Décembre 1923

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3« Année
Décembre
1923
W 36
Revue Mensuelle Bilingue d'Action Bretonne
- MOliLLET E TI A N c DÉPÊCHE »
BREST
Le Sumère
: tfr.
26
Gérant : J. OIUYISJ^
tj, rue i* Srwrf, Lamdtrntam.
Buhez Breiz
(LA VIE DE L A B R E T A G N E )
1{evué mensuelle d*étudeù pout la défende deô
intétêtà nationaux : intellèctuelà, économiques et
attiàtiqueù de la Œzetagne.
RÉDHCTIOM :
Rédacteur en chef: Pierre Mocaër
Daniel Bernard — Léon Le Berre — Olivier Berthou — J. Bonillé —
P Caradec — Y von Croq — Pol Diverrès — G. Dottin — M. Duhamel —
E. Ernault — Marquis de l'Estourbeillon — Loeiz Ar Floc'h — Fanch
Gourvil — Jules Gros — Loeiz Herrieu — Fanch Jaffrennou — Alfred
Lajat — Yves Le Moal — Erwan Marec — Emile Masson —André
Mellac — Meven Mordiern — Y. Morvran Goblet — Louis Nicolas —
lvonig Picard — Docteur Picquenard -i— H. Quilgars — R. Roy —
François Vallée.
r
La Revue est rédigée en breton et en français.
Les manuscrits ne sont pas rendus, sauf convention contraire.
L'orthographe bretonne est celle de VEmgleo ar Skrivagnerien pour
le breton génétal et celle de la grammaire Guillevic et L e Goff
(tendance Dihunamb) pour le dialecte vannerais.
Les articles n'engagent que la responsabilité de leurs auteurs.
Tous les droits de reproduction, traduction et adaption sont
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intéressant la Bretagne ou les pays celtiques et dont un exemplaire
aura été adressé à M. Pierre Mocaër, 40, boulevard Gambetta, "Brest.
.
"Les
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Prix de l'abonnement annuel : м francs (Etranger : ao francs)
abonnements partent des t" Janvier et 1 "Juillet et sontpayables d'avance.
ТягU des annonces à Vannée :
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le i / 8 \ 3 5 fr.; le i / i 6 % 1 5 fr.
Pour d'autres conditions, on traitera à forfait
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s'adresser à M . J. Ollivier, 1 7 , rue de Brest, Landerneau.
Compte courant de chèques postaux : C. Ç. Rennes 32,48 '.
SOMMHIRE :
La langue Nationale au Pays de Galles ( s u i t e )
la
Jtciue Липе (state)
L B GUYADBR .
JÇeranborn . . . . . . . . \ . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Les Ecrivains Bretons du Pays de Vannes ( M . N
Souscription pour te .monument С'alloc'b.
Merdeaàenn Vindosêtlos ( k e n d a l ' c h )
line cetiute de l'organisme Breton (suite).
M leorig Burxudus ( k c n d a J c ' h ) . . . . . . . . . . . . .
Tormatiom Bretonnes ou "Emprunts Français.',
La Bretagne vue par un Gallois ( s u i t e )
Chronique.
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JONES.
T y w i
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F.-M. Luzil.
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C h . L B GOPPIC.
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MILIN.
M .M .
D* Di VERRE*.
Prenit, lennlt ha studiit :
L,a langue bretonne en 40 leçons, par F . Vallée, 6* édition,
imprimerie Saint-Guillaume,
Saint-Brieuc, et chez tous les
libraires de Bretagne.
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P r i x franco : 3.50
Vocabulaire français-breton
de L e Gonidec, édition revue par *
F. Vallée, librairie Prudhomme, Saint-Brieuc.
Prix franco : 6.80
Notennou diwar-benn Istor ha Sevenadur ar Gèlted koz (Notes
sur l'Histoire et la Civilisation celtique), par Meuen Mordiern et
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7 fascicules avec lexiques, notes, cartes, etc. Chez
R. L e Roux, Saint-Hélory, P o r d i c (Côtes-du-Nord).
P r i x franco : 2.1*5
(Edition bilingue (breton-gallois, m ê m e prix; édition sans
lexique, 1. 5 0 ) .
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chez R. L e Roux, Saint-Hélory, Pornic.
Prix franco : 1 franc
Sous PRESSE :
SKELTA
SEGOBRANI,
mémoires du mercenaire celte Segobranos.
Les trois premiers livres en deux volumes dont le prix ne
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F E I Z HA BREIZ
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ARVORIG
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Kelaouenn
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Bretagne. 6 fr. l'an.
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à la même personne)...
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BREIZ AT AO
Organe
do rUnvaniez Yaouantiz Breiz
Revue mensuelle quadrilingue
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B r e t a g n e - F r a n c e : 10 francs.
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La Bretagne intégrale
Revue mensuelle bilingue
Organe du Comité de Défense
des Intérêts Bretons
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17, rue de Châteaudun
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3* ANNÉE
DECEMBRE 1923
SOMMAIRE :
UNE CELLULE
DE
BRETON (suite)
LA LANGUE
NATIONALE
AU PAYS
DE GALLES
(suite).. T ï W » JONES.
LA REINE ANNE (suite). F. LE GCYADER
KERANBORN
F.-M. LIZEL.
LES ECRIVAINS
BRETONS
DU PAYS
DE VANNES
( M . Xoury)
P . G.
SOUSCRIPTION
CALLOC
H.
MERDE A DENN VINDOSETLOS.
. X3-
AL LEORIG
L'ORGANISME
Ch. LE GOFFIC.
BURZUDUS
(kendalc'h).
G. MILIW.
FORMATIONS
BRETONNES
OU EMPRUNTS
FRANÇAIS
M. il.
LA BRETAGNE
TUE PAR UN
GALLOIS
(suite)
D ' DIVEBRÊS.
CHRONIQUE.
D'hon lennerien,
D'an oll Vretoned a youl vat,
Bloavez mad,
Peoc'h ha yec'hed evit ar Vrô !
BUHEZ BREIZ.
La Langue Nationale
au Pays de Galles
(l)
(Suite)
Ce que perdrait la Cambrie en perdant sa langue
Il est des gens qui disent que la langue n'a pas -d'importance et .que nous pourrions rester Gallois après la perte de
notre Cymraeg. Gela est inexact. O n parle d e conserver l'esprit
gallois *et l'on semble penser que cela est possible m ê m e s i
<1) NOTE. — Nous nous excusons auprès de nos lecteurs des erreurs
qui ont défiguré le texle de l'article précédent
Notre Directeur, dont l'écriture n'est pas toujours très lisible, n'a
malheureusement pu, (par suite d'absence, corriger les épreuves avant
l'impression. Nous espérons que nos lecteurs ont pu rétablir le texte sans
trop de difficultés.
à ce qu'elle avait de meilleur, il y a en elle quelque chose
que l'on ne tue (pas et que l'on ne peut pas tuer. Bile peut
perdre ses terres, son indépendance p o l i t i q u e et beaucoup
d'autres privilèges, mais, si elle a j a m a i s été une nation d i g n e
de ce nom, on ne tuera ni son respect d'elle-même, ni les
choses oui comptent réellement.
Ce n'est pas se vanter vainement, j e pense, que de dire q u e
le pemple gallois a prouvé dans le passé que la racine du
sentiment national existait dans son â m e . Quoique ses nobles
aient tirahi le pays et que ses riches aient préférié devenir les
domestiques de l ' A n g l a i s , le peuple g a l l o i s a g a r d é sa langue
vivante «pendant des siècles. T o u s les obstacles ont été surmontés
et toutes les trahisons ont été vaincues. N e parlons donc pas
aujourd'hui de conserver la langue v i v a n t e — le G y m a r e g a
vécu et vit — , mais à arrêter le j e u des forces q u i essaye de
l'assassiner. On peut se débarrasser des obstacles. Cessons d e
parler continuellement du p r o b l è m e de la langue, c a r un tel
problème n'existe pas. Le vrai «problème est celui de notre
servilité, die notre lâcheté, de notre matérialisme et de notre
faiblesse, surtout si nous réussissons matériellement -dans le
monde.
Je «parlais à l'instant d'une langue universelle, m a i s quelqu'un
voudrait-il réellement l'avènement d'un m o n d e aussi laid et
aussi vide ? Ne v o u d r i e z - v o u s q u ' u n e seule espèce de fleur
au monde, qu'une seule sorte d'arbre ou q u ' u n chant unique
d'oiseau ? L a gloire de la nature, c'est la beauté de sa variété.
Notre Dieu est un artiste et v o u s ne pouvez détruire une
langue sans a p p a u v r i r la pensée et l'âme dfu m o n d e . Dieu
est digne d'être colébré dans toutes les langues, et, p l u s il y
en aura, plus riche sera le concert de louanges q u i montera
jusqu'à L u i . C'est presque dégrader l'Humanité que de dire que
les hommes se comprendraient m i e u x s'il n ' y a v a i t qu'une
seule l a n g u e ; ils comprendraient peut-être m i e u x la langue,
mais se comprendraient-ils m i e u x e u x - m ê m e s pour cela ?
On a détruit l'irlandais dans la plus g r a n d e partie de l'Irlande
et la conséquence en a-t-elle été que les A n g l a i s et les Irlandais
se sont m i e u x c o m p r i s ? N o n . U n e des choses les plus tristes
de la lutte entre l'Irlande et le G o u v e r n e m e n t britannique a été
que l ' U n i o n avec la Grande-Bretagne a coûté à l'Irlande la
perte de sa «propre langue. Quand elle s'est aperçu que sa
langue allait disparaître, elle s'est troublée c o m m e l ' h o m m e
fort, ivre de v i n .
L'Histoire d e l'Irlande doit nous servir de leçon. Quelquesuns p a r m i nous n'attachent pas d ' i m p o r t a n c e au d é l u g e a n g l a i s
qui envahit notre p a y s et d'autres s'en réjouissent. U n j o u r
v i e n d r a pourtant où l'on verra l a signification de tout cela.
Les Gallois, patriotes, c o m m e n c e n t à s'apercevoir q u e la p o i g n e *
du vainqueur les étreint au cou et l'esprit i m m o r t e l des héros
s'éveillera. Cet esprit sera e m p o i s o n n é et altéré (par l'influence
étrangère et un carnage sera la conséquence. La responsabilité
— 764 —
du s a n g qui sera répandu quelque j o u r sera imputable à cette
génération qui aura dépouillé ses enfants d e l'héritage qui lui
avait été transmis par les héros de la race.
N o n , c e n'est pas la diversité des i d i o m e s qui empêche les
h o m m e s de se c o m p r e n d r e ; c'est en respectant les langues les
uns des autres et en s'y intéressant qu'ils arriveront le m i e u x
à s'entendre. On iparle de la difficulté d'apprendre une langue,
m a i s cette difficulté n'est que la création d'un ipré j u g é . N e d i t - o n
pas que les «petits enfants de quelques-unes dies grandes cités
du Continent en apprennent très facilement 'plusieurs ? J'ai
vu m o i - m ê m e des A n g l a i s , passablement obtins et ignorants,
aipprendre le g a l l o i s p a r m i leurs camarades des mines et d e v e n i r
ainsi meilleurs et plus cultivés.
E n perdant sa langue, le P a y s de Galles perd tout. I l perd
la (possibilité de laisser son emipreinte sur le monde, il abaisse
le niveau de isa pensée, de son esiprit, d e sa moralité et nous
vioyons une nation qui aurait p u savoir deux ou plusieurs
idiomes, n'en plus savoir qu'un et encore un qui est étranger.
Est-ce que nous allons supporter cela, nous autres, le v r a i
peuiple g a l l o i s ?
(A suivre.)
T Y W I JONES.
(1) .
LA REINE ANNE
(Suite)
VI
La revanche
du
Gouverneur
E h bien, ce gros ventru de Gouverneur, en somme,
Etait, pour son époque, un très excellent homme.
Ivrogne, évidemment, j'en conviens. — Mais, mon Dieu,
Quand on est Bas-Breton, qui ne Test pas un peu ?
Par-dessus tout, c'était un rude homme de guerre,
U n de ces vieux soudards, comme ils étaient naguère,
Grand mangeur, grand buveur, rageur et bataillard,
Très dévot à la Vierge, aux saints et très paillard.
A la guerre, il avait une façon très riche
De vous pourfendre un homme en deux comme une miche.
Il allait, chevauchant sur son grand cheval lourd,
Ecrasant les Saozon, et frappant pis qu'un sourd;
Et quand il en avait occis trente ou quarante,
Plagiant Beaumanoir, lors du combat des Trente,
Il s'épongeait le front, sans s'émouvoir beaucoup,
E t disait : — « Tête et sang ! Je boirais bien un coup ! »
(1) Traduit du gallois.
— 765 —
La Reine s'amusait de ce croquemitaine.
Or, dès le premier jour, en galant capitaine,
Il i n v i t a la Reine et sa cour à s'asseoir
A u t o u r d'un grand banquet qui dura jusqu'au soir.
Gomme le j o u r baissait, la Reine Anne, un peu lasse,
Sous son dais de drap d'or, se leva de sa place :
— « Messire Gouverneur, dit-elle, grand merci.
« C'est vraiment un banquet royal que celui-ci.
« J'avais ouï parler du pays de Cocagne :
« M a foi, j e l'ai trouvé dans la Basse-Bretagne.
« Je vois, mes beaux messieurs, que vos moindres repas
« Sont des festins dont ceux du R o i n'approchent pas.
« Mais N o u s ne sommes point venue en Cornouailles,
« P o u r chercher gais festins, bons vins et victuailles...
« N o n , messeigneurs, ce sont des soldats qu'il nous faut.
« Est-ce que parmi vous les hommes font défaut ?
« Où donc se cachent-ils ? où sont vos gentilshommes ?
'.( Monsieur de Portzmoguer demande dix mille hommes,
« Dix mille bons Bretons pour monter ses vaisseaux,
« Et chasser les Saozon de nos bretonnes eaux.
