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Aviculture Suisse
Édition 9/14
Journée des conseillers avicoles (D, A, CH) 2014 en Belgique (1ère partie)
SélecƟon d’hybrides: travailler au succès de demain
Cette année, la journée annuelle de la «Communauté de travail des conseillers techniques en aviculture» – un groupe comptant
des membres d’Allemagne, d’Autriche et de Suisse – a eu lieu à Gent (Belgique). Le programme très intéressant et varié traitait de
sujets relatifs à la séléction, l’incubation et la garde et a permis de visiter des entreprises belges bien connues.
gl. Le programme attrayant de la journée
des conseillers avicoles de cette année a
attiré un nombre probablement record de
75 participants. Le groupe de participants
de loin le plus grand venu en Belgique à
cette occasion venait d’Allemagne; il y
avait aussi un groupe d’Autriche et trois
participants venus de Suisse.
ISA: méthodes de sélection chez
les hybrides de ponte
«Dernières évolutions dans la génétique
avicole – utilisation de méthodes de sélection modernes dans le développement des
hybrides de ponte» – tel était le titre de
l’exposé passionnant de Ron Jöerissen,
chef de production d’ISA, l’entreprise de
sélection de poules pondeuses du groupe
hollandais Hendrix.
L’ISA détient près de 150’000 animaux
de différentes lignées pures en France,
en Hollande et au Canada. Ces animaux
constituent la base des croisements de
quatre lignées tels que pratiqués habituellement dans la multiplication d’hybrides:
deux lignées pures sont à chaque fois
croisées pour obtenir une lignée de coqs
et une lignée de poules qui constituent la
génération des parentaux. Les animaux de
lignées pures sont détenus dans des cages
individuelles dans des parcs de sélection
afin de pouvoir enregistrer les paramètres
de performance (y c. la consommation
Illustr. La
«pyramide de
multiplication»
des hybrides de
ponte (selon
ISA)
1
poule
lignée
pure
80 poules
grands-parents
6’400
poules parentales
550’000
poules pondeuses
180’000’000 œufs
d’aliment et la qualité de l’œuf) pour
chaque animal individuel.
L’ISA détient en outre près de 350’000
poules dites «poules récurrentes», qui
sont des poules issues de croisement testées dans le monde entier dans différentes
conditions de pratique et de garde. Avec
ces groupes de filles, on cherche à découvrir quel est le coq qui convient le mieux à
telle ou telle poule, autrement dit le meilleur effet d’hétérosis (augmentation des
performances due au croisement).
Sélection de base et multiplication des
hybrides de ponte
Dans la «pyramide de multiplication
des hybrides», une poule de lignée pure
génère 80 poules de la génération grandsparents, d’où 6’400 poules de la génération parents, puis finalement 550’000
poules pondeuses qui peuvent produire
180 millions d’œufs (voir illustration). Près
de 3 ans s’écoulent entre la sélection des
poules des lignées pures jusqu’à l’obtention de l’objectif de sélection chez les
poules pondeuses en pratique.
Lors de la sélection des meilleurs reproducteurs, on prend en compte toute une
série de caractéristiques: outre les performances de ponte et la persistance des
performances, il y a la consommation d’aliment, le poids corporel, le poids de l’œuf,
la qualité de l’œuf (en particulier la qualité de la coquille), les pertes d’animaux,
le comportement de l’animal et la qualité
du plumage. Dans le travail de sélection
«conventionnel», ces critères sont pondérés pour donner un indice de sélection qui
détermine la valeur d’un animal.
Sélection génomique
Jusqu’en 2010, l’ISA a sélectionné ses
animaux uniquement sur la base de cette
valeur d’élevage. A partir de 2010, elle
a intégré en plus ce que l’on appelle la
«sélection génomique» dans son travail
de sélection. Avec cette méthode, des
tests sanguins sont utilisés pour analyser
le patrimoine héréditaire, avec près de
60’000 marqueurs génétiques qui doivent
être pris en compte chez la poule. L’ISA
dispose de son propre laboratoire de
génomique à Ploufragan (F). Les informations génétiques sont comparées avec
les caractéristiques de performance des
animaux. La combinaison des gènes de
l’animal permet ainsi d’estimer ses futures
performances. Comme la valeur génétique des jeunes animaux (des jeunes
coqs également) peut être estimée, cela
permet de réaliser davantage de progrès
zootechniques par année. Cette méthode
de sélection convient en outre particulièrement bien pour les caractéristiques ayant
une faible héritabilité.
Objectif: 500 œufs commercialisables
en 100 semaines de vie
Ces dernières années, les progrès zootechniques réalisés au niveau des performances de ponte ont été obtenus
principalement grâce à une meilleure persistance de la productivité: même après
une longue période de ponte, les poules
pondeuses présentent encore des performances de ponte élevées. La poursuite de
l’amélioration de la persistance de ponte
constitue un des principaux objectifs de
sélection à l’ISA. L’entreprise s’est fixé
pour objectif d’avoir une poule qui produise 500 œufs commercialisables en 100
semaines de vie (sans mue). Cela n’est évidemment possible que si la sélection porte
en même temps sur la persistance d’une
bonne qualité de coquille.
