OTTO DIX PEINT « LES INVALIDES DE GUERRE »

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Transcript OTTO DIX PEINT « LES INVALIDES DE GUERRE »

OTTO DIX PEINT « LES INVALIDES
DE GUERRE »
Prager strasse.
Identification de l’œuvre :
-Type (tableau, sculpture, bâtiment, film....) Il s’agit d’un tableau de 101
cm sur 81 cm
- Titre : Prager strasse (la rue de Prague)
-Date :1920 - Auteur: Otto Dix
- - Matière et support : huile sur toile
- - Lieu de conservation : Stuttgart, Galerie der Stadt
Identification de l’artiste (Dates, lieu de naissance, nationalité, étapes
importantes de sa vie) Otto Dix naît en 1891 à Untermhaus (près de Gera
en Thuringe) en Allemagne. En 1920, il est alors un jeune homme de 29
ans profondément marqué par la Grande guerre qu’il a vécu comme
volontaire dans une compagnie de mitrailleurs Il réalisa alors plus de 600
dessins, aquarelles et gouaches dont beaucoup sont aujourd’hui perdus
pour témoigner de ce qui l’avait vu et de ce qu’il voit. C’est un des traits
majeurs de son œuvre. Dix considère alors que son œuvre doit être ce
qu’il appelle son « reportage véridique ». Otto Dix meurt le 25 Juillet
1969 après un infarctus à Singen.
Interprétation et contexte
Interprétation : Dégager le message de l’œuvre, le sens des symboles,
des objets, des attitudes. Analyser chacun des symboles présents dans la
représentation et leur signification. Associer le sens des différents
symboles pour trouver le sens général. Découvrir le message contenu
dans l’œuvre.
Contexte : Dans quel contexte cette œuvre a-t-elle été réalisée : politique,
économique... Quelle influence le contexte a-t-il pu avoir sur l’œuvre...La
Prager strasse (rue de Prague) est la grande rue commerçante de Dresde,
ville où vécut longtemps Otto Dix. En peignant cette toile, Otto Dix
montre les conséquences de la guerre mais aussi le climat politique et
social de l’année 1920 en Allemagne.
1) Le climat politique Son pays, l’Allemagne, est alors le théâtre d’affrontements
violents : tentatives révolutionnaires des Spartakistes, tentatives de coups d’Etats
d’extrême droite (échec du putch Kapp en mars 1920), montée du nationalisme des
anciens combattants allemands (croix sur le veston) et développement de
mouvements d’extrême-droite antisémites (haineux envers les juifs) (extrait de
journal). Les ligues d'anciens combattants étaient en effet très sensibles à la
propagande ultranationaliste, dont l'antisémitisme fut une des composantes très tôt,
avant que le nazisme n'en fasse l'un de ses dogmes. Dans les vitrines les objets peint
sur fond de collages évoquent un débat qui agitait alors l’opinion allemande : l’accès
aux moyens contraceptifs interdit depuis 1915 sous prétexte de compenser par la
natalité les pertes militaires et l’autorisation de l’avortement. Les deux vitrines
regroupent savamment disposés des accessoires de mode et de beauté (perruques,
corsets, produits pour mettre en valeur la poitrine) et des prothèses de membres
dont le caractère élaboré contraste avec le médiocre bricolage dont est équipé le
mendiant.
Ce tableau, une peinture à l’huile sur toile, intégrant des collages, intitulé « Prager strasse » (Rue de
Prague), est réalisé par l’Allemand Otto Dix en juillet 1920, après la guerre. Il montre les fragments
d’une scène banale de la vie quotidienne d’après-guerre dans une grande rue de Dresde.
La violence des combats a tué mais aussi blessé plus de 26 millions de soldats dont 6 sont invalides. Ils
ont, après le conflit, une situation sociale très difficile : sans travail du fait de leur handicap, ils sont
bien souvent contraints à la mendicité et font face à une société devenue indifférente à leur sort.
Au premier plan, un invalide, vraisemblablement un ancien combattant, se déplace à la force de ses
bras sur le trottoir d’une rue commerçante et passe devant un personnage infirme qui, au
deuxième plan, mendie. Autour d’eux, des fragments de passants : la jambe d’une dame, une main,
une canne, une petite fille ouvre sur le troisième plan constitué de vitrines de magasins exposant
des bustes de mannequins.
L’antisémitisme est évoqué par le tract intitulé « Les Juifs dehors ! » qu’Otto Dix a collé sur son tableau
et placé au premier plan.
Le peintre suggère à la fois un parallèle entre les invalides de guerre et les bustes désarticulés des
mannequins de la vitrine qui font de ces hommes des êtres transformés en machines, assemblages
mécaniques ; et l’indifférence de la société d’après-guerre, voire le mépris pour ceux qui étaient vus
comme des héros entre 1914 et 1918, réduits à la mendicité en 1920.
Otto Dix utilise une technique traditionnelle, la peinture à l’huile, à laquelle il adjoint des collages (un
timbre, des brochures, des coupures de journaux, un tract).
Ce tableau montre la souffrance et le mal de vivre de ces hommes qui étaient considérés comme des
héros. Les couleurs utilisées sont très tranchées, les lignes droites brisées sont très nombreuses
pour accentuer le désordre social. L’ensemble donne une impression très réaliste.
• L’artiste critique, prend position et choque
pour dénoncer les horreurs de la guerre. Il
choisit depeindre la réalité, la laideur et
montrer les traumatismes liés à la guerre.Il
témoigne de ce qu’il voit, de ce qu’il vit. Dix
fait apparaître une des racines du nazisme : le
traumatisme de la première guerre mondiale,
l’acceptation
de
l’horreur,
la
déshumanisation de l’autre, à cause de ses
handicaps ou de sa « race ».
• POUR ALLER PLUS LOIN Quelques ouvrages ou
oeuvres ayant traité de la violence dans la guerre:
–« Les joueurs de skat» (1920) ou le tryptique « La
Guerre » (1929-1932), Otto DIX.
–« Paroles de Poilus », lettres et carnets du front
(1914-1918).
–« La chambre des officiers » Marc DUGAIN (1996
), roman qui a aussi été porté au cinéma.
–« C'était la guerre des tranchées » , BD de TARDI
–« Joyeux noël », film de Christian Carion, 2005 ....