« I l m'a suffi, pour être obéie et servie,
« De crier aux Bretons : « A ma v i e ! à m a vie ! »
« Rennes, Nantes, Dinan, Saint-Malo m'ont donné
« T o u s leurs fils, tout leur sang, dès que l'heure a sonné.
« U n baron de Tréguier, la semaine dernière,
« A v e c ses douze fils s'armait sous ma bannière.
« Brest et mes bons amis, les Bourgeois de Morlaix.
« V o n t j e t e r une flotte au-devant de l'Anglais...
« Vous voyez : tout est prêt pour la grande bataille.
« Et vous, que faites-vous, messieurs de Cornouaille ?
« Je vous attends... »
A l o r s , se levant à son tour,
L e Gouverneur, devant la Reine A n n e et sa cour,
Redressa fièrement son front devenu grave.
Puis, d'un geste montrant la ville, le vieux brave
S'écria : — « L e soleil n'est pas encor couché !
« Depuis sonné minuit, mes courriers ont marché !
« Ils ont marché si bien qu'au moment où nous sommes,
« L e s portes vont s'ouvrir pour recevoir nos h o m m e s .
'< Oui, gracieuse Reine, avant que l e soleil •
*'. Soit descendu là-bas à l'horizon vermeil,
« T o u t Q u i m p é r frémira dans ses vieilles murailles...
« Car j e l'entends : il vient, le Ban de Cornouailles ! »
Or, de quatre côtés, et par quatre chemins,
Dévalaient vers Quimper quatre torrents humains.
L e s faubourgs s'emplissaient déjà d'un long murmure.
Puis, le bruit des chevaux, galopant sous l'armure,
Se rapprocha : ce fut c o m m e un grand roulement
De tonnerre à travers la ville en mouvement.
— 766 —
Mille et mille chevaux, et mille autres encore,
Battaient le dur pavé de leur sabot sonore.
L a Cité, trop étroite, éclatait en rumeurs.
Partout le bruit. Partout, dominant les clameurs,
L e s appels des tambours et des trompettes grêles...
L e soleil se couchait, empourprant les tourelles,
L e s hauts pignons, les toits aux girouettes d'or.
E t le vieux mont F r u g y , complétant le décor,
Comme un lion couché, gardant sa bonne ville,
Allongeait son dos fauve au bord de l'eau tranquille...
(A suivre).
F. L E GUYADER.
KERANBORN
Setu m e brema koz — nao ha tri-ugent bloaz —
H a g e m eus c'hoantaet donet da welet c'hoaz
A n ti 'lec'h o n ganet, e barko, e goajou,
H a klask ennê ar skeud eus ma c'henta deiziou.
Salut d'it, Keranborn ! Ma c'halon da dridal,
K e r k e n t ha ma tostân, en em laka raktal,
H a g ar sonjou gwechall a sav fonnus em penn,
H a ma hunvreou kaer, 'vel an deliou er weenn.
P a oan c'hoaz bihanik, aman em eus gwelet
M o g e r goz ar porz kloz, hag lie dor houarnot ;
A m a n an dourell v r a s hag ar galeriou,
' L e c ' h a v i j e lâret e yije spontailhou.
Setu an oaled v r a s ; aze, kadôr ma zad.
Bep noz, e-pad ar goanv, 'vije grêt eun tantad :
A r mevelien en-dro 'deue da vutunat,
D a g o m z eus o labour, o sec'han o dilhad.
R a k etro pad an de, dindan ar glao, an erc'h,
O devoa labouret douar gwiniz ha kerc'h;
N e r z an tan 'digroppe neuze, a-nebeudo,
A n izili skornet, hag ive an teodo.
H a g e vije k o m z e t eus labour an douar,
Eus ar c'hezeg, ar zaould, ar stered hag al loar :
A l Lanneg-Vras a oa gwall diês da arat;
A r vuoc'h vriz oa alet; Maugis oa eur marc'h mat.
A r mitizien 'vije a-drenv, en traon an ti.
A z e e t da nean en kichen o c'hiri.
A greiz tout, e kane unan, gant eur vouez sklêr,
E u r w e r z g w a l l druezus, pe eur zonu¿ seder.
— 767 —
Ha neuze ar wazed kerkent a dave mik,
Evit seJaou ervad ar werz pe ar zonig,
E n pini eur c'hloareg a gan d'imp e c'hlac'har
Da vean dilezet gant an hini a gar.
Alies 'tigoueze, goude an noz serret,
Eur paour baleer-bro, da c'houl bean lojet,
Distrempet gant ar glao, e izili skornet,
Skuiz, ha naouen d'ean, deuet eus an Argoet.
Ha, p'en dije koaniet, e tostae d'an tan,
Ha digomeret mat ganimp, bras ha bihan.
Hag e kane neuze ha gwerziou ha soniou,
Hag e konte kontou ha bep seurt marvailhou.
Ha me, en korn an tan, w á r eur skaon azeet,
A selaoue, sioul mat, saouezet pe spontet...
E-keit-se, erc'h, avel, dent Genveur eus an ti, ( 1 )
Eun amzer n' vije ket lákét er-mez eur c'hi.
A-wechou all, 'teue Garandel, an dall koz,
Hag e v i j e miret e p a d teir, peder noz,
Rak n'en doa ket e bar evit konta kontjou,
Hag ive 'vit kaná gwerziou koz ha soniou.
j
A n holl hen selaoue, Letek ar c'hi, chalmet;
Me 'eve e gomzou, ha, noz-de, nía spered
'Oa leun a varvailhou ha gwerziou Garandel.
(Allaz ! an amzer-ze a zo brema pell, pell...)
Hag en era eus c'hoantaet, a-rók ha ma teufont
Da vervel, 'vel pep ira — rak mervel a rafont —
O dastum a c'henaou an dud simpl, ar baourien,
Na gomzont ket galleg ha na ouzont ket lenn.
Kontadennou gwechall, plijadur hon zud-koz,
Me ho kar dreist pep tra, m e 'ro d'ac'h ma bennoz,
Rak c'houi 'c'h eus konsolet, a bep amzer, ar paour,
En e di pri ha plouz; c'houi 'zo gwell 'get an aour !
L e z o m p breman an ti, gwelomp al liorzou,
A r parkou, ar prajou hag ive ar c'hoajou;
Gwelomp ha me 'gavo hag 'anveo bepred
A r gwez koz, hag ar re an neus ma zad plantet.
Dero, kistin ha fó, ma zad 'blante dalc'hmad;
Setu aman eur c'hoad plantet holl gant ma zad.
Bras ha kaer int breman, uhel 'savont o fenn,
Ha deus eur barr-avel n'o deveus ken aouenn.
Malí *m eus da welet holl : setu al liorzou,
'Lec'h m a karie ma m a m m difoennan he bleuniou,
Hag an ale lavand 'lec'h a reden war-lerc'h
A r malvennou-Doue, hag e ruilhen m a c'hlerc'h.
(J) Nos paysiins appellcnl denla de janvicr
qul pendent, I'hiver, aux toils des maiosns.
los sialacliques de glacc
— 768 —
Ha setu ar gwerz per, setu ar gwez kerez,
Hag ar gwez avialou, hag ive ar péchez
A m lake evurus : ar gwez a zo kozet,
Hag ar yeot fall dre-holl brema *zo diwanet.
Deiz mat d'it, rozennig, am boa kât 'touez an drez
Ha transplantet aze; koant out, en gwirionez ( 1 ) .
O sonjal az poa riou, en noz, na gousken ket,
H a g a ri& tregont leo evit dont d'az kwelet.
Setu ar wenodenn dre belec'h 'oan douget
D a iJiz Plouaret, 'vit bean badeet,
A-dreuz ar parko ed, prado leun a vleuniou,
Ha koajo, 'lec'h kane an evned o soniou.
H a setu ar werneg-c'hoad, 'lec'h ma kavis eun deiz,
(Pebeuz da blijadur !) eun durzunell n' he neiz.
A n heol a oa izel, prest da vont da gousket,
Hag an neiz a luc'he 'vel eun neiz alaouret.
Biskoaz, aboue, brasoc'h
Setu ar chapel goz 'lec'h
Setu aman ar prad 'lec'h
Gant ar vesaerien, e-pad
plijadur n'am eus bet.
'neize 'r c'haouenned;
e karien gourenn
amzer ar foenn.
Ama, 'barz ar c'hranch vras, e vije eul lutin
*Vije gwelet 'wechou ha klevet o c'hoarzin,
H a pa oan bihanik, pa na vijen ket fur,
A vije laret d'in : « Gant al lutin 'c'h i sur ! »
Setu ar feunteun goz, 'lec'h a vije làret A oa, en teir billig, eun tenzor bras kuzet,
H a w a r an tenzor-ze, rodellet eur serpant,
H a dour ar feunteun-ze en doa blaz an arc'hant
Setu ar c'hoad kistin, 'lec'h e teuen da lenn,
H a 'lec'h em eus skrivet ouspenn eur ganaouenn.
Allaz ! darn eus ar c'hoad a zo bet diskaret,
N a gavan ken brema meur a wezenn karet !
Keuz bras am eus d'eze, 'vel da goz mignoned,
Aboue ma oan bugel, anveet ha karet;
, Eus pep-hini anê a oa eur sonj stage t,
Hag o gwelen gant joa ha plijadur bepred.
Kenavo, Keranborn ! Alïes m a spered
A ve ganit, p a ve ma c'horf 'lec'h ail dalc'het.
Kozet ez on, 'veldout, ha ma bleo a zo gwenn :
Kent mervel, 'm eus c'hoantêt sevel d'it kanaouenn.
E u r gontadenn, eur zon 'zo, m'hen goar, traou dister :
Koulskoude, a-wechou, krenvoc'h 'vit an amzer;
E u r gontadenn, kontet gant an dall Garandel,
A zo kant gwec'h kosoc'h 'vit ar c'hosa kestell !
(1) C'est une rose de Provins que je trouvai étouffée par les ronces
et les mauvaises herbes, et que je transportai dans un endroit plus favorable.
Te a
Evel
Te a
Doue
bado bepred; me a renko mervel,
cun delieim sec'h, skubst gant an avel;
\\e\o lud all, amzerio mat ha fall;
d'o binnigo; m e 'vo êt d'eur Breiz ail !
I louaret,
an 13 a viz here
1890.
F . - M . LUZEL,
LES E C R I V A I N S B R E T O N S DU P A Y S DE V A N N E S
M. NOURY
Les meilleurs amis des prêtres français pendant leur Ion'*
exil furent les évoques d'Espagne, parmi lesquels se distingua
par une générosité sans borne l'illustre évêque d'Orense, Pierre
de Quevedo. M . Noury a traduit en breton la lettre de ce saint
personnage à M . de Villeneuve, du diocèse d ' A n g e r s ; et il ajoute
quelques mots pour dire qu'il unit dans un m ê m e sentiment
d'admiration l'évêque d'Orense, celui de T o l è d e et celui de Saragosse. L a plupart des chapitres et des curés imitèrent les évêques
et donnèrent à leurs confrères, dans la mesure de leurs moyens,
le vivre et le couvert.
Quant au peuple, les correspondances du temps citent de l u i
mille traits touchants, qui témoignent de beaucoup de sympathie et d u n e grande délicatesse.. Tantôt, c'est une population
tout entière qui se porte en procession au devant des étrangers,
tanlôt (et le fait se reproduit souvent) ce sont des personnes
isolées qui se jettent à genoux pour baiser la soutane ou demander
une bénédiction; puis ce sont des dons généreux qui arrivent
au logement du prêtre français sans n o m de donateur, et assez
habituellement des honoraires de messe.
La question des honoraires de messe fut cause de beaucoup
de désagréments, le bas clergé craignant de voir diminuer ses
ressources au profit des nouveaux venus. Il refusa d'entrer en
relation avec eux et les tînt constamment à l'écart; puis il ne
se fit pas faute de répandre sur leur compte toute sorte d'imputations : « Ce sont des traîtres, disait-on, de mauvais sujets
dont plusieurs seraient bien empêchés de> produire leurs titres
de sacerdoce. E t quand ils seraient persécutés, est-ce que l e devoit
du prêtre n'est pas de rester parmi ceux dont il a la charge ?
L e bon pasteur donne sa v i e pour son troupeau. » Aucun reproche
ne pouvait être plus douloureux que celui-ci; nos prêtres l'entendirent murmurer souvent pendant ces dix années.
— 7Í0
D e l'attitude du gouvernement on jugera par cette ordon
nance du 2 novembre 1792 relative aux ecclésiastiques français : « L e séjour de la capitale et, autant que possible, des
chefs-lieux de provinces, leur est interdit; ils habiteront les
monastères et v i v r o n t en Communauté; ils s'abstiendront de la
prédication, de l'enseignement, du ministère de la confession;
ils se tiendront à l'intérieur du territoire à v i n g t lieues au moins
de la frontière. » Quand la guerre éclate, en 1793, on presse
réexécution de cette ordonnance, et les prêtres sont obligés de
faire de longs voyages à pied vers l'intérieur. Quand la paix
est signée, en 1795, il faut désormais ménager l'amitié de la
France, et c'est une raison de déporter un certain nombre d'émigrés dans les îles Baléares et dans les îles Canaries.
Ce fut sans doute pour obéir à une injonction de ce genre
que M . N o u r y dut quitter la Biscaye après un an et demi de
séjour à Bilbao et à Berméo, pour se rendre à travers la province
d e L é o n dans la ville de Bragance. A la suite de ce voyage,
U écrivit au supérieur du couvent de Berméo une lettre pleine
de lamentations navrantes : « Sur tout le parcours, lui et ses
compagnons ont été l'objet des plus indignes traitements. O n
leur a couru sus алтее des pierres, des bâtons, des couteaux. P a r ­
fois ils ont été frappés. Lorsque, épuisés de fatigue, ils deman­
daient, pour de l'argent, un gîte et un peu de pain, on refusait
de les entendre, et i l fallait d o r m i r sur la terre nue par tous
les temps. O îe pénjble voyage ! О le peuple sans pitié ! Encore
si les pasteurs avaient voulu prendre leur défense, parler en
leur faveur ! Mais non : ils n'ont pas ouvert la bouche; la charité
empêche de rien dire de plus. »
L'attitude des populations du Léon était due sans doute à
la surexcitation occasionnée par l'invasion française. O n pouvait
prendre les voyageurs pour des éclaireurs de l'ennemi, des
espions. Mais ce fut là une attitude occasionnelle et passagère :
il ne faudrait pas généraliser.
