Au menu des bovins cet hiver : pomme de terre !

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26 SEPTEMBRE 2014
SOMME / REGION
AU FIL DE LA SEMAINE
ELEVAGE Comme en 2011, la surproduction de pommes de terre va donner des disponibilités
pour l'alimentation animale.
Au menu des bovins cet hiver : pomme
de terre !
omme en 2011, la surproduction de pommes de
C
terre va donner des disponibilités importantes de
tubercules qui seront dirigés vers les décharges ou
l’alimentation animale. C’est un «copié collé» de 2011
mais qui semble encore plus important.
La pomme de terre : de l’énergie !
La pomme de terre contient 70% d’amidon, c’est
ce qui explique sa richesse en énergie. Cette particularité en fait un aliment d’exception pour l’en-
Valeur comparative des aliments
graissement en accélérant les croissances. De plus,
cet amidon se dégrade lentement dans l’intestin ce
qui permet une bonne assimilation. Riche en potassium comme toutes les racines, (betteraves et
endives), il faudra veiller à compenser cela avec
un apport de sel de l’ordre de 50 g par tête.
Elle est aussi riche en fer, en iode et en vitamine C.
La pomme de terre est laxative, il faudra compenser
par un apport de fibres dans la ration et augmenter
le paillage.
Source : table INRA 2007 (sauf valeur en amidon et cellulose).
MS
UFV
UFL
PDIN
PDIE
P
CA
AMIDON
CELLULOSE
MAÏS ENSILAGE
35%
0,81
0.91
42
67
1,8
2
30%
16,5 %
PULPE SURPRESS
27%
0,96
0,98
63
106
1
13
0%
20 %
BETTERAVE FOUR
19%
1,14
1,12
53
88
1 ,5
2,5
0%
6,3 %
BLÉ
87%
1,18
1,18
81
102
2,6
0,8
70%
2,5 %
PDT
20%
1,22
1.2
63
103
2
0,5
73%
2,5 %
En engraissement : une valorisation facile
L’association pulpe surpressée pommes de terre est parfaite
puisque la pulpe, même si elle est
riche en énergie, est totalement
démunie d’amidon. Dans ce cas,
les pommes de terre permettent
d’améliorer la qualité de la ration
et de gagner en croissance. Avec le
maïs ensilage déjà riche en amidon
(30%), l’apport de pdt contribue à
augmenter encore cette concentration. Les recommandations de
l’INRA conseillent de ne pas dépasser les 40 % d’amidon. Plus on
dépasse ce seuil, plus l’acidose s’installera facilement si l’apport de
fibres et l’équilibre PDIN / PDIE ne
sont pas respectés.
Exemple de rations Taurillons 550 kg vif, GMQ recherché : 1600 g/jour
PDT
PULPE
MAÏS
SOJA
SURPRES
RATION 1
15 kg
RATION 2
10 kg
RATION 3
12 kg
20 kg
10 kg
UREE
SEL
ALIMENTAIRE
MINERAL
20 / 10
100 g
100 g
40 g
100 g
40 g
100 g
40 g
1 kg
18 kg
1,4 kg
10 kg
1 kg
100 g
Une quantité de 15 à 20 Kg est un maximum pour éviter les troubles métaboliques.
Pour les vaches : avec modération (laitières et allaitantes)
La pomme de terre trouvera aussi
sa place à condition de limiter
son apport et de respecter les préconisations de rationnement.
Lors de la lactation, les vaches
ont tendance à maigrir mais avec
la pdt les animaux garderont de
l’état.
Pour les vaches laitières la quantité d’amidon dans la ration ne
doit théoriquement pas dépasser
30 %. Selon la valeur de votre
maïs, il vous faudra donc limiter
la quantité de pomme de terre à
10 kg. Cette quantité diminuera
si l’analyse de vos maïs affiche
plus de 35 % d’amidon. Il faudra
également veiller à distribuer une
marchandise sans terre pour éviter la contamination butyrique
du lait.
20 kg / tête en complément du fourrage habituel est déjà conséquent pour éviter les risques nutritionnels. Une
barre au garrot empêche les animaux de relever leur tête en mangeant et évite les «fausses routes» responsables
d’étranglements.