Pour atteindre l’«objectif des 500 œufs»,
les animaux reproducteurs doivent aussi
être testés plus longtemps. Il y a 20 ans,
les animaux reproducteurs étaient testés à
l’ISA jusqu’à l’âge de 60 semaines de vie;
jusqu’à la fin de la période de ponte, il y
avait alors jusqu’à 25 % de différence au
niveau des performances de ponte entre
les différents animaux. A partir de 2008,
les reproducteurs ont été testés jusqu’à
l’âge de 75 semaines; jusqu’à la fin de la
période de ponte, il y avait encore 10 %
de différence entre les individus. Et depuis
2011, toutes les poules reproductrices sont
testées jusqu’à l’âge de 100 semaines dans
Aviculture Suisse
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les parcs de sélection à l’ISA. Cela a permis
d’atteindre des performances de ponte très
uniformes jusqu’à l’âge de 70 semaines. A
l’âge de 100 semaines en revanche, il reste
encore 35 % de différences entre les différents animaux – et ce sont précisément
ces différences qui peuvent être exploitées
pour effectuer une sélection axée sur une
persistance encore plus élevée. Le potentiel de productivité des différentes lignées
pures ISA blanches, dans lesquelles 62 %
des animaux pondent 500 œufs à l’âge de
100 semaines montre que l’objectif fixé est
réaliste. La meilleure poule a même produit 577 œufs en 102 semaines de vie!
Comme annoncé par Ron Jöerissen, l’ISA
prévoit également de commercialiser une
poule à deux fins. La poule pondeuse brune
pondra env. 30 œufs de moins par année
que la lignée commerciale, tandis que son
«frère» atteindra un poids vif d’env. 2 kg
après 10 semaines d’engraissement.
de ponte détenus en cages individuelles.
La pression de sélection est élevée: seulement près de 4 % des poules et 1.2 % des
coqs des lignées pures sont utilisés pour la
reproduction. Les frères et sœurs croisés
qui ne sont pas utilisés pour la multiplication sont testés dans des conditions de
terrain (parfois suboptimales). Les exploitations détenant les grands-parents se
trouvent au Brésil, en Inde, en Afrique du
Sud et en Australie; cette répartition dans
le monde entier se fait également pour des
raisons de sécurité sanitaire.
Dans la pyramide de multiplication des
hybrides de chair, un coq et 10 poules
engendrent 750 grands-parents et
375’000 parentaux qui produisent en fin
de compte 49 millions d’animaux de chair.
Depuis le moment de la sélection des animaux des lignées pures, il faut compter
près de 5 ans pour constater le succès de
la sélection chez l’engraisseur.
Aviagen: le bien-être des animaux dans la sélection d’hybrides de chair
Pondération responsable des critères
de sélection
Henk Steenblick, de l’entreprise Aviagen,
a présenté de manière impressionnante les
objectifs et les méthodes de sélection des
hybrides de chair.
Aviagen, dont le siège principal se
trouve à Huntsville, Alabama (USA),
détient près de 50 % des parts de marché
des hybrides de chair dans le monde et
env. 66 % de parts de marché en Europe.
Les marques d’hybrides sont les Ross (308,
708, PM3) avec près de 70 %, Abor-Acres
avec environ 25 % et Indian River avec
5 %. Aviagen a également depuis peu
un hybride de chair à croissance lente, le
«Rowan Ranger». Aviagen possède également les hybrides de dindes BUT et Nicholas Turkey.
Sélection de base et multiplication des
hybrides de chair
Les exploitations de sélection d’Aviagen
se trouvent en Ecosse et aux USA. Pour
les hybrides de chair également, Aviagen
utilise les croisements de quatre lignées,
comme pour les hybrides de ponte. Aviagen
détient au total plus de 30 lignées pures
de broilers présentant des caractéristiques
très différentes et dispose ainsi d’un pool
de gènes important. Les animaux reproducteurs sont détenus exclusivement en
groupes (avec contrôle du nid à fermeture
automatique), contrairement aux hybrides
Comme Henk Steenblick l’a montré,
cela fait déjà longtemps que les hybrides
de chair ne sont plus sélectionnés uniquement sur la base des performances
d’engraissement. De nos jours, les critères relatifs à la santé, à la bonne forme
physique et au bien-être de l’animal sont
tout aussi importants, voire même plus
importants (voir également l’article dans
Aviculture suisse 1/13). Chez Aviagen, les
différents objectifs d’élevage sont pondérés comme suit pour la valeur d’élevage:
• 28 % santé (par ex. bonnes fonctions
cardiaques/pulmonaires, solidité des
pattes, vitalité, stabilité intestinale/
métabolique),
• 37 % bonnes fonctions reproductrices,
• 14 % indice de consommation,
• 11 % croissance,
• 10 % part de viande de poitrine.
Le management est important
A la fin de son exposé, Henk Steenblick
a souligné à quel point un bon management était important – en particulier dans
la phase de démarrage – pour exploiter
le potentiel génétique et garantir la santé
des animaux. Lors de la mise en place des
animaux dans le poulailler, il est particulièrement important d’avoir une température
ambiante suffisante (35 °C) ainsi qu’une
température au sol de 29 à 30°C – les
poussins plus petits des jeunes parentaux
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ainsi que les poussins Ross 708 ont besoin
d’1°C de plus. Le contrôle de la température peut également se faire en mesurant la température des poussins avec un
thermomètre médical; la température rectale du poussin devrait alors être de 40 à
40.8 °C. Une bonne consommation d’aliment et d’eau est en outre nécessaire pour
atteindre si possible un bon poids corporel
à 7 jours, important pour un bon démarrage. Henk Steenblick recommande de
saupoudrer au total 40 à 60 g d’aliment
par poussin sur le papier à poussins. Pour
contrôler la consommation d’aliment,
il faut tâter le degré de remplissage du
jabot. Le rinçage des conduites d’eau ainsi
qu’une vitesse de l’air inférieure à 0.1 m/s
au départ sont également importants pour
un bon démarrage des poussins.
Andreas Gloor, Aviforum
La suite de de cette contribution paraîtra
dans la prochaine édition d’AS.