A r r i v é s à Bragance, les Français furent admirablement reçus
par-les autorités civiles et religieuses. M . N o u r y et M . Jaffredo (1>
séjournèrent non loin de là, dans la petite ville d'Alvittes, pendant les années 1794 et 1795. E n 1800 et en 1801, nous les
trouvons à Braga, près de l'archevêque Cajetano Brandao, qui
était plein de bienveillance pour les émigrés.
O n se demande comment ceux-ci passaient leurs journées et
quellds étaient leurs occupations. L e roi leur interdisait le
ministère ecclésiastique, et les évêques, de leur côté, ne tenaient
<1) *M. Ravenëau, s'était rendu dans la Caslifle. L e P . Delbrel semble dire
que M. Noury se -rendit aussi à Tolède et cite de lui un mot à l'archevêque
Lorenzana. Celui-ci logeait tant d'étrangers, qu'il lui arriva de dire un jour :
* Unde ememus panes ut manducent M ? » M. Noury aurait répliqué, suivant
1» texte d e l'Evangile : « Ipse autem scieOat quid esset facturus> ». Ce qui est
plus certain, c'est qu'avant de venir à Bragance, M. Noury avait imploré le
secours de résèque d'Orense : il lui avait écrit en latin une fort belle lettre,
que Mgr Joubioux a traduite en breton.
pas à les y employer à cause de leur réputation de jansénisme.
Leur ministère consistait à célébrer les premières et les dernières messes et à figurer dans les obsèques solennelles. P l u sieurs exercèrent un métier et l'on v i t surgir, sous la pression
de la nécessité, les vocations les plus diverses : ébénistes, vanniers, rémouleurs. L e s plus heureux furent ceux qui trouvèrent
à donner des leçons dans des familles riches. On en v i t d'autres,
paraît-il, q u i s'installèrent au coin des rues pour cirer les souliers des passants. Beaucoup s'adonnèrent à l'étude, les uns sans
autre but que de s'occuper, d'autres ,par goût personnel, soit
pour s'initier à la littérature espagnole, soit pour faire profiter
leurs ouailles, un jour à venir, de leurs travaux d'exil.
La tradition rapporte que M . Noury donna des leçons d'architecture et de dessin. L e fait est vraisemblable; mais sa principale occupation fut d'écrire des livres à l'intention de ses
paroissiens ( 1 ) . Nous avons de lui, outre ses sermons manuscrits,
deux volumes manuscrits contenant l'histoire aLrégée de l'Ancien
et du Nouveau Testament, puis deux autres volumes qui ont été
imprimés après sa mort : Science et Salvedigueah et
Pratiquai
dévot. T o u s ces ouvrages datent du temps de l'exil. Nous en
reparlerons.
Ainsi, M. Noury n'a pas cessé de vivre par la pensée au
milieu de ses paroissiens. Dès son arrivée en Espagne, il leur
avait dédié son fameux cantique : Cheleuet ur Person, et il
leur avait écrit plusieurs lettres pleines de sentiment. N i le cantique, ni les lettres n'arrivèrent à leur adresse avant le 13 mars
1800. En 1800, M. Noury se trouvait à Braga, où il écrivait encore
aux Bignanais une lettre qui ne devait pas être la dernière.
On s'est demandé pourquoi les prêtres émigrés ont tardé si
longtemps à rentrer en France après la proclamation de la liberté
des cultes sous le Consulat. Sans doute, parce que les différentes
éclaircies qui avaient interrompu la tourmente révolutionnaire
avaient été sans durée et avaient toujours trompé leurs espérances. De plus, un certain nombre d'entre eux pouvaient hésiter
à prêter serment de fidélité au nouveau gouvernement. M . Noury
n3 fut pas de ceux qui élevèrent des difficultés contre le Concordat. Dès qu'il apprit l'acte du pape, il partit et arriva à
Bignan le 21 décembre 1801. M g r L e Joubioux a raconté comment
(J) Au sujet de M . Raveneau, voici ce qu'écrit 'le P. Delbrel d'après une
noie trouvée dans les papiers de M . Noury : « Dans un bourg d e la NouvelleCaslille, ù Quismando, un jeune vicaire du -diocèse de Vannes, l'abbé Raveneau, étudie les grands ascétiques espagnols, les analyse, en traduit des volumes enliers en français et en breton au profit de ses futurs paroissiens. I l
cultive aussi les sciences exactes et encore l'architecture et le dessin; il rêve,
écrit-il à un ami, d'acheter un Bozout et un Bél'tdor, un Ozanam et un Mauduit
des Traités d'arpentage et drs Méthodes de lever des plans. Purs rêves, en
effet... Les desseins de la Providence ne sont pas ce qu'il avait espéré, et le
laborieux abbé meurt en exil. Dans les tiroirs de sa table de travail on cherche
le peu d'argent qu'il aurait pu baisser; on n'en trouve pas : -l'abbé Raveneau
n'avait que des livres. Ses compagnons d'exil n'en (disent pas -moins une messe
chacun et se partagent les l:vres à titre d'honoraires aussi bien que de souvenir. »
il voyagea toute la nuit depuis le port de débarquement jusqu'au
village de Guerrignan où son ami T u a i , en le voyant, tomba
évanoui et faillit m o u r i r ; comment, en un clin d'œil, le peuple
se trouva rassemblé; comment M . N o u r y vint le haranguer au
bourg, du haut des murs du cimetière, et la parole lui manquant,
se mit à embrasser tout le monde pendant qu'on versait de part
et d'autre d'abondantes larmes.
Durant les quelques années qu'il passa encore à Bignan,
il s'occupa spécialement de l'instruction du peuple et se fit un
devoir de prêcher trois fois le dimanche ou au moins de lire
ses manuscrits. I l songea aussi à fonder un couvent pour l'instruction des enfants : il acheta à cet effet une terre où fut bâtie,
quelques années plus tard, la première maison de la Congrégation de Kermaria, près de L o c m i n é .
Cependant, sa situation ne laissait pas d'être délicate. I l avait
voulu demeurer dans une maison du bourg afin de laisser le
presbytère à M . Largouët qui avait passé les années terribles
dans le pays et avait acquis des titres plus qu'ordinaires à la
reconnaissance des habitants. M g r Pancemont crut bien faire
de n o m m e r M . N o u r y à la cure de Saint-Pierre de Vannes.
Celui-ci Obéit, mais il lui sembla qu'il allait pour la seconde fois
en exil. Soit désaccoutumance de la langue française, soit manque
de sympathie pour des paroissiens qu'il ne connaissait pas, il
parut à Vannes avoir perdu tous ses moyens : ce qui accentua
ses regrets. Son bonheur était de s'échapper de la ville et d'aller
passer quelques j o u r s chez A n n a Jéhanno, la propriétaire légale
de son futur couvent. Pendant un de ces séjours dans l'ancienne
paroisse, on le vit un j o u r s'arrêter longtemps au cimetière,
regardant tour à tour la terre et le ciel. Quelqu'un lui ayant
demandé ce q u ' i l faisait là : « Je choisis, répondit-il, une place
pour m o n tombeau ! » Et il disait vrai. Malade déjà, il ne put
regagner Vannes qu'avec beaucoup de peine. E n y arrivant, il
mourut (25 juillet 1804). Il avait demandé que son corps fût
enterré à Bignan et son cœur embaumé. L e s Bignanais vinrent
chercher le corps et le transportèrent sur leurs épaules. L è cœur
embaumé est conservé avec honneur et vénération.
( A suivre.)
P . G.
Souscription pour la Croix Celtique
du Monument Calloc'h
Total dés listes précédentes
Pour la tombe du sous-lieutenant Calloc'h, l'exmaréchal des logis Jaffrennou
Evit bez ar barz Bleimor, ar barz Taldir
№. Jégo, industriel, adjoint-maire, Groix
667 fr.
5
5
50
727 fr.
JHerdeadenn Vindosétlos
t e n n e t eus
«Sketla Segebrani » gant X
3
Ar mevel Rotomagus (1)
B e z ' edo, er beurevez-se, w a r d e v e n n r e t e r A b a l o s ar p a o t r
yaouank
bras a oa en e g e f r i d i ober w a r - d r o k a r r ha k e z e g
V i s s u r i x . R o t o m a g u s a reer anezan hag, e-touez a r
yaouank
baotred
o s e r v i j a an doueed e t e m i k e m e n t a r sellou hag e
c'hoar K a s s i a e-touez
a r merc'hed. K a e r a ha k r e n v a m e v e l
eus ar bed ez eo-lien. A d a l e k g w r i z i e n n e v l e o d a v e g o u e d r e i d
daou liou w a r e g o r f : l i o u g w e n n a r b a r a g w i n i z , l i o u
evel a r ruzell-veure kent an tarz-heol. E n e benn e u r
ruz
mouead
dam-hir, teo, rodellet-kaer, m a sked p e p b l e v e n n ennan e v e l
eur bann-beol. K a l z a v e r c ' h e d a z o t r ó e t kenan d'e
garout,
hogen ne d a o l evez ebet o u t o . N ' e n deus ken p r e d e r e r bed
nemet k a r r bras V i s s u r i x hag an daou j a o hel l a k a d a loe'ha.
N o z - d e i z e m a n g a n t a n e spered, rak enno en d e u s d a s t u m e t
b o l i d e n e r i d i g e z e g a l o n . B e p beure e kaz a n e z o d a
gouronka
e r mor, ha setu perak en e m g a v , en deiz-se, e t e v e n n A b a l o s ,
g w i s k e t g a n t a n an d i l h a d m a oa boas da w i s k a a-benn gou*
r o n k e d i a r c'harr, da l a v a r o u t
eo eun
doneg divilgin stard
ouz a r c ' h o r f ha b r a g o u striz ha b e r r o lezel e z a o u l i n
ez
noaz ( 2 ) . A r beure-ze, koulskoude, e-lec'h d o n t d'an a o d digabeli ha diare'hen, en d o a l a k a e t en e benn e d o g - a r e m daoug o r n e k h a g en e d r e i d e
soliou-houarn.
G w e l o u t a cure a r m o r v i l o n e u n v i e u r p e n n a d d i o u z an
(1) « Mevcl ar Rod » . Kenveria e mojennou Iwerzon Мод Ruithe « servus
Rotai » , oun drouiz brudct a savas gant Simon Drui (Simon Drouiz) ar ROd
anvel Rotti Ramarti « Rod Roonvek »> po Rotti Fall « Rod Luc'h » a dlec
lakaat Simon bnrrek da ni jal a-dreuz d'an aer, Riiys, Celtic HeathenHon.
pp. 210-6. — Arabad drouk-veska magus ha magos. Magus (kenveria goteg
jnagus « paolr » ) a zo deut e bjrczoneg-krenn, da. mao « mevel » (acTiano
an ano g w r e g e l maouez a dalvcze, da genia, kement ha « matez » ; acìiano
ivez an anoiou diougovrennek Maodez « Mevel an Deiz »>, Maodoue « Mevel
I>ouc » ) . Magos a zo de'ut da ma « tachenn, le<*fh » e gerlou kenaozet evel
goariva. clioariva
« tea Ir » , ano diou gòriadenn a vro-Wened, Rev. celi. 1891,
p. 281.
:
(2) Hennez eo gwiskamant ar paolr yaouank a ro lusk d'ar rod w a r
gaoter Gundeslrup, A . Rerlrand, Religión <ies Gaulois, p. 3G8 (skeudenn).
— 774 —
aod. H a g lien kregi en e c'harzou ha lammat en dour. Tizout
a r a a r pesk, digeri d'ezan a-nerzbrec'h e c'heol ha mont
e-barz être an diou garvan. O voûta neuze a r garvan-grec'h
gant kerniel e dog ha beg arem e c'harzou (1), e-keit ha ma
pouez w a r a r garvan-draon g a n d e soliou-houarn, e ra d'ar mi!
digeri ec'hon frank e c'heol ma teu dre an hent-se a r vag ermaez. Neuze e lez a r mevel an diou g a r v a n d'en em adsteki
hag en em g a v gant Vindosêtlos w a r an tevenn.
« Bez deut mat, Moridânos ( 2 ) , einezan, Gwerelaouenn
wenn ha devez laouen d'it ! Setu deut da benn a r risklusa
verdeadenn a oa bec'hiet w a r n o u t d a ober. »
N ' E U S K E N (3)
8KELTA SEGOBRANI,
le texte breton le plus étendu,
le plus intéressant, le plus instructif paru jusqu'à ce jour,
en souscription chez R. Le Rouœ, Saint-Hélory,
Pordic
(Côtes-du-Nord). Prix, POUR LES SOUSCRIPTEURS SEULEMENT.
10 francs les trois premiers livres en deux forts volumes,
illustrés par James Bouille.
U n e cellule de l'organisme Breton
PLOUGÀSTEL
(Suite)
V.
LÈS
MARIAGES
COLLECTIFS
C'est dans les mariages que se déploie surtout la pompe des
costumes plougastélois. Mariages collectifs et qui dépassent le
cercle d'une cérémonie de famille. D'où l'importance qu'on leur
accorde, le soin qu'on prend d'y paraîtra à son avantage, si personne ne désire éclipser son voisin, personne non plus ne se
souciant de lui rester inférieur.
L e s mariages collectifs de Plougastel se célèbrent trois fois
l'an : le mardi qui suit le dimanche des Rois, le mardi des Gras
et le mardi d e Pâques. Trente, quarante couples, quelquefois,
(1) Garzou arem ar garrenerien er c'henta oarivez an houarn, A. Bertrand ha S. Reinach, Celtes dans les vallées du Pô et du Danube, pp. 111-5.
(2) « Ro a r i m o r ». Sellou Doftin, Langue, gauloise, d ' a r ger dâno.