Ration vache laitière :
0,95 UFL et 90g PDI / kg MS
Pomme de terre
Maïs fourrage
à volonté
10 kg brut
Ration vache allaitante
750 Kg en lactation
Note état 2 à 3
Pomme de terre
15 Kg brut
Environ 45 kg
Pulpe surpressée
13 kg brut
0,5 kg
Paille alimentaire
A volonté
Tourteau de soja
ou équivalent
3,0 kg
Tourteau de soja
ou équivalent (40)
1,5 kg
Minéral 5 - 30
300 g
Minéral 5 - 30
100 g
Paille alimentaire
Pour les vaches allaitantes les
quantités de maïs étant nettement plus faibles, la quantité de
pomme de terre peut augmenter
sensiblement pour atteindre les
15 à 20 kg.
Ration vache allaitante
750 kg en lactation
Note état 2 à 3
Pomme de terre
15 kg brut
Foin
7 kg brut
Paille alimentaire
A volonté
Tourteau de soja
ou équivalent (40)
1 kg
Minéral 5 - 30
100 g
Pour les élèves : ici aussi la
pomme de terre a sa place mais
on limitera la quantité à une
dizaine de kg par animal.
Ration génisse laitière
400 kg poids vif prête
à inséminer, vêlage 2 ans
GMQ : 700 à 800 g
Pomme de terre
Foin de prairie
début épiaison
10 kg brut
3,5 kg
Paille alimentaire
A volonté
Tourteau de soja
ou équivalent (40)
0,8 kg
Minéral 5 - 30
100 g
Ration génisse allaitante
2 ans
450 kg poids vif GMQ : 600 g
Pomme de terre
Foin de prairie
début épiaison
10 kg brut
3,0 kg
Paille alimentaire
A volonté
Tourteau de soja
ou équivalent (40)
0,8 kg
Minéral 5 - 30
100 g
Ration vache allaitante
750 kg en lactation
Note état 2 à 3
Pomme de terre
15 kg brut
Maïs fourrage
10 kg brut
Paille alimentaire
A volonté
Tourteau de soja
ou équivalent (40)
1,5 kg
Minéral 5 - 30
100 g
La conservation
et l’utilisation de gros
volumes
Le stockage des pommes de
terre «crues» doit se faire à
l’abri du gel et de la lumière sur
une plate-forme bétonnée de
préférence pour faciliter la
reprise.
Il faut éviter de couvrir les
tubercules avec une bâche. De
la paille sera préférable pour
éviter le verdissement. Le stockage peut durer de un à trois
mois en dessous de 15 degrés il
se réduira à quelques semaines
au printemps avec des températures supérieures. La présence de produit anti-germe à
dose normale n’a pas d’incidence sur les animaux.
Bien tasser le mélange
Pour une durée plus longue, les
pommes de terre peuvent être
ensilées en lits alternés de 15 à
20 cm avec un fourrage humide
(ensilage d’herbe, drêches de
brasserie, ensilage cultures
dérobées, pulpes surpressées
ou maïs fourrage).
Il est important de bien tasser
le mélange, d’assurer un bon
contact entre pommes de terre
et fourrage, l’emploi d’un
conservateur n’est pas nécessaire.
Le processus
de fermentation
La quantité à incorporer dans
le silo sera fonction du niveau
de consommation souhaité par
les animaux (maxi 3 kg de MS
par UGB et par jour). Le mètre
cube de pomme de terre pèse
650 à 700 kg.
Le processus de fermentation
avec échauffement du silo aura
pour effet de «cuire» la pomme
de terre au sein du fourrage.
Comme les pommes de terre ne
subissent pas de fermentation
lactique, ce sera le fourrage
avoisinant qui acidifiera le
milieu.
N’oubliez pas : 30% de pommes
de terre dans le mélange doivent être considérées comme
un maximum.
DANIEL PLATEL
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SOMME / REGION
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QUELQUES POINTS À MAÎTRISER
Le verdissement et les germes ne posent pas de problème
en petite quantité mélangée à l’ensemble de la ration.
Cependant, le verdissement correspond à la présence d’alcaloïdes toxiques pour les animaux.
Les étranglements : à quoi bon diminuer le coût alimentaire si les pertes d’animaux augmentent. C’est bien un des
freins importants à l’utilisation des pommes de terre crues.
Ce risque est minimisé en plaçant les pommes de terre aux
pieds des animaux. Le danger c’est la fausse route qui peut
arriver lorsque l’animal peut relever la tête en mangeant,
d’où l’utilité d’une barre au garrot ou le blocage au cornadis.
Il est préférable aussi que tous les animaux aient une place à
l’auge. Ils sont très friands et trient la ration pour manger
les tubercules en priorité, la sécurité maximum est de distribuer cet aliment broyé (ou cuit dans un ensilage).
