Otto Dix Otto Dix (1891- 1969) est un peintre allemand. Dix, issu d

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Transcript Otto Dix Otto Dix (1891- 1969) est un peintre allemand. Dix, issu d

Otto Dix
Otto Dix (1891- 1969) est un peintre allemand.
Dix, issu d'un milieu ouvrier reçoit une bourse qui lui permet d'entrer à l'École
des arts appliqués de Dresde de 1909 à 1914
Il s'engage volontairement en tant que soldat lors de la première guerre mondiale
(1914-1918). Il fait « la guerre des tranchées » entre novembre1915 et décembre
1916. Cette expérience le marquera et marquera définitivement son œuvre.
Pendant un entretien de 1961, il déclare : « C'est que la guerre est quelque chose
de bestial : la faim, les poux, la boue, tous ces bruits déments ».... «Tenez, avant mes premiers tableaux,
j'ai eu l'impression que tout un aspect de la réalité n'avait pas encore été peint : l'aspect hideux. La
guerre, c'était une chose horrible, et pourtant sublime. Il me fallait y être à tout prix. Il faut avoir vu
l'homme dans cet état déchaîné pour le connaître un peu. »
Considéré comme l’un des fondateursde la Nouvelle objectivité, Otto Dix sera l'un des premiers
professeurs d'art à être renvoyé et persécuté après la prise de pouvoir par les nazis en 1933
En 1937, ses oeuvres sont déclarées dégénérées par les nazis : prés de 170 de ses toiles sont brûlées
Proche du mouvement Dada* et de l’expressionnisme*, Otto Dix est l’un des fondateurs de la
Nouvelle objectivité. Otto Dix fut le maître d'un mouvement artistique connu sous le nom de
Nouvelle Objectivité.
Apparu en Allemagne dans les années 1920, ce mouvement a succédé à l'expressionnisme et se
caractérisait par une volonté de représenter le réel sans fard.
Ce terme, Nouvelle Objectivité, était utilisé par les critiques d'art. En refusant de se soumettre aux
règles de style, les adeptes de la Nouvelle Objectivité exprimaient une époque et son état d'esprit.
La Nouvelle Objectivité, explique Eva Karcher, devint l'une des valeurs d'une nouvelle intériorité :
«L'objectivité est une tendance de l'âme et de l'esprit, ses actions ne visent pas l'avantage personnel,
mais sont au service d'un ordre supérieur.»
Être objectif, alors, c'était renoncer à toute notion de valeur.
Pour les adeptes de la Nouvelle Objectivité, l'art était une arme contre la bêtise humaine. Il fallait
montrer la dureté et la sécheresse des êtres et des objets.
Les oeuvres d'Otto Dix reflètent bien cette philosophie. Leur réalisme interpelle et dérange. À
l'image de ce portrait de la famille du peintre Adlabert Trillhase: une famille de petits bourgeois
étriqués montrés dans toute leur mocheté et toute leur médiocrité.
Pourquoi ce souci d'un tel réalisme? Tout simplement parce qu'au lendemain de la guerre de 14-18,
les temps étaient durs.
Vaincus et humiliés, les Allemands vivaient les difficultés et les désillusions de l'après-guerre. Un
temps marqué par le chômage, la crise monétaire, l'inflation et les privations.
Pendant que les uns dansaient le charleston et buvaient du champagne, les autres peinaient et
souffraient!
Cet après-guerre allemand, mieux connu sous le nom de République de Weimar, a été appelé la
«République mal-aimée». C'est durant cette période, qui a duré de 1919 à 1933, qu'Otto Dix a
réalisé ses oeuvres les plus marquantes.
Leur rudesse témoigne de la rudesse de l'époque.
Parmi les peintres de la Nouvelle Objectivité, mentionnons George Grosz, Max Beckmann, Felix
Nussbaum, Conrad Felixmüller, Curt Querner, Franz Radziwill, Heinrich Maria Davringhausen,
Otto Griebel, Rudolf Schlichter, Karl Hubbuch.
La Rue de Prague
Otto Dix a 29 ans lorsqu’il peint la Rue de Prague. On est en 1920. La guerre est finie mais l’Europe
est meurtrie par ce premier grand conflit mondial. Lui-même a été soldat, confronté à l’horreur de la
guerre et à ses conséquences.
L’intention du tableau appartient à une thématique expressionniste : expression des angoisses et de la
révolte face à une situation tragique. Le collage est une technique dada.
Rue de Prague, 1920, huile et collage sur toile, 101 x 81 cm, Galerie der Stadt, Stuttgart.
1.Les élements de la composition
1. Au centre de la toile, un
soldat mutilé auquel il ne
reste qu’un membre pour
mendier. Il regarde vers
nous.
2. Au premier plan,
un
passant lui aussi mutilé,
ridicule dans sa boite à
roulettes
mais
qui
a
pourtant un air suffisant. Il
arbore sa décoration. Mutilé
mais riche ?
3. Dans le fond, à droite, une
vitrine
dans laquelle un
mannequin
sans
bras
rappelle les personnages du
1er plan. Il y a aussi diverses
prothèses et
appareils
orthopédiques
modernes
auxquels le mendiant lui, n’a
pas droit..