K&averia ar gregach Heridanos « r3 a - b^urj », D'Arbois, Premàers Habitants, I, p. 3 3 1 .
(3) Dre eur faziadenn eo ez eus bet lavaret er niverenn araok ez oa échu
an istbr gaer man ha ne oa ken anezi.
— 775 —
sont unis à la même heure, dans la m ê m e église, par le même
officiant.
Pourquoi les mariages collectifs de Plougastel ont-ils lieu à
ces trois dates ? — C'est, m'a-t-on répondu, que les travaux agricoles chôment presque complètement de janvier à fin mars : les
nouveaux épousés ont ainsi toute licence de se livrer à l'amoureux déduit...
Cependant, il ne faudrait pas croire que Plougastel ait le
monopole des mariages collectifs. Ces sortes de mariages sont
connus aussi à Languidic et à P l u v i g n e r , dans le Morbihan, à
Sizun, dans le Finistère. Je ne sais quels sont les j o u r s qui leur
sont affectés dans les deux premières de ces localités : à Sizun,
ce j o u r est le Mardi-Gras, qui a pris de là le nom de GrandMardi. Il paraît que la cérémonie se déroule hors ville, non dans
l'église paroissiale, mais dans la chapelle Saint-Cadou, à 7 kilomètres de Sizun, sur la route de Braspartz. Enfin, il est bon de
remarquer qu'on ne célèbre pas à Plougastel que des mariages
collectifs : on y célèbre aussi des mariages particuliers, surtout
chez les marins au service qui se marient entre deux campagnes
et dont les congés ne concordent pas toujours avec les dates
affectées aux mariages collectifs.
Les rites du mariage sont encore les mêmes à Plougastel
qu'il y a cinq cents ans. Si le breutaer (avocat ou porte-parole
de la jeune fille) n'y j o u e plus qu'un rôle effacé, en revanche
le rôle du bazvalan (ainsi n o m m é du bâton de genêt symbolique
qui était l'insigne de sa fonction) a gardé toute son importance.
Vous savez ce qu'on entend par bazvalan. L e bazvalan est
un entremetteur, un truchement d'amour, le diplomate chargé
de rapprocher les cœurs et de négocier les alliances. R ô l e parfaitement honorable en Bretagne, car il n e s'agit que d'alliances
licites, sanctionnées par la mairie et l'église. Dans les autres
localités, le rôle est généralement tenu 'par un tailleur ou un
meunier, personnages à la langue affilée. Ici, le bazvalan est
presque toujours cabaretier.
Il y aurait un bien piquant chapitre à écrire sur les cabaretiers de Plougastel. L'influence de ces personnages tient à la
situation du bourg au centre d'une presqu'île fort vaste et à la
nécessité où sont les cultivateurs d'y venir prendre langue au
moins une fois par semaine pour y régler leurs affaires, transporter leurs denrées, connaître les cours. C'est tout un v o y a g e
pour certains d'entre eux. Aussi le p r o g r a m m e n'en est-il pas
laissé au hasard : le choix du cabaretier chez qui Ton descendra
préoccupe avant tout un chef de ménage, un pen-tg. Ce cabaretier
ne v e n d pas seulement à manger et à boire : il est le chargé
d'affaires d e la famille, qui ne l'adopte qu'après mûres réflexions,
ou plutôt son auberge est une agence de renseignements, quelquefois m ê m e le siège social d'un syndicat agricole auquel le pen-tg
est affilié. Il en résulte, de l'un à l'autre, des relations beaucoup
plus étroites que celles qui se nouent d'ordinaire entre un auberg ste et ses clients de passage. V i e n n e le moment où un jeune
;
h o m m e désire prendre femme, c'est, neuf fois sur dix, le cabaretier qu'il consultera, qui le renseignera sur la situation des
parents, sur l'apport dolal de la jeune fille et qui, enfin, tout
bien examiné, se chargera de la demande en mariage.
Cette demande, il la fait toujours de nuit ( 1 ) . L a précaution
se conçoit, le prétendant ne se souciant guère d'ébruiter son
échec, s'il arrivait q u e son mandataire essuyât un refus. De là
le caractère clandestin que celui-ci donne à sa mission.
L a demande est-elle agréée, cependant ? L e fiancé est introduit près de la fiancée. T o u s deux s'assoient à une table avec
leurs parents. O n pose sur la table une miche de pain blanc
et un flacon de dourkérès ou de doursivi (liqueurs spéciales faites
avec des ceries ou des fraises) : mais il n'y a pour le couple
qu'un seul couteau et qu'un seul.verre. Quand le jeune h o m m e
et la jeune fille ont rompu le pain et bu au m ê m e verre, ils sont
unis. Ainsi, autrefois, à la cour du roi Nann, Gyptis épousa
Protis. L e s Ligures ont précédé les Celtes en Bretagne : ces
serviteurs dé la Terre-Mère qui, suivant le m o t de Camille Jullian,
gardaient les traditions immobiles du plus ancien culte universel
de l'humanité, ont peut-être légué aux Plougastélois un de leurs
rites matrimoniaux. Son transparent symbolisme n'a pas besoin
d'explication. L'acte n'a rien perdu avec le temps de sa gravité;
il a la valeur d'un engagement solennel, auquel, de m é m o i r e
d'homme, les contractants ne se sont j a m a i s dérobés. L e reste
n'est plus qu'une simple formalité.
Mais c'est ici que le cabaretier rentre en scène. Il n'avait
jusqu'alors q u e les ennuis de sa charge : il va en connaître les
bénéfices. Sans doute, avant la signature du contrat, les parents
des futurs se font une visite de cérémonie. N'entendez point par
là qu'on s'y prodigue en courbettes et en compliments, c o m m e
dans nos salons. O n se congratule aussi à Plougastel, mais on
y tient surtout à se montrer sous un j o u r avantageux, en étalant
aux yeux des visiteurs son plus beau linge, sa plus riche vaisselle,
ses bassines les plus reluisantes. Tout le mobilier y passe et cette
gweladen, c o m m e on l'appelle, est une véritable inspect on d o m i ciliaire : les visiteurs, s'ils sont des gens bien éduqués, doivent
s'extasier d e v a n t l'ampleur et le poli des armoires et d e s coffres
de l'étage, des vaisseliers et des lits-clos du rez-de-chaussée
rangés d'affilée le long du mur, à la suite du patafourn. Après
;
( i ) Et de .ceci, comme de ce qui précède, résulte que le bazvalan plougasteiois n'a en rien le caractère poétique 'de ses confrères des autres cantons :
41 n'est nullement, comme ils l e furent, du moins aux âges antiques (v. le
lïarzaz-Breiz et se rappeler aussi le délicieux troisième acte du Roi d'Ys de
Lalo, où, -du reste, l'emploi du bazvalan et du brcutaer est tenu par les chœurs
alternés des jeunes garçons études jeunes filles), un improvisateur, un discoureur en vers. Ces « discoureurs » n'ont cependant pas perdu tout, «redit à
Plougastel; mais, indépendants du bazvalan, ils n'exercent généralement leur
subtil métier que 'dans les banquets. On cite parmi les langues les plus affilées
de la corporation le charpentier Goulard et le cultivateur François Kerdraon.
Beaucoup de ces discoureurs plougastélois, d'ailleurs, s'aident de répertoires
Imprimés tels q u e les Rimou, Discoursiou
ha Goulcnnou
évit en
Ettreujou
publiés à Morlaix et qui ne sont pas à leur usage exclusif.
— 777 —
la cuisine, c'est le tour du grenier, de la grange, des étables, des
écuries, du cellier et des terres. Il n'y faut pas moins d'une
après-midi ( 1 ) . On s'y entraîne, il est vrai, par une solide réfection indépendante du fricot dimizi ou festin des fiançailles qui
précède la gweladen et auquel prennent part seulement les
membres les plus proches des deux familles (une vingtaine),
sans oublier notre bazvalan.
L e mot dimizi, qui est presque partout aujourd'hui synonyme
d'eureuji, a, en elïet, gardé là-bas son sens primitif d'accordailles
ou fiançailles, attesté dans le vieux proverbe : Nep a ra iri dimizi
heb eureuji... (celui qui s'est fiancé trois fois sans se marier, etc.).
Tout mariage, à Plougastel, comporte d'ailleurs trois repas, trois
festins plutôt, dont un en partie double : le fricot dimizi, dont
nous venons de parler; Yeured, ou festin de noces; le bragaden
eu festin de retour de noces. Et, bien entendu, deux au moins
des trois (un et demi serait plus j u s t e ) ont lieu chez le cabaretier
q y v a fait office de bazvalan. Il arrive même, si ce cabaretier
est aussi celui de la famille de la fiancée, que les trois festins
se donnent chez lui. Dans lé cas contraire, voici comme les choses
se pratiquent. :
P o u r le dimizi, les deux rumms (on appelle ainsi à Plougastel
l'assemblage des membres et amis d'une même famille) se réunissent dans l'auberge du cabaretier-/;azwa/a/z. Pour Yeured, chacun des deux rumms banquette chez son cabaretier attitré.
Ueured durant deux jours pleins, les nouveaux mariés se partagent entre les deux rumms. Quant au bragaden, qui a lieu le
dimanche suivant, H se donne toujours chez le cabaretier qui
n'a pas fourni le dimizi (2).
Voilà, n'est-il pas vrai, de bien plaisantes coutumes; attendeznous ne sommes pas au bout. Si le fricot dimizi ne comprend
qu'une vingta ne de personnes, il n'en est pas de m ê m e de
Ycured où l'on invile le plus de monde qu'on peut. Les eureds
de trois et quatre cents personnes ne sont pas rares à Plougastel.
Les invitations sont faites à domicile par le fiancé et la fiancée :
c'est une véritable tournée et qui commence aussitôt qu'on s'est
assuré le concours d'un certain nombre de garçons et de filles
d'honneur : quatre garçons au moins et autant de filles d'hon;
( t ) Comment no pas remarquer, on passant, le rapport de celle gweladen
avec la revue minutieuse qu'on appelait dans l'ancien droit féodal la « montrée
de ferre •> ?
*»
'2- Prenons un exemple pour rendre la chose plus claire. .Supposons qu'une
famille L e Galî, don! le iiis se marie à la fille KervClla, ait pour restaurateur
attitré Cozion el que la famille Kervolla ait pour restaurateur attitré Raoul.
Tes deux familles s'entendront pour que le fricot dimizi soit donné chez l'un
ou chez l'autre restaurateur, soit chez Cozien, par exemple. Quant au repas
de noeés (cured), qui dure deux jours," il aura lieu, pour les invités de là
famille L e Gall, chez son restaurateur attitré Cozien, et, pour la famille Kervella, chez son restaurateur attitré Aaoul. Fiancé el fiancée seront donc séparés
durant, tout Veured ? N o n ; car, ainsi que leurs garçons d'honneur, ils mangeront un jour chez Cozien, un jour chez Raoul. Cozien, cependant, a fourni un
dîner de plus que Raoul : aussi, par campensalion, le bragaden se fera-t-il che'
celui-ei. De celle façon l'équilibre sera rétabli.
5
— 778 —
neur, quelquefois cinq; mais seuls les deux premiers comptent.
Et les autres, irrespectueusement, sont qualifiés de « torchons » ;
gens d'esprit, ils prennent la plaisanterie en bonne part et, pour
mériter leur sobriquet, on les voit souvent, un torchon sous le
bras ou à la main, faisant le geste de garçons de café. Ueured
vous ai-je dit, dure deux jours. On se met à table assez tard
dans l'après-midi, vers trois heures et demie, mais on n'en sort
qu'à dix. E t le second eured se termine par le partage d'un
grand gâteau béni à l'église, ar c'houign, dont les invités n'absorbent les morceaux qu'après s'en être signés dévotement au
front, à la poitrine et aux épaules. Entre les deux repas de
Veured, le lendemain de la cérémonie religieuse, les mariés et
leurs invités, en costumes bleus, assistent à un service funèbre
pour les défunts des deux familles. Quant au bragaden ou festin
de retour d e noces, qui a lieu le dimanche suivant, il n'est que
la répétition en petit de Veured et il ne dure qu'un jour.
s
Etes-vous curieux de connaître le menu d'un repas de noces
à Plougastel ? En voici un, copié chez le principal restaurateur
de la localité :
Soupe grasse
à la mode de
Plougastel
Ragoût de veau
Bœuf nature au gros sel
Rôti
Fars de blé noir et de froment
Vins divers et liqueurs
Tripes
C'est là le menu-type, si l'on peut dire, mais il comporte des
variantes ( 1 ) . On m'assure, d'ailleurs, que les tripes, qui figuraient
autrefois dans tous les menus d'eured, sont de m o i n s en moins
en faveur. L e seul mets proprement indigène du repas est le
fars (fars du ou fars sac'h), sorte d e pudding breton, fait avec
de la farine, des prunes et des rogatons de lard pétris ensemble
dans un sac et mis à cuire dans la soupe.
(A suivre.)
Charles L E GOFFIC.
(1) P a r contraste, voici le menu des jours ouvriers pour le commun des
fermes plougastéloises : à 5 heures en été, à 6 h. 1/2 en hiver, soupe aux
légumes; à 11 heures, bouillie de blé noir (ou d'avoine) ou pommes de terre
»*l lard; à 15 heures {mern bihan), pain ei beurre; à 19 heures en hiver, à
21 beures en été, soupe ou bouillie. — Comme bdisson, de l'eau (sauf avec la
bouillie qui s'accompagne de laitage). Viande et vin seulement le dimanche.
Par ci, par là des crêpes, du café, un petit verre de dourkères ou de doursivi,
dont on a toujours un flacon dans l'armoire- — (La guerre, bien entendu, a
changé tout cela).
M
LE0R1G BURZU'DUS
(KENDALC'H)
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i шшт
Н а ра 'z cas, е v o e d i g e m e r e t el l e z e v e l eur p r i n s eus
a i r e vrasa. — G a n t m a v i o t p i n v i d i k e v e z o g r e a t stad ac'hanoc'h.