Les transitions alimentaires : comme tout changement
d’aliment pour un bovin, il faut trois semaines pour habituer
les animaux et surtout créer la flore intestinale adéquate à la
digestion. Il faut donc s’assurer d’une régularité de l’approvisionnement en frais et augmenter de 5 kg la quantité par
semaine.
L’acidose : avec 70% d’amidon, c’est de la dynamite.
Assurez-vous que vos animaux ruminent… Observez : vers
14 - 15 heures, ils doivent pour 80 % être couchés en train
de ruminer. Si ce n’est pas le cas, forcez-les à manger de la
paille en diminuant la ration. Si le problème persiste, réétudiez l’équilibre de la ration avec votre technicien.
QUEL INTÉRÊT ÉCONOMIQUE ?
Parce que l’élimination des pommes de terre est coûteuse et
polluante, la destination en alimentation animale est intéressante pour celui qui en est encombré. Parce que la
marchandise est propre et saine, l’éleveur peut y trouver un
intérêt. La faible teneur en matière sèche (20%) réduit la
valeur alimentaire et augmente le coût de transport.
L’irrégularité de l’offre oblige les éleveurs à se couvrir pour
affourager les animaux sans risque de pénurie. L’offre de
pommes de terre vient se substituer à un fourrage déjà en
stock. Elle ne peut donc s’imposer en force dans un contexte
où l’ensemble des récoltes fourragères sont excellentes
(herbe, maïs…) sauf pour l’éleveur à faire du report de stock
pour la prochaine campagne.
FOURRAGES Evolution des matières sèches des maïs au 19 septembre.
Maïs : une majorité de situations
entre 26 et 28 %
es taux de matière sèche ont
Lpoints
évolué en moyenne de 2
par rapport à la semaine
dernière, ce qui semble étonnant
compte tenu des gains de température journaliers constatés de
plus de 12°. Localement, Il peut
y avoir l’effet des pluies d’orages
du jeudi soir, la veille des prélèvements.
Pour un semis du 20 avril, la
somme des températures moyennes utiles cumulées ont atteint
les 1500°C (station météo d’Abbeville), soit une avance de 86°C
par rapport à l’an passé (huit à
dix jours).
Matières sèches supérieurs à
26% : les grains sont bien durs en
surface et les spathes commencent à pâlir. Les plantes sont bien
vertes en général, mais on observe
dans certaines situations le jaunissement des feuilles du bas.
Matières sèches supérieures à
28 % : les spathes sont jaunes, il
reste très peu de lait à la base des
grains.
Sur Ponthoile, les 30 % sont maintenant dépassés et la récolte de la
parcelle est prévue cette semaine.
Dans certaines situations, on
constate bien l’effet variété : par
exemple à Vignacourt, Millesim
variété très précoce, a évolué de
plus de 4 points en une semaine.
A Vers-sur-Selle, en comparaison
avec Rouvrel, c’est l’effet bief +
semis plus précoce.
Enfin, certaines variétés plus tardives affichent un décalage d’au
moins huit jours par rapport à
la moyenne.
Tant que le feuillage reste bien
vert, il n’y a pas d’urgence à ensiler,
mais si le temps reste chaud et
sec, cela peut évoluer assez vite.
JEAN-LOUIS PILARD
Observations sur les situations type du département en 2014
TYPE
DE SOL
LIEU
DATE
DE SEMIS
VARIÉTÉ
DATE DE
FLORAISON 12 SEPT. 19 SEPT.