Dans
la
vitrine
de
gauche, des accessoires de mode
et des perruques
nous
rappellent que, pour certains,
la vie continue dans sa frivolité
et ses apparences.
4. Derrière les deux mutilés
passe une petite fille, seule pieds nus. Orpheline de guerre ? Elle dessine sur le mur. Que sera
son avenir dans ce monde ?
5. Une femme vient de passer et quitte la scène. Nous ne voyons d’elle que sa chaussure à hauts
talons et ses fesses. Nous n’en voyons pas plus. Le reste est « hors champ ».
6. Un bourgeois donne un timbre au soldat mutilé.
7. un tract contre les juifs «Rausten Juden ! » (dehors les juifs) jonche le sol
8. A mi-hauteur, à droite, un morceau de journal sur lequel est écrit : « diktatur von rechts »
(dictature de droite)
9. Un étrange graffiti orne le mur sous la vitrine d’accessoires de mode « Dumm » (idiot).
10. A gauche, une faucille qui rappelle le symbole de la mort qui hante ce monde.
L’atmosphère générale qui se dégage de la toile et les sentiments qu’elle suggère :
Cette toile est une dénonciation de la guerre à travers ses séquelles mais aussi un regard acéré et critique
sur l’Allemagne des années 20.
Personnages démembrés, mutilés, disloqués qui ressemblent à des marionnettes … Il n’y a plus
d’humanité. Ou tout au plus reste-t-il une humanité en miettes, disloquée. La composition du tableau
accentue la désarticulation des corps. L'absence de plan fixe, de point d'appui suggère cette dégringolade
vers l'inhumain.
Les personnages se croisent dans une quasi-totale indifférence. Ils ne se regardent pas, ne se parlent pas.
Chacun semble enfermer dans son univers social. Même la petite fille ne suggère pas un avenir ouvert.
Cet avenir d’ailleurs est plutôt suggéré par les journaux (un morceau de journal sur lequel est
écrit : « diktatur von rechts » (dictature de droite) et les tracts («Rausten Juden ! » (dehors les juifs) au
sol ) qui sont porteur de messages d’extrême-droite, antisémites. Nous sommes en 1920, en1933
Hitler arrivera au pouvoir.
La toile se veut aussi le reflet d’une époque ou dans les vitrines de la rue la plus animée de Dresde se
mêlent accessoires de mode et prothèses. Sur les trottoirs, les mutilés mendient ou , s’ils sont plus
chanceux, se tiennent fièrement dans leur chariot de fortune…Ils n’en sont que plus grotesques. Et audessus d’eux, le monde des bien-portants les ignore et passe leur chemin.
La rue est sale : détritus, mégots, bouts de journaux…On imagine une ville aux trottoirs encombrés de
mutilés et d’enfants orphelins.
Ce qui va mieux, on ne le voit que partiellement : main d’homme donnant le timbre, femme en
mouvement…
Cette rue, c’est le monde avec ses nantis et ses miséreux. Ses victimes de guerres inutiles. La misère et le
malheur qu’on ignore tellement ils sont devenus banals.
Images d’un monde déshumanisé, en miettes : Le monde est prêt pour la montée du nazisme et ses
abominations.
Voir video sur Otto dix sur le site celofrançais
Contexte politique
1914 – 1918 Première guerre mondiale
1919 : Allemagne vaincue. Traité de Versailles : véritable humiliation pour l’Allemagne, sévères
sanctions économiques et militaires… Démembrement de l’empire. Le Traité de Versailles va
favoriser les idées d’extrême droite et le désir de vengeance. Avec la crise économique des années
30, toutes les conditions sont réunies pour permettre la montée du nazisme et élection d'Adolf
Hitler comme chancelier en 1933.
Quelques mots sur le mouvement expressionniste L’expressionnisme ne cherche pas à montrer le monde tel qu’il est, mais
à l’exprimer. Van Gogh, Munch en ont ouvert la voie.
L’expressionnisme est la projection d’une vision personnelle qui tend
à déformer la réalité pour inspirer au spectateur une réaction
émotionnelle. Dans les oeuvres sont souvent représentées des visions
angoissantes, des corps atrophiés, déformés déformant et stylisant la
réalité pour provoquer la plus grande atteinte expressive chez le
spectateur. S’opposant aux académistes, à la société et au courant
impressionniste français, les expressionnistes démontrent le reflet de la
vision pessimiste de leur époque, hantés par la menace de la Première
Guerre mondiale (la pauvreté, les maladies, la prostitution, la drogue, le
suicide et la bourgeoisie permanente).
Les expressionnistes remettent en question la fonction même de l'art,
telle est leur pensée : « Si le mal existe, il faut le représenter ».
Figure 1 E. Munch, Le Cri, 1893
Ce mouvement artistique se caractérise par une conscience désespérée de la précarité de l’existence et
par le refus des injustices sociales.
Survivant jusqu'à l'avènement du régime nazi, l'expressionnisme est condamné par celui-ci qui le
considère comme « dégénéré ».
Voir video Arte sur Expressionnisme sur celofrançais