A r roue a v o e laouen o k l e v e t lieman o p r e z e g : eun t e o d
d i s i a g e t oa. H a g a-barz m o n t kuit, e l a v a r a s eur g e r P zaou
a roas da g l e v e t d'ar roue ez oa deut d i e v i t k a o u t e v e r c ' b
d i g a n tan.
?
e
N e u z e a r roue a l a v a r a s :
— M a r hoc'h eus c'hoant da g a o u t v a merc'h, l i v i r i t d'in
freaz, emezan.
M a l a v a r a s hor m a r t o l o d n'en doa ken mennoz
— M a t e o ! e m e a r roue. B e z ' bo p e z o anezi. M e y a d'he
g e r v e l ama.
D e u t a r brinsez eno, an t a d a c'houlennas o u t i ha d i m e z i
a r a j e d'an den yaouank-ze a o a deut d'he g o u l e n n .
— L a o u e n e v e n , e m e a r roue, m a r k e m e r f e s anezan
— A r pez a fell d'eoc-h a r i n , eme a r v e r c ' b , a g a r i e eun
all pell a oa e v e l a t o h a g he d o e keuz en he c'kalon o v o n t
g a n t heñían.
M o n t a reas e v e l a t o . N e v o e ket p e l l m a oant eureujet. H a
laouen a r roue h a g e vab-kaer. A r brinsez n'oa t a m m a v a d , ha,
d r e m a c'helle, e w e l e , evel a-raok, he m i g n o n a l l . Hernán,
souezet e v e l a n h o l l o w e l e t kement a d r a o u k a e r a rea niabk a e r a r roue, a auavezas a v a d ne r e a ket kement-se d r e z a n
e-unan.
— E u n d r a bennak a rank da g a o u t , a l a v a r e a l i e s d'ar
brinsez, e v i t g a l l o u t ober k e m e n t a ra. B e z ' e tlefec'h g o u l e n n
d i g a n t lio p r i e d p e t r a e o , lia neuze e o u i o t e g e m e r e t , hei*
g o u z o u t d'ezan, h a g e r e i d'in-nie. N e u z e e v e z i n i p e ü m s hondaou, rak m e ' w e l e r v a d h o c l i eus keuz ha g l a c ' h a r en ho
ka Ion, o veza dftnezet g a n t a n .
M e r c ' h a r r o u e n e nac'has netra, h a g a l a v a r a s e c'houlennehe o u d e fried, h a g e o u i j e d i o u t a n g a n t p e t r a e rea
keinend-all a d r a o u . G o u l e n n a eure, e v e l he doa l a v a r e t .
— 780 —
E v e l a t o ne deuas ket buan a-benn he z a o l : t r e i ha d i s t r e i a
rankas, ober he m i t o u i k a r a n k a s m e u r a w e c h a-raok m a c ' h
anzavas heñían outi p e t r a 'oa. E v e l a t o eun n o z v e z m ' h e d o a
pedet aiiezan ha g o u l e n n e t kaeroc'h e v i t he d o a g r e a t a-raok,
heman, d i o d nía 'z oa, a l a v a r a s n'en d i v i j e k e t m u i o c ' h a
c'halloud e v i t peb-unan, anez eul l e o r i g bihan-bihan en doa.
— G a n t a n , eniezan, eo e r a n k e m e n t ain eus c'hoant, n ' e m
cus n e m e t a r boan d a e'houlenn.
— H a g e pelec'h, e m e ai* brinsez, e likit-hu a l leorig-ze ?
— A t a o e vez eni c'herc'hen, noz-deiz. B e z ' e m a ganen aze,
ein bruched, ha b i r v i k e n den n'en d é v e z o , emezan, neinet
laeret e v e d in.
I l o u m a n neuze ne l a v a r a s netra, h a g a reas an neuz d a
gousket. Mab-kaer a r r o ñ e a gouskas i v e z ; ha, pa g l e v a s e
bried aiiezan o roc'hal, e risklas g o u s t a d lie d o u r n en e v r u c h e d
hag e kemeras al l e o r i g - z e d i g a n t a n .
H o u m a n ne v o e ket d i d a l v e z da zevel a n t r o n o z , ha da gas a l
l e o r i g bihan d'he m i g n o n .
E g i l e ne daolas evez ez oa laeret, ken na v o e d i v e z a t d'ezan.
E a t 'oa d a ober eun d r o olíase d ' a r c'hoad, ha p a v o e d i s t r o
d'ar g e a r , pa e'honlennas pelec'h e d o e bried, e v o e l a v a r e t
d'ezan n' en doa g w e l e t den anezi abaoe ma ' z oa savet.
—
E m a o u n tteet g a n t i en t a o l - m a n !
N ' o a ket gaou. M e r c ' h a r roue, d i o c ' l i t u m a r o a s a l l e o r i g
hihan d'he m i g n o n o l a v a r e t d'ezan ez oa d r e z a n e o e rea pez
a g a r l e n'en doa nemet goulenn, hennez a l a v a r a s :
— l í a vemp-ni hon-daou, daou v i l l e o ac'han, en eur nianer
k a e r e-kreiz eun enezenn, a v e z o e u r c'hoad bras enni, ha d e n
ebet, nemet gozed, r a z e d ha l o g o d !
N ' o a ket l a v a r e t m a t e c'her m a 'z o a n t en e m g a v e t e n o
odaou.
A r roue, pa w e l a s 'oa eat k u i t e v e r c ' h , a l a v a r a s d'e vabkáer 'oa d'ezan m o n t da glask e b r i e d , ha, ma n a g a v c h e k e t
anezi. n'en doa n e m e t a r m a r o d a g a o u t . H a g h o r m a r t o l o d
ac'hano d a glask e b r i e d : labour-klask en doa. H a l e , b a l e a r a
eiidra bad e d r e i d o u t a u . K a e r en d o a g o u l e n n oe'h heman, o e ' h
hen-hont, den n'en d o a k l e v e t han o eus e brinsez. N ' e n e m
z i g a l o n e k a s ket e v e l a t o . M o n t a e u r e atao, h a g eun d e r v e z ,
d i o c ' h a n abardaez-noz, ec'h en e m g a v a s , naon ha sec'hed
gantan, e-kreiz eur w a i e n i m v r a s h e doa ouc'hpenn c'houec'h
— 781 —
leo tro-war-dro. Mont a r a e-barz evit treuzi anezi, hag, a-barz
m a 'z oa en em gavet e-kreiiz, ?oa noz tenval, p a zigouezas
d'ezan steki oc'h eun d r a bennak ha koueza eno.
P a zavas, e welas oc'h sklear al l o a r ez oa eur voger
taouarc'b 'oa ha goloet evel eun ti. N ' o a ket avad euu ti evel
a r re ail peurvuia, ouc'hpenn dek dervez arat a oa dindanan.
H a g hen souezet ha mont d a ober an dro evit klask digor
en tu bennak. B a i e pell amzer a rankas, a-raok kaout an nor.
Skei a eure w a r n i p' en em gavas, hag e teuas d a zigeri d'ezan,
en he daoubleg, eur pez hini goz, keit he dent ha pep brec'h
d'in-ine.
—
P e t r a 'glaskit-hu dre ama ? emezi.
— M e 'garfe, eme a r martolod, beza lojet, m'ho pe a r
vadelez.
— M e 'rofe a-walc'h, emezi, lojeiz d'eoc'h. G w a s a a zo eo
ne gredan ket, r a g aon na vec'h debret gant va mab ne vezo
ket pell n a deuy d'ar gear. Hennez, ente an hini goz, a zebr
kement h^fni a deu ama : n'en deus truez ebet oc'h den.
— M'ho pe a r vadelez d'am c'huzat, emezan, en eur c'horn
bennak eus ho ti, marteze ne zebrfe ket ac'hanon.
— K a e r am be, emezi, ne ven evit ho kuzat e nep lec'h na
ouezo dioc'htu e viot a m a dioc'h a r c'houez. H a nemet oc'h
e gèrent hepken ne deo mat.
— Oc'h e gèrent ? eme a r martolod. H o m a b ha c'houi
a zo kar-nes d'in-me, rak v a mamm-goz-me hag ho mamm-gozc'houi a oa diou vamm-goz.
— G w i r eo ! eme houman. M a t a r stal neuze î D e u t e-barz
ha deut da zibri, marteze hoe'h eus naon, eme an hini goz.
— Y a da, eme heman, naon a m eus gwale'h ya c'halon.
— M a t ! emezi. Tostait oc'h a n daol. Sad' aze krampoez
a-walc'h ha sad' a m a leaz.
N e l a v a r e ket a c'haou. E u r bern krampoez a oa eno, m a
'z oa spontus. P e p krampoezenn a oa ker ledan ha leur-gear
Landerne, h a heman, kaer en doa sacha warnezi evit lie zostaat
outan, d r e m a tebre, ne voe biskoaz evit dont a-benn h a g
lien naon d u d'ezan, d a lonka eur palevarz eus a r grampoezenn. E skudellad leaz a oa ker bras h a g eur vod ( 1 ) , h a g e loa
7
(1) Bod (Haut-Lcon), fem., cuve pour la lessive; grosse futaille de quatro
barriques environ et faite exprès pour servir dans les campagnes à couler
les buées. Teo evel eur vod (cette personne est) grosse comme une futaille.
(Milin.) (Ernault, Roll-geriou, in Kroaz ar Vretoned, 17-9-1916.)
— %2 —
brasoc'h eget eur vasin v r a s , ma rankas (libri sec'h e dammou
krampoez.
N ' o a ket d i s t a g e t m a t dioc'h e g o a n m a klevas eun trouz
bag eun a v e l a o a spontus.
— P e t r a ' z o ? emezan d'an hini g o z . — V a mab eo a zo o t o n t d'ar gear, v a niab an A v e l - d r a o n .
K e a da g u z a t du-ze en eur c'horn bennak.
Hag
ar m a r t o l o d ha m o n t e d i l l o .
N e u z e e teuas m a b an Inni g o z en ti. E u z u s e oa da w e l e t :
e z i v r e c ' h , e g o r f hag e d r e i d , leun a v e l l o u , a astenne hag a
v e r r a e evel a g a r e ; teir askell v r a s hag o u t o askellou bihan ali
en doa i vez, p l e g e t 'lied e l i v e n , ha pegeinent bennak m a c'helle
d o n t stumm e v e l a g a r e , e ranke c'hoaz staga e benn w a r e
c ' h o u z o u g ; e v l e o h i r r a oa tortijset en-dro d'e g o r f ; e z a o u l a g a d
evel r e eun t a r o gouez hag e c'henou brasoc'h eget d o r fourn
ebet.
N ' o a ket d e u t m a t en ti, m a lavaras :
— A m a ez eus unan bennak, va mamni.
— Y a da, emezi, da g e n d e r v bihan a z o deut d'az kaoufc
d a c'houlenn eun d r a bennak diganez.
— V a c'henderv, emezan, penaos l i v i r i t ?
— D a g e n d e r v eo zur, rak e v a m m - g o z ha da hini-te a oa
diou vamm-goz.
— G w i r e o ! eme an A v e l - d r a o n , ne deas ket. dounoc'h
e spered da g l a s k e pe c'hiz an dra-ze. H a da betra e o deut
a m a ?... D e u z ama, ma w e l i n ac'hanout ! eme an A v e l , oc'h
astenn e v r e c ' h da dizout a r m a r t o l o d .
— D a c'houlenn diganeoc'h, eme heñían, ha n'ho pe ket
g w e l e t v a g w r e g , oc'h o b e r ho t r o i o u , d r e a r bed.
— M e , e m e an A v e l - d r a o n , ne redan ket dre a r bed, n'em
eus n e m e t e u r p a l e v a r z anezan da Avelet benidez, ha n'em eus
ket g w e l e t anezi e m c'hordennad tro-war-dro.
— G w i r eo, m o a r v a d , a l i v i r i t , v a c'henderv, eme a r martolod. M a r t e z e , e v e l a t o , n'hoc'h eus ket eveseat mat. E r c'hiz
m ' e m a honnez a d i e beza e a t en eul lec'h d i s t r o bennak, p e l i
d i o c ' h a n dud, g a n t he m i g n o n , hag eno, n'ouzoun pelec'h,
e t l e o n t beza s a v e t eur m a n e r k a e r d'ezo.
— M a r ac'h eus c'hoant d a w e l e t , m a r kerez, e m e a n A v e l ,
e teui ganen w a r c ' h o a z da w e l e t , ha m a na g a v e z k e t anezi,
m e a g a s o a c ' h a n o u t (Tarn breur G w a l a r n , hag e w e l i g o u d e
en e g o r d e n n a d ivez.
— M o n t a r i n ganeoc'h, p
?
ho peus a r vadelez d ' a m c'has.
H a g antronoz h a g a n A v e l - d r a o n en e a r hag a r m a r t o l o d
w a r e gein. M a r k a v e d'ezan ez ea buan g w e e h a l l w a r ai* inor,
pa c'houeze a n a v e l e n e lestr, n'oa k e t an d r a eur skeud
eus an herr a oa g a n t an A v e l . Souezet e v o e pa w e l a s heman
p e g e r bras oa, p a v o e dispak e zivesker, e z i v r e c ' h h a g e
askellou, a nij e d r e a n nenv k e r buan na g l e v e d n e m e t an
t r o u z a rea en eur v o n t . A n A v e l - d r a o n a y e a s d r e g o r d e n n a d
a r bed a oa r o e t d'ezan da w e l e t beindez, hag a r m a r t o l o d ,
k a e r en doe klask e w r e g d r e b e p lec'h m a tremen, ne g a v a s
k e t anezi. L a v a r e t a reas d a n A v e l - d r a o n ; ha heman, a-raok
peur-achui e d r o , a gasas anezan d a v e d a r G w a l a r n , unan eus
e d r i breur a i l .
?
(Daheuilh).
G. M I L I N .
formations Bretonnes
eu Emprunts F r a n ç a i s
(,)
Erratum
: Dans le dernier article, p. 719. note 2. ligne 4, au lieu de
« L e s Etats-Unis..* ont plus de sept fois les dimensions de la France » , lire
« ont plus d e dix-sept fois... » . Quant à l'AustraMe, sa superfloie .équivaut
à qutatorze fiois celle de la France ot aux quatre cinquièmes de 'celle de
(L'Europe.
