription est emblématique de l’arrangement de ces
divers éléments. Mick Peter y mêle l’intérêt du compositeur Messiaen pour l’opéra
ornithologique et le constat amusé que fait Gustave Flaubert dans son journal de la
situation des statues égyptiennes soumises aux « créations » imprévisibles des
oiseaux. Il en résulte une sculpture totémique non dénuée d’humour.
Messiaen’s Ornithological Transcription
2008
jesmonite, mousse polyuréthane, tiges acier,
210 x 40 x 40 cm
Collection Frac Basse-Normandie
Rémy Jacquier
Né en 1972, vit à Bouzillé et travaille à Nantes
Pavillon Deligny. 2002.
carton, bois, plexiglass., 150 X 175 X 130 cm.
* Ferdinand Deligny demandent aux adultes de tracer des cartes sur lesquelles ils reportent leurs propres trajets puis, sur
des calques, les lignes d’erre des enfants. Ces cartes ne servent
ni à comprendre ni à interpréter des stéréotypies ; mais à « voir
» ce qu’on ne voit pas à l’œil nu, les coïncidences ou chevêtres
(lignes d’erre qui se recoupent en un point précis, signalant
qu’un repère ou du commun se sont instaurés), les améliorations à apporter à l’aménagement de l’espace...
Rémy Jacquier réalise à la fois des sculptures, des dessins, des installations et des performances qui se fondent sur un système très personnel
d’équivalences avec la littérature, la science ou la musique. En jouant sur
des notions de déplacement, ses œuvres mettent en forme les articulations de la pensée, par le langage plastique elles montrent le cheminement de l’idée, elles bâtissent l’architecture de la dérive conceptuelle. Son
travail trace d’étranges trajectoires et invite le spectateur à parcourir une
pensée comme on traverse un paysage.
Premier volume architectural de la série des pavillons rendant hommage
à Ferdinand Deligny et à ses lignes d’erre*. Il s’agit ici d’un parcours dans
l’espace effectué à partir de la bascule intérieure des planchers de 32
modules cubiques, créant ainsi un entrelacement et une perte d’orientation.
La plupart des volumes de la série renvoient à des personnalités ayant eu
des relations avec le monde la psychiatrie, jouant ainsi sur l’ambiguïté
entre pavillon architectural et pavillon psychiatrique.
Ces volumes architecturaux sont donc des lieux de mémoire et de fi ction
jouant sur l’idée de projection mentale en tant que maquette d’architecture et de rapport au corps dans les dimensions ou les échelles choisies.
Jacqueline Hoang Nguyen
Née à Montréal, vit et traville à New York
1967 : A People Kind of Place, 2012,
films Super 8, 16mm et 35mm
transférés sur DVD, 20 mn
Collection de l’artiste
sources : dossier d’artiste et http://www.editions-arachneen.fr
Jacqueline Hoang Nguyen fonde sa pratique sur la recherche et la théorie féministe et
enquête sur les questions d'historicité, de collectivités, de politiques utopiques et de multiculturalisme. Elle vise à révéler la pertinence politique d’anecdotes anciennes passées
inaperçues ou jugées anodines en les exploitant sous un jour nouveau.
1967 : A People Kind of Place est un film composé d’archives audiovisuels qui revient sur
le projet de la ville de Saint-Paul, au Canada, de construire le premier monument dédié à
l’accueil des extraterrestres à l’occasion du 100e anniversaire de la confédération
canadienne, the Canadian Centenial Committee. Le film reconstitue à partir d’images
d’archives l’atmosphère de l’époque. Il commence ironiquement par la phrase «This is a
true story» sur la musique de la série “Les Envahisseurs (The Invaders)”. Macrocosme et
microcosme s’y mêlent à volonté puisqu’on y voit aussi bien une famille préparant Noël que
des paysages et animaux typiques du Canada, le tout parsemé d’images de l’espace et de
l’inauguration de la fameuse piste d’atterrissage. Des phrases documentent à la fois la
recherche en littérature faite par l’artiste lors de l’élaboration du film qui reflètent également des idées de l’époque : références sont faites à Buckminster Fuller l’architecte qui
a conceptualisé le dôme pour le pavillon des Américains à Expo67, Ernst Bloch l’un des
grands penseurs modernes qui a défini le projet utopique, Ursula K. LeGuin auteure américaine de science-fiction qui a écrit sur des questions identitaires et de genre, enfin,
Marshall McLuhan théoricien de la communication, célèbre pour son expression de «village planétaire» qualifiant les effets de la mondialisation.