PLATEAU PICARD NORD
TOUTENCOURT
Limon
16 avril
Ronaldinio
VIGNACOURT
Limon
13 avril
Ronaldinio
21 juillet
DKC 3491
20 juillet
Millésime
VERS SUR SELLE
Bief
10 avril
Marcello
20 juillet
Busti
ROUVREL
Limon
24 avril
Marcello
26 juillet
Belugi
LAMARONDE
Limon
15 avril
Coxximo
25 juillet
Ronaldinio
SENTELIE
Limon
29 avril
Coxximo
27 juillet
Ronaldinio
Limon
23 avril
Torres
25 juillet
Ronaldinio
BETHENCOURT
Limon
29 avril
Sable
25 avril
SUR MER
Luigi
25 juillet
Ronaldinio
PONTHOILE
LG30275
27 juillet
Ronaldinio
BUSSUS-BUSSUEL Limon
30 avril
MERELESSART
18 avril
LG30275
25 juillet
Ronaldinio
GUESCHART
Limon
Belicio
27 juillet
Limon
18 avril
Penelope
25 juillet
Ronaldinio
25,4%
24,0%
27,0%
24,8%
29,1%
26,8%
29,1%
25,7%
28,0%
20,0%
22,6%
20,8%
22,1%
22,4%
-
22,2%
24,9%
22,8%
24,5%
23,4%
25,6%
26,2%
27,0%
24,2%
26,1%
24,7%
26,3%
24,4%
25,9%
28,5%
30,0%
30,5%
32,9%
23,8%
26,2%
24,7%
27,3%
25,2%
27,1%
25,4%
-
24,7%
26,9%
24,5%
26,5%
24,0%
26,9%
SANTERRE VERMANDOIS
Scea du Pas, Etienne Moreau à Rubescourt
consommaient correctement. Et puis plus tard en
saison, le problème a disparu. En fait les dernières
remorques ensilées devaient
être atteintes de pourriture
humide (l’Erwinia) ce qui
a pollué le début du silo.
La croissance des taurillons
n’en a pas été affectée
puisqu’ils ont été vendus à
17 mois pour 467 kg
de carcasse.
Actuellement les taurillons
reçoivent par jour 20 kg de
pommes de terre crues, 10 kg
de pulpe surpressée, un peu
de foin et de paille et du soja.
Cette année la récolte de foin
est exceptionnelle et je vais
diminuer ma commande de
pulpe surpresssée, mais je
pense ensiler des pommes de
terre avec la pulpe, tout en
m’assurant qu’elles sont
saines».
24,3%
PONTHIEU VIMEU
VALINES
témoignage
«L’exploitation est située
près de Montdidier. En 2011
on m’avait déjà proposé
des pommes de terre que j’ai
intégrées à l’alimentation
de notre troupeau de 80
vaches Blondes d’Aquitaine.
Je les ai ensilées avec
les 500 T de pulpe surpressée
à raison d’un petit 20%.
J’ai réalisé le mélange
avec le télescopique au fur
et à mesure de l’arrivée des
camions de pulpe en évitant
d’avoir des pomme de terre
au-dessus du tas.
Au début de la distribution
du mélange c’était une vraie
puanteur dans toute la cour
de ferme pour le plus grand
désagrément de la famille.
Les pommes de terre étaient
comme confites et se transformaient à la pression en
eau nauséabonde. Néanmoins les animaux les
26,5%
PLATEAU PICARD SUD
Ronaldinio
«Je pense ensiler
des pommes de terre
avec la pulpe»
24,3%
ESTREES-MONS
Limon- 23 avril
argileux
Marcello
1er août
Chambre d'Agriculture de la Somme
(réalisées avec le concours des conseillers d'Avenir Conseil Elevage)
VIVRE L’ELEVAGE EN PICARDIE A la pointe de l'herbe.
La préparation du pâturage 2015
c’est maintenant !
es conditions climatiques resLl’herbe.
tent favorables à la pousse de
Cette semaine encore, la
pousse a été de 1.5 à 2 cm sur
l’ensemble des parcelles suivies
en Picardie. La pousse est aussi
très active sur les dernières parcelles fauchées.
Cette année il existe un risque réel
d’avoir des prairies trop hautes
pour passer l’hiver. Une prairie au
delà de 7 à 8 cm de hauteur est
un véritable réservoir à maladies,
l’herbe pourrira au pied et le
volume se dégradera difficilement
au risque d’handicaper la pousse
suivante, il faut donc pâturer et
dans certains cas faucher…
LES VACHES LAITIÈRES PEUVENT ENCORE PÂTURER, IL FAUT JUSTEMENT LE COMPLÉMENTER
SURFACE MOYENNE DISPONIBLE PAR UGB
COMPLÉMENTATION
Fourrages hivers
+ complémentation azotée
(ration équilibrée)
< 10 ARES
10 À 15 ARES
15 À 25 ARES
25 À 35 ARES
35 À 50 ARES
100 %
95 %
85 %
75 %
65 %
Les autres animaux aux besoins
plus restreints peuvent encore
rester au pâturage dès lors que
la situation physiologique des
animaux le permet.
Si vous proposez de l’herbe à
volonté à des animaux en gestation mieux vaut restreindre les
surfaces et proposer de la paille
en complémentation.
En tous cas il faut pâturer pour
nettoyer les prairies…la pousse
du printemps prochain en
dépend !
CHRISTELLE RECOPE