Durant tout le moyen-âge, breton, flamand, provençal, basque,
ont été lentement pénétrés par le français et depuis la Révolution
cette pénétration s'est accélérée, au point qu'aujourd'hui on pourrait presque, dans certains cas, employer le mot de submersion.
Dauzat, dans sa Vie du Langage, p. 208, fait observer que dans
les dialectes les plus indépendants, les mieux conservés du Midi,
un bon tiers du vocabulaire est composé d'emprunts faits au français. « L'évaluation d'ailleurs, ajoute-t-il, ne peut être que fort
approximative; cet apport est tellement considérable et si bien
assimilé pour les couches anciennes qu'il est impossible de séparer complètement la gangue qui s'est incrustée peu à peu autour
de l'élément populaire. »
Ceci est vrai également du breton. Les emprunts au vieux français, au roman et au latin s'y comptent par centaines, et ces era
<i) Voir Buhez Breiz octobre 1923, pp 718-20.
a
— 784 —
prunts-là sont tellement bien assimilés que ceux qui s'en servent
ne se doutent pas de leur origine ( 1 ) . L e u r nombre et leur utiiité
les rendent inexpugnables. Leurs équivalents celtiques ayant pour
la plupart disparu, leur expulsion, si elle pouvait être réalisée, ne
laisserait qu'un résidu de langue complètement inutilisable. François Vallée n'a donc jamais songé, c o m m e le prétend M . L o t h poulies facilités de la polémique, « à remplacer tous les mots français
de nos lexiques par des mets bretons » . Les mots farsus,
bourdus,
fentus, tirés du vocabulaire et cités par M . L o t h lui-même, suffiraient à l'indiquer. D'ailleurs tous ses écrits depuis vingt-cinq ans
protestent contre une pareille affirmation. Il a seulement voulu
élever des bornes dans la voie de l'emprunt actuel et il a tâché
d'exclure de la langue littéraire les emprunts inutiles, non assimilés, non bretonisés, récents ou relativement récents, qui convertissent peu à peu le breton en un charabia digne d'Auverpins :
sertenamant,
jamez, dija, tout, non pas, assamblez, kazi, chenchamant, komportamant,
konkour, chanson, disput, alumi. choaz,
komans, finisa, arruout, partial, galoupat, trankil, kontant,
amourous, bonjour, maleur, reverans, soufrons, joa, feson, jardin, legumach, terouer, mouchouer... et le reste ! Ces termes-là et leurs
pareils éliminés, il resterait encore au breton assez de mots d'origine française pour rassurer et satisfaire la foule des timides
qu'effraie « trop de vertu » , si seulement ceux-ci savaient assez
de linguistique pour discerner l'origine des termes qu'ils emploient.
**
L e phénomène de l'emprunt a surtout des causes psycholologiques ( 2 ) . C'est le mépris où est tenue la langue populaire et le
prestige dont jouit l'idiome de l'élite qui font que les termes de
cette dernière langue jouissent d'une faveur particulière. Partout,
comme dit Dauzat, l'indigène fait effort pour rapprocher sa langue
de la langue officielle. Lorsque le Savoyard fait déchoir les ternies
indigènes de pare et mare, héritiers directs du latin pater et mater,
au sens de « mâle » et de « femelle » et lorsqu'il réserve le sens
élevé et honorable aux emprunts français père, mère qu'il prononce pire,
mire,
lorsque l'Auvergnat délaisse
madoufa
<i fraise » , dzambre « écrevisse » pour dire freza, ikarvisse, ils
montrent bien à la fois l'inutilité de l'emprunt et ses causes psy(1) Tels sont par exemple aloubi, ancr, aneval, bir, dasorc'hi,
koant,
eskammed, fclu, chatal, maslari, etc.
(2) Dans mon article de novembre 1922, p. 345, note 1, j'ai cité les
lignes où Maillet constate quT« il n'y a pas de langue plus rebelle à l'emprunt
à des langues étrangères que le g r e c de l'époque classique ». Cela provient
de la fierté que les Grecs avaient de leur c,ivacation propre et de leur culture
(Histoire de la, langue grecque, première édition, pp. 345-6). Même conquis
par les Romains, les Grecs ont fort peu emprunté à la langue de leurs
vainqueurs et seulement des termes techniques désignant des choses romaines.
Les Romains, du reste, tenaient eux-mêmes le grec pour une grande langue
dans laquelle on pouvait (rédlïger ou traduire les publications officielles.
« Pour déterminer l'entrée d'une masse plus grande de mots latins, et
ensuite de mots romains, il a fallu la ruine de la civilisation hellénique
elle-même. Au moyen-âge et à l'époque moderne, le grec n'a pas été moins
aQcessible à l'emprunt que toute autre langue ».(Kf. p. 3 4 7 ) .
— 785 —
chologiques (1). De même ici. Un Breton ayant le choix entre
deux mots, l'un purement breton, l'autre; français, choisira ce
dernier à peu près neuf fois sur dix. Il acceptera facilement de
se servir d'un mot français m ê m e d'usage non courant dans sa
paroisse, mais par contre il manifestera une hostilité irréductible
à l'égard de tout mot purement breton inconnu, m ê m e si ce mot
est encore vivant et en usage dans un autre dialecte. M . L o t h
cite un fait probant à ce propos : le catéchisme breton de Vannes
légèrement épuré quant au vocabulaire a été accueilli par un tel
toile de la part du clergé et des fidèles qu'il a fallu y réintégrer
tous les termes français expulsés. Cet état d'esprit n'est ni nouveau ni particulier au pays vannetais. Il est ancien et général à
toute la Bretagne bretonnante. C'est lui qui a rendu vains tous
les efforts tentés depuis L e Gonidec, c'est-à-dire depuis près de
cent ans, pour la conservation et l'amélioration de la langue.
M ê m e dans les pays où l'élite intellectuelle n'a pas complètement abandonné la langue nationale et où par conséquent celle-ci
n'est pas tombée au rang d e langue exclusivement populaire,
m ê m e là, le peuple a fléchi et ,a subi le prestige de la langue
d'Etat. T e l est le cas du P a y s de Galles.
Ce ne sont pas seulement, c o m m e l'avance M . Loth, des néologismes de lettrés patriotes, clairvoyants et puristes (puristes
parce qu'ils étaient patriotes et clairvoyants), tels que pellfyneg
« télégramme » et pellseiniol « téléphone » que le peuple gallois
ignore ou se refuse à employer ( 2 ) . Ce sont quantités de termes
indigènes qu'il a abandonnés ou qu'il abandonne pour les termes
anglais correspondants. « L e dialecte (gallois) de Mold, écrit
M . Vendryès ( B e v . celt. 1911, pp. 211-2), n'emprunte pas seulement à l'anglais des termes officiels, des noms d'objets usuels,
voire m ê m e des adjectifs; il ne se borne pas à traduire mot à
mot Un bon nombre d'anglicismes; il est rempli de verbes anglais
auxquels il a simplement donné la terminaison - I O des infinitifs
gallois. Dans les quarante pages de ces Detholion ( 3 ) nous relevons les suivants : altro « to alter » , bargeinio « to bargain » ,
andwyo « to undo » , cario « to carry » , condemnio « to condemn » , crio « to cry » , dgfeisio « to devise » , experimentio
« to
experiment » , ffjeindio « t o find » , ffilio « to fail » , hancyffio « to
handcuff » , helpio « to help » , hidio « to heede » , hitio « to
hite » , llabro « to labour » , lleicio « to like » , llodio « to load » ,
pasio « to pass » , perswadio « to persuade » , protestio « to protest » , rhamblo « to ramble » , rhubio « to rub » , safio « t o save » ,
shafio « to shave » , snecio « to sneak » , sposio « to expose » ,
stopio « to stop » , syrfio « to serve » , traio « to try » , witshio « to
(1) Les exemples sont empruntés à nauzat, Vie du Langage, pp. 214-6.
(2) M. Loth ajoute l'exemple des paysans irlandais qui gncjrent le- Tigh
an phuist, Teach en phcsta des dictionnaires, e t s'en tiennent à l'anglais
Post-Office. C'est toujours une besogne facile de chercher oies exemples destinés à justifier toutes U s faiblesses, toutes
défaillances et tous, les
abandons.
(3) Detholion o Straeon
Wrexham, 1910.
y
Pentan
{Daniel
Owen),
T. Gvvyn Jones.
bewitch » . L a plupart de ces verbes ne sont pas enregistrés dans
les dictionnaires gallois, et avec raison, car ils n'ont de gallois
que la terminaison dont on les affuble. Ils témoignent de la tendance fâcheuse qu'ont les Gallois bilingues (c'est-à-dire la grande
majorité des Gallois) à substituer dans la conversation le m o t
anglais à son équivalent gallois : c'est un réel danger pour la
conservation de la langue nationale » .
L e P a y s de Galles a heureusement d'autres, exemples à fournir à la Bretagne. Et il faut espérer qu'une réaction sortie des
Universités galloises finira par enrayer l'anglicisation de la
langue. T e l l e qu'elle est, et malgré cette dangereuse tendance, la
situation du gallois est autrement meilleure et plus solide que
celle du breton et des langues de la France méridionale. C'est encore bien au-dessous de celles-ci qu'il faut placer ces dialectes
romans complètement désorganisés et mourants de la France du
N o r d qui à force d'emprunter au français en sont arrivés à s'amalgamer plus ou moins intimement avec lui. Dauzat en cite un
exemple bien frappant. A Y p o r t , Seine-Inférieure, le dialecte l o cal, qui à l'état pur était notablement différent du français, a
perdu toute homogénéité « et présente une variabilité telle qu'à
travers les différentes personnes on peut passer insensiblement
du dialecte local au français régional » ( 1 ) .
L e breton n'est pas encore tout à fait rendu là, c'est entendu,
mais qui oserait soutenir qu'il ne s'achemine pas rapidement
vers un pareil état ? L e s dialectes de la France du Nord, qui
furent autrefois les égaux et les rivaux du français, montrent où
mène le système de l'emprunt.
M . L o t h reproche à François Vallée de vouloir « enrichir
brusquement le breton en créant de toutes pièces une terminologie technique » . Mais n'est-ce pas précisément ce qui s'est fait
à l'époque moderne pour le français ? En ajoutant à ce propos
que « l'enrichissement d'une langue est une œuvre de longue
haleine » et que « les néologismes qui font fortune, bons ou mauvais, sont des acquisitions d'origine et d'époque diverses » ,
M . L o t h confond le vocabulaire usuel et le vocabulaire scientifique. Il est vrai de dire que l'enrichissement du vocabulaire usuel
est une œuvre de longue haleine et que les néologismes qui y
font fortune sont d'origine et d'époque diverses. Mais cela cesse
d'être exact pour le vocabulaire scientifique. L a plus grande
partie de la terminologie scientifique du français moderne est de
création tou'e récente -et n'existait pas il y a cent cinquante ans.
puisqu'une foule de sciences se sont constituées depuis le début
du xix° siècle et que toutes ou presque toutes ont été renouvelées
ou complétées dans de notables proportions depuis cette date ( 2 ) .
(1) La Vie du Langage,
p . 219.
(2.) Stfences nouvelles ou renouvelées dont le vocabulaire a été orée de
toutes pièces à noire époque : géologie, paléontologie, météorologie, océanographie, électromagnétisme, anatomie et physiologie végétales, physiologie
générale, histologie, anthropologie, linguistique, photographie et applications,
galvanoplastie, etc.
— 787 —
Il n'y a aucune bonne raison pour refuser au breton l'emploi
d'un procédé que l'on admet et trouve tout naturel lorsqu'il
s'agit du français. Quant à ce qu'ajoute M . L o t h : « C'est presque
une langue nouvelle que Vallée nous offre et nous invite à nous
assimiler » , c'est un habile appel à la malheureusement trop
réelle pareisse bretonne, mais ce n'en est pas moins une affirmation aussi peu fondée que les autres. N o n , ce n'est pas une langue
nouvelle, c'est simplement l'utilisation, la mise en valeur des
ressources qu'offre la langue bretonne actuelle et leur emploi à
son enrichissement. Des mots tels que keflusker « moteur » ( 1 ) ,
flammer « chalumeau » ( 2 ) , skrîverez « machine à écrire » ( 3 ) ,
nijerez « aéroplane » ( 4 ) , emprennadur eeun « montage de roues
à rayons directs » ( 5 ) , lïesivagennadet « polyphasé » ( 6 ) , dérivés
ou composés de termes bretons encore vivants, n'offrent aucune
difficulté à tout bretonnant un peu instruit et ayant un tant soit
peu étudié sa langue. Ces termes-là sont infiniment plus faciles
à comprendre et à assimiler que les mots anciens dont M . L o t h
préconise depuis longtemps la récupération et l'emploi. Il est
clair en effet que des mots tels que klod « gloire » , goanag « espérance » , arzerc'h « évident » , lu « armée » , keoded « cité,
ville » qui ne s'appuient plus sur rien de vivant dans la langue
sont aussi incompréhensibles que s'ils étaient tirés du chinois ou
d e l'algonquin au lieu d'être empruntés au vieux ou au m o y e n
breton ( 7 ) . Théoriquement, la récupération de ces mots est souhaitable. Pratiquement elle offre des difficultés insurmontables,
puisqu'il n'existe pas d'élite intellectuelle de langue bretonne.
Dans toutes les langues, la récupération des mots anciens, aussi
bien que l'adoption de mots nouveaux techniques, scientifiques
ou littéraires, s'opère par les élites et c'est aux élites que le reste
du peuple emprunte ces mots dans la mesure où ils peuvent lui
être utiles.