sources : http://archivistesqc.wordpress.com, http://gn-o.org
Boris Chouvellon
Né en 1980, vit et travaille à
Marseille et Paris
Matthieu Martin
Né en 1986 - Vit et travaille In-cité
La ville, inspiration et matière première du travail de Matthieu Martin, est au centre de ses
réflexions. Cet artiste qui se définit comme travaillant « in-cité » utilise l’espace urbain comme
espace de travail.
Parmi ses œuvres, une série de peintures semble n’être, à première vue, que de simples monochromes. Mais très vite, le support magazine est identifiable et les aplats de couleurs qui le
recouvrent rappellent les peintures qui masquent les graffitis dans la rue. Matthieu Martin, avec
beaucoup d’humour, recouvre les magazines de graffs de peinture grise et redonne ainsi à ces
œuvres figées sur le papier leur caractère éphémère.
La série Povera Mobility semble être tout aussi dérisoire que sa série de peintures : de massives pierres montées sur roulettes,
geste de l’artiste apparemment absurde et pourtant plein de sens. Ces pierres, utilisées pour bloquer l’accès des terrains vagues
aux gens du voyage, perdent ici leur utilité première. Avec elles, les espaces libres des villes sont modifiés et peuvent être pensés avec utopie.
Pour Refresh the Revolution, à Ekaterinbourg, Matthieu Martin a voulu redonner à une tour abandonnée sa couleur blanche d’origine. Geste simple, sans prétention et qui a permis à la tour d’être ensuite protégée comme monument historique. La tour n’a
plus alors fait partie d’un décor habituel de ruines. Par cette intervention elle a pu sortir de son oubli et être à nouveau visible.
Cette visibilité c’est aussi celle qu’il cherche à donner au bâtiment de l’architecte Erich Mendelsohn à St Petersburg. Sur les bâtiments abandonnés la nature prend le dessus et les arbres poussent et envahissent l’espace. Ce sont ces arbres que Matthieu
Martin a conservés et déplacés dans l’espace d’une galerie d’art. Représentant le bâtiment abandonné, ces arbres deviennent
symboles d’éléments du patrimoine prolongeant l’histoire du modernisme. Chloé Hipeau, Août 2013
La pratique de Boris Chouvellon s'ancre dans l'art du déplacement. Pas un déplacement seulement
physique mais un déplacement du regard. Il traque les ruines ou les derniers éléments visibles de la
production et de ses flux. Pour cela, il va trouver ses matériaux dans les zones où se dessine ce type
de paysages, les zones périurbaines où s'étendent de vastes mouvements entre entrepôts construits
en matières légères - nous sommes ici loin des bâtiments en pierre des anciens docks des zones
industrielles de la fin du XIXe et du début XXe siècle.
Une galerie de portraits, ces “gueules cassés” nous rappellent que derrière cet art de la vexillologie
se cache toute une galerie de tyrans promus par la gloire héroïque de projets magnifiques, puis
déchus offerts alors en pâture à la foule. Dans cette série de drapeaux déchiquetés le processus de
dégradation physique agit comme les révélateurs des désordres du monde. Un cadrage concentré sur
le drapeau ou plutôt sur ce qui en reste après l’usure du temps, une vision en contre-plongée hiérarchisant le rapport à l’objet devenant la métaphore du rapport individu/ état, l’uniformité bleutée des
ciels sur lesquels chaque drapeau se détache comme une figure iconique. Figure du dynamisme et
figure de ruine, figure inquiétante et dansante en même temps, celle du devenir des nations dont
l’emblème hier encore était flamboyant alors qu’aujourd’hui son autorité semble si vulnérable.