M . L o t h exagère d'ailleurs les difficultés que rencontre l'adoption d'un nouveau vocabulaire. Ces difficultés sont réelles en
Bretagne parce qu'elles viennent de l'absence de toute élite, de
la paresse naturelle aux Bretons et surtout du mépris où est tenu
tout ce qui est spécifiquement breton. Voici une citation de
Meillet qui met les choses au point :
« Créer une langue littéraire consiste presque toujours simplement à créer un vocabulaire, et l'expérience montre que la
(1) Essai de technologie
p. 27.
bretonne, électricité,
(2) Lanterne à projection
(3) Technologie
et cinéma, B. B., 2
de la machine à écrire,
(4) Kroaz ar Vrctoned,
Duhez Brciz, première année,
e
année, p. 91.
B. B., 2
e
année, p. 224.
passim.
e
(5) Bicyclette,
B. B., 2
année, p. 250.
(6) Electricité,
B. B., première année, numéro 11-12, p . 27.
(7) On a fait remarquer en outre que certains <Je ces mots anciens
prêtent, à l'équivoque par suite de ressemblances fâcheuses aveo des mots
bien vivants d'origine et de sens différents : klod « gloCre » avec klota
« adapter » , lu « armée » avec lu « ridicule » , keoded « cité » avec keo
<« creux, cavité » .
—
788 —
a
chose réussit aisément. A u cours du x i x siècle, il a été constitué
ainsi plusieurs langues littéraires. Des nations ont repris conscience de leur autonomie et se sont donné des langues littéraires
en transformant leur vocabulaire : la création de la langue littéraire grecque moderne a consisté avant tout dans la substitution
du vocabulaire courant, en partie d'origine étrangère romane et
turque, d'un vocabulaire proprement grec pris à la langue ancienne, tout livresque. L e s A r m é n i e n s se sont de m ê m e donné une
langue littéraire, ou m ê m e deux langues littéraires distinctes,
l'une à Constantinople, l'autre à Tiflis, en substituant au vocabulaire vulgaire, en notable partie pris au turc, un .vocabulaire
nouveau emprunté à l'arménien classique...
« ...Les Tchèques, qui avaient germanisé leur vocabulaire slave,
se sont donné au xix siècle un vocabulaire savant et littéraire
purement tchèque où ne figure presque aucun terme d'emprunt,
et où m ê m e les mots universels en Europe ont été remplacés par
des termes tchèques nouvellement fabriqués : le mot théâtre qui
se trouve partout en Europe — on dit en russe et en polonais
teatr — a été remplacé par divadlo (dérivé de divati « regarder » )
qui est une traduction du mot grec theatron et se rattache ainsi
au vocabulaire européen. O n voit par là avec quelle facilité peut
s'introduire un vocabulaire inusité. C'est ce qui fait que les
langues littéraires n'ont guère en propre bien souvent que des
particularités de lexique » ( 1 ) .
,!
M. M.
La Bretagne vue par un Gallois en 1829
UNE EXCURSION A TRATERS LA BRETAGNE
(Suite)
(2)
Je sais bien que plusieurs de mes compatriotes ne regarderont pas av~? plaisir cet acte de spoliation commis au dépens
de lcair barde favori, et qu'ils préféreraient conserver l'illusion
qui leur a été chère si longtemps, plutôt que de v o i r la vérité
apparaître ainsi brusquement en pleine lumière. J'ai la sympathie la plus profonde pour leurs sentiments de regret et de
(1) A. Meillet, Aperçu d'une Histoire de la langue grecque, Paris, 1913,
133-4.
(2) Voir le numéro d'août 1923. P a r suite d'une circonstance mdépendanle de sa volonté, notre ami le docteur Diverrès a été dans l'impossibilité
matérielle de nous adresser la suite de son intéressant travail depuis le
mois d'août. C'est avec plaisir que nos lecteurs le verront reprendre sa
collaborai ion régulière.
pp.
— 789 —
vénérat'on, et j e leur donné l'assurance que des preuves légères
ou douteuses ne suffiraient pas à me faire dénier l'authenticité
de certaines des œuvres de Talies^n; mais, « Y gwir yn erbyn
y byd » , « L a vérité, m ê m e opposée par le monde » ( 1 ) . Et qu'ils
ne soient pas écrasés de chagrin par cette découverte; la réputation de Taliesin repose sur une base trop solide pour être
affectée par la perte de quelques couplets d e moines ( 2 ) et sa
renommée c o m m e poète ne souffrirait aucun d o m m a g e s'il venait
encore à être débarrassé de quelques autres d'un type analogue.
Mais revenons au breton. Quoique cette langue ne soit nullement tellement identique au gallois, soit oral, soit écrit, pour
être comprise des indigènes de la Principauté, on doit cependant admettre qu'il existe entre les deux une ressemblance frappante non seulement entre des mots isolés, mais dans les
phrases et modes d'expression. Ce fait est souvent si évident
qu'on pourrait croire que la séparation des deux nations date
seulement d'hier.
L e Gonidec a, dans son dictionnaire, donné plusieurs expressions bretonnes avec leur équivalent en français, de façon à
montrer la différence des constructions idiomatiques entre Jes
deux langues. En comparant le breton avec le gallois, cette
différence devient très légère. P a r exemple, l'expression to quench
his thirst ( 3 ) est en breton torri he zeched, littéralement to break
his thirst; mais le français dit : « étancher le soif » et non :
« rompre le soif » ; or, le gallois est précisément semblable au
breton : « torri ei syched » .
Encore : pour le breton « gwell eo gan en, I had rather » .
littéralement « It is better with me » : le français emploie l'expression « J'aime mieux » et non « mieux est avec moi » . Mais
le gallois dit : « Gwell yw gan i. »
Aussi : « gwerza war goll, to sell upon a loss » est en
français « vendre à perte » et non « sur perte » , niais on gallois
c'est « gwerthu ar golled » . « A hed ann deiz, ail day long >»
est en français : « tout le jour » , mais en gallois : « ar hyd
y dydd » .
« Merch hé mamm eo Katell, Catherine is her
mothers
daughter. » L e gallicisme équivalent est : « Telle mère, telle
fille » , mais le gallois a une expression identique à celle du
breton.
«
Tro ail, another
time
» , littéralement « another
iurn » ;
(1) Traduction d'après l'anglais du Rév. Thomas Priée.
(2) Je traduis ainsi l'adjectif anglais tnonkish, ne trouvant pas de mot
pour rendre exactement l'idée de dédain exprimé en anglais par la terminaison -ish.
(3) Se conserve en anglais les traductions de Thomas Pfice, et cite.
Seulement en français ce qu'il donne lui-même dans cette langue. Je conserve
même ses fautes, et le lecteur peut remarquer qu'il n'est pas toujours ferre
sur le genre des substantifs.
V
— 790 —
pour cette expression, le français emploie : « autrefois
« autre tour » , mais le gallois dit : « tro arall » .
» , et non
Il existe un si grand nombre d'autres expressions dans lesquelles les ceiticismes correspondent si exactement avec ceux du
gallois que lorsqu'on les examine séparément de la manière cidessus, on se sent surpris que les deux langues soient si différentes à d'autres points de vue. Pour l'expression « briz klenved,
a slight illness » , le gallois emploie le mot « brith » avec le
même rôle qualificatif. « Maro eo gand ar vrech, he is dead of
smallpox » : ici le m o t « vrech » , ou « vreach » est précisément
le gallois « frech » , ce qui semble indiquer que cette maladie
était .commune en Europe avant la colon'sation bretonne. L e mot
gallois « frech » est le féminin de « brych, freckled
» , et ce
sens, dans les vieux écrits, est traduit par le mot latin « varius » .
Or, les termes « varus » et « vara » sont appliqués, par Celse
et d'autres anciens auteurs, à une certaine maladie eruptive
appelée par certains traducteurs : rougeole, et par d'autres :
variole. Quand les Gallois veulent d'stinguer entre ces deux
affections, ils appellent la seconde la frech-wen
» , c'est-à-dire
« while freckle » et la première, la « frech-goch » ou « red
freckle » . Mais il ne m'appartient pas de décider si le gallois
« frech » ou le latin « vara » étaient les mêmes que le moderne
« variola » .
Les verbes aussi, dans quejques-unes de leurs formations,
ressemblent à ceux du gallois, spécialement les verbes réfléchis
c o m m e : « emwiska, to dress one's self » , en gallois « ymwisco » .
Quelques-unes des autres parties du discours ressemblent encore
grandement au gallois, comme : « piou-bennag,
whosoever » ,
et « pegement-bennag,
how much soever » , en gallois « pwg
bynnag » et « pe gymaint bynnag » .
L^s Bretons, c o m m e les Gallois, changent aussi les lettres
initiales en composition, et dans plusieurs cas, précisément de
la m ê m e manière c o m m e : « dourgi » ; « an otter » pour « dour
ki » « a water dog » ; « morvran » , « a cormorant
» pour « tnor
bran » , « a sea crow » ; « les-vab » « a stepson » pour « lesmab » ; de m ê m e dans les noms de lieu c o m m e : « Penwern ->
pour « Pen gwern » « the head of the alder swamp » ; la diffé
rence est faible.
Les pluriels des noms sont aussi assez ressemblants, spécialement dans les déclinaisons irrégulières, c o m m e : « askourn »,
« a boue » pl. « eskern »; « blaiz », « a wolf » pl. « bleizi •»;
« krogan » « ashell » , pl. « kregin »; « davad » « a sheep »,
pl. « deved »; « tarvtaro
» « a bull » , pl. « lirvi » ; de, m ê m e :
« gwenanen
» « a bee » ; « gwenan
» « bees » ; « irvinen »
« a turnip »; « irvîn » « turnips » . Ils ont aussi des formations
» « a handressemblant à celles du gallois c o m m e : « dournad
ful » de « dourn », « a hand »; « karrad
» « a cart-load
»
de « karr » , « a cari »; « braz » « big », « brazder », «
bigness.»;
« bihan » « small », « bihander » « smallness
»; « teo » « thick »,
« teoder » « thickness
».
Les degrés de comparaison correspondent, aussi, c o m m e :
« uchel » , « high ' » ; « uchelach » « higher » ; « uchela p
« highest » .
Et m ê m e les adjectifs irréguliers ne sont pas entièrement
dépourvus de quelque ressemblance, ainsi qu'on l e voit dans
les mots « good » et « bad » , qui, en gallois et en breton, de
même que dans plusieurs autres langues, se rencontrent comme
mots irréguliers, comme : « mad » « good » ; « gwell » « better » ;
« gwella » « best » ; « drouk » , « bad » , « gwaz » « worse » ,
« gw-asa » « worst » .
Cependant, en dépit de ces ressemblances, la conjugaison
des verbes, ainsi que les déclinaisons des noms et une variété
d'autres détails essentiels sont à ce point différents qu'il est
absolument nécessaire pour un Gallois d'étudier le breton
comme une langue étrangère s'il veut arriver à en comprendre,
non des mots détachés, mais des phrases entières.
On m'a quelquefois demandé si le langage parlé par les
indigènes ne présente pas par le son et l'accent une ressemblance
avec le gallois. Je puis seulement répondre à ceci que la ressemblance dépend beaucoup de la prédisposition des auditeurs. S'ils
sont décidés à trouver une ressemblance, ils la découvriront
aiséme'nt dans la langue, comme d'autres en on trouvé dans la
physionomie et même dans les costumes; mais, pour m a part,
il m'a toujours été impossible de décider par l'oreille seulement
si les interlocuteurs parlaient un dialecte appartenant au gallois,
à l'allemand ou à toute autre langue étrangère. E t comment
l'auraliis-je pu, puisque les Gallois eux-mêmes, c o m m e les peuples
des autres pays, diffèrent grandement entre eux par les intonations vocales et d~s particularités régionales ? Le>s indigènes
des comtés de Monmouth et de Glamorgan présentent sur ce point
très peu d'affinités avec ceux des comtés dj- Flint et de Denbigti,
tandis que les habitants du Breconshire diffèrent tout autant
die ceux du Caernarvonshire et d'Anglesey. L e cas est précisément le m ê m e en Bretagne : chaque district a son dialecte et
son ton d e voix particuliers et s'il se trouvait une ressemblance
sur ce point entre le P a y s de Galles et la Bretagne, j e serais
enclin à l'attribuer plutôt à un accident qu'à la préservation
d'une ressemblance nationale.
(A suivre.)
Adaptation du D
r
DIVERRÈS.
CHRONIQUE
I-X-H
'
M. de VEstourbeillon,
président de l'UNWN
nous adresser le communiqué suivant :
RÉGIONALISTE,
veut bien
C O N C O U R S DE L ' U N I O N R E G I O N A L I S T E B R E T O N N E
E N 1924
SECTION DE L A N G U E BRETONNE
Poésie : Montrer la justesse et les navrantes conséquences ide ces v e r s
prophétiques d e BrizOux :
Bientôt ils descendront sur les places des villes
Ceux qui sur les coteaux, chantaient, gais chevriers,
Vendant leurs libres mains à des travaux
servîtes,
Villageois enlaidis, vêtus en ouvriers.
BRIZEUX : Les Bretons.
— M —
t
ProSe : Rédiger un bon tract de propagande montrant à nos paysans bretons la folie criminelle de ceux qui empêchent leurs enfants de parler et de
savoir 'le breton.
Dans chacun de ces d^ux concours : 1
prix, 60 fr.; 2 prix, 30 f r . ;
3 'prix, 15 fr.
SECTION D'HISTOIRE ET L I T T E R A T U R E BRETONNE
Sujet : Composer un tract d'environ quatre pages d'impression gr. in-8°.
résumant la vie de Nominoë, premier Roi de Bretagne, P è r e de l a Patrie b r e tonne et faisant appel au ¡patriotisme breton pour remettre en honneur sa
mémoire.
1 prix, 60 fr.; 2 prix, 30 fr.; 3 prix, 15 fr.
SECTION ECONOMIQUE
Sujet : Etudier le prix de revient et le coût moyen du costume
breton
pendant une année, dans un canton-type, par exemple, Bannalec, Rosporden,
PIQyiben, Saint-T'hégonnec ou Guémené-siur-Scorff, avant e t depuis la guerre
et le comparer au prix <d\e revient et au coût moyen des costumes
français
si changeant à chaque saison.
1
prix, 50 >fr.; 2 prix, 40 fr.; 3 prix, 20 fr.
P r i x Théodore, Botrel (non attribué e n 1923) : Etudier et suggérer les
moyens de faire comprendre a nos compatriotes qu'en favorisant 'le développement des Industries
dentellières locales et des tissages bretons par la
conservation et le port, de nos costumes nationaux qui y pourraient trouver
tous les éléments nécessaires h .leur confection, ils font acte de patriotes,
contribuent a la diminution d u coût de l a vie chez eux et. ne peuvent mieux
contribuer à la prospérité de la Bretagne.
P r i x unique : 40 francs.
SECTION DES B E A U X - A R T S
Musique : sujet : Nominoë .conquiert VIndépendance bretonne. Cantate
orchestrée en' trois parties :
I L a chevauchée de 'Nominoë dans les brumes des bords de la Vilaine;
2° L a bataille de Ballon et les charges des cavaliers bretons;
3°- Gloria Britanniœ et victorîbus.
prix, 300 fr.; 2 prix, 100 fr.
1
Arts appliqués : prix, Saint-Gucnolé. — 100 francs de prix, offerts par
M . de l'Estourbeillon, président de VU. R. B., aux trois -collections des meilleurs
projets d'Enseignes en couleurs de différents
métiers.
1 prix, 50 fr.; 2* (prix, 30 fr.; 3 ' prix, 20 fr.
T o u s les projets d'affiches envoyés figureront à l'exposition du congrès
de 1924.
Avis important. — T o u s les manuscrits ou projets devront être adressés
à M . de PEstourbeillon, président de ITT. R. B., 4, rue du Vieux Colombier à
Paris, avant le 1 juillet 1924, dernier délai.
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C O N G R È S DE
1924
L'année prochaine 1924, doit avoir lieu à Quimper (au début de septembre)
le Congrès Panceltique quinquennal réservé à la Bretagne et organisé avec
le concours des diverses sociétés bretonnes. Ce Congrès, des plus importants,
comportera, outre -les séances de travail, -des Représentations de théâtre populaire, des Concours de Chorales bretonnes, d e s Excursions, et une grande
Expositions des Arts f>reto*s et des Industries bretennes et e n outre urne grande
Fête, nationale bretonne dont H sera parló ci-dessous.
.Pour qu'il ne fasse pas double emploi avec ce Congrès, T U . R. B. a décidé,
dé ne pas faire de Congrès en 1924, reportant son Congrès annuel à 1925 « t
tout en •contribuant largement à l'organisation du Congrès Panceltique, de
mettre ainsi ses membres à même de garder toute leur liberté d'action et
leurs disponibilités pour assister au Congrès Panceltique auquel ils sont
d'ores et déjà spécialement invités et où elle espère bien les voir venir très
nombreux.
/Gomme nous l'indiquons ci-dessus, à un Congrès de cette importance, il
fallait une fête bretonne exceptionnelle, ayant un caractère national et Je
Comité d'organisation du Congrès Panceltique a décidé d'organiser une grande
Fête-Cortège des drapeaux des anciens pays de Bretagne, s u r laquelle nous
appelons tout spécialement l'attention des membres de VU. R. B . e t pour
laquelle nous réclamons instamment leur, concours.
к
1
(JA
Buhez Breiz
\
4-
B u h e z
B r e i z
Revue Mensuelle Bilingue d'Action
Bretonne
L E GÉRANT ; J. O L L 1 V 1 E R , 17, RUE DE BREST, LANDBKNEAU.
j
TftBLE
DES MATIÈRES
DE L'ANNÉE 1923
Académie bretonne. — Conseils aux écrivains bretons : 496,
589, 627, 722. — Séance de l'Académie bretonne : 694.
535,
J. Artur (Albert K e r a g n e l ) . — L a Bretagne Américaine : 445.
Léon Le Berre. — Discours prononcé à l'inauguration du « lec'h »
Parker : 682.
Yves Berthou. ,— A la mémoire de Jos Parker, poésie : 708.
Yan Bricler. — Toujours à propos de l'Université de Gand : 652.
B r o e r e c ' h (Hoël) : — L a Honte empoisonnée : 605. —
partir ? : 641. — L a V o i x du sang : 680.
Pourquoi
J. Camenen, — T r o me rod, poésie recueillie à l'île de Groix : 656.
Yann Garoff. — En amzer-ze, poésie : 507.
Yvon Croq. — A^dreuz hag a-hed (suite) : 447. — Eur
koz : Theophilus : 552.
c'hantik
Dir-na-dor. — Poésies : Mouez chiminal an ti koueet : 424. —
Bered ar barrouz : 464. — L e u r - g ê r ma farrouz : 603. — Prose :
Envoriou : 642.
E. G. — Binious, Accordéons et
« Chignoles » : 462.
r
D Diverrès. — Adaptation et traduction de : L a Bretagne vue
un Gallois en 1829 : 425, 464, 487, 526, 562, 597, 657, 788.
par
H. Dubois. — A Parker, poésie : 687.
H. Dyèvre."— « France » et Bretagne ! : 604.
D... — A r Brezoneg hag ar feiz : 539.
Eostig Kerinek. — Poésies : T o u r
an ôd : 633.
I l i z v a farrez : 411. —
War
E. Ernault. — An heol hag al loar, fable bretonne avec traduction
française : 754.
Loeiz A r Floc'h. — Merc'h ar mezvier : 415.
H. Le Goasguen. — L a Bretagne Américaine : 446.
Ch. Le Goffic. — Piphanic ou la folle aventure d'un émigré à Tintérieur : 516, 541, 579. — Une cellule de l'organisme breton : Plougastel :
644, 669, 712, 742, 774.
F. Gourvil. — Contribution à la question des néologismes : 452, 560.
F. Le Guyader. — Gloire à la Langue celtique, po'éeie : 441. —
La Reine Anne, poème : 612, 635, 715, 733, 764.
P. G. — Les écrivains bretons du pays de Vannes : M. GuiHôme c
636, 673; — M. Noury : .739, 769.
Abbé Le G... — Binious, Accordéons et « chignoles » : 508.
J. L'Helgouacli. — Poésies : Diviz an daou labous : 475. — Pedenn
ar roue Grallon da Zoue : 538. — D'an nec'h : 570. — Fanch Ar Gof
702,
I
<
/
— 2 —
Tywi Jones. — L a Langue nationale au Pays de Galles : 729, 761.
Job Al Lenner. — L a Musique bretonne
(bibliographie) : 664, 690.
J. Loth. — Quelques remarques à un article de M . M. dans « Buhez
Breiz » de novembre 1922 : 475. — Remarquqs au sujet de la Flamandisation de l'Université de Gand : 577.
F.-M. Luzel. — Keranborn, poésie : 766.
F. al L . . . — Diou vleuennig, poésie : 455. —
poésies : 648.
G'houec'hadennou,
Erwan Marec. — A Jos Parker, poésie : 688.
André Mellac. — Carnaval et Déguisements en Bretagne : 413.
-
. G. Milin. — Map roue an Hiberni (suite), conte : 434. — A r pesketaer bihan, conte : 574, 606. — A l leorig burzuduz, conte : 678, 710,;
747, 779.
P. Mocaër. — L e s enfants et le* breton : 409, 473. —/Illogisme dangereux : 505. — Relationis interceltiques : 537. — Méthode : 569. —
L ' é c o l e à rebours : 601. — Réunions bretonnes : 665. — L a langue
bretonne au conseil général du Finistère : 697. — L e s Eisteddfodau
du P a y s de Galles (suite et lin) : 492, 521, 564.
Meven Mordiern. — Essai de technologie bretonne : géographie :
533. — Formations bretonnes ou Emprunt français : 718, 783.
D. Rhys Phillips. — L e costume celtique : 519.
Ivonig Picard. — Poésies : Maro an trouc'her lann : 432. — A n
Digorer douar : 643. — Levenez ha tristidigez : 720.
Abbé Quéméner. — Etat de la religion dans l'île de Sein et histoire
d'un matelot qui y devint recteur : 615.
H. Quilgars. — Notes sur les petits ports de pêche de Bretagne
(suite et fin) : 456, 485. — Notes sur l'Art breton : 550, 587, 654, 749. —
Chronique économique : 467, 499, 599. — L a Foire-Exposition de B r e tagne de 1923 : 565.
J. Riou. — A r Morskouled, nouvelle : 481, 529.
R. Roy. — A propos de l'histoire d'une commune (Plougonven) : 418.
Gaston Sévrette. — L e s Iloi^es, poésie : 749.
Taldir ( F . Jaffrennou). — Poésies : A l leoriou : 443. — Mervel e v i t
beva : 653. — Mouez an Anaon : 737.
Théâtre : Drstro ar soudard : 510.
Prose : Jos Parker, chaseour ha mignon ar gwerjeou, discours p r o noncé à l'inauguration du « lec'h » Parker : 684.
P. Trémintin. — Nos chemins de fer : l'unification du réseau b r e ton : 704.
F. Vallée. — Essai de technologie bretonne : Photographie : 466. —
Préfixes bretons : 619, 692, 721.
H . de la Villemarqué. — L e t t r e à G. Milin : 571.
X3. — Merdeadenn Vindo^êtlos (tennet eus
420, 459, 490, 523, 595, 649, 751, 773.
Geriou diaes : 421, 458, 522, 594, 649, 751.
/
X... — Eul lizer : 438.
Skelta
Segobrani) :
1.1
A travers les choses de Bretagne
A propos de la langue bretonne : Une mise au point : 439. — Cercle
eeltdque Me a zalc'ho : 440, 696. — Distinctions nécessaires : 468. — P r o j e t
d'érection d'un « lee'h » à la mémoire de Jos Parker'; Cours de langues
oeltiques là P a r i s ; Deux disparitions : 470. —•• Mort de M . Emile Masson;
(Mort du P . Y v o n Guézel : 471. — Distinctions méritées : 472. — Lettre
die IM. J. Gholeaui : '500. — A propos d'une 'lettre; La langue bretonne' à
N.-D. de Paris : 501. — Fédération des artistes et littérateurs bretons : 502. —
M. T . L e Garrec, officdoir de l'Instruction publique; Banquet de la Fédération
des Sociétés bretonnes de Paris : 503. — Congrès panoelt-iique en Bretagne : 536. — Exposition bretonne de Mlle J. Malivel, à Rennes; Renaissance 'du Dîner celtique; Nos ministres bretons : 567. — Une fête bretonne
au collège de Sainl-Pol : L a Bretagne et, le Mercure de France ; L a Bretagne
et, l'étranger : 568. — L e breton en T. S. F. : Le corps de J.-P. Calloc'h
a été retirouvé; Fêtes bretonnes à Saint-Jean-Brévelay ; Exposition artistique
régionale à Diimrd ( 1 aoùL-20 septembre 1923) : 600. — Genivelez; L e s
restes de Bleimor à Groix : 628. — Fête de la chanson bretonne à SaïntJean-Brévelay : 029. — Journée bretonne à Perros-Guireo; « L e Foyer
breton » de Nantes : 630. — Comité de défense des intérêts bretons; Dîner
e/eltique; Gou'l en Est; Los fêtes de Penmarc'h : 662. — Inauguration du
« lee'h » de Jos P a r k e r ; L e nouvel évoque de Saint-Brieuc (Mgr Serrand) ;
Les fê,tes bretonnes de Ploaré ; A propojs de la statue du roi breton Judicaël : 663. — En l'honneur de Jos Parker (compte rendu de l'inauguration
du « lee'h » ) : 681. — A v i s à nos lecteurs de Paris : 694. — P o u r K e r joan : 696. — Mort de M . Coroller (Gweltas) ; L a langue bretonne à L o r i e n t ;
Les fêtes bretonnes de Quimper : 725. — La fête des Ajoncs d>'or et M . T h .
Botrel; Cercles d'études : 726. — Chambre des Métiers de Bretagne; Les
Bretons teelonnianls à Chantenay; Fêle bretonne à Plouézec : 727. — Cours
d'enseignement supérieur des lettres (1923-1924) à Quimper; Cours de breton
à Rennes; L ' A r t breton, l'Exposition internationale des Arts appliqués : 760.
e r
:
Hleun-Brug.
— Congrès : 536, 662; — P r i x Calloc'h : 725.
—
U. R. B. — Concours, prix de la revue Buhcz Breiz : 502. — Congrès : 661.
Concours pour l'année 1924 : 791.
701,
Souscription pour la croix celtique du monument Calloc'h : 600. 643 681,
741, 772.
Chronique Panceltique
M o r t de Tarchidruide D y f e d ; L'élection d'Anglesey : 536. — L e Gorsedd
de Galles : 568. —, L e Congrès panceltique : 628. — L a Société bibliographique du P a y s de Galles; Les Bretons de Cambrie : 661.
A travers les choses de France <
En Béarn et Gascogne : 502. — Action et Doctrine : 536. — L'enseignement Mangue en Alsace : 662L —• Note sur la situation d e la langue
basque : 695. — .Fédération régionaliste française : 725. r— Un concours
littéraire poitevin : 727.
A travers les Livres
Y.-fM. Goblet, L a Frontière de l'Ulster : 440. — Taldir,
Kanaouennou
Taldir, chants du bapdte Taldir, harmonisés par Maurice Duhamel : 472. —
Maisons et Meubles bretons : 472. — T a n g u y Malmanche, Gurvan, ar marc'hek estranjour,
mister : 474. — P. Le Roux, Atlas, linguistique
de la
Basse-Bretagne
: 504, C32. — Perennès et Guéguen (abbés), La, Grande
Troménie de Locronan; Léon L e Beare, Autour de Plaz-dr-C'horn (Troménie
de guerre, 1917) : 632. — Le Fureteur breton, sommaire du n° 65 : 600. •—
D. R h y s Phillips, The History of the Vale of Neath : 696. — Abbé Jézégou,
E korn an Oaled, contes : 696., — Ch. de Keranbarz, Le Barde de Noménoé
drame en 3 actes : 728. —•. Morlaix et sa région, édition du Syndicat d'initiative de Morlaix : 728. — Livr Kanenncu : 728.
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