Sans titre -2007-2011
sources : http://www.paris-art.com et dossier d’artiste Boris Chouvellon
ensemble de 8 photographies
couleur
120 X 80 cm chaque
Tel un arpenteur, Benoît Billotte collecte les informations et les ressources documentaires qui nous
entourent. Les données aussi bien chiffrées, scientifiques, que techniques sont transcrites, traduites visuellement sans pour autant conserver leur lecture première. Maniant alors les cartes, les
flux et les statistiques, il propose un détournement formel et conceptuel de ces données objectives
que la société produit pour se donner des repères. Coupées de leur contexte, elles sont ramenées
à leur pure abstraction et deviennent des signes graphiques et poétiques aux interprétations ouvertes.
Benoît Billotte
Né en 1983, vit et travaille à metz et Genève.
Refresh the Revolution, video couleur HD, 10.51min, collection Frac Basse-Normandie
Return to Adriaport, 2013
video, 12 min, courtesy Jiri Svestka Gallery
Adela Babanova
Née en 1980 à Prague, vit et travaille à Prague
Adela Babanova compose ses films à partir de formes littéraires, de procédés et d’éléments
issuent de la radio et de la télévision, elle emprunte à ces médiums le format de l’inteview ou
du débat public par exemple. Elle s’associe régulièrement avec des équipes de cinéma et des
acteurs professionnels; elle utilise pour construire ses films, aussi bien des photographies d’archives que les nouvelles technologies comme l’animation 3D.
Return to Adriaport est un mélange de fiction et de faits historiques qui parle du désir des
habitants des terres pour la mer. Il revient sur la rencontre entre le président communiste
tchèque Gustáv Husák et le professeur Zlábek, ce dernier tente de convaincre le président du
bien fondé de sa vision. Les deux hommes partagent le rêve de voyager jusqu’à la mer,
comme la métaphore d’un désir de liberté et de bonheur dans une réalité socialiste sombre.
Apollo / Futuro est un montage photo reprenant les trois astronautes de la mission Appolo 1 en
train de prier devant leur module lunaire remplacé ici par la Maison Futuro conçue par Matti
Suuronen connue pour ses formes proches d’une soucoupe volante.
À mi chemin entre hommage et montage de science-fiction, cette sérigraphie fait se rencontrer
deux mondes distincts présentant tout de même des ressemblances de formes. Apollo / Futuro
perpétue le souvenir de ces astronautes tout comme la conquête spatiale qui fut un élément
moteur de l’économie et la politique du XXème siècle. Elle rappelle aussi l’impact de ces évènements sur la culture de masse et notamment au travers du développement de la science fiction et
de l’architecture.
1
2
Plaque Pioneer (version beta) perpétue le souvenir de l’évènement de la plaque Pioneer envoyée
dans l’espace en 1972, tout en revisitant les formes commémoratives à destination de la science et
de la volonté humaine de mieux se connaitre.
3
La série Château de sable présente les bâtiments aux silhouettes en perpétuelle extension. Cette
soif de hauteur, proche de l’acte démiurgique atteste de l’expression d’un pouvoir, d’une supériorité. Des colosses aux pieds d’argile semblent alors se multiplier dans les mégalopoles contemporaines. Les grains de sable sont les restes, les ruines d’un monde qui n’est déjà plus, tout comme
ces édifices qui tôt ou tard reviendront à l’état de poussière et dont seule une imagerie
subsistera.Au Frac, Benoît Billotte reproduit une des plus hautes tours de Shangaï inaugurée en
2008.
source : dossier de l’artiste
1.Apollo / Futuro, 2012 - 2013
tirage en sérigraphie, 57.5 X 41 cm
2. Plaque Pioneer (version beta), septembre 2011
plaque en plomb moulée, 23 X 17 cm
3. Château de sable, 2014
dessin au sable sur le mur, 60 X 400 cm